I-INTRODUCTION
« Les douleurs légères s'expriment, les
grandes douleurs sont muettes »
Sénèque
Pour diagnostiquer et travailler sur la souffrance qui
engendre la douleur , le psychothérapeute a besoin de repères
aussi précis que possible qui lui serviront à guider et
tempérer sa propre appréciation subjective. Est-ce possible dans
le cas de la douleur chronique ? Cela nous semble délicat. Si on utilise
seulement « l'objet technique », on est conduit à
méconnaitre gravement la réalité de la souffrance physique
et psychique de celui qui l'exprime , à l'inverse, ce serait une erreur
d'affirmer qu'il n'y ait pas lieu de l'objectiver, car c'est
précisément cette évaluation qui permet la prise en charge
du patient tout en l' aidant à mieux suivre l'évolution de ses
douleurs.
Il faut comprendre que la douleur appartient en propre au
malade qui l'éprouve, la ressent, la vit et l'exprime à sa
manière. Il peut en faire ce qu'il veut : la taire, l'entravertir, la
sublimer, la dire à certains mais pas à d'autres, la
surévaluer, la sous-estimer, la nier, voir l'inventer de toutes
pièces.
Chez la personne atteinte de douleur chronique, en
l'occurrence la fibromyalgie, la douleur est diffuse, la fatigue et autres
symptômes n'entrainent pas de complication grave. Mais la douleur et la
souffrance sont bien là, très éprouvantes, elles
empêchent souvent la personne qui en souffre d'accomplir ses
activités quotidiennes, de répondre de manière
adéquate à ses responsabilités.
La douleur est bien là, mais pourquoi ?
L'étiologie de la fibromyalgie n'est pas encore trouvé, en
attendant que les recherches avancent sur ce syndrome, la fibromyalgie
décrite par les patients est : une perpétuelle insomnie de
bien-être, désespère, dévalorise, handicape ; et
envahit tout l'être, son discours, ses émotions, son imaginaire et
ainsi colore l'histoire du patient, déteint sur ses proches, sculpte son
empreinte physique, psychique, culturelle et spirituelle.
Dans le domaine de la recherche en psychologie, concernant ce
syndrome la plupart des auteurs ont relevé l'existence des troubles
anxieux et dépressifs pour la majorité des patients
fibromyalgiques.
Mais l'impact de la douleur est différent pour chaque
personne, car le sens de la douleur à travers l'histoire de vie est
unique pour chacun. Comprendre le sens, des nuances que la personne donne
à la douleur, par le reflet de ses pensées c'est essentiel en
psychologie.
La fibromyalgie pourrait donc également être
liée à des systèmes de pensées et de croyances trop
rigides appelés schémas dysfonctionnels, qui pousseraient les
personnes souffrantes de douleurs chroniques à des plaintes incessantes
de leurs souffrances.
Dans le cadre de ce mémoire, nous nous proposons donc,
après avoir rappelé brièvement les principaux
éléments sur la douleur, les différentes approches
relatives à la douleur, d'étudier la spécificité
des schémas précoces inadaptés chez les patients
fibromyalgiques, ainsi que leurs styles d'adaptation aux schémas. Ces
aspects seront analysés chez 6 patientes fibromyalgiques et les
résultats seront enfin discutés tout en laissant une ouverture
pour de nouveaux travaux dans ce domaine.
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