Conclusion
L'immigration clandestine somalienne a toujours existé.
En 1991, il y a eu en Somalie une guerre civile qui a causé la chute du
gouvernement central somalien et l'écroulement de toutes les
institutions. Depuis, le pays est plongé dans une situation chaotique,
en effet, des guerres civiles éclatent entre des milices armées
ce qui a provoqué la chute du dernier régime. Ainsi, beaucoup de
Somaliens ont dû quitter le pays à cause de la guerre et se sont
réfugiés dans le monde entier notamment dans les pays de la Corne
de l'Afrique limitrophes de la Somalie, comme Djibouti, l'Éthiopie, le
Kenya et le Yémen... Etc. Les programmes de réinstallation des
organisations humanitaires comme HCR et le haut-commissariat pour
réfugiés a permis à des milliers de Somaliens de
s'installer partout dans le monde mais surtout en Amérique du Nord et en
Europe.
Cette émigration est causée par la guerre qui a
déchiré le pays depuis 1991 et par le chômage qui a
touché une grande majorité de la population somalienne, en effet,
après deux décennies de guerre civile et l'effondrement de toutes
les institutions gouvernementales, la possibilité de trouver un emploi
est nulle, ce qui représente pour beaucoup de Somaliens une grande
difficulté pour gérer leur vie et celle de leur famille. L'autre
raison est liée au groupe al-Ðabâb qui oblige les jeunes
à le rejoindre et comme témoignent les rescapés du groupe,
ils ont immigré pour éviter les menaces et les recrutements du
groupe. Enfin, la dernière cause de départ est les réseaux
sociaux. Ainsi, on remarque que malgré la guerre civile, des entreprises
du secteur privé ont réalisé un grand développement
dans le domaine de la télécommunication, ce qui a changé
le mode de vie de beaucoup de Somaliens. En effet, elle a facilité la
communication entre les Somaliens restés au pays et ceux partis à
l'étranger et leur a permis, par Face book, l'accès notamment aux
photographies de ceux qui ont réussi à rejoindre l'Europe,
à des informations sur la vie en Europe, et cela les encouragent
à partir en Europe.
À cause de toutes les raisons mentionnées,
plusieurs émigrés clandestins somaliens dont des étudiants
quittent chaque année la Somalie pour avoir une vie meilleure en Europe.
Pour ce faire, ils effectuent un long trajet depuis la Somalie en passant par
d'autres pays comme l'Éthiopie et le Soudan qui constituent la
première étape pour les émigrés somaliens pour
rejoindre la Libye puis l'Europe. Et sans oublier le passage par le
désert entre le Soudan et la Libye, dans lequel ils subissent plusieurs
souffrances physiques et mentales, dont des violences sexuelles, des actes de
tortures. Les rescapés du désert arrivent en Libye, qui est l'un
des pays de transit pour rejoindre l'Italie, la porte d'entrée de
l'Europe, et dès l'arrivée en Libye, les passeurs les remettent
à d'autres trafiquants d'êtres humains locaux qui les emprisonnent
dans des centres de détentions jusqu'à ce que la rançon
soit payée. Durant la période d'attente de cette rançon,
les
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émigrés font face aux pires violences comme la
torture, les violes contre les femmes émigrées et autres
violations. Et pour recevoir rapidement leurs rançons, les passeurs
publient des vidéos sur les réseaux sociaux dans lesquelles ils
torturent les émigrés, et selon les témoignages des
rescapés arrivés en Europe, les détenus ne seront
libérés qu'après avoir réglé la
rançon qui va de 5000 à 8000 dollars, voire plus. Enfin, ceux qui
arrivent à payer la rançon, se préparent et embarquent
dans des bateaux de fortune vers l'Europe.
Depuis le début du phénomène de
l'émigration jusqu'à nos jours, beaucoup d'émigrés
somaliens ont trouvé la mort durant le trajet dans le désert,
dans les pays de transit ou en Méditerranée. Le chiffre exact des
disparus lors de ce périple est inconnu, mais les médias
retiennent deux naufrages parmi les plus meurtriers, celui du 5 octobre 2013
près de l'ile de Lampedusa, où 300 personnes sont mortes
noyées, et celui du 18 avril 2016 où le nombre de
décès atteint 400 victimes.
Les émigrés pensent qu'une fois en Europe ils
vivront une vie bien meilleure, mais les déceptions une fois sur le
territoire sont grandes, ils souffrent de problèmes d'intégration
dans le pays d'accueil en partie à cause de la barrière de la
langue, aussi, ils rencontrent des difficultés à trouver un
logement et un métier, ce qui fait que la majorité est au
chômage à cause aussi du fait que leur apprentissage de la langue
du pays d'accueil dans des institutions humanitaires occupe la totalité
de leur temps, enfin, ils ont des difficultés à s'adapter aux
conditions climatiques.
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