3. L'AMENAGEMENT HYDRO AGRICOLE DE LA TAPOA
Il concerne ici la présentation des données
techniques à travers la description des conditions physiques et la
variation des superficies aménagées qui ont résulté
de l'accompagnement des différents partenaires.
3.1. Caractéristiques techniques du barrage
Le site du barrage est localisé sur la latitude
12°04' Nord et à la longitude 1°47' Est. Il est situé
à l'extrême Nord de la ville de Diapaga et fait partie de la rive
droite du grand bassin du fleuve Niger. La topographie du bassin versant de la
Tapoa est assez marquée, avec des
22 SANOU BW, (2006). Monographie de la commune urbaine
de Diapaga, mars 2006
35
ondulations de terrain, des pentes transversales
supérieures à 2%, et l'ensemble s'étendent sur une
superficie de 240000 ha23. Sa cuvette présente un
encaissement moyen peu profond. En période de crue, le volume maximal
d'eau stocké par ce barrage est évalué à 8 615 000
de m3 qui peut s'étendre sur une surface de 120 ha. Ces eaux sont
retenues par une diguette longue de 350 m, ayant un déversoir
d'évacuation de 250 m. Le canal principal qui draine les eaux issues de
la vanne est long de 7000 m, sur lequel sont construits des canaux secondaires
en « parings » et les tertiaires en terre24. La partie
aménagée est parcourue par une digue de protection et de pistes
de desserte seulement matérialisées à certains endroits.
On note aussi des ouvrages de collecte et d'évacuation des eaux. A ce
jour, il n'existe pas un plan parcellaire permettant de déterminer le
nombre exact des parcelles disponibles sur la surface
aménagée.
3.2. Les partenaires techniques et financiers
Depuis sa construction jusqu'à nos jours, de nombreux
partenaires ont intervenu dans les projets de construction, de
réhabilitation et d'aménagement du barrage de la Tapoa. Le
premier partenaire technique et financier qui a toujours accompagné les
exploitants du périmètre est l'Etat. Aux premières
années de l'aménagement hydro-agricole, des structures
étatiques comme l'ONBI, devenus par la suite l'ONBAH et le CERCI se sont
illustrées dans les travaux d'aménagement et la mise à la
disposition des exploitants des semences adaptées.
En plus de l'Etat, des projets de développement
interviennent dans la localité. Il s'agit de la Chine populaire, le
projet Liptako-Gourma, le PDI/Tapoa, le PAM, la FAO, ADELE et ACF. Avec la
décentralisation, la mairie de Diapaga est devenue le partenaire
indispensable dans toutes les décisions qui concernent le
périmètre irrigué de la Tapoa.
3.3. L'évolution des superficies
aménagées et de l'effectif des exploitants du
périmètre de la Tapoa
Le tout premier aménagement du périmètre
a concerné une superficie de 15 ha dont 7,5 ha exploitables. Les
premiers exploitants du périmètre étaient des volontaires
qui ont participé aux travaux d'aménagement avec les chinois qui
étaient venus pour la circonstance.
23 MEE/DGH, (1999). Etude de réfection du
barrage de la Tapoa
24 YONLI (M.), 1997, Fonctionnement des
organisations paysannes autour des périmètres irrigués
(cas de la
Tapoa), rapport de stage, Matourkou / Bobo Dioulasso, 36
Pages.
36
Au nombre de 110 exploitants au départ, seulement 33
étaient restés jusqu'à la fin des travaux. Les raisons
principales justifiant les nombreux abandons constatés sont l'ardeur des
tâches exécutées et le temps que cela nécessitait.
Les premières parcelles ont été distribuées
à la même année (1972) et 25 exploitants ont reçu
des parcelles sur une superficie réelle de 5,50 ha. En 1978, avec le
soutien financier du Fond Européen de Développement (FED), un
second aménagement est intervenu. L'objectif était de porter la
superficie aménagée à 76,10 ha. A cette extension,
l'effectif a atteint 45 exploitants et les travaux ont été
exécutés par l'Office National des Barrages et de
l'Irrigation(ONBI). A partir de 1995, une autre extension d'environ 12 ha est
ajoutée à la surface déjà aménagée
sur financement du projet Liptako-Gourma. L'exécution des travaux
d'aménagement est attribuée à l'Office National des
Barrages et des Aménagements Hydro-agricoles (ONBAH). Au total 105
paysans ont été les bénéficiaires des parcelles
d'exploitation. Sur la surface totale attribuée, 44,75 ha était
mis en culture de riz. Les arrivés des producteurs de la Gnagna et du
plateau central dans les années 2000 a été sans conteste
une opportunité qui a impulsé un nouvel dynamisme au
périmètre irrigué. Pour encourager ces nouveaux arrivants,
le Projet de Développement Rurale Intégré de la Tapoa
(PDRI) entreprit la réfection du canal principal et le labour total de
la zone aménagée au profit des nouveaux exploitants. Ces derniers
reçurent aussi le soutien de la Caisse National de Crédit
Agricole (CNCA) qui a mis à leur disposition des engrais chimiques
(urée, NPK). De nos jours, l'effectif des exploitants est estimé
à 120 exploitants dont 40 femmes.
D'après la Direction provinciale de l'Agriculture, 45
ha sont exploités en moyenne pendant la campagne de saison sèche
et 10 ha en saison pluvieuse. Les superficies prévues pour la
présente campagne en aval sont de 30 ha pour la riziculture, 15 ha de
maïs et 15 ha de maraichage. En amont nous avons sur les deux rives du
barrage des exploitations d'environ 50 ha où l'on combine
maraîchage et plantations fruitières. Si on s'en tient à
ces estimations, on évalue à 110 ha la superficie
exploitée autour du barrage de la Tapoa pour la campagne 2011/2012. (cf.
Graphique N°5).
37
250
200
150
100
50
0
1972 1978 1995 2012
Graphique N°5: Evolution des superficies et du
nombre d'exploitants sur le périmètre
Superficies (ha) Nbre dexploitants
Années
Source : DPAHA, 2012 MALKOUMA HD, Février 2012
Les superficies aménagées ont connu une
augmentation continue au cours du temps, mais elles n'ont jamais
été exploitées dans leur totalité. Par ailleurs, le
nombre d'exploitants a suivi la même tendance. Les causes fondamentales,
comme le soulignent NDOUTORLEN M (1994)25 et BATIONO A.G
(2005)26 sont l'immaturation organisationnelle des populations
rurales et le poids de leur tradition qui régit leur perception.
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