3.2. La notion de « communauté »
Pour Ferdinand Tonnies, la « Gemeinschaft » c'est la
communauté au sens le plus stricte. Ce qui la constitue, c'est une
unité absolue qui exclut la distinction des parties. Un groupe qui
mérite ce nom n'est pas une collection même organisée
d'individus différents en relation les uns avec les autres ; c'est une
masse indistincte et compacte qui n'est capable que de mouvements d'ensemble,
que ceux-ci soient dirigés par la masse elle-même ou par un de ces
éléments chargé de la représenter. C'est un
agrégat de consciences si fortement agglutinées qu'aucune ne peut
se mouvoir indépendamment des autres. C'est en un mot la
communauté ou, si l'on veut, le communisme porté à son
plus haut point de perfection. Le tout seul existe ; il a une sphère
d'action qui lui est propre. Les parties n'en ont pas mais n'exclut pas les
différences institutionnelles. Cette définition de la
communauté n'est pas en accord avec les premières observations
car cette communauté d'Aïkiryuka est distincte, de plus les membres
sont capables de mouvements individuels car ce qui est recherché dans la
pratique est justement le travail d'ensemble avec des sentiments
partagés. Chacun a sa propre conscience, ses propres émotions et
essaie de les échanger. C'est pour cela que l'approche faite par Max
Weber sur les communautés me semble plus intéressante en faisant
attention sur l'idée que je me penche sur les caractéristiques de
celles-ci sans aborder la théorie de la religion.
D'après Max Weber, la communauté ne peut exister
après une rupture que si elle a rencontré le succès. Les
pratiquants qui collaborent activement à sa mission, sont quand à
eux presque touj ours également dotés d'une qualification
particulière, dans le cas de l'Aïkiryu il s'agit du « conseil
des sages » qui veille à la bonne marche de la transmission de
l'enseignement et qui se compose des élèves les plus anciens que
Charles Abelé avait. Ces pratiquants peuvent nouer entre eux des
relations occasionnelles, pour une action ponctuelle ou bien se socialiser
durablement pour former une communauté. De toute évidence, cette
communauté ne peut émerger que s'il y a quotidianisation,
c'est-à-dire qui rend opérationnel la continuité de
l'enseignement. Cependant, le plus important dans cette forme de regroupement
est le libre regroupement occasionnel. Ensuite, lorsque la pratique est
opérationnelle, les pratiquants adoptent la forme d'une
communauté qui tend à remplir les fonctions d'une institution
permanente où les enseignants deviennent à leur tour les
transmetteurs de la pratique et de ce qu'elle contient.
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