Goupes armés et mobilisation politique à Fizipar Assumani Christ Demafe Université Officielle de Bukavu - Graduat 2018 |
SECTION 3. LES ACTEURS DE LA MANIPULATION DES GROUPES ARMES A FIZIo) I.3.1. LE GOUVERNEMENT DE KINSHASALe gouvernement de Kinshasa est le principal allié des Maï-Maï depuis septembre 1998. Quelques mois plus tôt, ce même gouvernement traitait les Maï-Maï de « bandits à mains armées »42(*). Mais, à l'éclatement de la rébellion du RCD parrainée par le Rwanda, les Maï-Maï ont réussi à susciter l'engouement populaire de tout le Kivu et l'intérêt obligé du gouvernement congolais grâce à leur seule revendication du départ des Tutsi et le Congo aux Congolais. Depuis septembre 1998, le gouvernement de LD Kabila a donc multiplié les contacts avec les résistants de l'Est que désormais tous les discours officiels s'accordaient à appeler « Forces d'Autodéfense Populaire (FAP) ». Tous les émissaires de L. D. Kabila aux Maï-Maï étaient porteurs d'argent et de « messages personnels du Mzee » aux chefs Maï-Maï. L'appui militaire de Kinshasa aux Maï-Maï a quelque peu tari entre janvier et décembre 2001. Après la mort du père, le fils Kabila s'est investi dans une dynamique de paix en promettant la paix à l'intérieur du pays, le jeune Kabila avait d'autres préoccupations, notamment consolider son pouvoir encore fragile. C'est au début 2002 qu'il a renoué les contacts avec les Maï-Maï de l'est du pays43(*). En février 2002, Joseph Kabila a envoyé deux officiers des FAC avec grade de colonel LUKOLE Madowadowa et Luecha dans l'est du pays. Au Sud-Kivu, il envoie clandestinement le colonel LukoleMadowadowa et, au Nord-Kivu, son propre conseiller militaire, le colonel Raphaël Mpungu. Officier discret et presque anonyme, LukoleMadowadowa a sillonné le Fizi et les Moyens Plateaux des Mitumba durant plusieurs semaines avant que les rumeurs sur sa présence ne fusent et que les agences de presse internationales en parlent. La mission confiée à Lukole était triple : entrer en contact avec les chefs Maï-Maï de la contrée et leur réaffirmer le soutien de Kinshasa dans leur lutte, aider à la coordination et à la cohésion des actions des différents groupes Maï-Maï actifs dans cette partie du pays, et asseoir et organiser le Secteur opérationnel de l'Est (SOE). Entre mars et octobre 2002, Kinshasa a fourni aux Maï-Maï, en plusieurs vagues, des armes, des munitions, des uniformes, des appareils de communication et de l'argent, le tout sous la supervision technique du colonel LukoleMadowadowa. Ce soutien militaire de Kinshasa aux Maï-Maï durant toute cette période a été déterminant pour ces derniers, car il leur a permis de s'emparer de la cité d'Uvira et de l'occuper cinq jours durant, du 13 au 18 octobre 2002, et de prendre le contrôle quasi total de Fizi, soumettant ainsi les troupes rwandaises et celle du RCD/Goma à une rude épreuve. D'après divers témoignages recueillis auprès d'«officiers» Maï-Maï à Kindu, Uvira et Fizi, c'est grâce au soutien de Kinshasa que les différents groupes Maï-Maï ont pu se connaître et établir un cadre de communication entre eux44(*). * 42 C. NasibuBilali, Op. Cit. p.15. * 43Idem, p. 16. * 44 C. NasibuBilali, Op.cit., p. 17. |
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