B- Engagements des parties à la CCNUCC
Pour une application efficace de la CCNUCC, les parties
doivent respecter un certain nombre d'engagements. Aux termes de la Convention,
et en fonction des différences en les parties, les pays se sont
répartis en trois groupes auxquels sont rattachés des engagements
différents : les Parties visées à l'annexe I, les parties
visées à l'annexe II et les parties non visées à
l'annexe I.
1- Engagements généraux
Toutes les Parties qui ont ratifié, accepté ou
approuvé la Convention ou qui y ont adhéré, sont soumises
à des obligations générales afin de faire face aux
changements climatiques. Selon l'article 4 paragraphe 1, toutes les Parties
"établissent, mettent à jour périodiquement, publient et
mettent à la disposition de la Conférence des Parties des
communications nationales"10. Ces communications devraient
dresser des inventaires nationaux de leurs émissions anthropiques par
leurs sources et de l'absorption par leurs puits de tous les gaz à effet
de serre (GES) non règlementés par le protocole de
Montréal. Elles devraient mettre en oeuvre des programmes nationaux et
régionaux, pour atténuer les changements climatiques. Les Parties
devaient encourager et soutenir, par le biais de la coopération, la mise
au point, l'application et la diffusion d'un transfert de technologie dans les
secteurs de l'énergie, des transports, de l'agriculture, des
forêts et de la gestion des déchets.
De même, toutes les parties devaient encourager la
gestion rationnelle, l'exploitation durable et soutenir par leur
coopération la conservation et le renforcement des puits et des
réservoirs des gaz à effet de serre notamment la biomasse, les
forêts et les océans de même que les autres
écosystèmes terrestres, côtiers et marins. En outre, les
Parties devaient prendre en compte l'évolution du climat dans leurs
politiques sociales, économiques et environnementales. Elles devaient
coopérer aux travaux de recherche dans les domaines des sciences, des
techniques et d'éducation et encourager l'éducation, la
sensibilisation et l'échange d'informations en matière de
changements climatiques11. Elles prenaient l'engagement de tenir
compte "des considérations liées aux changements climatiques dans
leurs politiques et actions sociales, économiques et écologique
et utiliser des méthodes appropriées"12. Les parties
devaient par exemple effectuer des études d'impact, formuler et
définir sur le plan national des projets ou mesures qu'elles
entreprendront en vue de l'atténuation et l'adaptation aux changements
climatiques.
9 Ibid.
10 Ibid.
11 PNUE et UNFCCC, Changement climatique...,
p.38.
12 CCNUCC..., p.7.
53
Tableau n° 3: Les gaz à effet de
serre à réduire par les parties à la CCNUCC
Nom du gaz
|
Formule chimique
|
Le dioxyde de carbone
|
CO2
|
Le méthane
|
CH4
|
L'oxyde nitreux
|
N2O
|
Les hydrofluocarbones
|
HFC
|
Les hydrocarbures perfluorés
|
PFC
|
L'hexafluorure de soufre
|
SF6
|
Source : Adaptation Protocole de Kyoto
Le tableau ci-dessus répertorie les six principaux gaz
à effet de serre. Les dispositions de la Convention concernent tous les
gaz à effet de serre qui ne sont pas visés par le Protocole de
Montréal de 1987 à la Convention des nations Unies pour la
protection de la couche d'ozone. Ces gaz ont été
intégrés au Protocole de Kyoto. Les trois premiers sont à
l'origine respectivement de 50, 18 et 7 pour cent du réchauffement de la
planète imputable aux activités humaines. Les HFC et les PFC sont
utilisés à la place de certaines substances qui appauvrissent la
couche d'ozone.
2- Les pays industrialisés membres de
l'Organisation de Coopération et
de Développement Economiques (OCDE)
Il s'agit ici d'un groupe de pays européens, à
l'exception des Etats-Unis d'Amérique, membres de l'Organisation de la
Coopération et de Développement Economique. A ce groupe, il faut
inclure la Communauté Economique Européenne (CEE). Ces Parties
ont pris des engagements particuliers et figurent aux annexes I et II de la
Convention.
a- Les engagements des Parties visées à
l'annexe I
Les Parties visées à l'annexe I sont les pays
industrialisés qui étaient membres de l'OCDE en 1992, plus les
pays en transition sur le plan économique. Ces pays en transition sont :
la Fédération de Russie, les Etats baltes et plusieurs Etats
d'Europe centrale et orientale13. La Convention accorde aux Parties
en transition vers une économie de marché une certaine
malléabilité dans le respect de leurs engagements de faire face
aux changements climatiques. Il leur est demandé une certaine latitude
dans l'exécution de leurs engagements en raison des
événements liés à la fin de la guerre froide et la
dislocation de l'Union des Républiques Socialiste Soviétique qui
venaient de chambouler leur économie ainsi que leur vie politique. La
plupart de ces pays se sont prévalus de ce privilège pour choisir
une année de référence autre que 1990, compte tenu du net
recul de leurs émissions14.
13 Belarus, Croatie, Bulgarie, Hongrie, Pologne,
République Tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et
Ukraine.
14 J. Depledge & R. Lamb, Guide de la
Convention sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto :
Préserver le climat, Bonn, UNFCCC, 2005, p.9.
54
Ces Parties avaient pour obligation d'adopter
immédiatement des politiques et de prendre des mesures pour
atténuer les changements climatiques, en vue de ramener individuellement
ou conjointement d'ici à l'an 2000 leurs émissions anthropiques
du dioxyde de carbone et d'autres gaz à effet de serre au niveau de
1990. Les Parties visées par l'annexe I avaient un délai de six
mois après l'entrée en vigueur de la Convention pour donner des
informations détaillées sur les politiques et mesures, de
même que sur les projections qui en résultent quant aux
émissions anthropiques par ses sources et à l'absorption par ses
puits des gaz à effet de serre non règlementés par le
protocole de Montréal dans le but d'atténuer les effets des
changements climatiques15. Ces politiques et mesures devaient
être adoptées tant à l'échelle nationale qu'au sein
des organisations d'intégration économique régionale.
Elles devaient aussi montrer leur ferme détermination à lutter
contre les changements climatiques.
Pour la mise en application de ces engagements, une marge de
manoeuvre est accordée aux parties visées. L'article 4 paragraphe
2 alinéa (e) stipule que chacune de ces parties :
i) Coordonne selon les besoins avec les autres parties
visées les instruments économiques et administratifs
appropriés élaborés aux fins des objectifs de la
Convention ;
ii) Recense et examine périodiquement celles de ses
politiques et pratiques qui encouragent des activités ajoutant aux
émissions anthropiques de gaz à effet de serre non
réglementés par le Protocole de Montréal16.
Le tableau ci-dessous présente les Parties visées
à l'annexe I selon leur catégorie et leur situation
économique.
Tableau n° 4: Liste des Etats figurant
à l'annexe I de la CCNUCC
Pays européens membres de l'OCDE
|
Pays en transition économique
|
Pays ajoutés en
199817
|
Autres pays et organisation de l'annexe
I
|
Allemagne, Autriche, Belgique,
|
Belarus, Bulgarie, Croatie,
|
Croatie,
|
Australie, Canada,
|
Danemark, Finlande, France,
|
Estonie, Fédération de
|
Liechtenstein,
|
Communauté économique
|
Grèce, Irlande, Islande, Italie,
|
Russie, Hongrie, Lettonie,
|
Monaco,
|
européenne, Etats-Unis
|
Luxembourg, Norvège, Pays-
|
Lituanie, Pologne,
|
République
|
d'Amérique, Japon, Nouvelle-
|
Bas, Portugal, Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du
Nord, suède, suisse Turquie
|
République Tchèque,
Roumanie, Slovaquie,
Slovénie, Ukraine
|
Tchèque, Slovaquie, Slovénie
|
Zélande
|
Source: CCNUCC, annexe I, p.24.
Ce tableau présente les 41 pays figurant à
l'annexe I. Il tient compte des critères géographiques et
économiques des Parties visées. En effet, il regroupe ces Etats
en quatre catégories. D'abord les pays d'Europe avec les vingt membres
de l'OCDE. De même, nous avons quatorze pays en transition
15 CCNUCC..., p.8.
16 Ibid., p.9.
17 Il s'agit des pays ajoutés à l'annexe
I en vertu d'un amendement entré en vigueur le 13 aout 1998, en
application de la décision 4/CP.3 que la conférence la
Conférence des Parties avaient adoptée à sa
troisième session.
18 Ibid.
19 Ibid.
55
vers une économie de marché qui sont pour la
plupart les Etats de l'Europe centrale et de l'Est. Ensuite nous avons un
groupe de six pays ajoutés lors de la troisième session de la
Conférence des Parties en 1997. Enfin viennent les pays appartenant
à d'autres continents comme l'Amérique, l'Asie et
l'Océanie. À ce groupe il faut inclure la CEE qui dans le
processus de lutte contre les changements climatique s'est engagée en
tant que Partie.
b- Engagements des parties visées à
l'annexe II
Les Parties visées à l'annexe II sont les pays
membres de l'OCDE qui figurent à l'annexe I, sans les pays en transition
économique. Elles doivent procurer des ressources financières,
afin que les pays en développement puissent mener des activités
incitant à la réduction des émissions des GES, et
permettant de s'adapter facilement aux effets des changements climatiques. Les
Parties visées à l'annexe II devaient "aider les pays en
développement Parties particulièrement vulnérables aux
effets néfastes des changements climatiques à faire face au
coût de leur adaptation auxdits
effets"18.
Par ailleurs, les pays développés parties et les
autres Parties développées figurant à l'annexe
II devaient prendre :"toutes les mesures possibles en vue
d'encourager, de faciliter et de financer,
selon les besoins, le transfert ou l'accès de
technologies et de savoir-faire écologiquement rationnels aux autres
Parties, et plus particulièrement les pays en développement afin
de permettre d'appliquer
les dispositions de la Convention"19.
Dans la même perspective les pays
développés devaient soutenir le développement et le
renforcement des capacités et technologies propres aux pays en
développement. Les autres Parties et organisations en mesure de le faire
peuvent également aider dans la facilitation du transfert de ces
technologies. Le tableau ci-dessous classe les Parties visées à
l'annexe II en fonction de leur appartenance régionale.
Tableau n° 5: Liste des Parties
visées à l'annexe II de la CCNUCC
Europe
|
Amérique
|
Asie
|
Océanie
|
Organisation
|
Allemagne, Autriche, Belgique,
Danemark, Espagne, Finlande, France,
Grèce, Irlande, Islande, Italie,
|
Canada, Etats-Unis d'Amérique
|
Japon
|
Australie, Nouvelle- Zélande
|
Communauté économique européenne
|
Luxembourg, Norvège, Pays-Bas,
|
|
|
|
|
Portugal, Royaume-Uni de Grande
|
|
|
|
|
Bretagne et d'Irlande du Nord, Suède,
|
|
|
|
|
Suisse
|
|
|
|
|
Source : CCNUCC, annexe II, p.25.
56
3- Pour les pays en développement
En tant que pays ne figurant pas à l'annexe I, la
principale obligation des pays en développement dont le Cameroun en fait
partie, est de présenter une communication nationale20. Cet
engagement est conditionné à l'obtention d'un soutien financier
des parties de l'annexe j21. La Convention reconnaît que
certains groupes de pays sont particulièrement vulnérables aux
effets préjudiciables des dérèglements climatiques. Parmi
ces pays nous avons les petits pays insulaires, les pays ayant des zones
côtières de faible élévation, les pays ayant des
zones arides et semi-arides, des zones de forêts et des zones sujettes au
dépérissement des forêts. De même nous avons les pays
ayant des zones sujettes à des catastrophes naturelles, les pays ayant
des zones sujettes à la sècheresse et à la
désertification, les pays ayant des zones de forte pollution de
l'atmosphère urbaine, les pays ayant des écosystèmes
montagneux fragiles, les pays sans littoral et les pays de transit. D'autres
sont davantage menacés par l'impact que pourraient avoir des mesures de
riposte, en occurrence les pays dont l'économie est fortement tributaire
soit des revenus de la production, de la transformation et du commerce des
combustibles fossiles22.
Au terme de la Convention, le degré d'acquittement des
engagements de pays en développement sera tributaire de celui des pays
développés. L'article 4 paragraphe 7 stipule à ce propos
que : "la mesure dans laquelle les pays en développement parties
s'acquitteront effectivement de leurs engagements au titre de la Convention
dépendra de l'exécution efficace par les pays
développés parties de leurs propres
engagements"23. La Convention insiste ainsi sur
les activités qui doivent permettre de répondre aux besoins et
aux préoccupations spécifiques de ces pays vulnérables, en
termes d'investissement, d'assurance et du transfert de technologie. Une
attention particulière est accordée aux pays les moins
avancés (PMA), qui disposent des revenus limités pour
réagir et s'adapter au phénomène de changement climatique.
En conséquence, les Parties doivent tenir compte de la situation
spéciale des PMA, quand elles envisageront des activités de
financement et de transfert de technologie24.
20 La communication nationale comprend
principalement l'inventaire national des émissions des GES et de leur
absorption par des puits, les options d'atténuation des émissions
des GES, des programmes nationaux d'adaptation aux impacts des changements
climatiques, des initiatives nationales en relation avec les dispositions de la
CCNUCC et des besoins nationaux de renforcement des capacités et de
financement de projets.
21 B. Abdelkarim, La Convention des Nations Unies sur
les Changements Climatiques : Etat de la mise en oeuvre au Maroc, Institut
Agronomique et Vétérinaire Hassan II, 2004, p.3.
22 Depledge & Lamb, Guide de la Convention...,
p.9.
23 Ibib., p.10.
24 Ibid.
57
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