Section 4 : Élaboration de la
problématique
Dans cette partie, nous poserons notre problème
après recension et revue critique de la littérature se rapportant
à notre objet d'étude. La problématique serait alors le
dépassement de travaux antérieurs, leur point aveugle,
c'est-à-dire, ce qu'ils n'ont pas traité. C'est aussi une remise
en cause des évidences et des certitudes qui structurent le champ des
représentations, pour parler comme Fidèle Pierre Nze-Nguema.
4.1 Gouvernance de la recherche scientifique dans la
littérature occidentale
Reprenant les propos de Pierre Bourdieu sur la science et la
politique, Nathalie Heinich estime que, « Dans le rapport entre
science et politique, l'intrusion de la connaissance scientifique dans les
stratégies politiques. Cette lecture du fait politique est pertinente
pour nous dans la nouvelle sphère politique, notamment africaine dans
laquelle le politique n'est pas ignorant des sciences mais parfois en est
spécialiste. Des propos de Heinich, l'inconvénient serait de
demander au chercheur de n'agir qu'en tant que cherche dans l'arène de
la recherche et entant que politicien dans l'arène politique
»71.
Pour N. Heinich la question de l'autonomie de la science ne
saurait se concevoir sans un engagement réel du politique. En d'autres
termes, il est impératif de ne jamais dissocier science et politique.
Cette dualité exprime une situation dans laquelle la science peut servir
de moyen de pression au politique. Elle emprunte à Foucault des notions
de scholarship72 de commitment73 afin
d'expliquer que, dans l'action d'entrée de la connaissance dans le
politique, il peut y avoir une manipulation de celle-ci pour soutenir les
discours de l'autre. Elle soutient qu'une telle scène entre science et
politique pourrait être pour les uns perçu comme un triomphe
du scholarship sur le commitment. Autrement dit, de la
science et ses facultés sur le politique.
71 N. Heinich, Pourquoi Bourdieu,
Paris, Gallimard, Coll. Le débat, 2007, p.69-70.
72 Notion empruntée à Foucault, par Nathalie dans
l'ouvrage Pourquoi Bourdieu ?
73 Idem.
35
Dans son article scientifique pourtant sur le champ
scientifique et champ politique elle souligne que le bien bien-fondé du
champ scientifique c'est la conscience. Une connaissance historique qui fait
office de fonctionnement du champ.
« Il devrait aller sans dire que la recherche vise
avant tout la connaissance. Ce rappel devient indispensable au moment où
tant d'intellectuels, se mettant «au service des luttes
(É), se comportent collectivement vis-à-vis de nouveaux
maîtres, reconnus ou annoncés comme se sont conduits leurs
prédécesseurs « envers leurs supérieurs
ecclésiastiques, puis envers les princes (...), enfin envers leur
maître collectif de complexion bourgeoise» .Cette soumission
volontaire intervient alors que l'autonomie relative du champ intellectuel, qui
est l'acquis historique spécifique de leur groupe, permettrait à
ces intellectuels, sinon de travailler en fonction de déterminations
« pures » et purement intellectuelles, du moins de produire autre
chose qu'un résultat connu d'avance. » 74
Elle montre l'importance et la complexité de la
construction de la connaissance scientifique dans une dialectique entre champ
politique et champ scientifique.
Dans son analyse portant sur la gestion des universités
à vocation de recherche John Taylor expose la pensée de Fox sur
la réalité de la productivité de la recherche
scientifique. Fox formule une relation directe entre productivité
scientifique et conditions de recherche. Les facteurs de condition peuvent
être, à la fois, internes et externes. Toutefois d'après le
point de vue que l'auteur extrait de Fox, celui-ci est décideur de la
pertinence et la régulation de la productivité sociale.
Il semble donc que la recherche ne puisse être
livrée à elle-même. Comme le fait remarquer Fox :
« Ce ne sont pas les établissements qui font de la recherche, ce
sont les individus. Mais les conditions qui règnent dans
l'établissement ont une incidence sur la productivité
»75
Ces conditions peuvent être relatives aux finances.
Toutefois, relativisant sa position, il ajoute que : « La
stabilité financière est un facteur important pour la
réussite scientifique d'une université, mais elle ne peut
être obtenue de nos jours que grâce à un financement
diversifié, dont l'État n'est pas le principal fournisseur.
»76
74 J. Verdès-Leroux, « Champ scientifique et
champ politique ». In: Actes de la recherche en sciences sociales.
Vol. 36-37, février/mars 1981, p. 26.
75 J. Taylor, « Gérer l'ingérable : La
gestion de la recherche dans les universités à vocation
recherché », op.cit. p.14.
76 Ibid.p.3.
36
Il exprime la pensée de Michael Shattock sur la gestion
des universités de recherche. D'après Michael Shattock «
La bonne gouvernance contribue au succès de l'établissement
lorsque les éléments extérieurs qui y participent, les
cadres administratifs et la communauté scientifique travaillent en
étroite collaboration. D'un autre côté, les progrès
seront freinés si l'un de ces éléments prend le dessus.
»77.
Nous pouvons relever la fonction que peut prendre la fonction
(attention au style, à revoir). En effet, ce qui traduit un
fonctionnement normal de la sphère recherche serait l'articulation des
rôles et des statuts de chacun, cela sans pourtant qu'il ait une
accumulation de rôle de l'un sur celui de l'auteur. Cette articulation
permet de créer une harmonie sociale et un espace social linéaire
qui serait, comme le pense l'autre propice à la productivité
scientifique. En clair, dans les pays du nord il apparaît que la gestion
de la recherche n'est pas figée sur l'orientation de la recherche elle
elle-même car elle permet une liberté au chercheur. Mais elle
n'est pas seulement, aussi figée sur la gestion de
l'établissement.
« En réalité, Ce n'était pas que
la recherche sortait de la sphère de la de gestion de
l'établissement. C'était plutôt l'inverse ; la recherche
était un tel enjeu pour ces établissements qu'elle
imprégnait tous les aspects de la gestion. »78
Au-delà de la complexité observée dans
l'orientation, les usages des résultats de recherche dans les pays
occidentaux, il importe d'analyser, dans la section qui suit la question du
statut de la recherche scientifique en Afrique.
4.2 Gouvernance de la recherche scientifique dans la
littérature africaine
Nous traduisons par littérature africaine tout ouvrage,
article, texte traitant de la question de la gestion de la recherche
scientifique en Afrique, soit de façon générale ou en
spécifiant un pays du continent Africain à l'exception du
Gabon.
Dans leur article scientifique portant sur la prise en compte
de résultats de recherche au Cameroun, Mbock Charly Gabriel, Ngo-Mpeck
Marie-Laure et Kom Dorothée expliquent que l'action publique ne prend en
charge la recherche scientifique et ses résultats que quand celle-ci
présente des résultats non probants à long terme. Pour
eux, les études prises en compte, il ne s'agit pas
d'études stratégiques ou prévisionnelles, mais de celles
qui permettent de réagir à des urgences pratiques.
77 Ibid. p.6.
78 Ibid. p.43.
37
Ils poursuivent en signifiant que « leur manipulation
dans les institutions d'Etat garantit les aménagements conjoncturels
mais constitue un élément de résistance à tout
changement structurel notable ». Par ricochet, nous pouvons noter que
l'implication de la science dans l'action publique devrait permettre un apport
à long terme, selon le domaine dont cette action est
constitutive79.
Dans cette analyse les auteurs, après avoir fait un
historique de la recherche scientifique au Cameroun, donnent les raisons du non
prise en compte des résultats de celle-ci, notamment la
réactivité et l'accessibilité à court terme des
projets de recherche proposés aux instances. Aussi, la plupart des
projets, comme le signifient les auteurs requiert un financement plus lourd
mais avec des résultats plus probants. Dans cet inventaire, le premier
auteur retenu est Jacques Gaillard.
Ce dernier analyse les conditions de recherche au Cameroun en
proposant une analyse historique de la recherche au Cameroun. Il met un accent
particulier sur la crise financière que va connaître
l'économie camerounaise afin de montrer l'étroite relation qui
existe entre les financements et les avancées de la recherche au sein de
la recherche. Une crise financière qui influencera le rendement de la
recherche, les conditions de sa mise en oeuvre, ainsi que l'amélioration
des conditions de vie de la main de la main d'oeuvre80.
Il explique que « entre 1990 et 1996 les seuls
programmes de recherche poursuivis sont ceux qui sont financés par des
programmes étrangers. Alors qu'avant 1987 l'État finance entre 85
et 95 pourcents des activités de recherche (salaire compris), le
pourcentage des financements étrangers atteint presque 40 pourcents dans
les années qui suivent (1987-1996). Aucun programme ne peut se faire
sans la contribution des fond internationaux
»81.
Le second auteur retenu aborde la question de la recherche
scientifique au Gabon. Il fait part de la gestion de la recherche dans le pays
du Maghreb. Il traite de l'impact de la recherche et met en exergue la
présente à l'étranger des chercheurs marocains et souligne
aussi bien l'apport de la recherche que le fait que, l'internationalisation
aide au développement local de la recherche.
En effet, « Pour réussir une véritable
mobilisation des compétences marocaines S&T de l'étranger et
lever l'ensemble des contraintes, il conviendra enfin de rassurer en même
temps
79 C.G. Mbock, M.-L. Ngo-Mpeck et D. Kom, «
Utilisation des résultats de recherche dans l'action publique au
Cameroun », Revue Internationale des sciences sociales
2004/1(n°179), p.49.
80Il relève la progression en dans de
sciences de la recherche scientifique au Cameroun et explique que celle-ci est
primordialement centrée sur l'agriculture et la recherche
médicinale.
81 J. Gaillard, E. Zink avec la collaboration de Anna Furo
Tuilberg, Les capacité de recherche scientifique au Cameroun, une
évaluation de l'impact des activités de l'IFS,
IFS/international fondation sciences, mesia étude d'impact/ rapport No5,
Octobre 2003, p.10.
38
que de convaincre la communauté scientifique
nationale marocaine et ses représentants, sur le fait que la
mobilisation des compétences S&T marocaines de l'étranger
(à distance ou en leur permettant de revenir au Maroc) n'est pas un
risque mais au contraire une opportunité et un facteur puissant
d'internationalisation et de renforcement du système national de
recherche et d'innovation marocain. C'est une des conditions nécessaires
pour que le Maroc s'inscrive de plus en plus et de façon durable sur la
carte de la circulation scientifique mondiale. »82
4.3 Gestion Gouvernance de la recherche scientifique dans
la littérature gabonaise
Se penchant sur le bilan de la recherche scientifique au
Gabon, Daniel Franck Idiata établit formule une proposition concernant
la nouvelle dynamique de recherche scientifique selon la
nécessité et l'urgence. Il distingue plusieurs points notamment
les points relevant d'une implication externe (et ceux nécessitant de la
volonté politique du gouvernement) à savoir :
- Adapter les coordinations ;
- Renforcer les structures et équipements ;
- Créer les conditions d'une gestion rigoureuse des
programmes de recherche ;
- Définir et mettre en oeuvre une politique de promotion
de la recherche.83
De ce fait, nous comprenons qu'une gouvernance de la
recherche, d'après la perspective de l'auteur, serait d'établir
une organisation de la recherche en adéquation avec les objectifs
généraux de développement, de mettre en place des moyens
financiers et des structures adaptées. En somme, il recommande de mettre
en place des moyens de coordination rigoureuse de la recherche scientifique.
La gouvernance serait l'orientation de celle-ci,
conformément aux besoins du moment, la confection de structures
adaptées des centres de recherche scientifique et
d'établissements d'enseignement supérieur, tout en stimulant une
coordination84.
Jean-Marc Ella explique que pour faire de la recherche un vrai
moteur de développement en Afrique il faudrait développer quatre
(4) points précisément :
- Intégrer le concept de développement
à la production de connaissant. Cela consisterait, d'après
lui, à mobiliser une pertinence de travaux de recherche
, ·
- Associer étroitement la recherche et le changement
social , ·
82 Idem.
83 Daniel Franck Idiata et al, Le bilan de la
recherche scientifique au Gabon, op. Cit. p.23-24.
84 Ibid. p.24-29.
39
- Créer un espace de travail ouvert à la
réciprocité des questionnements. Il estime que
les savoirs actions sont dépendants de la
théorie et réciproquement, ils sont dans un va et vient de
dépendance , ·
- Repenser le rapport au savoir dans une perspective de
lutte contre le développement85.
D'après lui, dans un contexte social de luttes et de
conflits face à divers problèmes sociaux que doivent faire face
les États du monde et plus particulièrement l'Afrique, la
recherche scientifique ne doit pas servir à un ornement intellectuel
mais à une contextualisation du problème, en vue de trouver des
solutions pratiques.
Il explique le fonctionnement ou l'histoire de la recherche en
Afrique. Les différents laboratoires établis en Afrique du sud du
Sahara sont conçus en se référant à l'exemple des
pays du Nord, que la plupart des résultats sont destinés à
une collaboration Nord-Sud, donc sont retransformés. Aussi, la plupart
des financements de projets sont fait par les organisations internationales et
non par des fonds locaux.
Dans « Les états généraux de la
politique de la recherche au Gabon », nous notons que la gouvernance
de la recherche scientifique relève d'indicateurs internes mais aussi
d'indicateurs externes à la recherche scientifique. Des
éléments externes de gestion, nous pouvons relever l'orientation
de la recherche scientifique au Gabon 86 on peut parler d'une «
réorientation de l'activité de recherche ». Ils
précisent que cela pourrait passer par :
- L'élaboration désormais de programme
national de recherche prenant en compte les priorités du
développement socio-économique et auxquels doit s'intégrer
tout projet financé sur fonds publics , ·
- L'appel à la diversification du financement au
sein des universités et des centres de recherche, par le biais des
partenaires avec le secteur public et privé , ·
- La promotion et la valorisation des chercheurs
, ·
- La mise en place d'un comité National
d'Éthique en matière de recherche scientifique.
Ce sont des logiques de propositions qui traduisent ce qu'est
la gouvernance de la recherche scientifique. Elle serait fondée sur son
orientation, son financement et sa
85 J.-M. Ella, Guide pédagogique de formation
à la recherche pour le développement de l'Afrique, Paris,
L'harmattan, 2001, p. 28.
86Collectif d'auteurs, Les grands choix de la
politique scientifique et universitaire à l'aube du
21ème siècle, tome1, Actes des États
généraux de la recherche et de l'enseignement supérieure,
Libreville-3 au 6 mars 1998, p.34
40
valorisation87. Tout cela sans pour autant
exclure la réhabilitation des structures de recherche dans les
université et centres de recherche88.
Dans son analyse, Georges Moussavou dresse un regard
panoramique sur la gouvernance de la recherche en relevant les aspects
budgétaires, institutionnel, ÉIl examine les stratégies
des acteurs en mettant en relief les acteurs de chaque domaine de recherche
selon la fonction de chacun en clair :
« La problématique soulève
principalement, de façon indirecte, l'épineux sujet de la
responsabilité partagée par les acteurs gouvernementaux et
institutionnels dans l'efficacité interne ou la bonne gouvernance des
institutions. »89
Il relève les actions des acteurs et met une ouverture
sur l'implication politique de la recherche ou encore l'influence des acteurs
politiques sur la recherche en milieu universitaire par une théorie de
l'acteur stratégique.
Parmi les universitaires analysant la recherche scientifique
au Gabon, nous retenons également la contribution de Clotaire
Moukégni Sika. Il analyse le rapport entre la production scientifique et
la politique, au sens de Pierre Bourdieu. Par son ouvrage, il nous permet de
prêter une attention particulière sur la production scientifique.
Il a relevé une centaine d'articles parus entre 1976 et 2003, au sein de
la Faculté de Lettres et de Sciences Humaines.
Aussi, il explique que la moyenne de publication par chercheur
est d'environ un ouvrage par an. Donc, « Au total, il apparait que les
productions scientifiques si elle n'est pas très faible, est signifiante
»90.
Bien qu'insignifiante, l'influence social et économique
elle est l'impact des productions publications scientifiques sur
l'économie gabonaise. La réponse à cette question n'est
pas simple. Cette question a toutefois l'avantage de mettre en perspective
critique la rationalité politique dans la mise en oeuvre concrète
des progrès scientifique.
Analysant la question de la recherche scientifique et son
rôle pour le développement de l'Afrique, le philosophe Bonaventure
Mve Ondo pose la question de savoir : Comment l'Afrique traite-t-elle la
question des savoirs, comment après plusieurs années
d'indépendance l'Afrique n'arrive pas à s'approprier la Science
et ses technologies ? 91. Il précise qu'il est
87Ibid. p.35.
88 Ibid. p.37.
89G. Moussavou, L'État et le
système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au
Gabon : Contribution à une sociologie des institutions publiques,
Thèse de doctorat en Sociologie, Université d'Amiens,
Soutenue en 2005, p.12.
90 C. Moukégni. Sika, Productions scientifiques et
politique au Gabon, Paris, L'Harmattan, 2011, p.51.
91 B. Mvé Ondo, Quelle science pour quel
développement en Afrique ?, in : Hermès, La Revue 2004/3
(n° 40), p.211.
41
important de souligner que l'intrusion de la recherche
scientifique en Afrique est issue d'un fait qui est la colonisation. De ce
fait, elle peut être perçue comme le « chose du blanc »
et pas comme un instrument au service de leur développement, car les
sciences appliquées.
D'après T. Maganga et G. Moussavou, le système
de recherche scientifique au Gabon est une construction d'acteur, un construit
social. Dans leur ouvrage portant sur la gouvernance des universités
gabonaise, ils étudient la Gouvernance des Universités
Gabonaises. En se focalisant sur les défis à relever pour ces
différentes universités. Les enjeux de l'enseignement
supérieur plus précisément celui des universités
sont évidents par « la formation des personnes hautement
qualifiées, l'insertion des diplômés dans la vie
professionnelle, la recherche scientifique et l'internationalisation de
l'université. »92
Ils se posent la question de savoir « comment
intégrer ces enjeux dans un système miné par plusieurs
maux qui pour la plupart impliquent l'organisation de l'institution et des
acteurs de sa gouvernance ?»93.A cette
préoccupation, les auteurs préconisent une réponse,
à savoir : « (É) contraintes structurelles,
matérielles, et au déficit de communication, ou mieux encore au
manque de régulation des instances de la gouvernance dans les
établissements universitaires. »94
Théophile Maganga et Georges Moussavou pensent que dans
ce contexte universitaire « l'acteur n'est pas une marionnette et n'a
pas les mains liées. Il dispose d'une marge de liberté qui lui
permet de façonner sa propre stratégie de fonctionnement ou son
système d'action concrète... »95
Afin de montrer le dysfonctionnement dans les
universités, les auteurs établissent une lecture des
différentes revendications effectuées, qu'ils enrichissent par
une relecture de textes donnés en réponse par le gouvernement.
Bien que cette analyse soit fondée sur les structures d'enseignement de
la recherche notamment les universités, nous pouvons souligner cette
réflexion met en relief l'aspect stratégique des
différents acteurs ou encore des différentes parties de la
revendication et de la gouvernance de la recherche. En effet, l'utilisation
très révélatrice des réalités d'un secteur
mais aussi de l'applicabilité ou pas des engagements pris par chacun en
vue d'apporter les solutions.
92 T.Maganga et G.Moussavou, Gouvernance des
universités. Quels défis à relever pour leur performance
?, Paris, Publibook, p.21.
93 Ibid. p.22.
Parlant des enjeux actuels des universités, en se basant
sur les normes de globalisation.
94 Ibid. p.23.
95 Ibid. p.27.
42
Dans la revue semestrielle de l'Institut de Recherche en
Science Humaine (IRSH) Georges Moussavou s'intéresse à «
la pauvreté dans des organisations universitaires et de recherche
scientifique au Gabon. »96 Il soutient que faire
référence à la pauvreté dans la gestion
administrative des Universités et Centres de recherche scientifique
c'est en réalité montrer les caractéristiques des
insuffisances rencontrées dans ces différentes structures.
Il analyse la pauvreté à trois (3) niveaux,
notamment : les structures d'accueil et de travail ; l'activité de
recherche et la professionnalisation universitaire. Il conclut que la
pauvreté des organisations universitaires et de recherche,
au-delà des raisons soulignées supra, la relation que
l'État entretient avec ses organisations et les « attitudes de
fuites, de beaucoup de personnels, de l'espace universitaire et scientifique
vers des activités extérieures à celui-ci.
»97. Cette fuite amène les différents
acteurs à s'intéresser aux projets extérieurs qui sont
plus rémunérateurs.
Citant Fidèle Pierre Nze Nguema, G. Moussavou
relève que les vecteurs et acteurs porteurs de la crise sont multiples.
D'après lui, tout se joue dans l'éthique que porte chaque partie
: l'éthique de conviction du politique et l'éthique de conviction
du savant. Une réflexion qui donne à la lire la
réalité de la recherche scientifique au Gabon par le biais de ses
différents acteurs.
L'éthique de la recherche soutenue en effet par les
chercheurs est dépendante de leur réputation, donc de leur
renommée dans le champ de la recherche et même au-delà, et
aussi, à la place que ceux-ci occuperont dans le champ, et que les
agents du champ politique (donc décisionnel) agissent dans le champ de
la recherche afin de maintenir, selon leur perception, leur place dans le champ
politique98.
Et comme l'a dit Munzangala dans son article portant sur la
Pauvreté dans les États Africains, les gouvernements
africains brandissent des promesses qui deviennent des lettres
96 G. Moussavou, « Facteurs et éléments
de pauvreté des organisations universitaires et de recherche
scientifique au Gabon », Pauvreté (concepts, regards,
territoires, sociétés) Revue semestrielle de l'Institut de
Recherche en Sciences Humaines (CENAREST- GABON), Vol. 9-10, 2006, p. 70.
97 Ibid. p.80.
98 Idem.
F.P.Nze-Nguema, « La recherche pour le
développement : une culture de société », Revue
de géographie, laboratoire d'analyse spatiale et des environnements
tropicaux, 1ère année, Libreville, U.O.B, p.89,
in.cité par, dans son article portant sur « Facteurs et
éléments de pauvreté des organisations universitaires et
de recherche scientifique au Gabon », Pauvreté (concepts,
regards, territoires, sociétés) Revue semestrielle de l'Institut
de Recherche en Sciences Humaines (CENAREST- GABON), Vol. 9-10, 2006, p. 70.
43
mortes afin de plaire aux créanciers étrangers
qu'à destination de l'opinion nationales. Il pense que ce système
favorise une paupérisation qui fragilise le tissu
social99.
Georges Moussavou poursuit en faisant une analyse
organisations et du système universitaire. Il fait une lecture des
organisations de la recherche. Il soutient que la question de la
définition et de la détermination des finalités des
objectifs et statuts de la recherche scientifique au niveau national, telle que
celle-ci est organisée et menée est celle du rapport entre
l'État (puissance publique) et la construction du modèle social
spécifique, à travers les établissements d'enseignement et
de recherche qu'il a créés ou laissés mettre en place,
dans le but d'assurer le développement économique et social de
recherche. Il explique qu'il existe un déficit quantitatif et qualitatif
de chercheur 100
Georges Moussavou traite des problèmes
organisationnels, la répartition des rôles entre le CENAREST et le
Ministère. Il relève un problème majeur du
dysfonctionnement au sein du secteur de la recherche, en s'appuyant sur
l'ancienneté des textes relatifs aux instituts. Il déplore la
mise en place de plusieurs structures administratives de la recherche qui n'ont
pas été rendues effectives101.
Il souligne deux (2) raisons : L'attitude des gouvernants et
les problèmes organisationnels.
Dans sa thèse de doctorat sur L'État et le
système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au
Gabon : contribution à une sociologie des institutions publiques,
Georges Moussavou commente une analyse qu'il poursuivra dans ses
ouvrages.
Il fait référence aux difficultés du
système supérieur. En exploitant une théorie actionniste,
il met en exergue le fait que le système de recherche soit un univers
dans lequel les différents acteurs émettent des moyens, afin
d'agir et obtenir ce qui lui est dû. Il fait une lecture du cercle
comptant les enseignants-chercheurs, les étudiants et les gouvernants.
Il effectue une lecture d'interaction entre les parties et non au sein des
parties102.
M. Ibinga et M. Zue Elibiyo font référence aux
résultats de la recherche pour faire une lecture de la gestion de la
recherche au Gabon. Ils expliquent que les différents résultats
de rechercher produit ne sont pas pris en compte par les gouvernants. Ils
pensent qu'il faudrait que
99 D. Munzungala-Munziewu, « De la pauvreté
comme aporie de l'Etat de droit en Afrique », in. Pauvreté
(concepts, regards, territoires, sociétés) Revue
semestrielle de l'institut de recherche en sciences humaines (CENAREST- GABON),
Vol. 9-10, 2006, p. 30.
100 G. Moussavou, Organisation et système
universitaire au Gabon. Sociologie des processus et systèmes
institutionnels, Paris, L'Harmathan, p. 129.
101 Idem.
102 G. Moussavou, L'État et le
système d'enseignement supérieur et de recherche scientifique au
Gabon : contribution à une sociologie des institutions publiques,
Thèse de doctorat en Sociologie, Université d'Amiens, Sous
la direction de Jean Copans, Soutenue en 2005, p. 30.
44
les autorités, qu'ils appellent décideurs,
considèrent la pertinence des travaux de recherche
réalisés par les chercheurs gabonais.
D'après les constats faits par les auteurs, l'une des
difficultés que rencontre la recherche scientifique est la
méconnaissance générale des résultats. Ils
soulignent le fait que cette méconnaissance soit réelle au sein
du corps des chercheurs. Les chercheurs entre eux ignorent les résultats
de recherche des chercheurs d'autres laboratoires. La véritable
problématique que posent les auteurs dans l'étude est celle des
difficultés au niveau de la culture scientifique103.
Marcelle Ibinga fait aussi une analyse sur le financement de
la recherche. Il pose plusieurs problèmes autour de la question du
financement de la recherche. Il explique que la répartition
budgétaire entre les laboratoires de recherche devrait être
équitable.
L'objectif premier de son étude est de montrer
l'importance de financer la recherche de façon équitable et se
fonde sur deux questions : celles de savoir comment les chercheurs peuvent-ils
rendre la recherche visible et comment publier sans fonds de recherche.
Il met un accent particulier sur le fait que les instituts et
laboratoires devraient mettre un accent sur la quête de fond privé
de recherche104 , et poursuit, en expliquant que les
allocations octroyées aux différents laboratoires et centre de
recherche sont insuffisants et reparties de façon inégale.
Alphonse Donald Nze.W donne son point de vue sur la gestion de
la recherche au Gabon, en rappelant le manque de connaissance des publications
des chercheurs, non seulement par leurs collègues, mais aussi par le
grand public.
D'après l'étude menée par l'auteur, cette
méconnaissance existe pour deux raisons : le cloisonnement et la
spécificité des chercheurs et de type de publication.
Établir une relation de ces deux aspects permet de connaître la
réalité sur la méconnaissance. Elle est aussi issue du
statut que les uns donnent aux autres105.
De toutes ces contributions, aucune ne relève la
confusion et l'accumulation de rôles et de statuts dans la gouvernance de
la recherche.
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