II. Définition des termes clefs
? Politique :
Le mot « politique » est formé à
partir de deux termes grecs dont « polis » qui ramène à
« cité » et le suffixe « -Kos » qui donne «
-ique » en français. Le mot politique trouve son origine dans le
latin « politicus », mot tiré du grec ancien « politikos
». Ce mot est relatif aux affaires de la cité, au gouvernement d'un
État.
Dans les débuts du XIIIe siècle après
Jésus-Christ, le mot désignait déjà « la
science du gouvernement de l'État ». Il connait une
légère modification en s'élargissant aux affaires
publiques. Plus tard, le mot désignera « prudent et adroit
».
Le Larousse définit le mot politique comme le
gouvernement d'un État, les relations mutuelles des divers États,
ce qui a rapport aux affaires publiques d'un État. Le dictionnaire
ajoute à cette définition, la manière de gouverner, la
théorie de l'organisation d'un État. Au sens figuré, le
dictionnaire définit le mot politique comme « une conduite
calculée pour atteindre un but précis, une manière
(prudente) de mener une affaire7 ».
Dans le monde scientifique, le mot politique connait diverses
conceptions selon la discipline et la théorie de l'auteur. Aristote,
dans son oeuvre « Les politiques », ramène la
définition du mot politique à la condition sociale de l'homme.
Pour lui, l'homme est un « animal politique »8,
c'est-à-dire un être sociable qui doit son existence dans la
constitution de l'État. Ainsi, cède-t-il son pouvoir au «
Léviathan »9, lui qui repose en l'âme du
corps politique exerçant le pouvoir politique et garantie la
sécurité comme le laisse entendre Hobbes à la
7Larousse, Dictionnaire
français, 3e édition.
8 Aristote, Les politiques ou Traité du
gouvernement civil, traduction française de Davide NAZEL, 1795
à partir de la 5e ed. de Londres publiée en 1728,
Garnier-Flammarion, 2e ed. Corrigée, Paris, 1992, p.99
9Aristote, op.cit.,traduction
française de Davide NAZEL, 1795 à partir de la 5e ed.
de Londres publiée en 1728, Garnier-Flammarion, 2e ed.
Corrigée, Paris, 1992, p.100
8
deuxième partie de son livre Léviathan.
Abordant dans le même sens que Hobbes, le philosophe John Locke au
chapitre VIII de son oeuvre : « Deux traités du gouvernement
civil »10, considère la politique comme le moyen de
gérer la cité équitablement. Un autre philosophe,
l'allemand Karl Jaspers définit la politique comme étant «
l'action qui conditionne notre coexistence dans le monde
»11. Cette conception est approuvée par John
Hallowell H. pour qui, « la politique est une science qui vise le
perfectionnement social »12. La définition du mot
politique nous conduit à chercher à savoir ce à quoi
ramènent les termes : Cité, Gouvernement et État. En
effet, définir ces différents termes pourra orienter notre
conception du mot politique dans le cadre de notre étude.
? La cité : La cité est
considérée par Platon « comme celle qui réalise
les quatre vertus : la sagesse, le courage, la tempérance et la justice
».13Quant à Aristote, il donne une autre conception
au mot en rompant avec l'idée de la cité parfaite et
définit une sorte de hiérarchisation au sein de la cité.
Pour lui, la cité part de « la famille, donc du couple au
village tout entier »14. Elle fondée sur
l'assemblage de plusieurs familles qui crée la cité ou
l'État au sein de laquelle vit une communauté. La cité est
par excellence, l'ensemble de familles vivantes sur un territoire. Si la
cité est ainsi définie, qu'en est-il de l'État dont parle
Aristote ?
? L'État : Dans les temps anciens,
l'État et la cité étaient deux termes désignant la
même réalité. Ainsi, Platon dans sa conception de la vraie
cité (l'État), avait fait une distinction de classes. Mais plus
tard, l'État sera considéré comme ce qui permet d'unifier,
de concilier la pluralité des intérêts
différenciés des individus qui composent la cité.
L'État est donc l'ensemble des communautés vivantes sur un
territoire délimité et qui subit le pouvoir de l'homme politique
: le gouvernement.
10Jhon LOCKE, Deux traités du gouvernement
civil, Garnier-Flammarion, 1690, p. 146
11Karl Jaspers, Initiation à la méthode
philosophique, éd. Payot, Paris, 1970, p.63.
12 John H. HALLOWELL, Les fondements de la
démocratie, Les éditions Inter-Nationales, Paris, 1972, p.
150.
13PLATON, La République ou De la
justice, Traduction nouvelle par Robert BACCOU, Librairie Garnier
Frère, Paris, 1936, pp. 133-134
14ARISTOTE, op. cit., traduction
française de Davide NAZEL, 1795 à partir de la 5e ed.
de Londres publiée en 1728, Garnier-Flammarion, 2e ed.
Corrigée, Paris, 1992
9
? Le gouvernement : Tiré du verbe
« kubernân » qui signifie piloter un navire ou un char, le mot
fut utilisé par le philosophe Platon de façon métaphorique
pour désigner « le fait de gouverner des hommes
»15. Le verbe a donné naissance au verbe latin
« gubernare » qui ramène à la même signification
que le premier sens donné au mot. L'usage polysémique de ce verbe
a donné en français : gouverner, gouvernement, gouvernance,
gouverneur, etc. Il désigne l'art ou la manière de gouverner, de
gérer.
De ce qui précède, l'on pourrait retenir que le
mot politique exprime la condition d'existence de l'homme en
société. Considéré ainsi, le mot politique ne
serait-il pas le résultat d'une communication managériale ? Dans
ce sens, Alex MUCCHIELLI la considère comme « contribuant
à la motivation des personnes et à la cohésion sociale
»16. Abordant dans le même sens, Jean-Pierre M. et
Daniel P. attribuent à la politique, « un acte, et un acte
social. Issue de la relation sociale, la communication forme, motive et
transforme les relations »17. Autrement dit, la politique
permet de définir des stratégies, des techniques et des
méthodes en vue de gérer les interactions et les relations entre
les hommes dans une même société.
La politique est donc l'expression d'une preuve
d'habileté qui permet d'assoir une société
organisée et un climat social apaisé. Dans l'usage courant, le
mot politique conduit à des sens différents selon son domaine. Il
est souvent associé à d'autres mots pour donner un autre sens.
Dans le cadre de notre sujet, le mot politique désigne la manière
de gérer, d'organiser. Il s'agit de porter un regard critique sur les
techniques et les stratégies de conception, d'exécution et de
suivi mis en oeuvre au sein des centres de santé pour exécuter
leur programme PTME.
15PLATON, op. cit.Traduction
nouvelle par Robert BACCOU, Librairie Garnier Frère, Paris, 1936, p.
303.
16Alex MUCCHIELLI, Les sciences de
l'information et de la communication, Hachette supérieur
(4e éd.), Paris, 2006, p. 69.
17Jean-Pierre MEUNIER et Daniel PERAYA,
Introduction aux théories de la communication, Ed. De Boeck
Université (3e éd.), Bruxelles, 2010, p. 271
10
? Communication :
Du latin « communicare », c'est-à-dire mettre
en commun, la communication est l'action de communiquer, de transmettre des
informations ou des connaissances à quelqu'un. Le Larousse
définit la communication comme « l'action de communiquer,
de transmettre quelque chose à quelqu'un »18. C'est
aussi ce qui est communiqué ou comme l'ensemble des
phénomènes concernant la possibilité, pour un sujet de
transmettre une information à un autre sujet, par la langue
articulée ou par d'autres codes. Pour le Nouveau Petit
Robert(2008), « le mot communication est le fait d'être en
relation »19. Il s'agit de communiquer, d'être en
relation avec (quelqu'un, quelque chose).
La communication permet d'entrer en liaison avec autrui,
établir une communication réciproque, échanger,
coopérer. Elle est la science qui englobe les activités et les
connaissances concernant la communication au moyen des signes, notamment entre
les êtres humains (neurosciences, sciences cognitives, informatique,
certaines sciences humaines et sociales). La communication relève aussi
de la sémiologie qui est la théorie de l'information et de la
communication. C'est une science de relation dynamique qui intervient dans un
fonctionnement. C'est le passage ou l'échange de messages entre un sujet
émetteur et un sujet récepteur au moyen de signes, de signaux.
D'autres fonctions sont attribuées au mot communication
: la fonction sémiotique et la cybernétique occupent
respectivement la fonction d'expression et la fonction de communication du
langage. La communication interactive recouvre l'ensemble des techniques
médiatiques utilisées dans la publicité, les medias, la
politique pour informer, influencer l'opinion d'un public cible en vue de
promouvoir ou d'entretenir une image. En effet, communiquer, ne se
résume pas à créer les relations entre les êtres
humains. C'est aussi l'action de transmettre une information, action de
communiquer quelque chose à quelqu'un. La communication est ainsi
considérée comme une information, une nouvelle, un renseignement,
un avis transmis à quelqu'un.
18Larousse, op.cit, 3e
éd.
19Nouveau Petit Robert, Nouvelle
édition millésime, 2008.
11
Le mot communication est un terme complexe. Définir ce
terme tient compte du contexte, de la discipline et du domaine dans lequel il
est utilisé, ainsi que l'objectif visé. Les pères de la
communication ont élaboré différents modèles et
théories, qui ont contribué à mieux cerner ce à
quoi renvoie la communication. Ainsi, Philippe Breton et Serge Proulx,
dès l'entame de leur livre « L'explosion de la communication
», ont mentionné cet aspect complexe d'une approche
définitionnelle de la communication. Pour eux, «la
communication relève de quatre ordres dont : celui de la pratique de la
communication ; celui des techniques des mises en oeuvre dans les pratiques ;
celui des théories qui mettent en oeuvre les techniques et enfin, celui
des enjeux liés à la communication »20.
Pour ces auteurs, la pratique de la communication «
est l'ensemble des supports qui permettent à la parole d'être
transportée d'un émetteur à un récepteur. C'est le
cas particulier du transport de la parole qui est mise en évidence
»21. Ainsi, la parole avant d'être transmise, est
mise en forme selon l'objectif visé par l'émetteur. La pratique
de la parole peut donc avoir une visée argumentative, une visée
expressive ou une visée informative.
Concernant l'ordre technique de la communication, Philippe
Breton et Serge Proulx, « la défissent comme l'usage de moyens
technique (...)dans la communication en se référant à la
« techné » longtemps considérée par les
rhéteurs grecs comme l'art de l'artifice. L'ordre de la théorie
s'inspire des pratiques et des techniques de communication
»22. A cet effet, Philippe Breton et Serge Proulx
définissent deux ordres de théories : « d'un
côté, on a celles qui permettent de décrire et
d'améliorer les processus de communication, notamment les
théories techniques de la communication (...). De l'autre
côté, on a les théories révolutionnaires qui sont
apparues dans la moitié du XXe siècle, à savoir les
théories sociales de la communication »23.
Celles-ci se rapportent dans tous les domaines de l'activité
humaine. Le quatrième ordre défini par Philippe Breton et
20Philippe BRETON et Serge PROULX, L'explosion de
communication, Ed. La découverte, Paris,
2006, p. 7.
21Idem, p.8.
22Ibidem, p.9
23Philippe BRETON et Serge PROULX, idem, Ed.
La découverte, Paris, 2006, p.9
12
Serge Proulx est celui des enjeux. Les activités de
l'être humain sont transmises et interprétées de
génération en génération. Celles-ci connaissent des
modifications selon le milieu et des réalités qui existent. Les
enjeux de communication consistent donc à mettre en cause toute
l'activité humaine, afin de mieux comprendre les pratiques de la
communication.
Dans sa quête d'une approche définitionnelle de
la communication, Jacques Durand propose une prise en compte du domaine
d'intervention de la communication, afin de mieux cerner le terme. Ainsi, selon
lui, « la communication s'applique au langage verbal ou non verbal,
aux médias et à la culture, aux télécommunications
et l'informatique »24. En effet, Jacques Durand
considère que la sémiologie est née de la linguistique et
elle fait de celle-ci le modèle principal de la communication, tout en
s'intéressant d'avantage à la signification qu'à la
communication. La communication non verbale tient compte du langage silencieux
et la communication animale. En ce qui concerne la communication culturelle,
elle prend en compte les moyens d'expressions que sont l'art et la
littérature. La dernière fonction définie par Jacques
Durant est la communication de masse qui vise à transmettre des messages
à un public plus large.
Alex Mucchielli abordant dans ce même sens,
considère que tout est communication, car si rien ne va, c'est la cause
d'un manque de communication. En effet, Alex Mucchielli définit la
communication «comme des phénomènes qui se
développent en même temps que les phénomènes
sociaux, culturels, économiques, politiques qui accompagnent ou
précédent les medias »25. La communication,
selon lui, ne se résume pas à une large diffusion et une
utilisation des technologies de la communication, à une quasi
utilisation des medias, à une diversité d'informations et
d'images, à une utilisation par toute la société des
formes de communication publicitaire, mais plus tôt une transformation du
monde tel qu'il se présente sans l'omniprésence de ces medias. Il
s'agit de donner une place aux nouveaux moyens de communication et
d'informations, notamment
24Jacques DURAND, Les formes de la
communication, Ed. Dunod, Paris, 1981, p. 1. 25Alex MUCCHIELLI,
op.cit., Hachette supérieur (4e
éd.), Paris, 2006, p. 11
13
l'intégration sociale, culturelle, économique et
politique, par les organisations et la société dans son ensemble,
ainsi que toutes les formes et moyens de communication. Cette conception de la
communication emmène Jean-Pierre Meunier et Daniel Peraya à
définir la communication comme « un acte et un acte social
» 26. Pour ces auteurs, la communication est issue de la
relation entre les sociétés et elle contribue au maintien ou
à transformer leurs relations. Ainsi, les techniques contemporaines de
communication ont instauré une synergie entre les modes de
communication. Tout acte de communication s'inscrit, à cet effet, dans
une interaction qui, elle-même s'inscrit dans un système plus
vaste de rapports sociaux. La communication et les rapports sociaux sont
indissociables.
Pour Jean Lohisse, « le terme communication donne
l'idée de la relation à l'autre (com=avec)
»27. Il s'agit de donner une forme communicable aux objets
tout en introduisant le réel dans l'espace symbolique de communication.
Par conséquent, cette mise en forme contribue aux relations
interindividuelles et la constitution des formes sociales de l'échange
et de la diffusion dans un espace social. Lorsque la communication se
déroule dans un espace social et vise le bien être social, l'on
parle de communication sociale. En effet, la communication ne se résume
pas uniquement au seul fait d'échange d'information. Selon Michel Le
Net, « la communication dite sociale vise à modifier les
connaissances, les opinions et les comportements d'autrui
»28. Cette modification recherchée concourt au
bien-être social et profite à toute la société. Elle
corrige par la persuasion les comportements jugés préjudiciables
et suffisamment généralisés pour justifier une action
collective.
La communication est considérée comme une
science carrefour pour toutes les autres sciences, car elle puise dans les
autres sciences ses théories et ses méthodes. Elle est, par
conséquent, présente dans toutes les activités de la
société. Dans le cadre de notre étude, la communication
s'avère indispensable, car elle
26 Jean-Pierre MEUNIER et Daniel PERAYA,
op.cit.,, Ed. De Boeck Université (3e
éd.), Bruxelles, 2010, p. 271.
27 Jean LOHISSE, La communication : de la
transmission à la relation, Ed. De Boeck Université (3e
éd.), Bruxelles,2007, p.15.
28Michel LE NET, L'explosion de
communication, Ed. La découverte, Paris, 2006, p. 9
14
permettra d'instaurer une relation d'échange
d'informations entre les acteurs de notre étude. Elle nous permettra de
mieux observer et interpréter les comportements de notre
échantillon.
? Prévention :
De l'italien « prevenire » et du latin «
praevenire » et « de prae » qui veulent dire « avant »
et « venir », le mot prévenir désigne une personne, il
s'agit d'informer par avance, d'avertir. Il s'agit aussi d'informer d'un fait
ou avoir une opinion. Lorsqu'il s'agit d'une chose, le mot ramène
à la prise de précautions et permet d'empêcher. Il s'agit
aussi de répondre par avance, à satisfaire quelque chose avant
qu'il ne soit été exprimé.
Dans le monde scientifique, le mot prévention est
utilisé en fonction du domaine et de la situation. Ainsi, selon J.
Goulain dans « Rational du devin office », le mot
prévention est tiré de l'espagnol « prevencion » et
désigne l'action d'arriver le premier29.Le même mot
apparaît chez Descartes dans « Discours de la méthode
». Il perçoit le mot comme une opinion préconçue
et antérieure à tout examen ou raisonnement30. Cette
définition a été empruntée par. Charpentier. Ce
dernier affecte au mot une définition qu'il adapte au domaine de la
médecine. Le mot en médecine, selon Charpentier, désigne
l'action de prévenir les accidents.
L'usage courant du mot prévention désigne une
réalité d'un domaine à un autre. Il est utilisé
pour désigner celui ou ce qui arrive/vient avant, qui
précède, qui devance. Dans un autre sens, il permet d'instaurer
une opinion préconçue, soit favorable ou défavorable chez
l'individu. Il s'agit d'informer par avance l'individu. Aussi, le mot
désigne l'action d'agir, de faire en premier avant qu'une autre personne
n'intervienne. En terme judiciaire, le mot consiste à se saisir le
premier d'une affaire. Il désigne aussi le temps qu'un détenu
fait en prison avant son jugement. Dans le monde de la médecine, il
s'agit des mesures mise en oeuvre en vue d'éviter de nouvelles
contaminations ou d'autres accidents éventuels. C'est faire de la
prophylaxie.
29 J. GOULAIN, Rational du devin office,
30René DESCARTES, Discours de la
méthode, Gallimard, Paris,1637
15
Bref, La prévention est l'ensemble des mesures prises
pour préserver une situation donnée (sanitaire, sociale,
économique, environnementale...) d'une dégradation, d'un accident
ou d'une catastrophe. La prévention repose sur l'évitement des
perturbations négatives ou sur la réduction de leur
probabilité. C'est l'aspect prévention proprement dit, auquel
s'ajoute ensuite des mesures de protection.
Cette protection consiste à limiter les effets
négatifs des perturbations lorsqu'elles se produisent. Ce volet s'appuie
sur l'anticipation et la prévention avec la mise en place de mesures
d'atténuation des sinistres et de système de détection
précoce et d'alerte. Lorsqu'un risque n'est pas avéré mais
seulement potentiel, c'est le principe de la précaution qui est
employé, et non celui de la prévention.
Dans le cas de notre étude, l'usage du mot
prévention consiste à anticiper des comportements jugés
dangereux pour la santé de la mère, de l'enfant et de toute la
famille. Il s'agit de définir et anticiper l'adoption de comportements
qui mettent à l'abri de la TME. Ces actions de prévention visent
à réduire au maximum d'éventuels accidents ou de nouvelles
contaminations et à éliminer la maladie. Si tel est
considéré le mot prévention, que dirait -on des mots
réduction et éliminer qui sont les fins d'une action de
prévention ?
? Réduction :
Selon le dictionnaire français Universel, la
réduction est l'action de réduire. Réduire, c'est
restreindre, diminuer, rendre plus petit. Diminuer consiste à amener
à une forme plus simple, plus commode, facile à comprendre. C'est
diminuer la valeur de quelque chose31. Le mot réduction est
défini selon le domaine dans lequel on l'emploie. Le mot renvoie
à l'action de diminuer (signification qui provient des opérations
de géométrie, de peinture par lesquelles on change une figure en
une figure semblable, mais moindre). En terme monétaire, c'est la
réduction des dépenses. On parle aussi de réduction d'un
liquide par l'évaporation. Pour la chirurgie, la réduction est
une opération chirurgicale qui a pour but de
31Dictionnaire Universel, op. Cit.
5e éd.
16
ramener, de remettre à leur place les os luxés
ou fracturés, ou les parties molles quelconques qui ont formé une
hernie (réduction d'une fracture, d'une luxation, d'une hernie). En
chimie, c'est une opération qui a pour but de ramener à
l'état métallique les composés où le métal
est combiné soit avec l'oxygène, soit avec le soufre, etc. En
géométrie, la réduction est l'action de ramener une figure
à une autre semblable, mais plus petite. Dans le domaine de la peinture,
elle consiste en la copie d'un objet dans une grandeur moindre que l'original.
En musique, c'est faire la réduction d'une partition, mettre les parties
des divers instruments en une seule pour piano ou pour piano et chant, ou pour
chant et quatuor, etc. La réduction, c'est aussi l'opération par
laquelle on trouve le rapport entre les différents nombres, les
différentes mesures, les différentes monnaies, etc. Pour
l'astronomie, la réduction consiste en l'action de corriger une
observation des effets de la réfraction, de la parallaxe*, de
la précession*, etc. En logique, il s'agit de la
réduction à l'impossible, à l'absurde. C'est une
démonstration qui consiste à faire voir que le contraire d'une
proposition serait impossible ou absurde. C'est aussi la gêne où
l'on tombe d'un état meilleur, sens qui a vieilli. C'est l'action de
subjuguer ; sens qui vient de ce que réduction s'est dit de l'action de
ramener sous l'autorité ce qui s'y était soustrait. Il se disait
autrefois, dans les Indes occidentales, des peuples gouvernés par les
jésuites.
Dans le cas de notre étude, le mot réduction
consiste à limiter les taux de contamination, à diminuer le taux
de contamination et de morbidité tant chez les enfants que leurs
mères. Il s'agit de mettre au coeur de notre étude les
mères enceintes porteuses ou non du VIH/SIDA, les femmes en âge de
procréer et le personnel de santé dans les centres de
santé en vue de créer un climat d'échange et
d'écoute favorable à réduire le taux de contamination
à VIH par la TME. Les stratégies de communication en
matière de la réduction de la TME du VIH sont des actions qui
visent à éliminer la maladie.
? Éliminer :
Le dictionnaire Universel définit le mot
« éliminer » comme l'action d'écarter après
sélection. Pour la médecine, il s'agit de chasser hors de
17
l'organisme.32 Selon les OMD, éliminer la
TME du VIII/SIDA, c'est arriver à ne plus enregistrer de nouvelles
infections à VIH par la TME.
? Transmission mère-enfant (TME):
Selon le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF),
« on parle de TME, lorsqu'une mère séropositive transmet
le VIH à son enfant »33.La transmission verticale
peut se dérouler in utero (pendant la grossesse), en
péri-partum (pendant le travail) ou en post-partum tardif (pendant
l'allaitement). Au cours d'une grossesse, certaines études estiment que
le risque de TME est très élevé (80 %) à partir de
la 36e semaine et à l'accouchement (péri-partum).
En post-partum tardif, l'allaitement maternel prolongé apporte un
risque additionnel d'environ 39 à 40 %. Ces
observations présentent trois conséquences pratiques : d'abord,
le diagnostic prénatal de l'infection à VIII chez le foetus est
très difficile. Ensuite, la fin de la grossesse est la période
cruciale pour la PTME, qu'il s'agisse de la prise en charge obstétricale
ou de l'utilisation des ARV. Enfin, le traitement préventif doit
être poursuivi chez le nouveau-né, qui est exposé au moment
de la naissance, dans un objectif de prophylaxie pré/post exposition et
pendant l'allaitement maternel.
La politique de communication pour la
prévention de la transmission de la mère-enfant du
VIH/SIDA, consiste donc à mettre en place des stratégies
d'échange, d'écoute et de mise en commun en vue d'instruire, de
partager des informations concernant les pratiques qui nuisent à la
santé de la mère et de l'enfant et proposer des pratiques qui
mettent à l'abris de toute infection à VIII. Il s'agit de
créer un cadre de communion entre le personnel de santé et les
femmes enceintes porteuses ou non du VIH, de même que les femmes en
âge de procréer, afin d'adopter des comportements sains. Ainsi,
l'on pourra atteindre l'objectif des OMD, à savoir zéro
contamination et la réduction effective du taux de morbidité
32Dictionnaire universel, Op.
Cit.5e éd.
33 OMS, Impliquer les hommes dans la
prévention de la transmission mère-enfant du VIH,
Genève,2012, p. 2.
18
de la mère et de l'enfant. Une politique de
communication consiste à faire de la communication, l'outil essentiel de
la prévention de la transmission verticale. Par conséquent, les
acteurs de la PTME doivent avoir une parfaite connaissance des
mécanismes de communication, notamment les stratégies IEC/CCC en
vue de mener à bien leurs actions au sein des centres de santé.
Il ne s'agit plus pour les séances IEC/CCC/PTME, d'informer,
d'écouter et d'éduquer les femmes venues pour la Consultation
prénatale (CPN), mais de les emmener par la communication, à
prendre conscience des dangers qui existent autour d'une grossesse mal suivie,
emmener ces femmes à s'engager véritablement dans la
prévention de la TME.
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