Paragraphe L'impact des crises sur le plan
socio-économique
Les évènements d'instabilités
sociopolitiques survenus au Togo et en Côte-d'Ivoire dans les
années 1990-2020 ont eu des conséquences très
sévères. L'analyse de quelques crises telles que celles de 2005
et 2017 au Togo et celles de 2002 et 2010 en Côte-d'Ivoire illustrent
très bien les effets que peuvent engendrer une crise politique au plan
interne.
56
Dans cette étude, il est question d'analyser les
conséquences sur deux plans ; d'abord sur le plan social et ensuite sur
le plan économique. Dans les deux cas, on dénombre pas mal de
conséquences.
Sur le plan social, malgré que le Togo ait
ratifié les principales conventions relatives aux droits de
l'homme112, il est à noter que les crises sociopolitiques
togolaises des années 1990 jusqu'à 2020, selon le rapport de la
mission des nations unies, ont constitué un coup sur la violation des
droits de l'homme, augmentation du nombre de personnes déplacés,
détérioration de la situation au niveau de la
sécurité etc.
Toutefois, ces conventions ratifiées par le Togo font
partie intégrante de la constitution togolaise. D'ailleurs l'article 140
de ladite constitution précise que « les traités ou
accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont,
dès leur publication, une autorité supérieure à
celle des lois sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son
application par l'autre partie »113. Il faut
également le rappeler, selon le rapport de la mission des nations unies,
« le Togo a été le premier pays africain à se
doter d'une Commission nationale des droits de l'homme en 1987
»114. En dépit de l'article 50 de sa
constitution qui stipule que « les droits et devoirs
énoncés dans la Déclaration Universelle des droits de
l'homme et dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme,
ratifiés par le Togo font partie intégrante de la présente
Constitution »115, « La situation des droits de
l'homme au Togo était caractérisée par une absence
persistante de respect des droits de l'homme, des libertés
fondamentales, et un constant déficit démocratique
»116.
Ce constat qui est fait de la violation des droits de l'homme
lors de la crise togolaise de 2005 est presque le même en 2017. En effet,
la vie sociopolitique togolaise a été marquée par une
crise qui a débuté en août 2017. Cette crise faut-il le
rappeler portait sur la modification de la constitution pour limiter le nombre
de mandat et empêcher le président Faure Essozimna
Gnassingbé de se présenter aux élections
présidentielles de 2020. Cette crise a suscité au sein
112 Le pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels (en 1984), le pacte international
relatif aux droits civils et politiques (en 1984), la convention internationale
pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (en
1972), la convention sur l'élimination de la discrimination à
l'égard des femmes (en 1983), la Convention contre la torture et autres
peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (en 1987) et la
convention relative aux droits de l'enfant (en 1990
113 Article 141 de la constitution togolaise
114 Rapport de la mission des Nations Unies
115 Article 50 de la Constitution togolaise
116 Rapport de la mission des Nations Unies
57
des populations togolaises une insécurité
grandissante. Les évènements qui se sont déroulés
à Mango, Kara, Bafilo, Sokodé et Lomé durant cette crise
en sont des illustrations.
En Côte-d'Ivoire, les évènements de 2002
et 2010 ont causé d'énormes conséquences sur le plan
social. On peut les relever sur deux catégories principales à
savoir l'éducation et la santé. Sur le plan éducatif, on
peut noter l'incendiassions des écoles françaises à
Abidjan et dans d'autres Villes du Sud par les « jeunes patriotes »
miliciens pro-gouvernementaux. Par ailleurs, sur le plan sanitaire, «
la situation sanitaire de la Côte d'Ivoire est une situation
préoccupante au point de vu spécifiquement national
»117.
Les conséquences sociales de ces périodes de
crise dans les deux pays sont nombreuses; toutefois on ne peut négliger
le poids qu'a connu le côté économique. En effet, les
périodes de crises ne favorisent pas l'investissement étranger
à cause de l'insécurité qui y règne. C'est ce qui a
été observé durant les crises sociopolitiques au Togo et
en Côte d'Ivoire depuis les années 1990.
En Côte d'Ivoire, et précisément dans les
années 2004-2005, l'exportation du cacao a été
confronté aux aléas de la crise ; ce qui a entraîné
des perturbations du cheminement vers le port d'Abidjan. Au premier semestre
2011 après la crise électorale, l'activité
économique est entrée en récession en lien avec la
paralysie engendrée par la pénurie de liquidités dans,
imputable à l'arrêt des activités de la
quasi-totalité des institutions financières ainsi que des
entreprises privées du fait de l'insécurité et de la
suspension du système de compensation bancaire par la Banque Centrale
des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).
Au Togo, d'un point de vue général, les crises
sociopolitiques ont eu un impact négatif sur l'économie du Pays.
La cessation des activités commerciales et les difficultés de
transport dues au bouclage des villes par exemple en sont des illustrations
parfaites des causes qui ont rendu vulnérable l'économie du
pays.
|