Partie 2 : Analyse fondamentale du marché
des changes
L'activité des marchés financiers est
cadencée par la publication quasi quotidienne d'indicateurs
économiques, statistiques comptables ou résultats
d'enquêtes, publiés par des organisations publiques ou
privées. Quelque soit leur variété ou la diversité
des différents intervenants et leurs intérêts à un
instant donné, l'annonce de ces informations déclenche des
réactions dont le caractère mimétique ne lasse de
surprendre. Plusieurs transactions avantageuses sont effectivement
effectuées peu de temps avant ou après ces communications
économiques.
Dans cet environnement de plus en plus turbulent, les
institutions financières, bancaires et les entreprises sont aujourd'hui
dans l'obligation de s'adapter à des parités de change d'une
volatilité étonnante, et pour se prémunir contre les
risques il est fondamental d'établir des prévisions quant
à l'évolution des changes, ce qui requiert en effet, la prise en
compte d'éléments forts divers.
L'analyse fondamentale est, comme susdit, l'une des
méthodes de prémonition des mouvements des prix futurs, d'un
quelconque instrument financier, sur le fondement de facteurs
économiques, politiques, environnementaux ou des statistiques qui
affecteront l'offre et la demande de base de ce qui est sous-jacent à
cet instrument.
En pratique, beaucoup d'acteurs se servent de l'analyse
technique conjointement à l'analyse fondamentale afin de définir
leur stratégie de transactions. Quoiqu'on peut relever une
différence majeure entre les deux approches : un fondamentaliste se
concentre sur ce qui devrait se passer sur un marché, il étudie
les causes du mouvement du marché en conduisant une évaluation
macro ou stratégique de la plage de prix de la devise en fonction de
toutes sortes de critères (la situation économique du pays, la
politique monétaire...) sauf le mouvement du prix de la devise
lui-même, composante majeure pour un chartiste.
Les opérateurs paraissent en réalité
répondre à des mécanismes communs et faire
référence aux mêmes relations de causalité, qui
seront forcement simples, compte tenu de la nécessaire rapidité
de la prise de décision. Chacun d'eux, même s'il peut avoir
au-delà des quelques semaines ou des quelques mois à venir un
avis contraire à la majorité de ses confrères, ne devra
jamais chercher à avoir raison contre ceux-ci à court terme. Il y
a ainsi comme deux logiques qui s'imposent : à long terme, il
convient d'aller dans le sens de ce que recommande l'analyse des fondamentaux
économiques, mais à court terme il ne faut pas prendre de
décisions contraires au reste du marché, ceci pour deux raisons
au moins :
- le mouvement qui se dessine est peut-être bien
fondé ;
- un opérateur isolé n'aura aucun moyen pour
contrecarrer une tendance en cours.
Mieux encore, il faudra essayer d'anticiper la tendance, plus
que de la suivre, ce qui explique la rapidité avec laquelle toute
information est intégrée dans les prix des actifs.
Toutefois, il est extrêmement difficile de
dénouer l'ensemble des dépendances et des interférences
qui édifient leurs raisonnements et décisions.
Ces derniers s'appuient souvent sur une reproduction
simplifiée de la réalité économique. Les variations
de l'activité économique sont interprétées en
terme d'évolution des prix, et tout deux sont réputés
avoir un certain poids sur les parités de change entre autres.
On peut proposer le schéma ci dessus pour
hiérarchiser les différents niveaux de relation et de circulation
de l'information :
Phénomènes économiques/
variables économiques
Indicateurs économiques
Parités des changes, taux
d'intérêt...
![](analyse-fondamentale-marche-change-marocain4.png)
ERIC VERGNAUD -Indicateurs économiques et
marchés financiers-
Il est important de souligner la distinction suivante :
si l'inflation peut être décrite chaque mois, certaines variables
économiques ne sont disponibles qu'à intervalles relativement
longs et en retard par rapport à la période décrite. Ce
qui rend davantage pénible la tache aux économistes.
L'expérience a montré qu'habituellement, c'est
plus la différence entre le chiffre attendu et le chiffre publié
qui est à l'origine des mouvements des taux de change, que le niveau
absolu et la signification économique du chiffre lui-même.
Maintenant que nous avons vu comment se présentent les
choses pour un cambiste qui se risque à la prévision sur les
marchés financiers, nous allons nous pencher à présent sur
l'étude des causalités entre les variables économiques et
les parités de changes. Mais avant, il serait judicieux de rappeler
sommairement la typologie des indicateurs économiques.
Chapitre 1 : Architecture des grandes variables
économiques
A/ Typologie des indicateurs économiques
Les indicateurs économiques permettent de mesurer de
façon objective certaines dimensions de l'activité
économique et doivent être faciles à utiliser. Ils sont
usuellement regroupés dans un document appelé
"tableau de bord".
Un indicateur économique n'est pas neutre ni en terme
de valeurs morales ou sociales puisque sa construction découle du choix
des conventions et des priorités. Ils sont très variés et
chacun peut être rapproché d'un agrégat économique
ou industriel : à titre d'exemple, on pourra dire que les ventes en
détail fournissent des éléments d'appréciation de
l'évolution de la consommation des ménages.
Il est possible de procéder à une
catégorisation de ces indicateurs en trois blocs :
Indicateurs de l'offre et de la demande
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Indicateurs des prix et salaires
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Indicateurs monétaires
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Indicateurs de l'offre :
- -indicateurs d'activité intérieure :
PIB/enquêtes de l'INSEE/ emploi production industrielle/ /IFO/ ...
-Importations : balance commerciale et des
transactions courantes.
Indicateurs de la demande :
-consommation des ménages : ventes en
détail/revenus des ménages/indices de confiance des
ménages/taux d'épargne...
-investissement :commandes de biens durables/niveau
des stocks/ventes/nouvelles commande
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Indicateurs directs :
PCI/PPI/prix de détail/prix de gros/
salaire/déflateurs du PIB...
Indicateurs de tensions potentielles :
Taux d'utilisation des capacités de production/taux de
chômage..
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Masses monétaires, variables de crédit et
d'endettement, les taux d'intérêt.
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