2. L'EVOLUTION DES OBJECTIFS : ENTRE REUSSITES ET
ECHECS
Le premier objectif qui a guidé les premières
réalisations a été une nécessité de
désenclavement de la zone. En effet, les commandants de cercles de
l'époque coloniale, installés dans la région
étaient confrontés à un obstacle spécifique qui
rendait difficile leurs déplacements vers la partie Sud : c'était
la présence du cours d'eau de la Tapoa. Ce qui a conduit à la
construction d'une perche en bois qui sera renforcé un an plus tard avec
du béton.
Dans le même contexte colonial, étaient
initiées les premières formes d'exploitation agricole (la
riziculture) dans le bas fond de la Tapoa par des commandants de cercle de noms
de ZAMBER et GUIGUINE. Il apparait clairement que le souci principal des colons
à cette époque était de faciliter la liaison des
localités de la zone de l'actuelle province de la Tapoa. Aussi, cette
culture devrait contribuer à garantir leurs provisions et instaurer dans
l'esprit des paysans les possibilités de maîtrise de l'eau pour
des fins agricoles. Mais, les débuts étaient sans un
véritable consentement des populations locales. Chaque chef de famille
était ténu d'envoyer un représentant dans les noyaux
d'exploitants formés par le colon et mis à la supervision des
surveillants agricoles. Les premières formes d'exploitations se sont
faites uniquement en amont.
Il a fallu attendre les résultats de la
coopération chino-burkinabè pour voir une nouvelle phase
d'évolution de l'histoire du périmètre. L'intervention
chinoise a été une phase d'encouragement et d'apprentissage pour
les exploitants volontaires qui ont suivi les travaux d'aménagement en
aval, mais également une période d'illusion de la culture
irriguée. Les subventions accordées aux producteurs en ce temps
les ont donné l'occasion de comprendre les exigences de la riziculture
en intrants, équipements, encadrement, etc. Par contre, elles
34
n'ont pas permis de mesurer les charges de la culture
irriguée qu'ils devraient assumer individuellement, d'où les
nombreuses difficultés après le départ des chinois.
L'intervention du Fond Européen de Développement (FED) avait pour
but de favoriser le retour massif des exploitants qui ont déserté
le site et d'accroitre les superficies. D'autres projets qui étaient
animés par le même objectif ont également agit à
travers des soutiens financiers. Cependant, un problème de
variété de riz convenable demeurait. Le souci de trouver des
variétés adaptées au site afin d'accroitre les rendements
était ce qui a guidé l'action du Centre d'Etude et de Recherche
des Cultures Irriguées (CERCI). C'est ainsi que les
variétés de riz, le IR 20 et le IR 15, furent introduites par ce
centre quelques années après au profit des exploitants. De nos
jours, deux principales variétés de riz sont cultivées sur
le périmètre irrigué de la Tapoa : le FKR 56N et le FKR
19. Ce sont des variétés que les paysans maitrisent mieux, et
qu'ils réservent une partie à la fin de chaque campagne comme
semences. D'autres s'approvisionnent à la Direction provinciale de
l'agriculture et de l'hydraulique.
Au fil du temps, d'autres objectifs se sont ajoutés aux
premiers et ont donné un sens élargi à la mobilisation des
eaux de la Tapoa. Ce sont surtout la mise à la disposition par l'Etat de
nouvelles sources de revenus pour les paysans afin de leur permettre de faire
face aux fléaux grandissants de la pauvreté et des
déficits alimentaires. Ils sont orientés vers un accroissement de
la production et une diversification des produits agricoles. Les
intérêts de pêche sur la retenue d'eau ne sont pas à
négligés dans la mise en eau, puisque la production de poissons
des années 1996 sont marquantes (131 tonnes). Depuis 2000 cette
production a fortement chutée après les inondations qui ont
endommagées les infrastructures du barrage22.
|