Les nouvelles organisations et transformations du travail: Les metiers face aux nouvelles technologies de l'information et de la communication( Télécharger le fichier original )par Michel Matthieu SUNGU MUANDA NTELA Université Protestante au Congo - Licence 2007 |
Section 4 Des inégalités dans l'utilisation des NTIC
Tandis que les personnes ont des capacités d'appropriation inégales des NTIC, chaque innovation est de fait diffusée en priorité vers les plus diplômés, tant au sein de l'entreprise que pour les usages privés. La proportion des salariés qui utilisent l'informatique a considérablement augmenté au Congo au cours des dix dernières années. En 1998, un peu plus de 30 % des salariés utilisaient un ordinateur dans le cadre de leur travail.
§1 Un accès aux NTIC inégal
La diffusion très rapide de l'informatique au sein des entreprises ne s'est pas traduite par une égalisation des chances d'accès entre les différentes catégories de salariés. Au contraire, la diffusion de chaque nouvelle génération de technologie reproduit les mêmes clivages : Ø L'accès aux TIC dépend très fortement du niveau de responsabilités hiérarchiques, de la qualification ou du niveau scolaire ; Ø Il dépend aussi de l'âge du salarié. Ainsi, les TIC se banalisent dans les entreprises sans se démocratiser, et le recours à l'informatique demeure un facteur de distinction sociale. Le lien étroit entre le mode d'usage de l'informatique d'une part, le diplôme et la situation professionnelle d'autre part permet de penser que l'utilisation de l'informatique ne bouleverse pas les hiérarchies professionnelles.
En effet, en 1998 comme dans les années antérieures, les cadres et les professions intellectuelles supérieures ont eu le plus d'accès à ces outils, suivis de près par les professions intermédiaires, tandis que les ouvriers, surtout les non qualifiés, y ont le moins accès.
Les inégalités dans l'accès à l'informatique ne se sont pas réduites depuis 1998 avec la diffusion plus intense de l'Internet dans les entreprises. Ainsi, une étude de 2001 indique que les disparités dans les entreprises comme dans les administrations sont considérables : ce sont les cadres supérieurs et les professions intermédiaires qui utilisent le plus un micro-ordinateur8(*). L'analyse de l'utilisation des différents matériels informatique et d'Internet conforte cette analyse. Les micro-ordinateurs portables sont encore peu répandus. Ce sont surtout les cadres (25 %) et les professions intermédiaires (9,7 %) qui les utilisent. Ces deux catégories socioprofessionnelles sont celles qui déclarent s'en servir aussi à domicile, leur travail débordant ainsi dans la sphère domestique9(*).
§2 Les processus menant à l'exclusion
L'individualisation des responsabilités et des processus d'évaluation amène une surexposition de la personne car le jugement se déplace de la tâche à la personne. De ce fait, les plus faibles sont moins protégés et plus souvent exclus.
Les changements qui bouleversent les activités professionnelles sont le résultat non seulement des innovations technologiques, mais aussi des innovations organisationnelles, commerciales et sociales. Dans cette période de mutation intense, il est possible toutefois de repérer de grandes évolutions liées à l'utilisation massive des TIC10(*). Le travail devient de plus en plus abstrait, interactif et nécessite de savoir gérer de mieux en mieux l'abondance de l'information. Face à cette évolution du travail, tous les salariés ne sont pas au même niveau et la difficulté à s'adapter à ces changements est donc source d'exclusion pour certains d'entre eux.
* 8 BIGOT (R.), « Baromètre de la diffusion des nouvelles technologies en France », document réalisé à la Demande du Conseil Général des Technologies de l'Information, novembre 2001, p 62. * 9 Note DIGITIP n° STSI/SDPP/2000 du 14/11/2000, Zmiro (D.), Comparaison des résultats de l'étude du BIPE sur l'impact des technologies de l'information sur l'emploi et les travaux du Conseil d'analyse économique sur la nouvelle économie». * 10 LASFARGUE (Y), « Techno mordus, techno exclus ? Vivre et travailler à l'ère du numérique », Edition d'Organisation, Paris, 2000, p 37. |
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