Goupes armés et mobilisation politique à Fizipar Assumani Christ Demafe Université Officielle de Bukavu - Graduat 2018 |
i) I.2.1.2. LES CAUSES EXTERNESElles peuvent se résumer à trois, à savoir : les ressources naturelles, la faiblesse de la réaction de la communauté internationale face aux crimes graves commis à grande échelle dans cette contrée et enfin, la prolifération des milices due au retrait des armées étrangères autre fois présentes en RDC. Ainsi, pour ce qui est des causes liées à la course aux matières premières, on peut citer les enjeux économiques, fondés essentiellement sur le désir des Etats voisins et mêmes les grandes puissances occidentales, ainsi que les multinationales d'avoir un contrôle sur les ressources naturelles que regorge le pays en général et le Territoire de Fizi en particulier. C'est ce désir-là qui les pousse à soutenir et au besoin à créer de toutes pièces, certains groupes armés en RDC, ou des prétendues rébellions qui vont chercher à exploiter quelques causes internes pour avancer leurs revendications politiques, et pourront même être dirigées par un homme de paille pour donner une apparence interne au conflit, mais le vrai but c'est l'accès aux ressources existantes. Une des illustrations de cette réalité c'est notamment le rapport du groupe d'experts de l'ONU sur le pillage des ressources naturelles de la RDC (2002). Dans ce rapport, en effet, un lien est établi entre ce pillage des ressources naturelles et la poursuite de la guerre en RDC. Et dans sa résolution S/RES/1457 du 24 janvier 2003 le conseil de sécurité a noté avec préoccupation que « le pillage des ressources naturelles et d'autres richesses de la RDC se poursuit et constitue l'un des principaux éléments qui entretiennent l'émergence des groupes et conflits armés dans la région et exige donc que tous les Etats concernés prennent immédiatement des mesures pour mettre fin à ces activités illégales qui perpétuent le conflit et l'émergence des groupes armés, entravent le développement économique de la RDC, et exacerbent les souffrances de sa population »40(*). Dans ce rapport précité, les experts de l'ONU avaient établi une liste des personnalités tant congolaises (issues tant du gouvernement que des rébellions et milices) qu'étrangères notamment les Rwandais, les Ougandais et les Burundais occupant des fonctions tant politiques que militaires, qui étaient impliqués dans le trafic d'armes violant ainsi l'embargo sur les armes en RDC. Pour ce qui est de la faiblesse de la réaction de la communauté internationale face aux crimes graves qui se commettent et continuent à se commettre en RDC, les moyens utilisés pour ce pillage sont eux-mêmes hautement criminels. Ainsi pour faciliter le pillage des ressources naturelles en RDC, des meurtres à grande échelle sont commis causant ainsi des déplacements des populations réduites à des conditions de vie pouvant entrainer leur destruction. Face à cette horreur, on constate la faiblesse de la communauté internationale, tant le conseil de sécurité que les autres Etats qui se montrent retissant à déclencher des poursuites sur la base de la compétence universelle. On constate, en outre que, ce sont les mêmes auteurs de la tragédie de l'est de la RDC qui définissent les grandes lignes de la politique sous régionale en Afrique des Grands Lacs. Une autre cause qui nous semble intermédiaire est celle liée à la prolifération des milices à la suite de retrait des armées étrangères en RDC en vertu des accords de paix, notamment l'accord dit global et inclusif, comme le dénonce un des nombreux rapports du secrétaire général des nations unies : « le vide du pouvoir qui a succédé au retrait des forces de défense rwandaises puis les forces de défense du peuple ougandais et burundais ont entrainé la prolifération des milices. Ces milices ont lutté pour s'assurer le contrôle des zones stratégiques où se trouvent les ressources lucratives et qui étaient précédemment détenues par les forces étrangères ». * 40 T. Bawili, Op. Cit. p.75. |
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