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Goupes armés et mobilisation politique à  Fizi


par Assumani Christ Demafe
Université Officielle de Bukavu - Graduat 2018
  

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b) TECHNIQUES

Selon Raymond Boudon14(*), la technique est un instrument de collecte des données sur le terrain de recherche. Pour l'élaboration de ce travail et pour vérifier nos hypothèses, nous appuyons notre méthode par quelques techniques de collecte des données ci-après :

ü La documentation, qui nous permet de faire la lecture des différents ouvrages, documents officiels des FARDC, rapports et autres qui traitent des groupes armés;

ü L'observation : est une recherches qualitatives qui implique le chercheur dans l'activité de la recherche et qui combine plusieurs démarches pour recueillir les informations. Il faut noter que cette technique nous permet d'observer, de nous-mêmes, s'il y a ou non la manipulation des groupes armés par les autorités politiques au Sud-Kivu.

ü L'interview libre, cette technique nous permettra de collecter toutes les informations non écrites mais nécessaires pour cette étude auprès des ex-combattants, des démobilisés et quelques actuels militants actifs dans ces groupes armés au niveau territorial, les autorités politiques, la société civile, les jeunes.

c) THEORIES

Selon la conception formelle, la théorie est un ensemble hypothético-déductif caractérisé par les proportions dont les termes sont vigoureusement définis. Ces systèmes sont élaborés à partir d'une conceptualisation de la réalité observée15(*).

La théorie des conflits a acquis une fonction empirique car c'est une théorie qui s'appuie exclusivement sur l'expérience et sur l'observation. Dès que le conflit a été établi comme une réalité dans la société, on a eu recours à une tradition intellectuelle pour pouvoir l'interpréter.

Durkheim a donné une image harmonieuse de l'organisation sociale. Ce qu'il privilégie, c'est la stabilité qu'entraîne la solidarité. La source des conflits vient de la nature des liens sociaux. Le conflit est le résultat d'un manque : ce qu'il appelle l'anomie.

K. Marx, R. Dahrendorf et A. Touraine16(*) ont, quant à eux, insisté sur le rôle du conflit en tant que moteur du changement social. Le point de départ de cette analyse est bien sûr l'analyse marxiste. On peut alors se demander si l'analyse marxiste du conflit est toujours d'actualité.

Il est établi aujourd'hui que les conflits sont normaux au sens sociologique, c'est-à-dire qu'ils sont inhérents à la vie en société : ils sont des éléments structurels des sociétés modernes.

Tout d'abord, en interne, le conflit génère l'existence d'une identité commune au groupe contestataire; ensuite, le mouvement social s'appuie souvent sur un principe de totalité, s'inspirant d'une pensée générique (par exemple, l'intérêt national, la justice sociale, etc.).

Ceci a pour résultat de constituer l'essence du groupe et de le transformer une fois les buts initiaux atteints.

L'image d'une société essentiellement harmonieuse et paisible dont ses parties composantes s'adapteraient parfaitement les unes aux autres a été brisée par des bouleversements divers et des conflits multiples vécus à travers les sociétés, comme les affrontements raciaux, professionnels ou d'intérêts.Les travaux d'Adam FERGUSON17(*)ont montré notamment que « bien que l'homme soit né dans la société, certaines de ses importantes institutions sont formées par la force. Le conflit dans les sociétés humaines est très bénéfique et très nécessaire pour le progrès ; sans rivalités entre les nations, ni pratique de guerre, la société civile n'aurait jamais aucun objectif ni forme».Nous ne pouvons pas comprendre les autres si nous n'avons pas encore lutté nous-mêmes. Les formes les plus diverses des luttes et des conflits apparaissent surtout dans des compétitions économiques et politiques, dans les guerres et les relations internationales. La prospérité économique est basée sur la lutte politique et militaire. Ferguson lui-même doute que la paix soit l'objectif d'une société.Il ressort ainsi que l'interprétation sociologique des conflits confère à ces derniers une fonction positive dans la société, malgré les effets négatifs qu'ils comportent parfois. L'évolution normale d'une société peut être vue comme un mouvement constant de ce qui est appelé conflit, ajustement, stabilité ou équilibre et fin de conflit18(*).

Le conflit peut être aménagé mais pas éliminé ; cet aménagement du concept est appelé intégration, ajustement, stabilité ou équilibre ». La société en général est bicéphale. Ce que Ralf Dahrendorf appelle « janus-headed » : elle a deux natures : coexistence et changement, intégration et conflits.L'étude des fonctions des conflits présente ceux-ci comme inhérents à toute vie sociale. Les conflits constituent aussi une variable de la vie en société et ils prennent des formes variées et se distinguent par la nature de leurs enjeux.

Dans le même ordre d'idée, Lewis A. COSER a démontré le rôle dynamique des conflits au sein des organisations et en a souligné l'utilité. Il estime que les conflits surgissent à la suite de certaines défaillances de l'organisation, en l'occurrence, l'indifférence ou l'incapacité de celle-ci à résoudre certains problèmes considérés comme fondamentaux par un ou plusieurs de ses membres.

En ce qui concerne les fonctions des conflits, COSER en énumère huit qui ont particulièrement retenu son attention, à savoir que19(*):

- Les conflits sociaux renforcent la conscience du groupe et marque la séparation

- Les conflits préservent la cohésion du groupe et la signification des institutions qui servent de soupape de sûreté,

- Les conflits conduisent à la stabilité des systèmes sociaux,

- Les conflits poussent les gens à la prudence,

- Les conflits externes renforcent les pouvoirs attribués aux chefs,

- Les conflits idéologiques sont difficiles à résoudre,

- Les conflits créent un investissement émotionnel,

- Les conflits assurent l'intégration mobilisée du groupe face aux dangers extérieurs.

Bien évidemment, certains auteurs comme Guy Rocher20(*) ont critiqué les vertus qu'on accorderait au conflit. Pour lui, la valorisation des conflits constitue une aberration dans la mesure où ceux-ci constituent d'abord un élément déstabilisateur et destructeur du système social, quelles que soient leur forme, intensité, durée et ampleur.

Pour ce qui est de notre étude, nous disons que les conflits qui apparaissent dans le Territoire de Fizi sont souvent fonction de la qualité des relations qui se tissent entre les acteurs de la sécurité/insécurité et la population.

Ces relations sont comprises pour les uns en termes de violence ou d'injustice, pour les autres elles sont vécues comme une forme de privation qu'elles n'acceptent pas. A cause de cela, les appareils de sécurité de l'Etat deviennent pour beaucoup de ces populations des instruments d'administration des souffrances insupportables. Cette théorie est liée à la décomposition de l'ordre politique et la faiblesse des institutions de l'Etat car les mécanismes pour générer le pouvoir et l'autorité nécessaire à tout régime pour gouverner cessent de fonctionner.

L'Etat effondré, pour son retour au centre de la vie politique et sociale, il doit passer par une formation pour sa reconstitution en passant par de réforme en vue de renforcer la capacité des élues politiques à établir un cadre réglementaire d'exercice du pouvoir qui soit en mesure de résister aux chocs et aux crises.

* 14R. BOUDON, les méthodes en société, Paris, PUF, 1961, P.13.

* 15K. KIMBU cité par G. BASIMINE, Cours de méthodes de recherche en sciences sociales, U.O.B, G2 SPA, Inédit, 2015-2016 , P.35.

* 16 A. Touraine « Les conflits sociaux », in Encyclopédie Universalis, Paris, 1988, p.301.

* 17A. FERGUSON, Essaie sur l'histoire de la société civile. Trad. De C. Gautier, Paris, Presses Universitaires de France, 1992, p.380

* 18 J. FREUD, Sociologie des conflits, Paris, PUF, 1933, p.65.

* 19 Lewis A. COSER, The functions of social conflict, fee press of Glencoe, London, 1956, pp.22-23.G.

* 20 G. ROCHER, Sociologie. Tome 2 : Le changement social, Ed. Du Seuil, Paris, 1968, p.29.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon