La CRTV Entertainment, chaîne spécialisée
dans le divertissement, soit 30%, se limite à définir la musique
et le cinéma comme le résultat du divertissement dans sa
totalité. Concernant l'absence d'émissions spécifiques
dans la chaîne de divertissement, Simon Lyonga déclare que
« Ce travail revient à la chaîne mère de mettre
sur pied des émissions spécifiques sur les arts et la culture
»63. C'est également l'une des raisons qui
expliquent le fait qu'il n'y ait pas de journal de sport à la CRTV
Sports, la primeur du journal est réservée à la
chaîne Premium. De 19 h 00 à 21 h 00, aucune il n'y a aucune
émission forte sur la chaîne de divertissement car rien ne doit
empêcher les téléspectateurs de regarder les
différentes éditions de journaux de la CRTV et CRTV News. Il y va
de même lors des grands matchs des compétitions ou
l'exclusivité est réservée à la chaîne de
Sports.
Les deux chaînes se rejetant le tort, à qui
incombe finalement la responsabilité de fournir des programmes
spécifiques de divertissement liés aux pratiques artistiques ?
La chaîne ayant reçu la dénomination de
divertissement « Entertainment » décline la
responsabilité quant à la production et diffusion des
émissions sur les pratiques artistiques parce que sa ligne
éditoriale aurait été bien définie avant le
lancement de la chaîne. Les 30% de divertissement sont consacrés
uniquement à trois genres, le cinéma, l'humour, et la musique.
(Voir la grille des programmes de CRTV Sport and Entertainment en Annexe
N° 14). La chaîne de divertissement renvoie la faute à
la chaîne premium parce que la notion de divertissement n'est pas bien
assimilée, pas assez bien développée. C'est ce qui conduit
les chaînes à opter pour les mêmes genres de programmes ;
cela ne facilite pas un cadre d'innovation. Durant notre nos 06 mois
d'observation, il nous a été donné de constater que les
deux chaînes diffusaient par exemple de la musique au même moment,
un fait reconnu par le Directeur de la CRTV Sports
63 Entretien avec Simon, LYONGA. M,
op.cit.,
43
and Entertainment, lequel se justifie en ces mots :
« Effectivement votre constat est très vrai et le M. le
Directeur Général nous a demandé de veiller en sorte qu'il
n'y ait pas de tel incidence. Cela arrive parce que nous n'élaborons pas
les conducteurs d'antenne ensemble »64. Cette situation
relève d'un problème de coordination et d'harmonisation dans le
système de fonctionnement.
Cet amalgame des choses serait aussi à l'origine de
l'inexistence de la chaîne culturelle annoncée en 2016 parmi
celles existantes aujourd'hui. Si la notion de divertissement est mal
assimilée jusqu'ici, il est sans doute que nous ayons les
résultats selon lesquelles, on peut créer une chaîne
combinant 30% appartenant à une gamme de divertissement précise
et 70% à une autre gamme à l'heure du numérique. Si la
référence de la CRTV est Canal + à l'époque tel que
nous l'a fait savoir Simon LYONGA que « Canal + auparavant
était d'abord une chaîne de divertissement, on y mettait tout
à l'intérieur, en l'occurrence séries, humour et sports
»65, nous faisons vite de signaler que cette
hypothèse était valable à cette époque ou la mise
sur pied de plusieurs chaînes de télévision
spécialisées n'était pas très aisée en
termes de coût et de déploiement logistique. Aujourd'hui, la
pénétration du numérique a largement facilité le
processus technique ainsi que le coût. Procéder d'abord comme les
autres l'avait fait il y a de cela quelques décennies, pourtant une
procédure faisable aujourd'hui en quelque temps ; cela ne contribue pas
à l'amélioration du goût de la consommation culturelle et
empêche plutôt ces nombreux talents de percer le joug de
l'invisibilité pour enfin goûter aux délices que
bénéficierait un artiste à travers une
médiatisation.
Au sortir de notre entretien, le Directeur de chaîne
reconnait tout au moins que la culture ne se limite pas à la musique et
au cinéma. La CRTV Sports and Entertainment reste ainsi et avait
été conçue ainsi, le jour que naîtra CRTV culture,
certaines émissions diffusées sur Entertainment seront purement
retirées pour être diffusée dans la nouvelle
chaîne.
« La CRTV est un service audiovisuel public qui suit
une certaine démarche en fonction des ordres du commandeur
»66. Cette déclaration nous permet de comprendre
que face à certains amalgames en ce qui concerne le divertissement et
les pratiques artistiques, le système de fonctionnement du consortium
est centralisé, le cadre conceptuel ne permet pas au cadre
stratégique de pouvoir apporter un changement face aux critiques du
public.
64 Entretien avec Simon, LYONGA. M,
op.cit.,
65 idem
66 idem
44
En définitive, la CRTV Sports and Entertainment est
une chaîne de divertissement dont la majorité de ses programmes
sont consacrés à 70% au Sport, et 30% au divertissement qui
inclut les arts vivants, la musique, l'humour et le cinéma. Tout compte
fait, il n'existe pas d'émissions spécifiques sur les autres
formes d'arts entrant dans le cadre de notre recherche parce que la fonction de
création des émissions dans ces autres formes d'art ne lui aurait
pas été assignée. Comme un jeu de « ping-pong »,
la chaîne mère et la chaîne de divertissement se jettent,
chacun à son tour la faute d'une absence des émissions
spécialisées. Cette situation relève d'un problème
organisationnel du consortium CRTV.
Si tel est le cas dans les chaînes de l'office national
de télévision, quand est-il dans la chaîne privée
leader au Cameroun, Canal 2 International, qui est d'ailleurs notre
deuxième échantillon de recherche principal ?