WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'alternance démocratique en afrique subsaharienne : cas de la république de guinée de 1990 à 2020


par Abdallah Moilimou
Université General Lansana Conté de Sonfonia/Conakry  - Diplôme de Master 2  2020
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE II : EVALUATION DE L'IDEE DE DEMOCRATIE EN GUINEE

Section 1 : Démocratie en Afrique subsaharienne : réalité, discours ou simple théorie ?

De nos jours, la démocratie est généralement admise comme le mode de gouvernance par excellence.18 Pour Abraham Lincoln, elle est le gouvernement du Peuple, par le peuple et pour le peuple. Prise dans ce sens, la démocratie s'oppose à tout pouvoir qui n'est pas l'émanation du peuple. Cependant, force est de constater que dans les pays en voie de développement, elle est trop souvent une façade où le pouvoir provient finalement « du plus fort, par le plus fort et pour le plus fort ». En ce sens, notre objet de recherche se concentrera principalement sur la démocratie en Afrique. À ce sujet, de nombreux auteurs ont des opinions divergentes sur cette question de démocratie sur le continent noir. Pour certains auteurs, la démocratie n'existe pas en Afrique noir. Ils citent des facteurs qui entravent la démocratisation du continent noir. Il s'agit notamment du facteur ethnique. Pour eux, « la démocratie d'un Etat fonctionne relativement bien en premier lieu lorsqu'elle s'applique dans une nation, au sens civique comme au sens ethnique ».

Partant de l'idée selon laquelle « Le découpage territorial opéré par le colonisateur pour créer de toutes pièces des États a été effectué sans égards aux ensembles ethniques », ils soutiennent que le parti au pouvoir ne représente généralement qu'un groupe ethnique parmi l'ensemble de la nation. Il est important de mentionner que l'on retrouve, dans la plupart des pays africains, bon nombre de communautés ethniques divergentes. Le fait d'avoir un parti au pouvoir qui représente son ethnie d'origine assure à cette ethnie une certaine protection, la prospérité économique et des faveurs sociales. Le parti au pouvoir, garantissant les intérêts de l'ethnie dont il est issu, va tout faire pour garder ce pouvoir plutôt que de le céder au profit d'un autre parti qui représentera une autre ethnie.

Alors, il importe de comprendre que dans la plupart des pays africains, le concept de nation étant donc très fortement ethnique, le partage du pouvoir politique s'avère difficile, donnant lieu à des conflits interethniques, des refus d'alternance en faveur de « l'autre ». Le professeur Albert Bourgi nous éclaire sur ce fait : « Les antagonismes ethniques ont été peu à peu exacerbés par un exercice du pouvoir fondé sur l'accaparement de tous les privilèges par le groupe dirigeant, et donc sur l'exclusion des autres communautés, condamnées dès lors à ressasser leurs frustrations et à cultiver leur soif de revanche. » Dans le même ordre d'idée, nous expliquerons un peu plus bas comment le facteur de pauvreté est en relation étroite aussi

18 Albert Bourgi et Avril Pierre, «Essais sur les partis politiques», Paris, Payot, 1990, p.632

29

avec ce concept de pluriethnicité19. Tout au long de son histoire, le continent africain a été confronté à divers problèmes sociaux. Actuellement, ces problèmes sociaux sévissent avec une gravité alarmante dans les populations des États africains. En effet, la pauvreté, l'ignorance, la maladie, les conflits ainsi que l'analphabétisme font rage sur le continent noir. Les spécialistes tels que Michal Bratton, Jean-François Bayart, Samuel Fambon et Noél Kodia n'estiment que ces nombreux problèmes sociaux qui ont un impact négatif sur l'implantation de la démocratie en Afrique subsaharienne.

Cependant, les études de ces chercheurs ne tendent pas vers une conclusion unanime. Cette partie est consacrée à l'explication de l'impact de la pauvreté et du manque de scolarisation sur la vie démocratique en Afrique noir. En relation avec la pauvreté et le manque d'éducation, il faut comprendre que le taux d'alphabétisation est un élément essentiel dans la réussite d'une démocratie. Par exemple, « l'Afrique à voir beaucoup dans ce domaine ; lorsqu'une population locale ne parvient pas à bien apprécier un programme politique lors d'un vote », cette démocratie ne peut avoir un sens politique. Un autre élément dans l'explication de l'échec de la démocratie en Afrique réside dans l'incapacité chronique à respecter l'alternance.

À cet effet, « l'histoire africaine apporte des éléments qui se superposent pour finalement expliquer la situation actuelle. L'analyse de l'histoire de l'autorité en Afrique avant la période coloniale met en lumière le fait que, dans la plupart des pays du continent noir, l'alternance politique était chose inconnue et très rarement la présence d'une autorité au pouvoir durant plusieurs années était contestée. Puisque les clans ou les ethnies étaient homogènes, la légitimité du pouvoir en place était assurée : Rares étaient les peuples qui se révoltaient contre leur souverain pour une alternance. L'alternance «à l'africaine» est régie par des traditions bien précises qui font que le candidat à l'alternance est connu de longue date ». Les essayistes et économistes Kodia et Martin se prononcent sur cette Question.

Pour autant, le respect de l'autorité est sacré et l'alternance « démocratique » (dans l'acception actuelle du terme) n'était pas exactement la caractéristique principale de ce système. Le fort lien communautaire qu'on trouve en Afrique contraste d'ailleurs avec l'individualisme en Occident qui a pu y permettre un fonctionnement de la démocratie qui respecte les droits individuels et qui circonscrit le pouvoir de l'autorité politique. Avec ces institutions précoloniales autoritaires et communautaristes, le terrain est donc déjà préparé en

19 Martin Pierre, « Les systèmes électoraux et les modes de scrutin », Paris, Montchrestien, 3ème éd. 2006, p.19

30

Afrique pour un futur autoritarisme « national » À la lumière de ce passé politique précolonial, il n'était pas réellement possible d'instaurer en Afrique une démocratie dite occidentale. En fait, l'une des principales difficultés à l'implantation de la démocratie sur le continent réside dans le fait qu'on a « appliqué le modèle occidental d'État nation « civique » sur des territoires qui sont en réalité « plurinationaux ». Bien entendu, il s'avèrera problématique «de forcer la démocratie à l'occidentale dans des pays qui n'en ont pas la culture et ont une histoire spécifique ».

Les sociologues appellent ce phénomène le transplant institutionnel, c'est-à-dire l'exportation dans un pays, dit «à développer», d'une ou plusieurs institutions en provenance d'un autre pays, dit «développé». Le professeur Lottieriet, analyste, jette le pavé dans la marre à travers sa réflexion. Pour lui, si l'exportation se fait par le haut, les institutions exportées devront remplir la même fonction que dans leur contexte d'origine, leur « ordre institutionnel » d'origine. Mais cela est justement impossible car les institutions dans un contexte dépendent d'autres institutions pour assurer leur fonction. Si ces autres institutions ne sont pas présentes dans l'ordre institutionnel d'accueil, le transplant ne produira pas les effets escomptés, et sans doute produira-t-il même des effets pervers.

Cependant, pour d'autres auteurs, la démocratie existe bel et bien en Afrique subsaharienne. Selon eux, la démocratie en Afrique, malgré ses faiblesses et lacunes, existe. Bien qu'elle soit nettement différente des démocraties présentes dans le monde occidental, une forme de démocratie existe bel et bien sur le continent noir. L'histoire du continent confirme d'ailleurs la présence de certaines formes de démocraties dans différentes périodes. Cependant, ces auteurs estiment en revanche que l'implantation démocratique sous la forme occidentale ne peut fonctionner dans des États africains si différents des États du nord. En aucun cas, cette démocratie ne peut être le système politique adapté aux gouvernements africains.

Ces auteurs partent de l'organisation et du fonctionnement des sociétés africaines précoloniales pour soutenir leur thèse d'existence de la démocratie en Afrique subsaharienne. De ce fait, voyons quelques-uns de leur argument.

31

précédent sommaire suivant






La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme