Chapitre 3 :
Résultats et discussion
1. État des lieux des fruitiers
sauvages à N'dali
1.1. Description de l'échantillon
Le nombre de personnes interrogées dans le cadre de
notre recherche dépendait surtout de leur disponibilité. Au
total, 52 personnes ont été interviewées dont 35 de sexe
féminin et 17 sont des hommes. Ils sont en majorité
âgés de 34 ans ou plus (42,34%).
Tableau 2 :
Caractéristiques de l'échantillon
Caractéristique de
l'échantillon
|
Effectif
|
Fréquence
|
Sexe
|
Féminin
|
35
|
67,31%
|
Masculin
|
17
|
32,69%
|
Âge
|
Moins de 23 ans
|
7
|
13,46%
|
23-28 ans
|
10
|
19,23%
|
28-33 ans
|
13
|
25,00%
|
34 ans et plus
|
22
|
42,31%
|
Source : enquête de terrain
1.2. Espèces fruitières sauvage à
N'dali
Les données collectées ont permis d'inventorier
23 espèces végétales fruitières comestibles
sauvages exploitées dans le milieu. Les Parkia biglobosa
(néré), Vitellaria paradoxa (karité),
Vitex doniana (Prunier des savanes), Adansonia digitata
(Baobab), Cola Millenii (Kola de singe) sont les
espèces respectives les plus utilisées par les riverains qui
exploitent le forêt de N'dali (Figure 1). On a également
recensé les espèces telle que Datarium microcarpum
(Détar sucré), Dialium guineense (Tamarinier noir), Diospyros
mespiliformis (Ebénier d'Afrique), Bombax Costatum (Faux Kapokier)
entre autre comme fruitières sauvages exploitées à N'dali.
Les appellations en langues locales peuvent être lues dans le tableau X
de l'annexe.
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Figure 3 : Espèces
fruitières sauvages utilisées par les riverains de N'dali
Source : enquête de terrain
1.3. Différents usages des espèces
fruitières sauvage de la forêt de N'dali
Les espèces recensées
durant la recherche sont utilisées à différentes fins.
Elles constituent aussi bien une source alimentaire, médicinale,
élevage que de bois pour les populations. Toutes les 23 espèces
citées sont utilisées comme source d'alimentation. 91,87% servent
en médecine traditionnelle alors que 66,32% sont utilisés afin de
nourrir les animaux dans le cadre de l'élevage. 33,43% des
espèces sont utilisées en artisanat local ; 17,45% comme bois
d'énergie ; 11% durant les rituels et 13,13% comme source de
cosmétique ou soins corporels (Figure 4).
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Figure 4 : Proportion
d'utilisation des différentes espèces fruitières sauvages
par catégories d'usage
Source : enquête de terrain
1.4. Utilisation des parties des espèces
fruitières sauvage exploitées par les populations riveraines de
la forêt de N'dali
Différentes parties des plantes fructueuses sauvages
sont exploitées par les populations locales de N'dali comme on peut le
voir dans le tableau 3. Dans cette section, nous allons présenter les
parties des espèces ainsi que leurs usages par nos
enquêtés. Par exemple, les participants à cette
étude affirment qu'ils utilisent les feuilles, graines et la pulpe des
fruits issus de l'espèce Parkia biglobosa (néré).
De même, les enquêtés utilisent les amandes du karité
(Vitellaria paradoxa), ses feuilles, sa racine, son écorce et
sa pulpe. Les feuilles sont utilisées pour traiter l'ictère, la
nausée et la diarrhée, les racines pour les problèmes
gastriques. Ces écorces sont utilisées pour traiter la dysenterie
et les hémorroïdes et les amandes servent à extraire du
beurre pour la fabrication des pommades et de savon alors que la pulpe est
consommée en frais par les populations riveraines de N'dali.
Les interviewés utilisent la pulpe, les graines, les
écorces, les racines et les feuilles de l'espèce Adansonia
digitata (baobab). Cette population l'utilise essentiellement à des
fins médicinales. Cette espèce intervient notamment dans le
traitement du paludisme, l'asthme et les herpès. La corde issue de
l'écorce de baobab sert à attacher les animaux.
Abordant Cola millenii (Kola du singe), les parties
utilisées par les riverains de N'dali sont les feuilles et les bois. Les
feuilles sont utilisées pour le traitement de fièvre,
l'ictère, l'éruption cutanée, le paludisme, et la
varicelle. Les tiges sont utilisées comme cuit dent et set de brosse
végétale et bois d'énergie.
Le tamarin (Tamarindus indica) est utilisé
dans l'élevage à travers les feuilles qui servent d'alimentation
de bétails (feuille) mais également dans l'alimentation de la
population avec notamment la fabrication de boissons et sirop, confiture
(fruit). Ses écorces servent à gérer la constipation.
Le Dialium guineense (Tamarinier noir) est
utilisé dans la médecine traditionnelle essentiellement à
travers ses feuilles, racine, écorce et le fruit. Les feuilles sont
utilisées pour le traitement du diabète, ses écorce comme
remède contre l'anémie et les fruits sont commercialisés
et donc consommés par la population.
Les graines de l'espèce Bombax Costatum (Faux Kapokier)
subissent de transformation locale pour servir de pommade cosmétique,
vermifuge pour le bétail et fabrication de matelas traditionnel. Ses
fleurs servent à l'autoconsommation (sauce gluant) et ses écorces
sont utilisées pour le traitement de la folie, la fièvre, les
courbatures, la hernie, l'épilepsie et les abcès. On les utilise
également pour l'attraction de chance. La racine de Bombax Costatum est
utilisée pour les accouchements difficiles, les hémorroïdes
et l'inflammation des pieds. Ses tiges sont utilisées comme instrument
de musique et ustensiles de cuisine.
Les graines de l'espèce Azadirachta indica
(neem) permettent de fabriquer un insecticide redoutable. L'huile qui en est
issue de ses graines est utilisée comme moyen de contraception alors que
les écorces de l'espèce sont utilisées pour soigner le
paludisme.
Les feuilles et graines du rônier (Borassus aethiopum)
sont utilisées pour fabriquer un savon noir dont les femmes se lavent
pour le bon déroulement de la grossesse. Cette espèce est
utilisée comme remède contre les bronchites et les maux de
gorge.
L'iroko (Milicia excelsa ou Chlorophora
excelsa) est un arbre fétiche respecté et craint à
N'dali en particulier et au Bénin en général. Ces feuilles
qui entrent dans le traitement de la folie et sont souvent utilisées
pendant de rites et incantations. Les cendres de ce bois servaient autrefois
à frotter les incisions des tatouages et les écorces de l'iroko
servent de soin contre la stérilité chez les femmes dans le
milieu.
Concernant, le palmier à huile (Elaeis
guineensis), les populations riveraines utilisent essentiellement ses
fruits qui sont regroupés en régimes. Ils sont composés de
pulpe et d'une noix centrale, qui contient une amande. On en tire deux types
d'huile : l'huile de palme (à partir de la pulpe), et l'huile de
palmiste (que l'on extrait de l'amande centrale).
Les figues (Ficus sur) sont comestibles et
utilisées sous forme fraîche ou séchée par les
autochtones dans de nombreuses régions. Ses racines sont potentiellement
efficaces contre le paludisme. L'écorce interne est utilisée pour
fabriquer la corde tandis que les problèmes de poumon et de gorge sont
traités à l'aide du latex laiteux que l'on trouve dans la
croissance vivante. Le latex laiteux est également administré aux
vaches dont la production de lait est faible. L'arbre est également
utilisé comme remède magique pour les furoncles. La racine de
l'arbre serait utilisée pour aider lorsqu'une vache conserve une partie
du placenta après l'accouchement.
Plusieurs parties (feuilles, pulpe et fruit) de Vitex
doniana (prune noir) pour diverses usages allant de la pharmacopée,
à l'alimentation. La décoction des feuilles du Vitex Doniana est
efficace contre plusieurs affections de la peau telles que la rougeole, les
éruptions cutanées ou encore la varicelle. Des pâtes sont
également fabriquées à base de feuilles et d'écorce
broyées que l'on applique sur les plaies et les brûlures.
La pulpe des fruits est très appréciée
par les enfants. Elle se mange crue, ou en confiture. Ils permettent d'obtenir
une boisson qui entre également dans la composition d'alcools forts et
de vin. Les graines à l'intérieur du noyau sont également
comestibles. La consommation de la pulpe du fruit est recommandée pour
lutter contre la fatigue.
Le fruit constitue la partie la plus valorisée de
l'espèce. Il est consommé cru et commercialisé sur les
marchés ruraux et urbains. Très riche en vitamines A et B, en
glucides et en micronutriments, la pulpe entre dans la préparation de
boissons fraîches ou alcoolisées. Les graines sont
également transformées en thé. Les feuilles, les racines
et les écorces sont utilisées en médecine traditionnelle
et moderne pour le traitement d'une grande variété de maladies
telles que les avitaminoses, les dermatoses, l'épilepsie. Le bois de
Vitex doniana entre dans la construction des maisons et dans la
confection des manches de daba, des crosses de fusil, des tambours, etc. Il est
également valorisé sous forme de bois-énergie.
Les feuilles Lannea acida servent au fourrage pour
les chèvres. Ses fruits, au goût acide à résineux,
sont comestibles, et servent notamment à la fabrication de boissons
alcoolisées. Les jeunes feuilles de l'espèce sont
consommées comme légume par les populations et de fourrage pour
le bétail. Les fruits sont consommés frais ou
séchés et la pulpe sert à préparer une boisson
fermentée. L'écorce de Lannea acida est utilisée
en cas de fièvre, d'aménorrhée, de
stérilité, d'anorexie, de gingivite et de lèpre.
Les racines de l'espèce Opilia celtidifolia
sont réduire en poudre pour traiter les constipations et
l'ictère, et en décoction pour les douleurs abdominales, tandis
que les feuilles rentre dans le traitement de l'ulcère gastrique, ou les
feuilles écrasé à la mains pour les morsures de serpent,
ou encore en poudre comme pommade pour les dermatoses. Ses fruits sont
comestibles.
Tableau 3 : Espèces
végétales fruitières recensées et les parties
utilisées
Espèces fruitières sauvage
|
Parties utilisées
|
Feuilles
|
Ecorce
|
Racine
|
Fleur
|
Tige
|
Pulpe
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Fruit
|
Amandes
|
Graine
|
Résine
|
Bois
|
Parkia biglobosa
|
x
|
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|
|
x
|
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|
x
|
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Vitellaria paradoxa
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x
|
x
|
x
|
|
|
x
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|
x
|
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|
x
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Adansonia digitata
|
x
|
x
|
x
|
|
|
x
|
|
|
x
|
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Cola millenii
|
x
|
|
|
|
x
|
|
|
|
|
|
x
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Ficus sur
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|
|
|
|
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|
x
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|
|
|
Tamarindus indica
|
x
|
x
|
|
|
|
x
|
|
|
|
|
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Annona senegalensis
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Datarium microcarpum
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x
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|
x
|
x
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Vitex doniana
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X
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|
|
|
|
|
X
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Blighia sapida
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Dialium guineense
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x
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x
|
x
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|
x
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Opilia celtidifolia
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|
x
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Khaya senegalensis
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Diospyros mespiliformis
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x
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|
x
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|
x
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Gardenia erubescens
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|
x
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Strychnos spinosa
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x
|
x
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Bombax Costatum
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x
|
x
|
x
|
x
|
x
|
|
|
|
x
|
|
|
Azadirachta indica
|
|
x
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|
|
|
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|
x
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|
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Borassus aethiopum
|
x
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|
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|
|
x
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Gardenia aqualla
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x
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Milicia excelsa ou encore Chlorophora excelsa
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x
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x
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x
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Elaeis guineensis
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x
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|
x
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Lannea acida
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x
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Légende : x= L'espèce est
utilisée dans cette catégorie.
Source : Source : enquête de terrain
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