IV RESULTATS ET DISCUSSIONS
L'analyse de la gestion actuelle des eaux usées dans le
quartier de Sagbé consiste à identifier les différents
systèmes de gestion des eaux usées, le lien entre le mode de
rejets et l'apparition des maladies, le lien entre la surpopulation, la
pauvreté et la gestion des eaux usées, et enfin les risques
sanitaires et les impacts environnementaux.
4.1 DIAGNOSTIC DU SYSTEME D'ASSAINISSEMENT DU QUARTIER
SAGBE DANS LA COMMUNE D'ABOBO : le Système d'assainissement de
Sagbé est inadapté et éloigné des normes
urbanistiques
- Infrastructures de collecte des eaux
usées
Pour la gestion des eaux usées et des eaux pluviales,
les infrastructures observées à Sagbé sont
représentées à 70% par des puits perdus et des fosses
septiques, moins de 5 Km de caniveaux dans les sous quartiers de Céleste
et Ran et plusieurs petits canaux sans exutoires. Il faut noter que
l'état des infrastructures citées ci-dessus laisse
apparaître des situations désagréables (odeurs, mouches
etc.) à l'intérieur des quartiers.
Ce mode d'assainissement est typique des pays en
développement et surtout des communautés à faibles revenus
(Songsore et McGranaham, 1993 ; Mampouya et al. 2001; OMS, 1992) ou le plus
souvent l'établissement humain précède la mise en place
des ouvrages d'assainissement dans la plupart de leurs villes.
Cette situation découle des coûts onéreux
des implantations des systèmes d'égouttages, mais aussi un manque
de volonté politique des gouvernants de la plupart des pays en
développement (comme c'est le cas à Abidjan; 6 millions/an pour
la commune d'Abobo contre 1.5 milliards/an pour la commune huppée de
Cocody avec des populations respectivement 1 030 658 habitants et 447 055
habitants, pour deux quartiers de la même ville).
Concernant la gestion des excréta, 15% des populations
utilisent des WC avec chasse eau et 65%, les WC sans chasse eau (latrines
simples) qu'ils soient situés à l'intérieur ou à
l'extérieur des habitations. Par ailleurs, 10% personnes, frange non
négligeable de la population, préfèrent se soulager dans
la nature eu égard à une inadéquation entre l'effectif des
populations, avec un
17
JIMY PATRICE ZOH C1112/GIRE
« CONTRIBUTION A LA GESTION DES EAUX USEES DANS LA
VILLE D'ABIDJAN : CAS DU QUARTIER SAGBE, COMMUNE
D'ABOBO »
taux de croissance de 3.67% avoisinant les 4%, taux parmi les
plus les élevés d'Afrique subsa-harienne (OMS ,2017), et le
nombre de Système Autonome d'Assainissement : SAA (WC
communautaires, WC dans les concessions associés aux fosses septiques et
latrines) disponible dans ces quartiers, ou l'incapacité à se
débarrasser de certaines pratiques acquises des villages, sans oublier
la présence de plusieurs espaces non bâtis.
- Evacuation des eaux usées
A Sagbé, tout comme dans la plupart des quartiers
d'Abobo, l'évacuation des eaux usées est individuelle. Cela se
passe au niveau de chaque ménage de l'intérieur de l'habitat vers
l'extérieur. Notre enquête montre que 80,02% des ménages
versent leurs eaux de lessive et de vaisselle dans la rue. Quant aux eaux de
douche, 33,33% des ménages évacuent ces eaux dans des puits
perdus et 45,28% dans des caniveaux ouverts. 21.39% des enquêtés
déversent les leurs dans les nombreux ravins et autres sites .A
l'intérieur des quartiers, les puits perdus endommagés
entraînent l'écoulement de l'eau de douche à la rue et aux
caniveaux, suivi de la stagnation par endroit. Pour une partie d'Antenne et de
Ran, au moins 40% des populations cohabitent avec les eaux usées.
Photo 2: Caniveau devenu Photo 3 : ouvrage en terre pour
Photo 4: caniveau contenant
dépotoir l'évacuation des eaux usées
des eaux usées stagnantes
Les vidanges des latrines et des WC à Abobo
sagbé par les ménages se font, soit par un camion, soit par un
raccordement aux rares réseaux d'égout, aux caniveaux
généralement ouverts pour les eaux pluviales ou aux ravins
(voir tableau II).
Tableau II: Répartition des chefs de
ménages selon les modes d'évacuation des latrines et des WC
à Abobo-Sagbé
18
JIMY PATRICE ZOH C1112/GIRE
« CONTRIBUTION A LA GESTION DES EAUX USEES DANS LA
VILLE D'ABIDJAN : CAS DU QUARTIER SAGBE, COMMUNE
D'ABOBO »
Mode de vidange des la- trines et WC
|
Nombre de chefs de
mé- nages
|
Pourcentage
|
Raccordement au caniveau ouvert
|
67
|
20,55
|
Camion de vidange
|
201
|
61.65
|
Réseau à un réseau d'égout
|
6
|
1.82
|
Dans le ravin
|
52
|
15.95
|
Total
|
326
|
100
|
Il ressort également de ce tableau ci- dessus
qu'à Abobo sagbé, les ménages dans leur majorité
(61.65%) ont recours aux services des entreprises privées pour la
vidange de leurs latrines et WC car la mairie ne dispose pas de camion
Vidangeur. Sur les 326 chefs de ménages de notre enquête, 20,55%
ménages ont raccordé leurs latrines et WC aux caniveaux ouverts
et 15.95% des ménages se rabattent sur les gros ravins encerclant le
quartier. Certains ménages (1.82%) utilisent les quelques rares
réseaux d'égout pour vidanger les puits perdus et fosses
septiques.
Le mode d'évacuation des eaux usées tel que
présenté ci -dessus montre des indices grave de gestion. Le
manque de camions vidangeurs proposés par les services de la commune
permet de soupçonner l'absence d'appui des autorités de la
municipalité d'Abobo. En effet, avec un budget de 24 millions FCfa pour
l'assainissement de tous les déchets liquides et solides produits par 1
030 658 habitants, loin du triple (103 millions FCfa) à raison de
25millions par trimestre, demandé par le Directeur du cadre de vie et de
l'assainissement de la municipalité d'Abobo (Service technique de la
mairie), pour la deuxième plus grande commune de côte d'ivoire.
Cette situation perplexe finit par convaincre même les plus sceptiques
sur la volonté réelle d'action de l'Etat sur la question
environnementale.
19
JIMY PATRICE ZOH C1112/GIRE
« CONTRIBUTION A LA GESTION DES EAUX USEES DANS LA
VILLE D'ABIDJAN : CAS DU QUARTIER SAGBE, COMMUNE
D'ABOBO »
Photo 5: Evacuation des eaux Photo 6: Evacuation par
puits Photo 7 : Evacuation des eaux usées:
dans la rue Perdu mal entretenu
Au regard d'un réseau de collecte des déchets
liquides vieillissant, individuel et mal entretenu, des moyens de vidanges
approximatifs couplés aux soupçons de démission des
autorités à
Sagbé, le mode de gestion est bel et bien aux antipodes
des normes urbanistiques modernes recommandées par l'OMS.
|