Les déterminants de la mortalité infanto-juvénile au Tchad( Télécharger le fichier original )par Tao Vridaou Institut de Fomation et de Recherche Démographiques (IFORD) - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Démographie (DESSD) 2004 |
I.1.3.3. L'accessibilité géographiqueL'accessibilité s'appréhende à travers la disponibilité réelle des services sanitaires et la distance qu'il faut parcourir pour les atteindre. La disponibilité d'un centre de santé est généralement saisie en termes de présence physique mais également en termes de qualité et de nature des soins apportés. Beaucoup d'auteurs ont montré qu'après trente années de croissance, la crise économique qu'on croyait passagère s'est installée et cela a affecté la part des budgets nationaux allouée aux services de santé : construction des infrastructures, achat des médicaments et formation de personnel de santé14(*). Cette crise est venue augmenter l'inégale répartition spatiale des services de santé en termes d'infrastructures, de personnel formé et de médicaments en faveur des villes et au détriment des campagnes. Au Tchad, en milieu urbain, 97% des femmes vivent à moins de 5 kilomètres d'un établissement de santé. La distance varie de 1,3 km pour les centres de santé publics à 6,8 km pour les hôpitaux privés. La moitié des femmes urbaines résident à proximité d'un centre de santé privé, d'un hôpital public, d'une clinique ou d'un cabinet médical. En revanche, dans les zones rurales, la distance médiane varie de 15,7 km pour les pharmacies ou centre de santé, à 98,3 km pour un hôpital militaire si bien que 27% des femmes vivent à proximité d'un établissement de santé et 40% en sont très éloignées (plus de 15km). I.1.3.4. L'accessibilité financièreLe recul relatif de l'Etat ou encore arrêt de progrès en matière de soins de santé a occasionné l'augmentation du coût des médicaments et une mauvaise qualité des soins dans les centres de santé publics. D'après les rapports du Ministère de la santé publique (1996 à 2001), l'aide extérieure, sous forme de prêts et de dons, représente une part importante (entre 55% et 65% pour la période 1996-2000) du financement du secteur de la santé tchadien. Cette aide finance particulièrement les investissements (constructions, équipements, formation) et l'assistance technique. En attendant, les femmes des ménages riches vont se faire soigner dans les cliniques privées et celles issues des ménages pauvres se contentent au mieux des soins médiocres du secteur public. Pour pallier à cette situation, comme tout autre pays en développement, le Tchad a adhéré à l'initiative de Bamako qui préconise une participation financière au coût des soins de santé par l'ensemble des usagers. Cela devait permettre d'améliorer la qualité des soins du secteur public et d'assurer l'accès à tous les usagers au service de santé. Mais, en pratique ce système semble augmenter les inégalités entre les ménages riches et pauvres. L'accessibilité financière atteste le niveau de vie du ménage qui se traduit par le pouvoir d'achat des médicaments et influence de ce fait, le risque de mortalité des enfants. * 14 Cette phrase est inspirée de Harouna, 1998. p 22 qui a cité Dumoulin et Kaddar, 1993 ; Brunet-Jailly, 1996. |
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