3. LE BOULEVERSEMENT DES STRUCTURES SOCIALES
TRADITIONNELLES
L'aménagement de la Tapoa a entrainé un
affaiblissement du pouvoir traditionnel, méthodes d'acquisition des
terres et la dislocation du noyau familial.
3.1. L'affaiblissement du pouvoir traditionnel
Le contexte dans lequel se sont inscrites les premières
initiatives de la construction du barrage de la Tapoa annonce les changements
qui devraient se produire après sa construction En effet, le colon
français a souvent fait sien les prestiges dont jouissaient les
responsables coutumiers des villages avant son arrivée. La main d'oeuvre
exigée par les nouveaux maîtres dans l'exploitation des parcelles
coloniales était sans le consentement de ces responsables coutumiers.
Ils étaient contraints dans certains cas de respecter l'exigence au su
de leurs sujets. Ces derniers découvrent à cet effet une nouvelle
autorité supérieure à celle qu'ils accordaient tant de
respect et de considération. En outre, les surveillants agricoles qui
avaient été désignés par les commandants de cercle
pour la supervision des activités sur leurs parcelles devraient tirer
leur légitimité de la nouvelle autorité. Toute chose qui
échappe au contrôle de l'autorité traditionnelle.
Les nouvelles charges attribuées aux responsables du
comité d'irrigants montrent que sa gestion échappe aux
responsables coutumiers. Les décisions qui jadis étaient prises
par ces derniers sont partiellement transférées à ces
nouveaux responsables qui collaborent directement avec les autorités
administratives locales.
Dans la société gourmantché, c'est aux
chefs coutumiers que revenait la résolution des conflits fonciers.
L'enquête menée auprès des exploitants a
révélé que les différends fonciers sur le
périmètre irrigué se résolvent
généralement sans qu'on n'ait appel aux voies coutumières.
C'est aux responsables du comité d'irrigants, soutenu par les chefs de
blocs, que les exploitants se confient quand ils n'arrivent pas à
s'entendre sur les questions de parcelles. Pour les cas qui dépassent la
compétence du comité, ils doivent être
transférés aux autorités judiciaires. Bien qu'à
certaines occasions les coutumiers soient impliqués, ils sont de plus en
plus écartés de la gestion des questions foncières du
périmètre irriguées.
De plus, leurs interventions sur les zones
aménagées ne sont plus indispensables dans la législation
foncière en cours30 Sur le périmètre de la
Tapoa, plus de 82,36% des exploitants
30 La Politique Nationale de Sécurisation
Foncière en Milieu Rurale, 2007: loi n°034-2009/AN portant
régime foncier rural, adopté le 16 juin 2009 par
l'Assemblée Nationale
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détiennent des parcelles qu'ils ont acquises sans
aucune intervention de coutumier. D'où la chance des migrants de
posséder des parcelles au même titre que les autochtones.
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