Les déterminants de la mortalité infanto-juvénile au Tchad( Télécharger le fichier original )par Tao Vridaou Institut de Fomation et de Recherche Démographiques (IFORD) - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Démographie (DESSD) 2004 |
CHAPITRE ICADRE THEORIQUECe premier chapitre traite essentiellement de la synthèse de la littérature et abordera les hypothèses et objectifs de recherche. I.1. Synthèse de littérature sur les déterminants de la mortalité des enfants La littérature sur les déterminants de la mortalité des enfants de moins de cinq ans est relativement abondante. La synthèse de celle-ci permet de mieux cerner l'étude, de guider la définition des hypothèses et le choix des variables (RAKOTONDRABE, 1996). L'étude des niveaux et des tendances de la mortalité des enfants de moins de cinq ans présente un intérêt particulier, en ce sens que les décès des enfants représentent un gâchis considérable pour des raisons à la fois humanitaires et économiques et parce que les taux de mortalité des enfants sont en même temps faciles à mesurer et représentatifs de la mortalité générale dans les pays faiblement développés. Le niveau de la mortalité des enfants est considéré aussi comme un indicateur de développement d'un pays. Le niveau et la tendance de la mortalité sont fonction des conditions sanitaires, environnementales, socio-économiques et culturelles qui prévalent dans une population et dans les différentes couches sociales de cette population. La mise en lumière des facteurs explicatifs de la mortalité de moins de cinq ans permettra aux ministères en charge des questions de population et de partenaires au développement d'orienter les programmes de santé et de développement socio-économique, ou d'identifier les types de comportements à favoriser au sein de la population cible. Pour mener à bien de telles études, il faut des données de bonne qualité ou une enquête spécifique telle que l'Enquête sur les déterminants de la mortalité infanto-juvénile menée dans certains pays (Niger en 1986) ; ou les Enquêtes sur la mortalité infantile et juvénile (EMIJ) réalisées dans certains pays africains par l'Institut de Formation et de Recherche Démographiques (IFORD), ou l'Institut du Sahel à savoir : « déterminer le niveau et la structure de la mortalité infantile et juvénile, ainsi que les facteurs démographiques, biomédicaux, culturels et socio-économiques susceptibles d'expliquer le niveau et la structure observés ». Certaines tendances observées peuvent être entachées de biais. Les biais méthodologiques proviennent essentiellement des omissions d'enfants dans les déclarations qui entraînent le sous enregistrement des événements, le déplacement des dates de naissance des enfants, l'imprécision des déclarations d'âge au décès, et d'une mortalité différentielle selon l'état de survie de la mère. A l'opposé, lorsque l'étude est menée à partir de plusieurs sources, le niveau de la mortalité des enfants n'est plus le même cela est dû à une différence de qualité de donnée liée le plus souvent à la technique mise en oeuvre pour collecter les informations. Dans la littérature sur les déterminants de la mortalité des enfants, certains auteurs ont adopté une approche globalisante qui consiste à identifier tous les déterminants de la mortalité des enfants (BARBIERI, 1991 ; CASELLI, VALLIN et WUNSCH, 2002) alors que d'autres ont opté pour une approche spécifique, qui consiste à étudier les relations entre la mortalité de moins de cinq ans et un ou deux facteurs particuliers (RAKOTONDRABE, 1996 ; MUDUBU, 1996 et HAROUNA, 1998). Pour ce qui est de notre étude, nous disons qu'il est difficile de pouvoir expliquer un problème de santé publique comme la mortalité des enfants au Tchad avec un seul facteur. L'importance de certaines variables a été démontrée dans les différents contextes proches à celui du Tchad. I.1.1 Les variables intermédiairesLes variables intermédiaires, encore appelées déterminants proches sont celles qui ont un impact direct sur la santé de l'enfant à savoir la vaccination ; les soins prénatals ; le sexe de l'enfant ; l'allaitement; l'âge de la mère à l'accouchement et le rang de naissance ; le sevrage ; les intervalles intergénésiques. I.1.1.1 L'âge de la mère à l'accouchement et le rang de naissanceBeaucoup d'études menées dans différents pays ont montré qu'il y a une forte association entre l'âge de la mère à la naissance et la mortalité des enfants. Les risques de décéder les plus élevés sont observés chez les enfants nés de mères en début et enfin de vie reproductive (moins de 20 ans et 40-49 ans). Selon le rapport de l'EDST de 1998, au Tchad, le risque de décéder avant l'âge d'un an est de 20% plus élevé pour un enfant né d'une mère âgée de moins de 20 ans (128 pour mille) que pour un enfant né d'une mère appartenant au groupe d'âges 20-29 ans (103 pour mille) ou au groupe d'âges 30-39 ans (105 pour mille). De même, le risque de décéder avant l'âge d'un an est plus de 25% plus élevé pour un enfant né d'une mère appartenant au groupe d'âges 40-49 ans (131 pour mille) que pour un enfant né d'une mère âgée de 20-29 ans ou de 30-39 ans. AKOTO et HILL ont constaté ce même phénomène en 1988 dans six pays d'Afrique Subsaharien à savoir le Bénin, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Sénégal sur la période de 1978-1982, chez les enfants de moins d'un mois de vie. Ces deux auteurs sont parvenus à la conclusion suivante : « la mortalité des enfants est liée à leur rang de naissance, ainsi qu'à l'âge de la fécondité de leurs mères ». Tableau 3 : Le quotient de mortalité infantile (en pour mille) pour la période de 10 ans précédent l'enquête,selon l'âge à l'accouchement et le rang de naissance.
Source3(*) : Ces données sont tirées de l'EDS du Tchad, 1998. S'agissant du rang de naissance, les quotients de mortalité sont pour le rang 1 de 116 pour mille alors qu'ils sont de 107 et 98 pour mille pour les rang 2-3 et 4-6 respectivement, et atteignent 132 pour mille pour le rang 7 ou plus. Les auteurs ayant étudié cette question notent que l'effet de l'âge de la mère à l'accouchement se fait sentir davantage durant la période néonatale. Cette relation a été également montrée par NZITA (1986) dans son étude sur la mortalité périnatale à Kinshasa. Ainsi, le risque de mortalité périnatale des premiers nés passait de 53 pour mille chez les mères de moins de 20 ans à 44 pour mille chez celles de 25-35 ans. Pour les enfants de rang 5 ou plus, le risque était de 20 pour mille, chez les femmes du groupe d'âge 25-34 ans et de 74 pour mille pour celles du groupe d'âge 35 ans et plus. Le risque que courent les enfants de décéder est lié à l'âge de la mère pour des raisons physiologiques et comportementales. En général, les mères jeunes n'ont pas encore atteint la maturité biologique (le système reproductif de la femme n'est pas encore préparé adéquatement pour la grossesse) (BARBIERI, 1991). Pour les femmes ayant un âge élevé les risques divers (fausses couches, malformations congénitales ou autres) sont liés au vieillissement. * 3Il s'agit du quotient de la mortalité infantile, autrement dit de la probabilité de décéder durant les onze premiers mois de vie
|
|