Organisation comptable, base de performance de l'entreprisepar GISCAL MUSUNGAYI Institut supérieur de statistiques - Graduat 2021 |
2. CADRE THEORIQUE2.1 Comptabilité2.1.1 Historique de la comptabilitéLes premières traces avérées de dénombrement remontent au quatrième millénaire avant Jésus-Christ, à Sumer, entre le Tigre et l'Euphrate. En effet, même s'il ne fait aucun doute que les hommes comptaient déjà probablement avant cette date, notamment leurs troupeaux, nous devons aux Sumériens leurs premiers témoignages écrits de l'inventaire des biens et de l'enregistrement des échanges commerciaux : il s'agit de tablettes d'argiles gravées de pictogrammes. Quelques siècles plus tard, les pictogrammes 17 Cyrille Mandou, comptabilité générale de l'entreprise, éd. De Boeck, Paris 2010, p.91 13 cèderont la place à des caractères cunéiformes (écritures en forme de coin) à l'origine des premières traces d'écriture. Les autres civilisations telles que les Assyriens, les Egyptiens, les Grecs ou les Romains ont, elles aussi, tenu des comptabilités, mais le support utilisé était plus fragile : il s'agissait de feuilles de papyrus, de petites cailloux (calculus en latin, à l'origine du terme « calcul ») ou de jetons d'argile, qui n'ont pas résisté à l'usure du temps. Sur le plan commercial, la chute de l'empire Romain a pour conséquence le recul des échanges commerciaux. Le territoire couvert par les armées romaines allait du nord de l'Angleterre au sud de l'Egypte, de la Germanie à l'Espagne, et les échanges commerciaux y étaient effectivement très nombreux. A cet empire, dont les limites étaient quasiment celles du monde connu, fait place un féodalisme local, vivant en Autarcie. Le volume des transactions commerciales à travers l'Europe chute alors drastiquement ; seuls les Grecs et les Arabes continuent à commercer. Ces derniers vont d'ailleurs fournir aux comptables un outil merveilleux : les chiffres arabes, bien plus faciles à manipuler (mais aussi facile à falsifier) que les chiffres Romains. Dès le 11e siècle, les négociants Italiens redécouvrent les techniques antiques, nécessaires à l'enregistrement des transactions qui fleurissent à nouveau à travers l'Europe. Le « mémorial », un registre chronologique des transactions, est le premier véritable livre-journal sur lequel les banquiers et les commerçants inscrivent quotidiennement leurs affaires et à mesure qu'elles se faisaient. Vers la fin du 13e siècle, les Vénitiens et les Florentins tiennent des comptes encore plus complexes : un compte par client ou par fournisseur, chacun avec son débit et son crédit, et ils passent deux écritures pour chaque opération, une sur ces comptes clients ou fournisseurs et une sur le compte caisse qui enregistre donc les encaissements et les décaissements de trésorerie. Chaque écriture a obligatoirement une contrepartie. C'est donc la naissance de la comptabilité en partie double.18 18 http://www.myswisscfo.ch, consulté le 22 juin 2021 à 11h15' 14 Luca Pacioli nait en 1447 à Borgo Sansepolcro, en Toscane. A cette époque, les techniques commerciales (et par conséquent la comptabilité générale) se transmettent exclusivement de bouche à oreilles, par l'apprentissage du métier de négociant et conservant donc un caractère très exclusif quant à leur diffusion. Luca Pacioli suit ce parcours et bénéficie d'un solde enseignement, notamment des mathématiques. Il écrit ainsi son premier livre d'arithmétique pour le compte de l'un de ses professeurs. En 1494, Luca Pacioli publie son oeuvre majeure, la « Summa di arithmetica, geometrica, proportioni et proportionalita ». C'est un ouvrage visant à réunir les connaissances mathématiques de son temps à des fins pédagogiques. La partie « comptabilité », intitulée tractatus particularis de computis et scripturis (traité sur les comptes et les écritures), il y indique, entre autres, que pour réussir le marchand doit savoir calculer et tenir ses comptes, être ordonné et méticuleux dans ses enregistrements. Il explique ensuite comment réaliser l'inventaire de l'ensemble de ses biens, car, écrit-il, pour mesurer ce que l'on gagne, il faut savoir ce que l'on a au départ. Puis il détaille les pratiques de la méthode Vénitienne, qui utilisait habituellement trois livres de comptes : le mémorial, le journal et le grand livre. Pacioli décrit leur préparation et leur tenue, comment les ouvrir et les arrêtés, comment rectifier les erreurs en passant des contre-écritures, comment établir sa balance et constater le bénéfice ou le déficit de l'exercice. Enfin, il donne quelques conseils tout aussi précis pour la tenue des archives. |
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