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Libéralisation financière et croissance économique au cameroun


par Christian BELKE NDONEMO
Université de Ngaoundere - Master recherche  2017
  

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SECTION 2 : INTERPRETATION DES RESULTATS ET RECOMMANDATION DE POLITIQUE ECONOMIQUE

I- Interprétation des résultats

A- Interprétation des résultats du modèle de long terme

Dans notre modèle de long terme, les valeurs R² = 0,921067 et de R² ajusté = 0,883922 montrent que les variables choisies du modèle théorique ont bien une influence sur la variable expliquée. Laqualité d'ajustement du modèle est donc bonne. Cette bonne qualité du modèle est confirmée par la probabilité de Fisher,Prob (F-statistic) = 0,000000 ; inférieure à 5%. On peut donc dire que la qualité globale de la régression est bonne au seuil de 5%. Cette validation du modèle nous conduit à vérifier la significativité individuelle des variables.

· Le paramètre du logarithme du ratio masse monétaire sur PIB, LogM2

Le paramètre de la variable logM2 a un signe positif. Ce résultat est conforme à celui qui était attendu. Ce paramètre a une valeur de 0.267618. Ceci veut dire qu'une augmentation du ratio masse monétaire sur PIB ou taux de liquidité de 1% entraine une augmentation de la croissance économique de 0.267618%, toutes choses égales. Par ailleurs l'effet de cette variable sur le PIB par tête est significatif au seuil de 5%, car sa probabilité est de 0.0179. La libéralisation financière interne effectuée au Cameroun a entrainé une augmentation du ratio masse monétaire sur PIB. Cela traduit un niveau de développement de la sphère financière camerounaise, car un niveau élevé du ratio masse monétaire sur PIBest considéré comme une amélioration de l'intermédiation financière qui permet à la finance formelle de peser plus dans l'économie (Chouchouane-verdier, 1994). Par ailleurs l'augmentation de ce ratio n'est pas la simple résultante d'une hausse de la monnaie en circulation, c'est-à-dire des pièces et des billets. L'analyse de la décomposition de la masse monétaire nous montre que celle-ci est dominée par la monnaie scripturale et la quasi monnaie par rapport à la monnaie fiduciaire. Cela traduit un niveau de sophistication de la sphère financière qui permet aux agents de détenir moins deliquidités. Les transactions se font plus en monnaie scripturale (BEAC, 2010).

Figure 19 : Evolution des composantes de la masse monétaire au Cameroun, 1991-2015 (en millions de FCFA)

Source: construit à partir des statistiques de la BEAC et de la Banque de France (voir tableau 3 en annexe)

L'abolition de la répression financière caractérisée par la suppression de l'orientation sectorielle des crédits, la libéralisation des taux d'intérêt, et surtout la privatisation des banques a rendu les banques encore plus efficaces dans la fourniture des services financiers. Pendant la répression financière, les banques étaient peu efficaces en matière d'allocation des ressources à cause de l'inexpérience et de la non qualification des responsables-managers de l'époque qui étaient imposées aux banques par l'Etat. Ceux-ci sans connaissance du domaine et du métier bancaires prenaient des décisions contre-productives, avec une gestion bureaucratique. Du fait de la distribution généreuse des crédits, la masse monétaire était dominée par la monnaie fiduciaire. La privatisation des banques marquée par la prise en main de ces dernières par des acteurs privés, a eu pour corollaire la promotion de la compétence (adéquation poste/qualification), et la promotion de la bonne gouvernance (le management bancaire privé est très efficace en matière de contrôle des dirigeants), surtout que la plupart des banques secondaires au Cameroun sont étrangères et notamment européennes. L'implantation de ces banques étrangères venues des pays développés fait que celles-ci fournissent des services financiers de hautes factures (carte bancaire et paiement électronique), renforçant par-là la concurrence. Toute chose qui stimule le secteur bancaire, c'est-à-dire conduit à un développement financier.

· Le paramètre de la variable LogCP

La libéralisation financière interne est censée entrainer une augmentation notoire du volume des crédits à l'économie. Cette hausse inconsidérée des crédits est cernée par le ratio crédits privés sur PIB. Mais ce ratio était plus fort en période de répression financière. Depuis 1990, il se fixe à des niveaux relativement bas. Qu'à cela ne tienne, la part des crédits que les banques accordent au secteur privé depuis la libéralisation financière agit positivement sur la croissance économique puisque le signe du paramètre y associé positif -Ce qui est conforme à l'effet escompté-. Une augmentation du ratio crédits privés/PIB de 1% entraine, toutes choses égales, une augmentation de la croissance économique de 0.094930%. L'effet de cette variable sur la croissance économique est significatif puisque sa probabilité de 0.0231 est inférieure à 5%. Le ratio crédits privés sur PIB traduit l'effet de la libéralisation des taux d'intérêt. La libéralisation des taux d'intérêt a permis leur libre fixation par les banques et leurs clients dans la limité constituée par le taux créditeur minimum. Ce qui a permis leur relèvement significatif en comparaison du niveau auquel ils étaient fixés pendant la répression financière. La hausse des taux d'intérêt a drainé davantage l'épargne des ménages vers le secteur bancaire. Et les crédits bancaires qui en résultent, quoi que moindres, c'est-à-dire le financement bancaire de l'économie exerce ainsi un effet positif sur la croissance économique.

Etant donné que les deux variables retenues comme indicateur de la libéralisation financière interne ont chacun un signe positif et surtout que leur probabilité est significative, on aboutit à une acceptation de l'hypothèse H1 selon laquelle « la libéralisation financière interne influence positivement la croissance économique au Cameroun ».

· Le paramètre de la variable Kp

L'indicateur Kaopen de libéralisation du compte de capital (Kp) a un signe négatif associé à son paramètre. Ce qui n'était pas celui attendu. Ce qui veut dire que la [faible] libéralisation du compte de capital agit négativement sur la croissance économique au Cameroun. En particulier une diminution de l'indice Kaopen d'un point détériore la croissance économique de 0.0227766%, toutes choses restant égales. En réalité l'indicateur Kaopen n'a pas vraiment évolué dans le temps. Hormis les années 1993, 1994, 1995 où il a eu des valeurs plus favorables, il est resté pratiquement stable sur les autres périodes (cf figure 10). En plus les valeurs prises par cet indicateur sont négatives tout au long de la période d'étude, se situant en moyenne autour de -1.07. On rappelle que l'échelle du Kaopen va de -1,7 à 2,6. Ceci traduit un très faible niveau de libéralisation du compte de capital par le Cameroun. Excepté pour les pays de la CEMAC, des contrôles sont encore exercés sur les flux de capitaux en provenance et en direction du reste du monde. Ce qui n'est pas de nature à favoriser une action positive de la libéralisation du compte de capital sur la croissance économique, par un attrait des IDE. Car les investisseurs n'ont pas la certitude de rapatrier la totalité de leurs bénéfices. Cette faible ouverture du compte de capital envoie un signal négatif aux investisseurs étrangers. C'est pourquoi l'effet de cette variable est négatif et significatif au seuil de 5%, avec une probabilité de 0.0198.

Compte tenu de cela, nous sommes amené à rejeter notre deuxième hypothèse H2 : « la libéralisation du compte de capital influence positivement la croissance économique ».

· Le paramètre de la variable LogCO

Le paramètre de l'ouverture commerciale a le signe économique attendu (positif). Mais il n'est pas significatif. Toutes choses égales, une augmentation de 1% de l'ouverture commerciale, entraine une augmentation du PIB de 0,114151%. L'ouverture commerciale agit positivement sur la croissance économique car au fil du temps le Cameroun s'est commercialement ouvert à l'extérieur, avec une augmentation du volume des échanges notamment avec ses partenaires de la CEMAC, la Chine et certains pays de l'union européenne. Cependant l'ouverture commerciale n'a pas d'effet significatif sur la croissance économique car sa probabilité est de 0,1621. Cette non significativité de l'ouverture commerciale est due à la domination des importations sur les exportations, et donc au déficit de la balance commerciale. La balance commerciale du Cameroun est en permanence déficitaire ce qui entraine une détérioration de ses termes de l'échange, et une sortie de devises. Le Cameroun importe les biens alimentaires de base comme le riz, le maquereau etc. car le pays n'a pas encore atteint l'autosuffisance alimentaire. Aussi le Cameroun importe les produits manufacturés, les biens électroménagers, ... bref il importe énormément de ses partenaires économiques européens, chinois et américains. L'économie camerounaise dépend à 60% de l'agriculture. Celle-ci reste encore rudimentaire, archaïque, et les produits sont peu compétitifs sur le marché international. C'est pourquoi la plupart de ses exportations se fait en direction des pays de la CEMAC à qui le Cameroun vend les produits de l'agriculture (Plantin, tomates, etc.). Les quelques rares productions que le Cameroun exporte à l'international sont la banane, le bois.

· Le paramètre de la variable dépenses publiques, logDPU

Le coefficient de la variable DPU a un signe négatif. Ce qui veut dire que les dépenses publiques n'agissent pas positivement sur la croissance économique. Ce résultat va dans le sens contraire des théories sur la relance de l'activité par les dépenses publiques. Selon la théorie keynésienne en effet, en période de récession il appartient à l'Etat de relancer l'activité économique par l'engagement des grands travaux, la réalisation de certaines dépenses qui fourniront des revenus aux ménages. Ces revenus leur offriront la capacité de `demander' plus de biens. Et en fonction de ce niveau de demande, la production des entreprises s'ajustera. Mais dans le cas du Cameroun, on observe qu'une hausse des dépenses publiques de 1% entraine une diminution de la croissance économique de 0.185046%, toutes choses égales. Ceci peut s'expliquer par une absence de politique d'investissement de nature à permettre une augmentation de la production, à offrir à l'économie un cadre adéquat (infrastructures...). Les dépenses publiques n'obéissent pas à une véritable logique d'impulsion de la production, mais sont plus des réponses à des situations « d'urgence ». A tout ceci s'ajoute la mauvaise gouvernance qui entraine les détournements des fonds publics alloués aux projets gouvernementaux, l'octroi des marchés publics sur la base des retro commissions et parfois sans appels d'offre. En conséquence les projets réalisés sont de faible envergure par rapport à leur ampleur initiale, mettent plus de temps que prévus avant d'être livrés s'ils ne le sont tout simplement jamais. Et quand bien même ils sont livrés, ils sont de mauvaises qualités, se dégradent rapidement à l'image des routes, ponts, édifices publics... une bonne part des dépenses publiques est donc orienté vers d'autres fins et ne sert pas à soutenir l'activité. C'est pour cela que les dépenses publiques ont un effet négatif sur la croissance, même si cet effet n'est pas significatif (prob = 0.2070).

· Le paramètre du taux de scolarisation, SCO

Le capital humain représenté ici par le taux de scolarisation en secondaire agit négativement sur la croissance économique. Le signe du coefficient de SCO est négatif. Mais son influence n'est pas prononcée pour au moins deux raisons. D'abord une augmentation d'un point du taux brut de scolarisation, toutes choses étant égales, ne diminue la croissance économique que de 0.000152%. Son effet est marginal. Ensuite la probabilité qui y est associée n'est pas significative au seuil de 5%. Elle s'élève à 0,8296. Toutefois, si on a pu arriver à ce résultat contradictoire par rapport à la théorie du capital humain, c'est en raison du faible taux de scolarisation dans certaines régions du pays notamment la partie septentrionale où l'accès à l'éducation scolaire n'est pas poussé, où le taux de scolarisation de la jeune fille est encore très faible, où la plupart des élèves abandonnent leurs études avant la fin du secondaire. Par ailleurs, la transition des études pour l'emploi n'est pas garantie. Après avoir investi dans la formation de milliers d'apprenants, l'Etat ne veille pas à un retour sur investissement. Ainsi après les études, beaucoup de jeunes se retrouvent au chômage, soit exercent des activités de débrouillardise dans le secteur informel. Ils ne peuvent donc pas contribuer de façon palpable et directe à la croissance du PIB. La précarité des conditions de travail dans le secteur public -principal employeur- marquée par une faible rémunération en dessous des qualifications, des difficiles conditions de travail, favorise chaque jour la fuite des cerveaux vers des endroits plus favorables où ils y ajoutent de la valeur, au grand dam du Cameroun.

· Le paramètre du taux d'inflation, TINF

Le paramètre ou le coefficient du taux d'inflation a le signe attendu. Il est négatif, ce qui implique que le taux d'inflation agit négativement sur la croissance économique au Cameroun. Une augmentation du taux d'inflation d'un point entraine, toutes choses égales, une diminution de la croissance économique de 0.001162%. En théorie l'inflation diminue le pouvoir d'achat des consommateurs, et aussi la demande de certains biens car les consommateurs effectuent un effet de substitution. Elle encourage également un excès d'importation, dépréciant un peu plus la balance commerciale. Tout cela impacte négativement la croissance économique. Et pour le cas du Cameroun, son effet est significatif sur la variable à expliquer. La probabilité que le taux d'inflation puisse nuire significativement à la croissance économique est de 0.0375, ce qui est significatif au seuil de 5%.

· Le paramètre de la variable POP

Le taux de croissance de la population a un effet négatif sur la croissance économique au Cameroun, car son coefficient a un signe négatif. Ce résultat est conforme à la théorie puisque depuis Malthus (1796) la croissance de la population qui se fait de façon exponentielle n'aura que d'effets néfastes sur les ressources qui n'évoluent que de façon arithmétique. En conséquence tout le monde n'aura pas droit au « banquet de la nature ». Il faut limiter les naissances par le mariage tardif et la chasteté. Malthus préconise en quelque sorte un équilibre population/ressources. Ainsi pour le Cameroun, une croissance de la population de 1% entraine une diminution de la croissance économique de 0.058406%, toutes choses égales. Toutefois l'effet de la croissance de la population sur la croissance économique n'est pas significatif. Car la probabilité que la croissance de la population affecte négativement la croissance économique est de 0.4039. Ce qui est largement supérieur à 5% et donc non significatif. Ceci se justifie par le fait que durant la période de notre étude, le taux de croissance de la population a connu trois grandes évolutions (figure 15). D'abord de 1990 à 1998, le taux de croissance de la population passe d'environ 3% à 2.5%. Il est donc en baisse : la population camerounaise croît peu ou moins. Deuxième phase, de 1998 à 2008, il effectue une remontée pour se situer en 2008 aux environs de 2.7%. Enfin sur la période 2008 - 2015 le taux de croissance de la population redescend encore mais légèrement pour se situer en 2015 à 2.6%. On constatera que le trend de l'évolution du taux de croissance de la population est descendant sur toute la période 1990-2015. Ce qui veut dire que la population camerounaise n'a pas connu de progression « vertigineuse » ou « exponentielle » pour reprendre les termes de Malthus (1796). La population camerounaise a plutôt crût de façon arithmétique ou timide. Le Cameroun n'a pas connu de boom démographique aux effets souvent dévastateurs sur la croissance économique surtout dans le tiers monde. C'est pour cette raison que le taux de croissance de la population, bien qu'agissant négativement sur la croissance économique n'est pas significatif.

En résumé les variables de la libéralisation financière que sont logM2 et logCP ont un effet positif significatif sur la croissance. Kp a un effet négatif et significatif sur la croissance, logCO a un effet positif mais non significatif sur la croissance, logDPU, SCO, TINF et POP ont chacun un effet négatif mais non significatif sur la croissance.

Cependant si la libéralisation financière interne influence positivement la croissance économique, il n'y a pas une relation causale claire. Le test de causalité de Granger23(*) (voir tableau 15 en annexe) sur les indicateurs de la libéralisation financière retenusnous montre qu'il n'y a pas de causalité entre le ratio masse monétaire sur PIB (en logarithme), et le PIB par habitant (en logarithme). La tendance est plutôt inversée : le PIB par habitant prédit la variable masse monétaire sur PIB. Par contre les résultats de ce test nous indiquent une causalité bidirectionnelle entre le ratio crédits privés sur PIB et le PIB par habitant (il est préférable de prédire logPIB en connaissant logCP, que sans en connaitre. De même il est préférable de prédire logCP en connaissant logPIB que sans en connaitre).

* 23 Granger a proposé le concept de causalité en 1969 : Xt est la cause de Yt si la prédictibilité de Yt est améliorée lorsque l'information relative à Xt est incorporée à l'analyse. Dire que Xt cause Yt signifie seulement qu'il est préférable dde prédire Yt en connaissant Xt que sans le connaitre.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry