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Goupes armés et mobilisation politique à  Fizi


par Assumani Christ Demafe
Université Officielle de Bukavu - Graduat 2018
  

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2. ETAT DE LA QUESTION

Au menu de cette réflexion se cristallise la question du rapport entre les groupes armés et la mobilisation politique à Fizi comme un défi majeur pour l'éclosion de la paix dans ce territoire.

Ainsi, nombreux sont les travaux qui ont traité la question relative aux groupes armés et cela dans le monde en général, et en RDC en particulier. Tout en n'étant pas le premier à y avoir réfléchi, les études ci-après, à titre exemplatif, avaient déjà été faites :

Dans sa thèse de doctorat, Jérôme LAFARGUE2(*)a analysé les mobilisations collectives et les actions protestataires dans un contexte de démocratisation. Grace à l'approche comparative, il a étudié les exemples du Kenya et de la Zambie. Il a essentiellement focalisé son attention sur les motivations qui animent les acteurs du système d'action protestataire ainsi que les représentations qui les traversent.En plus, il a démontré comment dans les deux cas, les logiques factuelles et patrimoniales l'auraient emporté sous couvert d'un multipartisme en trompe l'oeil.

Abordant la question de la motivation de l'activisme de groupes armés en RDC, Berghezan Georges3(*)démontre que tout en prétendant protéger son ethnie, un groupe armé évolue vers des comportements de plus en plus prédateurs, s'en prenant d'abord aux communautés ethniques voisines, puis à sa propre communauté.

Epinglant les fins et les moyens pouvant servir d'agir pour les droits de L'homme auprès des groupes armés, International Council on Human Right4(*)précise qu'une organisation souhaitant faire évoluer le comportement d'un groupe armé peut faire appel à la honte et à la persuasion, afin que le groupe armé mette fin à des pratiques contraires aux droits de L'homme ; ou engager un travail auprès du groupe armé afin de lui donner des moyens d'agir différemment ; ou encore chercher à punir les membres du groupe.

De son côté, Jason STEARNS et Alli5(*)disent que la naissance de Maï-Maï Yakutumba est due aux pourparlers de Sun city en 2002, lesquels conduisirent à la signature d'un accord de partage des pouvoirs, à l'installation d'un gouvernement de transition qui unit le pays. Ces événements entrainèrent une rude concurrence autour du pouvoir, certains anciens belligérants espérant obtenir un poste au sein des institutions de l'Etat nouvellement constitué. Un facteur clé de ces tensions fut l'intégration des groupés armés dans l'armée nationale, dit l'auteur.

Des nombreux groupes armés Maï-Maï de Fizi constatèrent que leurs doléances et leurs revendications ne furent pas prises en compte et leurs officiers militaires furent retraités sans ménagement dans le processus d'intégration militaire par le gouvernement de Kinshasa.

De sa part, Jean-Baptiste MASEMO KASAZA6(*) analyse la crise que connait l'Etat congolais dans la réalisation de ses missions en présence des conflits armés considérés comme facteur d'étatisation et de désétatisation en RDC. Il démontre comment le développement politique des sociétés du tiers monde en général, et de la RDC en particulier, conditionnent la situation dans laquelle cette dernière se trouve encore au sein d'un système international façonné, contrôlé et dominé par le monde occidental. Il souligne comment les acteurs politiques ne parviennent pas à jouer leurs rôles conformément à leurs statuts.

KAIMANA TSHIBENGABO7(*)cherche à comprendre la nouvelle autodéfense pour la RD. Congo. L'auteur aboutit aux résultats selon lesquels, il faut un recrutement ad hoc, c'est-à dire le recrutement au sein de l'armée qui ne sera pas un dépotoir des indisciplinés, délinquants, carriéristes ou affairistes. A part le recrutement des militaires ad hoc, il faut une armée respectable, c'est-à- dire qui tient compte de la dignité de la vie de la population pour laquelle elle assure la défense. La légitimation des groupes d'autodéfense de la RDC garantirait la protection du pays contre les groupes armés terroristes qui ne cessent d'apparaitre. Ces groupes terroristes mettent en danger la vie des paisibles citoyens et ne favorisent pas le développement socio-économique du pays.

Philippe Kaganda8(*) met l'accent sur les idéologies qui guident les actions prolétaires de mouvements de résistances. Il montre que le phénomène Maï-Maï s'est imposé comme objet de sciences sociales au point qu'il a mobilisé nombreux chercheurs. Sa permanence dans l'environnement politique depuis plus d'une décennie en fait une réalité sociale complexe.

De sa part, BAWILI LUKELE Tango9(*) montre que le groupe armé est un acteur non étatique qui poursuit généralement ou prétend poursuivre des objectifs politiques contre un gouvernement ou pouvoir en recourant à la violence, il finit par dire que la plupart des groupes armés combattent le pouvoir en place mais il arrive aussi qu'ils se battent entre eux.Il montre que certains groupes armés sont affiliés à des mouvements politiques tandis que d'autres opèrent indépendamment des partis politiques.Il finit par dire que le Territoire de Fizi connait particulièrement une histoire politique tumultueuse marquée par des guerres, des crises politiques multiformes, des rébellions et insurrections, des dissidences, bref, la violence.

Dès lors, des foyers des tensions y ont été régulièrement localisés depuis la rébellion «Muleliste » des années 60 dans le secteur de Lulenge, « Hewabora », en passant par les tensions intercommunautaires dans le moyen et haut plateau et la guerre du RCD dont l'élan a été fortement bloqué par la résistance de Maï-Maï Maï-Maï dans le Secteur de Tanganyika et Mutambala jusqu'au mouvement actuel des Maï-Maï Yakutumba localisé dans le Secteur de Ngandja dans la partie littorale. L'auteur voulait justement montrer que ce mouvement de résistance se propose comme objectif de lutter contre la domination extérieure.

Charles NasibuBilali10(*) considère le phénomène Maï-Maï comme une originalité congolaise. Selon lui, la RDC traverse depuis plus d'une décennie une période de crise aiguë. Cette crise est à la fois économique, sociale et, surtout militaire.

La crise congolaise a entrainé un grand trafic d'arme légère et une prolifération des milices dans la partie du pays occupée par des groupes non étatiques armés, soutenus par des pays voisins. C'est à cette présence ? implication militaire étrangère qu'est due la résurgence spontanée d'une forme particulière de résistance populaire, c'est le phénomène Maï-Maï.

L'auteur conclut finalement que, si l'armement des Maï-Maï a permis de résister aux forces d'agression et d'éloigner le spectre de la partition du pays, il a aussi grandement contribué à donner à la RD Congo des allures apocalyptiques, où défilent des images des pillages, des crimes de guerre, des violences sexuelles, des cannibalismes, d'enfants soldats ayant la violence et la mort comme seules perspectives, des haines tribales qui se propagent tel un cancer.

En fin, Loïc Avery11(*)montre en quoi l'étude des représentations des acteurs peut-elle être une aide à la compréhension et donc à la décision lors de conflits de territoire, le problème géographique dont il est question, les acteurs impliqués dans des conflits de territoire sont de plus en plus efficaces et rendent ainsi les conflits de plus en plus violents alors que les besoins en infrastructure dans certains domaines sont indiscutables

Contrairement à tous ces travaux ci-haut décrits, qui ont traités des aspects divers en relation étroite avec la thématique de l'étude sous examen, ce dernier s'en démarque par le fait qu'il met singulièrement l'accent sur les groupes armés et la mobilisation politique ; ceci dans l'optique de dégager les relations qui existent entre ces groupes armés et la mobilisation politique, mais aussi d'analyser l'impact sociopolitique des groupes armés opérant à Fizi sur la stabilité nationale en RDC.

* 2J. LAFARGUE, collectives, démocratisation et système et système des exemples de kenyan et zambien, thèse de doctorat en science politique, faculté de droit, D'économie et de Gestion, université de Pau et des pays de l'Adour, 1996, p.11

* 3 Georges BERGHEZAN, Groupes armés actifs en RDC : Situation dans le Grand Kivu au 2ème semestre 2013, Rapport du GRIP, 2013.

* 4 International Council on Human Right, les fins et les moyens : agir pour les droits de l'homme auprès des groupes armés, in « Conseil International pour l'étude des droits de l'homme », 2000, p.15.

* 5 J. SREARNS et Alli« Résistance et racket au Fizi, Sud-Kivu, cas les Maï-Maï Yakutumba » usa lama, IVR, Royaume-Uni, 2003, p24-26.

* 6 J.B MASEMO KASANZA, Les conflits armés comme facteurs de désétatisation en RDC de 1896-2003, Mémoire, inédit, SPA, CUB, 2003.

* 7 KAIMANA TSHIBENGABO, RDC, La défense nationale, Paris, Harmattan, 2004, pp. 104-115.

* 8P. KAGANDA MULUME-ODERWA, Mouvement de résistance et culture politique au Sud-Kivu, mise en évidence des fondements idéologiques et des actions revendicatrices, Mémoire de DES en sociologie, FSSPA/UOB, 2009.

* 9 T. BAWILI LUKELE, Groupes armés et problématique de développement du territoire de FIZI (RDC) Cahier du CERUKI, Nouvelle série, éd. Ceruki, 2017, P.71.

* 10 C. NASIBU BILALI, Qui arme les Maï-Maï ? Enquête sur une situation originale, Bruxelles, GRIP, 2005, pp. 5 et 25.

* 11 L. AVRY, Analyser les conflits territoriaux par les représentations spatiales : une méthode cognitive par carte, thèse de l'Université de Haute-Bretagne, Renes2

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe