1.1.2. Épidémiologie de la
résistance aux antimicrobiens
La charge de morbidité liée à la
résistance aux antimicrobiens est marquée essentiellement par
l'augmentation de la mortalité, du taux d'admission aux soins intensifs
et la durée de séjour en établissement de soins(Ogbolu
et al., 2011). Pour Staphylococcus aureus, la
résistance aux médicaments de première intention est
également très répandue. On estime que les personnes
infectées par Staphylococcus aureus résistant à
la méthicilline (SARM) ont une probabilité de 64 % plus
élevée de mourir que celles qui ont une forme non
résistante de cette infection(Isendahl et al., 2012?; Diene
et al., 2013).
En 2014, selon le rapport sur la surveillance de la
résistance aux antimicrobiens publié, les niveaux
élevés de résistance aux céphalosporines de
3ème génération ont été
rapportés pour E. coli (70 %)et K. pneumoniae
(77 %) dans la région africaine (OMS, 2014). Le dernier
recours reste les carbapénèmes quoique des données
rapportent un taux de 54 % de résistance de K. pneumoniae
vis-à-vis de cette classe d'antibiotique. La diminution de la
sensibilité de K. pneumoniae à la pénicilline a
été rapportée dans toutes les régions membres de
l'OMS.
1.1.3. Situation de la résistance
aux antimicrobiens en Afrique
1.1.3.1. Résistance antibactérienne
De nos jours, il est remarqué que plusieurs
bactéries montrent un profil de multirésistance vis-à-vis
des antibiotiques usuels(Serragui et al.,2013). Ces résistances
variables sontémergentes et constituent une préoccupation majeure
pour le système de santé. Trois types de résistance ont
couramment été observés à savoir la
résistance au BLSE, au Carbapénème et Staphylococcus
aureus résistant à la méticilline. La
résistance au BLSE est en constante évolution et variable de 10
et 100 % chez les sujets sains dans les pays d'Afrique de l'Ouest
(Isendahl et al., 2012). La prévalence est variable selon les
régions de l'Afrique et l'échantillon soit 10 % de E.
coli BLSE en coproculture chez les enfants au Sénégal (Sbiti
et al., 2017), 32,6 % chez des enfants de moins de 5 ans en
Guinée-Bissau (Isendahl et al.,2012), 63 % chez le
personnel hospitalier et 100 % chez les enfants au Mali (Tandé
et al., 2009).
Cette résistance est due à l'émergence de
l'enzyme CTX-M variable selon les pays de l'Afrique (Hara et al.,
2015), type 14 au Mali (Duval et al., 2009), type 3 au Nigeria
(Ogbolu et al., 2011) et au Sénégal(Breurec et
al., 2013). Les autres enzymes décrites sont SHV-3 et SHV-12
(Brolund,2014), apparues ces dernières années et
détectées dans divers isolats. Cette résistance au BLSE
entraine des résistances à plusieurs familles d'antibiotiques,
notamment au cotrimoxazole, aux fluoroquinolones et aux aminosides
(Tandé et al., 2010). Cette multirésistance des
entérobactéries BLSE a entrainé la prescription des
carbapénèmes en clinique. Au Nigeria, il est rapporté des
prévalences variables selon le niveau des soins (Ogbolu et al.,
2011). Cette résistance a également été
notifiée en Sierra Leone (Leski et al., 2013)et au
Sénégal (Diene et al., 2013). Quant aux
Staphylococcus aureus résistantes à la
méticilline, leur émergence et diffusion sont dues aux
complications observées ces dernières années dans le
traitement des souches S. aureus dans les infections communautaires et
hospitalières-(Masim et al., 2021). Les clones
spécifiques circulant dans le cas de cette résistance en Afrique,
sont principalement le ST5 et le ST15 (Schaumburg et al., 2014). La
prévalence de cette résistance varie de 20 à 47 %en
communauté et dans les hôpitaux (Breurec et al., 2011,
Ahoyo et al., 2006). Ces prévalences témoignent de
l'ampleur de la résistance bactérienne dans la région de
l'Afrique.
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