L'UNION AFRICAINE ET L'ACCOMPAGNEMENT DU
DEVELOPPEMENT POLITIQUE EN AFRIQUE
Mémoire présenté et soutenu
publiquement en vue de l'obtention du Master en Science Politique
Par :
OWONO Fabrice Parfait
(Titulaire d'une licence en science
politique)
Sous la direction de :
Prof. Dr. Dr. OWONA Théophile
Agrégé de Science Politique et des
Relations Internationales
UNIVERSITE DE YAOUNDE II
DEDICACES
À mon Père MA'A NGBWA BONIFACE et
à ma Mère AKONO ATOUBA ANNE
AVERTISSEMENT
L'Université de Yaoundé II n'entend être
responsable des idées émises dans ce document celles-ci
n'engagent que la responsabilité de leur Auteur.
REMERCIEMENTS
Mes remerciements les plus sincères vont à
l'endroit de :
Ø Tous les enseignants de la faculté de sciences
juridiques et politiques de l'Université de Yaoundé II pour les
connaissances acquises ;
Ø Au Prof. Dr. Dr. Théophile
Owona, Agrégé de Science Politique et des Relations
Internationales ; mon directeur de mémoire ; pour sa
disponibilité ; sa ténacité ; sa rigueur au
travail durant toute la période de recherche et son encadrement pour la
réalisation de cette oeuvre scientifique ;
Ø Au Dr. Guy Mvelle, pour sa
disponibilité ; et son soutien permanent à la
réalisation de ce travail scientifique ;
Ø À l'Abbé Benjamin
Nkoé, pour son soutien incommensurable ;
Ø À mes Frères : Ndongo Ekom Michel
Valeri ; Mbama Pierre Claude, Atouba Théodore ; Ma'a Minkandi
arthur ; Ma'a Essinga Gautier ; Assengue Ateme Paul Martial ;
Mounzong Daniel Armand, Mbida Zolo Hilaire ;
Ø À mes Soeurs : MA'A Mendo Léa,
Mengue Jeanne Elvire, MA'A Mekoulou ; MA'A Olo'o ; Nkata
Glawdys ;
Ø À mes Amis : Shombong Oditte Siri ;
Kuaté Fosso Michel ;
Ø À mes Tantes : Ongbwa Constance ;
Olo'o Jeanne-Claire ; Nnemle Atouba Marie ;
Ø À mes oncles Owono Enguélé
célestin ; Bekono Nkene Albert ;
LISTE DES ABREVIATIONS
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BAD : Banque africaine de
développement ;
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CEA : Commission Économique des Nations Unies pour
l'Afrique ;
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CER : Comité économique
régionale ;
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CNC : Conseil National de la
Communication ;
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CNDHL : Commission Nationale des droits
de l'homme et des libertés ;
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CNG : Commission nationale de
gouvernance ;
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CNI : Commission Électorale
Indépendante ;
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CNIM : Commission Nationale
Indépendante de mise en oeuvre du MAEP ;
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CPS : Conseil de Paix et de
Sécurité ;
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CRAMAO : Centre Régional pour
l'avancement du MAEP en Afrique de l'Ouest ;
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DDHP: défense des droits de l'homme et
du people;
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DSRP : Document de stratégie de
croissance pour la réduction de la pauvreté ;
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ELECAM : Elections Cameroon ;
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FHRI: Foundation for Human Rights
Initiative;
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FONAC : Front National
Anti-corruption ;
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ITR : Institut Technique de
Recherche ;
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MAEIAFBE: Ministère des Affaires
Étrangères, de l'Intégration Africaine, et des
Béninois de l'extérieur
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MAEN : la mission d'évaluation
nationale ;
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MAEP : Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs ;
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MAP : programme du millénaire
pour l'Afrique ;
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NEPAD : Nouveau Partenariat pour le
développement en Afrique ;
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NIA : Nouvelle initiative pour
l'Afrique ;
OMP : Opération de Maintien de la
Paix ;
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ONG : Organisation non
gouvernementale ;
OSC : organisation de la
société civile ;
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OUA : Organisation de l'Unité
Africaine ;
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PDS : Parti Démocratique
Sénégalais ;
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PNUD : programme des Nations Unies pour
le Développement ;
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RAEN : Rapport d'auto-évaluation
nationale ;
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UA : Union Africaine ;
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UNECA : Commission économique des
Nations Unies pour l'Afrique ;
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WILDAF: women in Law and development in
Africa
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RESUME
L'Union Africaine (UA) est une organisation
d'États africains créée en 2002, à Durban en
Afrique du Sud, en application de la déclaration de Syrte du 09
septembre 1999. Son objectif est entre autre de contribuer au
développement politique des États membres. Cet élan a
engendré un bon nombre de nouvelles institutions dont le Nouveau
Partenariat pour le Développement en Afrique au sein du quel est
né le Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs
(MAEP). Nous nous sommes attelés à présenter le MAEP, et
ensuite démontrer que Les États membres du MAEP ont largement
progressé dans le processus démocratique et le respect des droits
de l'homme. Cependant, des insuffisances se font encore relevées dans la
pratique de la démocratie et le respect des droits de l'homme en
Afrique.
ABSTRACT
The African Union (AU) is an organization of African States
created in 2002, in Durban, South Africa, in application of the Sirte
declaration of September 9, 1999. Its objective is, among other things, to
contribute to the political development of the member states. This momentum
spawned a number of new institutions including the New Partnership for Africa's
Development within which the African Peer Review Mechanism (APRM) was born. We
set out to present the APRM, and then demonstrate that APRM member states have
made great progress in the democratic process and respect for human rights.
However, shortcomings are still noted in the practice of democracy and respect
for human rights in Africa.
SOMMAIRE
DEDICACES.............................................................................................1
AVERTISSEMENT.......................................................................................2
REMERCIEMENTS......................................................................................3
LISTE DES
ABREVIATIONS..........................................................................4
RESUME..................................................................................................6
ABSTRACT................................................................................................7
SOMMAIRE.............................................................................................8
INTRODUCTION
GENERALE.....................................................................12
PREMIERE PARTIE : L'INSTRUMENT D'ACCOMPAGNEMENT DE L'UA POUR
LE DEVELOPPEMENT
POLITIQUE(MAEP)........................................................32
CHAPITRE I : MAEP : L'INSTRUMENT D'ACCOMPAGNEMENT DE
L'UA POUR LE DEVELOPPEMENT POLITIQUE EN
AFRIQUE.................................................35
Section I : Présentation du Mécanisme
Africain d'Évaluation par les Pairs.....................35
I-Origine et Définition du
MAEP......................................................................36
A) Source du
MAEP.....................................................................................36
B) Définition du Mécanisme d'évaluation par
les Pairs ............................................37
II- Mandat, Objectif et Principes du
MAEP..........................................................38
A) Le Mandat du
MAEP................................................................................39
B) Objectif et Principes du
MAEP.....................................................................39
Section 2 : Le fonctionnement du Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs.............39
I-De la participation et financement du processus
d'évaluation...................................40
A) Participation et financement du Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs...........41
B) Processus d'évaluation entre
Pairs................................................................42
II-Les Structures du mécanisme et les partenaires du
MAEP.....................................45
A) Les Structures du Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs ...........................45
B) Partenaires Stratégiques du
MAEP................................................................47
CHAPITRE II : La mise en oeuvre du Mécanisme Africain
d'évaluation par les pairs : cas du Bénin et du
Togo........................................................................................49
Section 1 : La mise en oeuvre du Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs au
Bénin.......................................................................................................50
I-Retour historique sur le lancement du processus, et structure
de fonctionnement des organes au niveau
national........................................................................................51
A) Retour historique sur le lancement du processus du MAEP au
Bénin........................51
B) Structure de fonctionnement des organes au niveau
national...................................52
II-Résultats de la mise en oeuvre du MAEP au Bénin,
implication de la société civile et le financement au niveau
national, forces et faiblesses du processus au
Bénin.....................54
A) Mise en oeuvre du MAEP au Bénin et l'implication de la
société civile......................54
B) Financement du fonctionnement au niveau national et forces et
faiblesses du MAEP au
Bénin.......................................................................................................57
Section 2 : La mise en oeuvre du MAEP au
Togo...................................................58
I-Retour historique et structure de fonctionnement du MAEP au
Togo, implication de la société
civile...............................................................................................59
A) Retour historique du MAEP au
Togo..............................................................59
B) Mise en oeuvre du MAEP au Togo et implication de la
société civile.........................61
II-Financement du fonctionnement au niveau national et forces et
faiblesses du MAEP au
Togo........................................................................................................61
A) Financement du fonctionnement du Mécanisme au
Togo.......................................61
B) Forces et faiblesses du processus du MAEP au
Togo............................................62
DEUXIEME PARTIE : Le BILAN DE L'ACTION DU MAEP DANS
L'ACCOMPAGNEMENT DU DEVELOPPEMENT POLITIQUE DES MEMBRES........63
CHAPITRE III : Le progrès des États
africains dans le développement politique.............66
Section 1 : Les avancées démocratiques des
États adhérents du MAEP........................66
I-Les textes juridico institutionnels des États
membres du MAEP..............................67
A) Le respect des textes internationaux et
nationaux.............................................67
B) Les institutions et organes démocratiques existantes
dans les États membres.............68
II-Le respect des principes et du jeu
démocratique................................................69
A) La tenue régulière des élections
transparentes, libre et juste.................................71
B) L'État de droit dans les États membres du
MAEP.............................................71
Section 2 : Les progrès dans le respect des droits de
l'homme...................................72
I-Textes juridiques et institutionnels sur les droits de
l'homme..................................73
A) Les textes internationaux des droits de
l'homme................................................73
B) Les organes de mise en oeuvre des droits de
l'homme..........................................74
II-L 'effectivité du respect des droits de l'homme dans
les États membres du MAEP.........75
A) Liberté d'expression, action des partis politiques et
de la société civile.....................75
B) La modernisation de la justice, l'égalité entre
genre, Santé et Éducation....................77
CHAPITRE IV : La stagnation des États Africains dans
le processus de développement politique 999et les insuffisances du
MAEP...............................................................79
Section 1 : Obstacles socioculturel au processus
démocratique et des droits de l'homme....80
I-Les freins socioculturels sur le processus
démocratique.....................................................81
A) Les obstacles économiques au processus de
démocratisation
.............................................................................................................81
B) Les obstacles identitaires au processus de
démocratisation...........................
.............................................................................................................83
II-Les pesanteurs socioculturelles au respect des droits de
l'homme
.............................................................................................................84
A) Crises économiques comme obstacle au respect des droits
de
l'homme...................................................................................................84
B) Crise identitaire comme obstacle aux droits de
l'homme.......................................86
Section 2 : Les insuffisances du Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs...............88
I-Un positionnement ambigu des bailleurs de fonds et
difficultés administratives, faiblesse de la sensibilisation
populaire..............................................................................88
A) Un positionnement ambigu des bailleurs de fonds et
insuffisance des moyens financiers.89
B) Difficultés administratives et faiblesse de la
sensibilisation populaire........................90
II-Désignation des membres de la société
civile, qualité de leur participation et difficulté
d'accès aux résultats de l'autoévaluation et de
l'évaluation........................................92
A) Désignation des membres de la société
civile et qualité de leur participation...............92
B) Difficultés d'accès aux résultats de
l'autoévaluation et de l'évaluation......................93
Conclusion Générale
....................................................................................95
Bibliographie.............................................................................................97
ANNEXES...............................................................................................102
ANNEXE
1...............................................................................................103
ANNEXE2..............................................................................................104
INTRODUCTION GENERALE
1- CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Le processus de démocratisation du continent africain
enclenché dans les années 1990 a du mal à prendre
corps ; pendant la période 1960-1990, la seule forme de prise de
pouvoir dans les pays africains était les coups d'État1(*) : 267 coups d'État
ou tentatives de coups d'État ont été
dénombrés2(*).
L'adoption de nouvelles constitutions instituant le
multipartisme par les pays africains dans les années 1990 avec ou
sans « conférence nationale
souveraine » avait fait croire que la période de coups
d'État, qui était seul moyen de prendre le pouvoir auparavant
dans un contexte de parti unique, était révolue3(*) ; en excluant ou minimisant
la portée pratique du phénomène sociologique de la
réversibilité3(*), le retour en arrière : quasiment à
la case départ.
Mais le phénomène continue à ponctuer la
vie politique des pays africains. En 2008 la GUINEE CONAKRY a connu un coup
d'État après la mort du Président Lansana Conté,
des dignitaires de l'armée, des officiers se présentant sous le
nom de Conseil National pour la Démocratie et le Développement
(CNDD) annoncent unilatéralement à la radio, par le biais de leur
porte-parole le capitaine Moussa Dadis Camara, la dissolution du gouvernement
ainsi que la suspension de la constitution et toutes les institutions
républicaines4(*). Le
22 mars 2012, Amadou Toumani Touré fut renversé en mettant ainsi
un terme à l'une des rares démocraties d'alors dans le continent,
Amadou AYA Sanogo, est apparu sur les antennes de l'ORTM la
télévision nationale suspendues la veille pour annoncer la
dissolution des institutions, la suspension de la constitution,
décrété un couvre -feu et décidé de la
fermeture des frontières5(*).
Dès 2010 l'Afrique a vu se forger une nouvelle
forme de démocratie que Z. G. Belinga appelle « la
démocratie par la rue ». Précisément en
Afrique du Nord avec pour qualification de « printemps
Arabe »6(*).Cette expression est utilisée pour parler des
révolutions populaires qui ont lieu depuis décembre 2010 dans les
pays arabes tels que la Tunisie, l'Égypte, ou encore la Libye où
des milliers de personnes s'opposent aux dirigeants en place dans ces pays
depuis deux, trois voire quatre décennies, en réclamant plus de
liberté et de meilleurs conditions de vie. En dehors du
« printemps arabe », « la
démocratie par la rue » a permis à Madagascar de
démettre Didier Ratsiraka, d'imposer Albert Zaff, lui-même
renversé à nouveau par l'ancien Président Didier
Ratsiraka, à son tour détrôné par Marc Ravalomanan,
qui s'est trouvé obligé, sous la pression de la rue toujours
d'abandonner le pouvoir au jeune Maire d'Antanarivo , Rajoelina. Au
Burkina-Faso en 2014, le peuple a obligé le Président Blaise
Compaoré à démissionner et à fuir le pays. Selon Z.
G. Belinga c'est une situation proche, mutatis mutandis, de ce qu'on a souvent
appelé « l'ochlocratie », ce gouvernement
par la foule qui a une connotation péjorative ; c'est le
règne de la vulgarité, de la médiocrité. En 1584,
l'écrivain anglais John Stockwood décrit l'ochlocratie comme un
État dans lequel les personnes grossières décident de
toute chose d'après leur propre intérêt. Ainsi le
feuilleton sans fin précise et irréversible de coups
d'État et de tentative de coups d'État est le fait d'un
mécanisme d'accessions au pouvoir verrouillé en Afrique, les
fraudes électorales, les missions internationales d'observation
électorales dévoyées, les
« tripatouillages » des constitutions sans
être condamnés et sanctionnés.
Le terrorisme s'est ajouté dans la liste des
fléaux qui minent le développement politique le continent ;
dans le Maghreb, le golfe d'Aden, golfe de guinée ; et dans
toute la zone sahélo sahélienne à travers des groupes
tels : Aqmi, BOKO HARAM, AL shebab, organisation État islamique,
etc.
Le 36e sommet des chefs d'État et des
gouvernements de l'OUA, tenu du 06 au 12 juillet 2000 à Lomé au
Togo, restera historique. C'est en effet, lors de cette rencontre que les
dirigeants africains ont adopté à l'unanimité l'acte
constitutif de l'UA7(*).
Cette décision est un aveu de l'échec politique de l'OUA, par les
dirigeants politiques africains eux-mêmes. Depuis la création de
cette organisation, le 25mai 1963 à Addis-Abeba en Éthiopie, les
raisons objectives de la critiquer voire de réclamer son remplacement
par une nouvelle structure politique plus dynamique n'ont pas manqué.
L'Afrique traverse une crise multiforme ; elle souffre de guerre ; de
grande pauvreté ; de sous scolarisation ; manque
d'infrastructures diverses. Face à tous ces problèmes, l'OUA n'a
pas proposé de solutions crédibles et efficaces8(*).
À cause du constat d'échec qui dans ce
contexte entourait cette organisation, l'adoption de l'acte constitutif de l'UA
s'est accompagnée d'un grand espoir politique sur le continent. En effet
pour beaucoup d'Africains, la décision de Lomé est perçue
comme une première étape décisive du défi de la
renaissance politique et économique africaine9(*). L'Acte constitutif de l'UA
prévoit neuf organes qui sont : la conférence de
l'union ; la cour de justice ; la commission ; le comité
des représentants permanents ; le comité technique
spécialisé ; le conseil économique ; social et
culturel ; les institutions financières. Ces organes selon Fogue,
reflètent la tendance générale des deux principales
exigences que ne cessent d'exprimer depuis le début des années
90, l'opinion publique africaine et la communauté internationale. Elles
concernent les réformes d'ordre politique et économique du
continent.
Le défi de la renaissance africaine repose
principalement sur les volets politique, économique et social. Pour ce
qui est du développement politique, l'UA a pris conscience de
l'insécurité en recrudescence dans les pays membres ; car
depuis les indépendances, l'Afrique est la région du monde la
plus conflitogène. Non seulement, elle abrite le plus grand nombre
d'opérations de maintien de la paix (OMP), mais aussi elle totalise
à elle seule , le plus de résolutions du Conseil de
Sécurité (CS) des Nations Unies sur les questions de paix et de
sécurité internationales Cette insécurité est la
résultante de la lutte pour le pouvoir et le partage du pouvoir, la
pauvreté, et les inégalités sociales, le non-respect des
droits de l'homme, des problème de nationalité ou ethnique. Ainsi
la stratégie arrêtée par l'UA pour mettre fin à la
misère politique et accentuer la modernisation des pratiques politiques
de ses États membres est d'adopter les objectifs et principes qui sont
d'essence démocratique ; dès lors elle donne pour objectifs
(article3) :
1- Réaliser une plus grande unité et
solidarité entre les pays africains entre les peuples
d'Afrique ;
2- Défendre la souveraineté,
l'intégrité territoriale et l'indépendance de ses
États membres ;
3- Accélérer l'intégration politique et
socio-économique du continent ;
4- Promouvoir et défendre les positions africaines
communes sur les questions d'intérêt pour le continent et ses
peuples ;
5- Favoriser la coopération internationale, en tenant
dument compte de la charte des Nations Unies et de la déclaration
universelle des droits de l'homme ;
6- Promouvoir la paix, la sécurité et la
stabilité du continent ;
7- Promouvoir et protéger les droits de l'homme et des
peuples conformément à la charte africaine des droits de l'homme
et des peuples et aux autres instruments pertinents relatifs aux droits de
l'homme ;
8- Créer les conditions appropriées permettant
au continent de jouer le rôle qui est le sien dans l'économie
mondiale et dans les négociations internationales ;
9- Promouvoir le développement durable aux plans
économique, social, et culturel, ainsi que l'intégration des
économies africaines ;
10- Promouvoir la coopération et le
développement dans tous les domaines de l'activité humaine en vue
de relever le niveau de vie des peuples africains ;
11- Coordonner et harmoniser les politiques entre les
communautés économiques régionales existantes et futures
en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l'Union ;
12- Accélérer le développement du
continent par la promotion de la recherche dans tous les domaines, en
particulier en science et en technologie ;
13- OEuvrer de concert avec les partenaires internationaux
pertinents en vue de l'éradication des maladies évitables et de
la promotion de la santé sur le continent.
L'UA fonctionne conformément aux principes suivants
(Article 4) :
a) Égalité souveraine et interdépendance
de tous les États membres de l'Union ;
b) Respect des frontières existant au moment de
l'accession à l'indépendance ;
c) Participation des Africains aux activités de
l'Union ;
d) Mise en place d'une politique de défense commune
pour le continent africain ;
e) Règlement pacifique des conflits entre les
États membres de l'Union par les moyens appropriés qui peuvent
être décidés par la conférence de l'Union ;
f) Interdiction de recourir ou de menacer de recourir à
la force entre les États membres de l'Union ;
g) Non-ingérence d'un État dans les affaires
intérieures d'un autre État membre ;
h) Le droit de l'Union d'intervenir dans un État membre
sur décision de la conférence, dans certaines circonstances
graves, à savoir : les crimes de guerres, le génocide et les
crimes contre l'humanité ;
i) Coexistence pacifique entre les États membres de
l'Union et leur droit de vivre dans la paix et la
sécurité ;
j) Droit des États membres de solliciter l'intervention
de l'Union pour restaurer la paix et la sécurité ;
k) Promotion de l'auto dépendance collective, dans le
cadre de l'Union ;
l) Promotion de l'égalité entre les hommes et
les femmes ;
m) Respect des principes démocratiques, des droits de
l'homme, de l'État de droit et de la bonne gouvernance ;
n) Promotion de la justice sociale pour assurer le
développement économique équilibré ;
o) Respect du caractère sacro-saint de la vie humaine
et condamnation et rejet de l'impunité, des assassinats politiques, des
actes de terrorismes et des activités subversives ;
p) Condamnation et rejet des changements anticonstitutionnels
de gouvernement.
L'objet de notre étude est l'accompagnement de
l'UA dans le développement politique des États. Autrement dit, le
soutien de l'organisation panafricaine dans le développement durable de
la politique en Afrique. L'UA, vu son acte constitutif veut lutter contre le
sous-développement politique, économique et social du continent.
En ce qui est du sous-développement politique, un des objectifs de l'UA
est la « promotion de la paix, la sécurité et la
stabilité du continent » (Article 6). Le premier organe
chargé de mettre en oeuvre ces objectifs et principes est le conseil de
paix et de sécurité (CPS). Il a été
créé par l'acte constitutif de l'UA et le protocole du 09 juillet
2002 signé à Durban (Afrique du Sud). Selon Mvelle, c'est
« le Mali qui a proposé lors du sommet de l'OUA à
Lusaka en Zambie en 2001, de transformer l'organe central de l'OUA en un
conseil de médiation et de sécurité10(*) ».
Le CPS poursuit des objectifs selon l'article 3 du
protocole qui sont : la promotion de la paix ;de la
sécurité ; de la stabilité en Afrique ;
anticipation et prévention des conflits ; promotion et mise en
oeuvre des activités de consolidation de la paix et de la reconstruction
après conflits ; élaboration d'une politique de
défense commune de l'Union ; et enfin promotion et encouragement
d'un certain nombre de valeurs comme la démocratie ; la bonne
gouvernance ; l'état de droit ; les droits de l'Homme.
Le CPS est chargé (selon l'article 6) de la promotion
de la paix, de la stabilité en Afrique.
ü L'alerte rapide et la diplomatie
préventive ;
ü Le rétablissement de la paix ;
ü La conduite des opérations d'appui à la
paix ;
ü L'action humanitaire et toute autre fonction qui
pourrait être dédiée à la conférence.
Le CPS en dehors des objectifs, cet organe a également
des principes énoncés dans l'acte constitutif, la Charte des
Nations Unies et la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Il
est en particulier guidé par les principes suivants :
a. Le règlement pacifique des conflits et
différends ;
b. La réaction rapide pour maîtriser les
situations de crise avant qu'elles ne se transforment en conflits
ouverts ;
c. Le respect de l'État de droit, les droits
fondamentaux de l'Homme et des libertés, le respect du caractère
sacré de la vie humaine ainsi que du Droit International
Humanitaire ;
d. L'interdépendance entre le développement
socioéconomique et la sécurité des peuples et des
États ;
e. Le respect de la souveraineté et de
l'intégrité territoriale des États membres ;
f. La non-ingérence d'un État membre dans les
affaires intérieures d'un autre État membre ;
g. L'égalité souveraine et
l'interdépendance des États membres ;
h. Le droit inaliénable à une existence
indépendante ;
i. Le respect des frontières existantes au moment de
l'accession à l'indépendance ;
j. Le droit de l'union d'intervenir dans un État membre
sur décision de la conférence dans certaines circonstances
graves ; à savoir les crimes de guerre, des génocides, les
crimes contre l'humanité conformément à l'article 4(H).
Le CPS a le pouvoir entre autres d'autoriser les
missions de soutien de la paix, d' imposer des sanctions en cas de changements
anticonstitutionnels du gouvernement et de « prendre des
initiatives et des actions jugées appropriées » en
réponse à des conflits en cours et potentiels. Le CPS est un
organe décisionnel de plein droit, et ses décisions sont
contraignantes pour les États membres.
Depuis sa première rencontre en 2004, le CPS a
été actif lors des crises du Darfour ; au Comores en
Somalie ; en RDC ; au Burundi ; en Côte-D'ivoire et dans
d'autres pays. Il a adopté des résolutions mettant en place des
opérations de maintien de la paix de l'UA en Somalie, au Darfour, et
à imposer des sanctions contre les personnes remettant en cause la paix
et la sécurité (telles que l'interdiction de voyager, le gel des
avoirs etc. Le conseil supervise la mise en place d'une « Force
de réserve » pour servir de force de paix africaine
permanente. En dehors du CPS, l'UA se base sur le NEPAD et le MAEP pour mieux
accompagner les États africains vers le développement politique.
C'est en juillet 2001 que le 37e sommet de l'OUA a officiellement
adopté le nouveau partenariat pour le développement en Afrique
(NEPAD). Comme document stratégique ; cadre de lutte contre la
pauvreté et de soutien au développement en Afrique.
En 2002, l'Assemblée Générale des Nations
Unies emboîtera le pas à l'organisation panafricaine en demandant
à la communauté internationale et au système des Nations
Unies d'organiser leur appui aux africains conformément aux principes de
l'objectif du NEPAD. C'est là un énième plan africain de
développement par le biais de l'intégration dans le sens d'un
processus de création et de maintien d'interactions intenses et
diversifiées entre unités préalables autonomes 11(*) en vue de favoriser le
développement sur tous ses aspects. Alpha Oumar Konaré lors d'une
assemblée de l'UA, Addis Abeba, 06 juillet 2004 pense que le NEPAD
« cette exigence d'un nouveau partenariat est fondée sur
elle-même, à déterminerelle-même son propre agenda,
bien sûr en écoutant tous les acteurs sous le leadership de
l'UA »12(*).
Le NEPAD est un programme de développement global
intégré, basé sur le partenariat en vue d'assurer une
croissance durable de l'Afrique et son intégration dans
l'économie mondiale. Il poursuit une série de trois buts
principaux : promouvoir la croissance durable de l'Afrique ;
éradiquer la pauvreté générale et aigue et
arrêter la marginalisation de l'Afrique dans le processus de la
mondialisation. Et l'aspect le plus marquant de ce cadre où se
déploiera l'action collective pour notre intégration est alors
l'impasse qui est fait du rôle que peuvent jouer aux cotés des
gouvernements d'États, d'autres acteurs du développement tels que
les collectivités territoriales, ONG, associations, syndicats, firmes
privées...
Le secrétariat du NEPAD n'intervient pas directement
dans la mise en oeuvre des programmes, son rôle est d'élaborer des
programmes, la responsabilité de leur mise en oeuvre incombant au
comité économique régional (CER), et aux pays pris
individuellement, au secteur privé et à la société
civile, en collaboration avec les partenaires. Le rôle majeur du
secrétariat du NEPAD est entre autre, de faciliter la mise en oeuvre des
programmes à tous les niveaux, de mobiliser les ressources et de
promouvoir la coordination institutionnelle dans la mise en oeuvre des
programmes à tous les niveaux. Dans le souci
d'opérationnalité, la supervision des domaines prioritaires a
été répartie ainsi qu'il suit :
Ø Développement humain (éducation et
santé) : Algérie ;
Ø Bonne gouvernance politique, paix,
sécurité, démocratie : Afrique du Sud ;
Ø Accès aux marchés, diversification des
produits, agriculture : Égypte ;
Ø Bonne gouvernance de l'économie
privée : Nigéria ;
Ø Infrastructures, environnement, Nouvelle Technologie
de l'Information et de la Communication, énergie :
Sénégal.
Le NEPAD a lancé 08 initiatives comportant des
programmes qui se trouvent actuellement à divers stades
d'élaboration et mise en oeuvre dans les domaines suivantes :
· Initiative sur la paix, la sécurité, la
démocratie et la bonne gouvernance ;
· Initiative sur la gouvernance des entreprises ;
· Priorité sectorielle, réduction du
fossé dans le domaine des infrastructures y compris la réduction
du fossé numérique par l'investissement dans les Technologies de
l'Information et de la Communication ; l'énergie ;
transport ; l'eau et l'assainissement ;
· Initiative sur la réduction du fossé dans
le domaine de l'éducation, de la santé, et de l'agriculture.
Pour mieux assurer l'accompagnement de ses États
membres dans son processus de développement, l'UA va à travers le
NEPAD mettre sur pied le Mécanisme Africain d'Évaluation par les
Pairs (MAEP) qui est un Programme accepté d'un commun accord et
adopté volontairement par les États membres de l'Union Africaine
en vue de promouvoir et de renforcer des normes élevées de
gouvernance. L'évaluation par les pairs est un mécanisme
d'auto-évaluation.13(*)
2) Clarification des concepts
1-L'Union Africaine est une organisation
d'États africains créée en 2002, à Durban en
Afrique du Sud, en application de la déclaration de Syrte du 09
septembre 1999. Elle a remplacé l'Organisation de l'Unité
Africaine (OUA). La mise en place de ses institutions (commission, Parlement
Panafricain, et Conseil de Paix et de Sécurité). A eu lieu en
juillet 2003 sommet de Maputo au Mozambique. Son premier Président a
été le Sud-Africain Thabo Mbeki, précédemment
Président de l'OUA. Ses buts sont d'oeuvrer à la promotion de la
démocratie, des droits de l'homme, et du développement à
travers l'Afrique, surtout par l'augmentation des investissements
extérieurs par l'intermédiaire du programme du Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD). Ce programme
considère que la paix et la Démocratie sont des préalables
indispensables au développement durable. Les objectifs de l'UA
comportent la création d'une banque centrale de
développement14(*).
2-L'Accompagnement : 1-Action, fait
d'accompagner ; 2-ce qui accompagne : servies avec un accompagnement
de raisins. 3-partie, ensemble des parties vocales ou instrumentales
secondaires soutenant la partie principale. 4-Ensemble de mesures et d'actions
mises en place pour aider, soutenir ou soulager des personnes en
difficulté.15(*)
C'est sur cette dernière définition que nous allons nous appuyer
pour mener nos recherches.
3-Développement politique : Selon
Guy Hermet et Bertrand Badie, le développement politique dans sa phase
théorique est apparu au début des années soixante dans le
contexte de la décolonisation. Nourri de systèmisme et
fonctionnalisme dérivé des grandes théories
évolutionnistes qui postulaient au XIXe siècle, la convergence de
toutes les sociétés vers un modèle unique de
modernité ; elle se paraît d'une triple vertu descriptive,
explicative, et normative.16(*)La description porte essentiellement sur le processus
de mutation affectant la société en développement, mettant
en évidence, au gré des acteurs, les propriétés de
différenciation et de sécularisation (Almond), d'institution
(Huntington), de centralisation (Shils, Eisenstadt) ou de diversification des
choix (Apter). L'explication privilégie soit des effets politiques du
développement économique et notamment de
l'élévation du PNB17(*)(Dahl), soit ceux de la mobilisation sociale et en
particulier de l'urbanisation (Deutsch) soit encore la capacité de
surmonter un certain nombre de crises (Pye). La dimension normative s'appuie
sur ces divers éléments pour prescrire des modes de construction
de l'État, de la nation, de la bureaucratie ou de la démocratie
capable de contenir les effets négatifs de situations de transitions
(autoritarisme, patrimonialisme, corruption, participation politique mal
contrôlée...).
3) Intérêt du sujet
L'intérêt de ce sujet est d'abord
théorique car nous nous attelons à montrer les efforts de l'UA
dans l'accompagnement du développement politique des États
membres.
Et ensuite l'intérêt est aussi
pragmatico-politique, il sera question de regarder avec rigueur si les
États africains membre de l'UA se sont imprégnés des
principes démocratiques, des droits de l'homme et de bonne
gouvernance.
4) Délimitation du sujet
Dans notre travail, nous allons nous limiter sur le plan
spatial ; à l'Afrique, lieu où l'UA se met en oeuvre pour
combattre le sous-développement politique, en privilégiant les
États membres du MAEP.
Sur le plan temporel, nous nous concentrons sur la
période allant de la création des organes responsables de
l'accompagnement du développement politique à nos jours.
C'est-à-dire du 09 juillet 2003 pour le CPS, de juillet 2001 pour
l'adoption du NEPAD, puis en 2003 pour la création du MAEP.
Dans le sujet nous nous limiterons au rôle du MAEP dans
l'accompagnement politique des États africains.
5) Revue de la littérature
Selon Belinga la déclaration d'Alger(1999)18(*) ne semble pas avoir mis fin
à la pratique des coups d'État militaires comme mode de
conquête de pouvoir et l'Afrique sera, sans nul doute, en proie dans les
mois et les années à venir, à un nombre sans cesse
croissant de projets de coups d'État, voire des coups d'État si
leurs causes ne sont pas identifiées en vue de leur prévenir. Les
signes avant-coureurs sont perceptibles dans bon nombre de pays africains. En
effet, il se pourrait que, « l'environnement
sociopolitique » prévalant dans les pays concernés
est la cause principale des coups d'État ; la faible culture
politique, voire son inexistence dans certains pays, les rend
vulnérables à l'intervention militaire dans les affaires
politiques19(*).Il se peut
que le succès du processus démocratique au Ghana est fondé
sur l'emphase mise sur l'alphabétisation ; ce qui a
débouché sur l'évolution actuelle.
Il continue en pensant que l'Union Africaine et ses
partenaires, tels que l'Union Européenne, les Nations Unies,
l'Organisation internationale de la francophonie, pourtant engagés dans
la prévention des conflits, n'ont pas encore pris l'ampleur de ce
phénomène. Elle se contente à l'annonce de chaque coup
d'État ou tentative de coup d'État déjoué ; de
condamner sans attaquer aux causes sous-jacentes, notamment l'opposition
muselée, le refus d'alternance, les élections truquées, le
« tripatouillage » des Constitutions pour
supprimer la clause de limitation des mandats à deux quinquennats ou
pour léguer le pouvoir à qui on veut, le plus souvent au fils du
chef de l'État20(*).
Selon Konadjé l'Afrique depuis les indépendances
est le continent qui connait le plus de problèmes
d'insécurité dans le monde21(*), non seulement elle abrite le plus grand nombre des
OMP, mais aussi et surtout elle totalise à elle seule le plus de
résolutions du Conseil de Sécurité sur des questions de
paix et de sécurité internationale22(*).
Malgré, les ressources naturelles que ce continent
dispose : pétrole, bois ; toutes sorte de minerais ce qui
amène certains à le qualifier de « scandale
géologique ».23(*)Mais c'est aussi l'endroit où l'on rencontre
beaucoup de pauvres et d'insécurité dans le monde.
Ce qui pour le même auteur porte un frein à son
développement, car c'est le continent qui a le plus de matières
premières, de ressources minières, mais aussi connait la guerre,
l'insécurité, la pauvreté et les coups d'État, ce
continent est le lieu au monde où on enregistre le plus de naissances
mais aussi l'endroit du monde où le taux de mortalité est
élevé, on y dénombre 12500000 décès chaque
année24(*). C'est
dans cette situation de crise perpétuelle que l'UA a
décidé de s'y mettre pour le développement politique,
économique et social du continent (acte constitutif de l'UA).
Selon le Magazine Panafricain Jeune Afrique,
l'insécurité est le fait des luttes pour le pouvoir quand les
méthodes de dévolution de celui-ci ne sont pas fiables et
démocratiques. La présence des puissances occidentales dans le
continent noir favorise l'insécurité à travers les accords
militaires dits secrets qui maintiennent au pouvoir les dictateurs et
répriment avec force des insurrections par le soutien de traîtres
nationaux25(*) ;
l'implémentation et le développement du terrorisme dans le
continent sont une réelle préoccupation pour les dirigeants du
continent.
Pour Fogue l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) a
connu un échec politique, ce qui explique son remplacement à
travers l'adoption de l'Acte constitutif de l'UA, l'ancienne organisation fut
critiquée en son temps parce qu'elle n'arrivait pas à proposer
des solutions crédibles face aux problèmes de guerres, grande
pauvreté, de sous scolarisation, manque d'infrastructures diverses.
C'est ainsi que l'UA établit que sans la paix, les efforts de
développement entrepris sur ce continent ne peuvent être
couronnés de succès. Ceci dans son Acte constitutif elle aborde
le développement politique notamment dans ses alinéas f,g, et h
qui affirment respectivement : « promouvoir la paix, la
sécurité et la stabilité du continent »,
« promouvoir les principes et institutions démocratiques, la
participation populaire à la bonne gouvernance »,
et « promouvoir et protéger les droits de l'homme et des
peuples conformément à la charte africaine des droits de l'homme
et des peuples et autres instruments pertinents relatifs aux droits de
l'homme ». L'organe chargé de mettre en oeuvre ces
principes et objectifs est le Conseil de Paix et de Sécurité
(CPS).
Le CPS a le pouvoir, entre autres d'autoriser des missions
à la paix, d'imposer des sanctions en cas de changements
inconstitutionnels du gouvernement, et de « prendre des
initiatives et des actions jugées appropriées » en
réponse à des conflits en cours et potentiels .Le CPS est un
organe décisionnel de plein droit, et ses décisions sont
contraignantes pour les États membres. L'article 4(h) de l'Acte
constitutif, repris dans l'article 4 du protocole constitutif du CPS,
reconnaît aussi le droit, pour l'union, d'intervenir dans le cas de
crimes contre l'humanité, crime de guerres, génocide. L'UA s'est
également fait pour challenge de mettre les pays du continent dans le
giron des pays développés sur le plan économique et
social26(*).
Selon Founou-Tchnigoua le sous-développement politique
est la cause du manque de vitalité économique des pays
africains ; c'est ainsi qu'il préconise que les économies
africaines soient nationales. Une économie devient nationale lorsque les
relations extérieures sont soumises aux exigences du progrès
autocentré et des forces productives et l'amélioration des
conditions de vie dans l'espace que contrôle directement le pouvoir
politique. Or depuis les indépendances, les pays africains ont eu que
des économies transnationales (tournées vers
l'extérieure)27(*) ; c'est dans cette situation que l'UA s'est
donnée des outils pour le développement intégrale du
continent. Le Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique
(NEPAD) ; est officiellement lancé lors du sommet des chefs
d'État et de gouvernement africains d'Abuja du 23 octobre 2001 ;
est en réalité la nouvelle dénomination de la nouvelle
initiative pour l'Afrique (NIA). Le NIA présenté pour la
première fois en juillet 2001au sommet de l'OUA tenu à Lusaka, en
Zambie est elle-même le fruit de la fusion de deux projets
économiques, le « programme du millénaire pour
l'Afrique » (MAP) de l'ex Président sud-africain Thabo
Mbeki, et le plan « Omega » de l'ex président
sénégalais, Abdoulaye Wade.
Le NEPAD vise à donner un nouveau souffle à
l'économie africaine, et à la vie politique à travers une
réelle intégration économique ; coordonner et
harmoniser les politiques de développement sous régionales. D'un
point de vue institutionnel, l'ambition économique de l'UA se traduit
par la création d'organes spécialisés qui sont entre
autres le conseil économique, social et institutions financières
communautaires ; (Banque centrale africaine, Fonds monétaire
africain, Banque africaine d'investissement). Mais il est facile
d'observer que le développement dont aspire l'Afrique passe par le
développement politique ; c'est ainsi que le développement,
selon le rapport de la commission du Sud28(*)dirigée par le président Nyerere, est le
processus qui permet aux êtres humains de développer leur
personnalité, de prendre confiance en eux-mêmes et de mener une
existence digne et épanouie. C'est un processus qui libère les
populations de la peur du besoin et de l'exploitation et qui fait reculer
l'oppression politique, économique et sociale. C'est par le
développement que l'indépendance politique acquiert son sens
véritable. Il se présente comme un processus de croissance, un
mouvement qui est lui-même en train d'évoluer. Le Programme des
Nations Unies pour le Développement (PNUD)29(*), affirme, dans ses rapports
mondiaux sur le développement humain : Le principal objectif du
développement humain est d'élargir la gamme des choix offerts
à la population, qui permettent de rendre le développement plus
démocratique et plus participatif. Ces choix doivent comprendre des
possibilités d'accéder au revenu et à l'emploi, à
l'éducation et aux soins de santé et à un environnement
propre ne présentant pas de danger. L'individu doit également
avoir la possibilité de participer pleinement aux décisions de sa
communauté et de jouir des libertés humaines, économiques
et politiques. Pour Ngayap nous sommes loin du compte en Afrique à cause
de la mauvaise gouvernance, des gouvernements non démocratiques, les
élections non transparentes, d'où l'insécurité
permanente et perpétuelle dans nos États.30(*)
L'UA donne au NEPAD un rôle essentiel dans le
développement global intégré, basé sur le
partenariat en vue d'assurer une croissance durable de l'Afrique et son
intégration dans l'économie mondiale, il poursuit une
série de trois buts principaux : promouvoir la croissance durable
de l'Afrique ; éradiquer la pauvreté générale
et aigue, et arrêter la marginalisation de l'Afrique dans le processus de
la mondialisation. Et l'aspect le plus marquant de ce cadre où se
déploiera l'action collective, notre intégration fait l'impasse
sur le rôle que peuvent jouer aux cotés des gouvernements des
États, d'autres acteurs du développement tels que les
collectivités territoriales, ONG, syndicats, firmes privées. L'UA
va très vite pallier à cette insuffisance en encourageant la
coopération décentralisée à travers les rencontres
de Windhoek, 2000, Cotonou 23-24 Avril 2003, et Maputo juillet 2003 qui en
avaient pour idée la conférence de l'UA sur la
décentralisation31(*). Cette initiative est louable dans la mesure que la
décentralisation et son corollaire la démocratie locale,
constituent les stratégies les plus sures pour le développement
au niveau local et assurer une intégration régionale par les
peuples, laquelle pourrait consacrer l'UA comme organisation
d'intégration. La coopération entre collectivités et
administrations locales que nous soyons dans le cadre Nord -Sud ou dans les
dynamiques Sud-Sud est indispensable pour le développement des
collectivités africaines32(*).
MO IBRAHIM pense que l'Afrique fait des efforts sur
l'équilibre des genres, le droit des femmes sur le plan politique,
économique, social et sanitaire. L'éducation n'est pas en
reste33(*), le continent
est le lieu au monde ou le taux de croissance est le plus élevé,
des dizaines de millions d'Africains ont rejoint la classe moyenne34(*) , les villes africaines
se développent rapidement et sa population est la plus jeune du
monde35(*). Toujours selon
MO IBRAHIM, dans le domaine de la santé il y a des progrès
malgré le recul lié à EBOLA, qui, se limite principalement
à trois pays sur plus de cinquante. La santé des femmes enceintes
et des enfants va dans le bon sens.
L'éducation aussi, même si nous devons nous
demander si le seul fait d'avoir davantage d'enfants dans les écoles est
satisfaisant. Seuls 2 % des étudiants suivent un cursus dans le domaine
de l'agriculture par exemple. Le développement des compétences
est fondamental pour l'Afrique. L'Afrique étant le continent le plus en
insécurité dans le monde, et où les méfaits de la
pauvreté ne sont plus à démontrer. Les instruments mis en
place par l'UA ne sont-ils pas efficaces pour lutter contre la
prolifération des conflits, et la pauvreté grandissante ?
6) Problématique
L'Afrique est le continent où règne une
insécurité grave qui s'illustre à travers des tensions
politiques, et la propagation des mouvements terroristes et où la
pauvreté est grandissante car dans la plupart de ces pays la mal
gouvernance accentue le taux du chômage et le développement de la
famine dans plusieurs pays. Mais certains observateurs pensent qu'il y a des
progrès sur le plan politique, économique, et social.
Question principale
Dès lors nous posons la question de savoir, plus de
dix ans après sa création : Quelle est la contribution de
l'UA au développement politique des pays africains ?
Questions secondaires
1- De quelle manière l'UA contribue au
développement politique des pays membres ?
2- Quels sont les obstacles au développement politique
des États africains ?
7) Hypothèses
ü L'Union Africaine par ses instruments d'accompagnement
au développement politique rencontre des obstacles dans son processus de
sortir des États africains du sous-développement politique.
ü Nous constatons également que sous l'impulsion
du MAEP, les États africains font de réels progrès vers le
développement politique.
8) Cadre théorique et
méthodologique
La recherche en matière de science humaine avance en
plus en essayant de comprendre comment se construit la perception d'une
situation donnée ; plutôt qu'en cherchant à apporter
une solution au problème analysé. C'est ainsi que dans le cadre
de ce travail nous allons utiliser le Libéralisme et le
néo-institutionnalisme comme cadre théorique.
Étymologiquement, libéralisme vient du latin
liberalis, généreux, noble, digne d'une personne libre.
Historiquement, le libéralisme est une doctrine politique, apparue au
XIXe siècle, qui réclamait la liberté politique,
religieuse, économique, etc., dans l'esprit des principes de 1789.
L'anglais John Locke (1632-1704), qui a fait de l'individu et de ses droits
inaliénables (liberté, propriété...) le centre et
l'origine des relations sociales, en fut l'un des précurseurs. En
matière politique, le libéralisme est de nos jours une attitude
qui défend la démocratie politique et les libertés
individuelles. (Opposé : totalitarisme)36(*). Nous allons utiliser cette
théorie dans notre travail pour voir si les États africains ont
progressé dans la démocratie et le respect des droits de
l'homme.
Le néo-institutionnalisme est une théorie qui
s'efforce d'expliquer le phénomène de
l'homogénéité des organisations et aussi l'influence de
l'environnement sur les organisations. Le préfixe
« néo » indique qu'il s'agit du renouvellement de la
théorie institutionnelle des années 1940 en sciences sociales
contrairement au vieil institutionnalisme qui met l'accent sur le
caractère institutionnel de l'organisation. Cette approche
découle du courant institutionnaliste schématisant la
structuration de l'arène politique à travers les
institutions37(*). Le
néo-institutionnalisme s'intéresse plutôt au
caractère répétitif de l'action des organisations. Cette
perspective complète qu'au lieu d'agir uniquement selon les
règles ou les obligations, les individus agissent aussi selon leur
conviction. L'élément cognitif du néo-institutionnalisme
propose que les individus fassent certains choix. Cette théorie se
décline donc en plusieurs écoles : le
néo-institutionnalisme historique, le néo-institutionnalisme
sociologique et le néo-institutionnalisme du choix rationnel...
Dans le cadre de notre étude nous utiliserons
uniquement le néo-institutionnalisme sociologique qui trouve ses racines
dans la théorie des organisations38(*). Elle soutient l'idée selon laquelle les
institutions incarnent, reflètent des symboles et des pratiques
culturelles tenaces qui façonnent les perceptions des acteurs et
informent la reproduction institutionnelle39(*). La création des institutions peut se faire
dans la logique de compatibilité avec celles déjà
existantes puisque les acteurs extirpent un sens de leur environnement
institutionnel qui transpire dans leur action. L'institution est donc le pur
produit de la société. Le néo-institutionnalisme insiste
sur l'aspect cognitif des institutions et non leur effet contingent. Les
institutions sont donc des constructions sociales qui ressemblent
étrangement à la société dans laquelle elles
baignent. Le nouvel institutionnalisme (sociologique) procède par
conséquent à une critique des modes traditionnels de pouvoir.
C'est-à-dire de penser ce dernier à travers de nouvelles
variables indépendantes. De manière générale le
pouvoir ne s'étudie plus à travers la norme comme modèle
et le droit comme code ; cependant il s'appréhende à travers
les objets qu'on administre sur les populations40(*). Le néo-institutionnalisme sociologique est
divisé en sous champ. Dans le cadre de notre étude nous
utiliserons essentiellement le fonctionnalisme stratégique qui est une
approche qui stipule que chaque acteur dispose d'une marge de manoeuvre qui lui
donne l'opportunité d'adopter un comportement volontariste. En d'autres
termes comme le dit Philipe Braud « les ressorts del'action
menée par chaque groupe se situent dans une interaction constante
d'initiatives et de résistances ; leurs chances de succès
sont-elles mêmes conditionnées par la situation interne à
l'organisation...et les éléments
externes »41(*) . Dans le cadre de notre travail, nous allons faire
usage des analyses faites par Michel Grozier et Erhard Friedberd qui
reconnaissent la liberté des acteurs mais que cette liberté est
limité. Les acteurs sont capables de faire des initiatives mais ces
initiatives font faces aux différentes contraintes internes et externes
à l'organisation42(*). Le fonctionnalisme stratégique est une
approche qui nous permettra de démontrer que l'Union Africaine
accompagne véritablement ses États membres vers le
développement politique. Le néo-institutionnalisme sociologique
nous fera voire que l'UA et son instrument d'accompagnement ont des contraintes
qui les empêchent à transformer les États africains sur le
plan politique.
Une méthode renvoie à un ensemble de recherches
par lesquels une discipline cherche à atteindre une
vérité. Ainsi notre recherche sera essentiellement
théorique et s'appuie sur des méthodes et techniques diverses.
Dans notre travail, nous allons nous intéresser
à la technique documentaire, par la lecture des Ouvrages, des rapports,
des revues et articles scientifiques, des journaux qui traitent du
développement politique.
Nous utiliserons aussi la méthode empirique,
car elle nous permettra d'analyser avec rigueur et objectivité les
actions de l'UA dans le développement, et de voir si la situation
sécuritaire en Afrique s'est améliorée depuis la mise en
place de l'organisation panafricaine. Le systémisme de David Easton fait
référence au fonctionnement de l'UA. Ce systémisme fait
ressortir deux expressions à savoir les (inputs) et les (outputs) ;
d'un côté, nous avons des demandes, exigences formulées par
les populations aux dirigeants pour satisfaire leurs besoins primaires ;
Et de l'autre à la référence faite aux différentes
réponses ou solutions apportées par le système aux
problèmes soulevés par des populations. L'UA fonctionne dans
cette logique ; le systémisme nous fait donc voir si l'UA apporte
ou pas toujours des solutions aux différents problèmes que les
États font faces.
9) Plan du mémoire
L'étude est articulée en deux parties,
comportant chacune deux chapitres. La première partie est
intitulée, l'instrument d'accompagnement de l'Union Africaine pour le
développement politique en Afrique (MAEP). Son chapitre premier
présentera l'instrument d'accompagnement de l'Union Africaine pour le
développement politique en Afrique (MAEP) ; tandis que dans le
deuxième chapitre il sera question de la mise oeuvre du Mécanisme
Africain d'évaluation par les Pairs : le cas du Bénin et du
Togo. La seconde partie de cette étude sera articulée, le bilan
du MAEP dans l'accompagnement du développement politique de ses
États membres. Le progrès des États africains dans le
développement politique, constituera le chapitre premier ; tandis
que la stagnation des États africains dans le processus de
développement politique et les insuffisances du Mécanisme
Africain d'Évaluation par les Pairs feront l'objet de notre second
chapitre.
PREMIERE PARTIE
L'INSTRUMENT D'ACCOMPAGNEMENT DE L'UA POUR LE
DEVELOPPEMENT POLITIQUE (MAEP)
L'Organisation de l'Unité Africaine (OUA),
créée en mai 1963, avait consacré l'essentiel de son
énergie à l'éradication du colonialisme et de l'apartheid
sur le continent. Une des conséquences de ce centre d'attention
était que la souveraineté des États africains était
primordiale. Le prix de cet état d'esprit était que les affaires
internes des États africains constituaient des questions qui ne
concernaient que leurs propres gouvernements. Les dirigeants africains ne se
sont pas critiqués ouvertement l'un à l'autre et se regroupaient
lorsque l'un d'entre eux était critiqué par des étrangers.
Avec la fin de l'apartheid et l'émergence d'une Afrique du Sud
démocratique dans la politique continentale et mondiale, l'OUA avait
ainsi fondamentalement rempli sa mission.
Bien que des questions de gouvernance étaient
profondément inscrites dans les programmes d'ajustement structurel
imposés aux pays africains au début des années 80, ce
n'est qu'au changement de millénaire que les dirigeants africains ont
commencé à reconnaitre eux-mêmes publiquement que la
gouvernance était intrinsèquement importante, et non pas juste
parce que les pouvoirs extérieurs affirmaient qu'elle
l'était . Il a été reconnu que ce qui se passait au
plan national des États et la façon dont les gouvernements
gouvernent, réglementent et se rapprochent de leurs citoyens
étaient essentiels à la paix, au développement, à
la croissance et à la prospérité, et que les africains
devaient eux-mêmes « s'approprier » et
diriger ce processus. Cet élan a engendré bon nombre de nouvelles
institutions, dont l'Union Africaine (UA), le Parlement panafricain, le Nouveau
partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD) et le
mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP).
Chapitre1 : MAEP : L'instrument
d'accompagnement de l'UA pour le développement politique en
Afrique
L'U A a pour mission entre autre d'assurer le
développement intégrale du continent ; sur le plan
politique, économique, et social. Le NEPAD constitue une réaction
africaine pour résoudre les problèmes de développement et
de démocratisation posés actuellement au continent, affirmer les
perspectives et l'appropriation africaines, et préparer les africains
à réagir efficacement aux futurs changements, défis et
opportunités.
Il estime important, voire indispensable, que le
développement de l'Afrique et des programmes régionaux de
coopération s'inscrivent dans un contexte de bonne gouvernance
économique, politique. C'est ainsi que l'instrument d'accompagnement de
l'UA dans le processus de développement politique des États
africains est le Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs
qui est un programme accepté de commun accord et adopté
volontairement par les États membres de l'Union Africaine en vue de
promouvoir et de renforcer des normes élevées de gouvernance.
L'évaluation par les pairs est un mécanisme d'auto-
évaluation.
Section1 : Présentation du Mécanisme
Africain d'Évaluation par les Pairs
Lancé en 2003 par l'UA, le Mécanisme Africain
d'Évaluation par les pairs est un instrument auquel adhèrent
librement et volontairement les États membres de l'UA. Il s'agit d'une
approche audacieuse unique et novatrice, qui a été conçue
et mise en oeuvre par les africains, pour promouvoir la Bonne gouvernance et
favoriser l'accélération du développement
socio-économique et l'intégration de l'Afrique.
C'est un instrument qui permet à l'UA d'accompagner ses
États membres dans leur développement politique,
économique et social ; le Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs (MAEP) est souvent présenté
comme le dispositif le plus abouti du Nouveau Partenariat pour le
Développement en Afrique (NEPAD). L'objectif fondamental du MAEP est
« d'encourager l'adoption de politiques, normes et pratiques en
vue de promouvoir la stabilité politique, une croissance
économique élevée, un développement durable et une
intégration économique sous- régionale et continentale
accélérée grâce au partage des expériences et
au renforcement des meilleurs pratiques et acquis, y compris l'identification
des lacunes et l'évaluation des besoins dans le domaine du renforcement
des capacités »43(*).
I-Origine et Définition du MAEP
Le Mécanisme Africain d'Évaluation par les
Pairs (MAEP) est l'instrument que l'UA possède pour le
développement politique, économique et social des États
membres ; il a une origine et une signification.
A) Source du MAEP
Le MAEP s'inscrit dans l'état d'esprit qui a
sous-tendu la création du Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique (NEPAD). Le cadre opérationnel,
adopté par l'Organisation de l'Union Africaine, donne comme objectif au
NEPAD l'éradication de la pauvreté, la croissance
économique, le développement durable et l'intégration de
l'Afrique dans l'économie mondiale44(*).
L'idée du MAEP voit le jour en 2001 à
l'initiative de cinq pays (Afrique du Sud, Algérie, Égypte,
Nigéria, et Sénégal) désireux de créer un
cadre d'action permettant aux pays d'être les premiers acteurs de leur
développement. C'est dans cette perspective qu'en mars 2003, lors du
6e sommet du comité des chefs d'État et de
Gouvernement chargés de la mise en oeuvre du NEPAD, les États
africains ont adopté une Déclaration sur la gouvernance
démocratique, politique, économique et des entreprises45(*). Détaillant leurs
engagements : « (...) nous chefs d'État et de
gouvernements des États membres de l'Union africaine, sommes convenus de
travailler ensemble en termes de politiques et d'actions pour atteindre les
objectifs suivants : la démocratie et la bonne gouvernance
politique ; la gouvernance économique et sociale ; le
développement socio-économique ; le mécanisme
d'évaluation entre pairs. »
Le Mécanisme est ainsi présenté
comme un outil de promotion et de mise en oeuvre de la Déclaration,
auquel les États adhèrent de façon volontaire. Il est
conçu comme un instrument aux mains des États africains, en
cohérence avec la philosophie du NEPAD qui veut qu'en matière de
développement, l'initiative provienne des États eux-mêmes.
Le mode opératoire, à savoir l'examen par les pairs, n'est pas
structuré autour de la dichotomie classique
« sanction /approbation », mais construit comme un
forum d'échange de bonnes pratiques entre États46(*).Que dire de la
définition du MAEP ?
B) Définition du Mécanisme
d'évaluation par les pairs
Le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs
ou MAEP est un instrument, au rayonnement continental, établi par et
pour les États africains. Regroupant 34 pays sur 54 au 12 septembre
2014 ; sur la base d'une adhésion volontaire, il est destiné
à évaluer les pratiques des États en matière de
gouvernance, dans quatre domaines : la démocratie et le
développement socio-économique. En garantissant à la fois
une auto -évaluation de l'État, une évaluation externe et
enfin une évaluation par les pairs, le mécanisme offre
l'opportunité d'une double fenêtre de dialogue : entre
l'État et la société civile et entre les États
eux-mêmes47(*).
Sindjoun dans une étude qu'il a dirigée à
la demande de l'Organisation Internationale de la Francophonie ;
définit le Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs
comme un examen systématique de la performance d'un État par
autres État (c'est-à-dire par les Pairs), par des institutions
choisies à cet effet ou alors par une combinaison d'État et
institutions choisies. L'objectif ultime est d'aider l'État
évalué à améliorer l'élaboration des
pratiques publiques, à adopter de bonnes pratiques et à respecter
les standards, les codes et autres engagements acceptés et
établis.
L'Évaluation des Pairs peut être conduite
à partir des domaines ou des thèmes précis. Par exemple,
l'évaluation d'un pays peut être faite à partir des
domaines de l'économie, de la gouvernance, de l'éducation, de la
santé, de l'environnement ou et autres politiques publiques ou
pratiques ; A partir d'un ou de plusieurs domaines, un État peut
être évalué sur la base des codes et standards à
respecter. De même, plusieurs États peuvent être
évalués au même moment à partir d'un thème
précis comme celui de « la lutte contre la corruption en
vue du développement durable » par exemple.
Le Mécanisme s'articule autour de deux
points : d'abord la gouvernance politique(les systèmes politiques,
les processus électoraux, la participation par exemple), ensuite la
gouvernance économique et la gouvernance des entreprises (le management
macro-économique), la responsabilité des gestionnaires, les
autorités de régulation et de supervision par exemple)48(*). Le MAEP a des principes et
objectifs qui régissent son fonctionnement.
II-Mandat, Objectif et principes du MAEP
Mécanisme africain d'évaluation par les pairs
(MAEP) est un instrument auquel adhérent volontairement les États
membres de l'Union africaine en tant que mécanisme africain
d'auto-évaluation.
A) Le Mandat du MAEP
Le mandat du Mécanisme africain d'évaluation
entre pairs consiste à s'assurer que les politiques et pratiques des
États parties sont conformes aux valeurs convenues dans le domaine de la
gouvernance politique, économique et des entreprises, ainsi qu'aux codes
et normes de la Déclaration sur la gouvernance démocratique,
politique, économique et des entreprises. Que dire de l'objectif et des
principes du MAEP ?
B) Objectif et Principes du MAEP
L'objectif fondamental du MAEP est d'encourager l'adoption de
politiques, normes et pratiques en vue de promouvoir la stabilité
politique, une croissance économique élevée, un
développement durable et une intégration économique sous
régionale et continentale accélérée grâce au
partage des expériences et au renforcement des meilleures pratiques et
des acquis, y compris l'identification des lacunes et l'évaluation des
besoins dans le domaine du renforcement des capacités.
En ce qui concerne les principes du MAEP, toute
évaluation entreprise dans le cadre du Mécanisme doit se faire
sur la base des compétences techniques et doit être
crédible et libre de toute manipulation politique. Tels doivent
être les principes directeurs du Mécanisme. Le Mécanisme
Africain d'Évaluation par les Pairs a un mode de fonctionnement qui lui
est propre.
Section2 : Le fonctionnement du Mécanisme
Africain d'Évaluation par les Pairs
Le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs
(MAEP) est cette structure peu connue et singulière qui vise
principalement les États africains, afin que l'évaluation soit
une source d'amélioration et d'inspiration, à travers le partage
de bonnes pratiques en matière de gouvernance. Créé en
2003 par le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique
(NEPAD) et indépendant de toute structure régionale, il regroupe
aujourd'hui 34 États africains sur 54, qui ont adhéré
volontairement au dit mécanisme. Le processus d'évaluation se
compose en plusieurs phases, dont les principales sont la réalisation
d'une auto-évaluation par l'État de ses pratiques de gouvernance,
d'une deuxième évaluation réalisée par des experts
extérieurs nommés par les structures du mécanisme et d'une
présentation d'un rapport final compilant l'ensemble des données
récoltées devant l'ensemble des chefs d'État et de
gouvernements. L'évaluation par les pairs s'opère au stade du
rapport final et donne lieu à la formulation de recommandations au pays
évalué, afin qu'il puisse procéder à des
réformes si nécessaires. La mise en oeuvre de ces recommandations
est examinée, théoriquement, tous les cinq ans, faisant du MAEP
un processus continu de longue durée.
La création du MAEP s'inscrit dans la vision du
développement en cours depuis le milieu des années 1990,
époque à laquelle a été mis en lumière un
lien de causalité entre la bonne gouvernance et le développement.
La mise en place du mécanisme permet aux États
évalués, de s'approprier un concept d'abord
développé et utilisé par les institutions et bailleurs
internationaux. Les quatre domaines explorés sont : la
démocratie, et la gouvernance politique, la gouvernance et la gestion
économique, la gouvernance d'entreprise et le développement
socio-économique. Ainsi nous avons un panorama clair sur le
fonctionnement du MAEP.
I- De la participation au financement du processus
d'évaluation
Le Mécanisme africain d'évaluation par les
pairs est un instrument de l'Union africaine (UA) pour l'accompagnement des
États membres vers le développement politique, économique
et des entreprises. Midrand /Johannesburg/ Afrique du Sud 21 mars 2011
dans une déclaration , les membres du panel des Éminentes
personnalités du MAEP expriment leurs vives préoccupations par
rapport à la situation critique que vivent certains pays du continent
ces derniers temps « les différentes revendications
populaires qui se déroulent ici et là ont pour point commun les
questions liées à la gouvernance dans toutes ses
composantes », explique le professeur Mohamed-Séghir
Babès, Président du panel, révélant cette
conjoncture politique49(*). Le MAEP pour l'UA peut seul tirer l'Afrique de ses
problèmes en passant par la participation des États membres au
Mécanisme.
A- Participation et financement du Mécanisme
Africain d'évaluation par les pairs
Pour la participation au processus d'évaluation entre
pairs, tous les États membres de l'Union africaine peuvent participer au
processus. Après l'adoption, par l'Union africaine, de la
Déclaration sur la gouvernance démocratique, politique,
économique et des entreprises, les pays désireux de participer au
MAEP peuvent en notifier le Président du Comité des chefs
d'État et de gouvernement chargé de la mise en oeuvre du NEPAD.
Par cette notification, les États membres concernés s'engagent
à se soumettre à ces évaluations et à être
guidés à cet égard par les paramètres convenus pour
la bonne gouvernance politique, économique et des entreprises.
Le document de base du MAEP stipule que le financement
du Mécanisme proviendra des contributions évaluées des
États membres participants (paragraphe 26). Un plan quinquennal pour
toutes les opérations du MAEP sera conçu et soumis au forum du
MAEP pour étude. Des prévisions budgétaires seront
élaborées sur la base de l'hypothèse que tous les pays qui
accèdent au processus seront probablement évalués pendant
cette période. Les dispositions seront également prises pour
toutes autres formes d'évaluations sollicitées par les pays ou
pour des situations de crises anticipées. Le communiqué de la
trente cinquième Session de la commission/ Conférence des
ministres africains des Finances et de l'Économie du Plan et du
Développement, convoquée par la commission Économique des
Nations Unies pour l'Afrique (CEA) à Johannesburg, Afrique du Sud, 21-23
octobre, 2002, a pris acte que le MAEP sera mis en oeuvre « avec
les ressources qui proviendront principalement de
l'Afrique ».
Toutefois, il s'avère important que le MAEP n'ait
pas à défendre des partenariats seraient les bienvenus s'ils sont
gérés de manière qui respecte la propriété
africaine du MAEP et de tous les processus. Les appuis des partenaires
extérieurs doivent être recherchés particulièrement
pour la mise en oeuvre du programme d'Action du pays et du renforcement des
capacités en vue d'améliorer la performance dans les domaines
faibles. Un mécanisme ou une formule de financement basé sur les
estimations du plan quinquennal du MAEP devrait être conçu par les
pays participants qui préciseront les contributions requises de leur
part. Les exigences financières doivent être connues des pays, et
les pays participants que l'on espère voir s'engager doivent s'attendre
à contribuer au financement du MAEP dès leur adhésion. Le
Forum de l'EAP approuvera en avance le budget annuel que lui soumettra le Panel
de L'EAP50(*). Que dire du
processus d'évaluation du Mécanisme Africain d'Évaluation
par les Pairs (MAEP) ?
B) Processus d'évaluation entre
Pairs
Préalablement au déroulement du processus,
l'État souhaitant participer au MAEP doit signifier son
intérêt au Forum des chefs d'État et de gouvernement et
signer le protocole d'entente du MAEP51(*). Une fois que les États y adhérent, le
processus peut commencer. Lors de cette première phase, de type
préparatoire, des discussions s'engagent entre le secrétariat et
le pays afin de convenir ensemble du déroulement de l'évaluation.
Puis, une mission de soutien dirigée par un membre du Panel se
déroule sur le territoire de l'État afin que ce dernier signe un
protocole d'accord sur les modalités de la mission d'évaluation
qui aura lieu sur son territoire et afin également de l'aider à
préparer son auto-évaluation. Ainsi par exemple, au Mali, la
mission de soutien s'est tenue du 23 au 25 juin 2007, menée par un
membre du Panel des éminentes personnalités et composée de
sept personnes venant du PNUD, du secrétariat du MAEP, de la commission
économique de Nations Unies pour l'Afrique et de la Banque africaine de
développement.
Cette mission a permis de désigner le protocole
d'accord visant à lancer le processus du MAEP dans le pays. Cette
équipe a rencontré le point focal, des ONG, des syndicats, des
médias et des représentants du secteur privé52(*). C'est d'ailleurs autour de
cette période que l'État organise le point focal et la commission
nationale de gouvernance. L'auto-évaluation se fait à partir d'un
questionnaire53(*)fourni
par le MAEP. Ce questionnaire, très complet, est un
« modèle et (un) guide pour analyser la
gouvernance », reprenant les 4 axes54(*).
Il répertorie les traités et les codes
dans le domaine de la gouvernance. L'État doit ainsi indiquer s'il y a
ratification de ces instruments et si ses derniers ont été
incorporés dans le droit national. Les questions permettent de savoir si
les pratiques étatiques atteignent les objectifs de bonne gouvernance
dans chacun des domaines. Afin de répondre à ces questions, des
consultations nationales sont menées auprès de la
société civile et les informations récoltées sont
traitées par les institutions techniques. Ce sont ces informations
données par l'État et par les instituts de recherche qui
permettent à la commission nationale de gouvernance de produire le
rapport d'auto-évaluation et le plan d'action national. Au Burkina Faso
par exemple, quatre instituts ont été mandatés pour
collecter ces données et les analyser : le centre pour la
gouvernance démocratique, le centre d'analyse des politiques
économiques et sociales, l'Institut national de la statistique et de la
démographie et l'Institut supérieur des sciences de la
population. Leurs missions étaient de « procéder
à une revue documentaire large et approfondie ; rencontrer les
différents acteurs et autres intervenants pertinents dans la gouvernance
du pays ; produire un rapport et un programme d'action préliminaire
relatifs à la gouvernance au Burkina Faso »55(*).
L'auto-évaluation donne lieu à la
rédaction d'un rapport et d'un plan d'action national afin de
présenter les mesures visant à améliorer les politiques de
gouvernance. Parallèlement, le Secrétariat élabore un
document de base sur la situation du pays, une fiche technique à partir
de ce document et du programme d'action national. En se basant sur cette
analyse, un plan de travail est établi pour l'équipe
d'évaluation, ainsi que la composition de celle-ci, qui est soumise au
Forum.
Dans un deuxième temps, l'équipe
d'évaluation effectue des consultations, durant sa mission sur place,
auprès des secteurs gouvernementaux, politiques, de la
société civile et du monde entrepreneurial. Le but de ces
consultations est de pouvoir confronter les données établies par
le rapport d'auto-évaluation national, désigné par le
sigle RAEN. Ainsi, à titre d'exemple, au Nigeria, la mission
d'évaluation nationale (MEN) a eu lieu du 3 février au 2 mars
2008, a été dirigée par un membre du Panel de
l'époque, l'ambassadeur Kiplagat, originaire du Kenya.
« La MEN s'est saisie de l'occasion fournie par les apparitions
publiques et les entretiens dans les médias pour faire des observations
sur le processus du MAEP. Il ressort des comptes -rendus de ces observations
que la MEN a jugé que le RAEN était crédible et
reflétait la nature du processus de gouvernance au Nigéria.
D'après la MEN, ce rapport est autocritique et indique ce qui est
positif et ce qui est problématique au niveau de la performance du
Nigéria dans les quatre domaines thématiques du
MAEP »56(*).
La troisième étape est la
rédaction du rapport de mission, qui reprend à la fois les
données collectées lors de la mission et des
éléments du rapport indépendant préparé en
premier lieu par le secrétariat. L'équipe d'évaluation
transmet les conclusions de ce document au pays. Celui-ci peut ensuite
émettre des commentaires, qui seront annexés au rapport mais qui
ne modifieront pas son contenu. Ce rapport de l'équipe
d'évaluation et le rapport d'auto-évaluation doivent permettre au
pays de préciser son plan d'action national.
La quatrième étape est celle de
l'évaluation par les pairs. Le rapport de l'équipe
d'évaluation ainsi que le plan d'action national finalisé sont
présentés au Forum par le membre du panel responsable de la
mission d'évaluation et par le chef d'État et de gouvernement
examine ces documents et font leurs recommandations.
La dernière étape est la présentation et
la publication du rapport final dans les structures régionales et sous
régionales (Union africaine, Parlement panafricain, Conseil de paix et
de sécurité ...). Ces cinq étapes constituent le
premier cycle du MAEP.
Le MAEP continue à suivre les progrès du
pays, notamment la modification de son programme d'action nationale et sa mise
en oeuvre au cours d'examens périodiques, qui doivent
théoriquement avoir lieu tous les cinq ans. La publication du rapport
d'auto-évaluation national et du plan d'action est laissée
à la discrétion du pays57(*). Néanmoins, les États fournissent des
rapports relatant les progressions de la mise en place de leur plan
d'action58(*), disponible
sur le site de l'institution.
L'évaluation par les pairs est un processus
à durée variable en fonction des États. Le temps le plus
court a été pour l'Afrique du Sud : moins de deux ans, du
lancement national à l'examen final ; à l'opposé,
l'Ile Maurice a commencé son auto-évaluation nationale en 2004 et
le rapport final n'a été publié qu'en juillet 2010.
Sur les 34 États qui ont aujourd'hui
adhéré au MAEP, la moitié a déjà
effectué une évaluation par ses pairs : l'Algérie, le
Bénin, le Burkina Faso, l'Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le
Lesotho, le Mali, l'Ile Maurice, le Mozambique, le Nigéria, le Rwanda,
la Sierra Leone, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Ouganda et la Zambie ;
par contre le Cameroun à cette date n'avait pas encore publié son
rapport final.
II-Les Structures du mécanisme et les partenaires du
MAEP
Mécanisme Africain d'Évaluation entre Pairs est
un instrument de l'Union Africaine qui accompagne les États dans la
marche vers le développement politique, économique et des
entreprises. Il a des structures qui permettent de comprendre son dispositif
sur le plan continental et national ainsi que les partenaires qui soutiennent
son apport dans le développement intégral des États
membres de l'UA.
A) Les Structures du Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs
Le Mécanisme comporte une double structure
institutionnelle, au niveau continental et national.
Au niveau continental, le Forum des chefs d'États et de
gouvernement est l'organe décisionnel. Il nomme les membres du panel des
éminentes personnalités, examine et adopte les rapports
d'évaluation, les transmet à l'Union africaine (UA) et
émet des recommandations au pays évalué. Le Panel des
éminentes personnalités supervise les évaluations et
garantit l'indépendance du mécanisme. Il est composé de 5
à 7 personnalités, nommées pour 4 ans par le Forum,
qui « doivent être des africains qui se sont
distingués dans des carrières qui sont pertinentes aux travaux du
MAEP »59(*).
Pour l'année 2014, le panel est composé
de l'Ambassadeur Fatuma Ndangiza Nyirakobwa, d'origine rwandaise,
également présidente du panel en 2013, et qui fait partie du
Panel des éminentes personnalités depuis 2012. Elle fait partie
du bureau de gouvernance au Rwanda, a été ambassadeur du Rwanda
et secrétaire exécutive de la commission nationale unité
et réconciliation entre 2002 et 2009. L'Ambassadeur Mohamed Ashraf
Rashed est vice-président du panel ; D'origine égyptienne,
il a été conseiller en charge des Affaires africaines et
européennes auprès du ministre égyptien des Affaires
Étrangères et coordinateur pour la coopération
euro-méditerranéenne.
Depuis 2012, le Docteur Mustapha Makideche,
vice-président du conseil national économique et social
algérien et expert en économie et conseiller ministre de
l'énergie algérien a été nommé, ainsi que
Joseph Tsang Mang Kin, d'origine mauricienne. Ce dernier est philosophe et a
été ministre de la culture et des Arts dans son pays. Edem Kodjo,
également membre du panel a été secrétaire
général de l'Organisation de l'Unité africaine et Premier
ministre du Togo. Les deux autres personnalités du Panel sont les
professeurs Al-Amin Abu-Manga, d'origine soudanaise, et Mahamoud Youssouf
Khayal du Tchad. Ils sont respectivement spécialisés dans les
domaines linguistique et scientifique, Mahamoud Youssouf Khayal étant
directeur du Centre national d'appui à la recherche au Tchad.
Dans le cadre de l'évaluation d'un État, une
personnalité supervise le travail des membres de l'équipe
d'évaluation et formule des recommandations au Forum. L'équipe
d'évaluation est composée d'experts mis à disposition par
les partenaires stratégiques qui ne sont pas originaire du pays en
question- afin de veiller à l'indépendance de leur travail. Cette
équipe conduit les missions et fournit le rapport d'évaluation
ainsi que les rapports détaillant les avancées du pays lors du
suivi de la mise en oeuvre du plan d'action.
Le Secrétariat, basé en Afrique du Sud, fournit
l'appui administratif et coordonne les activités. Des institutions
partenaires apportent un soutien technique, en mettant à la disposition
des experts qui participent aux missions de soutien (qui
précèdent et organisent le processus d'auto-évaluation) et
à l'évaluation technique dans les pays. Ce sont la commission
économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA)) en ce qui concerne la
gouvernance économique, Banque africaine de développement (BAD)
pour les normes bancaires et financières, le Programme des Nations Unies
pour le développement(PNUD). Les entités de l'Union africaine
appropriées s'occupent quant à elles des droits de l'homme. Ces
institutions partenaires soutiennent aussi financièrement les
États et structures continentales du MAEP par l'intermédiaire
soit du compte du MAEP géré par la Banque de développement
de l'Afrique du Sud, soit par le fonds destiné au MAEP
géré par le PNUD.
Au niveau étatique, chaque État organise un
Point focal (souvent installé dans un ministère), agent de
liaison entre le Secrétariat du MAEP et le pays, qui doit gérer
le processus national. La commission nationale de gouvernance (CNG), dont les
membres sont nommés par le chef d'État, est composée de
représentants du gouvernement du pays évalué, du
parlement, de membres de la société civile et d'entités du
secteur privé. Elle supervise le processus d'auto-évaluation, le
rapport national d'auto-évaluation et le plan d'action national qui en
résulte, sur lesquels se basera la mission d'évaluation des
experts internationaux du MAEP. Parfois, un Secrétariat national
soutient administrativement la commission. Enfin, dans le cadre de
l'auto-évaluation et de la mise en oeuvre du programme d'action
national, le pays doit avoir recours à des Institutions Techniques de
Recherche (ITR) pour traiter et analyser les informations collectées
lors des consultations menées auprès de la population lors de
l'auto-évaluation60(*). Que dire des partenaires stratégiques du
MAEP ?
B) Partenaires stratégiques du MAEP
Les partenaires stratégiques du processus de mise en
oeuvre du MAEP sont la Banque Africaine de Développement (BAD), le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), et la
Commission Économique des Nations Unies pour l'Afrique (UNECA). Ils
fournissent une assistance technique. En collaboration étroite avec
l'Union Africaine, ces trois partenaires stratégiques du MAEP à
savoir, la BAD, la CEA, et le PNUD ont jusqu'à présent
apporté beaucoup de soutien au processus dans les pays africains ayant
adhéré au processus. Les contributions en nature des- dits
partenaires sont conséquentes. Elles ont financé la participation
de ces institutions dans les Missions de Soutien et d'évaluation du
MAEP. Les contributions au MAEP sont effectuées soit par le biais du
compte d'exploitation du MAEP, géré par la Banque Sud-africaine
de Développement, l'institution qui accueille actuellement le
Secrétariat du NEPAD et du MAEP, soit par l'intermédiaire du
Fonds de dépôt PNUD-MAEP. Afin de rendre possible la participation
de la communauté internationale, un Fonds, commun a été
créé le fonds fiduciaire du MAEP. Ce fonds, qui est logé
au PNUD, est devenu opérationnel en 2005. Il est géré
d'une manière conforme au principe directeur du MAEP selon lequel le
mécanisme est une propriété africaine qui doit être
à l'abri des manipulations.
Le MAEP a également pour partenaire la
société civile et le parlement. Ceux qui ont
élaboré le projet du MAEP ont voulu que les organisations de la
société civile (OSC) soient vraiment associées à la
réalisation du processus. Ils ont fait de cette participation un des
points forts de leur projet. Ils reconnaissent ainsi le rôle
indispensable de la société civile dans la promotion de la bonne
gouvernance et du développement. Cette participation doit renforcer le
dialogue entre l'État et les citoyens et permettre une plus grande
transparence et une grande confiance entre eux.
La société civile est constituée
d'un grand nombre d'associations et d'organisations : ligues des droits de
l'homme, organisations non gouvernementales(ONG), syndicats, Églises.
Dans le même sens, le parlement joue un rôle important dans la mise
en place du MAEP à travers l'interpellation du gouvernement pour
l'adhésion de l'État dans le processus d'évaluation.
Conclusion du premier chapitre
Il a été question dans ce chapitre de
présenter le MAEP, qui est l'instrument panafricain d'accompagnement du
développement politique en Afrique. Ainsi nous avons
présenté le MAEP et ensuite son mode de fonctionnement. Ce qui
nous a amené à voir ses différents institutions, le mode
d'adhésion des États a ce processus d'évaluation, ses
financements de même que le model de prise de décision de ses
organes de décision. Le MAEP est une institution qui a une
représentation continentale et nationale dans tous les pays qui en sont
membres. Et l'auto évaluation se fait dans une période de cinq
ans bien que d'autres États ont publiés leur rapport dans un
délai de moins de cinq ans comme l'Afrique du sud. Il est à en
déduire que le MAEP est une institution panafricaine qui accompagne les
États membres de l'UA dans la quête du développement
politique. Pour mieux comprendre le MAEP dans son processus d'évaluation
nous allons examiner sa mise en oeuvre en s'appuyant sur deux pays de l'Afrique
de l'ouest.
Chapitre2 : La mise en oeuvre du
Mécanisme africain d'évaluation par les pairs : cas du Benin
et du Togo
Abordant les actions du NEPAD sur les question de
développement de l'Afrique, son Secrétaire exécutif, Dr.
Ibrahim Assane MAYAKI dans une interview exclusive accordée à
Africa Renewal à New York en janvier 2010, soutient que la bonne
gouvernance politique est indispensable au développement du continent,
et l'un des moyens mis en oeuvre par le NEPAD pour améliorer la
gouvernance est le Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs
(MAEP). C'est en effet, en juillet 2002, que le sommet de Durban de l' Union
Africaine(UA) a adopté une « Déclaration sur la
démocratie, la gouvernance politique, économique, et des
entreprises » qui engage les États à respecter les
règles de l'État de droit, et à adopter une gestion
transparente, responsable et participative des affaires publiques. Elle
suggère alors un « Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs » afin de favoriser
l'adhésion et le respect de ces engagements dans chaque pays. Le
Mémorandum d'entente du MAEP est adopté en mars 2003.
« L'objectif fondamental du MAEP est d'encourager l'adoption de
politiques, normes et pratiques en vue de promouvoir la stabilité
politique, une forte et croissance économique soutenue, un
développement durable et une intégration économique sous
régionale et continentale accélérées grâce au
partage des expériences et au renforcement desmeilleurs pratiques et des
acquis, y compris l'identification des lacunes et l'évaluation des
besoins dans le domaine du renforcement des capacités61(*) ».
Le document de base du MAEP établit les structures
gouvernantes et administratives.
Le document62(*) « MAEP : organisation et
processus » en précise le mandat et le rôle. Au niveau
continental, il est sous la responsabilité du « Forum du
MAEP », composé des Chefs d'État et de Gouvernement
participant au processus qui se réunit deux fois par an, à
l'occasion des Sommets de l'Union Africaine (UA). Il constitue la plus haute
instance décisionnelle du Mécanisme, et la responsabilité
globale du mécanisme lui incombe. À ce titre, il examine et
adopte les rapports soumis par le Panel. Sur le plan institutionnel, le MAEP
dispose d'un Panel de personnalités indépendantes, composé
de sept personnalités éminentes choisies par le Forum pour leur
probité morale et leur attachement aux idéaux du panafricanisme.
Il supervise les missions d'évaluation et adresse des recommandations
aux Chefs d'État et de Gouvernement participants lors de la remise du
rapport final. Il supervise le déroulement du processus et en assure
l'intégrité. Il nomme et contrôle les équipes
chargées d'évaluer les États. Quant au Secrétariat
du MAEP, il assure la coordination et fournit le soutien technique et
administratif. Il est nommé par le forum MAEP en consultation avec le
Panel et le Secrétariat du NEPAD. Initialement envisagé comme une
branche du Secrétariat du NEPAD, il est néanmoins établi
dans des locaux indépendants à Midrand en Afrique du Sud63(*). Ainsi nous allons voir
comment le MAEP est mis en oeuvre au Benin et au Togo.
Section1 : La mise en oeuvre du Mécanisme
Africain d'Évaluation par les Pairs au Benin
Le Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs
(MAEP) est le fruit d'une réflexion innovante de l'Afrique sur la
gouvernance. C'est un instrument auquel adhèrent volontairement les
États membres de l'Union Africaine (UA) dans le cadre d'une initiative
d'auto-évaluation de leur bonne gouvernance.
L'objectif fondamental du MAEP est
« d'encourager l'adoption de politiques, normes et pratiques en
vue de promouvoir la stabilité politique, une croissance
économique élevée, un développement durable et une
intégration économique sous régionale et continentale
accélérées grâce au partage des expériences
et au renforcement des meilleures pratiques et acquis, y compris
l'identification des lacunes et l'évaluation des besoins dans le domaine
du renforcement des capacités »64(*).
Cet objectif répond bien à l'option
économique choisie, depuis 1990, par le Benin qui a volontairement
adhéré au MAEP depuis le 31 mars 200465(*). Il devient ainsi le premier
pays non membre du comité de mise en oeuvre du NEPAD ; le
6ème pays membre du Forum du MAEP66(*) qui en compte aujourd'hui
3066(*). Il est le premier
pays africain à se faire évaluer66(*).Il est Co-initiateur67(*) de la mise en place d'un Centre Régional pour
l'Avancement du MAEP en Afrique de l'Ouest (CRAMAO).
I- Retour historique sur le lancement du processus, et
structure de fonctionnement des organes au niveau national
Le Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs
est un instrument de l'Union Africaine auquel le Benin adhère pour
assurer le développement politique, économique, et des
entreprises ; Comme beaucoup de pays africains qui veulent se
défèrent du sous-développement politique, le Bénin
a entrepris de mettre sur son territoire national le Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs. Ainsi nous examinons le retour historique du
processus et la structure de fonctionnement des organes au niveau national.
A) Retour historique sur le lancement du processus du
MAEP au Benin
Selon les principes du MAEP, tels qu'ils sont inscrits dans
son document de base, les pays (membres de l'Union Africaine) désireux
de participer au MAEP peuvent le notifier au Président du Comité
des Chefs d'État et de Gouvernement chargé de la mise en oeuvre
du MAEP ; ceci après l'adoption, par l'Union Africaine, de la
Déclaration sur la gouvernance démocratique, politique,
économique et des entreprises. C'est ainsi que le Benin a
adhéré volontairement au MAEP le 31 mars 200468(*)(pour avoir signé le
Mémorandum d'entente relatif au MAEP) et a manifesté sa
disponibilité à se faire évaluer au dernier trimestre de
l'année 200669(*),
conformément aux principes du Mécanisme ; mais le
Président de la République, qui devrait terminer son mandat en
mars 2006, a souhaité que le processus démarre avant son
départ afin de laisser des orientations à son successeur. Dans
cette perspective, le Conseil des Ministres en sa séance du 25 mai 2005,
a autorisé le Gouvernement du Benin, après l'adhésion du
pays au MAEP, à engager les actions nécessaires aux fins de
l'évaluation du pays. Dès lors, des actions ont été
entreprises, dont notamment :
ü la réunion de concertation, le 11 Novembre 2004,
avec les différents Ministères et structures concernées
par le MAEP sur le document d'auto-évaluation transmis par le
PNUD ;
ü la signature, le 12 mai 2005, entre le Bénin et
le PNUD à Cotonou, d'un accord d'appui financier pour le lancement du
processus d'évaluation ;
ü la mise en place, le 08 septembre 2005, du Groupe de
travail restreint du MAEP chargé de la mise en place de la commission
Nationale Indépendance de Mise en oeuvre du MAEP (CNIM-MAEP) et ses
Commissions Techniques ainsi que leurs responsables respectifs ;
ü le recrutement, le 17 octobre 2005, du Coordonnateur
National, puis la désignation de ses membres et l'installation de la
CNIM-MAEP, le 11 novembre 2005.
C'est au terme de ces dispositions préalables
que le protocole d'accord d'évaluation a été signé
le 14 novembre 2005 entre le Gouvernement de la République du
Bénin et le Forum du MAEP70(*). Que dire de la structure de fonctionnement des
organes au niveau national ?
B) Structure de fonctionnement des organes au niveau
national
Pour assurer la mise en oeuvre du MAEP, le Benin a mis en
place des structures au niveau national qui se présentent comme
suit : un Point focal, une Commission Nationale Indépendante de
Mise en oeuvre du MAEP, qui a conduit la phase d'auto-évaluation et
d'évaluation du pays, des Groupes thématiques, des Institutions
techniques de recherche, et la Commission Nationale de Gouvernance du MAEP.
Le point Focal est l'entité créée par le
Bénin (conformément au document de base du MAEP) pour coordonner
son processus national, superviser les activités du coordonnateur
national et celles de la Commission Nationale, faire la liaison avec le
Secrétariat du MAEP, et fournir de l' aide aux missions
d'évaluation techniques et aux visites d'évaluation du pays. Il
est logé au ministère des Affaires Étrangères, de
l'intégration Africaine, de la Francophonie et des Béninois de
l'Extérieur (MAEIAFBE), plus précisément à la
Direction de l'Intégration Africaine.
La Commission Nationale Indépendante de Mise en oeuvre
du MAEP a été créée en 2005 par arrêté
ministériel. Elle jouit d'une autonomie de gestion.71(*) Cette commission est
composée de 97 membres dont 27 proviennent des pouvoirs publics, 13 du
secteur privé et 57 de la société civile. Elle a pour
mission de conduire le processus d'évaluation du Bénin et de
promouvoir la collaboration entre le Bénin et les instances dirigeantes
du Mécanisme Africain par les Pairs dans le cadre de l'évaluation
du Bénin. Ces deux missions ont été accomplies avec
succès. Toutefois, la seconde mission qui est la promotion de la
collaboration entre le Bénin et les instances dirigeantes du MAEP se
poursuit. Son attribut est, entre autres de définir l'orientation
stratégique et politique de la mise en oeuvre du MAEP, de produire
périodiquement des rapports sur l'évolution de la mise en oeuvre
du mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs, d'assurer le
suivi des résultats de l'évaluation et de veiller à leur
traduction en programme d'actions national, opérationnel et
cohérent. Avec « Benin-2005 Alafia », le
« programme d'Action du gouvernement », le
« Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP) », la « Stratégie de
croissance pour la Réduction de la pauvreté », les
« Objectifs du Millénaire pour le
Développement »72(*) et les besoins d'intégration sous
régionale et régionale. Cette commission est largement
représentative de la société béninoise, dans la
mesure où elle est composée des représentants des secteurs
public et privé, de la société civile, des personnes
défavorisées, du secteur académique, etc. Elle comprend
également la coordination nationale composée d'un coordonnateur
et d'un Secrétariat Permanent.
Les quatre groupes thématiques de la CNIM-MAEP sont
organisés à partir des thèmes du MAEP qui sont :
Démocratie et Gouvernance politique, Gestion et Gouvernance
économiques, Gouvernance des Entreprises, et Développement
socio-économique. Ces groupes sont appuyés par des Institutions
Techniques de Recherche (ITRs).
Les ITRs ont été chargées de
l'auto-évaluation, sur la base de leurs compétences et
intégrité. Elles ont conduit les activités
d'auto-évaluation et ont procédé à la
rédaction de l'auto-évaluation et plan d'actions national. Il est
à noter cependant que le rapport d'auto-évaluation et le plan
d'actions sont la propriété de la Commission Nationale
Indépendante de Mise en OEuvre.
Une fois les phases d'auto-évaluation et
d'évaluation du pays terminées et le rapport d'évaluation
du pays présenté et adopté par le Forum des Chefs
d'État du MAEP, la Commission Nationale de Gouvernance du MAEP a
été mise en oeuvre du plan d'actions national issu du rapport
d'évaluation du Bénin. Elle est composée de 12 membres
actuellement. Elle compte un représentant de chacune des
catégories socio-professionnelles suivantes : organisations
syndicales, associations des jeunes, associations des femmes, secteur
privé, monde universitaire, professionnels des médias, partis
politiques légaux, diplomate, est mise au travail. Chaque année,
elle rédige un rapport sur la mise en oeuvre.
II-Résultats de la mise en oeuvre du MAEP au
Bénin, implication de la société civile et le financement
au niveau national, forces et faiblesses du processus au Benin.
Les résultats de la mise en oeuvre du MAEP passent par
tout ce qui a été fait depuis l'adhésion du Bénin
à ce jour. On peut les décrire à travers deux
phases : la phase de l'auto-évaluation et d'évaluation du
pays, qui a conduit au rapport d'évaluation pays et la phase actuelle de
suivi de la mise en oeuvre du plan d'Actions national du MAEP.
A-Mise en oeuvre du MAEP au Benin et l'implication de la
société civile
Le Bénin a signé le Mémorandum
d'entente du MAEP, le 31 mars 2004, marquant ainsi son adhésion à
ce Mécanisme. À partir de cet instant, les activités de
sensibilisation avaient été commencées par la
représentante du Panel des Éminentes Personnalités du
MAEP, Mme Marie-Angélique SAVANE en vue de l'évaluation du
Bénin. Au niveau national, certains travaux préliminaires
conduits par le point focal du MAEP ont permis de mettre en place la
coordination nationale et la Commission Nationale Indépendante de Mise
en oeuvre du MAEP. Il y a eu, ensuite, l'élaboration du rapport
d'auto-évaluation dirigé par la Commission Nationale
Indépendante. Ce rapport d'auto-évaluation a servi de base aux
investigations du Panel d'experts qui a conduit la mission d'Évaluation
au Bénin, du 15 juillet au 5 Août 2007. Au cours de cette
période, l'équipe d'Évaluation s'est rendue sur le
terrain, a parcouru une bonne partie du territoire national73(*), pour apprécier les
atouts et bonnes pratiques à l'actif du Bénin ainsi que les
défis à relever dans le cadre de son développement
socio-économique. À cette occasion, elle a eu le loisir de
vérifier, par elle-même, les avancées enregistrées
par le Bénin, et de poser les questions essentielles lui permettant
d'appréhender les réalités que vivent au quotidien les
populations béninoises, urbaines et rurales.
Il convient de mentionner que l'équipe
d'Évaluation a travaillé en trois étapes qui lui ont
permis de parcourir les services gouvernementaux et diplomatiques de la
capitale économique du pays, les différentes régions
à l'intégration du Bénin, puis l'Assemblée
Nationale et le Médiateur de la République à Porto Novo.
L'équipe d'évaluation a ainsi offert au peuple béninois,
dans toutes ses composantes, l'opportunité de s'exprimer quant à
ses préoccupations et aspirations pour un Bénin
prospère.
Ce Rapport a été adopté par les
Chefs d'État et de Gouvernement, membres du Forum du Mécanisme
Africain d'Évaluation par les Pairs, au cours de sa huitième
session tenue le 30 janvier 2008, à Addis-Abeba. Après cette
adoption, le rapport a été présenté au public le 12
février 200874(*).
Par ailleurs, en vue d'améliorer la gouvernance au
Bénin, un plan d'actions national du MAEP a été
élaboré à la suite du diagnostic stratégique
réalisé par rapport aux différents objectifs
proposés par le Mécanisme Africain d'Évaluation par les
Pairs (MAEP) et annexé au Rapport d'Évaluation pays,
adopté par les Chefs d'État et de Gouvernement du MAEP.
L'élaboration, la consolidation et la finalisation de
ce plan d'actions national ont fait l'objet de deux séminaires au profit
des parties prenantes (Gouvernement-secteur privé-société
civile), respectivement le 27 septembre 2007 et les 26 et 27 novembre 2007. Ces
séminaires ont regroupé les différentes structures
chargées de la planification, de la prospective, de l'élaboration
et de la conduite des budgets programmes des Ministères75(*) . Le plan ainsi
élaboré et intégré au rapport
d'Évaluation-pays contient une série d'actions déduites du
diagnostic posé au niveau de chacune des quatre(4) thématiques du
MAEP étudiées. Il intègre également les
recommandations prioritaires contenues dans le rapport
d'auto-évaluation. La mise en oeuvre de ce plan d'actions national du
Bénin pour le MAEP devrait s'inscrire dans le cadre d'une collaboration
entre le gouvernement, le secteur privé et la société
civile, mais également dans le partenariat avec la communauté
internationale, y compris les partenaires techniques et financiers, notamment
le PNUD et la Fondation allemande Hanns Seidel, avec le soutien de l'Union
Africaine. Pour réussir cette mission, il a été
proposé au Gouvernement du Bénin de mettre en place un
Observatoire de Suivi de la Mise en oeuvre de ce plan d'actions national et des
recommandations contenues dans le rapport d'Évaluation. En revanche,
pour que ce plan d'actions national puisse être réalisé
convenablement en vue de l'amélioration de la gouvernance, il a
été mis en place une Commission Nationale de Gouvernance du MAEP
chargé du suivi de la mise en oeuvre de celui-ci.
La mission de la Commission Nationale
Indépendante du MAEP a pris fin avec la présentation du Rapport
d'Évaluation pays. Aussi le Président de la République
a-t-il créé une autre commission, par décret
n°2008-378 du 24 juin 200876(*). Il s'agit de la Commission Nationale de Gouvernance
du MAEP, installée le 23 octobre 2008. Elle est composée de 13
membres, chargée du suivi de la mise en oeuvre du plan d'actions du
MAEP. La Commission Nationale de Gouvernance du MAEP (CNG-MAEP) a pour mission
de :
Ø Appuyer les efforts du Gouvernement dans le cadre de
la mise en oeuvre du plan d'actions national issu de l'évaluation du
Bénin dans le cadre du MAEP ;
Ø Renforcer, à la base, la Gouvernance
politique, économique entrepreneuriale et sociale, à travers
l'éducation, la sensibilisation et la vulgarisation du MAEP ;
Ø Suivre ou veiller à la réalisation des
actions inscrites au plan d'actions national, et entreprendre, à cette
fin, toutes les démarches nécessaires, notamment en interpellant
les responsables à divers niveaux, en cas de besoins ;
Ø Élaborer un rapport semestriel qu'elle
adressera au Gouvernement et un rapport annuel à présenter par le
Chef de l'État à l'occasion du Forum du MAEP. La Commission est
dirigée par un Bureau de trois membres, à savoir une
Présidente, un Vice-président et un rapporteur. Que dire de
l'implication de la société civile ?
Dans l'arrêté portant création de la
Commission Nationale Indépendante du Mécanisme, on note une forte
implication de la société civile (environ 59% des membres de la
commission) dans le processus du MAEP. La société civile comprend
les centrales syndicales du Bénin, l'Association des femmes juristes du
Bénin, la ligue béninoise de la Défense des consommateurs,
l'Association des personnes marginalisées, les Organisations
religieuses. La particularité qu'introduit le MAEP dans les
mentalités est la possibilité offerte aux dirigeants africains de
se faire évaluer par leurs pairs. La réelle révolution se
situe dans le fait que les citoyens ont désormais leur mot à dire
à travers l'expression de leurs perceptions de la gouvernance dans
maints domaines et l'impérieuse nécessité pour les
dirigeants d'en tenir compte. C'est pourquoi d'après SEDEDJI Philippe la
mission d'Évaluation Pays a sillonné tout le Bénin pour
recueillir les opinions des différentes couches de la
société et les intégrer dans le rapport
d'évaluation.77(*)
B- Financement du fonctionnement au niveau national et
forces et faiblesses du MAEP au Bénin
Les ressources financières nécessaires au
fonctionnement de la Commission Nationale Indépendante de Mise en oeuvre
du Mécanisme Africain d'Évaluation par les pairs (CNIM-MAEP) ont
été imputées sur son Budget Général,
constitué par l'apport du Budget National, la contribution du PNUD et
celle des autres Partenaires au Développement. La contribution de chacun
de ces acteurs est renseignée et exprimée en pourcentages afin de
permettre une analyse plus pointue.
Le Coordonnateur du Budget de la CNIM-MAEP, gère
sur la base de grille des indemnités du PNUD. Il est en outre
chargé de rechercher les ressources financières internes pour la
mise en oeuvre du processus du Mécanisme Africain d'Évaluation
par les Pairs. Par ailleurs, selon SEDEDJI Philippe, dans son Rapport de 2010,
les ressources totales mobilisées au profit du processus
d'évaluation du MAEP au Bénin ont été
estimées à 225 millions FCFA (soit 450 000 dollars US)
répartis selon les quatre sources, à savoir le Budget national,
le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Banque
Africaine de Développement (BAD) et le Fonds Africain de
Développement et de Renforcement des Capacités(FADRC).
Les faiblesses sont relatives aux sources d'information sur le
MAEP et à l'ensemble des critiques sur le processus d'évaluation
au Bénin. On peut relever à ce niveau les points
suivants :
Ø L'inexistence de points focaux du MAEP dans les
ministères et autres Institutions de la République qui doivent se
charger de fournir des informations sur la mise en oeuvre du plan d'actions
national découlant de l'évaluation du Bénin.
Jusqu'à présent, il n'a pas encore été
désigné et responsabilisé des personnes habilitées
à jouer ce rôle dans les dits- structures.
Ø Par rapport au processus, on peut critiquer le fait
que les organisations de la société civile aient
été choisies par arrêté ministériel.
Malgré ces points faibles, la mise en oeuvre du
processus au Bénin a certains points forts, notamment la rapidité
et le sérieux avec lesquels le Bénin a conduit son processus,
l'implication personnelle du Chef de l'État dans le processus, en vue de
son accélération78(*). Le MAEP s'est également mis en oeuvre au
Togo.
Section2 : La mise en oeuvre du MAEP au Togo
Le Mécanisme Africain d'Évaluation par les
Pairs est une structure de l'Union Africaine qui a pour objectif fondamental
d'encourager l'adoption de politiques, normes et pratiques en vue de promouvoir
la stabilité politique, une croissance économique
élevée, un développement durable et une intégration
économique sous régionale et continentale.
Cet objectif très ambitieux s'inscrit dans la
nouvelle vision du gouvernement du Togo. C'est pourquoi il a volontairement
adhéré au MAEP depuis le 29 juin 2008 lors du sommet du Forum
tenu à Sharm El Sheih, en Égypte79(*). Ceci marque ainsi l'engagement des responsables
politiques togolais vis-à-vis de leur peuple et de la communauté
internationale à observer les principes de la démocratie, de la
bonne gouvernance politique, économique et des entreprises ;
à travers une évaluation périodique par leurs pairs
africains. Il devient ainsi le 29ème pays membre du Forum du
MAEP. Du 18 au 20 octobre 2010 s'est tenue au Ghana une conférence sur
la mise en place d'un Centre Régional pour l'Avancement du MAEP en
Afrique de l'Ouest (CRAMAO).
I-Retour historique et structure de fonctionnement du
MAEP au Togo, implication de la société civile
Le Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs
a une histoire au Togo et s'appuie sur la société civile.
A-Retour historique du MAEP au Togo
Selon les principes du MAEP, les pays (membres de l'Union
Africaine) désireux de participer au MAEP peuvent notifier au
Président du comité des Chefs d'État et de gouvernement
chargé de la mise en oeuvre du MAEP ; ceci après l'adoption,
par l'Union Africaine, de la Déclaration sur la gouvernance
démocratique, politique, économique et des entreprises. Le MAEP
s'efforce alors à promouvoir une coopération technique
interafricaine en vue de l'amélioration de la gouvernance dans ces
domaines. C'est conscient de ces avantages que le Togo a exprimé son
aspiration à devenir membre. Ainsi le Chef de l'État togolais a
été invité par le président du Forum du MAEP
à prendre part, le 29 juin 2008, au 9ème Sommet du
Forum des Chefs d'État et de Gouvernement du MAEP afin de
procéder à cette occasion à la signature du
Mémorandum d'Entente relatif au MAEP. C'est dans ce contexte que le Togo
a adhéré au MAEP le 29 juin 2008 et a manifesté sa
disponibilité à se faire évaluer. L'État togolais a
alors pris connaissance du Mémorandum sur la procédure à
observer par les États qui adhèrent au MAEP. Ce Mémorandum
comporte trois phases à savoir : élaboration du rapport
d'auto-évaluation au plan national qui implique notamment la nomination
d'un point Focal et la mise en place d'une Commission Nationale
Indépendante qui doivent conduire cette phase ; saisine de
l'Équipe internationale d'évaluation puis enfin l'adoption et la
mise en oeuvre du rapport final d'évaluation.
Au Togo, le Président de la Commission Nationale a
été nommé par décret80(*) en date du 19 décembre
2008. En suite le décret pris en conseil des ministres le 9 juillet
201081(*) et rendu public
le 4 Aout 201082(*) a
institué la Commission Nationale et a spécifié ses
attributions. Le chapitre II de ce décret précise que cette
commission doit être composée de 37 membres dont un
Président et répartis comme suit :
· Une (1) personnalité indépendante
nommée par décret en conseil des ministres,
Président ;
· Un (1) représentant de la présidence de
la République ;
· Deux (2) représentants du gouvernement ;
· Deux (2) députés et deux (2)
sénateurs, élus respectivement par l'Assemblée nationale
et par le Sénat ;
· Un (1) membre du conseil économique et social
désigné par cette assemblée ;
· Un (1) membre de la Cour des Comptes ;
· Quatre (4) personnes qualifiées pour leurs
connaissances des questions économiques, financières et de
développement, nommées par décret en conseil des
ministres ;
· Deux (2) représentants des femmes ;
· Deux (2) représentants des jeunes,
désignés par le conseil national de la jeunesse ;
· Deux (2) représentants des
médias ;
· Trois (3) représentants des confessions
religieuses ;
· Un (1) représentant de la chefferie
traditionnelle ;
· Deux (2) représentants de la communauté
scientifique ;
· Quatre (4) représentants de la communauté
de base ;
· Un (1) représentant des organisations
patronales ;
· Deux (2) représentants des organisations
syndicales ;
· Un (1) représentant des organisations de lutte
contre la corruption ;
· Un (1) représentant des associations des
personnes handicapées ;
· Deux (2) représentants des organisations de
promotion des droits de l'homme.
Par ailleurs, le Ministère des Affaires
Étrangères et de la Coopération a été retenu
comme point focal national du MAEP au Togo83(*).
B- Mise en oeuvre du MAEP au Togo et implication de la
société civile
Depuis son adhésion au Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs, le Togo a mis en place le point focal pour
la mise en oeuvre du MAEP au Togo. Cela s'est suivi de la nomination du
Président de la Commission Nationale ; l'institutionnalisation de
la Commission Nationale.
Le Ministre des Affaires Étrangères et le
Président de la Commission Nationale vont régulièrement
faire des communications pour expliquer le Mécanisme .Le
Président de la Commission Nationale avec l'ONG INADES et les
églises Assemblées de Dieu du Togo ont respectivement
organisé deux séminaires en mai 2009 et en mai 2010. L'objectif
de ces séminaires est d'informer largement la société
civile au Togo afin de l'impliquer dans le processus d'évaluation du
pays.84(*)
II-Financement du fonctionnement au niveau national et
forces et faiblesses du MAEP au Togo
Le Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs
est un outil de l'Union Africaine dont les États adhérent
volontairement pour assurer leur développement intégral. Ainsi le
Togo a son propre mode de financement du Mécanisme au niveau
national.
A-Financement du fonctionnement du Mécanisme au
Togo
Selon l'acte instituant la Commission national,
(décret n°2010-092/PR référencé
précédemment en son article 16 et 17), les crédits
nécessaires au fonctionnement de la Commission Nationale du MAEP sont
inscrits au budget général de l'État. Celle-ci peut
bénéficier d'appuis financiers de la part des partenaires au
développement. Ainsi, la Commission aurait
bénéficié d'environ 30 000 000 et
45 000 000 de francs CFA respectivement au cours des années
2009 et 2010. Les partenaires qui sont disposés à appuyer
financièrement pour le moment sont la Fondation allemande HAANS SEIDEL
et le Programme des Nations Unies pour le Développement(PNUD)85(*). Que dire des forces et
faiblesses ?
B-Forces et faiblesses du processus de MAEP au Togo
Les forces et les faiblesses du MAEP sont minimes
à l'heure actuelle. Néanmoins on peut noter comme force, la
volonté du gouvernement à se faire évaluer ceci à
travers la nomination du président de la Commission Nationale et autres
actes posés dans ce sens.
Du point de vue faiblesse, l'on pourrait noter un manque de
détermination pour accélérer le processus
d'évaluation. Aussi y a-t-il lieu de se demander si la composition des
membres de la Commission Nationale n'est pas trop peu pour prendre en compte
tous les acteurs de la vie politique, institutionnelle, socio-économique
du pays sans marginaliser une couche86(*) sociale.
Conclusion du
deuxième chapitre
La bonne gouvernance politique est indispensable au
développement du continent africain l'un des moyens d'y parvenir est le
MAEP. C'est pour cette raison que le Benin a accepté la mise en oeuvre
du MAEP en son sein. Ainsi il adhère au mécanisme en 2004 et est
le premier pays à être évaluer. Dans la même logique,
le Togo s'est également vu intégré le MAEP comme 29eme
pays membre et va se faire évaluer par la suite. Malgré les
insuffisances et les difficultés que l'on a soulevé plus haut
nous pouvons dire que ces deux pays ont fait plus que manifesté leur
volonté à sortir du sous-développement intégral
dont la plupart des pays africains sont plongés.
En définitive, il a été question dans
cette partie de présenter l'instrument d'accompagnement du
développement politique en Afrique ; c'est ainsi que nous avons
fait la présentation du Mécanisme Africain d'Évaluation
par les Pairs, en suite nous avons fait connaitre la mise en oeuvre du
mécanisme en prenant l'exemple du Benin et du Togo. Depuis 2003 date de
la création du MAEP, les pays adhérant au mécanisme
ont-ils fait des progrès dans le développement
politique ?
DEUXIEME PARTIE
LE BILAN DE L'ACTION DU MAEP DANS L'ACCOMPAGNEMENT DU
DEVELOPPEMENT POLITIQUE DES ETATS MEMBRES
Le Mécanisme Africain d'Évaluation par
les Pairs (MAEP) est communément présenté comme le diamant
de la couronne du Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique
(NEPAD), auquel adhèrent volontairement les États membres de
l'Union Africaine (UA), en tant que mécanisme
d'auto-évaluation.
L'objet fondamental du MAEP est de favoriser l'adoption des
politiques, normes et pratiques à même de promouvoir la
stabilité politique, par le biais de la croissance économique, le
développement durable et par l' accélération de
l'intégration économique au niveau régional et
continental, grâce à l'échange des expériences, le
renforcement de bonne et meilleure pratiques, ainsi que l'identification des
faiblesses et l'évolution des besoins dans le domaine du renforcement
des capacités.
Il regroupe aujourd'hui 34 États africains sur les 54
que compte l'UA. Vu le jour en 2003, le MAEP a aujourd'hui 12 ans et à
plus d'une décennie d'existence, on est en droit de se demander quel est
le bilan du Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs dans
l'accompagnement du développement politique de ses États
membres ?
Son but est de soutenir les pays qui adhérent audit
mécanisme dans leur marche vers la démocratie et le respect des
droits de l'homme. C'est ainsi que dans cette deuxième partie de notre
étude nous allons montrer d'une part les progrès des États
membres de l'U A, adhérés au MAEP dans leur processus de
démocratisation, du respect des droits de l'homme et des libertés
et d'autres part les résistances que font face les dits États
dans à leur quête de modernisation politique.
Chapitre 3 : Le progrès des États
africains dans le développement politique
L'U A est une organisation continentale qui s'est
donnée pour objectif de conduire ses États membres vers le
développement intégral ; pour cela elle a pris sur elle de
construire des instruments institutionnels pour mener à bien sa mission.
En juillet 2001, le 37e sommet de l'OUA a officiellement
adopté le Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique
(NEPAD). C'est un document stratégique dans lequel on retrouve un cadre
de lutte contre la pauvreté et de soutien au développement en
Afrique. Le 09 juillet 2003 l'UA a mis en place le Conseil de Paix et de
Sécurité (CPS) pour assurer la sécurité du
continent et enfin en 2003 le Mécanisme Africain d'Évaluation par
les Pairs (MAEP) assurent que les politiques et pratiques des États
participants se conforment aux valeurs, codes et normes de gouvernance
politique, économique et d'entreprises.
Le MAEP est l'instrument de l'UA qui accompagne donc le
progrès des États dans le développement politique, plus
précisément dans la vie démocratique et le respect des
droits de l'homme.
Section 1 : Les avancées
démocratiques des États adhérents au MAEP
L'observation des États membres du MAEP depuis 2003,
date de la création de cet instrument, nous fait constater qu'ils ont
amélioré le processus démocratique en leur sein, car les
États en acceptant volontiers d'adhérer au MAEP manifestaient par
là le désir de moderniser la vie politique et le respect des
droits de l'homme. Certains pays africains ont connu de nombreux coups
d'États, des dictatures militaires, de partis uniques et des
systèmes politiques verrouillés qui empêchaient
l'alternance politique. Ce qui manifestement a conduit à plusieurs
reprises à des putschs87(*) dans bon nombre des États qui sont aujourd'hui
membres du MAEP, de la dévolution dynastique du pouvoir qu'un pays
membre du MAEP comme le Togo a connu il y a quelques années ; de la
démocratie par la rue que les peuples utilisent pour se faire entendre
lorsque les mécanismes légaux ne sont plus suivis et
respectés par les pouvoirs publics. Maintenant, les États membres
du MAEP ont évolué dans le processus démocratique et le
respect des droits de l'homme à travers les textes juridico
institutionnels et le respect des principes démocratiques.
I -Les textes juridico institutionnels des États
membres du MAEP
Les États membres du MAEP en adhérant
volontairement au mécanisme, ont montré le désir de se
faire une mue démocratique conséquente par les textes juridiques
et institutionnels.
A- Le respect des textes internationaux et
nationaux.
Les enseignements de droit international classique
apportent la preuve que les États n'ont rien à inventer de
spécial sinon, recourir à de nouveaux mécanismes
réglementaires d'application effective en matière de bonne
gouvernance, de la démocratie et de la protection des droits de l'homme
et des libertés fondamentales. En effet, tous les textes de base,
appelés dans le jargon technique constitution, Charte et autres
dénominations fortes, possèdent de valeurs, principes, codes de
conduite et modes d'organisation consacrés par un même et unique
instrument de référence, que tous les États membres du
MAEP ont ratifié. Nous avons en occurrence, la Déclaration
Universelle des Droits de l'homme et des Libertés fondamentales
adoptée par l'Assemblée Générale des Nations Unies
en 1948 ; Et la Charte Africaine de la Démocratie, des
Élections et de la Gouvernance adoptée par la huitième
session ordinaire de la conférence des Chefs d'État et de
Gouvernement de l'UA tenue le 30 janvier 2007 à ADDIS ABEBA
(Éthiopie) sont des instruments de référence des
États adhérant du MAEP.
Sur le plan national toutes les constitutions des États
membres du MAEP font la promotion de la démocratie, des élections
libres et transparentes et de la bonne gouvernance. De telle sorte que la
Constitution de la République Démocratique du Congo de 2006
stipule dans son article 226 que la R D C est un État unitaire fortement
décentralisé88(*), et que la démocratie est le modèle de
gouvernance de cet État. En ce qui est du Cameroun, l'article 2-(1) de
la Constitution de 1996 dit que la souveraineté nationale appartient au
peuple camerounais qui l'exerce soit par l'intermédiaire du
Président de la République et des membres du parlement, soit par
voie de référendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu
ne peut s'en attribuer l'exercice. (2) Les autorités chargés de
diriger l'État tiennent leurs pouvoirs du peuple par voie
d'élections au suffrage universel direct ou indirect, sauf dispositions
contraires de la présente Constitution (3) Le vote est égal et
secret ; y participent tous les citoyens âgés d'au moins
vingt (20) ans. Article 3 dit que les partis et formations politiques
concourent à l'expression du suffrage. Ils doivent respecter les
principes de la démocratie, de la souveraineté et de
l'unité nationale.89(*) Les Constitutions du Benin, Togo, etc. ont les
dispositions constitutionnelles similaires à celle du Cameroun en ce qui
concerne l'expression démocratique du pays.
B -Les institutions et organes démocratiques
existantes dans les États membres du MAEP.
La notion d'institution est différemment
définie. Les juristes l'appréhendent comme l'ensemble de
règles de droits relatives à un même objet et aux
mêmes fonctions qui constituent un tout coordonné ; Pour les
sociologues c'est l'ensemble d'actes et d'idées que les individus
trouvent devant eux et qui s'imposent à eux90(*).
La démocratie représentative, devenue la
valeur-étalon universelle du système de gestion politique, est
fondée sur la suprématie de la volonté populaire. C'est
pourquoi l'on recourt quelques fois au référendum, pour que le
peuple décide directement. Toutefois, et pour les raisons pratiques, la
démocratie s'exprime à titre principal, par le système de
la représentation à travers l'élection au suffrage
universel direct. C'est ainsi que les États membres du MAEP ont chacun
des institutions démocratiques comme la Présidence de la
République, le Parlement qui a pour rôle dans tous les pays
membres de légiférer et de contrôler le gouvernement, le
Conseil constitutionnel dans ces États démontre la
volonté politique d'instaurer l'État de droit qui est une
exigence constitutionnelle qui occupe une place de choix dans les
préambules des constitutions nationales. Le corolaire de cette exigence
étant la tenue régulière d'élections libres,
transparentes et sincères ; La constitution du Bénin
illustre tout ceci en ses articles 4, 49, 81, et 117, et donne
compétence à la Cour Constitutionnelle pour veiller à la
régularité et à la validité des élections
législatives, présidentielles, et du référendum,
pour en proclamer les résultats et pour statuer sur toute
éventuelle contestation.91(*) Les États membres du MAEP ont également
chacun des organes chargés d'organiser et de superviser les
consultations électorales et référendaires ; C'est
ainsi qu'au Cameroun nous avons Élections Cameron (ELECAM)92(*) , au Togo on parle de
Commission Électorale Indépendante (CNI)93(*) ; Et dans tous ces pays
on pratique la liberté associative, l'existence des partis politiques
et des syndicats, les associations des droits de l'homme qui concourent
à l'expression de la démocratie dans ces différents
États.
II -Le respect des principes et du jeu
démocratique
Presque tous les théoriciens de la «
démocratie» renvoient l'origine étymologique du terme aux
deux mots grecs (demos + kratos), lesquels signifient littéralement
« le pouvoir du peuple ». Cependant, comme le soutient Sartori, il ne
s'agit pas seulement d'indiquer la signification du mot, ce qui est une
démarche purement étymologique94(*). Si l'on se contentait d'une telle démarche,
c'est à-dire la traduction littéraire de ces deux mots grecs en
d'autres langues, nous n'aurions résolu qu'un problème de
terminologie. Or, lorsque le terme est utilisé, une chose ou un
système est sûrement sous-entendu. La question n'est donc pas, ou
du moins pas seulement : que signifie le mot ? Mais aussi :
quelle est cette chose ou quel est ce système qui peut être
qualifié de « démocratique» ?
Les auteurs diffèrent sur ce point,
c'est-à-dire sur ce qu'ils entendent par le concept de
«démocratie ». Selon Tocqueville, l'essence de la
démocratie est dans « l'égalité des
conditions» des citoyens95(*). Pour lui, l'aristocratie, qu'il oppose à la
démocratie, avait fait de tous les citoyens une longue chaîne qui
remontait du paysan au roi. Or, « la démocratie brise la
chaîne et met chaque anneau à part ». Pour Sartori,
Schmitter et Touraine, Bobbio et Lipset, la démocratie présuppose
une liberté dans laquelle le système de relations entre
gouvernants et gouvernés est régi par le principe selon lequel
l'État est au service du citoyen, et non l'inverse96(*). C'est un système dans
lequel les gouvernés choisissent librement leurs Gouvernants qui les
représentent. Lipset insiste sur trois principes qui doivent exister
dans tout système démocratique. D'abord, un ensemble de
règles qui établissent et autorisent à prendre les
décisions collectives et selon quelles procédures (donc le choix
des gouvernants). Ensuite, des règles qui assurent qu'un plus grand
nombre de personnes participent directement ou indirectement à la prise
de décision (la garantie du gouvernement du peuple). Enfin il insiste,
qu'il y ait des règles qui garantissent que le choix à faire soit
réel, c'est-à-dire la totale liberté des gouvernés
dans leur choix de ceux qui les gouvernent ou représentent.
En outre Lipset définit la démocratie comme
« un mécanisme social qui permet au plus grand nombre possible
de la population d'influer sur les décisions importantes les concernant
à travers des représentants des partis politiques dûment et
librement choisis par eux»97(*) . Se situant dans le même sens,
Jean-François Revel définit la démocratie comme une «
forme de société qui parvient à concilier
l'efficacité de l'État avec sa légitimité, son
autorité avec la liberté des individus»98(*). Quant àMwayila
Tshiyembe, l'État démocratique égale
«l'État multinational », ce dernier· est
«un pouvoir librement accepté et collectivement
partagé» par les membres composants de
l'entité99(*).
Pour sa part, Legros définit le concept de
démocratie à partir de deux principes : un principe culturel
ou social et un principe politique. D'abord, il soutient que
l'égalisation des conditions est à la source de la
démocratie et que toutes les sociétés pré
démocratiques reposent sur un principe d'inégalité des
conditions100(*), ce qui
le rapproche de la conception tocquevillienne. Ainsi, les États membres
du Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs ont
adopté à leur sein les principes démocratiques.
A- La tenue régulière des
élections transparentes, libre et juste
L'une des principes démocratiques que les États
membres du Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs ont
adoptés est la tenue régulière des élections
transparentes, libre et juste. L'État démocratique garantit que
le processus d'accession au pouvoir d'exercice et d'alternance du pouvoir
permettant une libre concurrence politique et émanent d'une
participation populaire ouverte, libre et non discriminatoire exercée en
accord avec la règle de droit, tant dans son esprit que dans sa lettre.
L'élément clé de l'exercice de la démocratie est la
tenue à intervalles périodiques d'élections libres et
régulières permettant l'expression de la volonté
populaire.
Ces élections doivent se tenir, sur la base du suffrage
universel, égal et secret, de telle sorte que tous les électeurs
puissent choisir leurs représentants dans les conditions
d'égalité, d'ouverture et de transparence qui stimulent la
concurrence politique. C'est pourquoi les droits civils et politiques sont
essentiels, et plus particulièrement, le droit à la
liberté d'expression et de réunion, l'accès à
l'information, et le droit de constituer des partis politiques et de mener des
activités politiques. C'est pour cette raison que la plupart des
États membres du MAEP organisent régulièrement des
élections depuis le processus de démocratisation de ces
pays : le Cameroun, Bénin, République Démocratique du
Congo, et au bout du compte de plus en plus d'alternances
démocratiques ; Comme l'élection du 26 février et 25
mars 2012 au Sénégal où Macky Sall a succédé
à Abdoulaye Wade. Au Kenya, l'élection du 4 mars 2013 a vu
l'arrivée au pouvoir Uruhu Kenyatta, et 28 mars 2015 Muhammadu Buhari a
gagné des élections face à Goodluck Johnathan. Que dire de
l'État de droit comme principe démocratique ?
B-L 'État de droit dans les États membres du
MAEP
La démocratie et les droits
énoncés dans les instruments internationaux tels que la
Déclaration universelle des droits de l'homme du 10 décembre
1948, le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels adoptés le 16 décembre 1966 sont consubstantiels, et
que tous les États membres du MAEP ont aussi adopté. Ces droits
doivent donc être réellement appliqués et leur juste
exercice doit être assorti de responsabilités individuelles et
collectives. La démocratie est fondée sur la primauté du
droit et l'exercice des droits de l'homme. Dans un État
démocratique, nul n'est au-dessus de la loi et tous les citoyens sont
égaux devant elle.
La paix et le développement économique,
social et culturel sont autant la condition pour une bonne marche de la
démocratie. Il y a véritablement interdépendance de la
paix, du développement, du respect de l'état de droit et des
droits de l'homme.
La démocratie repose sur l'existence
d'institutions judicieusement structurées et qui fonctionnent ainsi que
d'un corps de normes et de règles, et sur la volonté de la
société entière, pleinement consciente de ses droits et
responsabilités. Les institutions démocratiques ont pour
rôle d'arbitrer les tensions et de maintenir l'équilibre entre ces
aspirations concurrentes que sont la diversité et l'uniformité,
l'individuel et le collectif, dans le but de renforcer la cohésion et la
solidarité sociales. Fondée sur le droit de chacun de participer
à la gestion des affaires publiques, la démocratie implique
l'existence d'institutions représentatives à tous les niveaux et
notamment d'un parlement représentatif de toutes les composantes de la
société et doté des pouvoirs ainsi que les moyens requis
pour exprimer la volonté du peuple en légiférant et en
contrôlant l'action du gouvernement101(*).
Section 2 : Les progrès dans le respect des
droits de l'homme
Il faut se garder des jugements péremptoires, des
raccourcis et des conclusions hâtives. L'Afrique n'est certe pas au
meilleur de sa forme, à cause des facteurs qui ne datent pas
d'aujourd'hui, mais pourquoi faire semblant d'ignorer l'évidence ?
Des progrès substantiels ont été faits ces
dernières années. Il suffit, pour s'en convaincre, de se souvenir
qu'il y a moins de quinze ans le monopolitisme était presque partout de
mise ; la presse officielle bâillonnée ; les journaux,
radios et télévisions privés inexistants. La
liberté syndicale était une fiction ; les manifestations
interdites ou violemment réprimées. Les détenus d'opinion
étaient légion ; le recours à la torture, pratique
courante ; les coups d'État permanents et presque pas
condamné, les portraits de nos « guides
éclairés » foisonnaient sur les murs, de
l'aéroport jusqu'au fronton des gargotes. Ces temps sont révolus,
les pratiques ubuesques sont passées de mode, les putschs sont
plutôt rares et pittoresques.
Qu'il ait des élections frauduleuses ou de
velléités de restauration autoritaire ici et là, personne
ne nie. Que les journalistes soient arrêtés ou tués dans
l'exercice de leur métier, est bien révoltant, mais en la
matière l'Afrique n'est plus la seule terre d'élection. Sur les
126 journalistes actuellement emprisonnés dans le monde, indique
Reporters sans frontières, il n'y a que 24 Africains102(*). Ce qui montre que les
États Africains surtout les membres du MAEP ont fait de réel
progrès dans le respect des droits de l'homme.
I-Textes juridiques et institutionnels sur les droits de
l'homme
Les droits de l'homme s'implantent de plus en plus dans le
continent africain car on enregistre de moins en moins de violations des droits
humains sur tout dans les États membres du MAEP ; cela s'observe
par la ratification des textes internationaux et des organes de mise en oeuvre
des dits droits.
A- Les textes internationaux des droits de l'homme
Les droits de l'homme et les libertés fondamentales
sont inhérents à tous les êtres humains,
inaliénables et garantis par la loi. La responsabilité
première des gouvernements est de protéger et de promouvoir les
droits de l'homme. Ainsi les États membres du MAEP ont pour la plupart
ratifié les textes internationaux sur les droits de l'homme. À
savoir la Déclaration Universelle des droits de l'homme, du 10
décembre 1948 ; La Convention internationale sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (C E R D),
(New York 7 mars 1966) ; Le Pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels (New York, 16 décembre
1966) ; Le Protocole facultatif se rapportant au pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, (New York, 10
décembre 2008). Ensuite, Le Pacte international relatif aux droits
civils et politiques (New York, décembre 1966) ; Le Protocole
facultatif à la convention sur l'élimination de toutes les formes
de discrimination à l'égard des femmes. (New York, 6 octobre
1999) ; et en fin, La convention contre la torture et autres peines
ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, (New York, 10
décembre 1984103(*) ) ; etc.
En ce qui est de l'Union Africaine les textes ratifiés
par les États membres du MAEP sont : la Convention de l'OUA
régissant les respects propres aux problèmes des
réfugiés en Afrique (Addis-Abeba 10 septembre 1969) ; La
Convention de l'UA sur la protection et l'assistance aux personnes
déplacées en Afrique, (Kampala, 22-23 octobre 2009) ; La
Charte africaine des droits de l'homme et des peuple, (Nairobi, Kenya, 1981).
Ensuite nous avons le Protocole relatif à la charte africaine des droits
de l'homme et des peuples, portant création d'une cour africaine des
droits de l'homme et des peuples, (Ouagadougou, juin1998) ; Protocole
relatif à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples se
rapportant aux droits des femmes, (Maputo, juillet 2003) ; Charte
africaine de la démocratie, les élections et la gouvernance,
(Addis-Abeba, 30 janvier 2007)104(*) etc. Que dire des organes des droits de
l'homme ?
B- Les organes de mise en oeuvre des droits de
l'homme
Les droits de l'homme se font mettre en oeuvre dans les
États via les organes des Nations Unies qui sont : le Comité
pour l'élimination de la discrimination à l'égard des
femmes ; le Comité contre la torture, convention contre la torture
et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le
Comité des droits des personnes handicapées ; le
Comité sur les travailleurs migrants ; Le Comité des droits
de l'homme ; Le Comité des droits économiques, sociaux et
culturels ; et le Comité pour l'élimination de la
discrimination raciale.
La commission africaine des droits de l'homme et des peuples
constitue le principal organe de protection des droits de l'homme en Afrique.
Mise en place en 1987, elle a pour mission principale de recevoir les
communications des victimes des violations des droits de l'homme. L'ouverture
de la procédure de traitement des communications individuelles devant la
commission africaine est conditionnée par le respect des conditions
posées par l'article 56 de la Charte africaine des droits de l'homme et
des peuples. Néanmoins, lorsque la commission africaine examine les
communications soumises, elle use souvent d'une grande souplesse, prenant en
compte les réalités africaines et les exigences internationales
en matière de droits de l'homme105(*).
Sur le plan national, la majorité des États
membres du Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs ont mis
sur pied les Commissions Nationales des droits de l'homme et des
libertés à l'instar du Cameroun et du Bénin. Pour le
Cameroun, la Commission Nationale des droits de l'homme et des libertés
(CNDHL) est une institution nationale créée par la loi
N°2004/016 du 22 juillet 2004 promulguée par le Président de
la République. Institution indépendante de consultation,
d'observation, d'évaluation, de dialogue, de concertation, de promotion
de la protection en matière des droits de l'homme et des
libertés, la CNDHL étend son action sur l'ensemble du Cameroun.
Le siège de la commission est à Yaoundé et ses antennes
régionales sont localisées à Bamenda, Buéa, Douala,
Garoua, Ngaoundéré et Ebolowa.106(*)
II- L'effectivité du respect des droits de
l'homme dans les États membres du MAEP
Les droits de l'homme recouvrent l'ensemble des
prérogatives que détient chaque personne humaine dès sa
naissance et du simple fait qu'elle est née vivante. Cet ensemble de
droits garantit sa liberté, le respect de sa dignité ainsi que
son plein épanouissement physique, intellectuel et moral107(*) . Il n'y a pas plus
important que les droits de l'homme dans la recherche de la paix, la
sécurité et le développement intégral de l'Afrique.
Les droits de l'homme, par définition même, touchent pratiquement
tous les aspects de notre vie et doivent être garantis,
protégés, défendus et respectés en toute
circonstance. Ainsi, l'on observe que les États membres du
Mécanisme Africain d'Évaluation par les pairs font de
réels progrès dans le respect des droits de l'homme.
A-Liberté d'expression, action des partis politiques
et de la société civile
La liberté d'expression constitue à la fois une
liberté, un droit et un fondement de la démocratie. Non seulement
elle est importante en soi, mais elle est aussi une condition essentielle de
l'exercice de tous les autres droits. C'est ce qu'a reconnu la première
Assemblée Générale de l'ONU de par la résolution
N°59, adoptée en 1946 : « la liberté
de l'information est un droit fondamental de l'homme et la pierre angulaire de
toutes les libertés à la défense desquelles se consacrent
les Nations Unies. »108(*)La Liberté d'expression est importante en soi,
du fait de sa relation étroite avec la dignité humaine. Le
désir inhérent aux êtres humains de pouvoir communiquer
librement peut être constaté dans la manière d'agir des
membres les plus jeunes de la société, nouveau-nés y
compris comme peut l'être dans pratiquement toutes les activités
sociales qu'entreprennent les êtres humains109(*). Ainsi dans les États
membres du MAEP, la liberté d'expression est de plus en plus effective
dans ses différents pays ; le Cameroun comme la plupart des autres
États a plus d' une dizaine de presse écrite qui publie
quotidiennement sans toutefois ménager le système politique en
place, parce que les journaux camerounais relèvent quotidiennement des
actes indécents des membres du gouvernement. En dehors de la presse
écrite, les chaînes de Télévision et de Radio
privées se comptent également en dizaine et ont une
liberté éditoriale frôlant parfois l'outrage à un
membre du gouvernement si ce n'est cela. Par exemple dans l'un des
émissions « Décryptage » du mois de mai
2015 sur la chaîne de Télévision VISION 4 dans laquelle
l'invité estimait qu'un haut responsable du gouvernement s'acharnerait
contre lui parce qu'il aurait pour maîtresse son ex- femme ; ce qui
expliquerait la mauvaise marche du droit d'auteur au Cameroun.
La plupart des États membres du MAEP ont
adopté le multipartisme, et se retrouvent pour beaucoup avec une
centaine de partis politiques. Les partis agréés exercent leurs
activités dans les conditions relativement satisfaisantes et ont
accès aux médias. Cet accès demeure très
encadré pour ce qui est de la télévision nationale et se
résume en quelques points : couverture des activités
importantes, expression directe des partis représentés aux
Assemblées, répartition relativement équitable du temps
d'antenne durant les campagnes électorales. Le financement public des
partis politiques est, pour l'essentiel limité au financement public des
campagnes électorales ; Au Cameroun, les partis politiques se
plaignent du fait l'argent réservé à la campagne
électorale arrive tardivement et très insuffisante110(*).
La société civile peut vouloir dire
l'ensemble des citoyens d'un État, qui, pétri de patriotisme,
conscients de leur identité propre, s'unissent, s'organisent sur la base
des lois définies, et s'emploient à édifier une nation
développée, libre et prospère où chacun
s'épanouit et se réalise sans barbarie militaire, sans
chauvinisme partisan ni dogmatisme religieux. Autrement dit, la
société civile, compte tenu de l'immensité des taches
qu'elle doit accomplir, n'est concevable que comme : « un
rassemblement volontaire de tous les citoyens conscients, véritables
forces patriotiques méthodiquement organisées en groupe de
pression111(*). » Ceux-ci agissant comme porte-voix des
sans voix, se détermineront à contenir les dérapages
politico-administratifs, à contrer les excentricités
idéologiques et dogmatiques à combattre les exactions militaires,
à s'opposer enfin à toutes sortes d'excès insensés,
susceptibles de menacer l'ordre, la paix et la cohésion sociales. La
société civile dans la plupart des pays est active : c'est
le cas en République Démocratique du Congo où elle
s'oppose via les marches de contestation à la modification
constitutionnelle sur la limitation des mandats, Burundi où la situation
est inquiétante, la société civile s'oppose contre un
nouveau mandant (3ème ) de Pierre Nkurunziza et oblige la
communauté internationale à demander le renvoi des
élections présidentielles et législatives, et la religion
catholique s'est retirée du processus électorale en mai 2015.
B- La modernisation de la justice,
l'égalité entre genre, santé et
éducation
La modernisation de la justice est une très bonne
initiative ; il est à espérer que les pratiques qu'elle
engendrera contribueront efficacement à la consolidation
définitive de l'État de droit en Afrique. Au Cameroun le code
pénal et le code de procédure pénal consacrent pleinement
la modernisation de la justice camerounaise. En Algérie les citoyens
n'ont plus à s'en point douter de mesures susceptibles
d'améliorer la perception du poids des dispositions établissant
l'État de droit et la primauté de la constitution, du moins si
l'on s'en tient aux résultats de l'enquête d'opinion de
février 2007, aux termes desquels 44,9% d'enquêtés jugent
ce poids moyens contre 27,7% pour insuffisant, 16,6% pour fort et 7,1% pour
très fort112(*).
L'Afrique est en train de faire des avancées
considérables dans le domaine de l'égalité entre genre
notamment en matière d'éducation où l'on constate de
grands progrès ; En Algérie, le taux de scolarisation chez
les filles dans le primaire est de 88 à 89 filles pour cent
garçons en 2003/2004. Au niveau de l'enseignement secondaire, la
parité filles/ garçons a atteint 136 filles pour cent
garçons en 2004/2005, et à l'Université, les filles
représentaient en 2004 plus de 61% de diplômés. Ces
progrès enregistrés dans le domaine de l'éducation et de
la formation, ont introduit de notables changements dans certaines professions
où les femmes représentent 37% de magistrats, 50% des
enseignants, 53% des médecins et 32% des cadres
supérieurs113(*).
L'éducation est le cheval de bataille de tous les
États membres du MAEP, c'est ainsi qu'au Cameroun comme partout ailleurs
presque chaque région du pays a vu la naissance d'une Université,
au Cameroun on en est déjà à 8 Universités
d'État, les lycées et collèges dans la plupart des
arrondissements du pays, le Président de la République a
décrété la gratuité de l'école
primaire ; en Algérie l'éducation est gratuite et
obligatoire pour les enfants algériens et obligatoire de 6 à 16
ans114(*).
Sur le plan sanitaire, les États africains font des
normes efforts en créant des hôpitaux et des centres de
santé, multiplient la formation des personnels de santé ;
avec des équipements de pointe pour le meilleur suivi sanitaire des
populations. Au Cameroun par exemple, l'État vient de mettre sur pied
les hôpitaux de référence dont le dernier en date est
l'hôpital de référence de Sangmélima, le quel, selon
les spécialistes de santé est équipé d'un plateau
technique de haute qualité.
Conclusion du troisième chapitre
Les pays africains membres du MAEP ont
réalisé des grands progrès en ce qui concerne le processus
démocratique dans chacun des États. C'est ainsi que les
États ont adopté des textes qui font la promotion du processus
démocratique ceci à travers la constitution et les autres textes
y afférent. Dans la pratique, les élections sont
organisées régulièrement, le multipartisme est réel
ainsi que beaucoup d'autre principes démocratiques. La democratie allant
de pair avec le respect des droits de l'homme, les États membres du MAEP
ont également mis en leur sein des textes qui font la promotion des
droits de l'homme en commençant par la ratification des textes
internationaux aux droits de l'homme. L'on peut voir que dans ces pays la
liberté d'expression est réelle ainsi que beaucoup d'autre
pratique qui montre le respect des droits de l'homme. Mais ces avancées
sur la démocratiques et le respect des droits de l'homme ne manquent pas
d'obstacles.
Chapitre 4 : La stagnation des États
Africains dans le processus de développement
politique et les insuffisances du
MAEP
L'objectif de l'UA est d'accompagner ses États membres
dans le développement politique. Pour ce faire, il prévoit dans
son Acte Constitutif à l'article 3, de promouvoir les principes et
institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne
gouvernance ; ensuite promouvoir et protéger les droits de l'homme
et des peuples conformément à la charte africaine des droits de
l'homme et des peuples et aux autres instruments pertinents relatifs aux droits
de l'homme.
Les pays membres du MAEP ont réalisé des
progrès dans le processus de démocratisation. Tout le monde peut
remarquer qu'en Afrique les élections sont organisées chaque fois
dans l'un des pays membre du MAEP, les dernières en date ont
été au Cameroun en 2013 pour les législatives et les
municipales, le Bénin a également organisé en cette
année 2015 les législatives, le Nigéria a organisé
l'élection présidentielle en 2015.
L'UA dans la Charte Africaine de la démocratie
et des élections et de la gouvernance rejette et condamne des
changements anticonstitutionnels de gouvernement ; l'idée
d'élaborer un texte condamnant toute prise de pouvoir par la force est
née à Hararé, en mai 1997, quand un certain Johnny Paul
Koramah, commandant de son état a chassé Ahmad Tejan Kabbah de
son fauteuil présidentiel à Freetown (Libéria).
Volontairement ou non l'officier félon a choisi la journée
mondiale de l'Afrique pour faire son coup. Furieux, les chefs d'État ont
chargé le secrétaire générale de l'OUA Salim Ahmed
Salim de réfléchir à une forme permanente de condamnation
de coups d'État, le texte mettra deux ans à être
présenté et finira par être adopté. Force est de
constater que de moins en moins de coups d'État aboutissent115(*). Les États membres du
MAEP pratiquent de plus en plus régulièrement l'alternance
démocratique. Nous avons par exemple le cas des alternances en Tanzanie,
Botswana, Malawi, Afrique du Sud durant ces dernières années et
le Nigéria en mai 2015.
Les États membres du MAEP ont aussi fait de
réel progrès dans le respect des droits de l'homme ;
l'État de droit est de plus en plus visible dans ces pays avec
l'égalité textuel de tous devant la loi, le respect des droits
des enfants, la lutte contre les discriminations de toute sorte, le respect de
l'égalité entre genre. Mais malgré les avancées
réalisées par les États membres du MAEP sur le processus
démocratique et sur le respect des droits de l'homme, il y a encore
beaucoup à faire en ce qui concerne la démocratie et les droits
de l'homme. Ces insuffisances seraient également des faiblesses
inhérentes au MAEP.
Section1 : Obstructions socioculturel au
processus démocratique et des droits de l'homme
Il est de plus en plus évident qu'en Afrique nous ne
sommes pas encore totalement en démocratie ni dans le respect total des
droits de l'homme. Malgré l'abondance des partis politiques et les
médias dominants qui parlent à longueur de temps de
défendre la démocratie et des droits de l'homme, qui nous vendent
la démocratie représentative comme la panacée de la
démocratie et des droits de l'homme, de plus en plus de gens
réalisent que nos systèmes ont encore plus à faire dans la
pratique de la démocratie.
La démocratie et les droits de l'homme ne
consistent pas seulement à avoir le droit de voter, pour des personnes
que l'on n'a choisi de nous représenter et qui, une fois en poste,
auront moins de droit d'agir à leur guise, ou la liberté d'aller
et venir, la liberté d'expression. Et pourtant, selon Abraham Lincoln la
démocratie, c'est le gouvernement du peuple pour le peuple et par le
peuple. Tout subterfuge permettant de mettre une volonté
particulière à la place de la volonté du peuple est un
crime de lèse nation116(*). Ainsi en Afrique, particulièrement les
États membres du MAEP se sont engagés dans le processus
démocratique et de respect des droits de l'homme depuis 2003,
malgré les progrès observés, ces pays sont encore loin de
devenir réellement démocratiques pour plusieurs raisons.
Les États africains malgré les
velléités de démocratie et de respect des droits de
l'homme à travers les élections qui sont organisées
régulièrement et auxquelles la majorité des citoyens
participent librement, le multipartisme, la multiplication des médias
privés qui émettent libre, le droit à l'éducation
de plus visible ; Etc. mais il y a encore des choses à faire pour
améliorer le système.
I- Les freins socio culturels sur le processus
démocratique
La démocratisation en Afrique, fait ses
premiers essais dans les années 1990, les peuples vont l'accueillir avec
enthousiasme comme une « seconde
indépendance 117(*)» des peuples selon Mamadou Gazibo en dehors des
indépendances des années 1960. Les pays membres du MAEP vont voir
se processus améliorer par les missions d'auto évaluation aux
quelles les pays vont volontiers se soumettre depuis 2003 pour s'assurer du bon
déroulement du processus démocratique dans des différents
pays et par ricochet dans le continent africain.
Seulement, ces pays engagés dans le
développement politique à travers la mise en place de la
democratie et l'accompagnement du MAEP rencontre d'énormes
difficultés qui sont de plusieurs ordres.
A- Les obstacles économiques au processus de
démocratisation
En faisant la promotion de la democratie dans les pays
africains, les institutions de Bretton Woods et les pays occidentaux estiment
que ce système politique et les principes de bonne gouvernance qui le
porte sont substantiels pour garantir un développement économique
et social stable et durable118(*). L'occident a conditionné son aide au
développement en Afrique par la contrepartie qui n'est rien d'autre que
des reformes politiques en faveur de la democratie, des droits humain et de la
bonne gouvernance119(*).
Nous pouvons penser comme Guillaume A. Callonico que la democratie a
été promue en Afrique pour remplir des objectifs
économiques, politiques et sociaux. C'est le rôle
d'évaluation que joue le MAEP dans les pays qui sont membres.
La transition démocratique en Afrique, a
donné à la tête des pays africains des hommes fort dans les
nouvelles démocraties africaines en mettant en place des régimes
présidentiels (Cameroun, Benin, Cote d'Ivoire, Sao-Tomé et
Principe...) ou semi-présidentiels (Sénégal, Mali, Niger,
Nigeria), les nouvelles démocraties africaines n'ont pas su
arrêter la reproduction des pratiques néo patrimoniales. Le
régime présidentialiste implique une concentration du pouvoir
politique, économique et voir médiatique aux mains d'une seule
personne le Président ainsi on dira comme Bratton et Van de Walle
« en Afrique, le pouvoir est par tradition,
personnalisé120(*) ». Ainsi, en faisant le choix du
présidentialisme, les africains ont opté pour la concentration du
pouvoir aux mains d'une seule personne. Ceci offre au Président de la
République la capacité de conserver le recours à des
pratiques néo patrimoniales et d'offrir les postes de l'administration
à ses proches121(*). Comme le pense Akindes Francis122(*), « le
néo patrimonialisme est parvenu à s'adapter aux contraintes
apparentes de la democratie libérale et a d'autant survécu que le
présidentialisme offre une porte considérable au renforcement de
la personnalisation du pouvoir, surtout lorsque celui-ci est exercé par
l'ancienne élite autoritaires comme Mathieu Kerekou au Benin, reconverti
en démocrate après avoir été le
généralissime de la dictature ».
Le système néo patrimonialiste soutenu par
le régime présidentialiste est plus propice à une
« dédémocratisation » comme le dit Bunce,
qu'à une consolidation du régime démocratique puisqu'il
donne la possibilité au président d'avoir des ressources aucun
politique ne pourrait imaginer avoir dans un régime parlementaire dans
des pays occidentaux. Dès lors nous alignons sur la position de Valery
Bunce pour dire que, le régime néo patrimonial des États
africains est du fait des régimes présidentiels que l'on retrouve
dans la plus part des pays africains et qui donnent la possibilité aux
leaders patrimoniaux de gérer le pays et les biens publics comme leur
domaine privé.
De même, le régime semi-
présidentiel présent dans la plupart des pays anciennes colonies
de la France, en courage des logiques patrimoniaux entre les deux fractions
politiques qui dirigent l'États. Dans ce cas, nous avons les plus
souvent deux hommes forts au sommet de l'État ce qui ne facilite pas
toujours l'avancée de la democratie dans ces différents pays.
C'est le cas en Côte d'Ivoire qui a vécu une crise qui divisa le
pays en deux le nord et le sud entre 2000 et 2010 car la présidence
appartenait à Laurent Gbagbo et la primature au camp Soro. Ce qui prouve
l'instabilité de ce régime politique en Afrique et contribue
à l'effondrement de la democratie dans ces différents pays.
Bien que les pays africains aient espérée
par la democratie de changer leur condition de vie à travers le
bien-être matériel cela est encore impossible. Parce que le
maintien des pratiques néo patrimoniales a mis l'État dans une
incapacité de se développer. Cependant selon Larry Diamond et
Juan Linz, les crises économiques représentent l'une des plus
importantes menaces de la democratie dans les pays en voie de
développement123(*). Jean François Bayard parle de la
« politique du ventre », nous constatons que la
corruption, la redistribution loyaliste et le
« clientélisme » ont conduit les États
africains en voie de démocratisation ou non, a la faillite
économique et les y ont maintenus. Très peu d'États en
Afrique sont en mesure d'être le garant du bien être
socioéconomique de ses populations. Cependant, Wolgang Merkel soutient
que la stabilité d'un pays est due à la qualité de sa
democratie libérale et à la capacité de l'État de
porter le développement du pays inversement.
Il est important de mentionner que pour que la
democratie survive dans un pays et se consolide durablement, il faudrait
qu'elle s'accompagne d'un développement économique qui permet aux
populations de résoudre leurs problèmes primaires tels que
l'emploi, l'éducation, la nutrition, la santé etc... Mais si le
pays qui se veut démocratique n'arrive pas à résoudre les
besoins économiques de ses populations, cette democratie a moins de
chance de survivre et d'être véritablement consolidé.
Après les obstacles économiques liés a la
patrimonialisation de l'État par l'élite, nous allons questionner
les pesanteurs identitaires à l'essor de la democratie dans les pays
africains.
B- Les obstacles identitaires au processus de
démocratisation
De même que le facteur économique, le
facteur culturel et la démocratisation avait déjà
été en relation longtemps avant les expériences
africaines. Surtout depuis que Dankwart Rustow a estimé que
l'unité nationale est un préalable au succès de la
democratie124(*). Cette
pensée a une autre signification dans le monde actuel, à travers
un glissement vers une forme de culturalisme en vertu duquel la democratie ne
peut réussir en Afrique, parce que dans ces pays sont divisés sur
le plan ethnique, religieux ou linguistique, et aussi d'autant plus qu'ils sont
porteurs de valeurs considérées comme insociables a la
democratie.
Bien sûr que ces contraintes identitaires sont de
véritables obstacles à la démocratisation des pays
africains. Cependant, ces obstacles ne sont pas des déterminants
impossibles à contourner. En effet, la simple existence d'une
diversité identitaire n'explique pas le succès ou encore
l'échec de la démocratisation des pays africains. Pour cette
raison, nous nous adressons à son instrumentalisation
politique125(*) par des
acteurs luttant pour le pouvoir et les ressources. Avant les années 1990
la diversité identitaire était toujours évoquée
comme moyen pour maintenir un régime de parti unique ou un régime
militaire par des élites qui, s'appuyaient sur leur groupe ethnique en
marginalisant les autres groupes. L'avenue de la démocratisation a fait
de l'identité une ressource politique126(*) que les acteurs en scène pour le pouvoir
usent pour avoir des soutiens à leur cause. C'est cette politisation des
différences identitaires qui fait dire à Mamadou Gazibo que c'est
la politisation différences identitaires qui conduit à des
configurations incompatibles avec la democratie, et non le simple pluralisme
identitaire.
Pour bien illustrer cette thèse, Mamadou Gazibo a
pris l'exemple du Congo-Brazzaville et de la Cote d'Ivoire. Après la
mort du président Felix Houphouët-Boigny et quelques temps
après l'ouverture démocratique dans Le pays, la Cote d'Ivoire a
connu un coup d'État en 1999 puis s'en est suivi une guerre civile
dès l'année 2002 ; ceci après avoir introduit le
concept d'ivoirite dans le débat politique. Ce concept cache en
réalité une volonté « ethno
nationalisme127(*) » visant à mettre de
côté l'opposant, Alassane Ouattara, de la candidature à la
présidence. L'Ivoirite a fini par créer un fossé entre les
populations originaires du nord et celle du sud.
Pour ce qui est du Congo-Brazzaville, nous avons
constaté une déconsolidation des acquis démocratiques sur
fond de politisation de l'ethnie. Après qu'il est eu un consensus
pendant la conférence nationale souveraine, ce qui a abouti à des
élections et a une alternance pacifique ; la création des
milices basées sur les appartenances ethno-régionales et la
transformation des leaders politiques en chefs de groupes ethniques ont mis le
pays dans deux guerre civile en mettant par là en mal le processus de
démocratisation du Congo Brazzaville. Quid des obstacles socioculturels
au respect des droits de l'Homme ?
II- Les pesanteurs socioculturelles au respect des droits
de l'Homme
La plupart des États africains membres du
Mécanisme Africain d'Évaluation par les pairs, malgré
leurs efforts de mettre un point d'honneur et d'être des pays de
référence sur le respect des droits de l'Homme rencontre tout de
même d'énormes difficultés.
A- Crises économiques comme obstacle au respect
des droits de l'Homme
Natacha Ordioni pense qu'aucun concept de pauvreté ne
peut être complet s'il ne prend pas en compte des avantages qui
découlent de l'exclusion des possibilités dont jouissent les
autres128(*). De ce
fait, les organisations internationales et les ONG ont introduit dans les
années 1990 à la stratégie de réduction de la
pauvreté les droits humains. Sur ce plan, la convention pour
l'élimination de toutes formes de discrimination envers les femmes
(CEDEF) est un domaine d'intervention prioritaire129(*). Ainsi nous pouvons
constater qu'en Afrique malgré tous les efforts de mettre en place des
droits de l'homme dans les pays africains membres du MAEP, ces États
font face à des résistances qui sont d'ordre économique et
qui s'illustre par le mariage précoce et l'institution de la dot.
La CEDEF stipule que les pays sont dans
l'obligation « de définir un âge minimal au
mariage, les mariages contractés avant cet âge n'ayant aucune
valeur légale 130(*)», pendant que chaque époux a
« le même droit de choisir librement son conjoint et de ne
contracter mariage que de son libre et plein consentement131(*) ». D'autre
part à l'exception de quelques pays comme l'Ouganda, la plupart des pays
concernées octroi aux femmes, le droit au consentement, mais comme le
dit Ordioni ces dispositions légales demeurent purement symboliques.
Bien que le droit dans les États africains donne des prescriptions sur
le respect des droits des femmes à partir de l'interdiction de marier
des mineurs de manière précoce, ainsi que dans plusieurs pays le
code civile fixe l'âge légal au mariage pour les fille a 18
ans ; nous constatons dans une étude menée en 2001 par
l'UNICEF dans six pays de l'Afrique de l'ouest que 44% des femmes
âgées de 20 à 24 ans ont été mariées
avant l'âge de 15 ans . Et que la crise économique a nettement
contribuée au regain des mariages précoces et forcés.
L'obligation des relations sexuelles forcées et la
privation de liberté ont des conséquences considérables en
termes de santé132(*), renforcée par des grossesses précoces
premier risque de mortalité pour les filles de 15 à 19
ans133(*). Les
mutilations féminines sont des cas de risques pour la vie et la
santé des femmes en Afrique. Selon une étude de l'UNICEF en 2003,
entre 100 et 130 millions de femmes auraient subi une mutilation
génitale et prêt de 2 millions risqueraient d'en être
victimes chaque année. Même si cette pratique est interdite dans
plusieurs pays tels que le Cameroun, Burkina-Faso, Cote d'Ivoire etc... sa
pratique reste malheureusement très répandue.
Si Ordioni interprète le mariage précoce comme
un moyen de contrôler la sexualité des filles, il détermine
de surcroit des avantages financiers non négligeables quand il donne
lieu au versement de la dot134(*). Le départ de la future marié en vue
du mariage constituant une perte pour sa famille, le mari doit donc compenser
cette perte en versant une dot a la famille da sa prochaine épouse. La
loi dans certains pays interdit la dot dans leur code des personnes et de la
famille a l'instar du Burkina-Faso, Cote d'Ivoire ; dans d'autres
États africains par contre cette pratique n'est pas prohibée mais
encadrée par la loi c'est le cas au Rwanda où la dot peut
être versée sous divers formes, « on donne 15 000
francs ou alors on donne une vache. La famille de la future marié
choisit entre les deux » (article 1 de l'arrêté
ministériel du 25 mars 1992).
En raison de la grande pauvreté qui touche la
majorité des familles africaines, le montant de la dot atteint parfois
des niveaux très élevés par exemple en Ouganda, le prix
légal de la dot avait été fixe à 5 vaches, 5
chèvres et 20 shillings135(*). Ce qui empêche beaucoup de jeunes couples
à se marier comme l'indique une enquête réalisée au
Rwanda dans un village qui nous fait comprendre que deux tiers de couple se
sont mariés sans verser de dot, que cette proportion est nettement plus
élevé parmi les couples les plus jeunes136(*). Au vu de tout ceci nous
pouvons nous aligner sur la position d'Ordioni qui pense que la dot continue
d'être versée sans respecter les dispositifs légaux et
à conditionner la validité du mariage aux yeux des parents des
futurs époux, plus intensément en milieu rural.
Pour des raisons financières, l'institution de la dot
consacre le transfert des droits sexuels et reproductifs de l'épouse
vers la lignée du mari. De même que dans certains hôpitaux,
l'accès des femmes aux moyens contraceptifs est conditionné par
l'accord préalable du conjoint. La future épouse, n'est pas
toujours consultée ni informée des modalités de la
négociation de la dot ; très fréquemment elle est
mise devant le fait accompli.
Toujours pour des raisons économiques, dans la plupart
des pays africains, les droits fonciers des femmes sont secondaires,
dérivant de leur position au sein de la lignée. Si certains pays
reconnaissent en théorie les mêmes droits aux deux sexes comme le
Cameroun, Sénégal, Mali, etc... Elles ne
bénéficient le plus souvent que d'un droit d'usufruit sur la
terre de leur époux. Ces discriminations résultent en premier
lieu des dispositions successorales excluant les femmes de l'héritage,
ou leur accordant dans le meilleur des cas une part de moitié
inférieure à celle des hommes. On retrouve le plus souvent ce
genre de pratique dans les pays comme le Maroc, l'Algérie. Dans d'autres
pays comme la RDC ou encore la Namibie, il existe des dispositions qui vise
à exclure les femmes à l'accès aux terres. Dans ces pays
d'Afrique, la femme a un statut de mineur et doit obtenir l'autorisation
préalable de son conjoint avant de conclure un contrat. Au Cameroun,
c'est le mari qui est seul habilité à gérer le patrimoine
du couple137(*) . Quid
de l'obstacle identitaire ?
B- Crise identitaire obstacle aux droits de
l'Homme
La longue marche vers la democratie en Afrique, fait
souvent l'expérience des conflits identitaires armées que l'on
retrouve presque partout dans le continent. Ayant pour point de départ
l'instrumentalisation politique de l'ethnie ou de la tribu en vue d'avoir des
prébendes venant de l'exercice du pouvoir. Alors que selon certains
auteurs, les tribus africaines n'ont pas de problème à vivre
ensemble. Il est tout de même à noter que les pays africains se
retrouvent dans une situation dans laquelle ils font de plus en plus fassent
aux guerres identitaires.
Dans un ouvrage le professeur Ngoie-Ngalla138(*) analyse et décrit des
rapports d'incompatibilité entre communautés culturelles depuis
de long siècles, se manifestant par des relations d'exclusion, que le
colonisateur , par ignorance, sans doute , avaient mis sur un même espace
social. Sans pour autant prendre le temps de régler leurs
particularismes et leurs différences estime le professeur.
Le principe d'exclusion, qui est le fondement de
l'idéologie de l'ethnie, fait échouer toute tentative des
politiciens qu'ont révélée le colonisateur après
les indépendances , pour greffer sur l'État multiethnique qu'ils
héritent , le principe de l'ordre républicain. L'ethnie selon le
professeur Ngoie -Ngalla est un état fragile qui reste en permanence
exposée à l'explosion des violences des pluralismes qui
s'adaptent mal139(*)
.
Actuellement lorsqu'on observe bien le continent africain
et surtout les États membres du MAEP, nous pouvons aisément
constater que les violences identitaires, ethniques ou tribales sont de
plusieurs origines mais ont pour tous le même instigateur qui sont les
politiques qui pour des causes politiciennes instrumentalise les tribus. Cette
instrumentalisation politique conduit à d'énormes violations des
droits de l'homme à travers les conséquences de ces conflits
identitaires qui se manifeste par des génocides comme au Rwanda entre la
communauté Hutu et Tutsi.
Pour parvenir à créer des conflits
tribaux en Afrique, les élites politiques se concentre à violer
d'autres droits de l'homme dans leur différent pays. Ainsi, nous avons
des pays dont le taux d'alphabétisation est très faible. Les
populations ne sachant pas lire encore moins écrire seront facilement
manipulées par des politiciens pour que les communautés ethniques
s'opposent entre elles. C'est l'une des raisons qui ont favorisé la
guerre en Côte d'Ivoire entre 2000 et 2010 de même qu'au Rwanda. En
dehors de l'ignorance nous avons aussi comme facteurs de division des tribus
dans les pays africains, la pauvreté. La misère qui existe dans
presque l'ensemble du pays et dont la grande partie des populations baignent au
quotidien est l'élément dont les hommes politiques de tout bord
utilise pour opposer des communautés et se maintenir au pouvoir. Nous
constatons avec regret que les personnalités politiques africaines
maintiennent volontairement les populations dans la pauvreté pour mieux
les manipuler. Autrement dit, diviser les populations par la mauvaise
répartition des ressources du pays pour se maintenir au pouvoir en
opposant les communautés. Cela peut aussi s'illustrer par la
présentation d'une communauté comme étant
supérieure aux autres.
Tous ces éléments de divisions participent au
ralentissement des droits de l'homme dans les pays africains plus
précisément dans les pays membre du MAEP.
Section 2 : Les insuffisances du Mécanisme
Africain d'Évaluation par les Pairs
Le MAEP est une initiative originale, un instrument
conçu par les Africains pour faire l'auto évaluation de leurs
gouvernances économique, politique, démocratique, et
socio-économique et des entreprises qui datent de 2003. Regroupant 34
pays sur 54 en septembre 2014 sur la base d'une adhésion volontaire.
Le MAEP a été conçu après que les
États africains ont créé le Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique (NEPAD). Ils se sont rendus compte que
l'Afrique possède des ressources, dont dépendent le
développement et la croissance. Après un bon diagnostic on s'est
rendu compte qu'il y avait un problème de gouvernance qui se posait en
Afrique. Le NEPAD a été conçu et adopté en
2001 ; et il y a eu de la déclaration sur la démocratie, la
gouvernance politique, la gouvernance économique et l'intégration
en 2002. Mais il fallait opérationnaliser cette
déclaration ; C'est ainsi qu'en 2003, on a pensé à
mettre en oeuvre le MAEP, qui est d'abord un diagnostic, puis une
évaluation par les peuples et en suite par les Pairs. L'instrument
d'accompagnement des États africains vers le développement
politique, pour ce qui est de notre sujet, a des insuffisances qui lui sont
inhérentes.
I- Un positionnement ambigu des bailleurs de fonds et
difficultés administratives, Faiblesse de la sensibilisation
populaire
Le Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs
a pour objectif d'accompagner les États membres vers le
développement politique mais à bien y regarder l'on constate que
cet instrument a des difficultés liées au financement et la
sensibilisation populaire.
A- Un positionnement ambigu des bailleurs de fonds et
insuffisance des moyens financiers
Le rôle des partenaires au développement
extérieurs concerne le financement du processus lui-même, et le
risque d'interférence que celui-ci pourrait engendrer :
« Le MAEP fait partie de ces initiatives permettant de
maîtriser les importations politiques et d'instaurer les règles de
la modernité propres à chaque continent » affirme
M. Ould- Aoudia.140(*)C'est à ce titre que celui-ci s'interroge sur
l'impact de l'implication des bailleurs extérieurs dans le processus
(comme la Banque mondiale ou des bilatéraux), au risque de les voir
imposer des concepts et des modèles propres aux systèmes
occidentaux, ce qui serait contradictoire avec la logique interne du MAEP.
C'est précisément ce danger d'une perte de contrôle et de
sens du mécanisme que combattent fermement les membres du panel, comme
nous le rappelle DMuwonge « Le Panel actuel rend impossible
toute forme d'ingérence, et ce grâce à
l'indépendance et la personnalité de ses membres. Ce Panel a
toujours accepté les financements proposés mais pas l'influence
sur le processus ».141(*)Mme Savané confirme cette démarche
résolue du Panel à « internationaliser » le
processus, démarche qui semblait loin d'être acquise lors des
prémices du mécanisme et de son lancement officiel.
Résistance affichée donc d'une intervention directe des
partenaires au développement dans le processus, qui traduit de
manière plus large une dynamique encore largement ambiguë des
relations d'aide au développement ; Ainsi Ross Herbert pensent
que : « Il n'y a pas encore assez de
sincérité dans les relations d'aide. Les financements
extérieurs ont généralement pour ambition de
réorienter une partie de l'action du partenaire, de le forcer à
partir sur des voies spécifiques. Ce contrôle des bailleurs passe
généralement par un contrôle étroit des
dépenses de leur partenaire ». La position des chefs
d'État est ambiguë sur l'aide des bailleurs de fonds au MAEP. D'un
côté, la signature d'un engagement au sein du MAEP apparait pour
nombre de pays africains comme un levier politique vis-à-vis des pays du
Nord.
Un autre aspect à déplorer porte sur
l'insuffisance des moyens financiers ; plusieurs promesses de financement
n'ont pas été tenues, si bien qu'au Bénin sur les US$
450 000 prévus au budget du processus seuls US$ 350 000 de
contribution ont pu être recueillis. Une des conséquences de cette
insuffisance des moyens financiers est que les membres de la Commission
nationale devaient servir de façon bénévole, ce qui a eu
un impact négatif sur la qualité de la participation. Plusieurs
personnes membres de la Commission nationale qui se sont rendu compte que la
présence au sein de la Commission n'était pas
rémunérée ont abandonné le travail chemin faisant
et la tache a pesé sur les autres. C'est l'espoir d'un payement du
travail fait au sein de la Commission qui aurait fait gonfler le nombre de
membres à 97 au départ. On a aussi noté une
mobilité au niveau de certains agents désignés comme
points focaux à des niveaux donnés, ce qui a causé
quelques flottements.
L'insuffisance en moyens financiers a également
eu un impact négatif sur la qualité du travail de terrain,
d'après l'opinion générale, des acteurs du processus. Par
exemple, les acteurs du processus ont éprouvé des
difficultés à se déplacer pour joindre certaines
localités. En effet, il a été mis à la disposition
des communes de CFA 2000(US$ 4) pour le déplacement des points focaux.
Une telle somme est de façon insuffisante. Dans les départements,
notamment ceux du Nord Bénin, où les distances sont longues entre
les différentes localités du fait des très grandes
superficies, une telle somme peut même être
considérée comme dérisoire voire ridicule. Certains points
focaux ont reconnu que le travail n'a pas pu se faire correctement faute de
moyens de déplacement ou de communication. D'autres points focaux,
notamment ceux issus des préfectures, ont déploré le fait
que la priorité ait été accordée aux communes en ce
qui concerne la descente sur le terrain. Ainsi, bien que cela ait
été initialement prévu, ils n'ont pas toujours pu se
rendre sur le terrain pour le suivi du processus.142(*)
B- Difficultés administratives et Faiblesse de
la sensibilisation populaire
Le processus d'auto-évaluation a commencé
dans une certaine confusion due aux nombreuses insuffisances administratives de
la structure chargée de sa conduite. Le secrétariat national du
Bénin qui était dirigé par le coordonnateur national
n'était composé que d'une secrétaire comptable et d'un
conducteur de véhicule. Un consultant en communication a
momentanément appuyé ce secrétariat, mais il est
évident que ce personnel réduit a eu beaucoup de
difficultés à faire face efficacement aux nombreuses attributions
et sollicitations qui étaient les siennes. Par ailleurs, le
secrétariat n'avait pas de locaux propres et était
hébergé par deux bureaux au sein du ministère des affaires
étrangères et de l'intégration africaine du Bénin,
ce qui n'a pas donné une visibilité suffisante aux
activités du secrétariat.
De même au Togo le secrétariat s'est aussi
plaint de l'absence de matériel didactique (vidéo projecteur,
tableau de conférence, écran de projection, etc.) alors qu'il
devait organiser des présentations, ateliers et
séminaires.143(*)
Enfin, le retard dans le décaissement des font et certaines
difficultés de collaboration entre le coordonnateur choisi après
un test et le président de la Commission nationale ont conduit à
la démission de ce premier et à son remplacement par un autre
coordonnateur en avril 2006. Ces difficultés administratives ont eu un
impact négatif sur le déroulement des activités, en
particulier pendant leur démarrage. Par exemple, les ITR (Institut
Technique de Recherche) ont commencé leur travail avant d'avoir
passé un contrat avec la commission nationale et avant que les fonds
n'aient été mis à leur disposition.
Pour ce qui est de la faiblesse de la sensibilisation
populaire, quand les ITR ont commencé les enquêtes sur le terrain,
plusieurs de leurs interlocuteurs n'étaient pas informés de ce
qu'était le MAEP ni de l'état du processus
d'autoévaluation en cours. Ces personnes contestaient parfois la
légitimité des ITR à venir collecter toutes ces
informations auprès d'eux. Certains répondants, y compris des
autorités administratives, ont refusé de collaborer avec les
enquêteurs des ITR. Les enquêtes des ITR se sont
déroulées avant que la sensibilisation des populations et de
certaines autorités administratives déconcentrées ou
décentralisée n'ait lieu ou ne porte vraiment ses fruits. C'est
au moment des consultations nationales, c'est-à-dire, au moment
où les équipes de la commission nationale arrivaient dans des
localités pour collecter les informations, que la sensibilisation,
c'est-à-dire l'explication du MAEP et du processus
d'autoévaluation, se faisait juste avant la distribution des
questionnaires et collecte des données, points de vue,
préoccupations et recommandations des acteurs.144(*) Que dire des autres
insuffisances ?
II- Désignation des membres de la
société civile, qualité de leur participation et
difficulté d'accès aux résultats de
l'autoévaluation et de l'évaluation
Le Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs
est un instrument qui a pour objectif d'accompagner les États membres
vers le développement politique ; mais il a en lui plusieurs
insuffisantes.
A. Désignation des membres de la
société civile et qualité de leur
participation
Il faut s'arrêter sur le rôle central que doit
jouer la société civile dans le processus du MAEP. En effet, la
nouveauté qu'introduit dans les mentalités le MAEP est le fait
que les dirigeants africains puissent être évalués par
leurs Pairs. La réelle révolution se situe quant à elle
dans le fait que les dirigés aient leur mot à dire à
travers des remarques dont les dirigeants doivent tenir compte. Ce postulat
étant posé, qui mieux d'autre que la société
civile, qui est censée représenter les populations, peut
valablement jouer ce rôle ? Les regards étaient ainsi
tournés vers cette dernière pour savoir si elle a rempli ses
devoirs et obligations en représentant dignement les populations.
Au sein de la commission nationale
indépendante, la société civile était largement
représentée. Seulement, les associations qui devaient envoyer les
membres au sein de la commission étaient désignées
d'offices par l'État, dans le décret portant création de
la commission nationale. Cette sélection officielle était
malgré l'existence d'un cadre de concertation de la
société civile qui aurait pu valablement opérer les
désignations souhaitées et transmettre la liste au gouvernement
comme cela se fait pour la désignation des organisations de la
société civile au sein de la commission nationale
électorale et de ses démembrements. Il est vrai que certains
réseaux phares de la société civile se retrouvent dans la
liste du gouvernement. C'est le cas au Bénin du Front National
Anti-corruption (FONAC) qui lutte contre la corruption et de Social Watch qui
contrôle l'action publique.145(*) On peut remarquer que certaines associations assez
représentatives et menant des actions sur toute l'étendue du
territoire national n'ont pas été associées malgré
la pertinence de leurs actions. On ne saurait dire que cela ait
été fait exprès, car il est difficile d'intégrer
tout le monde dans un processus ; mais on constate quand même que,
par exemple, certaines associations ou réseaux très
représentatifs menant des actions dans le domaine du genre n'ont pas
été associés. Les considérations
sexo-spécifique (de genre) n'ont pas été prises en compte
comme cela aurait dû l'être, malgré la présence
d'association de femmes. En la matière, il est surprenant que des
réseaux connus et très actifs tels que WILDAF (women in Law and
development in Africa, section Bénin) et le RIFONGA (Réseau pour
l'intégration des femmes des ONG et associations africaines) n'aient pas
été associés directement dans le processus. La
présidente du WILDAF a déploré cet état de choses.
Toutefois, à la décharge du gouvernement béninois, WILDAF
est membre du réseau Social Watch. De plus, la vice-présidente de
la Commission nationale bien qu'ayant été impliquée comme
vice-présidente de la commission nationale en sa qualité de
membre du FONAC, est également la présidente du RIFONGA et a dit
avoir fait de son mieux pour que le genre soit pris en compte146(*).
B. Difficultés d'accès aux
résultats de l'autoévaluation et de
l'évaluation
Alors que le processus est considéré comme
participatif, les résultats de l'autoévaluation n'ont pas
été rendus possibles au public. Aucun centre d'information ou de
documentation, ne serait-ce que ce que sur le processus du MAEP, n'a
été prévu, même si le PNUD-Bénin a
consacré un numéro de son magazine à la mission
d'évaluation. C'est sous le sceau de l'anonymat que, grâce
à des relations personnelles, les différents documents du
processus ont pu être obtenus pour l'analyse la rédaction de la
présente étude.
Cette confidentialité cadre mal avec le souhait d'un
travail participatif. Heureusement dans la plus part des pays membres, une
séance publique de lancement du rapport a été
organisée et le rapport distribué aux invités. Mais il
reste des efforts de divulgation de ce rapport à faire. Ainsi dans les
pays comme le Cameroun il est très difficile d'avoir des informations
sur l'auto-évaluation et de l'évaluation. Au Bénin, le
réseau Social Watch a appelé le gouvernement à associer
tous ceux qui ont participé à l'auto-évaluation et
à l'évaluation pour qu'ensemble avec toutes les personnes
intéressées, un travail de suivi de la mise en oeuvre soit
fait.147(*)
Conclusion du
quatrième chapitre
La volonté des États membres du MAEP à
promouvoir en leur sein le développement politique à travers la
mise en place de la democratie et le respect des droits de l'homme est
réelle. Mais ce processus rencontre d'énormes difficultés
qui sont d'ordre socioéconomique à travers le néo
patrimonialisme de même que les que les difficultés socio
identitaires. L'instrument d'évaluation de la mise en place de la
democratie et du respect des droits de l'homme rencontre lui aussi des
difficultés qui sont sur le plan du financement qui est
insuffisant ; ainsi que la participation de tous les acteurs de la
société dans le processus d'évaluation ce qui n'est pas
encore effectif ou du moins présente encore quelques limites.
En définitive, la seconde partie de notre travail
consistait à démontrer que les États membres du
Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs ont fait des
progrès dans le développement politique, plus
précisément en renforçant la démocratie dans ces
pays et en respectant les droits de homme. Mais il reste également
beaucoup à faire, car on observe encore des actes anti
démocratiques et des atteintes aux droits de l'homme et enfin des
insuffisances liées à l'instrument d'évaluation.
CONCLUSION GENERALE
En définitive, l'étude portée sur
la thématique L'Union Africaine (UA) et l'accompagnement du
développement politique en Afrique ; atteste que l'organisation
panafricaine contribue au développement politique de ses États
membres. Ainsi au cours de notre travail dans la première partie, il a
été question de montrer que l'UA dans son objectif du
développement politique de ses États membres, a mis sur pied un
instrument d'accompagnement politique qui est le Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs (MAEP). C'est une initiative originale, un
instrument conçu par les africains pour faire l'autoévaluation
politique, démocratique et des droits de l'homme, cet outil a
été présenté comme un instrument auquel
adhérent volontairement les États membres de l'Union Africaine en
tant que mécanisme africain d'auto-évaluation, et l'illustration
de sa mise en oeuvre dans les pays membres du MAEP, cela se fait par
l'installation d'un point focal et s'accompagne dans son évaluation des
membres de la société civile et des autres partenaires.
Les États membres du Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs ont fait de réel progrès dans
le développement politique. Ainsi nous constatons que la
démocratie a beaucoup évolué dans ces États le
multipartisme est présent, les élections sont
régulièrement tenues dans une transparence contestée etc.
Le respect des droits de l'homme est de plus en plus effectif dans les
États à travers l'égalité de tous devant la loi,
l'égalité de genre, le droit de tous à
l'éducation.
Malgré le progrès que les États
membres du MAEP ont fait sur la démocratie et les droits de l'homme, ces
pays font encore preuves de tares liées à des conditions
socioculturelles et socioéconomiques qui mettent en mal la marche vers
une réalité démocratique et le respect des droits de
l'homme dans les pays africains, etc. Mais aussi le Mécanisme Africain
d'Évaluation par les Pairs porte en lui-même des insuffisances
à son accompagnement au développement politique. Ainsi nous
pouvons en déduire que l'UA a pour le moment un bilan mitigé dans
sa contribution au développement politique des États membres, car
les avancée réalisées sur la démocratie et les
droits de l'homme sont atténuées par les abus quotidiens des
principes démocratiques et des droits de l'homme.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
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TEXTES JURIDIQUES NATIONAUX ET
INTERNATIONAUX
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Ø Charte africaine des droits et du bienêtre de
l'enfant, Addis-Abeba, 30 juillet 1990.
Ø Charte africaine de la démocratie, les
élections et la gouvernance, Addis-Abeba, 30 janvier 2007.
Ø Protocole relatif à la charte africaine des
droits de l'homme et des peuples se rapportant aux droits des femmes, Maputo,
juillet 2003.
Ø Constitution de la République
Démocratique du Congo de 2006.
Ø Constitution du Cameroun du 18 janvier 1996.
Ø Loi n°96-06 du 18 janvier 1996 portant
révision de la Constitution du Cameroun du 02 juin 1972.
Ø Arrêté n°.../MAEIA/DC/SGM/DAJDH/DIA
portant création, attribution, composition, organisation et
fonctionnement de la « Commission Nationale Indépendante de
mise en oeuvre du MAEP », Bénin, 2005.
Ø Décret n°2008-177/PR portant nomination
du Président de la Commission Nationale du MAEP, Cotonou, 2008.
Ø Décret n°2010-092/PR relatif à la
Commission nationale du MAEP, Cotonou, 2010.
Ø Décret n°2009-226 du 05 juin 2009
(modifiant celui n°2008-378 du 24 juin 2008) portant création,
attributions organisation et fonctionnement de la Commission Nationale de
Gouvernance dans le cadre du MAEP, Bénin 24 juin 2008.
RAPPORTS ET TEXTES SUR LES ACTIVITES DU
MAEP
ü Babatoundé Latoundjii Alain,
« Mise en oeuvre du Mécanisme Africain d'Évaluation par
les Pairs en Afrique de l'Ouest », rapport de recherche
préparatoire à la conférence, Montréal,
février 2011.
ü Badet Gilles, « Le
Bénin et le Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs,
consolider les acquis démocratiques, une évaluation critique du
processus du MAEP au Bénin », Université
d'Abomey-Calavi, juillet 2008.
ü Document de travail des Chefs d'État lors du
6eme Sommet du Comité des Chefs d'État et de Gouvernement
chargé de la mise en oeuvre du NEPAD du 09 mars 2003 à Abuja au
Nigeria.
ü Ewang N. Peter,
« L'économie politique de la transformation rurale en
Afrique », Cotonou, 02-04 mai 2013.
ü Natama Jean-Baptiste,
« Rôle des Parlementaires dans la mise en oeuvre du
Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs »,
Addis-Abeba 12-14 mai 2010.
ü Sededji philippe, Rapport de
référence en vue de la préparation de la conférence
sous régionale d'opérationnalisation du centre régional
pour l'avancement du MAEP en Afrique de l'Ouest (CRAMAO), octobre 2010.
ü Rapport d'évaluation de la République
algérienne démocratique et populaire, Alger, juillet 2007.
ü Manuel pédagogique, Maintien de l'ordre et
respect de la liberté d'expression, publié en France par
l'UNESCO, Paris, 2014.
ü L'allocution du Ministre en charge des Affaire
Étrangères lors de la cérémonie de l'installation
officielle de la Commission Nationale Indépendante de mise en oeuvre du
Bénin, 14 novembre 2005.
ü UNICEF 1994, Rapports sexuels précoces
accroissent fortement le risque de contamination par le VIH.
THESE
ISSAKA Souaré, « Les Partis
politiques de l'opposition en Afrique de l'Ouest et leur quête pour le
pouvoir d'État : cas du Bénin, du Ghana, et de la
Guinée », Thèse présenté à
l'Université du Québec à Montréal, juin 2010.
COURS
· Le système africain de protection des droits de
l'homme ; Cours de Licence 1, dispensé par Fatou Kiné Camara
Docteure d'État en droit, chargée d'enseignement à
l'Université Cheik Anta Diop, Dakar.
· Cours de Science administrative, licence 2 science
politique ; dispensé par Docteur Moluh, à
l'Université de Yaoundé II.
REVUES
ü Beland Daniel, « Le
néo-institutionnalisme historique et politique sociale. Une perspective
sociologique », in l'approche néo-institutionnaliste en
Science politique. Revue Politique et société, vol 21, n°3,
2002.
ü Cahiers juridiques et politiques, Revue de la
Faculté de Science Juridiques et Politiques, Université de
Ngaoundéré, Les Éditions Rousseau, 2013.
ü Dankwart Rustow, «Transitions
to Democracy, Towards a Dynamic Model», Comparative Politics, vol. 2,
n 3, 1970.
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Corruption, Croissance et democratie en Afrique : la difficile
consolidation, Cahiers WORKING PAPER, 2015.
ü Gruzd Steven, « Le
Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs :
Évaluer les origines, les relations institutionnelles et les
réalisations, Afrique du Sud », avril 2009.
ü Magnoux Claire, « Le
Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs : Un outil au
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d'information sur la paix et la sécurité, Bruxelles, 14 septembre
2014.
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« genrée », dans MONDES EN DEVELOPPEMENT
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les limites-de-la-démocratie. Html. Consulté le 05 juin 2015.
Ø
www.toupie.org/Dictionnaire, Lexique de la politique :
Qu'est-ce que le libéralisme ? Consulté le 20 mars 2015.
Ø
www.nepad.org/fr/...mécanisme-africain-d'évaluation par-
les pairs-maep...Qu'est-ce que le mécanisme africain d'évaluation
par les pairs (MAEP) ? Pour quelle raison a-t-il été
créé ? Quels sont des antécédents
historiques ? Consulté le 02 février 2015.
Ø
www.un.org/.../le-mécanisme-africain-d'évaluation par
les-pairs-atteints-s...Une rencontre de haut niveau
intitulée « innovation africaine en matière de
gouvernance : le cas du Mécanisme Africain d'Évaluation par
les Pairs. Consulté 02 juin 2015.
Ø
www.institut.gouvernance.org/za/.../mécanisme-africain-d-evaluation
par les Pairs. Depuis sa mise en place, le MAEP...il interroge d'abord les
États africains sur le rôle et la valeur d'une évaluation.
Consulté le 5 mai 2015.
Ø
www.Saiia.org.Za/.../122-le-mécanisme-africain-d'évaluation par
les Pairs...article est le résultat d'une recherche
commandée par le programme de gouvernance et du Mécanisme
Africain d'Évaluation par les Pairs (MAEP) de Saiia. Consulté le
04 mars 2015.
Ø Philippelandeux.hautetfort.com/archive/2012/01/02/
les limites-de-la-démocratie. Html, consulté le 5 juin 2015.
ANNEXES
ANNEXE 1 : Une double armature
institutionnelle
Le mécanisme comporte une double structure
institutionnelle, au niveau continental et national
Source : Secrétariat du MAEP, 12-14 mai 2010.
Centre de conférence des Nations Unies(CCNU) Addis-Abeba.
ANNEXE 2
CHARTE AFRICAINE DE LA DEMOCRATIE,
DES ELECTIONS,
ET DE LA
GOUVERNANCE
PREAMBULE
Nous, États membres de l'Union africaine (UA) ;
Inspirés par les objectifs et
principes énoncés dans l'Acte constitutif de l'Union
africaine,
En particulier, en ses articles 3 et 4 qui soulignent
l'importance de la bonne gouvernance,
De la participation populaire, de l'État de droit et
des droits de l'homme ;
Reconnaissant les contributions de l'Union
africaine et des Communautés économiques
Régionales à la promotion, à la
protection, au renforcement et à la consolidation de la
Démocratie et de la bonne gouvernance ;
Réaffirmant notre volonté
collective d'oeuvrer sans relâche pour l'approfondissement et la
consolidation de la démocratie, de l'État de
droit, de la paix, de la sécurité et du
développement dans nos pays ;
Guidés par notre mission commune de
renforcer et de consolider les institutions de bonne
Gouvernance, l'unité et la solidarité à
l'échelle continentale ;
Résolus à promouvoir les
valeurs universelles et les principes de la démocratie, la bonne
gouvernance, les droits de l'homme et le droit au
développement ;
Conscients des conditions historiques et
culturelles en Afrique ;
Soucieux d'enraciner dans le continent une
culture d'alternance politique fondée sur la
tenue régulière d'élections
transparentes, libres et justes, conduites par des organes
électoraux nationaux, indépendants,
compétents et impartiaux ;
Préoccupés par les changements
anticonstitutionnels de gouvernement qui constituent
l'une des causes essentielles d'insécurité,
d'instabilité, de crise et même de
violents affrontements en Afrique ;
Résolus à promouvoir et
à renforcer la bonne gouvernance par l'institutionnalisation de la
transparence, de l'obligation de rendre compte et de la
démocratie participative ;
Convaincus de la nécessité de
renforcer les missions d'observation des élections dans le
rôle qu'elles jouent, particulièrement en ce
qu'elles concourent de manière notable à
assurer la régularité, la transparence et la
loyauté des élections ;
Désireux de renforcer les principales
déclarations et décisions de l'OUA/UA, notamment
la Déclaration des chefs d'Etat et de gouvernement de
l'OUA de 1990 sur la situation
politique et socio économique en Afrique et les
changements fondamentaux intervenus
dans le monde, l'Agenda du Caire de 1995 pour la relance
économique et le
2
développement social en Afrique, la Décision
d'Alger de 1999 sur les changements
anticonstitutionnels de gouvernement, la Déclaration de
Lomé de 2000 sur une réaction
de l'OUA face aux changements anticonstitutionnels de
gouvernement, la Déclaration de
l'OUA/UA sur les principes régissant les
élections démocratiques en Afrique adoptée en
2002, le Protocole de 2003 portant création du Conseil
de Paix et de Sécurité de l'Union
africaine.
Résolus à mettre en oeuvre les
décisions EX.CL/Dec.31(III) et EX.CL/124 (V)
respectivement adoptées à Maputo, Mozambique, en
juillet 2003 et à Addis Abeba,
Ethiopie, en mai 2004 par l'adoption d'une Charte africaine de
la Démocratie, des
Elections et de la Gouvernance ;
SOMMES CONVENUS DE CE QUI SUIT :
CHAPITRE I
DEFINITIONS
ARTICLE PREMIER
Dans la présente Charte, sauf indication contraire, les
expressions ci-après signifient :
« Acte constitutif » : l'Acte
constitutif de l'Union africaine ;
« Commission » : la Commission de
l'Union africaine ;
« Commission africaine des Droits de l'homme et
des Peuples» : la Commission des
droits de l'homme et des Peuples ;
« Communautés économiques
régionales » : les groupements régionaux
d'intégration
de l'Union africaine ;
« Charte » : la Charte africaine de
la démocratie, des élections et de la gouvernance ;
« Conférence » : la
Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union
africaine ;
« Conseil de Paix et de Sécurité
» : le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union
africaine ;
« Etats membres » : les Etats
membres de l'Union africaine;
« Etat partie » : tout Etat membre
de l'Union africaine ayant ratifié ou adhéré à
la
présente Charte et déposé les instruments
de ratification ou d'adhésion auprès du
président de la Commission de l'Union africaine ;
« Mécanisme africain d'évaluation
par les pairs » MAEP : Mécanisme africain
d'évaluation par les Pairs ;
« NEPAD » : le Nouveau partenariat
pour le Développement de l'Afrique ;
« Organe Electoral National » :
l'autorité compétente établie par les
instruments
juridiques pertinents de l'Etat partie, chargée de
l'organisation ou de la supervision et du
contrôle des élections ;
« UA » : l'Union africaine ;
« Union » : l'Union africaine.
3
CHAPITRE II
DES OBJECTIFS
Article 2
La présente Charte a pour objectifs de :
1. Promouvoir l'adhésion de chaque Etat partie aux
valeurs et principes universels
de la démocratie et le respect des droits de
l'homme.
2. Promouvoir et renforcer l'adhésion au principe de
l'Etat de droit fondé sur le
respect et la suprématie de la Constitution et de
l'ordre constitutionnel dans
l'organisation politique des Etats parties.
3. Promouvoir la tenue régulière
d'élections transparentes, libres et justes afin
d'institutionnaliser une autorité et un gouvernement
légitimes ainsi que les
changements démocratiques de gouvernement.
4. Interdire, rejeter et condamner tout changement
anticonstitutionnel de
gouvernement dans tout Etat membre comme étant une
menace grave à la
stabilité, à la paix, à la
sécurité et au développement.
5. Promouvoir et protéger l'indépendance de
la justice.
6. Instaurer, renforcer, et consolider la bonne gouvernance
par la promotion de la
pratique et de la culture démocratiques,
l'édification et le renforcement des
institutions de gouvernance et l'inculcation du pluralisme et
de la tolérance
politiques.
7. Encourager la coordination effective et l'harmonisation
des politiques de
gouvernance entre les Etats parties, dans le but de promouvoir
l'intégration
régionale et continentale.
8. Promouvoir le développement durable des Etats
parties et la sécurité humaine.
9. Promouvoir la prévention et la lutte contre la
corruption conformément aux
stipulations de la Convention de l'Union africaine sur la
prévention et la lutte
contre la corruption adoptée à Maputo,
Mozambique, en juillet 2003.
10. Promouvoir la création des conditions
nécessaires pour faciliter la participation
des citoyens, la transparence, l'accès à
l'information, la liberté de presse et
l'obligation de rendre compte de la gestion des affaires
publiques.
11. Promouvoir l'équilibre entre homme et femme ainsi
que l'égalité dans les
processus de gouvernance et de développement.
4
12. Renforcer la coopération entre l'Union, les
Communautés économiques
régionales et la communauté internationale en
matière de démocratie,
d'élections et de gouvernance.
13. Promouvoir les meilleures pratiques dans l'organisation
des élections aux fins
de stabilité politique et de bonne gouvernance.
CHAPITRE III
DES PRINCIPES
Article 3
Les Etats parties s'engagent à mettre en oeuvre la
présente Charte conformément aux
principes énoncés ci-après :
1. Le respect des droits de l'homme et des principes
démocratiques.
2. L'accès au pouvoir et son exercice,
conformément à la Constitution de l'Etat
partie et au principe de l'Etat de droit.
3. La promotion d'un système de gouvernement
représentatif.
4. La tenue régulière d'élections
transparentes, libres et justes.
5. La séparation des pouvoirs.
6. La promotion de l'équilibre entre les hommes et
les femmes dans les
institutions publiques et privées.
7. La participation effective des citoyens aux processus
démocratiques et de
développement et à la gestion des affaires
publiques.
8. La transparence et la justice dans la gestion des
affaires publiques.
9. La condamnation et la répression des actes de
corruption, des infractions et de
l'impunité qui y sont liées.
10. Le rejet et la condamnation des changements
anticonstitutionnels de
gouvernement.
11. Le renforcement du pluralisme politique, notamment par la
reconnaissance du
rôle, des droits et des obligations des partis
politiques légalement constitués, y
compris les partis politiques d'opposition qui doivent
bénéficier d'un statut sous
la loi nationale.
5
CHAPITRE IV
DE LA DEMOCRATIE, DE L'ETAT DE DROIT ET DES DROITS DE
L'HOMME
Article 4
1. Les Etats parties prennent l'engagement de promouvoir la
démocratie, le principe
de l'Etat de droit et les droits de l'homme.
2. Les Etats parties considèrent la participation
populaire par le biais du suffrage
universel comme un droit inaliénable des peuples.
Article 5
Les Etats parties prennent les mesures appropriées afin
d'assurer le respect de l'ordre
constitutionnel, en particulier le transfert constitutionnel
du pouvoir.
Article 6
Les Etats parties s'assurent que les citoyens jouissent
effectivement des libertés et droits
fondamentaux de l'homme en prenant en compte leur
universalité, leur interdépendance
et leur indivisibilité.
Article 7
Les Etats parties prennent toutes les mesures
nécessaires en vue de renforcer les
Organes de l'Union qui sont chargés de promouvoir et de
protéger les droits de l'homme
et de lutter contre l'impunité, et mettent à
leur disposition les ressources nécessaires.
Article 8
1. Les Etats parties éliminent toutes les formes de
discrimination, en particulier celles
basées sur l'opinion politique, le sexe, l'ethnie, la
religion et la race, ainsi que toute
autre forme d'intolérance.
2. Les Etats parties adoptent des mesures
législatives et administratives pour garantir
les droits des femmes, des minorités ethniques, des
migrants et des personnes
vivant avec handicap, des réfugiés et des
personnes déplacées et de tout autre
groupe social, marginalisé et vulnérable.
3. Les Etats parties respectent la diversité
ethnique, culturelle et religieuse, qui
contribue au renforcement de la démocratie et de la
participation des citoyens.
6
Article 9
Les Etats parties s'engagent à élaborer et
à mettre en oeuvre des politiques et
programmes sociaux et économiques susceptibles de
promouvoir le développement
durable et la sécurité humaine.
Article 10
1. Les Etats parties renforcent le principe de la
suprématie de la Constitution dans
leur organisation politique.
2. Les Etats parties doivent s'assurer que le processus
d'amendement ou de révision
de leur Constitution repose sur un consensus national
comportant, le cas échéant,
le recours au référendum.
3. Les Etats parties protègent le droit à
l'égalité devant la loi et à la protection
égale
par la loi comme condition préalable fondamentale pour
une société juste et
démocratique.
CHAPITRE V
DE LA CULTURE DEMOCRATIQUE ET DE LA PAIX
Article 11
Les Etats parties s'engagent à élaborer les
cadres législatif et politique nécessaires à
l'instauration et au renforcement de la culture, de la
démocratie et de la paix.
Article 12
Les Etats parties s'engagent à mettre en oeuvre des
programmes et à entreprendre des
activités visant à promouvoir des principes et
pratiques démocratiques ainsi qu'à
consolider la culture de la démocratie et de la
paix.
A ces fins, les Etats parties doivent :
1. Promouvoir la bonne gouvernance, notamment par la
transparence et
l'obligation de rendre compte de l'administration.
2. Renforcer les institutions politiques pour asseoir une
culture de la démocratie
et de la paix.
3. Créer les conditions légales propices
à l'épanouissement des organisations
de la société civile.
7
4. Intégrer dans leurs programmes scolaires
l'éducation civique sur la
démocratie et la paix et mettre au point les programmes
et activités
appropriés.
Article 13
Les Etats parties prennent des mesures pour établir et
maintenir un dialogue politique et
social, ainsi que la transparence et la confiance entre les
dirigeants politiques et les
populations en vue de consolider la démocratie et la
paix.
CHAPITRE VI
DES INSTITUTIONS DEMOCRATIQUES
Article 14
1. Les Etats parties renforcent et institutionnalisent le
contrôle du pouvoir civil
constitutionnel sur les forces armées et de
sécurité aux fins de la consolidation de la
démocratie et de l'ordre constitutionnel.
2. Les Etats parties prennent les mesures
législatives et réglementaires nécessaires
pour traduire en justice toute personne qui tente de renverser
un gouvernement
démocratiquement élu par des moyens
anticonstitutionnels.
3. Les Etats parties coopèrent entre eux pour
traduire en justice toute personne qui
tente de renverser un gouvernement démocratiquement
élu par des moyens
anticonstitutionnels.
Article 15
1. Les Etats parties établissent des institutions
publiques qui assurent et soutiennent la
promotion de la démocratie et de l'ordre
constitutionnel.
2. Les Etats parties veillent à ce que la
Constitution garantisse l'indépendance ou
l'autonomie desdites institutions.
3. Les Etats parties veillent à ce que ces
institutions rendent compte aux organes
nationaux compétents.
4. Les Etats parties fournissent aux institutions
susvisées les ressources nécessaires
pour s'acquitter de manière efficiente et efficace des
missions qui leur sont
assignées.
Article 16
Les Etats parties coopèrent, aux niveaux
régional et continental, à l'instauration et à la
consolidation de la démocratie par l'échange de
leurs expériences.
8
CHAPITRE VII
DES ELECTIONS DEMOCRATIQUES
ARTICLE 17
Les Etats parties réaffirment leur engagement à
tenir régulièrement des élections
transparentes, libres et justes conformément à
la Déclaration de l'Union sur les Principes
régissant les Elections démocratiques en
Afrique.
A ces fins, tout Etat partie doit :
1. Créer et renforcer les organes électoraux
nationaux indépendants et
impartiaux, chargés de la gestion des
élections.
2. Créer et renforcer les mécanismes
nationaux pour régler, dans les meilleurs
délais, le contentieux électoral.
3. Faire en sorte que les partis et les candidats qui
participent aux élections
aient un accès équitable aux médias
d'Etat, pendant les élections.
4. Adopter un code de conduite qui lie les partis
politiques légalement reconnus,
le gouvernement et les autres acteurs politiques avant,
pendant et après les
élections. Ce code contient un engagement des acteurs
politiques à accepter
les résultats des élections ou de les contester
par des voies exclusivement
légales.
Article 18
1. Les Etats parties peuvent solliciter auprès de la
Commission, par le truchement de
l'Unité et du Fonds d'appui à la
démocratie et d'assistance électorale, des services
de consultations ou de l'assistance pour renforcer et
développer leurs institutions et
leurs processus électoraux.
2. La Commission peut, à tout moment, en
concertation avec l'Etat partie concerné,
envoyer des missions consultatives spéciales pour
fournir à cet Etat partie
l'assistance en vue de renforcer ses institutions et processus
électoraux.
Article 19
1. L'Etat partie informe la Commission des élections
prévues et l'invite à lui envoyer
une mission d'observation des élections.
2. L'Etat partie garantit la sécurité de la
mission, le libre accès à l'information, la non
ingérence dans ses activités, la libre
circulation ainsi que sa pleine coopération à la
mission d'observation des élections.
9
Article 20
Le Président de la Commission envoie d'abord une
mission exploratoire au cours de la
période précédant le vote. Cette mission
recueille toutes informations et documentation
utiles et fait au Président rapport indiquant si les
conditions nécessaires sont réunies et si
l'environnement est propice pour la tenue d'élections
transparentes, libres et justes,
conformément aux principes de l'Union régissant
les élections démocratiques.
Article 21
1. La Commission veille à ce que ces missions soient
indépendantes et met à leur
disposition les ressources nécessaires pour leur
permettre d'entreprendre leurs
activités.
2. Les missions d'observation des élections sont
effectuées par les experts
compétents dans le domaine des élections
provenant d'institutions continentales et
nationales, notamment le Parlement panafricain, les organes
électoraux nationaux,
les parlements nationaux et par d'éminentes
personnalités, en tenant dûment
compte des principes de la représentation
régionale et de l'équilibre entre homme
et femme.
3. Les missions d'observation des élections sont
effectuées de manière objective,
impartiale et transparente.
4. Toutes les missions d'observation soumettent dans un
délai raisonnable leurs
rapports d'activités au président de la
Commission.
5. Un exemplaire de ce rapport est soumis dans un
délai raisonnable à l'Etat partie
concerné.
Article 22
Les Etats parties créent un environnement propice
à la mise en place de mécanismes
nationaux indépendants et impartiaux de contrôle
ou d'observation des élections.
CHAPITRE VIII
DES SANCTIONS EN CAS DE CHANGEMENT ANTICONSTITUTIONNEL
DE
GOUVERNEMENT
Article 23
Les Etats parties conviennent que l'utilisation, entre autres,
des moyens ci-après pour
accéder ou se maintenir au pouvoir constitue un
changement anticonstitutionnel de
gouvernement et est passible de sanctions appropriées
de la part de l'Union:
10
1. Tout putsh ou coup d'Etat contre un gouvernement
démocratiquement élu.
2. Toute intervention de mercenaires pour renverser un
gouvernement
démocratiquement élu.
3. Toute intervention de groupes dissidents armés
ou de mouvements rebelles
pour renverser un gouvernement démocratiquement
élu.
4. Tout refus par un gouvernement en place de remettre le
pouvoir au parti ou
au candidat vainqueur à l'issue d'élections
libres, justes et régulières.
5. Tout amendement ou toute révision des
Constitutions ou des instruments
juridiques qui porte atteinte aux principes de l'alternance
démocratique.
Article 24
Au cas où il survient, dans un Etat partie, une
situation susceptible de compromettre
l'évolution de son processus politique et
institutionnel démocratique ou l'exercice légitime
du pouvoir, le Conseil de paix et de sécurité
exerce ses responsabilités pour maintenir
l'ordre constitutionnel conformément aux dispositions
pertinentes du Protocole relatif à la
création du Conseil de paix et de
sécurité de l'Union africaine, ci-après
dénommé le
Protocole.
Article 25
1. Si le Conseil de Paix et de Sécurité
constate qu'il y a eu changement
anticonstitutionnel de gouvernement dans un Etat partie, et
que les initiatives
diplomatiques ont échoué, il prend la
décision de suspendre les droits de
participation de l'Etat partie concerné aux
activités de l'Union en vertu des
dispositions des articles 30 de l'Acte Constitutif et 7 (g) du
Protocole. La
suspension prend immédiatement effet.
2. Cependant, l'Etat partie suspendu est tenu de continuer
à honorer ses obligations
vis-à-vis de l'Union, en particulier celles relatives
au respect des droits de l'homme.
3. Nonobstant la suspension de l'Etat partie
concerné, l'Union maintient ses relations
diplomatiques et prend toutes initiatives afin de
rétablir la démocratie dans ledit Etat
partie.
4. Les auteurs de changement anticonstitutionnel de
gouvernement ne doivent ni
participer aux élections organisées pour la
restitution de l'ordre démocratique, ni
occuper des postes de responsabilité dans les
institutions politiques de leur Etat.
11
5. Les auteurs de changement anticonstitutionnel de
gouvernement peuvent être
traduits devant la juridiction compétente de
l'Union.
6. La Conférence impose des sanctions à
l'encontre de tout Etat partie qui fomente
ou soutient un changement anticonstitutionnel de gouvernement
dans un autre
Etat, et ce, en vertu des dispositions de l'article 23 de
l'Acte constitutif.
7. La Conférence peut décider d'appliquer
d'autres formes de sanctions à l'encontre
des auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement,
y compris des
sanctions économiques.
8. Les Etats parties ne doivent ni accueillir ni accorder
l'asile aux auteurs de
changement anticonstitutionnel de gouvernement.
9. Les États parties jugent les auteurs de
changement anticonstitutionnel de
gouvernement ou prennent les mesures qui s'imposent en vue de
leur extradition
effective.
10. Les Etats parties encouragent la signature d'accords
bilatéraux ainsi que l'adoption
d'instruments juridiques sur l'extradition et l'entraide
judiciaire.
Article 26
Le Conseil de Paix et de Sécurité lève
les sanctions dès que la situation qui a motivé la
suspension est résolue.
CHAPITRE IX
DE LA GOUVERNANCE POLITIQUE, ECONOMIQUE ET
SOCIALE
Article 27
Aux fins de promouvoir la gouvernance politique,
économique et sociale, les Etats parties
s'engagent à :
1. Renforcer les capacités des parlements et des
partis politiques légalement
reconnus pour leur permettre d'assumer leurs fonctions
principales.
2. Encourager la participation populaire et le partenariat
avec les organisations
de la société civile.
3. Entreprendre des réformes
régulières des systèmes juridique et judiciaire.
4. Améliorer la gestion du secteur public.
12
5. Améliorer l'efficience et l'efficacité de
l'administration publique et lutter contre
la corruption.
6. Promouvoir le développement du secteur
privé par la mise en place, entre
autres, d'un cadre législatif et réglementaire
adéquat.
7. Développer et utiliser les technologies de
l'information et de la
communication.
8. Promouvoir la liberté d'expression, en
particulier la liberté de la presse ainsi
que le professionnalisme dans les médias.
9. Mettre à profit les valeurs démocratiques
des institutions traditionnelles.
10. Désamorcer les menaces et lutter contre
l'impact des maladies telles que le
paludisme, la tuberculose, le VIH/SIDA, la fièvre Ebola
et la grippe aviaire.
Article 28
Les Etats parties favorisent l'établissement de
partenariats solides et du dialogue entre le
gouvernement, la société civile et le secteur
privé.
Article 29
1. Les Etats parties reconnaissent le rôle vital des
femmes dans la promotion et le
renforcement de la démocratie.
2. Les Etats parties créent les conditions
nécessaires pour assurer la participation
pleine et entière des femmes aux processus et
structures de prise de décision à
tous les niveaux, en tant qu'élément essentiel
de la promotion et de la pratique
d'une culture démocratique.
3. Les Etats parties prennent des mesures susceptibles
d'encourager la pleine
participation des femmes dans le processus électoral et
l'équilibre entre homme et
femme dans la représentation à tous les niveaux,
y compris au niveau des corps
législatifs.
Article 30
Les Etats parties assurent la promotion de la participation
des citoyens au processus de
développement, par des structures
appropriées.
Article 31
1. Les Etats parties font la promotion de la participation
des groupes sociaux ayant
des besoins spécifiques, y compris les jeunes et les
personnes vivant avec
handicap au processus de gouvernance.
13
2. Les Etats parties garantissent l'éducation
civique systématique et générale afin
d'encourager la pleine participation des groupes sociaux ayant
des besoins
spécifiques aux processus de la démocratie et du
développement.
Article 32
Les Etats parties prennent les mesures nécessaires en
vue d'institutionnaliser la bonne
gouvernance politique aux moyens :
1 . D'une administration publique efficace, efficiente et
soumise à l'obligation de
rendre compte.
2. Du renforcement du fonctionnement et de
l'efficacité des parlements.
3. D'un système judiciaire indépendant.
4 De réformes pertinentes des structures de l'Etat, y
compris le secteur de la
sécurité.
5. De relations harmonieuses dans la
Société, y compris entre les civils et les
militaires.
6. De consolidation des systèmes politiques
multipartites durables.
7. D'organisation régulière
d'élections transparentes, libres et justes.
8. De renforcement et de respect du principe de
l'État de droit.
Article 33
Les Etats parties institutionnalisent la bonne gouvernance
économique et des entreprises
grâce, entre autres, à :
1. La gestion efficace et efficiente du secteur
public.
2. La promotion de la transparence dans la gestion des
finances publiques.
3. La prévention et la lutte contre la corruption
et les infractions connexes.
4. La gestion efficace de la dette publique.
5. L'utilisation judicieuse et durable des ressources
publiques.
6. La répartition équitable de la richesse
nationale et des ressources
naturelles.
14
7. La réduction de la pauvreté.
8. La mise au point d'un cadre législatif et
réglementaire efficace en appui au
développement du secteur privé.
9. La création d'un environnement propice à
l'afflux de capitaux étrangers.
10. L'élaboration de politiques fiscales qui
encouragent les investissements.
11. La prévention et la lutte contre la
criminalité.
12. L'élaboration, l'exécution et la promotion
de stratégies de développement
économique, y compris les partenariats entre les
secteurs privés et public.
13. La mise en place de systèmes fiscaux efficaces
basés sur la transparence
et l'obligation de rendre compte.
Article 34
Les Etats parties procèdent à la
décentralisation en faveur des autorités locales
démocratiquement élues conformément aux
lois nationales.
Article 35
Vu le rôle primordial des autorités et
organisations traditionnelles, en particulier au niveau
des communautés rurales, les États parties
s'efforcent de trouver les moyens appropriés
d'accroître leur intégration et leur performance
dans un cadre plus vaste du système
démocratique.
Article 36
Les Etats parties font la promotion et renforcent la
gouvernance démocratique par
l'application, si nécessaire, des principes et des
valeurs fondamentales sanctionnées dans
la Déclaration du NEPAD sur la démocratie, la
gouvernance politique, économique et
d'entreprise et la mise en oeuvre du Mécanisme africain
d'Évaluation par les Pairs
(MAEP).
Article 37
Les Etats parties oeuvrent pour la démocratie, le
développement durable et la sécurité
humaine par la réalisation des objectifs du NEPAD et
des Objectifs du Millénaire des
Nations Unies pour le développement (OMD).
Article 38
1. Les Etats parties assurent la promotion de la paix, de
la sécurité et de la stabilité
dans leur pays, région et sur tout le continent par la
mise en place de systèmes
15
politiques participatifs reposant sur des institutions
opérationnelles et, en cas de
nécessité, inclusives.
2. Les États parties assurent la promotion de la
solidarité entre les États membres et
soutiennent les initiatives de prévention et de
règlement des conflits que l'Union
peut entreprendre conformément au Protocole portant
création du Conseil de paix
et de sécurité.
Article 39
Les Etats parties assurent la promotion d'une culture de
respect du compromis, du
consensus et de la tolérance comme moyens de
régler les conflits, de promouvoir la
stabilité et la sécurité politiques et
d'encourager le travail et la créativité des populations
africaines pour le développement.
Article 40
Les Etats parties adoptent et mettent en oeuvre les
politiques, les stratégies et les
programmes requis pour générer l'emploi
productif, atténuer l'impact des maladies,
réduire la pauvreté et éradiquer
l'extrême pauvreté et l'analphabétisme.
Article 41
Les Etats parties s'engagent à assurer et à
faciliter l'accès des populations aux services
sociaux de base.
Article 42
Les États parties mettent en oeuvre des politiques et
stratégies de protection de
l'environnement en vue du développement durable au
profit des générations présentes et
futures. A cet égard, les États parties sont
encouragés à adhérer aux traités et autres
instruments juridiques internationaux.
Article 43
1. Les Etats parties veillent à ce que tous les
citoyens aient accès à l'enseignement
primaire gratuit et obligatoire, en particulier les filles,
les populations des zones
rurales, les minorités, les personnes vivant avec
handicap et tout autre groupe
social marginalisé.
2. De même, les Etats parties veillent à
l'alphabétisation des citoyens ayant dépassé
l'âge scolaire obligatoire, en particulier les femmes,
les populations des zones
rurales, les minorités, les personnes vivant avec
handicap et tout autre groupe
social marginalisé.
16
CHAPTIRE X
DES MECANISMES DE MISE EN APPLICATION
Article 44
Pour honorer les engagements contenus dans la présente
Charte,
1. Au niveau de chaque Etat partie
Les États parties s'engagent à réaliser
les objectifs, à appliquer les principes et à
respecter les engagements énoncés dans la
présente Charte de la manière suivante:
a. Les États parties initient les actions
appropriées, y compris les actions
d'ordre législatif, exécutif et administratif
afin de rendre leurs lois et les
règlements nationaux conformes à la
présente Charte.
b. Les Etats parties prennent toutes les mesures
nécessaires conformément
aux dispositions et procédures constitutionnelles pour
assurer une
dissémination plus large de la présente Charte
et de toute législation
pertinente indispensable à l'application des principes
fondamentaux y
contenus.
c. Les Etats parties encouragent la volonté
politique comme une condition
nécessaire pour la réalisation des objectifs
énumérés dans la présente
Charte.
d. Les Etats parties intègrent les engagements
et principes énoncés dans la
présente Charte dans leurs politiques et
stratégies nationales.
2. Au niveau de la Commission :
A. Sur le plan continental
a. La Commission définit les critères de
mise en oeuvre des engagements et
principes énoncés dans la présente Charte
et veille à ce que les Etats
parties répondent à ces critères.
b. La Commission encourage la création des
conditions favorables à la
gouvernance démocratique sur le continent africain, en
particulier en
facilitant l'harmonisation des politiques et lois des
États parties.
c. La Commission prend les mesures nécessaires
en vue de s'assurer que
l'Unité d'appui à la démocratie et
d'assistance électorale et le Fonds d' appui
à la démocratie et d'assistance
électorale fournissent aux États parties
17
l'assistance et les ressources dont ils ont besoin pour leur
processus
électoral.
d. La Commission veille à la mise en oeuvre des
décisions de l'Union sur les
changements anticonstitutionnels de gouvernement sur le
Continent.
B. Sur le plan régional
La Commission met en place un cadre de coopération avec
les Communautés
économiques régionales pour la mise en oeuvre
des principes contenus dans la
présente Charte. A cet effet, elle entreprend les
Communautés Economiques
Régionales pour qu'elles :
a. Encouragent les États membres à
ratifier ou à adhérer à la présente
Charte.
b. Désignent les points focaux de coordination,
d'évaluation et de suivi de la
mise en oeuvre des engagements et principes
énoncés dans la présente
Charte afin de s'assurer une large participation des acteurs,
notamment des
organisations de la société civile dans le
processus.
Article 45
La Commission :
a. Agit en tant que structure centrale de coordination pour la
mise en oeuvre de
la présente Charte.
b. Assiste les États parties dans la mise en oeuvre de
la présente Charte.
c. Coordonne l'évaluation de la mise en oeuvre de la
présente Charte avec les
autres organes clés de l'Union, y compris le Parlement
panafricain, le
Conseil de Paix et de Sécurité, la Commission
africaine des Droits de
l'Homme, la Cour africaine de Justice et des Droits de
l'Homme, le Conseil
économique, social et culturel, les Communautés
économiques régionales
et les structures nationales appropriées.
CHAPITRE XI
DES DISPOSITIONS FINALES
Article 46
En vertu des dispositions pertinentes de l'Acte constitutif et
du Protocole portant création
du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union
africaine, la Conférence et le Conseil de Paix
18
et de Sécurité déterminent les mesures
appropriées à appliquer contre tout Etat partie qui
viole la présente Charte.
Article 47
1. La présente Charte est ouverte à la
signature, à la ratification et à l'adhésion des
Etats membres de l'Union conformément à leurs
procédures constitutionnelles
respectives.
2. Les instruments de ratification ou d'adhésion
sont déposés auprès du président de
la Commission.
Article 48
La présente Charte entre en vigueur trente (30) jours
après le dépôt de quinze (15)
instruments de ratification.
Article 49
1. Les États parties soumettent à la
Commission tous les deux ans, à compter de la
date de l'entrée en vigueur de la présente
Charte, un rapport sur les mesures
d'ordre législatif ou autre mesure appropriée
prises en vue de rendre effectifs les
principes et engagements énoncés dans la
présente Charte.
2. Un exemplaire du rapport est soumis aux organes
pertinents de l'Union pour action
appropriée à prendre dans le cadre de leur
mandat respectif.
3. La Commission prépare et soumet à la
Conférence par le truchement du Conseil
exécutif un rapport de synthèse sur la mise en
oeuvre de la présente Charte.
4. La Conférence prend les mesures
appropriées visant à traiter les questions
soulevées dans le rapport.
Article 50
1. Chaque État partie peut soumettre des
propositions pour l'amendement ou la
révision de la présente Charte.
2. Les propositions pour l'amendement ou la
révision sont soumises au Président de
la Commission qui les transmet aux États parties dans
les trente (30) jours de leur
réception.
3. La Conférence, sur recommandation du Conseil
exécutif, examine ces propositions
à sa session suivant la notification, à
condition que tous les États parties en aient
été informés au moins trois (3) mois
avant le commencement de la session.
19
4. La Conférence adopte les amendements ou
révisions par consensus ou, à défaut,
par la majorité des deux tiers.
5. Les amendements ou révisions entrent en vigueur
après leur approbation par la
majorité des deux tiers des États parties.
Article 51
1. Le Président de la Commission est le
dépositaire de la présente Charte.
2. Le président de la Commission informe tous les Etats
membres de la signature, de
la ratification, de l'adhésion, de l'entrée en
vigueur, des réserves, des requêtes
pour les amendements et de l'approbation de ces
requêtes.
3. Dès l'entrée en vigueur de la présente
Charte, le Président de la Commission la fait
enregistrer auprès du Secrétariat
général des Nations Unies, en vertu des
dispositions de l'article 102 de la Charte des Nations
Unies.
Article 52
Aucune des dispositions de la présente Charte n'affecte
les dispositions plus favorables
relatives à la démocratie, aux élections
et à la gouvernance contenues dans la législation
nationale des États parties ou dans toute autre
traité régional, continental et international
en vigueur dans ces États parties.
Article 53
La présente Charte a été
rédigée en quatre (4) exemplaires originaux, en langues arabe,
Anglaise, française et portugaise, toutes les quatre
(4) versions faisant également foi, et
Sont déposés auprès du président
de la Commission qui transmet les copies certifiées à
Chaque État membre signataire et au Secrétariat
général des Nations Unies.
ADOPTEE PAR LA HUITIEME SESSION ORDINAIRE
DE LA CONFERENCE TENUE LE 30 JANVIER 2007
A ADDIS ABEBA (ETHIOPIE)
* 1 Pabanel (J. P), Les coups
d'État militaire en AFRIQUE noire, Paris : L'Harmattan, 1984, voir
MOUSTAPHA Benchenane, Les d'État en Afrique, Paris, publisued, 1983.
* 2 WANG (T
Y), « Arms Transfert and coup d'Etat: A study on sub-saharian
Africa», Journal of Peace Reseach, 1998, vol. 35, n 6. P. 669.
* 3-Voir Eboussi Boulaga(F), Les
conférences nationales, une affaire à suivre en AFRIQUE noir,
Paris, Kharthala, 1993 ,229P .
* 3 -Voir Leach(E R) (trad), Les
systèmes politiques des hautes terres de Birmanie, Paris, Maspero, 1972,
319P.
* 4 Belinga (Z G),
Afrique-Démocratie-Mirage ? P. 296.
* 5 Ibid p.295.
* 6 -Ibid p .300.
* 7 -UA : union
africaine.
* 8 Fogue Tedom (A), Enjeux
géostratégiques et conflits politiques en Afrique noire.
L'Harmattan, France, juillet 2008, p.343.
* 9 Ibid., p.343.
* 10 Mvelle(G), Union
Africaine : Fondements, Organes, Programmes d'actions ; l'Harmattan
Paris juillet 2007.
* 11 Ibid. p.339.
* 12 Ibid. P.340.
* 13 NEPAD Planning and
Coordinating Agency.
* 14 Fr.wikipedia.org/wiki/
Union-Africaine. Consulté, le 25 mars 2015 à 16h 45minutes.
* 15 Le Grand Larousse 2014,
consulté le 22 mars 2015.
* 16 Hermet(G) et Badie (B),
Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques (les
ateliers de Normandie roto impression S.A, France septembre, 2001.
* 17 PNB : produit
national brute.
* 18 Belinga (Z G), Afrique
-démocratie-mirage ?
* 19 Ibid. P299. Voire
Souaré (I), Guerres civiles et coups d'État en Afrique de
l'Ouest : comprendre les causes et identifier des solutions possibles.
P.132.
* 20 Ibid. P.300.
* 21 Konadjé (J P),
QUEL couple de défense/ Sécurité en Afrique ? Afrique
www.diploweb 8-0. Afrique.
* 22 Ibid.
* 23 Ibid.
* 24 Ibid.
* 25 Jeune Afrique.
Hors-série numéro 39 Afrique en 2015.
* 26 Fogue Tedom(A), Enjeux
géostratégiques Et conflits politiques en Afrique noire,
l'harmattan, France, juillet 2008.
* 27 SAMIR AMIN( s),
Mondialisation et Accumulation, France, juillet 2008 P.130.
* 28 « Rapport de la
commission Sud », dans Défis au sud, Paris, Economica,
1990.
* 29 Azoulay(G), Les
théories du développement, du rattrapage des retards.
* 30 Sous la direction d'Ango
Ela (P), La prévention des conflits en Afrique centrale prospective pour
une culture de la paix. Karthala, France, Aout 2001.
* 31 Mvelle (G), l'Union
Africaine : Fondement, Organes, Programmes d'actions ; l'harmattan
France Juillet 2008 P. 266-267.
* 32 Ibid., P.269.
* 33 Jeune Afrique.
Hors-série numéro 39 l'Afrique en 2015, P.15.
* 34 Ibid., P. 40.
* 35 Ibid., P. 40.
* 36 F r.wikipedia.org
consulté le 25 mars 2015 à 16h50.
* 37 Belando
(D), « le néo-institutionnalisme historique et politique
sociales. Une perpective sociologique » in l'approche
néo-institutionnaliste en Science Politique. Revue politique et
société, vol21, n°3.
* 38 Bensédrine (J)
Demil (B)» L'approche néo-institutionnalisme des
organizations». In Laroche (H), Nioche (JP) ; repenser la
stratégie, Paris, vuibert, 1998, P85-110.
* 39 March(J), Olsen (J),
Rediscovering institutions. The organizational Basis of politics. Newyork (NK),
The Free press, 1989.
* 40 Foucault (M) ; Il
faut défendre la société, cours au collège, Paris,
Gallimard, 1976, P 286.
* 41 Braud, P, Sociologie
Politique ; P401-402.
* 42 Grozier, Friedberg,
l'acteur et le système. Les contraintes de l'action collective,
réed, Paris, Seuil, 1982, P46.
* 43 Extrait du document de
base du Mécanisme Africain d'Évaluation entre Pairs(MAEP), mars
2003, p.1.
* 44 Le cadre
opérationnel adopté par l'Organisation de l'Unité
africaine (devenue l'Union africaine en 2002), établissant le NEPAD en
octobre 2001, prend sa source dans la fusion du « Programme de
renaissance de l'Afrique pour le millénaire » (MAEP) et du
plan Oméga, opéré en juillet de la même
année.
* 45 Déclaration sur la
gouvernance démocratique, politique, économique des entreprises,
9 mars 2003,6e sommet des chefs d'État et de gouvernement
chargé de la mise en oeuvre du NEPAD.
* 46 Magnoux(C), Le
Mécanisme africain d'évaluation par les pairs : un outil au
service de la gouvernance, Bruxelles, 12 septembre 2014.P.1.
* 47 Ibid., p.1.
* 48 Le NEPAD et le
Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs, Étude
réalisée à la demande de l'Organisation Internationale de
la Francophonie, Abuja, Nigéria 09 mars 2003.
Sindjoun(L), Président de l'Association Africaine de
Science Politique (AASP), Conseiller technique à la Présidence du
Cameroun.
* 49
www.nepad.org/...les-membres-du-panel-du-maep-très
préoccupés-par-.
* 50 6eme SOMMET DU COMITE DES
CHEFS D'ETAT ET DE GOUVERNEMENT CHARGE DE LA MISE EN OEUVRE DU NEPAD 09 mars
2003, Abuja, NIGERIA.
* 51 Mémorandum
d'entente relatif au MAEP, 9 mars 2003, NEPAD/HGSI/03-2003/APRM/MOU.
* 52 Le MAEP au Mali Une
évaluation critiqué. Bani TouréET AsséDiara, Open
Society Initiave for southern Africa, Novembre 2010, p.9-10.
* 53 Revised Country
Self-Assessment questionnaire for the African Peer Review Mechanism.
* 54 MAEP : Trousse
à outils.
* 55 Le Mécanisme
africain d'évaluation par les pairs. Une compilation d'études sur
le processus dans neuf pays, Ozias Tungawara et al, Open Society for Southern
Africa, 2010, p.169-170.
* 56 .Ibid. p.337-339.
* 57 . Bani Touré et
AIssé Diara, op. Cit. , p.8.
* 58 . Rapport sur
l'état d'avancement de la mise en oeuvre du programme d'action national
du MAEP 2010-2012, République de Mozambique, avril 2013, p.8, ou Rapport
d'étape 2012 de la mise en oeuvre du plan national d'action, Benin,
novembre 2013.
* 59 . Mécanisme
africain d'évaluation par les pairs. Organisation et Processus, 9 mars
2003,6e Sommet des chefs d'État et de gouvernement
chargés de la mise en oeuvre du NEPAD, article 3 §6.
* 60 . Magnoux(C), Le
Mécanisme africain d'évaluation par les Pairs : un outil au
service de la gouvernance. Note d'Analyse du GRIP, 12 septembre 2014,
Bruxelles.
http://www. Grip. Org/fr/node/1354.
Consulté le 5 mai 2015.
* 61 .Document de base du
MAEP : http://www parlanepad.org/book3.pdf .Consulté le 9 mars
2015.
* 62 NEPAD(2003),
« Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs :
Organisation du processus », Sixième Sommet des Chefs
d'État et de Gouvernement Chargés de la mise en oeuvre du NEPAD,
Abuja, Nigérian, mars, p.18. (NEPAD/
HSGIC/03-2003/APRM/GUIdeline/0&P 09 Mars 2003).
* 63 .BABATOUDE LAtoundjii (A),
Mise en oeuvre du Mécanisme Africain d'Évaluation par les Pairs
en Afrique de l'ouest ; L'implication de la communauté
internationale ; Rapport de recherche préparatoire à la
conférence, du 1er février 2011, Université du
Québec à Montréal. p. 6.
* 64 Extrait du document du
Mécanisme Africain d'Évaluation entre Pairs (MAEP) mars 2003
p.1.
* 65 MAEIA(2005).
* 63 MAEIR du Togo.
* 66 Confère
http : //www. Forumextra1maep. Bj/ discours pr. pdf pour les
détails. Consulté le 5 mai 2015.
* 67 Ibid Consuté le 6
mai 2015.
* 68 Confère
http://wwwforumextra1maep.bj/Allocution
mme angélique SAVANE.pdf Consulté le 5 mai 2015.
* 69 Cette précision
sur la période de lancement du processus d'évaluation du Benin
est tirée du rapport d'évaluation du pays ; p. 1.
* 70 Voir l'allocution du
Ministre chargé des Affaires Étrangères lors de la
cérémonie de l'installation Officielle de la Commission Nationale
Indépendante de mise en oeuvre du Bénin.
* 71 Confère
arrêté N°...../MAEIA/DC/SGM/DAJDH/DIA portant
création, attribution, composition, organisation et fonctionnement de la
« commission Nationale Indépendante de Mise en oeuvre du
MAEP ».
* 72 SEDEDJI(P), Rapport de
référence en vue de la préparation de la conférence
sous régionale d'opérationnalisation du centre régional
pour l'avancement du MAEP en Afrique de l'OUEST (CRAMAO). P5.
* 73 Pour plus de
détails, confère rapport de mission du Panel d'expert du 15
juillet au 5 aout 2007 au Bénin.
* 74 Confère
http:/www.forumextra1maep. bj/discours pr.pdf. Consulté le 4 mars
2015.
* 75 Confère
http://www.forumextra1maep.bj/Allocution
mme angélique SAVANE.pdf consulté le 5 mai 2015.
* 76 Confère
décret n°2009-226 du 05 juin 2009(modifiant celui n°2008-378
du 24 juin 2008) portant création, attributions organisation et
fonctionnement de la Commission Nationale de Gouvernance dans le cadre du MAEP.
Ce décret du 05 juin a été élaboré par la
CNG et soumis à l'adoption des autorités compétentes.
* 77 SEDEDJI (P), Rapport de
référence en vue de la préparation de la Conférence
Sous-Régionale d'opérationnalisation du Centre Régional
pour l'avancement du MAEP en Afrique de l'Ouest (CRAMAO)
* 78 SEDEDJI(P), Rapport de
Référence en vue de la Préparation de la Conférence
Sous Régionale d'Opérationnalisation du Centre Régional
pour l'Avancement du MAEP en Afrique de l'Ouest (CRAMAO).
* 79 Voir « le
moniteur du MAEP » d'octobre 2008 ; n°6 P1.
* 80 Voir décret
n°2008-177/PR portant nomination du Président de la commission
National du MAEP.
* 81 Il s'agit du
décret n°2010-092/PR relatif à la commission Nationale du
MAEP.
* 82 Ibid.
* 83 SEDEDJI(P), Rapport de
Référence en vue de la Préparation d'une conférence
sous régionale tenue à Accra(Ghana).
* 84 Ibid. P6.
* 85 Ibid. p6.
* 86 Ibid P.7.
* 87 Belinga (Z G),
Afrique-Démocratie-mirage ? « Résurgence des
coups d'États, instauration du système
de « dévolution dynastique du pouvoir »,
printemps arabe, et puis après ? Essai d'analyse prospective de la
réversibilité du processus de démocratisation
enclenché en Afrique dans les années 1990 », p.297.
* 88 Plan national de
développement sanitaire 2011-2015, (R DC), mars 2010. P.12.
* 89 Loi n°96-06 du 18
janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972.
P.3.
* 90 Dr. Moluh, Cours de
science administrative ; Licence 2 science politique, Université de
Yaoundé II-Soa, année académique 2009-2010.
* 91 Conceptia Denis Ouinsou,
Role de la cour constitutionnelle dans les élections au Bénin,
P.1.
* 92 Loi N°2012/001 du 19
avril 2012 portant code électoral du Cameroun, article 03.
* 93 Loi N°2007-012 du 14
juin 2007 portant modification de la loi n°2000,
Loi n°2000-007 du 05 avril 2000 modifié par la loi
n°2002-001 du 12 mars 2002, la loi n° 2003-01 du 7 février
2003 et la Loi n°2005-001 du 21 janvier 2005 et la loi n°2007-009 du
07 février 2007. Code Electoral du Togo, article 03.
* 94 Sartori, Giovani,
« Bien comparer, mal comparer, » revue internationale de
politique comparé, 1 (1), 1994, p.3.
* 95 Tocqueville(A), De la
démocratie Américaine, Paris, flamarions, 1981. P. 127.
* 96 ISSAKA, Souaré,
Les partis politiques de l'opposition en Afrique de l'Ouest et leur quête
pour le pouvoir d'État : Les cas du Bénin, du Ghana et de la
Guinée, Thèse de Doctorat présenté à
l'Université du québec à Montréal Service des
bibliothèques, Juin 2010.P .15.
* 97 Lipset, Seymour (M),
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Democracy, 11 (1), 2000, P.12.
* 98 Revel (J F), Comment les
démocraties finissent, Paris, Bernard Grasset, 1983.P. 11.
* 99 Tshiyembe, Mwayila,
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la renaissance politique, Paris, l'harmattan, 2001. P.94.
* 100 Legros(R),
L'avènement de la démocratie, Paris, Bernard Grasset,
1999.P.31.
* 101 Union
Interparlementaire, La Démocratie : principes et
réalisation, Genève 1998. P. 9.
* 102
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Afrique.com/Article/Lin0401afriqualibed . Consulté le 30 mai 2015
à 12h.
* 103
https://regardexcentrique.wordpress.com/20/04/10/16/en-2015
Consulté le 20 mars 2015 à 15h.
* 104 Ibid.
* 105
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Consulté le 24 mai 2015 à 15h.
* 106
www.afdb.org/.../DSIR%20pour%20l'Afrique20%
. Consulté le 24 mai 2015 à14h.
* 107 Le système
Africain de protection des droits de l'Homme ; Cours de Licence 1,
dispensé par Fatou Kiné Camara Docteure d'État en droit,
chargée d'enseignement à l'Université Cheick Anta Diop,
Dakar. P.3.
* 108 Manuel
pédagogique, Maintien de l'ordre et respect de la Liberté
d'expression, publié en France par l'UNESCO, Paris, 2014. P.15.
* 109 Ibid., p. 15.
* 110 Déclaration d'un
Conseiller municipal du SDF sur les antennes de télévision
nationale en mars 2014.
* 111 Elias (J B),
Démocratie, Société Civile et Gouvernance en Afrique
Expérience de la République du Bénin, 1998.
* 112 Rapport
d'Évaluation de la République Algérienne
Démocratique et Populaire, juillet, Alger 2007. P.79.
* 113 Ibid. P. 78.
* 114 Ibid. P. 79.
* 115
WWW.JeuneAfrique.com/article/Lin0401afriqualibed.Consulté
le 15 mai 2015 à 12h.
* 116
Philippelandeux.hautetfort.com/archive/2012/01/02/ les
limites-de-la-démocratie. Html. Consulté le 05 juin 2015.
* 117Mamadou Gazibo,
Introduction à la politique africaine, Presses de l'Université de
Montréal, P-214-236.
* 118 Guillaume A. Callonico,
Corruption, Croissance et democratie en Afrique : la difficile
consolidation, Cahiers WORKING PAPER, 2015.
* 119 Ibid.
* 120Ibid.p-7.
* 121Ibid.
* 122Ibid.
* 123Ibid. p-13.
* 124Dankwart Rustow,
«Transitions to Democracy, Towards a Dynamic Model», Comparative
Politics, vol. 2, n 3, 1970.
* 125 Mamadou Gazibo, Ibid.
* 126 Mamadou Gazibo, Ibid.
* 127 Dozon Jean-Pierre,
«La Cote d'Ivoire entre democratie, nationalisme et ethno
nationalisme», Politique africaine, no 78, juin 2000, P-45-62.
* 128 Ordioni
Natacha, « Pauvreté et inégalité de droits
en Afrique : une perspective « genrée », dans
MONDES EN DEVELOPPEMENT 2005 / 1 (no 129), pages 93-106.
* 129 Ibid.
* 130 CEDEF dans son article
16, cite par Ordioni Natacha, Ibid.
* 131 Ibid.
* 132 UNICEF 1994, Rapports
sexuels précoces accroissent fortement le risque de contamination par le
VIH, Cite par Ordioni Natacha, Ibid.
* 133 Ibid.
* 134 Ordioni Natacha,
Ibid.
* 135 The Bukedi Bride Price
bye-law, 1940, Tororo, The Mifumi project, cite par Ordioni, Ibid.
* 136André et Plateau,
1998, cité par Ordioni, Ibid.
* 137Observation finales du
CEDEF : Cameroun, 26 juin 2000, Nations unies.
* 138 Le professeur
Ngoie-Ngalla dans son ouvrage intitulé : Congo-Brazzaville, le
retour des ethnies-La violence identitaire.
* 139Brice Arsene Mankou,
Tribalisme,
https://doi.org/10.4000/leportique.1404
, consulté le 31 mai 2014.
* 140 Vielajus (M),
Escusa(E), Le Mécanisme Africain D'Evaluation par les Pairs, Table-Ronde
du 10 juillet 2008, Paris.
* 141 Ibid. P. 6.
* 142 Badet(G), Une
évaluation critique du processus du MAE P au Bénin,
Université d'Abomey-Calavi, juillet 2008, p.21.
* 143 Secrétariat
national du MAEP, Rapport général au gouvernement du Bénin
et au PNUD, 2007, p. 25.
* 144 Badet (G), Une
évaluation critique du processus du MAEP au Bénin,
Université d'Abomey-Calavi, juillet 2008, p. 20.
* 145 Ibid.P.21.
* 146 Entretiens avec la
présidente de wildaf et la présidente du rifonga Cotonou, 08
octobre et 11 octobre 2007 contenu dans le rapport d'évaluation sur le
MAEP.
* 147 Ibid.
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