1.1.4. Mécanismes de la
résistance aux antimicrobiens
1.1.4.1. Résistance antibactérienne
L'antibiorésistance constitue un défi à
relever à l'échelle mondiale. Il s'agit d'un menace de
santé publique touchant particulièrement les domaines de la
santé individuelle et collective, de l'environnement avec de grands
impacts sur l'économie des pays (Cuenca-Estrella, 2014). Ces
résistances peuvent être naturelles ou acquises. La
résistance naturelle survenue via une mutation génétique
affecte le chromosome de la bactérie, permettant à cette
dernière de contourner l'effet délétère de
l'antibiotique (Wang et al., 2019?; Hmida et al., 2018?;
Breurec et al., 2011). Elle concerne en général qu'un
antibiotique ou une famille d'antibiotiques (Ben Ayed et al.,
2019). Elles peuvent aussi être liées à l'acquisition
de matériel génétique (plasmide) porteur d'un ou plusieurs
gènes de résistance, en provenance d'une autre bactérie.
Les résistances plasmidiques peuvent quant à elles, concerner
plusieurs antibiotiques, voire plusieurs familles d'antibiotiques. C'est la
résistance la plus répandue des résistances acquises
(80 %) (Hmida et al., 2018).
1.1.4.2. Résistance antifongique
Le
mécanisme de résistance aux antifongiques est variable selon la
classe de l'antifongique. Dans le cas de la résistance aux
polyènes, les mécanismes mis en place par Candida sont variables
et agissent par déplétion en ergostérol, par augmentation
de la proportion des glucanes de la paroi fongique, par augmentation de
l'activité catalasique et par formation de biofilm(Allen, 2010). Au sein
des Azolés, plusieurs types de mécanismes sont mis en jeu
à savoir : la modification de la cible, la surexpression de la
cible, l'altération des transporteurs, l'augmentation des voies
impliquées dans la réponse au stress, la modification des enzymes
responsables de la formation des métabolismes toxiques, la modification
de gènes activateurs transcriptionnels des gènes de
résistances, la formation de biofilm et le réarrangement
chromosomique(Gonçalves et al., 2016). Au rang des
echinocandines, la modification de la cible et l'augmentation des voies
impliquées dans la réponse au stress sont les mécanismes
utilisés par les souches de Candida. Le mécanisme de modification
des enzymes responsables de la formation des métabolites toxiques est
celui utilisé par la classe des analogues pyrimidiques (Cuenca-Estrella,
2014).
En mycologie médicale et vétérinaire, on
distingue deux types de résistance : (i) la résistance
intrinsèque, naturellement présente chez toutes les souches d'une
mêmeespèce ou d'un même genre et (ii) la résistance
acquise, induite par un processus de sélection génétique
sous l'effet de l'application répétée d'un antifongique.
La résistance intrinsèque peut être due àÌ
une absence de concentration de l'antifongique dans la cellule ou aÌ une
faible affinité de l'antifongique pour sa cible(Gonçalves et
al., 2016?; Guinea, 2014). Ce processus est bien connu
pour la levure Candida krusei, naturellement résistante au
fluconazole. L'emploi fréquent de cet antifongique en médecine
humaine, en prophylaxie ou en traitement curatif lors des candidoses a eu pour
conséquence, le remplacement progressif de l'espèce
endogène sensible, Candida albicans, par d'autres
espèces du genre Candida (dont C. krusei, C. glabrata ou C.
parapsilosis) (Guinea, 2014). La résistance acquise est un
processus dynamique qui peut potentiellement être observé chez
n'importe quelle espèce fongique et vis-à-vis de n'importe quelle
molécule antifongique(Gonçalves et al., 2016). Les
mécanismes moléculaires qui rendent compte de ce mode de
résistance incluent : (i) la modification de la cible de
l'antifongique (liée à une ou plusieurs mutations du gène
codant pour la cible)?; (ii) la surexpression de la cible de l'antifongique
(par exemple liée à une modification du promoteur du gène)
et (iii) la surexpression de pompes membranaires d'efflux (qui réduisent
rapidement la concentration d'antifongiques dans la cellule fongique)
(Cuenca-Estrella, 2014).
|