Section IV. LIMITES DES APPROCHES DE TRANSFORMATION DES
CONFLITS AU SUD-KIVU
Plusieurs facteurs ont limité les différentes
approches de transformation des conflits développées dans le
cadre de la construction de la paix en RDC et dans la province du Sud-Kivu en
général, et plus particulièrement dans le territoire de
Fizi. Parmi ces facteurs, on peut citer d'après nos sources de terrain
dans l'optique de ce travail :
a. Le manque de la coordination
»88
Les approches de construction de la paix
développées dans la province du Sud-Kivu par différents
acteurs (ONGs locales, nationales et internationales ; Société
Civile ; Barza Intercommunautaire et les structures Etatiques), souffrent d'un
manque d'une structure de coordination des efforts développées. A
ce titre, dans une interview organisée dans le cadre de cette recherche,
un membre représentant la communauté Babembe dans le Barza
intercommunautaire du Sud-Kivu note : « la principale limite à
l'endroit de ces approches est le manque d'une coordination de toutes ces
structures pour canaliser et orienter les actions de ces dernières dans
la recherche de la paix,...»87, cela a conduit à une
multiplication des actions avec les mêmes objectifs, les mêmes
missions, implémentées dans les mêmes zones d'action, avec
les mêmes résultats au préalable mais à zéro
impact sur le terrain. C'est dans cet angle qu'un représentant de la
communauté Banyamulenge note aussi que, «..., malgré
l'accroissement en nombre des organisations qui implémentent les projets
de conflits dans cette zone, il n'y a pas d'impact sur le terrain,...
b. Les limites liées aux moyens
financiers
87 Entretien avec un membre de la communauté
Bembe organisé à Bukavu
88 Entretien avec un membre de la communauté
Banyamulenge
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Les moyens financiers constituent, ici un blocage à
plusieurs initiatives et approches développées par les acteurs
dans le but de transformer les conflits intercommunautaires, qui sont
obligés de recourir aux acteurs étrangers pour trouver des moyens
à fin de mettre en oeuvre leurs solutions, cela les conduit à une
dépendance face à ces bailleurs et à
l'implémentation des solutions préconçues et
inadaptées aux problèmes locaux.
c. L'insécurité
Cet élément constitue l'un de facteurs
principaux d'âpres nos investigations de terrain, car selon la
majorité des interviewés, la zone de Fizi parait être l'une
des zones les plus insécurisées de la province, les agents et
acteurs humanitaires, et de développement, ont du mal a orienté
leurs actions dans ce contrait, étant donné que le personnel et
le matériels mobiliers et immobiliers de ceux qui exercent
déjà leurs activités à Fizi font objet des attaques
ciblées, des enlèvement et d'autres actes de vandalisme. Ce qui
limite significativement les actions de ces organisations dans ce
territoire.
d. L'incohérence entre les problèmes
constatés sur terrain et les solutions proposées
Cet élément constitue également un
facteur très capital limitant les impacts des actions
développées par différents acteurs dans le cadre de la
transformation des conflits à Fizi.
Un membre de la communauté banyamulenge note quand
à ce que : « ces acteurs ne s'intéressent plus au
problème constaté, ni aux résultats mais plutôt
à la justification des fonds et la conformité de leurs actions
aux critères des pourvoyeurs des fonds et non aux problèmes de la
population.»89
Tableau n°7 : Conception des
enquêtés sur les limites des approches de transformation des
conflits au Sud-Kivu
Paramètres
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Manque de cohérence
|
30
|
37.5
|
Volonté d'appliquer les accords
|
22
|
27.5
|
Moyens financiers
|
10
|
12.5
|
Insécurité
|
18
|
22.5
|
Autre
|
0
|
0
|
Total
|
80
|
100
|
89 Idem.
56
Source : Notre enquête à Bukavu,
2020
Commentaire : il se dégage de ce
tableau que la majorité des enquêtés soit 37.5% admettent
que le manque de cohérence entre les problèmes constatés
et les solutions proposées par les différents acteurs intervenant
dans la pacification de Fizi, en constitue la limite principale ;
associé au manque de volonté de la part des parties en conflit
d'appliquer les accords précédemment signés, soit 27.5%
d'enquêtés le relevant ; ensuite le facteur comme
l'insécurité dans la zone, constitue aussi une limite
considérable aux actions de ces acteur avec 22.5% ; et en fin l'on note
la limite financière avec 12.5%.
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