CONCLUSION GENERALE
L'objectif de ce travail était de vérifier
empiriquement comment la consommation privée varie suite à la
fiscalité directe effectuée sur les entreprises et les
ménages au Burundi. Afin de mener une étude approfondie, la
fiscalité directe des entreprises et des ménages a
été représentée par les impôts sur les
revenus et les bénéfices ainsi que les impôts sur le
patrimoine. Dans cette perspective, nous avons organisé notre travail
autour de trois chapitres.
Dans le premier chapitre, nous avons mis en évidence la
théorie relative à la fiscalité des entreprises et des
ménages et à la consommation privée. De plus, une revue
de la littérature empirique relative aux effets de la fiscalité
directe sur la consommation privée a été mise au point.
Dans le deuxième chapitre, nous avons analysé la
structure de la fiscalité directe des entreprises et des ménages
et de la consommation privée au Burundi, ainsi que leur évolution
au cours de notre période d'étude. La fiscalité directe
contribue en moyenne à 27,4% des recettes totales de l'Etat. Cela
signifie qu'au Burundi, les ménages non pas de revenus
élevés et on y trouve peu d'entreprises et industries dont les
bénéfices peuvent être imposés directement
étant donné quela fiscalité directe des entreprises est
supérieure à celle des ménages. En ce qui concerne la
consommation privée au Burundi, nous avons constaté qu'elle a
connu une évolution croissante pendant la période
sous-étude. Elle contribue aussi à 80% dans la croissance du PIB.
Nous avons aussi remarqué que pour plusieurs périodes, la
consommation privée évolue dans le sens contraire avec la
fiscalité directe des entreprises et des ménages.
Dans le troisième chapitre, nous avons
procédé par une analyse empirique pour vérifier nos
hypothèses de départ, tout en cherchant à rapprocher la
théorie développée dans les chapitres
précédents à la réalité. Dans cette analyse,
nous avons commencé à déterminer le nombre de retard
optimal pour les séries des variables. Ce retard a été
évalué à 1 pour toutes les variables. Les résultats
obtenus des tests de racine unitaire de DFA et PP ont montré que toutes
les variables (LCPR, LFDRE, LFDRM, LFIR, LPIBR) sont stationnaires en
différence première (c'est-à-dire intégrées
d'ordre un).
Nous avons, par la suite, passé à l'analyse de
la coïntégration avec la méthode d'ENGLE et GRANGER ;
les résultats ont prouvé l'existence d'une relation de long terme
entre toutes les variables, ce qui nous a poussé à estimer le
Modèle à Correction d'Erreurs. Ainsi, les résultats de
cette estimation ont été les suivantes :
Pour le long terme, la fiscalité directe réelle
des ménages exerce une influence négative et significative sur la
consommation privée réelle, raison pour laquelle nous avons
confirmé la deuxième hypothèse. Quant à la
fiscalité directe réelle des entreprises, leur influence
négative sur la consommation privée réellen'est pas
significative.
De plus, le produit intérieur brut réel
influence positivement et significativement la consommation privée
réelle et cela répond à la théorie
keynésienne stipulant que « l'augmentation du revenu engendre
un accroissement de la consommation ». Aussi la fiscalité
indirecte réelle affecte positivement et significativement la
consommation privée réelle ce qui répond à la
théorie de REBELO (1982) selon laquelle les impôts ont un impact
négatif sur l'expansion de la croissance et par là influencent
positivement les dépenses de consommation.
Pour le court terme, les effets de la fiscalité directe
réelle des entreprises sur la consommation privée sont aussi
négatifs mais non significatifs d'où la première
hypothèse a été infirmée ; de plus, la
fiscalité directe réelle des ménages présente des
effets négatifs mais non significatifs sur la consommation
privée réelle. Quant au produit intérieur brut
réel, il contribue positivement et significativement à la
variation de la consommation privée réelle.
Ainsi, les effets non significatifs de la fiscalité
directe des entrepriseset celle des ménages (seulement pour le court
terme), peuvent provenir de l'une ou de l'autre variable pouvant jouer un
rôle important dans la variation de la consommation privée mais
qui n'a pas été intégrée au moment de notre
analyse ; raison pour laquelle nous pouvons dire quenotre travail comporte
quelques limites et mérite une amélioration de la part d'autres
auteurs dans les recherches futures. Ces auteurs pourraient perfectionner notre
travail en analysant le rôle que peuvent jouer les variables comme
« le crédit à la consommation »,
« l'épargne privée », « le taux
d'intérêt », « les transferts courants
nets » et « les exonérations fiscales »,
etc. dans la variation de la consommation privée.
Eu égard aux résultats obtenus et connaissant
que l'impôt direct est senti visiblement par les contribuables, nous
suggérons ce qui suit :
A l'Etat :
Ø Réduire l'impôt sur les
bénéfices des sociétés jusqu'à un taux
inférieur à 30% puisque cet impôt ne vient
qu'à rehausser indirectement les prix des biens et services.
Ø Réduire le taux d'imposition sur les revenus
des personnes physiques et abandonner certaines catégories
d'exonération fiscale. Il faut aussi instaurer un système
d'imposer la fortune.
Ø Favoriser la stabilité macroéconomique
et la croissance pourinciter les entreprises et industries
étrangères à investir au Burundi ce qui développera
la production nationale et élargir l'assiette fiscale.
Ø D'examiner minutieusement les exonérations,
notamment pour éviter les cas de détournement insidieux des
exonérations d'un secteur vers des activités plus lucratives.
Aux agents économiques
privés : De profiter des avantages accordés par le
code des investissements et par les incitations fiscales des investissements
pour produire beaucoup et rentabiliser leurs capitaux ; cela
peutfavoriserleur épargne et soutenir leur consommation lorsque les
prélèvements fiscaux augmentent.
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