CONCLUSION DE LA DEUXIEME
PARTIE
Cette deuxième partie était consacrée
à l'analyse empirique de l'effet de la libéralisation
financière sur la croissance économique au Cameroun.À
partir d'un seul modèle linéaire, l'effet de la
libéralisation financière interne (première
hypothèse) et l'effet de la libéralisation du compte de capital
sur la croissance économique au Cameroun, de 1990 à 2015, ont
été estimé. Saisie par les ratios crédits
privés sur PIB et masse monétaire sur PIB, la
libéralisation financière interne exerce une influence positive
et significative sur la croissance économique. Par contre, la
libéralisation du compte de capital, mesurée par l'indicateur
Kaopen, n'exerce pas trouvé d'effet positif sur la croissance
économique au Cameroun. Cependant, bien que la libéralisation
financière interne contribue significativement à
l'amélioration de la croissance économique au Cameroun, elle est
incapable à elle seule de porter la croissance économique vers le
haut, et par ricochet de faire sortir le pays du sous-développement.
CONCLUSION GENERALE
Dans de nombreux pays en développement, il n'existe que
peu ou pas de marchés financiers d'actifs publics ou privés. En
conséquence, le secteur bancaire est amené à jouer un
rôle considérable dans le processus d'allocation des ressources. A
ce titre, les gouvernements le considèrent, très souvent, comme
un secteur stratégique. Ils cherchent donc à exercer un
contrôle direct ou indirect sur lui. Ces contrôles prennent des
formes diverses et variées : depuis la nationalisation pure et simple du
secteur jusqu'à la mise en place de procédures telles que la
fixation des taux d'intérêt au-dessous de leur niveau
d'équilibre de marché (pour des secteurs considérés
comme prioritaires) ou la constitution de réserves obligatoires
permettant à l'Etat de financer son déficit budgétaire
à faible coût. Cette «répression
financière», selon Mc Kinnon (1973), Shaw (1973) et leurs
héritiers, conduit à un ralentissement de la croissance
économique. En conséquence il faut libéraliser le
système financier, en relevant le niveau des taux
d'intérêt, en privatisant les banques, en supprimant les
réserves obligatoires... ce qui permettra la constitution d'une plus
grande épargne qui servira à financer les investissements
productifs, lesquels impacteront positivement la croissance économique.
La libéralisation financière est donc un moyen pour permettre
d'atteindre une croissance économique forte, stable et durable.
C'est partant de ce corpus théorique que nous avons
mené cette recherche dans le but de déceler l'effet de la
libéralisation financière opérée au
Cameroun, dès le début des années 90,
sur la croissance économique. Plus
précisément il s'agissait de savoir si, conformément aux
conclusions de Mc Kinnon et Shaw, la libéralisation financière
agit positivement sur la croissance économique, ou si selon les
critiques dressées contre elle, la libéralisation
financière aura plutôt été neutre ou même
néfaste pour la croissance économique. Pour ce faire, nous nous
sommes appuyés sur deux aspects de la libéralisation
financière, à savoir la libéralisation financière
interne ou libéralisation du secteur bancaire et la
libéralisation du compte de capital.
RAPPEL DES OBJECTIFS DE RECHERCHE
Notre principal objectif était de détecter
l'effet de la libéralisation financière sur la croissance
économique. De cet objectif principal ont découlé les deux
objectifs spécifiques suivants :
- Evaluer l'effet de la libéralisation
financière interne sur la croissance économique au Cameroun
- Evaluer l'effet de la libéralisation du compte de
capital sur la croissance économique au Cameroun
RAPPEL DES HYPOTHESES DE RECHERCHE
Les deux objectifs sus évoqués nous ont
amené à formuler les hypothèses suivantes :
H1 : « La libéralisation
financière interne influence positivement la croissance
économique au Cameroun »
H2 : « La libéralisation du
compte de capital influence positivement la croissance
économique »
Afin de vérifier ces hypothèses pour voir si
elles sont viables, nous avons eu recours à l'économétrie,
outil d'analyse économique.
RAPPEL DES RESULTATS D'ESTIMATION
Nous avons procédé à une estimation selon
la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO). Notre
étude s'est étalée de la période 1990-2015. Le
processus a consisté à partir de l'étude de la
stationnarité des variables, à étudier l'existence d'une
relation de cointégration entre les variables intégrées du
même ordre, à mener l'estimation du modèle de
l'étude tant à long terme qu'à court terme et enfin
à interpréter les signes des coefficients ou paramètres
associés à chaque variable explicative.
Ainsi, après régression, notre modèle
s'est montré globalement significatif, avec un coefficient de
détermination élevé et la statistique de Fischer
inférieure au seuil critique de 5%. Certaines variables avaient les
paramètres au signe attendu, d'autres avaient le signe contraire. Nous
avons justifié pourquoi. Mais le point focal de l'estimation
était de découvrir le sort réservé à nos
deux hypothèses. Ainsi, la première hypothèse fut
validée. La libéralisation financière interne exerce une
influence positive sur la croissance économique au Cameroun. Par contre
la deuxième hypothèse n'a pas connu le même sort. Elle a
été rejetée. La libéralisation très
partielle du compte de capital fait que celle-ci ne contribue pas à la
croissance économique. Il faudrait donc poursuivre le processus
d'ouverture du compte de capital, mais pas de façon rapide et totale -ce
qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses-. De même bien
que la libéralisation financière interne contribue à la
croissance économique, elle aura échoué à permettre
au Cameroun d'atteindre une croissance économique forte, soutenue et
stable pouvant le conduire au développement. En fait la croissance va
bien au-delà de la seule finance au fonctionnement même optimal.
Elle dépend plus de la production.
LIMITES DE LA RECHERCHE
Les travaux empiriques portant sur la libéralisation
financière et la croissance économique sont presque toujours
attaquées ou critiquées dans la méthodologie
utilisée, et notamment les variables retenues pour mesurer la
libéralisation financière, le modèle
spécifié. Notre recherche n'échappe pas à ces
limites. Ainsi nous n'avons utilisé que deux indicateurs des plus
courants à savoir le ratio masse monétaire sur PIB et le ratio
crédits privés sur PIB, pour mesurer la libéralisation
financière interne. Ce faisant d'autres recherches, en se basant sur
d'autres indicateurs ou sur davantage d'indicateurs, ou en utilisant un indexe
de libéralisation financière pourraient aboutir à des
résultats pas forcement similaires aux nôtres, en termes d'effet
(positif ou négatif) ou de significativité. Aussi avons-nous
préféré utiliser un modèle de régression
linéaire multiple. En utilisant un modèle VAR, ou un
modèle dynamique on pourrait également aboutir à des
résultats différents. En résumé nos
résultats obtenus sont fonction des variables et du modèle
choisis.
AXES FUTURS DE RECHERCHE
Dans ce travail nous avons volontairement
négligé le marché boursier, car non seulement il est de
création récente, mais est très mal organisé,
fonctionne de façon occasionnelle, n'attire pas véritablement les
entreprises. Bref il est quasiment inexistant. D'autres recherches pourraient
se pencher sur la façon dont développer le marché boursier
Camerounais afin qu'il tende vers une organisation et un fonctionnement proches
des grandes places boursières en Afrique et pourquoi pas dans le monde.
Il pourrait alors être la solution la plus appropriée au
rationnement du crédit dont sont victimes les PME, et financerait
davantage l'économie.
Pour revenir à la question du développement, il
apparaît que les structures économiques comme la
spécialisation commerciale, la qualité de la main d'oeuvre, le
niveau de la production semblent plus cruciales que celles touchant à la
libéralisation financière. De ce fait d'autres recherches
pourraient s'intéresser aux leviers économiques à
même d'avoir des effets plus probants sur la croissance économique
au Cameroun, et accélérer le développement du pays.
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