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Analyse sociologique des politiques scientifiques au Gabon: cas du CENAREST


par Sandrine Esther MEYO ME NDONG
Université Omar Bongo - Master 2021
  

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Conclusion de la troisième partie

Dans cette partie, nous avons abordé la question financière, c'est-à-dire les conditions de financement de la recherche et de la perception de la recherche au Gabon. De façon générale, il en ressort que le système de financement de la recherche est fondé sur la perception que les gouvernants ont des chercheurs. Les chercheurs sont perçus comme des simples « fonctionnaires d'État ». Ceci explique le fait que la priorité en qui concerne la recherche soit uniquement mise sur le salaire des acteurs de la recherche et pas sur l'activité de recherche. Le système de financement de la recherche est fondé sur le titre de fonctionnement et orienté selon la volonté politique. Pourtant les dispositions officielles prévoient, comme nous l'avons démontré, un financement véritable de la recherche.

Aussi, il en ressort de notre travail que l'impact de la recherche sur le développement est fondé sur les projets. Toutefois, l'activité de recherche est maintenue par un financement fonctionnel subventionné au 2/3, donc le 2/5 du financement global attendu.

De plus, nous retenons que la perception actuelle de la recherche scientifique dans la société gabonaise est fondée sur la réalité médiatique traduisant les difficultés du champ de la recherche, et sur l'apport à moins de 0,001 % de la recherche développement sur le secteur non-marchand et inexistant sur le secteur marchand.

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Conclusion générale

La question de la gouvernance de la recherche met en relation plusieurs indicateurs et agents, pour reprendre le concept bourdieusien. Dans ce travail, nous avons mis en perspective et analysé les mécanismes multidimensionnels, producteurs de dysfonctionnements multiformes.

Nous partons du constat selon lequel la recherche scientifique, au Gabon, n'a pas une réelle incidence sur les plans à la fois économique et social. A travers la théorie fonctionnaliste, renforcé par une théorie des champs, nous faisons une lecture sociologie de la dynamique et des pratiques en cours dans ce secteur, que les interactions avec d'autres secteurs dans la perspective de cotutelle.

Toutes ces approches théoriques sont mises en cohérence, reliant sociologie politique et sociologie de l'action publique, afin de mieux apprécier les interactions entre différents champs et acteurs. Nous avons également retenu la théorie des représentations sociales des individus à l'intérieur et à l'extérieur du champ, input et output en politiques publiques.

Sur la base de la question qui consistait à comprendre pourquoi la recherche scientifique n'influence pas le développement économique et social au Gabon. Nous avons retenu deux hypothèses de réponse, dont nous avons vérifié la plausibilité à l'aide des de données de terrains quantitatives et qualitatives.

Nous avons retenu que les instituts de recherche sont considérés comme des unités de programme permettant de mettre en action le programme établi par le RBOP sur la base de la BOP. Ces unités de recherche ne sont pas concrètement organisées, mais sont orientés sur la base de la mise en forme de leurs différents projets et des missions inscrites dans les textes en vigueurs.

Les différents textes officiels portant création des instituts, leur confèrent des rôles selon les besoins sociaux et économiques, mais aussi une organisation interne considérée aussi comme organigramme interne. Cela a été le cas. Toutefois, au fil des années ces différentes organisations ou organigrammes, basées sur les textes, seront réorientées avec l'insertion de nouvelles disciplines et de nouvelles rubriques, la reformulation de certaines disciplines et la conversion de certains départements en laboratoire. Ce fut le cas de l'IPHAMETRA, de l'IRT et de l'IRSH. Cela est qualifié comme stratégies administratives de maintien au sein du champ de la recherche. Nous relevons trois (3) instituts sur cinq (5), notamment le 3/5, donc, bien plus de la moitié. Il faut dire que cette réalité met en exergue la problématique de la concordance entre orientation politique, c'est-à-dire la façon dont le politique se projette la réalité sociale,

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les besoins sociaux et les solutions qui permettraient de résoudre les difficultés de chaque groupe social. Les instituts rendent la recherche effective. Au sortir de notre enquête nous retenons que la perception que les individus ont de la recherche au Gabon est diamétralement opposée à la définition générale de la recherche. La représentation que les individus se font de la recherche est fondée sur la perception qu'ils ont des chercheurs plutôt qu'à l'activité. La perception généralement que les individus, se font de la recherche est celle de « fonctionnaire d'État » un terme simple et péjoratif. Il traduit la paresse et l'improductivité qu'ils observent des chercheurs.

Ce travail a pu mettre en relief de la notion de pouvoir symbolique dans le champ de la recherche au Gabon. Dans ce champ que nous avons reparti en deux(2) sphères (celle de l'activité de la recherche et la sphère administrative) les agents administratifs et les chercheurs octroient aux gouvernants une liberté à mettre en oeuvre des actions qui influenceront de façon directeur ou indirect le champ de la recherche (basé sur une délégation du pouvoir, une accumulation de rôle des gouvernants et une perception du pouvoir politique comme pouvoir suprême). Cette situation perpétue le dysfonctionnement au sein de la recherche et engendre au sein du champ de nouvelles stratégies, une reconversion des capitaux et des enjeux du champ de la recherche au Gabon.

Le statut de la recherche et des chercheurs, actuellement au Gabon est compris entre les stratégies des acteurs de la recherche à se maintenir dans le champ de la recherche et les stratégies politiques, c'est-à-dire la volonté politique. Le rôle de la recherche est inséré dans un système de fonctionnement fondé sur une volonté politique des gouvernants. Cette réalité conduit le champ politique à régenter et même gouverner celui de la recherche.

Comme l'a souligné le Directeur Général de la DGRSI, les instituts ont été créé et mis en cotutelle, comme s'ils étaient autonomes administrativement et financièrement. Hors, ils ont uniquement une autonomie financière. D'après lui, « il est nécessaire de réorganiser la recherche en dissolvant le Centre national de la recherche. Il faudrait intégrer les instituts dans des centres de recherche, et chaque centre de recherche devrait comprendre un conseil d'administration, un conseil scientifique, une direction générale et les services d'appui. Il devrait être prévu un centre de recherche en santé. Selon les propositions faites, l'IRT par exemple, deviendrait un institut du Génie, de sciences dures et de technologie, l'IRAF, en centre de recherches agronomiques et vétérinaires, l'IRET intègrerait les centres en changement climatique. Tous ces centres formeraient des centres nationaux, un centre national de la recherche en santé et un centre national de la recherche en science de l'Homme et de la société. Ces centres seraient autonomes sur le plan administratif et financier. Aussi cette organisation

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prévoirait la mise en place d'une agent de gestion financière qui aurait pour rôle d'aider à la quête de financements extérieurs et aux appels d'offre».184 Il faut dire que cette proposition ne permettrait pas de régler la volonté politique des gouvernants qui ont pour devoir de veiller à l'organisation et à l'orientation de la recherche sur le plan administratif, et à la subventionnée de son activité.

Ainsi, deux interrogations nodales taraudent notre esprit. Elles constituent pour nous des exigences principielles : l'État ne trouverait-il pas son salut en associant les chercheurs dans l'élaboration des politiques publiques de développement pour atteindre cet idéal de progrès sociaux auquel il aspire ? Les chercheurs ne trouveraient-il pas leur salut en s'inscrivant dans une logique d'invention, de création, d'innovation multisectorielle afin de contribuer au développement de la nation ?

184 Actuel Directeur Général de la DGRSI, entretien tenu le 24 novembre 2020, au sein des locaux de la DGRSI, situés au centre-ville de Libreville.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry