5- Aperçu de la littérature
De nombreux travaux scientifiques ont examiné le
cinéma et la télévision dans de divers champs. Mais peu
ont exploré la politique de diffusion des programmes artistiques
à la télévision. Étant donné qu'un travail
scientifique se veut aussi lucide et digeste sur le plan cognitif, nous allons
nous limiter exclusivement aux travaux convergents dans notre perspective
générale. Le premier auteur qui se rapproche fortement de notre
travail est Césaire MOUTE « Le rôle des
télévisions camerounaises dans la production, la réception
et l'influence des fictions télévisuelles au Cameroun,
Mémoire de Master II, Université de Yaoundé I, Novembre
2015 ».27 Dans son travail, il essaye de comprendre ce qui
explique la diffusion massive des fictions étrangères dans ses
archétypes choisis à savoir CRTV et Canal 2 International ? Il
interroge l'origine du problème en émettant deux postulats.
Peut-être, serait-ce la faible quantité des programmes locale et
ou simplement le manque de collaboration entre les chaînes de
télévision et les producteurs indépendant ? Après
avoir examiné le pourquoi des préférences du public dans
les villes cosmopolites du Cameroun à savoir Yaoundé et de
Douala, il s'est rendu compte que ces cinéphiles préfèrent
les fictions télévisuelles pour deux raisons : elles sont
très attrayantes et les grilles de programme de Canal 2 et CRTV sont
étoffés par lesdites fictions.
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Pour corriger le tir et promouvoir la consommation locale,
Césaire MOUTE propose une panoplie de solution telles que
l'auto-évaluation des chaînes de télévision, la
création d'un festival de fiction télévisuelle nationale,
l'introduction des arts et de la culture dans les programmes scolaires, etc.
Plusieurs chercheurs ont travaillé sur la question des
productions cinématographiques télévisées. Marcelin
Wada Nzepan dans son mémoire de DEA intitulé «
Théatre et cinéma : l'adaptation cinématographique de
le REVENANT de Gervais Mendoze par Yolande Ekoumou Samba » fait
valoir que l'adaptation cinématographique du théâtre est
tributaire du langage cinématographique. La transposition du
spectaculaire théâtrale au niveau cinématographique passe
par l'utilisation des moyens technico-artistiques propres au cinéma tels
que : la réécriture de la pièce de théâtre en
scénario (Transcription intersémiotique), l'éclairage, la
réalisation, les caméras appropriées, le décor, des
données culturelles28, etc.
Pour faire connaitre son talent et vivre de son art, l'artiste
camerounais est obligé de réaliser un vidéogramme. C'est
le sujet de réflexion de Wolfgang OMBGA en 2008 dans son mémoire
intitulé « L'Évolution du costume de danse dans les
vidéogrammes Camerounais de 1985 à 2005 : le cas des artistes M.
Fragile, Roger Bekono, K-Tino et Petit Pays.»29.
Après l'arrivée de la CTV (Cameroon Television », les
artistes camerounais se sont lancés dans la réalisation des clips
vidéo pour non seulement promouvoir l'artiste, mais aussi la culture
Camerounais. Dans cet élan de promotion, le costume est l'une des
pièces maîtresse dans l'habillage des danseurs et artistes.
Fortement culturalisé, les costumes étaient pour la plupart
traditionnels, les artistes étaient bien vêtus. Mais au fil du
temps, on constate une dépravation des moeurs à travers les
costumes dans les vidéogrammes. C'est le cas de K-TINO dans ne «
pousse pas le bouchon loin », « embouteillage » de Petit PAYS.
Ces habillements des danseurs et artistes sont qualifiés de «
provocation », voire de « nude » pour créer
sensation et susciter l'envie de regarder puisque le sexe est la chose que
l'homme aime le plus. Malheureusement, dans la course sans canalisation du gain
et de la promotion de l'artiste et de l'accomplissement du devoir de diffuseur
de la part de la CTV, tous sont coupables - réalisateur, l'artiste,
danseuses et la télévision encourageaient la dépravation
des moeurs.
28 N'zepan, WADA, op.cit.,
p. 10-16
29 Wolfgang, OMBGA,
L'Évolution du costume de danse dans les vidéogrammes
Camerounais de 1985 à 2005 : le cas des artistes M. Fragile, Roger
Bekono, K-Tino et Petit Pays, mémoire de Maitrise,
Université de Yaoundé I, 2008.
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En 2014, le Pr Fadil ABDELMAJID examine les mécanismes
de rentabilisation financière en menant une étude sur «
l'économie de la télévision ». Les ressources
économiques de la télévision sont variées. Les
spots publicitaires, le sponsoring et bien d'autres modes publicitaires sont de
véritables leviers de rentabilité, sans oublier le mode
économique des chaînes payantes. Le professeur dans son
étude démontre que la répartition inégale des
investissements publicitaires entre les médias s'explique par les
critères de choix des supports publicitaires des annonceurs qui
privilégient, tantôt, le nombre de téléspectateurs
quand la publicité concerne un produit de grande consommation, et
tantôt, des cibles « rentables » permettant de toucher au
moindre coût un maximum d'acheteurs. Certains pays comme le Royaume-Uni,
la Suède et la Norvège refusent le financement par la
publicité contrairement aux pays comme l'Espagne et le Portugal qui
acceptent. À cause des questions de statut, une bataille s'est
déclenchée entre les chaînes publiques et privées
européenne. Elles partent d'une plainte déposée par les
groupes audiovisuels privés, pour concurrence déloyale, contre
les groupes publics (Murdoch contre la BBC, Berlusconi contre la RAI,
l'association des TV privées allemandes contre l'ARD et ZDF, TF1 contre
France 2 et France 3, les chaînes privées espagnoles
Télécinco et Antenna 3 contre la RTVE). Ces plaintes contestaient
la légitimité des chaînes publiques à avoir
accès au marché publicitaire, ou à diffuser des programmes
de même nature que ceux des chaînes privées30.
Le visuel est à l'heure actuelle le motif
d'attractivité des téléspectateurs. Une chaîne
présentant une bonne charte graphique sera forcément
regardée. Roger Ebellé MBANGUE dans son mémoire
d'étude supérieure en cinéma et audiovisuel
intitulé : « L'habillage d'antenne : cas de la Cameroon Radio
Television » examine la qualité de la charte graphique de la
CRTV News en 2019. Il se rend compte que la chaîne a beaucoup
évolué sur ce plan et propose quelque chose de différent
depuis le basculement au numérique. L'arrivée du numérique
aurait permis de changer certains aspects visuels comme les logotypes, le
générique de la publicité, et bien d'autres. Toutes les
chaînes procèdent ainsi depuis 1955 dans le but d'innover et
d'apporter ce qui est de plus beau. C'est notamment le cas des
télévisions comme France Télévision et la
première Télévision Française. Dans son travail, il
entreprend dans un premier temps de montrer comment « les choix
d'habillage opérés par la CRTV notamment à travers son
logotype, ses documents de communications et même les
éléments propres à l'auto promotion ont
évolué à
30 Fadil, ABDELMAJID,
L'économie de la télévision, Institut
Supérieur de l'Information et de la Communication, année
académique 2013-2014, 160 pages.
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travers les âges partant du monopole national de la
CTV au contexte actuel »31 . Dans un autre volet, il
examine la couleur d'antenne arborée par la CRTV en ce moment. Il se
rend compte que celle-ci ne correspond à celle d`une chaîne
d'envergure internationale. Après analyse, il arrive à la
conclusion selon laquelle l'habillage d'antenne de la CRTV Prémium est
encore traditionnel du fait de vouloir rester en contact avec ses
téléspectateurs. Même s'il est vrai que la chaîne a
arboré une nouvelle couleur, il n'en demeure pas moins que les
éléments de promotion d'antenne sont mal conçus. Il
faudrait donc que la chaîne repense de manière professionnelle
à un nouvel habillage graphique de son logotype, les
génériques de promotion d'antenne. En tant que
réalisateur, nous lui accordons un total crédit puisque nous
avons fait le même constat qui ne se limite pas à ce
problème, mais aussi aux plateaux de télévision, notamment
celui du 20 heures qui a été conçu avec
légèreté. Ce plateau est d'ailleurs
téléchargeable et modifiable puisque nous l'avons utilisé
une fois lors de nos petits travaux. Cette recherche traite des questions
d'identité visuelles tandis que nous, nous traitons de la
représentativité des arts à la
télévision.
Romuald Parfait NGOMSI ne parlera pas des problèmes
techniques de la CRTV puisqu'il est un passionné du théâtre
et du cinéma pour le développement. Dans son mémoire
intitulé « Théâtre et cinéma pour le
développement au Cameroun: Production, promotion et diffusion
»32, il constate que les projets de théâtre
et de cinéma pour le développement ne sont pas accompagnés
par les médias en termes de couverture médiatique. Les ateliers
organisés par le Prof Bole Butake accompagné du Dr. Emelda SAMBA
auraient eu un impact sur le plan national et international si les
médias avaient relayé les ateliers à travers des espaces
de diffusions précis. Le théâtre et le cinéma pour
le développement étant perçus par plusieurs
spécialistes de communication dudit domaine comme des moyens de
sensibilisation de masse, l'accompagnement de la télévision
nationale aiderait toutes les populations du Cameroun à être
sensibilisé, à s'y intéresser davantage et à
participer au changement des mentalités. En plus de cela, il a
démontré que l'approche méthodologique du cinéma
pour le développement gagnerait à intégrer dans son
approche de mise en place certains aspects procéduraux de la
vidéo participative.
Notre recherche s'inscrit ainsi dans la suite logique de ses
investigations mais avec une orientation plus ouverte et non plus avec un seul
média, mais les médias du Cameroun.
De toutes ces littératures consultées, on peut
dire que sur le plan théorique, les recherches de Césaire MOUTE,
Roger EBELLE, Romuald NGOMSI et Fadil ABDELAMAJID se rapprochent
31 Roger, EBELLE, L'habillage
d'antenne : cas de la cameroon radio television, mémoire
d'études supérieures en cinéma et audiovisuel, Institut
des Beaux-arts de Nkongsambaen, 2019, p. iv.
32 Romuald, NGOMSI,
Théâtre et cinéma pour le développement
au Cameroun: Production, promotion et diffusion, Mémoire de Master
en Arts du Spectacle et Cinématographie, 2013, 148 pages
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de la nôtre dans le sens général. Mais de
manière spécifique, Romuald NGOMSI et nous abordons la même
thématique, la production, la promotion et la diffusion des arts sur le
petit écran. La nôtre se singularise de la sienne sur trois axes.
Premièrement, nous abordons la question dans quatorze (14) chaînes
de télévision camerounaises, contrairement à sa recherche
qui s'est limitée à la chaîne de télévision
publique. Ensuite, nous questionnons la place non pas de deux types d'arts,
mais d'une variété de types d'arts. Et enfin, notre travail
examine la philosophie d'élaboration des grilles des programmes des
chaînes TV sans laquelle il serait difficile de comprendre l'orientation
éditoriale de celles-ci.
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