7. Troubles
neuro-psycho-développemental chez le nouveau-né associé
à l'exposition à l'alcool : syndrome d'alcoolisme foetal
L'alcool est un tératogène puissant. La
conséquence la plus grave d'un alcoolisme pendant la grossesse est le
syndrome d'alcoolisme foetal, un trouble du développement
caractérisé par des anomalies cranio-faciales, un retard de
croissance et des lésions du système nerveux pouvant
entraîner un handicap mental. (OMS, 2007, p. 9)
« Des problèmes de santé mentale ont
été identifiés chez plus de 90% des individus
présentant des antécédents d'exposition prénatale
à l'alcool significative. Le diagnostic comorbide le plus courant est le
déficit de l'attention/hyperactivité (O'Connor et
Paley 2009) mais des recherches ont montré que les individus avec
un TN-EPA se distinguent par leurs
caractéristiques neuropsychologiques et leur sensibilité aux
interventions pharmacologiques (Mattson et al. 2011).
L'antécédent d'exposition prénatale à l'alcool est
associé à un risque accru de développer des troubles
liés à l'usage du tabac, de l'alcool et d'autres substances (Barr
et al. 2006). » (DSM-5, version fr. 2015, p. 1032)
L'exposition prénatale à l'alcool peut avoir des
effets dramatiques et permanents. L'éthanol franchit facilement la
barrière placentaire et les concentrations retrouvées chez le
foetus son supérieures à celles mesurées chez la
mère car le système foetal d'élimination de l'alcool est
peu développé. Il n'a jamais été mis en
évidence de seuil en dessous duquel les risques sont nuls, d'où
la recommandation « 0 alcool pendant la
grossesse ». Pourtant, en 2017, 12 % des mères
d'enfants de cinq ans ou moins déclaraient avoir consommé de
l'alcool au cours de leur dernière grossesse, après avoir
appris être enceinte (11 % uniquement pour les grandes
occasions, et moins de 1% une fois par semaine ou plus) (INSERM,
2021, 25 octobre).
5- Résultantes
caractéristiques ou retentissements sociaux des troubles associés
à l'alcool
1. L'agressivité et
l'impulsivité
L'alcool ne fait pas qu'enivrer, il désinhibe aussi.
C'est pourquoi, lorsqu'on est saoul, on prend beaucoup plus facilement des
décisions irréfléchies et on agit plus rapidement que
d'habitude. On évoque d'ailleurs souvent l'alcool comme agent
déclencheur dans des conflits particulièrement violents :
méfait avec violence, dispute de bar, violence conjugale, agression
routière, vandalisme et violence gratuite (Aide alcool, 2021). L'alcool
peut notamment altérer la partie frontale du cerveau (cortex frontal),
potentiellement de manière irréversible. Or, cette partie
commande la maîtrise de soi et le comportement en société,
ainsi que les actions ciblées, le raisonnement et la résolution
de problèmes. Enfin, l'agressivité peut se manifester en cas de
dépendance à l'alcool, lorsque la personne ressent un besoin
intense de boire qu'elle ne peut pas assouvir. Elle sera alors très
irritable et cela augmente les risques d'avoir un comportement violent
(Doctissimo, 2019, 09 mai).
2. L'agression sexuelle
et/ou rapport sexuel non protégé
Educ'alcool (2017b) souligne le penchant agressif sexuel de
l'alcool et ses risques. En effet, l'alcool donne des envies, crée des
pulsions ; mais favorise le rapport sexuel non protégé,
expose les jeunes aux IST et aux grossesses non désirées
(Educ'alcool, 2019). Par ailleurs, l'emploi de la force pour obtenir ou tenter
d'obtenir des rapports sexuels sans consentement - tout comme la violence
sexuelle dans le couple - vont hélas souvent de pair avec la
consommation d'alcool. Le risque de violence augmente avec la consommation,
aussi bien dans les agressions commises par des hommes que par des femmes.
Lorsqu'on analyse les comportements et les traits antisociaux des agresseurs,
quels qu'ils soient, on réalise que la violence et la consommation
excessive d'alcool ont de fortes similarités, tels des traits
génétiques ou des tempéraments semblables ou encore, un
trouble de personnalité quelconque.
Lorsqu'une personne consomme de l'alcool de manière
excessive, elle risque de souffrir d'une certaine « myopie » qui
réduit ses capacités tant à reconnaître les signes
de danger, qu'à identifier les situations qui ont un risque potentiel
d'agression sexuelle. Parfois, faire boire la victime de manière
excessive aura été la tactique de l'agresseur pour obtenir une
relation sexuelle (Educ'alcool, 2017c).
3. Les
accidents
De nos jours la plupart des accidents sont dues aux fait de
conduire avec des facultés affaiblies. Effet, l'alcool a aussi un effet
narcotique (Aide alcool, 2021, 18 août). Ce qui lui permet de provoque le
sommeil chez un individu ayant bu plus que la quantité
recommandée. Ce qui augmente dans tous les sens des comportements
à risques (Taylor, 2015) pouvant se produire au travail, au volent,
à l'école ou à la maison et causant des accidents au
passage. Les accidents où qu'ils se produisent, peuvent
générer de conséquences énormes et voire affecter
d'autre personnes de l'entourage du buveur comme mettre le feu à la
maison, percuter des passants en route en étant au volent d'une voiture,
produire des résultats médiocres au travail peut impacter sur les
profils de l'entreprise, etc.
4. Les
suicides
Les différents effets de l'alcool signalés
ci-haut tels que l'inhibition, les agissements en état de
facultés affaiblies, l'agressivité, la violence et les actes
à risques et même ceux liés aux maladies et grossesses non
désirées perturbent la personnalité (Educ'alcool, 2019) et
affectent les jugements de la personne (Babor et collab., 2003). En effet, le
suicide est la complication majeure de la dépression (Clinicum, 2007).
Le risque suicidaire est particulièrement élevé chez un
sujet traversant un épisode de raptus anxieux (névrose
d'angoisse, maladie maniaco-dépressive) ou un sujet psychotique.
5. Le déséquilibre familial
Lors des disputes entre les parents, les enfants (jeunes) sont
très souvent tentés d'intervenir, car comment pourraient-ils
rester indifférent alors qu'on bat sur la maman par exemple ? Cependant,
les enfants n'écoutent plus les parents, ne suivent plus les conseils,
et se lancent également dans l'alcool dans le but de "soulager" leurs
soucis de famille. Les enfants résidant avec deux parents peuvent
être les victimes directes ou indirectes de violences exercées par
l'un ou l'autre parent (Condon et Al., 2019). De plus, Se soûler a pris
une importance culturelle démesurée chez les jeunes et leur
santé et leur bien-être sont sérieusement menacés
par l'usage d'alcool. Les gros buveurs occasionnels d'alcool sont de plus en
plus nombreux, surtout parmi les garçons, ce qui augmente
considérablement les risques de perdre le contrôle et tomber dans
l'alcoolisme chronique. L'altération du jugement produit par l'alcool
(Babor et collab., 2003), l'impulsivité et le manque de contrôle
(Aide alcool, 2021) poussent les jeunes à prendre des décisions
irréfléchies comme quitter la maison, ou aux parents d'expulser
les enfants. Toutes les situations ne sont cependant pas identiques : la
sévérité de la problématique va influencer
grandement la possibilité de réaction des proches. Dans les
meilleurs cas, l'importance de la consommation constitue juste une source
d'inquiétude pour la famille qui constate des moments d'excès,
parfois seulement épisodiques, des fluctuations d'humeur, une
altération de la qualité du contact et des échanges
sociaux dans des moments spécifiques d'alcoolisation ou de
récupération.
Dans les cas les plus graves, les répercussions sur
l'entourage de l'alcoolique sont d'un autre ordre : violences sur le conjoint
ou les enfants, engagements régulièrement bafoués parce
que la consommation est devenue le principe directeur de son existence,
isolement de la famille de toute vie sociale extérieure, en tous cas au
sein du domicile, car la personne qui a dérapé dans la
consommation n'est en quelque sorte plus « montrable », vécu
de honte de la part de l'ensemble de la famille qui dissimule souvent
très longtemps ce qui se passe en son sein, « parentification
» des enfants qui tentent vaille que vaille de compenser les
défaillances du parent qui boit et parfois même de le
protéger contre lui-même en allant le rechercher au café,
en planquant les bouteilles, en protégeant les plus jeunes... (Philippe
de Timary, 2016).
Dans d'autres cas, les troubles addictifs se traduisent
d'emblée par des symptômes au sein de la famille (OMS, 2011):
violence conjugale, parentale, voire d'un ou plusieurs enfants vis-à-vis
de leurs parents. Mais souvent, le comportement toxicomaniaque d'un jeune n'est
pas immédiatement perçu par ses proches. Il arrive assez
fréquemment qu'un frère ou une soeur soit alerté bien
avant la prise de conscience des parents. Face aux troubles, les membres de la
famille se sentent particulièrement démunis pour trouver des
réponses adéquates souligne Jacques Miermont (2016). Les liens se
délitent, le contact avec l'adolescent se réduit, voire devient
inexistant, même si celui-ci reste en fait toujours à la maison et
dépendant de ses parents. Les parents ont du mal à identifier ce
qui ne va pas et ne savent pas à qui s'adresser (Philippe de Timary,
2016). Les troubles relationnels interrogent non seulement les effets
spécifiques du toxique, de la personnalité du consommateur et de
son âge, des pathologies mentales et comportementales
éventuellement associées, mais aussi les singularités de
son système familial, de son réseau social, de ses
communautés d'appartenance, ainsi que les modes de tolérance,
d'incitation et/ou de répression de la société (Miermont,
2016).
6. La violence
conjugale
L'impulsivité et l'agression favorise l'acte de
violence conjugale. En effet, sous l'emprise de l'alcool, le contrôle de
soi est réduit sinon supprimé et le jugement altéré
(DSM-5). La consommation d'alcool abusive de l'un des conjoints favorise
l'éclatement de conflits pouvant aller jusqu'à la violence
physique. Le risque de violence conjugale augmente avec la fréquence
d'intoxication. Un lien a été établi entre la consommation
d'alcool et la gravité de l'acte de violence commis entre conjoints.
Lorsque le conjoint est sous les effets de l'alcool au moment de l'agression,
la victime court effectivement un plus grand risque d'être blessée
physiquement et d'être dans l'obligation d'avoir recours à une
assistance médicale (Educ'alcool, 2019, p12).
La violence signale l'incapacité à communiquer,
elle est perpétrée de façon univoque et destructrice
(Jaspard et al., 2003). Les résultats montrent que prévalence de
la violence conjugale augmente avec la consommation d'alcool du conjoint : 30 %
des femmes dont le mari/partenaire ne boit pas ont déclaré avoir
subi des actes de violence conjugale contre 64 % quand ce dernier est parfois
soûl et 68 % quand il est souvent soûl. Chez les hommes, 22 % ont
déclaré avoir subi des actes de violence conjugale quand leur
épouse/partenaire ne boit pas contre 58 % quand elle est parfois
soûle.
Figure 4 : graphique sur la violence conjugale selon la
consommation d'alcool du conjoint.
Source : Institut National de la
Statistique (INS) et ICF. (2020). Enquête Démographique et de
Santé du Cameroun 2018. pp398.
7. Les absences à
l'école / Les absences au travail
Les effets narcotiques ou la gueule de bois favorisent les
absences et sont facteurs de production de mauvais résultats. Mais
encore la dépendance et/ou la dépression augmentent
considérablement les risque d'absence au travail ou à
l'école car ils sont caractérisés principalement la baisse
des facultés intellectuelle par la démotivation. Les mauvaises
compagnies ou les paires encouragent à sécher les cours pour se
retrouver ailleurs qu'à l'école dans le but de boire de l'alcool,
fumer, et ou vandaliser les biens publics. Les collègues de travail
peuvent devoir remplacer et couvrir l'absence d'un agent qui a « la gueule
de bois » (OMS, 2007).
8.
Déséquilibreéconomique
Le buveur risque de perdre son travail ou d'être exclu
d'un cours de formation (OMS, 2007). Dans l'environnement du travail, l'alcool
peut conduire à des absences, des accidents de travail et à une
baisse de la productivité pouvant entraîner une perte d'emploi.
Cela représente un coût pour l'employé, l'employeur et le
système de sécurité sociale (Greenfacts, 2006). Avec
l'addiction il devient plus difficile de faire des économies. Les
parents (=45ans) seront confrontés à des factures
impayées, la pension alimentaire non réglée, etc. Les
jeunes qui trouvent des idées pour escroquer les parents pour se payer
de l'alcool, et généralement l'accompagner avec d'autres
substances psychoactives (Addiction suisse, 2013).
9. Les
crimes-délits-infractions-incivilité
Le mode de consommation d'alcool d'un individu peut avoir des
effets indésirables sur sa propre vie, perturbant ses relations
conjugales et sa vie de famille, provoquant la perte d'emploi et le
chômage, déclenchant l'accomplissement d'un délit
entraînant l'arrestation, ou précipitant l'individu dans la rue ou
dans toute autre forme de marginalisation ou de stigmatisation.
10. Le trouble du
sommeil
Certains individus ont parfois de la difficulté
à trouver le sommeil lorsqu'ils éprouvent du stress. Pour
combattre ce problème, ils peuvent avoir tendance à consommer de
l'alcool, pensant ainsi faciliter leur sommeil. Bien entendu, l'alcool peut
aider un individu à s'endormir à cause de son effet, narcotique
(Aide alcool, 2021). Cependant, l'alcool risque aussi de causer de l'insomnie
et des éveils à répétition (Educ'alcool, 2011),
augmentant ainsi les troubles du sommeil. L'alcool modifie le cycle de sommeil.
Le lendemain d'une forte absorption d'alcool, une personne peut se sentir mal
et fatiguée, même si elle a suffisamment dormi.
6- Prise en charge de
l'intoxication aigue ou d'abus chronique d'alcool
Notons qu'il est difficile d'établir un moyen de prise
en charge standard de l'alcoolisme aigu ou chronique. Cependant, aux urgences,
il est important de différencier un sujet alcoolo-dépendant et
celui non alcoolo-dépendant. On pourra se baser sur signes physiques et
psychiques définis par DSM-IV ou la CIM-10. Le questionnaire AUDIT
permet de poser une orientation distinctive entre la dépendance probable
(score 12 chez l'homme et 11 chez la femme) et l'usage nocive (score entre 8 et
12 homme et 7 et 11 femme).
Dans la synthèse des Orientations
diagnostiques et prise en charge, au décours d'une intoxication
éthylique aiguë, des patients admis aux urgences des
établissements de soins de l'ANAES, 2001 aux pages 1 à 4,
nous pouvons trouver un ensemble des recommandations relatives à la
prise en charge des cas d'alcoolisme sous ses différentes formes aigues
ou chroniques.
Ces types de cas peuvent être classés en trois
types à l'arrivée du sujet aux urgences : la crise de manque
(delirium tremens), la crise d'intoxication récente, et
l'alcoolo-dépendance.
Dans le delirium tremens, l'administration des sédatifs
(médicaments psychoactifs), est acceptable. Mais lorsqu'il s'agit d'une
crise liée à une ingestion récente, les médicaments
utilisés (Lorazepam par exemple) peuvent potentialiser les effets de
l'alcool.
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