UNIVERSITE DU LAC TANGANYIKA (ULT)
FACULTE DE DROIT
LE REGIME JURIDIQUE DE LA DOUBLE NATIONALITE EN DROIT
BURUNDAIS
par : Jean-Baptiste BARUMBANZE et Caritas
NTARIMA
Sous la direction de :
M. Audace NIYONDIKO
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Mémoire présenté et
défendu
publiquement en vue de l'obtention du grade de
Licencié en Droit
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Bujumbura, janvier 2011
DEDICACES
A mes père et mère.
A mes frères et soeur.
A mes neveu et nièces.
A mes frères et soeurs membres de la
Communauté de l'Emmanuel.
Jean-Baptiste BARUMBANZE.
Caritas NTARIMA.
A mes père et mère.
A mon époux.
A mes enfants.
Aux familles de mes frères et
soeurs.
Enfin, à tous nos amis et connaissances qui ont
agrémenté notre vie estudiantine, nous disons sincèrement
merci.
REMERCIEMENTS
Ce travail n'aurait pas abouti s'il n'avait pas
bénéficié du concours de plusieurs personnes auxquelles
nous tenons à exprimer nos sentiments de profonde gratitude.
Nous remercions vivement toutes les personnes qui, de
l'école primaire à l'université, ont participé
à notre formation tant humaine qu'intellectuelle et plus
particulièrement, tous les professeurs de la faculté de Droit
à l'Université du Burundi et à l'Université du Lac
Tanganyika.
Nos sentiments de reconnaissance vont également
à l'endroit de Monsieur Audace NIYONDIKO, notre directeur de
mémoire, qui, malgré ses multiples obligations a
spontanément accepté de guider nos premiers pas de chercheurs.
Ses conseils avisés et sa rigueur scientifique nous ont
été d'une grande contribution.
Nous adressons nos sincères remerciements
à tous les responsables des différents services qui nous ont
fourni des renseignements et une documentation utiles à l'aboutissement
de ce travail. Nous pensons notamment au directeur de la diaspora, au chef du
service des archives, au conseiller chargé des affaires juridiques au
Ministère des relations extérieures et de la coopération
internationale, au président du Tribunal de Grande Instance en Mairie de
Bujumbura et aux présidents des Tribunaux de Résidence de Rohero
et de Nyakabiga.
Nous nous devons, en outre, d'être
reconnaissants à l'égard de toutes les personnes qui, pour leur
soutien inestimable, ont contribué à notre plein
épanouissement.
Que ce travail soit le couronnement des efforts de
toutes les personnes qui, par leur encouragement et leur soutien
matériel, ont participé à sa réalisation. Nous
mentionnons notamment la famille GATOGATO Emmanuel, Monsieur MANIRAKIZA
Jean-Berchmans, Madame NAHAYO Dorothée ainsi que les familles NTARIMA,
NKANIRA et NDIKUMASABO Etienne.
SIGLES ET ABREVIATIONS
1. A.G.N.U. : Assemblée Générale
des Nations-Unies
2. Al. : Alinéa
3. Art. : Article (s)
4. B.O.B. : Bulletin Officiel du Burundi
5. C. : Contre
6. Ch. Civ. : Chambre Civile
7. C.I.D.E. : Convention Internationale sur les
Droits de l'Enfant
8. C.I.J. : Cour Internationale de Justice
9. Cod. Nat. : Code de la Nationalité
10. C.P.F. : Code des Personnes et de la
Famille
11. C.P.A. : Cour Permanente d'Arbitrage.
12. D. : Décret
13. D.I. : Droit International
14. (dir.) : (sous la direction de)
15. D.-L. : Décret-loi
16. D.U.D.H. : Déclaration Universelle des Droits
de l'Homme
17. éd. : édition
18. etc. : et cætera
19. G.M. : Guerre Mondiale
20. H.C.R. : Haut Commissariat pour les
Réfugiés
21. Ibid. : Ibidem (même ouvrage, même
auteur, même page)
iv
22. L.G.D.J. : Librairie Générale de Droit
et de Jurisprudence
23. Lit. : Litera
24. L.S.R.G.L.A. : Librairie de la Société
du Recueil
Général des Lois et des
Arrêts
25. n° : numéro
26. N.U. : Nations-Unies
27. O.M. : Ordonnance Ministérielle
28. Op. cit. : Opere citato (ouvrage déjà
cité)
29. O.P.U. : Office des Publications
Universitaires
30. p. : page
31. P.I.D.C.P. : Pacte International relatif aux
Droits Civils et politiques
32. pp. : De la page...à la page...
33. P.U.F. : Presses Universitaires de
France
34. U.L.T. : Université du Lac
Tanganyika
35. U.N.E.S.C.O. : United Nations for
Educational, Scientific and Cultural Organization (Organisation des
Nations-Unies pour l'Education, la Science et la culture)
36. T. : Tome
37. Voy. : Voyez
Si l'acquisition de la nationalité revêt
incontestablement des intérêts pour l'acquéreur, il en va
encore davantage de la double nationalité.
1
INTRODUCTION GENERALE
La double nationalité ou la
binationalité est le produit objectif des mutations économiques
et culturelles s'opérant à l'échelle du monde. La
circulation des hommes, des produits et des idées, la grande
mobilité sociale et professionnelle, l'installation massive et durable
de populations étrangères issues d'aires géographiques et
culturelles différentes, en particulier dans les pays d'Europe
occidentale, sont autant de facteurs et de motifs qui favorisent le
phénomène et le rendent incontournable. Cela est d'autant plus
évident que même le Burundi a senti cette nécessité
de reconnaître, dans sa législation, la double nationalité
comme un droit que quiconque remplit les conditions déterminées
par la loi peut exercer.
Bien évidemment, le Burundi n'étant pas
un îlot et devant évoluer par rapport au monde contemporain, le
besoin s'est fait sentir de faire de l'évolution du droit de la
nationalité sa préoccupation. Le législateur burundais a
ainsi adopté la loi n°1/013 du 18 juillet 2000 portant
réforme du code de la nationalité modifiant le D-L n°1/93 du
10 août 1971 portant code de la nationalité burundaise qui
interdisait la double nationalité. De là, la matière de la
nationalité en droit burundais a connu une importante modification
législative, car la loi précitée venait consacrer le
principe de la double nationalité qui, sous l'empire de l'ancienne loi,
faisait défaut.
Ainsi, cette loi, à travers son article
1er, alinéa 4 admet formellement le principe en vertu duquel
toute personne qui le désire peut avoir la double nationalité si
elle remplit les conditions déterminées.
Par contre, l'article 1er litera a bis du
D-L n°1/93, disposait que « La nationalité burundaise se perd
à (...) l'acquisition volontaire d'une nationalité
étrangère ».
De même, en énumérant les
conditions de recevabilité de la demande en naturalisation, l'article 9
du même D-L énonçait, en son litera c que « la loi
nationale de l'intéressé ne peut pas lui permettre de conserver
son ancienne nationalité en cas d'acquisition d'une nouvelle
».
De ce qui précède, nous nous permettons
de conclure que la double nationalité était totalement interdite
sous l'empire de l'ancienne loi sur la nationalité.
2
L'intérêt de l'étude du
régime juridique de la double nationalité en droit burundais est
donc évident.
Inversement, la question de conflits de
nationalités, en l'occurrence, les conflits positifs, est une
problématique que suscite la double nationalité. Comment, par
exemple, sera résolu le problème du respect du devoir de
fidélité que chacun des Etats dont les intéressés
ont la nationalité est en droit d'attendre de ses ressortissants, si ces
Etats sont en guerre ? Comment l'intéressé pourra-t-il exercer
son service militaire pour deux Etats en même temps ? Lequel des Etats
est le plus habilité à exercer la protection diplomatique en
faveur de leurs ressortissants ? Quel sera, en outre, le comportement de l'Etat
national de l'individu lésé si la responsabilité incombe
à l'autre Etat dont la victime a également la nationalité
?
Il se pose, enfin, un autre problème toujours
lié au cumul de nationalités, celui de la loi applicable au
statut personnel d'un binational.
C'est à toutes ces questions que nous nous
attèlerons de répondre au cours de notre travail.
Nous allons essayer de cerner les contours de la
notion de nationalité, de la double nationalité et ses
différentes causes, ses avantages et ses inconvénients ainsi que
les solutions proposées pour résoudre certaines questions qu'elle
pose.
S'agissant de la méthodologie, nous
exploiterons essentiellement les textes juridiques tant internes
qu'internationaux.
Au point de vue du droit interne, outre la
constitution en vigueur actuellement, tant de textes législatifs et
réglementaires nous seront d'une grande utilité. Ainsi, en plus
de la loi n°1/010 du 18 mars 2005 portant promulgation de la Constitution
de la République du Burundi, la loi n°1/013 du 18 juillet 2000
portant réforme du code de la nationalité, elle-même
modifiant le D-L n°1/93 du 10 août 1971, sera évidemment au
centre de notre travail. Le décret n°100/156 du 14 octobre 2003
portant modalités pratiques d'acquisition de la nationalité
burundaise par naturalisation, sans oublier le D-L n°1/024 du 28 avril
1993 portant réforme du Code des Personnes et de la Famille (C.P.F.)
nous seront également d'une grande importance et biens d'autres textes
juridiques.
3
Sur le plan international, nous ferons notamment
recours à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
(D.U.D.H.) du 10 décembre 1948 et à la convention de La Haye du
12 avril 1930 relative aux conflits de lois sur la
nationalité.
Qui plus est, comme pour tout travail scientifique,
nous allons interroger les auteurs ayant émis des arguments probants en
matière de nationalité, en général, et de double
nationalité, en particulier. Ainsi, la doctrine française et
belge et bien d'autres dont les idées nous paraîtront utiles
seront consultées.
Des institutions notamment certains services du
ministère des relations extérieures et de la coopération
internationale, les tribunaux de grande instance et de résidence nous
seront d'une grande utilité. La jurisprudence tant nationale
qu'étrangère, en matière de double nationalité nous
sera aussi d'une importance capitale.
Les sites internet retiendront également notre
attention. Le présent travail comprend trois chapitres.
Le premier chapitre est consacré à
l'étude des notions générales sur le droit de la
nationalité. Le premier objectif est de définir certaines
notions-clefs dont la compréhension nous met sur les rails de celle de
la nationalité, en général et de la double
nationalité, en particulier. Le second est de fournir les
différents motifs qui sous-tendent l'acquisition de la
nationalité. Enfin, ce chapitre nous permet de comprendre que la double
nationalité, bien qu'elle ait été reconnue dans notre
pays, n'est pas perçue de la même manière partout dans le
monde.
Le deuxième chapitre est axé sur
l'analyse des facteurs juridiques de la double nationalité. Le parcours
de ce chapitre nous permet de savoir que la double nationalité est le
résultat, soit de l'application simultanée des modes
d'attribution de la nationalité, soit de l'acquisition de la
nationalité par les différents modes prévus par la loi qui
s'ajoute à la nationalité d'origine, soit même du
recouvrement de la nationalité, étant entendu que
l'intéressé doit, dans ce cas, conserver la nationalité
qu'il avait acquise au moment de la perte de celle dont le recouvrement est
entrepris.
Le troisième et dernier chapitre se focalise
sur la problématique de la double nationalité et les
différentes solutions aux conflits de nationalités.
Le travail se clôture par une conclusion
générale.
4
CHAPITRE I. NOTIONS GENERALES SUR LE DROIT DE LA
NATIONALITE
Une bonne compréhension de la
nationalité en général, et de la double nationalité
en particulier, suppose une étude des généralités
sur la nationalité (section 1), des fondements de la nationalité
(section 2) et des différentes positions adoptées par les Etats
à l'égard de la double nationalité (section
3).
Section 1. Généralités sur la
nationalité
Il est ici question d'une étude des
différentes notions dont la compréhension s'avère
nécessaire pour quiconque voudrait bien appréhender ce qu'est la
nationalité.
§1. Notion
Saisir le sens de la notion de nationalité
exige que celle-ci soit définie, que soient dégagés les
principes qui la régissent, les éléments qui la composent
et que sa nature juridique soit mise en lumière.
A. Définition
La nationalité se définit tant dans son
sens juridique que dans son sens sociologique. La notion juridique de la
nationalité se distingue ainsi de celle sociologique, même si les
auteurs sont toujours en quête de leur
coïncidence.1
1. Définition juridique
Aux termes de l'article 1er, alinéa
1er du code burundais de la nationalité, « La
nationalité est le lien juridique et politique qui rattache un individu
à la population constitutive d'un Etat souverain ».
1 Voy. B. AUDIT, Droit international
privé, 4e éd., economica, Paris, 2006, p. 743 ;
D. HOLLEAUX et alii, Droit international privé, Masson, Paris,
1987, p. 638 ; P. MAYER et V. HEUZE, Droit international privé,
Montchrestien, Paris, 2007, p. 24 ; J. DERRUPPE, Droit international
privé, 14e éd., Mémentos Dalloz, Paris,
2001, p. 13
5
Cette définition souligne un double lien,
juridique et politique, qui existe entre un individu et la population qui
constitue un Etat souverain et rejoint par là celle que nous propose le
Dictionnaire du vocabulaire juridique selon laquelle la
nationalité est une qualité détenue par chaque individu
dont l'appartenance à une même communauté politique et
territoriale est juridiquement reconnue par un Etat.2 La CIJ a
caractérisé plus précisément la nationalité
comme un lien juridique ayant à sa base un fait social de rattachement,
une solidarité effective d'existence, d'intérêts, de
sentiments, jointe à une réciprocité de droits et de
devoirs.3
Le concept juridique de nationalité se
distingue du concept sociologique même si la coïncidence entre les
deux est « souhaitable ».4
2. Distinction entre la nationalité juridique et
la nationalité sociologique
La nationalité de fait dite aussi sociologique
est l'appartenance à une communauté dont la notion relève
de la sociologie, mais dont le juriste doit rappeler les traits essentiels pour
définir et organiser en connaissance de cause la nationalité de
droit.5 De ce qui précède, on remarque que les deux
notions de nationalité ressortissent de deux domaines distincts : si la
nationalité de droit relève du domaine juridique, la
nationalité de fait relève d'un autre domaine, celui de la
sociologie.
Ainsi, la nationalité au sens sociologique peut
être définie comme le rattachement d'un individu à une
nation entendue comme un peuple partageant certaines traditions, certains
intérêts et certaines valeurs.6 La nationalité
de fait qui sert normalement de support à la nationalité de
droit, est elle-même liée à l'idée de
nation7 et les deux notions « ne sont guère
définissables ».8
2 R. CABRILLAC, Dictionnaire du
vocabulaire juridique, 3e éd., LexisNexis Litec, Paris,
2008, p. 281
3 En ce sens, voy. B. AUDIT, op.
cit., p. 741
4 Voy. infra, p.
6
5 En ce sens, voy . H.
BATIFFOL et P. LAGARDE, Droit international privé, T. I,
7e éd., L.G.D.J., Paris, 1981, p. 59
6 D. GUTMANN, Droit
international privé, 2e éd., Dalloz, Paris, 2000,
p. 242
7 D. HOLLEAUX et alii,
op. cit., p. 24
8 Ibid.
6
Le sentiment qui unit les membres d'un même pays
peut se fonder sur les facteurs divers : la race, la religion, l'idéal
commun, la langue, la proximité géographique, l'histoire
vécue ensemble, mais aucun d'eux n'est déterminant en soi et on
ne connaît pas la composition du ciment qui soude un peuple pour en faire
une nation.9
La doctrine affirme également que « (...)
la nationalité résulte du fait qu'une certaine population a
pendant un certain temps vécu sur un certain territoire et que cet
état de fait a créé une certaine mentalité
».10 M. HAURIOU le précise bien lorsqu'il écrit
que « la nationalité est une mentalité ».11
Donc, la nationalité de fait est le soubassement nécessaire de la
nationalité de droit12 et la coïncidence entre les deux
notions est le souhait de certains auteurs.13
3. Coïncidence souhaitable entre la
nationalité de fait et la nationalité de droit
Il est souhaitable que la nationalité juridique
coïncide avec la nationalité sociologique. Pendant des
siècles, les populations ont été liées au
territoire sur lequel elles vivaient et leur sujétion politique pouvait
varier avec le sort de celui-ci, lui-même dépendant des
vicissitudes militaires ou des alliances dynastiques.14
P. MAYER et V. HEUZE, lorsqu'ils
énumèrent les objectifs inspirant la politique de l'Etat en
matière de nationalité, abondent dans le sens de ce souhait quand
ils soulignent qu'un premier objectif, général, est celui d'une
coïncidence aussi parfaite que possible entre la nationalité de
droit et la nationalité de fait.15 Pour eux, parlant de la
législation française, le droit français de la
nationalité sera parfait si toutes les personnes qui se sentent
françaises et se comportent comme telles ont la nationalité
française, et si aucune des personnes qui ne présentent pas ces
caractères ne reçoit cette
nationalité.16
9 D. HOLLEAUX et alii,
op. cit., p. 24
10 Ibid.
11 M. HAURIOU cité par
B. AUDIT, op. cit., p.742 et P. MAYER et V. HEUZE, op. cit.,
p. 621
12 D. HOLLEAUX et alii,
op. cit., p. 24
13 Voy. supra, p. 4
14 B. AUDIT, op.
cit., p. 742
15 P. MAYER et V. HEUZE,
op. cit., p. 638
16 Ibid.
7
De la sorte, la dimension horizontale de la
nationalité selon laquelle « l'individu membre de la
communauté nationale a des attaches avec ses compatriotes avec lesquels
il partage une même histoire et une volonté de vivre ensemble
»17 devrait aller de pair avec sa dimension verticale. Cette
dernière dimension signifie que « l'individu est lié
politiquement et juridiquement à un Etat dont il est ressortissant en
vertu des règles posées par ce dernier
».18
Cependant, nous remarquons, et bien d'auteurs le
soulignent, que la coïncidence tant souhaitée entre la notion
juridique de nationalité et sa notion sociologique laisse à
désirer. « On ne peut (...) admettre de façon absolue la
subordination du concept juridique de nationalité au concept
sociologique. Pratiquement, elle peut se révéler difficile
à mettre en oeuvre lorsque plusieurs populations d'origine
différente coexistent sur le même territoire. Politiquement,
l'attribution de la même nationalité juridique à une
population même hétérogène, possède des
vertus tant pour la démocratie que pour la paix
».19
Précisons, par ailleurs, que l'existence des
différents modes d'acquisition et de perte de la nationalité
fausse la règle du jeu et les conséquences en sont connues.
Ainsi, parlant du droit burundais de la nationalité, par exemple, un
Burundais de fait peut ne pas l'être en droit ; un Burundais de droit
peut être, en fait, étranger.20
A défaut donc de pouvoir parler de
coïncidence entre la notion juridique et celle sociologique de
nationalité, il serait logique de parler, sinon
d'interdépendance, mais de complémentarité entre les deux
notions. La nationalité de droit ne saurait exister sans la
présence de certains éléments de fait qui lui servent de
support,21 tout comme la nationalité de fait ne saurait se
suffire à elle-même. La nationalité de droit est par
là « l'expression juridique de la nationalité de fait ; en
quelque sorte, la traduction de cette dernière sur le plan du droit
».22
17 P. COURBE, Droit
international privé, HACHETTE Supérieur, Paris, 2007, p.
222
18 Ibid.
19 D. GUTMANN, op.
cit., p. 242
20 Un Burundais qui perd sa
nationalité devient étranger s'il avait une autre
nationalité, étrangère tandis que certains
éléments de fait l'attachent au Burundi. A l'inverse, un
étranger qui acquiert la nationalité burundaise par
naturalisation ou par mariage est burundais de droit bien que certains
éléments de fait l'attachent à son Etat
d'origine.
21 Voy. supra, p.
5
22 D. HOLLEAUX et alii,
op. cit., p. 24
8
Définir la notion de nationalité est
d'une grande importance et il en va encore davantage de la compréhension
des différents principes auxquels les Etats se conforment dans
l'attribution du lien de nationalité.
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