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étude de la migration clandestine somalienne vers l'europe ses causes et conséquences à  travers la presse arabe


par Bilal HACHIN IBRAHIM
Université de Lorraine - Master 1 2018
  

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Chapitre II

Les conséquences de l'émigration clandestine

somalienne vers l'Europe à travers la presse

arabe et étrangère

38

A. La souffrance des émigrés dans le désert, dans les pays de transit et en Méditerranée

Le nombre exact d'émigrés somaliens qui meurent durant le voyage vers l'Europe est inconnu mais depuis l'apparition du phénomène d'émigration les mortalités ne cessent d'augmenter année après année. Les émigrés somaliens et durant ce périple font face à deux épreuves, d'une part le désert entre la frontière Soudano-libyenne et d'autre part, la mer Méditerranéenne. Concernant le désert et pour se rendre en Lybie, il est traversé par la majorité des émigrés somaliens qui se rendent au Soudan depuis l'Éthiopie. Durant le périple, beaucoup de ces émigrés perdent la vie et ceux qui réussissent à le traverser et arrivent en Lybie, se préparent encore à embarquer vers l'Europe à bord de bateaux Zodiac surchargés. Dans cette partie, nous allons analyser comment la presse arabophone, francophone et anglophone décrit la situation des émigrés somaliens qui perdent la vie ou disparaissent durant la traversée du désert et celle de la Méditerranée.

Il faut tout d'abord rappeler que le désert entre le Soudan et Libye est un enfer pour les émigrés clandestins, en effet, « pour les migrants, la Libye est un paradoxe. C'est la destination principale de leur voyage souvent mortel dans le Sahara. C'est aussi le point de départ principal pour embarquer vers l'Europe à travers la Méditerranée. Tous les témoignages recueillis par VOA Afrique montrent que la Libye constitue la partie la plus sombre de leur voyage. C'est aussi là ou leur destin peut basculer53. ».

Aussi, les passeurs et hormis leur attitude inhumaine envers les émigrés, utilisent plusieurs moyens de transports lors de cette traversée, on trouve l'utilisation de Pick-up ou de camions dans lesquels les émigrés sont entassés dans d'effroyables conditions et desquels ils peuvent tomber à tout moment sans être secourus par les passeurs. Ils se retrouvent donc abandonnés dans le désert sans eau ni nourriture. Ces informations ont été relayées par une émigrée somalienne RASHID Khadra qui a affirmé à la radio américaine Voice Of America, VOA:

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53VOA, Le cauchemar des migrants africains vers l'Europe, publié en février 2017, en ligne : https://projects.voanews.com/adrift-african-diaspora/french/, consulté le 22/12/2017.

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« Khadra RASHID est l'une des survivantes de l'horrible incident : « Nous étions à bord d'une voiture avec 124 personnes, une grande quantité de ciment était placée au-dessus de nous et arrivés prés de Tripoli, les sacs de ciment sont tombés sur nous. Nous avions demandé l'aide du conducteur mais il ne s'était pas arrêté par peur de la police. Puis une autre quantité de sac nous est tombée dessus. » Khadra RASHIDa rapporté que le conducteur arrêt a finalement le véhicule en découvrant plusieurs blessés et les corps inanimés d'une vingtaine de personnes. Ces personnes ont été transférées dans un hôpital à Tripoli et les survivants de l'incident en prison. Notons que ces personnes sont venues de la Somalie et tous voulaient se rendre en Europe par la Méditerranéenne. Cet incident n'est pas le premier qui fait perdre la vie à plusieurs Somaliens mais il est le premier dans son genre puisque jusqu'à cet incident les Somaliens mouraient noyés dans la mer ou dans le désert. ».

Le 29 décembre 2012, le journal Somali al-Yawm a relayé cet incident et a communiqué la mort d'environ vingt de ces émigrés. La phrase tirée du VOA« une grande quantité de ciment était placée au-dessus de nous »montre que les trafiquants d'êtres humains se soucient uniquement de leurs intérêts matériels et financiers et manquent d'humanité et d'empathie. Aussi, pour exprimer la mort de ces émigrés, l'auteur a utilisé des synonymes différents en remplaçant un terme par un autre ou par une expression complète. Ainsi, on remarque l'emploie du substantif « wafât », « la mort » dans la première phrase, puis du verbe « mâta », « mourir » à la fois conjugué au passé « mâtû », « ils sont morts » et au présent« yamutûna »,« ils meurent ». Enfin, il a remplacé tous ces termes par l'euphémisme « ya?habu?a?iyataha» qui possède le même sens que le verbe mourir mais dont la valeur significative est atténuée, aussi cette expression est une périphrase, une figure de style utilisée par l'auteur pour éviter la répétition du même terme, ce qui montre aussi la richesse de la langue arabe.

Le 2 avril 2012, la presse al-Jazzera a publié un article sur l'émigration somalienne. L'étude de cet article nous confirme que 95 % des émigrés clandestins de la Somalie sont des jeunes représentant l'avenir du pays. Ici nous allons comparer l'article de la presse Somali al-

54SOMALI TODAY, La mort d'une vingtaine de somaliens dans un étrange accident enLybie, publié le 29 /12/2012, enligne, : http://www.somaliatodaynews.com/port/2009-04-24-18-19-57/1-2009-03-27-03-56-22/3909-2012-12-29-07-51-39.html, consulté le 18/01/2018.

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Yawmà celui d'al-Jazeera pour étudier leurs positions respectives, leurs divergences et similitudes :

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« Des sondages estiment la mort de centaines de migrants somaliens chaque année - dont 95% sont des jeunes - dans un voyage qui peut être décrit comme un suicide. Ils voyagent dans des camions traversant des centaines de kilomètres pour atteindre la Libye, puis vers l'Europe sur des bateaux gonflables qui ne résistent face aux vagues déchainées et à la violence du vent. Aussi, les Somaliens souffrent dans le désert de la Libye où ils meurent à cause de ce voyage périlleux qui commence dès la Somalie. ».

Dans cet extrait, on remarque que les jeunes représentent le plus grand pourcentage des Somaliens émigrant en Europe et en s'appuyant sur un sondage des Nations Unies, la presse al-Jazeera nous confirme que des centaines de Somaliens meurent chaque année à cause de l'émigration clandestine vers l'Europe. Le journal qualifie cette émigration d'acte suicidaire : «Fîri?laaqalamâtû?af bi annahainti?âriyya». Également, nous remarquons l'utilisation de deux expressions qui résument l'espace de souffrance des émigrés :

- Yu?âni al-?ûmâliyûnafî al-?a?râ?

- Yarkabûnfîðâ?inâttaq?a?umiât al-kilumitrât li ta?ilailaLîbyawaminhailâurûbâ

Aussi, il est indispensable de noter que le journal a bien préservé l'ordre des espaces traversé par les émigrés, à savoir l'espace du Sahara jusqu'à l'arrivée en Libye. Al-Jazeera dénonce, d'une part, l'effroyable et pénible trajet en traversant des milliers de kilomètres pour atteindre la Libye et l'Europe à travers Méditerranée. De plus, le journal mentionne les types de transports pris par les émigrés, à savoir les camions, les embarcations gonflables...etc. D'autre part, pour souligner la souffrance des émigrés clandestins durant ce

55AL-JAZEERA, L'émigration clandestine, le souffrance des somaliens, publié le 2 avril 2012, en ligne : http://www.aljazeera.net/news/reportsandinterviews/2012/4/2/%D8%A7%D9%84%D9%87%D8%AC%D8%B1%D8%A9-%D8%BA%D9%8A%D8%B1-%D8%A7%D9%84%D8%B4%D8%B1%D8%B9%D9%8A%D8%A9-%D9%85%D8%B9%D8%A7%D9%86%D8%A7%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%B5%D9%88%D9%85%D8%A7%D9%84%D9%8A%D9%8A%D9%86 , consulté le 07/01/2018.

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long voyage, l'article emploie le verbe « yu`ânîal-?ômâliyûn », « les somaliens souffrent », le verbe arabe « `âna » pourrait se mettre à l'aspect inaccompli ou à l'aspect accompli, cependant, l'accompli correspond à une action achevée et ce n'est pas le cas ici, le verbe «yu`ânûna» est alors un verbe inaccompli montrant que l'action est toujours en cours56. Le verbe«`ânâ » conjugué au présent « yu`ânûna »,« ils souffrent » signale bien que l'action a débuté il y a longtemps, en effet, la souffrance de ces personnes est due à un phénomène présent, qui existe toujours. Enfin, on remarque que les deux articles évoquent les mêmes obstacles et souffrances des émigrés.

Beaucoup de ces personnes trouvent la mort dans le désert, la cause étant que les passeurs se chargeant d'eux les abandonnent sans provisions par crainte des patrouilles frontalières, acte qui oblige les émigrés à marcher à pied de longues distances à la recherche d'un abri ou d'une oasis jusqu'à ce qu'ils perdent la vie. Partant de là, une page Facebook libyenne « al-Algwâ » a publié qu'un émigré clandestin somalien a été retrouvé sans vie dans le Sahara, abandonnés par leur passeur en plein désert, son frère qui voyageait avec lui et qui a été secouru témoigne :

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« La mort d'un somalien dans le désert près de Sabha à cause de la soif.Un somalien voyageait avec des passeurs pour traverser la frontière libyenne est décédé dans le désert à cause de la soif après que les passeursl'aient abandonné lui et son frère. Selon le témoignage de son frère, le défunt a marché depuis la Somalie jusqu'à la Libye et n'a pas pu supporter la soif dansle désert [...]. La ville de Sabha connait la mort de plusieurs émigrés somaliens se dirigeant vers la Libye par le désert. ».

56L'ÉCOLE DES HIBOUX, La conjugaison et les verbes en arabe, en ligne, http://www.les-ziboux.rasama.org/conjugaison-verbes-arabe.html, consulté le 19/12/2017.

57AJWA, La mort d'un somalien dans le désert près de Sabha à cause de la soif, publié le 15 Mars 2015, en ligne : https://www.facebook.com/ajwanews/photos/a.391836070889900.93550.391790294227811/832198610186975/, consulté le 15/11/2017.

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Le journal britannique Telegraph, communique l'histoire de Fedussa, une jeune femme somalienne qui a voyagé clandestinement à travers le Soudan. La prochaine étape dans le voyage de Fedussa fut Tripoli, en Libye ou elle a été détenue dans une maison en plein désert pendant trois mois. En expliquant sa détention et sa souffrance, elle raconte qu'il y avait 412 hommes dans une pièce et 116 femmes dans une autre. Elle relate aussi les menaces faites par les passeurs : « on va vous enterrer comme des chiens 58», elle continue en évoquant l'insalubrité de la chambre dans laquelle elle était détenue et perd espoir d'être libérée en voyant une femme enceinte avec son bébé mourir de faim devant ses yeux. Enfin, elle affirme que lorsque les passeurs enterrent ces personnes au Sahara, ils ne se donnent même pas la peine de creuser une tombe, ils se servent de leurs mains ou de leurs assiettes pour creuser une tombe peu profonde dans laquelle ils jettent les corps.

GEELDOON Mohamed, ancien migrant somalien a évoqué dans son livre où il raconte son périple,

qu'après avoir voyagé pendant environ 18 jours à travers le désert, la voiture qui les transportait est tombée en panne et le téléphone satellitaire qui les guidait n'avait plus de charge. Leur voyage s'était donc transformé en cauchemar, les passeurs les avaient abandonnés en plein désert en leur indiquant un chemin à suivre et où ils reviendraient les chercher plus tard. Pensant que ces promesses étaient sincères ils ont marché en direction de ce lieu de rencontre où beaucoup d'entre eux ont perdu la vie, notamment des femmes et des hommes âgés :

« Il n'y avait presque rien à manger. [...] On piétinait depuis deux jours lorsqu'un vieil homme est mort. Je me souviens qu'il marchait très lentement et les gens l'attendaient [...]. Soudain, il s'accroupit et tomba par terre [...], il était mort. Il a été le premier à mourir. Chacun d'entre nous était furieux, certains pleuraient et d'autres pensaient que nous allons tous mourir. Nous avons ensuite commencé à l'enterrer. Trop épuisés, quatre d'entre nous seulement ont creusé et placé son corps dans la tombe, puis nous avons prié sur lui. Nous étions choqués, faibles et souffrants59.».

58 EIRINI LEMOS, How migrants are being raped, left for dead and 'buried like dogs' by people smugglers,Comment les migrants sont violés, laissés pour morts et «enterrés comme des chiens» par des passeurs,

publiéle 6 Aoùt 2015, enligne : http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/11814241/How-migrants-are-being-raped-left-for-dead-and-buried-like-dogs-by-people-smugglers.html,consulté le 05/02/2018.

59GEELDOON Mohamed, We Kissed the Ground, A migrant's journey from Somaliland to the Mediterraneanp, Nous avons embrassé le sol, le voyage d'un migrant du Somaliland à la Méditerranée, rifty valley institute, 2006, London, 72 pages.

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Dans son roman Le Titanic africain, dans le même style que GEELDOON Mohamed, KAHAL Hamid, un écrivain érythréen a lui aussi abordé le sujet de la souffrance des émigrés clandestins durant ce voyage à travers le Sahara, en l'évoquant dans plusieurs termes dénotant la douleur physique et morale d'un voyage soldé par la mort :

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« On n'avait plus d'eau et on ne savait pas où on était. [...] Les bouches et les nez se sont transformés en des grottes habitées par la poussière. Les dernières gouttes d'eau qui traversèrent ma gorge étaient bues il y a deux jours. Jusqu'à présent, deux Érythréens et un Somalien sont morts. Le Somalien et l'un des Érythréens sont morts presque au même moment. ».

L'auteur de ce roman emploie des termes qui reflètent les difficultés des émigrés dans le désert, ainsi on remarque dans cet extrait que la phrase «Ta?awalat l-afwâhu-wal-unûf-ilâ-magârât-yaskunuhâ l-gubâr» est une kinâya, dérivé de la racine « K. N. Y. », il dénote généralement l'idée de : cacher, dissimuler, camoufler. Comme l'euphémisme, la kinâya consiste à ne pas dire, expressément, le sens voulu, mais un autre qui s'en résulte61. L'objectif de l'auteur est donc de dire que les émigrés souffraient à cause de la fatigue et du désert et pour souligner cela, il a employé à deux reprises le verbe«mâtâ» « ils sont morts », et la répétition de ce terme dévoile la douloureuse réalité de cette situation.

D'après Rahma ABUKAR ALI, une migrante somalienne qui a voyagé à travers le désert raconte à VOA Afrique comment elle a passé les cinq derniers mois de sa grossesse à parcourir le continent pour émigrer. Lors de l'interview, elle a affirmé que les émigrés enduraient beaucoup de souffrances dans le Sahara, certains buvaient leurs urines pour ne pas mourir de soif. Rahma ABUKAR ALI a rejoint la Lybie depuis la Somalie, exténuée par la chaleur brulante du Sahara, ses seuls moments de répit étaient les voyages en camion, entassée avec d'autres malheureux qui tentaient de fuir ce pays ravagé par la guerre. Rahma ABUKAR ALI embarque depuis la Libye sur un bateau de fortune en direction de l'Europe,

60 KAHAL Hamid Abu-Bakr, Le Titanic africain, ed. al-Sâqî,2008. 34 pages.

61 KHALFALLAH Nejmeddine, Kinâya Litote, euphémisme, Cours d'histoire de la tradition rhétorique donné en 2017 pour le master1 MECO arabe.

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ce voyage selon elle marquera un nouveau départ, soit la vie en Europe, soit la mort. Après avoir été secourue en mer, Rahma ABUKAR ALI accouchera d'une petite fille prénommée Sophia sur un bateau de la marine allemande au milieu de la Méditerranée62.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore