Pratiques artistiques et télévision au Cameroun a l'ère du numérique

II-2-2- Apprentissage

La diffusion des oeuvres artistiques et la réception de celles-ci par les téléspectateurs doivent forcément avoir un impact sur des angles précis. La consommation des programmes télévisuels traverse les caps de plaisir et d'information pour aboutir à l'apprentissage, l'axe du développement culturel et interpersonnel. Qu'apprennent effectivement les téléspectateurs ?

L'apprentissage des activités artistique d'une manière générale présente plusieurs avantages. Le passage de celle-ci à la télé rapproche l'art du pratiquant, du téléspectateur et banni l'aspect énigmatique des oeuvres ou de la discipline voulant être pratiquée. Les bienfaits

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de cet apprentissage sont entre autres : l'autodiscipline, la persévérance, la volonté et la détermination ; les capacités d'apprentissage et la force mentale ; les capacités de mémoire ; Les capacités d'élaboration mentale (représentation mentale, idées et association) et les capacités d'imagination ; le développement de l'esprit critique :

La véritable responsabilité à laquelle le fait télévision oblige à faire face est donc finalement de comprendre les conséquences que pourront avoir pour le développement des processus de communication, de participation et d'apprentissage au sein du public les choix d'orientation auxquels on ne peut de toute façon se dérober.⁸⁹

Ayant mené une enquête sur l'impact de la télévision, notamment sous le prisme de la télévision et le développement culturel, Michel CROZIER se rend compte que 60% des personnes interrogées ont déclaré que la télévision avait changé leur vie beaucoup ou énormément.⁹⁰ Ce changement est dû au fait que la télévision a supprimé l'ennui et apporté la distraction ; mais plus encore, l'image de la télévision que l'on a dans cette population n'est pas une image dépréciée, vulgaire ; tout au contraire la télévision est considérée comme un moyen culturel (c'est parmi tous les medias celui qui suscite le plus grand nombre de commentaires mentionnant le terme culturel). On s'évade dans des images, en s'évadant on retrouve quelque chose, on découvre notre quotidien ou le quotidien de l'autre, on découvre les goûts des autres et on consomme davantage ses goûts - en fait, on ne consomme pas seulement, mais on apprend en s'évadant dans chaque prototype d'image. C'est la raison pour laquelle, Michel CROZIER finit par conclure que :

...Tout moyen de diffusion a aussi comme fonction latente d'offrir des occasions d'apprentissage à ses usagers. Plus que tout autre la télévision est marquée par une telle fonction car elle offre aux téléspectateurs des possibilités d'expérience plus totales et plus intenses que celles qu'ils trouvent dans les autres media.⁹¹

Michel CROZIER balaie du revers la forme d'apprentissage classique qui était considérée comme l'unique et meilleure méthode, celle scolaire qui implique un rapport de maître à l'élève. Le téléspectateur communique avec la création durant son processus de consommation. Cette communication lui confère de nouveaux talents qu'il acquière à travers les organes de sens, la vue, l'ouïe. Nous sommes dans l'éducation artistique moderne, un

⁸⁹ Michel, CROZIER, « Télévision et développement culturel ». In Communications, 7, 1966. Radio-télévision : réflexions et recherches. Pp. 11-26. Disponible sur https://doi.org/10.3406/comm.1966.1091

⁹⁰ Idem, p .18.

⁹¹ Michel, CROZIER, op.cit., p. 23.

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apprentissage par soi-même à partir d'une volonté personnelle d'acquérir des compétences artistiques.