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Analyse fondamentale du marché des changes Marocain

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par Rajaa Berrkia
HEM Rabat - Master ès Science Finance D'Entreprise 2007
  

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3. Les avantages et limites du marché des changes Marocain

Le marché des changes n'est pas une fin en soi, sa force réside dans l'usage qui en est fait, son efficacité dépend des acteurs qui l'animent ; la moralité et les qualifications professionnelles de ces derniers conditionnant largement son bon fonctionnement.

En effet, il ne sert à rien d'avoir un marché si les opérateurs pour lesquels il a été institué ne savent pas s'en servir. A quoi servent les instruments de couverture du risque de change si les entreprises ne parviennent pas à les utiliser ?

Il est regrettable de constater que bon nombre d'entreprises marocaines n'accordent à ce nouveau marché qu'un intérêt dérisoire. Certains d'entre elles, ignorant son existence n'en perçoivent même pas l'utilité. D'autres estiment que ce marché demeure l'apanage de grands groupes dont la manipulation est réservée à un cercle restreint de spécialistes et de praticiens de banque... 

A l'origine de cette attitude il y a :

v d'une part Un grand déficit d'information et de formation dont il convient à tout prix de remédier,;

v et d'autre part, l'absence d'une véritable culture de marché qui fait grandement défaut à nos chefs d'entreprise, habitués à travailler dans un univers administré, rythmé par la réglementation des prix et des changes.

a/ Avantages :

L'institution du marché des changes au Maroc apporte quatre innovations majeures :

La fin du monopole de Bank Al-Maghrib en matière de la gestion centralisée des devises du pays ;

La détermination des taux de change par les banques en fonction de l'offre et de la demande des devises, tout en restant, bien entendu, à l'intérieur des marges d'intervention fixées par la Banque Centrale ;

Le réajustement des dates de valeur à la norme internationale en raccourcissant le délai d'exécution des transactions, ramené à J+2 au lieu de J+3 comme ce fut le cas auparavant ;

Enfin, l'introduction des techniques de couverture contre le risque de change telles qu'elles se pratiquent sur les places financières internationales.

De ces différentes innovations découlent les avantages appréciables dont les opérateurs peuvent bénéficier :

† La connaissance immédiate de la cotation applicable à leurs transactions, avec une date de valeur conforme à la norme universelle ;

† La possibilité de négociation de cette cotation en faisant jouer la concurrence ;

† La gestion du risque de change en se couvrant à terme aussi bien à l'export qu'à l'import.

b. Limites :

Si tout le monde s'accorde à dire que le marché des changes marocain a démarré dans de bonnes conditions et fonctionne de manière plus ou moins satisfaisante, il est loin de remplir pleinement la mission pour laquelle il a été institué : à savoir aider les entreprises à améliorer leur compétitivité et accroître leurs performances sur les marchés extérieurs.

Certes, il est encore prématuré de porter un jugement de valeur sur ce marché. Il s'agit d'un marché très jeune qui ne traite pas l'ensemble des opérations et dont le volume des transactions qui y sont effectués est encore modeste.

En outre, les obstacles auxquels se heurte ce marché sont loin d'être négligeables. Ils sont d'ordre culturel, structurel et professionnel et ils interpellent l'ensemble des acteurs qui interviennent sur le marché.

† Les obstacles culturels :

Comment peut-on expliquer le peu d'intérêt manifesté par les entreprises au fonctionnement de ce marché et plus particulièrement à la gestion du risque de change ?

Il y a une tradition historique au Maroc de vivre dans un univers fortement administré. Jusqu'au début des années 90, la vie d'un financier d'entreprise comme celle d'ailleurs d'un banquier était rythmée par la réglementation des prix et des changes ; l'encadrement du crédit, la bonification des taux d'intérêt, le financement sélectif, la tarification uniforme de l'épargne et du crédit, la fixation administrée des taux de changes... Bref, tout était réglementé dans le moindre détail...

Les entreprises ont passé une grande partie de leur vie professionnelle dans cet univers. Elles sont culturellement plus proches des règlements que du marché. C'est ce qui empêche d'ailleurs les trésoriers et les financiers d'entreprises de s'orienter spontanément vers la prise en compte réelle des risques financiers.

† Les faiblesses structurelles :

L'existence d'un marché monétaire fiable et transparent est une condition au bon fonctionnement du marché des changes. Or, l'absence pour le moment d'une grille de taux des prêts et emprunts en dirham constitue un handicap pour les opérateurs qui interviennent sur le marché à terme. Cette grille devant être systématiquement affichée sur l'écran Reuter se veut une composante essentielle dans le calcul du change à terme.

En outre, les opérations de swaps sont trop peu utilisées par les banques. Bien qu'elles soient légalement autorisées par la Banque centrale, les opérateurs n'en perçoivent pas encore l'utilité. Et pourtant, les swaps apportent un complément appréciable en matière de couverture du risque de change.

Enfin, l'absence de techniques de couverture contre la variabilité des taux d'intérêt risque de limiter l'utilisation des swaps par les opérateurs qui souhaitent avoir une vision globale de la couverture des risques dans le cadre d'une véritable gestion financière.

† Le manque d'information et de formation :

Le marché des changes a donné lieu à la création de nouveaux métiers. Si les banquiers s'y sont préparés en formant des cambistes, les entreprises, en revanche, n'ont fait subir à leurs trésoriers aucune formation particulière. Or, ce sont ces trésoriers qui sont appelés à dialoguer avec les cambistes. Non seulement ils doivent comprendre les produits qu'on leur propose mais aussi savoir arbitrer et négocier en connaissance de cause.

Quelle que soit la pertinence des instruments utilisés dans ce marché, aucun résultat probant ne peut être escompté si le trésorier ou le financier de l'entreprise à qui sont destinés ces instruments n'est pas en mesure de les assimiler, de les exploiter et d'en tirer profit.

On ne saurait donc trop insister sur le rôle fondamental de la formation et du perfectionnement d'un personnel hautement qualifié pour la réussite d'un tel marché.

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