Année universitaire : 2019-2020
Royaume du Maroc
UNIVERSITÉ MOHAMMED V AGDAL - RABAT ÉCOLE
MOHAMMADIA D'INGÉNIEURS
Département Modélisation et Informatique
Scientifique
Mémoire de Projet de Fin d'Études
Le Marché de Change Marocain:
Évaluation et Couverture des Options
Européennes et Américaines de Change et
Modélisation du Taux de Change du Dirham
En vue de l'obtention du diplôme
d'Ingénieur d'État
Soutenu le : 06 Juillet 2020 Présenté
par : MT. TOUFIK
Youness
Devant le jury composé de :
MT. Mohamed RYAD P.E.S. EMI
Président
MT. Hassane EL MANOUNI P.E.S. EMI
Rapporteur
MT. Mohamed RYAD P.E.S. EMI
Encadrant
MT. Abderrahmane HATIMY Forex &
Commodities Derivatives Trader Parrain
i
Résumé
L'instauration d'un marché des changes au Maroc en 1996
constitue incontestablement une des principales manifestations concrètes
de l'intégration de l'économie marocaine dans le circuit de la
mondialisation et de la globalisation financière. Le Maroc est
actuellement dans la deuxième phase du processus de réforme du
régime de change, qui a été initié en Janvier 2018.
Cette réforme va engendrer une diversification de la palette des
produits financiers de change, notamment les produits dérivés
complexes qui servent à satisfaire les besoins des clients en
matière de couverture contre le risque de change. C'est dans l'optique
de répondre au besoin des traders du marché de change, à
savoir évaluer les options sur devises et immuniser leurs portefeuilles
d'options contre le risque de taux de change, que ce projet de fin
d'études a été réalisé.
Ce mémoire présente les différents
modèles et méthodes pour la valorisation des options de change
Européennes et Américaines, ces modèles se basent
principalement sur différentes méthodes de résolution
analytique ou numérique de l'équation aux dérivées
partielles de Black-Scholes ou de ses extensions. Il présente aussi les
stratégies de couverture qui peuvent être utilisés par les
investisseurs particuliers ou les opérateurs du marché afin
d'immuniser leurs portefeuilles d'options. Une partie de ce mémoire sera
consacrée à la modélisation du taux de change du
Dirham.
ii
Abstract
The establishment of a foreign exchange market in Morocco in
1996 is undoubtedly one of the main concrete manifestations of the integration
of the Moroccan economy into the circuit of financial globalization. Morocco is
currently in the second phase of the process of reforming the exchange rate
regime, which was initiated in January 2018. This reform will lead to a
diversification of the range of foreign exchange financial products, including
complex derivatives that serve to meet the needs of customers in terms of
hedging against foreign exchange risk. It is with a view to meeting the needs
of Foreign Exchange Traders, i.e. to evaluate currency options and immunize
their option portfolios against exchange rate risk, that this end-of-study
project was carried out.
This dissertation presents the different models and methods
for valuing European and American currency options. These models are mainly
based on different analytical or numerical methods for solving the
Black-Scholes partial derivative equation or its extensions. It also presents
hedging strategies that can be used by individual investors or market operators
to immunize their option portfolios. A part of this paper will be devoted to
the modelling of the Dirham exchange rate.
Remerciements
À l'issue de ce Projet de Fin d'Études, mes
remerciements vont tout d'abord à Dieu le tout puissant, qui m'a
donné la force et la patience pour accomplir ce travail.
Il me tient à coeur d'adresser mes sincères
remerciements à toutes les personnes qui ont pris part à ce
projet, à celles qui ont oeuvré pour sa réussite, et
à tous ceux qui m'ont soutenu ne serait-ce que par leur
présence.
Je souhaiterai exprimer ma profonde gratitude envers mon
tuteur de stage, Mr. Abderrah-mane HATIMY, Trader
Dérivés FX et Matières Premières chez
Attijariwafa Bank, pour avoir accepté de m'encadrer, pour tout
le temps qu'il m'a consacré malgré sa charge de travail, pour le
savoir qu'il m'a transmis, pour sa contribution à l'avancement de ce
rapport, pour son aide précieuse et son encouragement. Je n'omettrai de
remercier toute l'équipe de la salle des marchés
d'Attijariwafa Bank pour son accueil, ses conseils et sa
collaboration.
Je tiens à exprimer mes considérations
distinguées à mon encadrant académique, le Professeur
Mohamed RYAD pour son encadrement, ses conseils, sa disponibilité et sa
participation à l'acheminement de ce rapport.
Mes sincères remerciements aux membres du jury pour
l'intérêt qu'ils ont porté à ce sujet en acceptant
d'examiner le travail et de l'enrichir par leurs propositions. Aussi, faut-il
remercier l'ensemble du corps professoral du département
Modélisation et Informatique Scientifique pour les efforts
déployés à notre formation.
J'exprime pareillement mes profonds remerciements et mes
profondes reconnaissances à mes chers parents, à mes
chères soeurs et à mon cher frère. Merci pour votre
soutien et merci pour votre amour.
iii
A vous ce modeste travail.
iv
Table des matières
Liste des figures vii
Liste des tableaux viii
Introduction 1
Présentation du cadre de travail 3
1 Généralités sur les options sur
devises 6
1.1 Définition 6
1.2 Les spécificités d'un contrat d'option sur
devise 7
1.3 Notions sur le pricing des options sur devises 8
1.3.1 Valeur intrinsèque 8
1.3.2 Valeur Temps 9
2 Pricing des options Européennes sur devises
12
2.1 Notations et hypothèses 12
2.2 L'évaluation risque-neutre 13
2.3 Modèle de Black-Scholes 14
2.3.1 L'équation aux dérivées partielles de
Black-Scholes 14
2.3.2 Les formules d'évaluation de Black-Scholes 15
2.4 Modèle de Garman-Kohlhagen 16
2.5 Les lettres grecques 17
2.5.1 Delta 17
2.5.2 Gamma 18
2.5.3 Thêta 19
2.5.4 Vega 20
2.5.5 Rhô 20
2.6 Application 21
3 Surface de volatilité : Modèle de
Vanna-Volga 24
3.1 Volatilité historique et volatilité implicite
24
3.1.1 Volatilité historique 24
3.1.2 Volatilité implicite 25
3.2 Estimation de la volatilité implicite 27
3.2.1 Méthode de Newton-Raphson 27
3.2.2 Méthode de Vanna-Volga 28
3.3 Application 32
v
4 Pricing des options Américaines sur devises
35
4.1 Généralités sur les options
Américaines 35
4.1.1 Définition 35
4.1.2 L'exercice anticipé d'un call 36
4.1.3 L'exercice anticipé d'un put 36
4.2 Méthode des différences finies 37
4.3 Approximation de Barone-Adesi et Whaley (1987) 42
4.4 Approximation de Bjerksund et Stensland (1993) 44
4.5 Approximation de Bjerksund et Stensland (2002) 46
4.6 Application 49
5 Portefeuille d'options: Couverture et gestion des
risques 51
5.1 Stratégies statiques de couverture 51
5.1.1 Forward synthétique 52
5.1.2 Risk Reversal 53
5.1.3 Butterfly spread 55
5.1.4 Condor 56
5.1.5 Résultats numériques 58
5.2 Stratégies dynamiques de couverture 59
5.2.1 Delta Hedging 60
5.2.2 Optimal Delta Hedging 66
6 Modélisation du taux de change Marocain
74
6.1 Introduction 74 6.2 Modélisation du taux de
change marocain dans le cadre d'un régime de change
flottant administré 76
6.2.1 Le modèle de Krugman 77
6.2.2 Le modèle STARTZ Smooth Transition
Autoregressive Target Zone . . . 80
6.2.3 Méthodologie d'estimation du modèle STARTZ
82
6.2.4 Modélisation du taux de change du Dirham par le
modèle STARTZ . 83
6.2.5 Conclusions 94
Conclusion 95
vi
Table des figures
1.1 Impact des variations du taux de change, du prix d'exercice
et de durée de vie jusqu'à l'échéance sur la valeur
d'une option lorsque S0 = 50, K = 50, r =
5%, ó = 30% et T = 1, [14]. 10 1.2
Impact des variations de la volatilité et taux d'intérêt
sans risque sur la valeur
d'une option lorsque S0 = 50, K = 50, r
= 5%, ó = 30% et T = 1, [14] 11
2.1 Représentation de N(x),[14]. 16
2.2 Représentation du delta, [14]. 17 2.3 Variation
du delta en fonction du cours du sous-jacent: (a) option d'achat; (b)
option de vente, [14] 18
2.4 Variation du gamma en fonction du cours du sous-jacent, [14]
19
2.5 Variation du thêta en fonction du cours du sous-jacent,
[14]. 19
2.6 Variation du vega en fonction du cours du sous-jacent, [14].
20
2.7 Interface de pricing des option Européennes sur
devises. 23
3.1 Le smile de volatilité pour les options sur devises,
[14]. 26
3.2 La distribution implicite et la distribution log-normale des
taux de change, [14]. 26
3.3 Principe de le méthode de Newton-Raphson 27
3.4 Données du marché pour les 3 volatilités
óATM, óRR et óBF
32
3.5 Matrice de volatilité pour l'EURUSD. 33
3.6 Surface de volatilité pour l'EURUSD. 33
3.7 Smiles de volatilité pour l'EURUSD. 34
4.1 Représentation du schéma numérique de
résolution, [14] 38
4.2 Différence entre le schéma implicite et le
schéma explicite. 39
4.3 Frontière d'exercice [7] 47
4.4 Interface de pricing des option Américaines sur
devises. 50
5.1 Payoffs d'un forward sythétique : (a) position longue,
(b) position courte. . 53
5.2 Payoff d'un Butterfly Spread. 55
5.3 Payoff d'un Condor. 57
5.4 Profit & Loss Delta Hedging 61
5.5 Aperçu de l'interface de saisie. 63
5.6 Aperçu du portefeuille d'options 64
5.7 Extrait de la base de données des options 64
5.8 Interface Mark-To-Market du portefeuille. 65
5.9 Extrait de la feuille d'ajustement 65
5.10 Profit & Loss du portefeuille 66
5.11 Évolution de l'EURUSD du 22 Avril 2019 au 20 Mai 2020
69
5.12 Estimation des paramètres des calls entre le 23
Juillet 2019 et le 20 Mai 2020. 70
5.13 Estimation des paramètres des puts entre le 23
Juillet 2019 et le 20 Mai 2020. 70
5.14 R2 pour les calls et les puts entre le
23 Juillet 2019 et le 20 Mai 2020 72
vii
6.1 Représentation de s en fonction de
v, [20] 79
6.2 Représentation de s en fonction de
v, [20] 79
6.3 La déviation en pourcentage de l'USDMAD du cours de
référence. 83
6.4 Représentation de la de la série de l'USDMAD
et de ses composantes 84
6.5 Représentation de la de la série
y0t. 85
6.6 Les fonctions de transition G'- et
G1' pour la moyenne conditionnelle 90
6.7 Les fonctions de transition G'- et
G1' pour la variance conditionnelle. 90
6.8 Représentation des données observés
et ajustés par le modèle pour la série yt 91
6.9 L'histogramme et le graphe quantile-quantile des
résidus du modèle STARTZ. 92
6.10 Représentation des données observés
et prévues par le modèle pour yt 94
viii
Liste des tableaux
1.1 Comparaison entre les options de change et les forwards de
change. 7
1.2 Les différentes appellations d'une option selon son
prix d'exercice. 7
1.3 Les différentes valeurs intrinsèques selon les
types d'options. 9
1.4 Résumé des effets de l'augmentation d'une
variable, lorsque les autres restent
fixes, sur le prix des options sur devises 9
2.1 Les inputs des 6 options utilisées pour tester le
pricer 22
2.2 Comparaison des prix des options 22
2.3 Comparaison des lettres grecques. 22
4.1 Prix de options Américaines sur l'EURUSD pour K
= 1, 08 et rf = 0, 04. . . . 50
5.1 Revenus d'une position longue sur forward synthétique.
52
5.2 Revenus d'une position courte sur forward synthétique.
52
5.3 Revenus d'une position longue sur Risk Reversal
53
5.4 Revenus d'une position courte sur Risk Reversal.
53
5.5 Revenus d'une position longue sur Butterfly Spread.
55
5.6 Revenus d'une position longue sur Condor. 57
5.7 Résultats numériques des stratégies
zero-cost 59
5.8 Simulation de la couverture dynamique par delta 61
5.9 Nombre de contrats utilisés en fonction de leur
Moneyness et de leur échéance. 69
5.10 Statistiques descriptives de a, b, c et CMV
pour les calls. 71
5.11 Statistiques descriptives de a, b, c et CMV
pour les puts. 71
5.12 Gain du Minimum Variance Hedging par rapport au
Delta Hedging. 72
6.1 Test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) sur la
série yt 85
6.2 Test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) sur la
série y0t 85
6.3 Comparaisons des modèles AR(n), n = 1, . . .
, 5, par les critères AIC et BIC.. 86
6.4 Test de Shapiro-Wilk pour les résidus du modèle
AR(1). 86
6.5 Test de Ljung-Box pour les résidus du modèle
AR(1). 87
6.6 Test de White pour les résidus du modèle AR(1)
87 6.7 Comparaisons des modèles GARCH(p,q), p = 1, 2, q
= 1, 2, par les critères
AIC et BIC 88
6.8 Paramètres du modèle AR(1)-GARCH(1,1) 88
6.9 Test de ARCH LM pour les résidus carrés du
modèle AR(1)-GARCH(1,1). . 88
6.10 Test de Pearson Goodness-of-Fit du modèle
AR(1)-GARCH(1,1) 89
6.11 Résultats d'estimation des paramètres du
modèle STARTZ 89
6.12 Indicateurs d'écart du modèle STARTZ. 92
6.13 Test de Shapiro-Wilk pour les résidus du
modèle STARTZ. 93
6.14 Test de Ljung-Box pour les résidus du modèle
STARTZ 93
6.15 Test de White pour les résidus du modèle
STARTZ. 93
1
Introduction
Notre projet de fin d'études traite les
problématiques liées au pricing des options Européennes et
Américaines à travers marché de change (FOREX), qui s'est
développé récemment pour aider les entreprises à se
protéger contre une partie de l'incertitude des fluctuations des taux de
change. Ce marché est considéré en général
comme l'un des plus grands marchés financiers avec plus de 5 000
milliards de dollars de transactions quotidiennes, soit plus que les
marchés des contrats à terme et des actions réunis.
Plusieurs produits financiers sont négociés sur ce marché,
nous allons cependant nous intéresser aux dites options, car dans la
littérature des mathématiques financières, les options
sont considérées comme le produit financier qui a
sollicité le plus de travaux de recherche. Au Maroc, les options de
change n'ont fait leur apparition qu'à partir de 2005. Depuis, le
marché de ces produits a connu un vif intérêt aussi bien de
la part des banques qui proposent des transactions en devises que des
investisseurs qui les demandent.
Le but de notre projet de fin d'études est entre autres
de mettre en application l'ensemble des connaissances acquises pendant notre
cursus d'ingénieur, que ce soit en Informatique, en Finance ou en
Mathématiques. Ces trois compétences étant très
recherchées, elles doivent être mises en avant afin de nous mettre
en valeur, surtout au vu de la situation économique actuelle. C'est
pourquoi ce projet, le plus important de notre cursus scolaire, devait les
mettre en relation. La finalité étant d'obtenir des outils
informatiques pratiques d'utilisation reposant sur des recherches
financières et mathématiques afin de pouvoir montrer une
réalisation concrète de notre savoir-faire. Le sujet de ce
rapport aborde des notions utilisées par les équipes du Front
Office au sein des salles des marchés, telles que les options
Européennes, les options Américaines, le modèle de
Black-Scholes, la volatilité, les algorithmes de minimisation, les
grecques, etc. Avec ce sujet, nous étions sûrs d'acquérir
des connaissances qui nous seraient utiles dans notre parcours
professionnel.
Avant de mettre en évidence notre problématique,
il convient de préciser que tout trader qui opère sur le
marché doit balancer deux considérations opposées - le
profit et le risque. Un trader qui vend une option à un client est
confronté au problème de gestion du risque. Même avec
l'utilisation des bons modèles de pricing, il est indispensable de
suivre des stratégies de couverture strictes et bien
étudiées, car un trader qui ne tient pas compte des risques
liés sa position va certainement avoir une carrière courte et
malheureuse. Ce qui nous ramène aux questions traitées tout au
long de ce rapport, à savoir comment évaluer et couvrir une
option sur devises.
Pour répondre à cette problématique avec
le souci de l'équilibre entre les éléments
théoriques et les aspects opérationnels, nous avons adopté
un plan scindé en six chapitres. Nous introduirons dans un premier
chapitre quelques généralités sur les options sur devises.
Pour ce faire, nous définirons les options sur devises, puis nous
citerons les spécificités de ce type d'option et enfin nous
présenterons des notions sur l'évaluation des options sur
devises, car avant de se lancer dans les différents modèles de
pricing des options sur devises, il faut
2
avoir une bonne compréhension des facteurs et des
paramètres qui déterminent le prix de ces options.
Le deuxième chapitre sera consacré au pricing
des options Européennes sur devises, donc il sera nécessaire de
présenter le modèle de Black-Scholes et celui de Garman-Kohlhagen
qui est une extension du premier de manière à ce que le
modèle puisse faire face à la présence de deux taux
d'intérêt sans risque. La présentation du modèle de
Black-Scholes doit naturellement nous conduire à parler des lettres
grecques, pour cela, nous consacrons une section pour présenter les
lettres grecques qui quantifient différents aspects du risque dans une
position sur options.
Le modèle de Black-Scholes repose sur
l'hypothèse selon laquelle la volatilité est un paramètre
constant. Or, une telle hypothèse est loin d'être réaliste.
La réalité a mis en évidence le lien direct entre la
volatilité, la maturité et le prix d'exercice d'une option,
illustré par une courbe de volatilité convexe nommée
Smile de volatilité, c'est le point que nous traiterons dans le
troisième chapitre ,qui présentera la méthode de
Vanna-Volga utilisée pour la construction de la surface de
volatilité.
Le quatrième chapitre sera consacrée au pricing des
options Américaines sur devises. Ce chapitre examine d'abord les
caractéristiques des options Américaines, puis présente
quelques méthodes utilisées afin de les évaluer, sachant
qu'elle n'existe pas une formule fermée qui donne le prix exact d'une
option Américaine. Dans ce sens, nous allons utiliser une approche par
la méthode des différences finies afin de résoudre l'EDP
de Black-Scholes, ensuite, nous allons présenter trois autres
modèles qui permettent de donner des formules fermées
approximatives pour évaluer les options Américaines.
La gestion des risques est une problématique
très importante en finance de marché. Pour cette raison nous
avons consacré le cinquième chapitre à la couverture et
gestion des risques d'un portefeuille d'option, qui se divise en deux grandes
catégories : Gestion statique est gestion dynamique. Ce chapitre a donc
pour objectif de présenter quelques exemples de stratégies
statiques utilisées au niveau des salles des marchés, le chapitre
contient aussi un volet traitant la gestion dynamique d'un portefeuille
d'options dans lequel nous allons présenter le Delta Hedging
classique, largement utilisé, puis nous présenterons ensuite
une nouvelle approche appelée Optimal Delta Hedging
définie par John Hull et Alan White (2017) [15]; cette approche
vise à remédier aux faiblesses de la couverture de le delta de
Black-Scholes.
Le Maroc, en décidant de passer d'un régime de
change fixe à un régime de change flottant administré, va
subir une hausse au niveau des volatilités des cours de change. Pour
cela le sixième chapitre aura comme objectif de modéliser le taux
de change Marocain. Un modèle de séries temporelles appelé
STARTZ (Smooth Transition Autoregressive Target Zone),
présenté par Lundbergh et Teräsvirta (2005) [22], sera
conçu pour modéliser les fluctuations des du Dirham à
l'intérieur d'une bande de fluctuation.
3
Présentation du cadre de travail
Présentation du groupe Attijariwafa Bank
Le groupe Attijariwafa Bank est classé
1er groupe bancaire au Maroc et 6me en
Afrique. Créé en 2003 suite à une fusion entre
Wafabank (1904) et la Banque Commerciale du Maroc (BCM)
(1911), le groupe Attijariwafa Bank accompagne aujourd'hui
près de 10 millions de clients particuliers, professionnels, entreprises
et institutionnels et mobilise 20 125 collaborateurs dans 25 pays en Afrique,
en Europe et au Moyen-Orient.
Attijariwafa Bank a su, depuis plus d'un
siècle, se réinventer en diversifiant ses métiers, en
renouvelant ses offres et en adaptant ses organisations, pour répondre
à son ambition de devenir la banque relationnelle de
référence. Banque de Détail pour particuliers et
professionnels, Banque Privée, Banque de Financement et
d'Investissement, Assurances, le groupe s'appuie sur la
complémentarité de ses métiers pour accompagner une
clientèle diversifiée. Le groupe opère aujourd'hui
à travers 19 filiales:
-- Attijari Factoring
-- Attijari Finances Corp.
-- Attijari Global Research
-- Attijari Intermédiation
-- Attijari International bank
-- Attijari Invest
-- Attijari Titrisation
-- Bank Assafa
-- Wafa Assurance
-- Wafa Bourse
-- Wafa Courtage
-- Wafa Gestion
-- Wafa IMA Assistance
-- Wafa Immobilier
-- Wafa LLD
-- Wafabail
-- Wafacash
-- Wafasalaf
-- Attijari Payment Processing
Le Conseil d'administration d'Attijariwafa Bank,
à sa tête M. Mohamed EL KETTANI Président
Directeur Général du groupe, est responsable de la
solidité financière de la banque. Il définit ses
orientations stratégiques, y compris sa politique de
développement, tant au niveau local
4
qu'à l'international, et assure la surveillance de la
gestion de ses activités. Le système de gouvernance a
également institué le principe de collégialité des
décisions dans la gestion du groupe, s'appuyant sur un Comité
Exécutif et un Comité de Coordination et de Synergies.
Au 31 Décembre 2018, le groupe Attijariwafa Bank
est détenu par 5 actionnaires:
-- Groupe Al Mada (46,4%)
-- Institutionnels nationaux (28,3%)
-- Flottant et autres (17,1%)
-- Santusa Holding S.L (Grupo Santander) (5,1%)
-- Personnel de la banque (3,1%)
Présentation de la salle des marchés
La salle des marchés du groupe Attijariwafa Bank
fut inaugurée au début de l'année 2007, c'est le lieu
où sont rassemblés les opérateurs de marché
intervenant sur les marchés financiers. C'est un espace regroupant les
différents services spécialisés permettant à la
banque d'intervenir sur les marchés des capitaux internationaux. Elle
sert deux types de métiers:
-- Trading,
-- Sales et courtage.
La salle des marchés est répartie en trois
pôles distincts qui sont le Front Office dont la mission
principale est la négociation directe avec les clients, le Middle
Office qui s'en charge du contrôle des opérations et les
risques ainsi que l'analyse des résultats et le Back Office qui
est chargé de la saisie des opérations et des contrôles
comptables.
Front Office
Le Front Office représente l'interface de la
banque vis-à-vis du marché. Il centralise et traite tous les
besoins de la salle des marchés et de ses clients en termes de
couverture et de financement, investissement, gestion de position, trading et
arbitrage. Il se distingue du Back Office qui exécute
l'ensemble des tâches administratives ou logistiques liées
à la vente. Le Front Office du groupe Attijariwafa Bank
peut être décomposé en quatre Desks:
-- Desk change : Plus
communément appelé FOREX (Foreign Exchange),
est le Desk du marché des changes sur lequel les devises
sont échangées l'une contre l'autre, à des taux de change
qui varient sans cesse. Ce Desk se charge du trading aussi bien pour
le propre compte de la banque que pour le compte des particuliers qui
représentent essentiellement les entreprises marocaines qui ont
accès à la salle des marchés. Ce Desk est le plus
important en termes d'effectif et de revenu, du fait qu'il représente
presque le tiers des revenus de la salle des marchés.
-- Desk actions :
Il a pour mission majeure de fructifier le compte propre de la banque en
actions. Le rôle du trader au sein du Front Office
s'avère être primordial, puisqu'il est amené à
tout moment à assurer une rentabilité en faveur de la banque en
profitant
5
des situations favorables des cours, il achète ainsi au
cours le plus bas possible et vendent avec au cours le plus haut
possible.
-- Desk taux: Ce Desk se
décompose en trois Desks : Le Desk taux
trésorière qui s'occupe de l'optimisation de la trésorerie
de la banque en Dirham et en devises, le Desk taux trader et sales qui
a pour mission assurer la liquidité de la banque et la gestion du
portefeuille de la banque, et finalement le Desk structuration qui a
pour mission de répondre aux exigences financières des clients en
leurs offrant des produits personnalisés.
-- Desk matières premières
: Se charge du trading pour le compte propre de la banque en prenant
des positions sur les différentes matières premières
(métaux, céréales,...) sur les marchés
essentiellement Anglo-saxons, Londonien et Américain (CBOT).
Les opérations conclues en Front Office
engagent la banque de manière irrévocable vis-à-vis
des contreparties. Pour prendre au mieux les décisions en respectant les
limites de marché et de contreparties qui leur sont fixées, les
opérateurs doivent s'appuyer sur des systèmes leur permettant de
s'informer sur l'activité de marché et de mesurer et d'analyser
leurs positions et leur résultat, la salle des marchés a
été pour cet effet équipée d'écrans
projetant les cotations et les dernières nouvelles économiques
à travers la chaîne Bloomberg et de postes disposant de
licences Reuters.
Middle Office
Le Middle Office est le service chargé de
nommer les opérations initiées par les traders dans la salle des
marchés, plus exactement dans le Front Office, après
avoir vérifié qu'elles sont conformes à la
réglementation. Il est chargé de faire la jonction entre le
Front et le Back Office. Il saisit sur une base de
données toutes les transactions effectuées par les traders et les
sales. Et enfin, il met en place avec le Front et le Back Office
des méthodes d'analyse des risques et définit les
procédures homogènes par lignes de produits.
Back Office
L'opérateur Back Office est chargé
d'assurer le suivi administratif et comptable des opérations conclues au
Front Office. Il enregistre les transactions, informe les clients
(entreprises ou institutions), effectue le règlement et la livraison des
titres, gère le versement des dividendes des actions et des
intérêts des obligations. Il participe aussi à la mise en
place et à l'évolution des procédures et des
systèmes informatiques.
6
Chapitre 1
Généralités sur les options sur
devises
Le marché des changes s'est développé
pour aider les entreprises à se protéger contre une partie de
l'incertitude des mouvements des taux de change, mais les contrats futures ou
forward sur devises sont approprié pour des expositions connues. Leur
utilisation pour couvrir les expositions contingentes, variables ou de
translation pourrait forcer une entreprise à accepter des pertes sur des
opérations de change inutiles. Non seulement cela, mais les entreprises
rivales qui laissent leur exposition non couverte peuvent soudainement
acquérir un avantage concurrentiel. Cela a donc en partie conduit
à l'expansion du marché des options sur devises, cette expansion
a été encore plus spectaculaire que l'énorme croissance de
l'ensemble du marché des changes au cours des dernières
années.
1.1 Définition
Une option sur devises est un contrat qui donne à son
détenteur le droit - et non l'obliga-tion - d'acheter ou vendre un
montant donné d'une devise spécifique à un taux de change
défini à l'avance, appelé prix d'exercice et à une
date ou pendant une période déterminée, moyennant le
paiement d'une prime. Lorsque l'option implique un achat d'une quantité
de devises contre une autre, elle est appelée Call ou option
d'achat. Mais lorsque le détenteur de l'option veut vendre une devise
contre l'acquisition d'une autre, on parle d'un Put ou option de
vente.
Dans toutes les opérations de change, on achète
une devise contre une autre. Par conséquent, chaque paire de devises
s'échange à la fois comme Call et Put.
Les caractéristiques essentielles d'une option sur
devises pour son propriétaire sont celles de la limitation des risques
et du potentiel de profit illimité. Elle est similaire à une
assurance, dans laquelle, au lieu de payer une prime pour assurer sa maison
contre le risque d'incendie, le propriétaire paie une prime pour
s'assurer contre les mouvements défavorables du taux de change.
TABLE 1.1 - Comparaison entre les options de change et les
forwards de change.
Options de change Forwards de change
Droit mais non obligation d'ache- Obligation d'acheter/vendre une
devise ter/vendre une devise
Prime à payer Aucune prime à payer
Large gamme de prix d'exercice Un seul taux à terme pour
une date donnée
Conserve un potentiel de profit illimité tout en
limitant risque de perte
Date de livraison flexible de la devise (possibilité
d'acheter une option plus longtemps que nécessaire)
Élimine le potentiel de hausse ainsi que les risques de
perte
Date de livraison fixe de la devise
1.2 Les spécificités d'un contrat
d'option sur devise
L'actif sous-jacent
L'actif sous-jacent est l'actif sur lequel porte l'option, il
peut être acheté ou vendu par le détenteur de l'option qui
exerce son droit.
Dans notre cas, l'actif sous-jacent est la devise. Pour une
paire de devises cotée ccy1ccy2, le taux de change au comptant St
à l'instant t est le nombre d'unités de ccy2
(également connu sous le nom de devise domestique, ou de devise de
cotation) requis pour acheter une unité de ccy1 (la devise
étrangère ou parfois la devise de base), le taux au comptant est
fixé aujourd'hui et le règlement a lieu à la date
prévue. Le taux au comptant est donc égal aux unités de
ccy2 par ccy1.
Par exemple la cotation de la GBPUSD signifie dollars
Américains par livre sterling, donc si la GBPUSD est de 1,63935, alors
une livre sterling peut être achetée pour 1, 63935$ sur le
marché au comptant. Il s'agit d'un prix en USD par GBP. C'est le
coût d'une livre, en dollars.
Le prix d'exercice
Le prix d'exercice appelé aussi Strike est le
taux de change auquel les deux devises de la paire de devises sous-jacente
doivent être échangées si l'option est exercée.
Une option peut avoir différentes appellations selon
son prix d'exercice s'il est supérieur, inférieur ou égal
au prix spot:
TABLE 1.2 - Les différentes appellations d'une option
selon son prix d'exercice.
Option Call Put
En dehors de la monnaie Strike > Spot Strike < Spot
A la monnaie Strike = Spot Strike = Spot
Dans la monnaie Strike < Spot Strike> Spot
7
8
La date d'échéance
La date d'échéance est la seule date où
cette option peut être exercée s'il s'agit d'une option
Européenne, ou avant laquelle cette option peut être
exercée s'il s'agit d'une option Américaine.
La prime de l'option
La prime d'une option représente le montant payé
par l'investisseur pour l'acquisition d'une option d'achat ou de vente, elle
reste acquise au vendeur qu'il y ait ou pas exercice de l'op-tion par
l'acheteur. La prime d'une option est calculée en tenant compte de
plusieurs paramètres:
-- Le prix au comptant, appelé Spot
-- Le prix d'exercice, appelé Strike
-- Le temps restant jusqu'à la maturité
-- Le taux d'intérêt sans risque domestique
-- Le taux d'intérêt sans risque étranger
-- La volatilité du taux de change
1.3 Notions sur le pricing des options sur devises
Avant de se lancer dans les différent modèle de
pricing des options sur devises, il faut avoir une bonne compréhension
des facteurs et des paramètres qui déterminent le prix de ces
options. En effet, le prix d'une option ne dépend pas uniquement du gain
obtenu en décidant de l'exercer immédiatement, mais aussi, de la
probabilité que cette option devienne bénéfique. De ce
fait, la valeur d'une option se décompose en deux éléments
: La valeur intrinsèque et la valeur temps.
Prix de l'option = Valeur intrinsque
+ Valeur temps
1.3.1 Valeur intrinsèque
La valeur intrinsèque correspond à la valeur
minimale de la prime; elle correspond au gain immédiat, sans risque, que
ferait l'acheteur de l'option en faisant simultanément une
opération sur le marché des changes (le marché au comptant
ou le marché à terme).
La valeur intrinsèque représente la
différence entre le prix d'exercice et le cours à terme, pour une
option Européenne, et la différence entre le prix d'exercice et
le cours le plus avantageux des cours au comptant ou à terme, pour une
option Américaine. Lorsque cette différence est négative
la valeur intrinsèque est nulle. Le tableau ci-dessous présente
les différentes valeurs intrinsèques selon les types
d'options:
9
TABLE 1.3 - Les différentes valeurs intrinsèques
selon les types d'options.
Type
Positon???Call
|
|
Put
|
Achat
|
Max(ST - K; 0)
|
Max(K - ST; 0)
|
Vente
|
-Max(ST - K; 0)
|
-Max(K - ST; 0)
|
1.3.2 Valeur Temps
La valeur temps reflète la probabilité que
l'option devienne dans la monnaie. Elle est égale à la
différence entre le prix de l'option et sa valeur intrinsèque.
Comme cela a été évoqué dans la
section précédente, le prix des options de change est en
général fonction de 6 paramètres. Dans cette section, nous
nous intéressons à ce qu'il advient du prix des options lorsque
l'un de ces facteurs change, tandis que les autres restent constants. Les
résultats sont résumés dans le tableau ci-dessous :
TABLE 1.4 - Résumé des effets de l'augmentation
d'une variable, lorsque les autres restent fixes, sur le prix des options sur
devises.
Variable
|
Call
|
Put
|
Taux de change au comptant
|
+
|
-
|
Prix d'exercice
|
-
|
+
|
Date d'échéance
|
+
|
+
|
Taux d'intérêt sans risque domestique
|
+
|
-
|
Taux d'intérêt sans risque étranger
|
-
|
+
|
Volatilité du taux de change
|
+
|
+
|
"+" signifie qu'une croissance de la variable provoque une
augmentation de la valeur de l'option. "-" signifie qu'une croissance
de la variable provoque une baisse de la valeur de l'option.
Taux de change au comptant et prix d'exercice
Si une option d'achat est exercée à une date
future, le flux engendré, appelé Payoff, est égal
à la différence entre le taux de change au comptant et le prix
d'exercice. Par conséquent, la valeur d'un call augmente lorsque le taux
de change croît. Elle est faible quand le prix d'exercice est
élevé. Pour une option de vente, le Payoff à
l'exercice est égal à la différence entre le prix
d'exercice et la taux de change. La valeur de ce type d'option diminue si le
taux de change s'accroit. Elle augmente au contraire, lorsque le prix
d'exercice est élevé. Les graphiques a, b, c, d de la figure 1.1
illustrent la façon dont les valeurs d'un call et d'un put
dépendent du taux de change et du prix d'exercice.
Date d'échéance
Étudions à présent les effets de la date
d'échéance sur les options. Les options d'achat, aussi bien que
les options de vente, voient leur valeur s'accroitre (ou au moins ne pas
baisser) lorsque la date de maturité s'éloigne, c'est à
dire quand la durée restant à courir jus-qu'à
l'échéance augmente. Considérons deux options qui
diffèrent seulement par la date d'échéance. Le
propriétaire de l'option à durée de vie plus longue
profite de toutes les opportunités d'exercice ouvertes ouvertes au
propriétaires des options à durée de vie plus
10
FIGURE 1.1 - Impact des variations du taux de change, du prix
d'exercice et de durée de vie jusqu'à l'échéance
sur la valeur d'une option lorsque S0 = 50, K = 50, r
= 5%, ó = 30% et T = 1, [14].
courte, et plus encore. La valeur de l'option à
l'échéance plus longue est toujours supérieur à
celle de l'option à l'échéance plus courte. Les graphiques
e, f de la figure 1.1 illustrent de quelle manière la valeur des options
d'achat et de vente dépend de la date d'échéance.
Volatilité du taux de change
La volatilité du taux de change mesure l'incertitude
quant aux variations futures de ce taux. Plus la volatilité est grande,
plus la probabilité que le taux de change atteigne des sommets, ou
subisse de fortes baisses, est importante. Le détenteur d'un call
bénéficie d'une hausse du taux de change, mais limite son risque
de perte, puisqu'en cas de chute du taux de change, il ne subit qu'une perte
liée à la valeur de son option. Réciproquement, le
détenteur d'un put bénéficie de la baisse du taux de
change, mais il limite également son risque en cas de hausse du taux.
Par conséquent, la valeur des calls, comme celle des puts, augmente avec
la volatilité du sous-jacent (voir graphiques a et b de la figure
1.2).
11
Taux d'intérêt sans risque
Le taux d'intérêt sans risque affecte la valeur
de l'option d'une façon moins évidente. Lorsque les taux
d'intérêt augmentent, l'espérance de rendement, attendu par
les investisseurs, tend à s'élever également. Mais la
valeur actuelle des flux de trésorerie futurs reçus par les
détenteurs d'options diminue. L'impact combiné de ces deux effets
entraîne une baisse de la valeur des options de vente et un accroissement
de la valeur des options d'achat (voir graphiques c et d de la figure 1.2).
Il est important de souligner que nous envisageons ici une
variation des taux d'intérêt tandis que toutes les autres
variables demeurent inchangées.
FIGURE 1.2 - Impact des variations de la volatilité et
taux d'intérêt sans risque sur la valeur d'une option lorsque
S0 = 50, K = 50, r = 5%, ó = 30%
et T = 1, [14].
12
Chapitre 2
Pricing des options Européennes sur
devises
Pour évaluer les options sur devises, nous avons besoin
d'un modèle pour les taux de change au comptant qui leur permet d'avoir
un comportement stochastique et une stricte positivité. Nous suivons
donc les travaux de Black et Scholes (1973) et les travaux
associés de Garman et Kohlhagen (1983) appliqués aux
options sur devises, et décrivons le taux au comptant par un mouvement
Brownien géométrique:
dSt = uStdt + óStdWt (2.1)
2.1 Notations et hypothèses
Notations
Nous utiliserons dans ce chapitre et dans toute la suite de ce
rapport les notations suivantes:
-- S0 : Le taux de change à la date t =
0.
-- K : Le prix d'exercice de l'option.
-- T : Le temps restant à courir jusqu'à
l'échéance de l'option.
-- St : Le taux de change à l'instant
t.
-- rd : Le taux sans risque domestique.
-- rf : Le taux sans risque étranger.
-- c : La valeur d'un call Européen.
-- p : La valeur d'un put Européen.
-- C : La valeur d'un call Américain.
-- P : La valeur d'un put Américain.
Hypothèses
Les hypothèses de ce chapitre sont valides pour reste
de ce rapport sauf mention contraire, elle sont les mêmes
hypothèses citées dans la section 15.5 de Hull (2017) [14].
-- Le taux de change aux comptant St (en devise
domestique) d'une unité de devise étrangère suit un
processus lognormal (2.1), conduit par une volatilité constante
ó.
13
-- La vente à découvert est autorisée.
-- Absence de frais de transaction et de taxes.
-- Les devises domestique et étrangères ont des
taux sans risque rd et rf, constants sur
toutes les échéances.
-- Absence d'opportunités d'arbitrage.
-- Le marché fonctionne en continu.
2.2 L'évaluation risque-neutre
Le principe d'évaluation risque-neutre stipule que,
lors de la valorisation d'un dérivé, nous pouvons supposer que
les investisseurs sont indifférents vis-à-vis du risque; par abus
de langage, on dit qu'ils sont risque-neutre. Cette hypothèse signifie
qu'ils n'exigent pas une espérance de rentabilité
supérieure pour compenser le risque accru d'un investissement. Un monde
où les investisseurs sont neutres vis-à-vis du risque est
appelé univers risque-neutre. Celui dans lequel nous vivons n'est
évidemment pas un univers risque-neutre. Plus les investisseurs prennent
de risques, plus ils exigent un taux de rentabilité élevé.
Cependant, il s'avère que l'hypothèse d'un univers risque-neutre
fournit une valeur des options identiques à celle que l'on obtiendrait
dans notre univers réel. Cela résout le problème
lié au fait que nous ignorons quasiment tout degré d'aversion au
risque des acheteurs et des vendeurs d'options.
L'évaluation risque-neutre semble un résultat
surprenant lorsqu'on l'aborde pour la première fois. Les options sont
des investissements risqués. Le degré d'aversion au risque d'un
investisseur ne devrait-il pas affecter la façon dont elles sont
évaluées? La réponse est qu'en réalité,
lorsque nous évaluons une option en fonction du prix du sous-jacent, le
degré d'aversion au risque n'a aucune importance si le prix du
sous-jacent est un prix d'équilibre. Lorsque les investisseurs
deviennent plus "riscophobes", le cours baisse, mais les formules
évaluant le prix des options restent inchangés [14].
Un univers risque-neutre présente deux
caractéristiques qui simplifient l'évaluation des produits
dérivés:
-- La rentabilité espérée de tous
investissement est le taux sans risque.
-- Le taux d'actualisation utilisé pour
l'espérance des flux procurés par une option est le taux sans
risque.
14
2.3 Modèle de Black-Scholes
2.3.1 L'équation aux dérivées
partielles de Black-Scholes
Dans cette section, nous aborderons la démonstration de
l'équation aux dérivées partielles de Black-Scholes pour
une action ne versant pas de dividendes
Le processus suivi par l'action est un mouvement brownien
géométrique, caractérisé par l'équation :
dS = uSdt + óSdz
(2.2) Notons f le prix d'une option d'achat ou de tout autre
produit dérivé lié au titre S. La variable f
est alors une fonction de S et t. En utilisant la
formule d'Itô nous déduisons la relation suivante :
df = (?f?2f
?SuS+ ??t f +
1?S2ó2S2)dt
+ ? f
?SóSdz (2.3)
2
Sous leur forme discrète, les équations (2.2) et
(2.3) s'écrivent :
OS = uSOt + óSOz
(2.4)
et
O f = (?fuS+ ?f +
1 ?2ó2S2)Ot+
?f crSOz (2.5)
?S ?t 2 ?S2?S
où OS et Of représentent les
variations de f et S pendant un court intervalle de temps de
longueur Ot. Les variations aléatoires de f et S
sont gouvernées par le même processus de Wiener. En d'autres
termes, les Oz des équations (2.4) et (2.5) sont identiques.
Ainsi, en choisissant un portefeuille composé d'une action et de l'un de
ses produits dérivés, la composante aléatoire peut
être éliminée.
Un portefeuille approprié peut être défini de
la façon suivante :
Vente d'une unité su produit dérivé.
Achat de ??Sf action.
Le détenteur du portefeuille est alors en position
courte (vendeur) sur le produit dérivé et en position longue
(acheteur) sur ?f/?S actions. La valeur du portefeuille,
notée H, s'écrit
alors :
? f
H = -f + ?SS (2.6)
La variation OH de la valeur du portefeuille au cours d'un
intervalle de temps Ot est donnée par :
? f
OH = -Of + ?SOS (2.7)
En substituant O f et OS, dans
l'équation (2.7), par leurs valeurs, nous obtenons :
OH = (-?f- 1 ?22
252)Ot (2.8)
?t 2 ?S2
cette équation ne comporte pas l'expression
Oz, le portefeuille doit être sans risque pendant l'intervalle
de temps Ot. Les hypothèses énoncées à la
section précédente impliquent qu'un tel portefeuille doit
procurer une rentabilité égale au taux sans risque. Dans
le cas contraire, les investisseurs profiteraient d'une
opportunité d'arbitrage. Nous pouvons donc écrire :
OH = rHOt (2.9)
où r représente le taux sans risque.
Si nous remplaçons les termes H et OH de cette équation par leurs
expressions données dans les équations (2.6) et (2.8), nous
obtenons :
(af+1a2fcr2S2)Ot=r af
Ot
at 2 aS2 (f aS) (2.10)
et donc :
af +rSaf +
1cr2S2a22
= rf (2.11)
at as 2 aS
L'équation (2.11) est l'équation aux
dérivées partielles de Black-Scholes. Cette équation a
plusieurs solutions correspondant à tous les produits
dérivés qui peuvent avoir S comme actif sous-jacent. La
solution de l'équation dépend alors des conditions aux bornes qui
caractérisent le produit dérivé considéré.
Ces conditions précisent les valeurs de l'actif dérivé
analysé aux bornes des ensembles de valeurs possibles de S et
t.
Par exemple, dans le cas d'un call Européen, la condition
aux bornes est :
f = max(S - K; 0), quand t =
T Dans le cas d'un put Européen, elle s'écrit :
f = max(K - S; 0), quand t =
T
Notons que 1e portefeuille utilisé dans la
dérivation de l'équation (2.11) n'est pas un portefeuille sans
risque de façon permanente. Il est sans risque uniquement pendant un
intervalle de temps infinitésimal. En effet, dès que S
et t varient, af /aS varie aussi. Ainsi, afin
de conserver le caractère non risqué du portefeuille, il est
nécessaire d'ajuster fréquemment les positions relatives de
l'action et du produit dérivé au sein du portefeuille.
2.3.2 Les formules d'évaluation de
Black-Scholes
Les formules de Black-Scholes permettant de calculer,
à l'instant t = 0,la valeur d'un call Européen ou d'un
put Européen sur une action qui ne verse pas de dividendes, sont les
suivantes :
c = S0N(d1) -
Ke-rTN(d2) (2.12)
p = Ke-rTN(-d2) -
S0N(-d1) (2.13)
avec :
d1 = v/
cr T
ln(S0/K) + (r
+ cr2/2)T
et :
ln(S0/K) + (r -
cr2/2)T
v/
cr T
d2 =
v/
= d1 - cr T
15
La fonction N(x) désigne la fonction
de répartition d'une loi normale centrée-réduite. En
d'autres termes, c'est la probabilité qu'une variable suivant une loi
normale, 0(0, 1), soit inférieure à x. Cette
idée est illustrée dans la figure 2.1.
FIGURE 2.1 - Représentation de N(x),[14].
2.4 Modèle de Garman-Kohlhagen
Le modèle Garman-Kohlhagen est une modification du
modèle d'évaluation des options de Black-Scholes. Il a
été proposé en 1983 par Garman et Kohlhagen. Ils ont
modifié le modèle Black-Scholes de manière à ce que
le modèle puisse faire face à la présence de deux taux
d'intérêt sans risque. La différence avec le modèle
BS est que le modèle GK corrige la différence entre les taux
d'intérêt domestiques et étrangers. En même temps, le
modèle Garman-Kohlhagen partage les mêmes limites que le
modèle Black-Scholes.
Le modèle Garman-Kohlhagen traite les devises
étrangères comme s'il s'agissait de titres de placement qui
fournissent un rendement en dividendes connu. Le propriétaire de la
devise étrangère (domestique) reçoit un rendement en
dividendes égal au taux sans risque du pays étranger
(domestique).
Notons S le taux de change actuel (la valeur d'une
unité de la devise étrangère mesurée en devise
domestique). S est supposé suivre un mouvement Brownien
géométrique semblable à celui des actions. Dans l'univers
risque-neutre, la dynamique du processus s'écrit:
dS = (rd - rf)Sdt + óSdz (2.14)
En suivant les même démarche de la section
précédente, on aboutit à l'équation aux
dérivées partielles suivante
? f + (rd - rf)S ? f ?S2 = rd f
(2.15) ?S + 1 2ó2S2
?2 f
?t
Les valeurs d'un call Européen ou d'un put
Européen sur devise deviennent: c = S0e-rf
TN(d1) - Ke-rdTN(d2) (2.16)
p = Ke-rdTN(-d2) -
S0e-rf TN(-d1) (2.17)
avec:
d1 =
ln(S0/K) + (rd - rf +
ó2/2)T
/
ó T
et :
|
d2 =
|
ln(S0/K) + (rd - rf -
ó2/2)T
|
/
= d1 - ó T
|
|
|
|
|
16
Le taux d'intérêt domestique, rd, et le
taux d'intérêt étranger, rf, sont tous deux des
taux continus pour la maturité T. Le put et le call sur une
devise sont symétriques. De ce fait, un put permettant de vendre la
devise A au taux de change K est équivalent à un call
permettant d'acheter la devise B au prix 1/K.
17
2.5 Les lettres grecques
Une institution financière qui vend une option
à un client est confrontée au problème de gestion de son
risque. L'institution financière doit donc neutraliser son exposition au
risque du marché afin de ne pas subir des pertes importantes dans le cas
où le client exerce cette option.
Les stratégies les plus sophistiqués
utilisées par les traders, nécessitent le calcul de mesures
telles que le delta, le gamma et le vega. Ces mesures sont communément
appelées lettres grecques. Elles quantifient différents
aspects du risque dans une position sur options.
Cette section examine les propriétés de
certaines lettres grecques les plus importantes. Pour calculer une lettre
grecque, il faut utiliser un modèle de valorisation d'option. Les
traders retiennent le modèle de Black-Scholes ou ses extensions, dans
notre cas le modèle de Gar-man-Kohlhagen, pour les options
Européennes.
2.5.1 Delta
Le delta d'une option est défini comme le taux de
variation de la valeur de l'option par rapport à celle du sous-jacent.
C'est la pente de la courbe reliant la valeur de l'option à celle du
sous-jacent. La figure 2.2 montre la relation entre la valeur du call et le
cours du sous-jacent. Lorsque 1e cours du sous-jacent est au point A, la valeur
de l'option est au point B, et est la pente de la tangente indiquée dans
la figure.
Plus généralement:
?c
= ?S
Pour un call Européen sur devise, on peut montrer que:
FIGURE 2.2 - Représentation du delta, [14].
(c) = e-rf
TN(d1)
où d1 est défini dans l'équation
(2.16).
Pour un put Européen sur devise, le delta est égal
à :
(p) = e-rf
T(N(d1) - 1)
La figure 2.3 montre les variations du delta d'un call et d'un
put en fonction du cours du sous-jacent.
18
FIGURE 2.3 - Variation du delta en fonction du cours du
sous-jacent: (a) option d'achat; (b) option de vente, [14].
2.5.2 Gamma
Le gamma d'un portefeuille d'options, noté F, est le
taux de variation du delta du portefeuille en fonction de la valeur de l'actif
sous-jacent. C'est la dérivée seconde de la valeur du
portefeuille par rapport au cours de l'actif:
?2Ð
F = ?S2
Si le gamma est faible, le delta varie lentement, et il n'est
pas nécessaire d'ajuster fréquemment le portefeuille pour
maintenir un portefeuille delta-neutre. Par contre, si le gamma est important
en valeur absolue, le delta est très sensible aux variations du cours de
l'actif sous-jacent. Il est alors risqué de laisser un portefeuille
delta-neutre inchangé trop longtemps.
Pour un call ou un put Européens sur devise, le gamma
s'écrit:
N0(d1)e-rf T
F = v
S0ó T
où d1 est défini dans l'équation
(2.16). Et N'(x) par:
1
N'(x) = v2ð e-x2/2
(2.18)
Le gamma est toujours positif, la figure 2.4 montre les
variations du gamma en fonction du cours du sous-jacent.
FIGURE 2.4 - Variation du gamma en fonction du cours du
sous-jacent, [14].
2.5.3 Thêta
Le thêta d'un portefeuille d'options, È,
se définit comme le taux de variation de la valeur du portefeuille par
rapport à la durée de vie de l'option.
Pour un call Européen sur devise, le thêta
s'écrit:
v
2 T
Pour un put Européen sur devise, on obtient:
È(c) =
-S0N0(d1)óe-rf
T+ rfS0N(d1)e-rf T -
rdKe-rdTN(d2)
19
È(p) =
-S0N0(d1)óe-rf
T
|
rfS0N(-d1)e-rf T
+
rdKe-rdTN(-d2)
|
|
|
où d1 et d2 sont définis dans
l'équation (2.16) et N0(x) dans
l'équation (2.18).
Le thêta d'une option est généralement
négatif car la valeur de l'option diminue lorsqu'on se rapproche de
l'échéance. La variation du thêta en fonction du cours du
sous-jacent, pour un call, est illustrée dans la figure 2.5.
FIGURE 2.5 - Variation du thêta en fonction du cours du
sous-jacent, [14].
20
2.5.4 Vega
Nous avons supposé, jusqu'à présent, que
la volatilité du sous-jacent reste constante pendant toute la
durée de vie de l'option. En réalité, c'est loin
d'être vrai car la volatilité varie au fil du temps. Cela signifie
que la valeur de l'actif dérivé est susceptible de changer
à cause des variation de la volatilité.
Le vega d'un portefeuille de d'options, y,
représente le taux de variation de la valeur du portefeuille en fonction
de la volatilité de l'actif sous-jacent:
y =
aÐ
acr
Si la valeur absolue du vega est importante, la valeur du
portefeuille est très sensible au moindre changement de
volatilité. Si le vega est faible, en valeur absolue, un changement de
la volatilité n'aura qu'un léger impact sur la valeur du
portefeuille.
Pour un call ou un put Européens sur devise, le vega est
obtenu par:
v
y = S0 TN0(d1)e-rf T
où d1 est défini dans l'équation
(2.16) et N'(x) dans l'équation (2.18).
Le vega d'une option est toujours positif. La variation du
vega en fonction du cours du sous-jacent est illustrée dans la figure
2.6.
2.5.5 Rhô
Le rhô d'un portefeuille d'options est en fonction du taux
d'intérêt sans risque:
aÐ
rhào =
FIGURE 2.6 - Variation du vega en fonction du cours du
sous-jacent, [14].
ard
Il mesure la sensibilité de la valeur du portefeuille
d'options par rapport à une variation du taux d'intérêt.
Pour un call Européen sur devise, le rhô
s'écrit:
rhào(c) =
KTe-rdTN(d2)
21
Pour un put Européen sur devise, on obtient:
rhào(p) =
-KTe-rdTN(-d2)
où d2 est défini dans l'équation
(2.16)
2.6 Application
Après avoir présenté les
différente notions théoriques, nécessaires au pricing des
options Européennes sur devises, nous allons passer maintenant à
l'application de ces notions pour élaborer un pricer de ces options.
La première tâche réalisée dans ce
projet était le développement d'un pricer des options
Européennes sur devises. Dans un premier lieu, nous avons
réalisé une librairie de pricing sous le langage Python,
cette librairie contient des fonctions qui permettent le calcul des prix des
options, ainsi que leurs différentes sensibilités en fonctions
des différents inputs : Prix spot, prix d'exercice, temps restant
jusqu'à l'échéance, taux sans risque domestique, taux sans
risque étranger et enfin, la volatilité. Les fonction
créées en Python on été ensuite
utilisés comme étant des fonctions Excel à l'aide
d'un outil qui permet de relier les deux plateformes. Tout cela dans le but de
profiter en même temps de la rapidité offerte par le langage
Python, ainsi que la facilité d'utilisation
d'Excel.
Résultats et validation
Les résultats obtenus par notre pricer doivent
être testés et comparés avant d'être validés.
Pour cela nous avons comparé les résultats de notre pricer avec
celles du logiciel DerivaGem - Version 4.00, c'est un
logiciel développé par A-J Financial Systems
Inc, ce logiciel permet d'effectuer des calculs
détaillés pour différents produits dérivés
tels que les dérivés de crédit et les
dérivés de taux d'intérêt, ainsi que pour les
options sur les actions, les indices, les devises, les prix, les
volatilités implicites et les contrats à terme en saisissant les
données de base et en appliquant des filtres automatisés.
DerivaGem - Version 4.00 est
basé sur VBA-Excel, ces pricipale fonctionnalités
sont:
-- Effectuer des calculs pour les dérivés de
crédit et les dérivés de taux d'intérêt,
ainsi
que pour les options sur les actions, les indices, les devises
et les contrats à terme.
-- Calculer les prix, les volatilités implicites et les
lettres grecques.
-- Mettre en oeuvre des modèles de taux
d'intérêt normaux et lognormaux pour évaluer
les options Américaines sur taux
d'intérêt.
-- Afficher des graphiques montrant les relations entre les
variables.
-- Afficher les arbres binomiaux/trinomiaux utilisés pour
l'évaluation
Pour tester notre pricer, nous avons choisis 6 options pour
lesquelles nous allons calculer le prix et les trois sensibilités,
delta, gamma et vega, et nous allons comparer les résultats de notre
pricer avec celles du logiciel.
Le tableau suivant contient les inputs de nos 6 options:
22
TABLE 2.1 - Les inputs des 6 options utilisées pour
tester le pricer.
Option
|
Type
|
S0
|
K
|
T
|
rd
|
rf
|
ó
|
1
|
Call
|
1,07
|
1,08
|
0,5013
|
1,681%
|
-0,383%
|
5%
|
2
|
Put
|
1,11
|
1,09
|
2
|
1,708%
|
-0,195%
|
15%
|
3
|
Call
|
1,09
|
1,09
|
1
|
1,69%
|
-0,32%
|
10%
|
4
|
Put
|
1,1
|
1,1
|
1,5013
|
1,699%
|
-0,258%
|
10%
|
5
|
Call
|
1,13
|
1,11
|
1
|
1,69%
|
-0,32%
|
15%
|
6
|
Put
|
1,11
|
1,12
|
0,7534
|
1,686%
|
-0,351%
|
5%
|
|
Le tableau ci-dessous contient les prix donnés par notre
pricer et le logiciel DerivaGem - Version 4.00, pour chacune des 6
options:
TABLE 2.2 - Comparaison des prix des options.
Option
|
Prix du pricer
|
Prix du logiciel DerivaGem
|
1
|
1,5699%
|
1,5698%
|
2
|
6, 4266%
|
6, 4268%
|
3
|
5,4923%
|
5,4920%
|
4
|
3,8698%
|
3,8696%
|
5
|
8, 9740%
|
8, 9737%
|
6
|
1, 5876%
|
1, 5878%
|
|
Le tableau suivant contient une comparaison des résultats
obtenus pour le calcul des lettres grecques (delta, gamma, vega) entre notre
pricer et le logiciel DerivaGem - Version 4.00 :
TABLE 2.3 - Comparaison des lettres grecques.
Option
|
Pricer
|
Logiciel DerivaGem
|
|
Gamma
|
Vega
|
Delta
|
Gamma
|
Vega
|
1
|
0, 5104
|
10,5484
|
0, 003027
|
0, 5198
|
10, 5404
|
0, 003024
|
2
|
-0, 2298
|
1, 2911
|
0, 004772
|
-0, 3566
|
1, 5876
|
0, 005868
|
3
|
0,6010
|
3,5578
|
0,004227
|
0,6010
|
3,5578
|
0,004227
|
4
|
-0, 3269
|
2, 6828
|
0, 004873
|
-0, 3831
|
2, 8397
|
0, 005158
|
5
|
0,6305
|
2,2374
|
0,004285
|
0,6305
|
2,2374
|
0,004285
|
6
|
-0,4506
|
8,2364
|
0,003822
|
-0,4341
|
8,1860
|
0,003799
|
|
On peut donc remarquer que les valeurs des prix et des
lettres grecques, données par notre pricer, sont très proches de
celles données par le logiciel DerivaGem - Version 4.00. On
pourra donc valider ces résultats.
23
Interface
L'interface utilisateur de notre pricer est
représentée dans la figure 2.7. Dans cette interface,
l'utilisateur peut évaluer plusieurs options en même temps,
chacune dans une ligne Excel, afin de permettre à l'utilisateur
de gagner du temps en effectuant plusieurs opérations à la
fois.
FIGURE 2.7 - Interface de pricing des option
Européennes sur devises.
24
Chapitre 3
Surface de volatilité : Modèle de
Vanna-Volga
De façon générale, le modèle de
Black-Scholes et ses extensions restent l'outil fondamental utilisé par
les traders des options. Cependant, il existe des inconsistances qui rendent
impossible son application directe sur le marché des options:
-- Le modèle de Black-Scholes suppose une
volatilité constante tout au long de la durée de vie de l'option,
ce qui n'est pas le cas dans la réalité.
-- Contrairement à l'hypothèse centrale du
modèle, le prix du sous-jacent ne varie pas de façon continue.
C'est pourquoi le modèle est utilisé comme une
approximation de premier ordre au fonctionnement des marchés.
Dans ce chapitre, nous décrivons les courbes de
volatilité utilisées par les opérateurs des marchés
d'options sur devises. Nous expliquons la relation entre le Smile de
volatilité et la distribution de probabilité risque-neutre de la
valeur future d'un actif. Nous examinons également de quelle
manière ces opérateurs adaptent la volatilité en fonction
de la maturité de l'option, et comment ils utilisent des surfaces de
volatilités comme outils d'évaluation.
3.1 Volatilité historique et volatilité
implicite
Dans le modèle de Black-Scholes, ou de
Garman-Kohlhagen, tous les paramètres sont connus (K, T)
ou observables (S, rd, rf) sauf la
volatilité ó qui doit être estimée, Il y a
plusieurs façons de la calculer.
3.1.1 Volatilité historique
La volatilité historique est calculée à
partir de l'historique des prix du sous-jacent. Le paramètre de
volatilité n'est pas observable mais son estimation empirique est facile
si les rendements sont indépendants et identiquement distribués.
Le calcul n'est pas compliqué, mais la détermination de la
période sur laquelle on veut estimer la volatilité reste
très délicat.
25
Afin d'estimer empiriquement la volatilité d'une action,
des relevés de cours périodiques sont nécessaires.
Notons:
-- n + 1 : Le nombre d'observations.
-- Si : Le cours du sous-jacent au terme du
i-ème intervalle de temps. -- T : La durée des
intervalles de temps en années.
On pose alors:
ui = ln( Si )
Si-1
pour i = 1,2,..., n.
L'estimation, s, de l'écart-type des ui
est donnée par la formule:
s =
soit:
\/
n
1 (ui - u)2 n -
1 ? i=1
s = n(n - 1)(
\/ n - 1 ? u2 i - 1 ?
ui) 1
i=1 i=1
n n
2
où u est la moyenne des ui.
Nous savons que l'écart-type des ui est
égal à crVT . La variable s est donc
un estimateur de crVT. Nous pouvons donc estimer cr
par crà avec:
crà =
s
VT
Il peut être démontré que
l'écart-type de cet estimateur est approximativement égal
à àcr/V2n.
Déterminer une valeur optimale de n reste
très délicat. Généralement, plus le nombre de
données est important, meilleure est la qualité de l'estimation.
Mais la volatilité historique, cr, varie au fil du temps, et la
prise en compte de données trop anciennes n'est pas pertinente pour une
bonne prédiction de la valeur future. Une règle
générale très utilisée consiste à faire
coïncider le nombre de jours sur lequel on se base pour le calcul de la
volatilité historique avec l'horizon d'investissement. Ainsi, si
l'investisseur cherche à estimer une volatilité pour calculer le
prix d'une option d'échéance deux ans, il utilisera des
données quotidiennes relevées sur une période de deux
ans.
3.1.2 Volatilité implicite
En connaissant le prix du marché d'une option, il est
possible d'obtenir une valeur unique pour la volatilité. Il suffit de
trouver la volatilité, notée crimp, telle que
l'estimation donnée par le modèle de Black-Scholes corresponde
à celle du marché. Cette valeur est appelée
volatilité implicite. Plus généralement, la
volatilité implicite d'une option est la volatilité permettant,
quand elle est injectée dans le modèle de Black-Scoles, de donner
le prix de l'option sur le marché.
26
La courbe de volatilité utilisée par les traders
pour évaluer les options sur devises a généralement la
forme d'un sourire, représenté dans la figure 3.1, d'où le
nom Smile. La volatilité est relativement faible pour des
options à la monnaie, et elle s'élève progressivement au
fur et à mesure que l'option devient davantage dans la monnaie ou en
dehors de la monnaie. On peut donc déterminer la distribution de
probabilité risque-neutre du prix d'un actif à
FIGURE 3.1 - Le smile de volatilité pour les options
sur devises, [14].
une date future T à partir du Smile
de volatilité déduit des prix d'options
d'échéance T. Cette loi est appelée distribution
implicite. Le Smile de volatilité de la figure 3.1 correspond
à la distribution de probabilité indiquée en gras dans la
figure 3.2. Une distribution log-normale avec la même moyenne et le
même écart-type est reportée en pointillé dans la
figure 3.2.
On peut voir que la distribution implicite a des
extrémités plus épaisses que celles de la loi
log-normale.
FIGURE 3.2 - La distribution implicite et la distribution
log-normale des taux de change, [14].
27
3.2 Estimation de la volatilité implicite
La volatilité implicite est calculée à
partir des prix de marché des produits les plus liquides et de la
formule théorique d'évaluation d'option. Elle est obtenue en
inversant la formule de Black-Scholes qui donne le prix cBS
du call par rapport au prix cobs du call
observé sur le marché, à un niveau de cours actuel
donné, pour une maturité et un strike donné. Cette
volatilité implicite crimp est donc donnée par la
relation:
cBS(K, T, crimp) =
cobs(K, T)
C'est donc un problème dit inverse et qui
définit bien de manière unique crimp puisque le prix
cBS de Black-Scholes est une fonction strictement
croissante de la volatilité.
Il n'y a pas de formule explicite pour crimp et on a
recours à des méthodes numériques pour la calculer :
Méthode de Newton Raphson, méthodes par
dichotomie, méthode de splines cubiques, modèle de
Vanna-Volga.
Notons que crimp dépend du strike et de la
maturité liés au prix du call observé. Souvent, on calcule
cette volatilité implicite pour différents strikes et/ou
différentes maturités de call et on représente alors son
graphe en fonction du strike et/ou de la maturité.
Dans cette section nous allons présenter
brièvement la méthode de Newton-Raphson, puis nous
allons se concentrer sur le modèle de Vanna-Volga car il est le plus
adapté pour le marché de change.
3.2.1 Méthode de Newton-Raphson
L'algorithme de Newton-Raphson est utilisé pour
trouver une approximation de la solution d'une fonction f(x)
= 0. Le principe étant de partir d'une valeur initiale et d'approximer
le résultat espéré à l'aide de la tangente en ce
point. En effet, une tangente T étant affine, il est facile de
trouver une solution x telle que T(x) = 0. Ainsi on
peut définir la récurrence
suivante:
f(xn)
xn+1 = xn - f
0(xn)
La figure 3.3 représente le principe de cette
méthode:
FIGURE 3.3 - Principe de le méthode de
Newton-Raphson.
Afin de calculer la volatilité implicite à l'aide
de la méthode de Newton-Raphson, on cherchera donc à minimiser la
fonction suivante:
f(wimp) = cBS(K, T, wimp) -
cobs(K, T)
A chaque itération il faut calculer wn+1
à partir du wn obtenu dans l'itération
précédente, tel que:
wn+1 = wn
cBS(K, T, wn) -
cobs(K, T)
c0 BS(K, T,
wn)
Or, dériver cBS(K, T, wimp) -
cobs(K, T) par rapport à wimp revient
à calculer le Vega défini dans le chapitre
précédent, on peut donc réécrire l'équation
sous la forme:
wn+1 = wn
|
cBS(K, T, wn) -
cobs(K, T)
|
|
|
Ci-dessous l'algorithme de Newton-Raphson:
Algorithm 1: Algorithme de Newton-Raphson.
wimp ? w0 e ? 10-4
while cBS(K, T, wimp)
- cobs(K, T) = e do
wimp ? wimp
cBS(K,T,wimp)-cobs(K,T)
c0 BS(K,T,wimp)
end
return wimp
28
3.2.2 Méthode de Vanna-Volga
La méthode de Vanna-Volga est une méthode
populaire d'interpolation/extrapolation des smiles de
volatilité. Cette technique est largement utilisée dans le
contexte des marchés des changes, en raison de sa capacité
à construire de manière cohérente tout le smile
de volatilité en utilisant seulement trois cotations de
marché.
Cette méthode consiste à ajouter une correction
au modèle de Black-Scholes, pour ce faire, la méthode utilise les
cotations les plus liquides sur le marché, généralement
des options à la monnaie, des stratégies Risk Reversal
et Butterfly (un chapitre sera consacré à ces
stratégies de couverture). Elle consiste ensuite à construire un
portefeuille de couverture qui annule le Vega, Vanna et Volga de l'option du
modèle de Black-Scholes. Le choix de ces lettres grecques est lié
au fait qu'ils offrent tous une mesure de la sensibilité de l'option par
rapport à la volatilité, et donc le portefeuille de couverture
construit vise à prendre l'effet du smile en compte.
Le smile de volatilité est fonction du
strike K. Sur les marchés de change, les stratégies les
plus liquides sont:
-- Straddle : C'est une stratégie
consistant à acheter ou à vendre un put et un call sur le
même sous-jacent, avec les mêmes dates d'échéance et
prix d'exercice.
-- Strangle : Il s'agit en effet d'une
variation du straddle, et qui correspond à acheter et un call et un put
sur le même sous-jacent, même échéance, et ayant des
prix d'exercice
différents, traditionnellement, le strike du call est au
dessus du strike du put.
29
Butterfly : C'est une stratégie qui
combine l'achat et la vente de 3 options de mêmes types (calls ou puts)
et qui portent sur le même sous-jacent, ayant les mêmes
échéances, mais 3 prix d'exercice différents K1,
K2 et K3 tels que : K1 < K2 <
K3. Le butterfly se compose donc de l'achat d'une option de strike
K1, la vente de 2 options de strike K2 et l'achat d'une option de
strike K3.
Normalement, les brokers cotent les
volatilités au lieu des prix direct des instrument financiers. Elles
sont exprimées en fonction de 0, par exemple, une volatilité
à 250-call ou put fait référence à la
volatilité aux strikes Kc, Kp
qui satisfait 0call(Kc, U(Kc)) =
0, 25 et 0put(Kp, U(Kp)) = -0,
25 respectivement. Les cotations les plus liquides de la volatilité sont
:
La volatilité à la monnaie : UATM
La volatilité 250-Risk Reversal (RR) : URR
La volatilité 250-Butterfly (BF) : UBF
La volatilité óATM
Elle est cotée sur le marché pour un Straddle
à la monnaie de delta 0%. Le delta de ce Straddle est la somme des
deltas du call et du put qui le composent : 0(c) + 0(p) =
0%
La volatilité óRR
Elle est estimée comme étant la
différence entre la volatilité d'un call et celle d'un put. Il
est convenu d'utiliser un call et un put de delta égal à 25% en
valeur absolue pour calculer cette volatilité :
URR = U250c -
U250p
La volatilité óBF
Elle est égale à la différence entre la
volatilité d'un Strangle, qui est la moyenne des volatilités du
put et du call de deltas respectivement -25% et 25%, et la volatilité
à la monnaie :
UBF
2
UBF
2
Calcul de la volatilité implicite On peut
déduire que :
U250c = UATM +
UBF + U250p = UATM +
UBF
Notons KATM, K250c
et K250p les strikes correspondant
aux volatilités UATM, U250c et
U250p respectivement. On peut monter que :
KATM = S0 e(rd-rf
+U2
AZM)T
(rd-r c
M)T-N-1(0,25erf
T)az50c\T
K250c = S0 e f +
30
K254 = S0 e(rd
--rf+°ZAZM)T-N-1(-0,25e'fT+1)vz5op\T
Nous avons ainsi 3 couples
:(ó25Äp, K25Äp),
(óATM, KATM) et
(ó25Äc, K25Äc). Pour des
raisons de simplification on les notes : (ó1, K1),
(ó2, K2) et (ó3, K3)
respectivement.
Le modèle de Black-Scholes permet de donner le prix
d'une option. Sous les hypothèses du modèle, l'utilisation d'une
stratégie delta-neutre pour cette option permet de se couvrir contre le
risque lié à la variation du prix du sous-jacent, ceci supposons
que la volatilité est une donnée constante durant la vie de
l'option.
Dans la réalité du marché, afin de
contourner l'imperfection du modèle Black-Scholes au niveau de la
volatilité, les traders couvrent ce risque en construisant un nouveau
portefeuille.
Soit Ð un portefeuille constitué de :
La vente d'un call cK de strike K.
L'achat d'une quantité Ä du sous-jacent.
L'achat de 3 calls cKi de strikes
Ki, en proportions ùi, avec i = {1, 2,
3}.
On a donc:
|
|
3
|
|
|
Ð = cK - ÄS -
|
?
i=1
|
ùicKi
|
|
On choisit Ä et ùi de telle sorte que notre
portefeuille vérifie le système suivant :
Vega-neutre : ?Ð?ó =
0
Vanna-neutre : ?2Ð ?ó?S
= 0
Volga-neutre : ?2Ð
?2ó = 0
La solution de ce système est :
ù1 =
|
V(cK)
V(cK1)
|
ln(K2 K
)ln(K3 K )
ù2 =
ln(K2 K1
)ln(K3 K1 )
|
V(cK)
V(cK2)
|
ln(K1 K
)ln(K3 K )
ù3 =
ln(K2 K1
)ln(K3 K2 )
|
V(cK)
V(cK3)
|
ln( K1K)ln(K2
K )
|
|
ln(K3
K1 )ln(K3
K2 )
(3.1)
|
Avec : V(cKi) =
Vega(cKi)
Une volatilité notée í,
déduite à partir de la méthode de Vanna-Volga, pour un
call de strike K est obtenue en ajoutant le prix du modèle de
Black-Scholes au coût de la mise en place de la couverture ci-dessus :
3
c(K, í) =
c(K, ó) + ?
ùi(c(Ki, ói) -
c(Ki, ó)) (3.2)
i=1
Avec c(K, ó) est le prix,
par le modèle de Black-Scholes, d'un call de strike K et de
volatilité constante ó.
Une courbe de volatilité implicite peut être
construite en inversant l'équation (3.2), pour chaque valeur de
strike K.
Approximation au 1er ordre de la
volatilité implicite On utilise l'approximation suivante :
c(Ki, ói) - c(Ki, ó)
(ói - ó)V(cKi)
On a donc:
3
c(K, í) c(K, ó) + L
ùi(ói - ó)V(cKi)
i=1
En substituant les ùi les résultats de
(3.1), et en utilisant le fait que V(cK) = a donc:
|
3
L
i=1
|
ùiV(cKi), on
|
3
c(K, í) c(K, ó) + V(cK)(
L yiói - ó) c(K, ó) + V(cK)(í -
ó) i=1
Avec :
3
í = L yiói (3.3)
i=1
Est l'approximation au 1er ordre de la
volatilité implicite í pour le strike K, et les
coefficients yi sont donnés par :
ln(K2 K )ln(K3
K )
y2 =
ln(K2 K1
)ln(K3 K1 )
ln(K2 K )ln(K3
K )
y3 =
ln(K2
K1)ln(K3 K2 )
y1 =
(3.4)
ln(K3
K1 )ln(K3
K2 )
ln(K1 K )ln(K2
K )
Cela montre que la volatilité implicite í
peut être approximée par une combinaison linéaire des
trois smiles de volatilité ói
Approximation au 2nd ordre de la
volatilité implicite
Une approximation au second ordre plus pertinente, peut
être obtenue en utilisant l'approxi-mation suivante :
c(K, í) c(K, ó) +
V(cK)(í - ó) + 2Vó(cK)(í -
ó)2
1
c(K, ó) +
|
3
L
i=1
|
ùi(V(cKi)(ói - ó) +
2Vó(cKi)(ói -
ó)2)
1
|
Avec :
V(cKi)d1(Ki)d2(Ki)
Vó(cKi) = ó
Donc :
1 V(cK)d1(K)d2(K)
V(cK)(í - ó) + (í -
ó)2
2 ó
3
- V(cK)ó + V2U)
Lyid1(Ki)d2(Ki)(ói -
ó)2
i=1 i=1
V(cK)
3
(
1d1(K)d2(K)(í -
ó)2 + (í - ó) - í - ó +
2 ó
|
3
L
i=1
|
yid1(Ki)d2(Ki)(ói -
ó)2
|
~
0
|
|
2ó
|
31
D'où :
La résolution de cette équation quadratique donne
l'approximation au second ordre de la volatilité implicite:
d1(K)d2(K)
Avec cr souvent prise égale à
cr2 et y représente l'approximation au premier ordre
de l'équa-tion (3.3).
y = cr +
s ( 3
-cr + cr2 + 2cr(y - cr)
+ ? yid1(Ki)d2(Ki)(cri - cr)2)
d1(K)d2(K) i=1
(3.5)
3.3 Application
Après avoir présenté les notions
théoriques derrière la méthode de Vanna-Volga, nous allons
maintenant les appliquer pour développer un outil qui permet de calculer
la volatilité implicite de l'EURUSD pour un strike K et une
maturité T données.
L'outil à été développé sous
Python, il a été ensuite utilisé comme
étant une fonction Excel à l'aide d'un outil qui permet
de relier les deux plateformes.
Les inputs de cette outil sont le strike K et la
maturité T, il permet ensuite de faire une interpolation
bilinéaire par rapport à ces deux variables.
Comme nous avons mentionné dans la section
précédente, les cotations utilisés pour la méthodes
de Vanna-Volga sont : crATM, crRR et
crBF. Les données de ces trois cotations sont
représentées dans la figure 3.4, pour des maturités allant
jusqu'à 10 ans.
32
FIGURE 3.4 - Données du marché pour les 3
volatilités crATM, crRR et
crBF.
En plus du smile de volatilité, les traders
tiennent compte de la structure par termes des volatilités lorsqu'ils
évaluent des options. Concrètement, la volatilité
utilisée pour évaluer une option à la monnaie
dépend de la durée de vie de cette option. Elle tend à
être une fonction croissante de la maturité lorsque les
volatilités historiques à court terme sont faibles. Cela traduit
le fait que les opérateurs anticipent une hausse de la
volatilité. Symétriquement, la
volatilité tend à être une fonction
décroissante de la maturité lorsque les volatilités
historiques à court terme sont élevées. Cela traduit
également l'anticipation d'une baisse future de la volatilité.
Une surface de volatilité combine les smiles
de volatilité et la structure par termes des volatilités, elle
est souvent présentée sous la forme d'un tableau donnant les
volatilités implicites en fonction du prix d'exercice et de la
durée de vie. Un exemple de surface de volatilité pour l'EURUSD
est représentée dans la figure 3.5.
FIGURE 3.5 - Matrice de volatilité pour l'EURUSD.
Une des dimensions de ce tableau est le prix d'exercice,
l'autre la durée de vie résiduelle de l'option. Les
éléments du tableau donnent les différentes valeurs de
volatilité implicite calculées par la méthode de
Vanna-Volga. Pour chaque maturité, certaines données
correspondent à des options liquides pour lesquelles les prix de
marché sont fiables. Les autres éléments du tableau sont
calculés par interpolation linéaire.
La surface de volatilité qui correspond à ce
tableau est représentée dans la figure 3.6.
FIGURE 3.6 - Surface de volatilité pour l'EURUSD.
33
34
Les smiles de volatilité correspondant à
chaque maturité sont représentés dans la figure 3.7.
FIGURE 3.7 - Smiles de volatilité pour
l'EURUSD.
On peut dire que l'impact, sur les options, des variations
extrêmes et de l'instabilité de la volatilité du
sous-jacent dépend de l'échéance des options. L'impact
relatif de l'instabilité de la volatilité sur les cours des
options croît avec la durée de vie de l'option, mais le Smile
de volatilité créé par l'instabilité de la
volatilité devient généralement moins prononcé.
35
Chapitre 4
Pricing des options Américaines sur
devises
Après avoir présenté les options
Européennes sur devises, nous allons consacrer ce chapitre au options
Américaines sur devises. Ces options donnent à leur
détenteur le droit de les exercer à n'importe quelle date avant
l'échéance de l'option.
Ce chapitre examine d'abord les caractéristiques des
options Américaines, puis présente quelques méthodes
utilisés afin de les évaluer, sachant qu'elle n'existe pas une
formule fermée qui donne le prix exact d'une option Américaine.
Nous allons utiliser une approche par la méthode des différences
finies afin de résoudre l'EDP de Black-Scholes, ensuite, nous allons
présenter trois autres modèles qui permettent de donner des
formules fermées approximatives pour évaluer les options
Américaines.
4.1 Généralités sur les options
Américaines
4.1.1 Définition
Une option Américaine donne à son
détenteur le droit de l'exercer à tout instant à partir de
la date d'ouverture initiale jusqu'à la date d'échéance.
Elle est donc plus flexible qu'une option Européenne ce qui explique le
fait qu'elle est plus chère.
La valeur Ct d'un call Américain à
l'instant t peut donc s'écrire:
Ct = ct + ec,t
Avec ct est la valeur d'un call Européen
correspondant et ec,t est la prime d'exercice
prématuré. De même on pourra écrire la
valeur d'un put Américain Pt à l'instant t
comme suit:
Pt = pt + ep,t
Avec pt est la valeur d'un call Européen
correspondant et ep,t est la prime d'exercice
prématuré.
36
4.1.2 L'exercice anticipé d'un call
Cas d'absence de dividendes
Nous allons montrer qu'il n'est jamais optimal d'exercer un call
Américain sur un sous-jacent ne versant pas de dividendes.
On peut montrer que:
c > S0 _ Ke_rT
Puisque les détenteurs d'options Américaines
disposent d'opportunités d'exercice plus avantageuses que les
détenteurs d'options Européennes équivalentes, la valeurs
des calls Américains est supérieure ou égale à
celle des calls Européens:
C > c
et par conséquent:
C > S0 _ Ke_rT
Sachant que r > 0, il en découle que C
> S0 _ K. S'il était optimal d'exercer plus tôt, on aura
C = S0 _ K. Nous pouvons donc en déduire qu'il n'est jamais
optimal d'exercer par anticipation en cas d'absence de dividendes.
Cas de présence de dividendes
Les dividendes entraînent une baisse des cours à
la date de détachement. Leur annonce est une mauvaise nouvelle pour la
valeur des calls. Par conséquent, lorsqu'un dividende est attendu,
l'exercice prématuré du call Américain peut être
optimal juste avant la date de détachement du dividende. Il n'est
cependant pas optimal d'exercer à un autre moment.
4.1.3 L'exercice anticipé d'un put
Il peut être optimal d'exercer
prématurément un put Américain portant sur un sous-jacent
ne versant pas de dividendes. En effet, à tout moment un put devrait
être exercé s'il est suffisamment dans la monnaie.
Pour démontrer la condition d'exercice optimal d'un put
Américain, on utilisera la parité call-put:
p = c + Ke_rT _ S0
En ajoutant et en soustrayant K dans cette
équation, on peut écrire:
p = K_S0+c_K(1 _ e_rT)
Si le sous-jacent ne verse pas de dividendes, le prix d'un
call Européen sera donc égal au prix d'un call Américain
correspondant, c = C, l'équation devient:
p = K _ S0 + C _ K(1 _ e_rT)
Quand C > K(1 _ e_rT) on a p > K _
S0, donc:
P > p > K _ S0
Donc l'exercice anticipé n'est pas optimal sous cette
condition.
37
38
En général, l'exercice anticipé d'un put
devient d'autant plus intéressant lorsque S0 baisse, r
augmente et que la volatilité cT diminue.
4.2 Méthode des différences finies
La méthode des différences finies peut
être utilisé pour évaluer les produits
dérivés à travers la résolution de
l'équation aux dérivées partielles (EDP), satisfaite par
le prix de ces actifs. Pour cela l'EDP est convertie en un ensemble
d'équation de différence, ces équations sont ensuite
résolues de manière itérative.
Dans cette section, nous allons appliquer la méthode
des différences finies pour l'évaluation d'options
Américaine sur devises. Cette option doit vérifier l'EDP
(2.15),déjà démontrée plus haut:
a at f + (rd - rf )S a f (4.1)
aS + 1 2cT2S2 a2
f
aS2 = rd f
Discrétisation
Considérons tout d'abord un maillage en espace (qui
représente le prix du sous-jacent) et en temps, nous nous en servons
pour écrire le schéma numérique nécessaire à
la résolution.
Discrétisation en temps
La durée de vie de l'option, T, est
divisée en N intervalles de durées:
T
L\t = N
Nous avons donc:
tn = nL\t Vn E [0, N]
Discrétisation en espace
Notons Smax un taux de change suffisamment
élevé pour qu'une fois celui-ci atteint, l'option n'ait
virtuellement aucune valeur. L'intervalle [0, Smax]
est aussi divisé en M intervalles de longueur:
Smax
L\S = M
On considère donc M + 1 taux de change
régulièrement espacés:
Sn = nL\S Vn E [0, M]
La valeur de Smax doit être choisie
de façon que l'un de ces taux de change soit le taux de change spot de
la devise sous-jacente.
Schéma numérique
Les dates et les taux de change définissent une grille
de dimension (N + 1) x (M + 1),
représentée dans la figure 4.1. Le point (i, j)
de la grille correspond à la date iL\t et au taux de
change jL\S, et fi,j désigne la
valeur de l'option en ce point.
FIGURE 4.1 - Représentation du schéma
numérique de résolution, [14].
Schéma explicite des différences
finies
Dans le schéma explicite, pour tout point intérieur
(i, j) de la grille, on peut approximer af/aS
par :
af aS
fi+1,j+1 - fi+1,j-1 =(4.2)
20S
L'approximation de a2f
/aS2 par différences finies peut être
donnée par :
a2f
aS2 =
|
fi+1,j+1 - 2fi+1,j
+ fi+1,j-1 (4.3)
20S2
|
Pour af/at l'approximation suivante est retenue
:
af at
|
fi+1,j - fi,j
=(4.4)
0t
|
En substituant les équation (4.2), (4.3) et (4.4) dans
l'équation aux dérivées partielles (4.1) et en remarquant
que S = j0S, on obtient
fi+1,At f +
(rd - rf )j0Sfi+1,j+20S -1
+1
02j20S2 fi+1,j+1
- 220S2j rdfid
j
pour j = 1,2, , M - 1 et i = 0,1, ,
N - 1.
Un réarrangement des termes conduit à :
fi,j = aj
fi+1,j-1 + bj
fi+1,j + cj fi+1,j+1
(4.5)
avec :
aj = 1 + r0t(-
12(rd-rf)j0t+12~2j20t)
39
( )
1
bj = 1 -
ó2j2Lt 1 +
rLt
cj =
1 (1 )
2(rd - rf )jLt + 1
2ó2j2Lt
1 + rLt
La figure 4.2 représente la différence entre le
schéma explicite et le schéma implicite.
FIGURE 4.2 - Différence entre le schéma implicite
et le schéma explicite.
Le schéma implicite donne une relation entre trois
valeurs différentes de l'option à la date iLt qui sont
fi,j-1, fi,j et
fi,j+1, et une valeur de l'option à
la date (i + 1)Lt qui est fi+1,j.
Par contre, le schéma explicite donne une relation entre la valeur
de l'option à la date iLt qui est fi,j et
trois valeurs différentes de l'option à la date (i +
1)Lt qui sont fi+1,j-1, fi+1,j
et fi+1,j+1
L'avantage de la méthode implicite est qu'elle est
indéfiniment stable, mais elle nécessite la résolution
d'un système de M - 1 équation, à chaque pas du
temps, afin de déterminer la valeur de fi,j
à partir des fi+1,j. Pour cette
raison on a choisi d'utiliser la méthode explicite afin de simplifier
les calculs, mais cette méthode nécessite une étude de
stabilité.
Conditions initiales et aux limites
Conditions initiales
Puisque nous avons utilisé un schéma
rétrograde, la condition initiale correspond à la condition
à la date d'expiration de l'option.
-- Pour un call : À la date t =
T on a :
fN,j = max(S - K;0)
= max(jLS - K;0) j = 0,1, , M
(4.6)
-- Pour un put : À la date t =
T on a :
fN,j = max(K - S;0)
= max(K - jLS;0) j = 0,1, , M
(4.7)
40
Conditions aux limites
On suppose qu'il n'existe pas de convexité aux bords, de
sorte que les valeurs aux bords n'affectent pas les calculs de manière
significative, on impose pour cela les conditions Zero-Gamma aux deux
extrémités de l'espace, on a : ?2 f
?S2 = 0 pour j = 0 et j = M,
on aura donc:
fi,0 - 2 fi,1 +
fi,2 = 0 (4.8)
fi,M-2 - 2fi,M-1 +
fi,M = 0 (4.9)
Formulation matricielle
Afin d'implémenter le code de résolution
numérique de l'EDP avec le schéma explicite, il nous faut tout
d'abord faire la formulation matricielle de l'équation (4.5).
La formulation matricielle de l'équation (4.5) et des
condition initiales et aux bords est donnée par:
Fi = AFi+1 + Ki+1 (4.10)
?
? ? ? ? ? ?
Avec i = 0,1, , N - 1 et
fi,1
Fi =
fi,2
...
..
.
i,M-1
Ki+1 =
|
?
? ? ? ? ? ?
|
a1 fi+1,0
0
...
...
cM-1 fi+1,M
|
?
? ? ? ? ? ?
|
A = ? 0 a3 b3 ···
··· 0 0
?b1 c1 0 ···
··· 0 0
? ? a2 b2 c0 ···
··· 0 0
? ? .
? .. ....
0 0 0 · · · ··· aM-1
bM-1
. . ....
. ..
. . ... ?
? ? ? ? ? ?
Stabilité et convergence
La méthode de différences finies traitée
ci-dessus est stable et fiable sous certaines conditions. En effet, pour une
équation aux dérivées partielles bien posée, un
schéma d'approxi-mation numérique convergent nous donnera sa
vraie solution, tant que le schéma est stable. Les paragraphes suivants
décrivent ce que l'on entend par chacun de ces termes techniques:
schéma numérique bien posé, convergent et stable.
Il faut d'abord déterminer si le problème
mathématique pour lequel une solution est recherchée a non
seulement une solution, mais aussi si cette solution est facile à
trouver. On sait qu'un tel problème est bien posé, et ces
problèmes ont généralement une solution qui change peu
lorsqu'on se déplace dans son voisinage à petits pas . Les
mathématiciens appellent cela stable sous l'effet de petites
perturbations. Le fait que notre problème de pricing des options
est bien posé est intuitivement évident:
L'économie derrière nous dit qu'il n'y aura qu'un seul prix pour
le contrat d'option à un et ce prix évoluera lentement en
fonction des petites variations des variables économiques.
Un schéma numérique est dit convergent si, au
fur et à mesure que la taille du maillage et les tailles des pas de
temps diminuent, le schéma de différences finies se rapproche de
plus en plus des équations différentielles qui tentent de
l'approcher. Nous avons donc choisi une bonne discrétisation du
problème considéré. C'est également le cas pour le
schéma de différences finies explicite pour déterminer les
prix des options ci-dessus. Au fur et à mesure que la taille des pas
devient de plus en plus petite, nos approximations des dérivés
s'améliorent.
En passant du problème à la méthode
d'approximation que nous adoptons, nous trouvons que les idées de
stabilité sont également importantes. La stabilité d'une
méthode d'approxi-mation mise en oeuvre fait référence
à l'impact que de petites erreurs dans la méthode ont sur les
résultats. Si ces petites erreurs peuvent produire de grandes
fluctuations dans les résultats - en déplaçant la solution
approximative loin de la vraie solution - alors la méthode a une faible
stabilité. Un système de différences finies efficace doit
donc satisfaire les conditions de stabilité.
Lemma 4.2.1. On peut montrer que le
schéma explicite des différences finies est stable ssi
0 < (ÄS)2 = 1
Ät
2
Lemma 4.2.2. On peut montrer que le
schéma implicite des différences finies est stable ssi
Ät
0 < (ÄS)2
D'après le lemme 4.2.1 et le lemme 4.2.2, nous savons
que la méthode implicite est toujours stable pour l'EDP de Black-Scholes
car Ot et OS sont tous deux positifs, mais la méthode
explicite n'est pas toujours stable. Ainsi, la stabilité et la
précision de ces deux méthodes à différences finies
exigent que ces conditions soient satisfaites pour les valeurs assez petites de
Ot et OS.
Résolution
Pour évaluer les options Américaines à
l'aide de la méthode des différences finies nous devons faire
respecter l'exigence selon laquelle, à chaque noeud, la valeur de
l'option est supérieure à son payoff (valeur
intrinsèque) à cet instant.
Cas d'un call
La valeur d'un call Américain, à chaque instant
i, doit vérifier la condition suivante:
fi,j ~ max(jÄS -
K;0)
car sinon, l'exercice à la date à la date T
- iÄt est optimal. Donc:
fi,j = max(max(jÄS
- K;0); aj fi+1,j-1 +
bj fi+1,j + cj
fi+1,j+1)
41
42
Cas d'un put
La valeur d'un put Américain, à chaque instant
i, doit vérifier la condition suivante:
fi,j = max(K -
jÄS;0)
car sinon, l'exercice à la date à la date T
- iÄt est optimal. Donc:
fi,j = max(max(K - jÄS;
0); aj fi+1,j-1 + bj
fi+1,j + cj
fi+1,j+1)
4.3 Approximation de Barone-Adesi et Whaley (1987)
Barone-Adesi et Whaley (1987) [2] écrivent le prix de
l'option Américaine comme la somme du prix de l'option Européenne
correspondante et d'une quantité appelée prime d'exer-cice
anticipé. Le prix de l'option Européenne est donné par la
formule de Black-Scholes et la prime d'exercice anticipé est
approximée par la solution d'un problème à
frontière libre pour une équation différentielle
ordinaire. Cette équation différentielle ordinaire est obtenue en
ignorant le terme de la dérivé par rapport au temps dans
l'équation aux dérivées partielle satisfaite par la prime
d'exercice anticipé.
Barone-Adesi et Whaley donnent une formule simple pour la
solution du problème à frontière pour une équation
différentielle ordinaire. De plus, ils déterminent une
approximation de la frontière libre en résolvant
numériquement une équation non linéaire qui dépend
de la variable temporelle comme paramètre. Cette solution approximative
du problème de pricing des options Américaines est appelé
approximation quadratique de Barone-Adesi et Whaley, elle est largement
utilisé sur les marchés financiers par les praticiens.
L'approximation quadratique donnée par Barone-Adesi et
Whaley sera utilisée pour évaluer des calls et des puts
Américains sur devises. Le modèle est rapide et précis
pour la plupart des valeurs d'entrée pratiques. Pour une
démonstration détaillé des formules, se
référer à Barone-Adesi, G. and Whaley, R.E. (1987)
[2].
Call Américain sur devises
Le prix d'un call Américain est donnée par:
f
c(S, K, T) +
A2(S/S*)q2 si S <
S*
C(S, K, T) = S - K si S
= S*
Avec c(S, K, T) est le prix d'un
call Européen correspondant, donnée par la formule de
Black-Scholes, et
S*
A2 = (1 - e-rf
TN(d1(S*))) q2
d1(S) =
|
ln(S/K) + (rd - rf +
ó2/2)T
v
ó T
|
43
q2 =
|
\
-(N - 1) + (N - 1)2
+ 4M/X
2
|
2rd
M= N =
0-2
|
2(rd - rf)
|
X = 1 - e-rdT
|
0-2
|
Put Américain sur devises
(
p(S, K, T) +
A1(S/S**)q1 si S
> S**
P(S, K, T) =
K - S si S = S**
Avec p(S, K, T) est le prix
d'un put Européen correspondant, donnée par la formule de
Black-Scholes, et
S**
A1 = (1 - e-rf
TN(-d1(S**))) q1
q1 =
\
-(N - 1) - (N - 1)2 +
4M/X
2
Pour le call Américain, S* est le prix
critique du sous-jacent qui vérifie :
S*
S* - K = c(S*,
K, T) + (1 - e-rf
TN(d1(S*)))
(4.11) q2
Même si S* est le seul inconnu dans
l'équation (4.11), il doit être déterminé de
manière itérative. Pour commencer, nous allons commencer par
calculer les deux cotés de l'équation (4.11) pour une valeur
initiale S1. Notons :
LHS(Si) = Si - K
Si
RHS(Si) = c(Si, K,
T) + (1 - e-rf
TN(d1(Si)))
q2
Nous allons utiliser l'algorithme de Newton-Raphson,
décrit plus haut, pour résoudre cette équation.
La pente de RHS en Si est :
?RHS
|
1 1 1 C e-rf
Tn(d1(Si))~
= bi = e-rf
TN(d1(Si))(1 - ) + -
v
q2 q2 0- T
|
?Si
|
où n(.) est la fonction densité de la loi
normale.
Étant donnée une valeur initiale Si, il
en découle directement de la méthode Newton-Raphson que la
prochaine et meilleure estimation, Si+1, est :
K - RHS(Si) - biSi
Si+1 =
1 - bi
La procédure itérative doit se poursuivre
jusqu'à ce que l'erreur relative absolue se situe dans un niveau de
tolérance acceptable. Par exemple :
|LHS(Si -
RHS(Si| < 10-5 K
44
Pour le put Américain, S** est le prix
critique du sous-jacent qui vérifie :
S**
K - S** =
p(S**, K, T) - (1 -
e-rf
TN(-d1(S**)))
(4.12) q1
Notons :
VS(Sj) = K - Sj
Sj
HS(Sj) = p(Sj, K,
T) - (1 - e-rf
TN(-d1(Sj)))
q1
La pente de HS en Sj est :
?HS ?Sj
= bj = -e-rf
TN(-d1(Sj))(1 - 1) 1
(1 + e-rf Tn(-d1(Sj)))
-
v
q1 q1 ó T
Étant donnée une valeur initiale Sj, il en
découle directement de la méthode Newton-Raphson que la prochaine
et meilleure estimation, Sj+1, est :
Sj+1 =
|
K - HS(Sj) + bjSj 1 +
bj
|
Comme toujours avec l'utilisation de la méthode
Newton-Raphson, nous avons besoin d'une valeur de départ. Barone-Adesi
et Whaley suggèrent d'utiliser :
v ( K )
S* 1 = K + (S*(co)
- K)(1 - eh2) avec h2 =
-((rd - rf)T + 2ó T)
S*(co) - K
Si* = S**(co) + (K
-
S**(co))eh1
avec h1 = ((rd - r)T -
2cr.\/T) ( )
f K -
SK**(co)
Avec S(co) est le prix critique du sous-jacent
quand la date d'échéance tend vers l'infini :
S*(co) =
|
|
|
|
|
K
|
1
|
-
|
2(-(N
|
-
|
1)
|
+ (N - 1)2 + 4M)-1
/
-K
|
S**(co)
1
|
-
|
2(-(N
|
-
|
1)
|
/(N - 1)2 +
4M)-1
|
4.4 Approximation de Bjerksund et Stensland (1993)
L'approximation de Bjerksund et Stensland (1993) [6] peut
être utilisée évaluer des options Américaines sur
actions, futures et devises. La méthode est analytique et
extrêmement efficace et économique sur le plan informatique.
L'approximation de Bjerksund et Stensland est basée sur une
stratégie d'exercice correspondant à une frontière plane
X (prix de déclenchement).
45
Les résultats numériques montrent que le prix
donnée par l'approximation est très proche de la véritable
valeur de l'option. Pour les options à court terme, la méthode
est aussi précise que l'approximation quadratique par Barone-Adesi et
Whaley, alors que cette méthode méthode est nettement plus
performante avec les options à long terme. Cependant, une approximation
encore plus précise est l'approximation de Bjerksund et Stendsland
(2002) [7] qui sera bientôt présentée. Pour une
démonstration détaillé des formules, se
référer à Petter Bjerksund and Gunnar Stensland
Colsed-Form Approximation Of American Options (1993) [6].
Call Américain sur devises
Il est bien connu dans la littérature que la valeur
d'une option peut être représentée comme
l'espérance, dans l'univers risque-neutre, du payoff
actualisé au taux sans risque.
Considérons un call Américain ayant une
maturité T est un strike K. Pour une stratégie
d'exercice donnée, représentée par un temps d'arrêt
ô ? [0, T], la valeur de cette option pour
cette stratégie est donnée par:
C =
E0(e-rdômax(Sô
- K;0))
En conséquence, le prix d'un call Américain est:
C(S, K, T,rd,rf,
ó) = sup
E0(e-rdômax(Sô
- K;0))
ô?[0,T]
Bjerksund et Stensland (1993) obtiennent la valeur du call
Américain sous réserve d'un exercice anticipé lorsque le
prix de l'actif sous-jacent atteint une frontière plane X > K
par le bas. Le call Américain peut être
décomposé de :
-- Un call Européen up-and-out avec une
barrière knock-out X, de strike K et de
maturité T.
-- Un rabais X - K réceptionné
à la date du knock-out si l'option atteint la barrière
knockout avant sa date de maturité.
L'approximation d'un call Américain donnée par
Bjerksund et Stensland (1993) est:
C = C(S, K, T, rd,
rf, ó)
où
C = áSâ - áÖ(S,
T, â, X, X) + Ö(S, T,1,
X, X) - Ö(S, T,1, K,
X)
- KÖ(S, T, 0, X, X) +
KÖ(S, T, 0, K, X) (4.13)
Avec:
á = (X -
K)X-â
(1 \ (rd - rf
\2
2 - rd - rf + 2rd
â = + ó2 - 1
ó2 2 ó2
La fonction Ö(S, T, ã,
H, X) est donnée par:
\ê (
Ö(S, T, ã, H,
X) = eëSã( ( X d - 2ln(X/S)
\\
N(d) - N v
S ó T
46
( 2ã(ã -
1)ó2)
ë = - rd + ã(rd -
rf ) + 1 T
d=
( 2)ó2)
ln(S/H) + rd - rf +
(ã - 1 T
ê =
v
ó T
2(rd - rf)
ó2 + (2ã - 1)
La frontière libre X est définie par:
X = B0 + (B8 -
B0)(1 - eh(T))
v ( B0 )
h(T) = -((rd - rf )T
+ 2ó T) B8 - B0
B8 = â
â - 1K
( )
K; rd
B0 = max K
rf
Si S = X, il est optimal d'exercer l'option
immédiatement, et sa valeur doit être égale à la
valeur intrinsèque S - K. En revanche, si rf
= 0, il ne sera jamais optimal d'exercer le call Américain avant
l'expiration, et sa valeur peut être déduite de la formule de
Black-Scholes.
Put Américain sur devises
Le prix d'un put Américain peut être
déduit de la formule d'approximation donnée dans
l'équation (4.13) pour un call Américain, le prix est
donnée par la transformation suivante:
P(S, K, T, rd,
rf, ó) = C(K, S,
T, rf, rd, ó) (4.14)
Avec C(.) est la valeur d'un call Américain
sur devises avec un taux sans risque domestique rd et un taux sans
risque étranger rf. En utilisant cette transformation, il n'est
pas nécessaire de développer une formule séparée
pour évaluer un put Américain.
4.5 Approximation de Bjerksund et Stensland (2002)
L'approximation de Bjerksund et Stensland (2002) [7] divise le
temps jusqu'à la maturité en deux parties, chacune ayant une
frontière d'exercice plane distincte. Il s'agit donc d'une simple
généralisation de l'algorithme de Bjerksund et Stensland (1993).
La méthode est rapide et efficace et devrait être plus
précise que les approximations de Barone-Adesi et Whaley (1987) et de
Bjerksund et Stensland (1993). Pour une démonstration
détaillé des formules, se référer à
Petter Bjerksund and Gunnar Stensland Colsed-Form Valuation Of American
Options (2002) [7].
47
Call Américain sur devises
Cette section étend l'approximation de la
frontière plane, mentionnée dans la section
précédente, en permettant une frontière plane X
qui sera valide de la date 0 à la date t, et une autre
frontière plane x valide de la date t à la date
T, avec 0 < t < T. Il est bien connu que la
frontière optimale est une fonction décroissante (et concave) du
temps, d'où on choisi X > x > K.
La frontière d'exercice pour le call est
composée des lignes en gras de la figure 4.3. On peut voir que la
frontière d'exercice peut être vue comme des escaliers ayant 2 pas
différents. La ligne verticale pointillée dans la figure 4.3
représente la frontière de non-exercice, qui correspond à
l'exercice non-prématuré de l'option.
FIGURE 4.3 - Frontière d'exercice [7]. On défini le
temps d'arrêt par :
ô = inf {{ inf : Sô >
X}, { inf : Sô > x}, T }
ôE[0,8[ ôE[t,8[
La valeur d'un call Américain pour cette stratégie
est :
C(S, K, T, rd,
rf, ó, X, x, t) =
E0(e-rdômax(Sô -
K; 0))
Bjerksund et Stensland (2002) on donnée le prix d'un call
Américain par la formule :
C = á(X)Sâ -
áÖ(S, t, â, X,
X) + Ö(S, t,1, X, X) -
Ö(S, t,1, x, X) -
KÖ(S, t, 0, X, X)
+ KÖ(S, t,0, x,
X) + á(x)Ö(S, t,
â, x, X) -
á(x)Ø(S, T, â,
x, X, x, t) + Ø(S,
T,1, x, X, x, t)
- Ø(S, T,1, K,
X, x, t) - KØ(S,
T,0, x, X, x, t) +
KØ(S, T,0, K, X,
x, t) (4.15)
Avec :
á(X) = (X -
K)X-â á(x) = (x -
K)x-â
(1 rd rfl (rd - rf
1l2 2rd
â = \ 2 -U2 / + \ ó2
-2 / + ó2
La fonction Ö(S, T, ã,
H, X) est donnée par :
Ö(S, T, ã, H,
X) = eëSã(N(-d) -
()êN(-d2))
S
ë = -rd + ã(rd -
rf) + 2ã(ã -
1)ó2
1
ê =
2(rd - rf)
ó2 + (2ã - 1)
d=
d2 =
( 2)ó2)
ln(S/H) + rd - rf +
(ã - 1 T
V
ó T
( 2)ó2)
ln(X2/SH) + rd - rf
+ (ã - 1 T
V
ó T
Les deux frontières libres x et X sont
définies par :
x = B0 + (B8 -
B0)(1 - eh(t)) X = B0 +
(B8 - B0)(1 - eh(T))
K2
h(t) = -((rd - rf)t
+ 2óVt) ((B8 -
B0)B0 )
K2
h(T) = -((rd - rf)T
+ 2óVT) ((B8 -
B0)B0)
1 V
t = 2( 5 - 1)T
B8 = â âK
- 1
B0 = max (K; rd K)
rf
La fonction Ø(S, T, ã,
H, X, x, t) est donnée par :
Ø(S, T, ã, H,
X, x, t) = eëTSã(M(-
e1, -f1,11T) -
(X/S)êM(- e2,
-f2,11T)
-
(x/S)êM(- e3,
-f
3, -11T) +
(x/X)êM(- e4,
-f4, -11;))
Avec M(., ., .) est la fonction de distribution de la
loi normale bivariée, et :
e1 =
( 2)ó2)
ln(S/x) + rd - rf +
(ã - 1 t
óVt
e2 =
|
( 2)ó2)
ln(X2/Sx) + rd - rf
+ (ã - 1 t
|
óVt 48
|
e3 =
49
( 2)cr2)
ln(S/x) - rd - rf + ('r - 1
t
cr/t
e4 =
f1 =
( 2)cr2)
ln(X2/Sx) - rd - rf +
('r - 1 t
cr/t
( 2)cr2)
ln(S/H) + rd - rf + ('r - 1
T
/ cr T
f2 =
( 2)cr2)
ln(X2/SH) + rd - rf + ('r -
1 T
/ cr T
( 2)cr2)
f3 =
ln(x2/SH) + rd - rf + ('r -
1 T
/ cr T
f4 =
( 2)cr2)
ln(Sx2/HX2) + rd
- rf + ('r - 1 T
/ cr T
Put Américain sur devises
Le prix d'un put Américain peut être aussi
déduit de la formule d'approximation donnée dans
l'équation (4.15) pour un call Américain, le prix est
donnée par la transformation suivante:
P(S, K, T,rd,rf,
cr) = C(K, S, T,rf,rd, cr)
(4.16)
Avec C(.) est la valeur d'un call
Américain sur devises avec un taux sans risque domestique rd et
un taux sans risque étranger rf.
4.6 Application
Après avoir présenté les méthodes
utilisées pour l'évaluation des options Américaines,
à savoir la méthode des différences finies,
l'approximation de Barone-Adesi et Whaley (1987), l'approximation de Bjerksund
et Stensland (1993) et l'approximation de Bjerksund et Stens-land (2002), nous
allons présenter dans cette section une comparaison des résultats
de ces méthodes, ainsi que le pricer des options Américaines de
change élaboré dans le cadre de ce rapport de fin
d'études.
Nous avons procédé de la même
manière que les chapitres précédents, dans un premier
lieu, nous avons réalisé une librairie de pricing sous le langage
Python, cette librairies contient des fonctions qui permettent le
calcul des prix des options Américaines de change en fonctions des
différents inputs, à savoir le taux de change spot, prix
d'exercice, temps restant jusqu'à l'échéance, taux sans
risque domestique, taux sans risque étranger et la volatilité.
Les fonction créées en Python on été
ensuite utilisés comme étant des fonctions Excel
à l'aide d'un outil qui permet de relier les deux plateformes.
Résultats numériques
Le tableau ci-dessous contient les prix des call et put
Américains sur EURUSD données par la méthode des
différences finies, l'approximation de Barone-Adesi et Whaley (1987),
l'ap-proximation de Bjerksund et Stensland (1993) et l'approximation de
Bjerksund et Stensland (2002), ceci pour différents
paramètres.
TABLE 4.1 - Prix de options Américaines sur l'EURUSD
pour K = 1,08 et rf = 0,04.
Paramètres
S =
|
Diff. finies
|
B-W 87
|
B-S 93
|
B-S 02
|
Call
|
Put
|
Call
|
Put
|
Call
|
Put
|
Call
|
Put
|
rd = 0,08 1,04
|
0,0284
|
0,0594
|
0,0287
|
0,0593
|
0,0287
|
0,0590
|
0,0287
|
0,0592
|
o- = 0,20 1,06
|
0,0372
|
0,0479
|
0,0376
|
0,0480
|
0,0376
|
0,0476
|
0,0376
|
0,0478
|
T = 0,25 1,08
|
0,0475
|
0,0380
|
0,0479
|
0,0382
|
0,0479
|
0,0378
|
0,0479
|
0,0380
|
1,10
|
0,0594
|
0,0298
|
0,0597
|
0,0300
|
0,0597
|
0,0296
|
0,0597
|
0,0298
|
1,12
|
0,0726
|
0,0230
|
0,0729
|
0,0232
|
0,0729
|
0,0229
|
0,0729
|
0,0230
|
rd = 0,12 1,04
|
0,0325
|
0,0553
|
0,0329
|
0,0552
|
0,0329
|
0,0547
|
0,0329
|
0,0549
|
o- = 0,20 1,06
|
0,0421
|
0,0440
|
0,0425
|
0,0440
|
0,0425
|
0,0434
|
0,0425
|
0,0437
|
T = 0,25 1,08
|
0,0531
|
0,0344
|
0,0536
|
0,0346
|
0,0536
|
0,0340
|
0,0536
|
0,0342
|
1,10
|
0,0658
|
0,0266
|
0,0662
|
0,0268
|
0,0662
|
0,0262
|
0,0662
|
0,0264
|
1,12
|
0,0796
|
0,0202
|
0,0800
|
0,0205
|
0,0800
|
0,0199
|
0,0800
|
0,0200
|
rd = 0,08 1,04
|
0,0689
|
0,0994
|
0,0695
|
0,0997
|
0,0695
|
0,0994
|
0,0695
|
0,0996
|
o- = 0,40 1,06
|
0,0789
|
0,0894
|
0,0795
|
0,0897
|
0,0795
|
0,0894
|
0,0795
|
0,0896
|
T = 0,25 1,08
|
0,0894
|
0,0800
|
0,0902
|
0,0805
|
0,0902
|
0,0802
|
0,0902
|
0,0803
|
1,10
|
0,1011
|
0,0716
|
0,1016
|
0,0720
|
0,1016
|
0,0717
|
0,1016
|
0,0718
|
1,12
|
0,1132
|
0,0638
|
0,1138
|
0,0643
|
0,1137
|
0,0639
|
0,1137
|
0,0641
|
rd = 0,08 1,04
|
0,0490
|
0,0711
|
0,0493
|
0,0711
|
0,0493
|
0,0704
|
0,0493
|
0,0707
|
o- = 0,20 1,06
|
0,0589
|
0,0606
|
0,0592
|
0,0607
|
0,0592
|
0,0600
|
0,0592
|
0,0603
|
T = 0,5 1,08
|
0,0698
|
0,0513
|
0,0702
|
0,0515
|
0,0702
|
0,0508
|
0,0702
|
0,0510
|
1,10
|
0,0818
|
0,0432
|
0,0821
|
0,0435
|
0,0821
|
0,0427
|
0,0821
|
0,0429
|
1,12
|
0,0947
|
0,0361
|
0,0950
|
0,0364
|
0,0950
|
0,0357
|
0,0950
|
0,0359
|
Interface
L'interface utilisateur de notre pricer est
représentée dans la figure 4.4. De la même façon que
l'interface des options Européennes présentée plus haut,
dans cette interface l'utilisa-teur peut évaluer plusieurs options en
même temps, chacune dans une ligne Excel, tout en choisissant le
modèle approprié, afin de permettre à l'utilisateur de
gagner du temps en effectuant plusieurs opérations à la fois.
FIGURE 4.4 - Interface de pricing des option Américaines
sur devises.
50
51
Chapitre 5
Portefeuille d'options : Couverture et
gestion des risques
Tout trader qui entre sur le marché doit balancer entre
deux considérations opposées - le profit et le risque. Un trader
espère que son analyse du marché conduira à des
stratégie de trading rentables. Mais tout trader rationnel ne peut
ignorer la possibilité de l'erreur. S'il se trompe et les conditions du
marché changent d'une manière qui affecte négativement sa
position, à quel point le trader pourrait-il être affecté?
Un trader qui ne tient pas compte des risques liés à sa position
va certainement avoir une carrière courte et malheureuse.
Un trader qui vend une option à un client est
confronté au problème de gestion du risque. Si cette option se
révèle identique à une autre option échangée
sur le marché, le trader peut neutraliser son risque en achetant, sur le
marché, la même option que celle qui est vendue au client. Mais
lorsque l'option existe pour répondre exclusivement au besoin de ce
client, la couverture contre le risque devient bien plus compliquée.
Afin de gérer les risques liés aux options, il
est indispensable de suivre des stratégies de couverture qui peuvent
généralement être classées selon deux
catégories à savoir les stratégies statiques et les
stratégies dynamiques. Les premières sont basées sur la
prise de positions sur d'autres options afin de couvrir celles du portefeuille;
le second type est une gestion en temps continu du portefeuille basée
sur l'analyse des sensibilités des options qui composent le
portefeuille.
Ce chapitre à pour objectif de présenter
quelques exemples de stratégies statiques utilisées au niveau des
salles des marchés, le chapitre contient aussi un volet traitant la
gestion dynamique d'un portefeuille d'options.
5.1 Stratégies statiques de couverture
Les stratégies statiques de couverture sont des
combinaisons de calls et de puts, permettant de mettre en place des
stratégies adaptées aux anticipations des fluctuations du
sous-jacent. Par exemple, supposons qu'un trader anticipe un forte variation du
prix d'un actif, mais en ignore le sens, un certain nombre de stratégies
s'offre à lui. Ces stratégies vont lui offrir un gain si son
intuition est correcte, et limiter sa perte sinon.
52
Cette section sera consacré aux stratégies
statiques les plus utilisée, en présentant leurs
définitions et leurs profils de gain et de perte. Une autre contrainte
s'ajoute, c'est que les investisseurs ne sont pas toujours prêt à
payer la prime de l'option afin d'acquérir l'une de ces
stratégies. Pour cela il faut choisir le paramètre qui permet
d'annuler la prime en combinant les options qui constituent cette
stratégie. Le paramètre sur lequel il faut agir dans ce cas c'est
le strike K des options. Donc pour chaque stratégie que nous
allons citer, il faut trouver le strike de chaque option qui constitue
la stratégie afin d'annuler la prime totale de cette stratégie.
Ce type de stratégies est appelé stratégies
zero-cost.
5.1.1 Forward synthétique
Un contrat forward synthétique utilise des options
d'achat et de vente ayant le même prix d'exercice et la même date
d'échéance pour créer une position à terme
équivalente. Un investisseur peut acheter/vendre un call et
vendre/acheter un put avec le même prix d'exercice et la même date
d'échéance, dans le but d'imiter un contrat future ou forward
régulier.
-- Position longue sur forward synthétique :
Achat d'un call et vente d'un put de même strike K et
de même date d'échéance T.
-- Position courte sur forward synthétique :
Achat d'un put et vente d'un call de même strike K et
de même date d'échéance T.
Un avantage majeur des forwards synthétiques est qu'une
position sur contrat future régulière peut être maintenue
sans les mêmes types d'exigences pour les contreparties. Toutefois,
contrairement à un contrat à terme, un contrat à terme
synthétique exige que l'investisseur paie une prime d'option nette lors
de l'exécution du contrat.
TABLE 5.1 - Revenus d'une position longue sur forward
synthétique.
Taux de change Payoff achat du
call Payoff vente du put Payoff total
ST = K ST-K 0 ST - K
ST = K 0 ST-K ST-K
TABLE 5.2 - Revenus d'une position courte sur forward
synthétique.
Taux de change Payoff vente du call
Payoff achat du put Payoff
total
ST = K K-ST 0 K-ST
ST = K 0 K-ST K-ST
Pour que cette stratégie soit zero-cost, on doit
trouver le strike K0 qui permet d'annuler la coût de cette
stratégie. Pour cela nous allons utiliser la parité call-put.
c + Ke-rdT = p + S0e-rf
T
donc
c - p = S0e-rf T - Ke-rdT
Pour annuler la prime de la stratégie, on doit avoir c
- p = 0 donc:
S0e-rf T - K0e-rdT
= 0
ce qui implique que:
K0 = S0e(rd-rf
)T
53
FIGURE 5.1 - Payoffs d'un forward sythétique : (a)
position longue, (b) position courte.
5.1.2 Risk Reversal
Une stratégie Risk Reversal consiste à
acheter/vendre un call en dehors de la monnaie et vendre/acheter un put en
dehors de la monnaie, les deux ayant la même date
d'échéance.
Dans cette stratégie, l'investisseur fait d'abord une
intuition du marché; si cette intuition est haussière, il voudra
être long. Cependant, au lieu d'être long sur le sous-jacent, il
achètera un call hors de la monnaie de strike K2 et vendra
simultanément un put hors de la monnaie de strike K1 avec
K1 < K2. Si son intuition est baissière, il vaudra
être court sur Risk Reversal en achetant un put hors de la
monnaie de strike K1, et en vendant un call hors de la monnaie de
strike K2.
TABLE 5.3 - Revenus d'une position longue sur Risk
Reversal.
Taux de change
|
Payoff achat du call
|
Payoff vente du put
|
Payoff total
|
ST = K2
|
ST - K2
|
0
|
ST - K2
|
K1 < ST < K2
|
0
|
0
|
0
|
ST = K1
|
0
|
ST - K1
|
ST - K1
|
TABLE 5.4 - Revenus d'une position courte sur Risk
Reversal.
Taux de change
|
Payoff vente du call
|
Payoff achat du put
|
Payoff total
|
ST = K2
|
K2 - ST
|
0
|
K2 - ST
|
K1 < ST < K2
|
0
|
0
|
0
|
ST = K1
|
0
|
K1 - ST
|
K1 - ST
|
Pour que cette stratégie soit zero-cost il
faut trouver les deux strikes K01 et
K02 du put et du call respectivement, qui permettent
d'annuler la prime de la stratégie Risk Reversal. Pour cela if
faut résoudre l'équation suivante:
p(K01) - c(K02) = 0 (5.1)
L'équation (5.1) peut être résolue
numériquement en utilisant l'algorithme de Newton-Raphson d'écrit
plus haut.
Nous avons d'après le modèle de Garman-Kohlhagen
:
c(K) =
S0e-rf
TN(d1) -
Ke-rdTN(d2) p(K)
= Ke-rdTN(-d2) -
S0e-rf
TN(-d1)
avec :
|
d1(K) =
|
ln(S0/K) + (rd - rf
+ cr2/2)T
|
et :
|
v
cr T
|
d2(K) = v
cr T
ln(S0/K) + (rd - rf
- cr2/2)T
v
= d1(K) - cr T
On initialise l'algorithme en choisissant :
K01 = S0 et K02 = S0
Pour chaque itération de l'algorithme de Newton-Raphson,
on calcule Kn+1
01 et Kn+1
02 à partir
de Kn01 et
Kn02, tels que :
Kn+1 = Kn
01 01 p0(Kn01)
p(Kn01) -
c(Kn01)
et
02)
Kn+1
02 = Kn 02 + p(Kn
02) - c(Kn
c0(Kn01)
Avec :
c0(K) =
S0e-rf
Td01(K)N0(d1)
-
e-rdT(N(d2)
+
Kd02(K)N0(d2)
(5.2)
et
p0(K) =
S0e-rf
Td01(K)N0(-d1)
+ e-rdT(N(-d2) -
Kd02(K)N0(-d2))
(5.3)
où :
d01(K) =
d02(K) = -cr1
KvT
Ci-dessous l'algorithme de Newton-Raphson pour trouver les deux
strikes K01 et K02 :
Algorithm 2: Algorithme de Newton-Raphson pour
K01 et K02.
K01 ? S0
K02 ? S0 e ? 10-8
while |p(K01) -
c(K02)| = e do
K01 ?K01 -
p(K01)-c(K02)
p0(K01)
while |p(K01) -
c(K02)| = e do
K02 ?K02 +
p(K01)-c(K02)
c0(K02)
end
end
return K01, K02
54
55
5.1.3 Butterfly spread
Un Butterfly Spread implique des positions sur des
options de trois prix d'exercice différents. Il peut être
créé en achetant un call au prix d'exercice bas K1, en
achetant un call au prix d'exercice plus élevé K3 et en
vendant deux calls de prix d'exercice K2, situé entre
K1 et K3.
Généralement, K2 est proche du prix spot
du sous-jacent. Le profil de gain de cette stratégie est
représenté dans la figure 5.2.
FIGURE 5.2 - Payoff d'un Butterfly Spread.
Un Butterfly Spread produit un bénéfice
si le cours de l'action reste proche de K2, mais conduit à de
faibles pertes si le cours du sous-jacent varie de façon significative
à la hausse comme à la baisse. C'est, par conséquent, une
stratégie judicieuse pour un investisseur qui pense qu'une variation
importante du cours est improbable.
TABLE 5.5 - Revenus d'une position longue sur Butterfly
Spread.
Taux de change
|
Payoff achat du premier call
|
Payoff achat du second call
|
Payoff vente des deux calls
|
Payoff total
|
ST < K1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
K1 < ST < K2
|
ST - K1
|
0
|
0
|
ST - K1
|
K2 < ST < K3
|
ST - K1
|
0
|
-2(ST - K2)
|
K3 - ST
|
ST > K3
|
ST - K1
|
ST - K3
|
-2(ST - K2)
|
0
|
Ces revenus sont calculés en considérant
K2 = 0, 5(K1 + K3)
Pour que cette stratégie soit zero-cost il
faut trouver les trois strikes K01, K02
et K03 des calls qui constituent cette
stratégie, et qui permettent d'annuler la prime de la
stratégie Butterfly Spread. Pour cela if faut résoudre
l'équation suivante :
2c(K02) - c(K01) -
c(K03) = 0 (5.4)
De la même manière que la stratégie
précédente, nous allons résoudre l'équation (5.4)
numériquement en utilisant l'algorithme de Newton-Raphson.
56
On fixe K02 = S0, et on initialise l'algorithme
en choisissant:
K01 = S0 - 0,01 et K02 = S0 +
0,01
Pour chaque itération de l'algorithme de Newton-Raphson,
on calcule Kn+1
01 et Kn+1
03 à partir
de Kn 01 et Kn03, tels que:
03)
Kn+1
01 = Kn 01 + 2c(Kn 02) -
c(Kn 01) - c(Kn
c0(Kn01)
et
03)
Kn+1
03 = Kn 03 + 2c(Kn 02) -
c(Kn 01) - c(Kn
c0(Kn03)
Avec c0(K) définie dans
l'équation (5.2).
Ci-dessous l'algorithme de Newton-Raphson pour trouver les trois
strikes K01, K02 et K03 :
Algorithm 3: Algorithme de Newton-Raphson pour
K01, K02 et K03.
K01 ? S0 - 0,01
K02 ? S0
K03 ? S0 + 0,01
e ? 10-8
while |2c(K02) -
c(K01) - c(K03)| = e
do
K01 ? K01 +
2c(K02)-c(K01)-c(K03)
c0(K01)
while |2c(K02) -
c(K01) - c(K03)| = e
do
K03 ? K03 +
2c(K02)-c(K01)-c(K03)
c0(K03)
end
end
return K01, K02,
K03
5.1.4 Condor
Un Condor est une stratégie qui implique des
positions sur des options de quatre prix d'exer-cice différents, ayant
la même date d'échéance T, cette stratégie
peut être créée en achetant deux calls de strikes
respectifs K1 et K4 et en vendant deux autres calls de
strikes K2 et K3, avec K1 < K2 <
K3 < K4.
Le profil de gain de la stratégie Condor est
représentée dans la figure 5.3
Le maximum de profit que peut dégager cette
stratégie est obtenu si le cours du sous-jacent se situe entre
K2 et K3. Cette stratégie ressemble beaucoup à
celle du Butterfly Spread, elle permet de limiter les pertes si le
cours du sous-jacent varie de manière significative à la hausse
comme à la baisse.
57
FIGURE 5.3 - Payoff d'un Condor.
TABLE 5.6 - Revenus d'une position longue sur
Condor.
Taux de change
|
Payoff achat premier call
|
Payoff achat second call
|
Payoff vente premier call
|
Payoff vente second call
|
Payoff total
|
ST = K1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
K1 < ST = K2
|
ST - K1
|
0
|
0
|
0
|
ST - K1
|
K2 < ST < K3
|
ST - K1
|
0
|
K2 - ST
|
0
|
K2 - K1
|
K3 = ST < K4
|
ST - K1
|
0
|
K2 - ST
|
K3 - ST
|
K4 - ST
|
ST = K4
|
ST - K1
|
ST - K4
|
K2 - ST
|
K3 - ST
|
0
|
Ces revenus sont calculés en considérant
K2 + K3 = K1 + K4
Pour que cette stratégie soit zero-cost il faut
trouver les quatre strikes K01, K02, K03 et
K04 des calls qui constituent cette stratégie, et qui
permettent d'annuler la prime de la stratégie Condor. Pour cela
if faut résoudre l'équation suivante:
c(K02) + c(K03) -
c(K01) - c(K04) = 0 (5.5)
Pour résoudre l'équation (5.5) nous allons
utiliser, encore une fois, l'algorithme de Newton-Raphson.
On initialise l'algorithme en choisissant:
K01 = S0 - 0,02 K02 = S0 -
0,01 K03 = S0 + 0,01 K04 = S0 + 0,02
Pour chaque itération de l'algorithme de Newton-Raphson,
on calcule Kn+1
01 , Kn+1 02 Kn+1
03 et
Kn+1
04 à partir de Kn01,
Kn02, Kn03 et
Kn04, tels que:
04)
Kn+1
01 = Kn 01 + c(Kn 02) +
c(Kn 03) - c(Kn 01) -
c(Kn
c0(Kn01)
c(Kn02) +
c(Kn03) -
c(Kn01) -
c(Kn04)
Kn+1
02 = Kn 02 c0(Kn 02)
04)
Kn+1
03 = Kn 03 - c(Kn 02) +
c(Kn 03) - c(Kn 01) -
c(Kn
c0(Kn 03)
58
+ c(Kn02) +
c(Kn03) -
c(Kn01) -
c(Kô4)
44
+1 nÔ4 1 = Kn04
c0(Kn04) Avec
c0(K) définie dans l'équation
(5.2).
Ci-dessous l'algorithme de Newton-Raphson pour trouver les quatre
strikes K01, K02, K03 et
K04 :
Algorithm 4: Algorithme de Newton-Raphson pour
K01, K02, K03 et K04.
K01 ? S0 - 0, 02
K02 ? S0 - 0, 01
K03 ? S0 + 0,01
K04 ? S0 + 0, 02 e ?
10-8
while |c(K02) +
c(K03) - c(K01) - c(K04)|
= e do
K01 ?K01 +
c(K02)+c(K03)-c(K01)-c(K04)
c0(K01)
while |c(K02) +
c(K03) - c(K01) - c(K04)|
= e do
K02 ?K02 -
2c(K02)-c(K01)-c(K03)
c0(K02)
while |c(K02) +
c(K03) - c(K01) - c(K04)|
= e do
K03 ? K03 -
2c(K02)-c(K01)-c(K03)
c0(K03)
while |c(K02) +
c(K03) - c(K01) - c(K04)|
= e do
K04 ?K04 +
2c(K02)-c(K01)-c(K03)
c0(K04)
end
end
end
end
return K01, K02, K03,
K04
5.1.5 Résultats numériques
Le tableau ci-dessous présente les résultats
numériques des stratégies citées ci-dessus. Pour chaque
stratégie, et pour certains paramètres, nous allons calculer les
strikes qui permettent d'annuler la prime totale de la stratégie en
utilisant les méthodes citées plus haut.
D'après les résultats du tableau 5.7 on peut
remarquer que les strikes trouvés, pour chacune des méthodes
citées plus haut, permettent d'annuler les primes totales de la
stratégie. Ainsi, un investisseur pourra donc profiter de la couverture
statique gratuitement en achetant l'une de ces stratégies, car les prime
des options qui les constituent se compensent.
L'algorithme de Newton-Raphson a prouvé son
efficacité dans ce genre de calculs, il permet de donner des
approximations très pertinentes, un autre avantage de cet algorithme
c'est le temps de calcul largement réduit par rapport aux autres
algorithmes de résolution.
59
TABLE 5.7 - Résultats numériques des
stratégies zero-cost.
Stratégie
|
Paramètres
|
Srikes
|
Prix des options
|
Prix de la stratégie
|
Forward synthétique
|
S0 = 1,08 T = 0,5 rd = 0,08 r1
= 0,04 o- = 0,20
|
K0 = 1,1018
|
c(K0) = 0,0596 p(K0) =
0, 0596
|
0
|
Risk Reversal
|
S0 = 1,08
|
K01 = 1,0594
|
c(K01) = 0,0541
|
0
|
|
T = 0,5
|
K02 = 1, 0803
|
p(K02) = 0, 0541
|
|
|
rd = 0,04
|
|
|
|
|
r1 = 0,06
|
|
|
|
|
o- = 0,20
|
|
|
|
Butterfly Spread
|
S0 = 1,08
|
K01 = 1,07
|
c(K01) = 0,0753
|
0
|
|
T = 0,5
|
K02 = 1,08
|
c(K02) = 0,0701
|
|
|
rd = 0,08
|
K03 = 1, 0907
|
c(K03) = 0, 0649
|
|
|
r1 = 0,04
|
|
|
|
|
o- = 0,20
|
|
|
|
Condor
|
S0 = 1,08
|
K01 = 1,06
|
c(K1) = 0,0807
|
0
|
|
T = 0,5
|
K02 = 1,0701
|
c(K2) = 0,0752
|
|
|
|
rd = 0,08
|
K03 = 1,09
|
c(K03) = 0,0652
|
|
|
r1 = 0,04
|
K04 = 1,1018
|
c(K04) = 0,0596
|
|
|
o- = 0,20
|
|
|
|
5.2 Stratégies dynamiques de couverture
Notre discussion jusqu'à présent devrait
permettre de comprendre pourquoi les traders utilisent des modèles
théoriques pour évaluer les options. Tout d'abord, un
modèle nous renseigne sur la valeur d'une option. Nous pouvons comparer
cette valeur avec le prix de l'op-tion sur le marché et, à partir
de là, choisir une stratégie appropriée.
Deuxièmement, une fois que nous avons pris position, le modèle
nous aide à quantifier un grand nombre des risques que comporte la
négociation de l'option. En comprenant ces risques, nous serons mieux
préparés à minimiser nos pertes lorsque les conditions du
marché jouent contre nous et à maximiser nos profits lorsque les
conditions du marché jouent en notre faveur, c'est ce qu'on appelle la
couverture dynamique.
La couverture dynamique se différencie des
stratégies de couverture statiques, vues dans la section
précédente, dans lesquelles la couverture est définie
dès le départ et n'est plus jamais ajustée. La couverture
dynamique est réalisée par le biais des lettre grecques, vues
plus haut dans ce rapport, telles que le delta, le gamma et le vega. Ces
mesures quantifient les différents aspects du risque dans une position
en options.
60
5.2.1 Delta Hedging
Le delta d'une option, noté , a été
introduit plus haut dans le chapitre 2. C'est le taux de variation de la valeur
de l'option par rapport à celle du sous-jacent. C'est aussi la pente de
la courbe reliant la valeur de l'option à celle du sous-jacent (voir
figure 2.2). Le delta d'un call est donné par:
ac
= aS
où c est la valeur du call et S le cours
de l'action. Le delta d'un portefeuille d'options est:
aLI aS
où LI représente la valeur du portefeuille.
Le delta du portefeuille peut être calculé
à partir des deltas de chacune des options du portefeuille prises
individuellement du fait de la linéarité du passage aux
dérivées partielles.
Si un portefeuille est constitué d'une quantité
wi d'une option i (1 i n), le delta
du portefeuille est obtenu par:
où i représente le delta de
l'option i.
|
=
|
n
?
i=1
|
wi i
|
Le delta est étroitement lié au modèle de
Black-Scholes, ils ont montré qu'il était possible
d'établir un portefeuille sans risque consistant sur une position sur le
sous-jacent, et une position sur l'option. Le portefeuille de Black-Scholes est
constitué par:
-- La vente d'une option.
-- L'achat d'une quantité du sous jacent.
Une position dont de delta est nul est appelée position
delta-neutre. Il est important de comprendre que, puisque le delta varie, la
position de l'investisseur reste couverte en delta-neutre seulement dans un
intervalle de temps relativement court. La couverture doit être
réajustée périodiquement, d'où l'appellation de
couverture dynamique.
Exemple
Pour illustrer plus clairement cet aspect dynamique de la
couverture, nous allons travailler sur un exemple dans lequel un call
Européen sur EURUSD est vendu. La couverture est sensée
être ajustée chaque semaine jusqu'à
l'échéance de l'option. Les inputs du call sont:
-- Notionnel: 100000
-- Spot : 1,1177
-- Strike : 1,08
-- Maturité : 20 semaines
-- Taux domestique : 1,679%
-- Taux étranger: -0,398%
-- Volatilite : 5,0492% (Donnée par le
modèle de Vanna-Volga)
Nous Avons donc d'après le modèle de
Garman-Kohlhagen :
Prix de l'option : 4 773,41
Delta : 0, 701
Le tableau ci-dessous présente les différentes
opérations de couverture pendant la durée de vie de l'option :
TABLE 5.8 - Simulation de la couverture dynamique par delta.
Sem
|
Taux EURUSD
|
Delta
|
Emprunt USD
|
Placement EUR
|
P&L Intérêt
|
P&L Devise
|
P&L Option
|
P&L Total
|
0
|
1,1177
|
0, 701
|
73 590, 83
|
70112, 05
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1
|
1,1160
|
0, 689
|
72 208, 48
|
68 873, 39
|
-29, 76
|
-119,19
|
209, 25
|
60, 31
|
2
|
1,1122
|
0, 668
|
69 944, 93
|
66 838,18
|
-29, 23
|
-261, 72
|
398, 70
|
107, 76
|
3
|
1,1090
|
0, 650
|
67957, 05
|
65 045, 68
|
-28, 33
|
-213, 88
|
341, 28
|
99, 07
|
4
|
1,1025
|
0, 620
|
64 620, 06
|
62 018, 93
|
-27, 55
|
-422, 80
|
619, 40
|
169, 05
|
5
|
1,1094
|
0, 641
|
66 874, 04
|
64 050, 65
|
-26, 20
|
427, 93
|
-539, 78
|
-138, 06
|
6
|
1, 0945
|
0, 580
|
60 289, 94
|
58 035, 03
|
-27,17
|
-954, 35
|
1313,10
|
331, 57
|
7
|
1, 0832
|
0, 535
|
55 335, 71
|
53 461, 33
|
-24, 48
|
-655, 80
|
867, 34
|
187, 07
|
8
|
1, 0845
|
0, 536
|
55 537, 32
|
53 647, 23
|
-22, 46
|
69, 50
|
-10, 84
|
36, 21
|
9
|
1,1026
|
0, 595
|
61972, 96
|
59 484, 01
|
-22, 57
|
971, 01
|
-1325, 21
|
-376, 76
|
10
|
1,1286
|
0, 669
|
70 343, 68
|
66 900, 92
|
-25, 26
|
1546, 58
|
-2 407, 73
|
-886, 41
|
11
|
1,1106
|
0, 608
|
63 608, 55
|
60 836, 51
|
-28, 79
|
-1204, 22
|
1800, 66
|
567, 65
|
12
|
1, 0695
|
0, 480
|
49 849, 98
|
47 972, 02
|
-26, 00
|
-2 500, 38
|
3 000, 32
|
473, 93
|
13
|
1,1142
|
0, 602
|
63 496, 20
|
60 219, 57
|
-20, 26
|
2144, 35
|
-3 240, 98
|
-1116, 89
|
14
|
1, 0809
|
0, 510
|
53 496, 46
|
50 968, 27
|
-25, 98
|
-2 005, 31
|
2 847,11
|
815, 81
|
15
|
1, 0936
|
0, 537
|
56 506, 65
|
53 720, 82
|
-21, 79
|
647, 30
|
-825, 64
|
-200,14
|
16
|
1, 0878
|
0, 520
|
54 654, 02
|
52 017, 72
|
-23, 09
|
-311, 58
|
540, 90
|
206, 23
|
17
|
1, 0821
|
0, 506
|
53149, 56
|
50 627, 41
|
-22, 34
|
-296, 50
|
477, 08
|
158, 24
|
18
|
1, 0985
|
0, 527
|
55 448,17
|
52 719, 90
|
-21, 72
|
830, 29
|
-1246, 69
|
-438,13
|
19
|
1, 0841
|
0, 505
|
53 008, 73
|
50 469, 71
|
-22, 75
|
-759, 17
|
1375, 63
|
593, 71
|
20
|
1, 0815
|
1, 000
|
106 575, 74
|
100 000, 00
|
-21, 71
|
-131, 22
|
429, 52
|
276, 59
|
Le graphe du Profit & Loss est
représenté dans la figure ci-dessous :
FIGURE 5.4 - Profit & Loss Delta Hedging.
61
62
Pour bien expliquer d'où proviennent les coûts,
nous allons détailler les opération effectuées pour les
deux premières semaines, on suit la même démarche pour les
semaines qui suivent:
Semaine 0
-- Taux de change EURUSD : 1,1177.
-- Prix de l'option : 4773,41 USD.
-- Delta : 0,701 ce qui est équivalent
à 70112,05 EUR, et 78364,24 USD.
Pour couvrir cette position, le trader doit acheter la
quantité delta en EUR qui est 70112,05 EUR. Pour réaliser cette
opération il doit:
-- Emprunter 73590,83 USD (78 364,24 USD -4773,41 USD) à
un taux de 1,679%. -- Placer 70112,05 EUR à un taux de -0,398%.
Semaine 1
-- Taux de change EURUSD : 1,1160.
-- Prix de l'option : 4564,15 USD.
-- Delta : 0,689 ce qui est équivalent
à 68873,39 EUR, et 76862,70 USD.
La différence entre le delta de la semaine 0 et le delta
de la semaine 1 est:
ÄS1 - ÄS0 = -0,012
Pour couvrir cette position, le trader doit vendre
l'équivalent de la différence de delta qui est 1238,657 EUR. Les
nouvelle valeurs de placement et emprunt seront donc:
-- Placement: 68873,39 EUR. --
Emprunt: 72208,4857 USD.
Le Profit & Loss total de l'opération de
couverture entre les deux semaines se divise en trois parties:
-- P&L Option : Se calcule de la
manière suivante:
P&L OptionS1 = Prix de
l0optionS0 - Prix de
l0optionS1 Dans notre cas on a : P&L
OptionS1 = 209,25 USD.
-- P&L Sous-jacent: Se calcule de la
manière suivante:
P&L Sous jacentS1 = ÄS0
× Notionnel × (Taux de changeS1 - Taux de
changeS0) Dans notre cas on a : P&L Sous -
jacentS1 = -119,19 USD.
-- P&L Intérêts : Se calcule de
la manière suivante:
P&L Int'eràetsS1 =
EmpruntS0 × (1 - erd/52) - Taux de changeS0
× PlacementS0 × (1 - erf
/52) Dans notre cas on a : P&L
Int'eràetsS1 = -29,76 USD.
63
Application
Le même raisonnement présenté dans
l'exemple précédent peut être appliqué sur un
portefeuille contenant plusieurs options. Nous avons développé un
outil qui permet la gestion dynamique d'un portefeuille d'options
Européennes sur devises, en prenant en compte tous les facteurs
dynamiques entrant dans la gestion des options à savoir : Les taux
d'intérêt, le taux de change et la surface de volatilité.
Cet outil est composé des éléments suivants:
-- Une interface qui permet l'ajout ou la suppression d'une
option de la base de données. -- Une base de données qui contient
les différentes options qui constituent le portefeuille.
-- Une composante qui donne le Mark-To-Market du
portefeuille.
-- Une feuille Excel qui permet de faire l'ajustement
quotidien du portefeuille, et permet aussi de calculer le Profit & Loss
journalier.
Interface d'ajout/suppression
Cette interface ce compose de deux fenêtres : "Interface de
saisie" et "Portefeuille".
La première fenêtre, représentée
dans la figure 5.5, permet de remplir tous les champs requis afin d'ajouter
l'option à la base de données, puis en cliquant sur "Ajouter"
l'option sera enregistrée dans le portefeuille, cette interface permet
aussi d'afficher le prix et les sensibilités de l'option
ajoutée.
La deuxième fenêtre, représentée
dans la figure 5.6, est un aperçu du portefeuille, elle contient toute
les informations des options existante, elle sert aussi à supprimer une
option du portefeuille en la sélectionnant et en cliquant dur
"Supprimer".
FIGURE 5.5 - Aperçu de l'interface de saisie.
64
FIGURE 5.6 - Aperçu du portefeuille d'options.
Base de données
Notre base de données est une feuille Excel,
représentée dans la figure 5.7, qui contient toutes les
options du portefeuille, après avoir rempli les champs dans l'interface
d'ajout/suppression et cliquer sur "Ajouter", l'option s'ajoute automatiquement
sur la feuille Excel, cette feuille contient aussi les prix de chaque
option et ses sensibilités au jour le jour.
FIGURE 5.7 - Extrait de la base de données des
options.
Mark-To-Market
La composante qui donne le Mark-To-Market du
portefeuille, représentée dans la figure 5.8, permet de donner la
valeur et les sensibilités du portefeuille au jour le jour. Elle
contient aussi un bouton "Ajuster le portefeuille" qui permet de faire les
calculs présentées dans l'exemple précédent, en
ajoutant une ligne qui correspond à la date du jour dans la feuille
d'ajustement.
65
FIGURE 5.8 - Interface Mark-To-Market du
portefeuille.
Feuille d'ajustement
La feuille d'ajustement, représentée dans la
figure 5.9, contient les mêmes informations présentées dans
l'exemple précédent, elle sert à ajuster le portefeuille
quotidiennement afin de se couvrir par le delta. Elle permet aussi le suivi du
Profit & Loss quotidien depuis la date d'ouverture de la
première option jusqu'à la date au jour le jour.
FIGURE 5.9 - Extrait de la feuille d'ajustement.
La figure 5.10 représente le graphe du Profit &
Loss cumulé de la stratégie depuis la date d'ouverture de la
première option jusqu'à la date au jour le jour.
66
FIGURE 5.10 - Profit & Loss du portefeuille.
5.2.2 Optimal Delta Hedging
Le delta est de loin le paramètre de couverture le plus
important et heureusement, c'est celui qui peut être le plus facilement
ajusté car il ne nécessite qu'un achat/vente de l'actif
sous-jacent. Depuis la naissance des marchés d'options
négociés en bourse en 1973, la couverture delta a joué un
rôle majeur dans la gestion des portefeuilles d'options. Les traders en
options ajustent fréquemment le delta, le rendant proche de zéro,
en négociant l'actif sous-jacent.
Plusieurs chercheurs et praticiens on remarqué que le
delta du modèle de Black-Scholes ne minimise pas la variance des
changement de la valeur de la position d'un trader. Cela est dû au fait
qu'il existe une corrélation non nulle entre les mouvements du prix de
l'actif sous-jacent et les mouvements de la volatilité de cet actif.
John Hull et Alan White (2017) [15] proposent une
nouvelle approche pour optimiser la couverture des option, appelée
Minimum Variance Delta qui tient compte à la fois des
changements de prix et de la variation attendue de la volatilité
conditionnée par un changement de prix.
Dans cette section nous allons reprendre les travaux de
John Hull et Alan White (2017) [15] et nous les appliquerons sur les
options sur l'EURUSD. Nous allons présenter d'abord la théorie de
ce modèle, puis le choix des données sur lesquelles nous allons
tester le modèle, et enfin les résultats et la discussion de ces
résultats.
Étude théorique
Dans le modèle de Black-Scholes, le prix de l'actif
sous-jacent suit un processus de diffusion avec une volatilité
constante. De nombreuses alternatives au modèle Black-Scholes ont
été développées pour tenter d'expliquer les prix
des options qui sont observés dans la pratique. Il s'agit de la
volatilité stochastique, des sauts dans le prix de l'actif ou de la
volatilité, de l'aversion au risque, etc. Dans cette section nous allons
présenter l'approche théorique pour la détermination du
Minimum Variance Delta, äMV, à partir du delta du
modèle de Black-Scholes, äBS.
Définissons ÄS comme une petite variation
du prix du sous-jacent et Äf la variation correspondante du prix
de l'option. Le Minimum Variance Delta, äMV, est la
valeur qui minimise la
variance de :
Of = äMVOS (5.6)
La volatilité implicite est définie comme la
volatilité qui, lorsqu'elle est insérée dans la formule de
Black-Scholes, donne un prix qui est égal au prix du marché de
l'option. Supposons que nous observions le prix d'une option, f,
lorsque le prix du sous-jacent est S. La volatilité implicite
est définie implicitement par :
f = fBS(S, óimp) (5.7)
où fBS est la fonction
d'évaluation du modèle de Black-Scholes et óimp
est la volatilité implicite. La fonction d'évaluation de
Black-Scholes est continue et continuellement différen-tiable.
Un développement en séries de Taylor au
premier ordre de l'équation (5.7) donne :
? fOf = ?S + ?~f Oóimp +
O(OS2)
p
ce qui est équivalent à :
Of = äBSOS + íBSOóimp + e
(5.8)
avec äBS et íBS sont
le delta et le vega du modèle de Black-Scholes et e
désigne les termes résiduels d'ordre supérieur dans
le développement en séries de Taylor.
En substituant äMVOS des deux côtés de
l'équation (5.8) on obtient :
Of - äMVOS = (äBS -
äMV)OS + íBSOóimp + e (5.9) En
conditionnant sur OS et en prenant les espérances que nous
obtenons :
äMV = äBS + íBS
|
E(Oóimp) OS +
|
E(e) OS
|
Dans le cas des processus de diffusion, lorsque OS se
rapproche de zéro, le dernier terme est infinitésimal, de ce fait
:
äMV = äBS + íBS
|
E(Oóimp) OS
|
ce qui conduit à :
äMV = äBS + íBS
(5.10)
?E(óimp)
?S
avec E(óimp) est l'espérance de
la volatilité implicite en fonction de S.
John Hull et Alan White montrent qu'on peut approximer
E(Oóimp) par :
E(Oóimp) =
(a + bäBS +
cäBS) OS vT S
avec a, b et c des constantes que nous
cherchons à déterminer. Nous avons donc :
67
äMV = äBS + SBT (a +
bäBS + cä2BS)
(5.11)
Nous commençons par une implémentation
basée sur l'équation (5.6) appliquée aux variations
quotidiennes des prix :
Of = äMVOS + e (5.12)
Le seul élément inconnu dans le modèle
est l'équation quadratique en äBS dans l'équa-tion
(5.11). Nous estimons les paramètres du modèle, a, b
et c, en utilisant un modèle de régression
basé sur les équations (5.12) et (5.11).
68
Of - äBSOS = S~T(a + bäBS +
cä2BS) + e (5.13)
avec O f est la variation journalière du prix
de l'option, OS est la variation du prix de l'actif sous-jacent
correspondante, T est le temps jusqu'à la maturité, et
äBS et íBS sont le delta et le vega du
modèle de Black-Scholes.
Nous allons estimer le Minimum Variance Delta en
utilisant les données historiques des option, ensuite, nous utilisons
cette estimation pour réduire la variance de l'erreur de couverture au
futur.
Le modèle est ajusté pour toutes les option sur
une période considérée, les trois coefficients â,
bà et cà obtenus pour cette
période vont être utilisés pour la couverture de l'option
pour le jour suivant.
L'erreur de couverture en se basant sur ce modèle est :
eMV = Of - äBSOS -SAT (â
+ bäBS + M2BS)
L'erreur de couverture en se basant sur le modèle de
Black-Scholes est :
eBS = O f - äBSOS
Lors de la présentation de nos résultats, nous
définirons l'efficacité d'une couverture comme le pourcentage de
réduction de la somme des carrés des résidus
résultant de la couverture. Nous désignons le Gain d'une
couverture Minimum Variance comme le pourcentage d'aug-mentation de
l'efficacité d'une couverture Minimum Variance par rapport
à l'efficacité de la couverture par le modèle de
Black-Scholes.
SSE(Of - äMVOS)
Gain = 1 - (5.14) SSE(Of -
äBSOS)
où SSE désigne Sum of Squared
Errors.
ce qui est équivalent à :
SSE(eMV)
Gain = 1 - SSE(eBS)
Data
Pour notre analyse, nous avons utilisé les option sur
l'EURUSD. Nous avons extrait les données depuis
https://fr.investing.com/currencies/eur-usd-historical-data,
les données s'étendent du 22 Avril 2019 au 20 Mai 2020.
Le prix, le delta et le vega de chaque option ont
été dérivés du modèle de Black-Scholes en
utilisant la volatilité implicite de cette option, donnée par le
modèle de Vanna-Volga, comme étant le paramètre de
volatilité.
Nous définissons Initial Moneyness d'un contrat
comme étant le ratio suivant:
K
Initial Moneyness = S0
où K est le strike du contrat et S0
est le prix spot du sous-jacent à la date de début du
contrat.
Nous considérons que les calls en dehors de la monnaie
(OTM) et les puts dans la monnaie (ITM) ont une Initial Moneyness
supérieure strictement à 1; les calls et les puts à
la monnaie (ATM) ont une Initial Moneyness égale à 1; et
les calls dans de la monnaie (ITM) et les puts en dehors la monnaie (OTM) ont
une Initial Moneyness inférieure strictement à 1. En
outre, les contrats d'options à court terme sont des options dont la
durée de vie totale est inférieure ou égale à 3
mois et les options à long terme sont des options dont la durée
de vie totale est supérieure à 3 mois.
TABLE 5.9 - Nombre de contrats utilisés en fonction de
leur Moneyness et de leur échéance.
Moneyness
|
Contrats d'options (Call/Put)
|
Court terme
|
Long terme
|
K
|
1
|
284
|
/
|
284
|
282
|
/
|
282
|
S0 <
|
K
=
|
1
|
283
|
/
|
283
|
283
|
/
|
283
|
S0
|
K
>
|
1
|
282
|
/
|
282
|
284
|
/
|
284
|
S0
|
69
FIGURE 5.11 - Évolution de l'EURUSD du 22 Avril 2019 au
20 Mai 2020.
70
Résultats
Les paramètres du modèle a, b
et c dans l'équation (5.11), sont estimés en
utilisant toutes les options négociées dans une fenêtre
mobile de 3 mois, puis appliqués pour déterminer la couverture
pour chaque jour qui suit. La première fenêtre utilisée
pour estimer les paramètres s'étend du 22 Avril 2019 au 22
Juillet 2019.
Les figures 5.12 et 5.13 représentent les estimations
des paramètres de l'équation (5.13) pour les calls et puts
respectivement, entre le 23 Juillet 2019 et le 20 Mai 2020.
FIGURE 5.12 - Estimation des paramètres des calls entre
le 23 Juillet 2019 et le 20 Mai 2020.
FIGURE 5.13 - Estimation des paramètres des puts entre
le 23 Juillet 2019 et le 20 Mai 2020.
71
Généralement, les paramètres du
modèle quadratique le mieux adapté changent lentement au fil du
temps, mais d'après la figure 5.11 nous remarquons des variations
extrêmes du cours de l'EURUSD entre Février 2020 et Avril 2020,
ceci est dû à la crise du COVID-19. Ces variations extrêmes
ont affecté l'estimation des paramètres a, b et
c pendant cette période.
Les tables 5.10 et 5.11 ci-dessous présentent les
statistiques descriptives des paramètres a, b et
c, et de l'erreur de couverture CMV, pour les calls et le put
respectivement.
TABLE 5.10 - Statistiques descriptives de a,
b, c et CMV pour les calls.
|
Paramètre a
|
Paramètre b
|
Paramètre c
|
Erreur CMV
|
Minimum
|
-959,9
|
-736,5
|
-3064
|
4,039 x 10-5
|
1er Quartile
|
-712,4
|
1975,8
|
2 423
|
5,739 x 10-5
|
Médiane
|
-598,0
|
2297,5
|
-2099
|
7,904 x 10-5
|
Moyenne
|
-561,4
|
2 171,6
|
-2003
|
1,237 x 10-4
|
3me Quartile
|
-498,8
|
2675,1
|
-1838
|
9.208 x 10-5
|
Maximum
|
298,5
|
3463,5
|
441
|
3,697 x 10-4
|
TABLE 5.11 - Statistiques descriptives de a,
b, c et CMV pour les puts.
|
Paramètre a
|
Paramètre b
|
Paramètre c
|
Erreur CMV
|
Minimum
|
712,0
|
2235
|
2850
|
-2,920 x 10-3
|
1er Quartile
|
786,6
|
2649
|
3453
|
-1,507 x 10-3
|
Médiane
|
831,9
|
2897
|
3795
|
-1,253 x 10-3
|
Moyenne
|
888,8
|
3203
|
4232
|
-1,475 x 10-3
|
3me Quartile
|
879,7
|
3150
|
4128
|
-9,419 x 10-4
|
Maximum
|
1257,3
|
5203
|
7107
|
-6,132 x 10-4
|
Pour pouvoir visualiser la qualité de l'ajustement de
notre modèle de régression au données utilisés,
nous avons calculé le coefficient de détermination,
R2, pour toute la période considérée,
les résultats sont présentés dans la figure 5.14. Nous
remarquons que pour les calls, le R2 est supérieur
à 0,5 pour la majorité de la période
considérée, il atteint parfois 0,8, cela signifie que le
modèle de régression explique jusqu'à 80% de la
variabilité des données des call. Par contre, entre
Février 2020 et Avril 2020 nous avons remarqué un faible
R2, cela peut être dû au variations
extrêmes sur l'EURUSD observées pendant cette période suite
à la crise du COVID-19. Pour les puts le coefficient de
détermination, R2, est proche de 1 pour la
totalité de la période considérée, cela signifie
que le modèles de régression explique presque l'ensemble de la
variabilité des données pour les puts.
Nous allons maintenant étudier le gain obtenu par le
Minimum Variance Hedging par rapport au Delta Hedging du
modèle de Black-Scholes, les résultats seront obtenus pour chaque
Mo-neyness, OTM, ITM et ATM, et pour les options long terme et cours
terme.
Considérons un ensemble de n observations des
variations quotidiennes des prix des options. Ces changements de prix peuvent
être couvert en utilisant le delta de Black-Scholes, ou le Minimum
Variance delta présenté dans cette section.
Soit xi le carré du résidu de la
couverture de la i`eme variation d'un jour du prix
de l'option en utilisant le Minimum Variance delta et soit zi
le carré du résidu de la couverture par le delta du
modèle de Black-Scholes.
Le gain de la couverture par le Minimum Variance
delta, äMV, par rapport au delta du modèle de
Black-Scholes, äBS, est:
Gain = 1
|
n
?
i=1
|
xi
|
n
?
i=1
|
zi
|
72
Les résultats sont présentés dans le tableau
5.12 ci-dessous.
FIGURE 5.14 - R2 pour les calls et les puts
entre le 23 Juillet 2019 et le 20 Mai 2020.
TABLE 5.12 - Gain du Minimum Variance Hedging par
rapport au Delta Hedging.
Moneyness
|
Type d'option
|
Temps jusqu'à maturité
|
Long terme
|
Court terme
|
Tout
|
En dehors de la monnaie (OTM)
|
Call
|
47,8%
|
94,6%
|
90,3%
|
Put
|
93,3%
|
56,9%
|
88,4%
|
À la monnaie (ATM)
|
Call
|
91%
|
91%
|
91%
|
Put
|
61%
|
61%
|
61%
|
Dans la monnaie (ITM)
|
Call
|
83,5%
|
96,4%
|
94,1%
|
Put
|
99,9%
|
99, 1%
|
99,8%
|
Tout l'échantillon
|
Call
|
69%
|
95,2%
|
91,2%
|
Put
|
99,2%
|
94,2%
|
98,3%
|
73
Conclusion
Delta est de loin la lettre grecque la plus importante. Elle
joue un rôle clé dans la gestion des portefeuilles d'options. Les
traders d'options prennent des mesures pour s'assurer qu'ils sont proches du
delta-neutre au moins une fois par jour. Ce document a étudié
empiriquement la différence entre le delta de Black-Scholes et le
Minimum Variance delta. John Hull et Alan White (2017) [15]
ont fait l'étude sur les options sur indices, dans ce travail nous
avons essayé d'appliquer leur étude sur les options sur
l'EURUSD.
La principale contribution du travail de John Hull et Alan
White (2017) est de montrer qu'une bonne estimation du Minimum
Variance delta peut être obtenue à partir du delta de
Black-Scholes et d'une estimation empirique de la relation historique entre les
volatilités implicites et les prix des actifs. Ils ont montré que
l'espérance de la volatilité implicite peut être
approximé sous la forme d'une fonction quadratique sur le delta de
Black-Scholes, divisé par la racine carrée du temps. Cela conduit
à une formule pour convertir le delta de Black-Scholes en Minimum
Variance delta.
74
Chapitre 6
Modélisation du taux de change Marocain
6.1 Introduction
Auparavant, le Maroc adoptait un régime de change fixe,
ce dernier n'a pas pu escompter tous les objectifs principaux des
autorités monétaires, qui ne sont autres que d'améliorer
la compétitivité du pays, d'assurer la stabilité de la
monnaie nationale tout en réduisant le risque de change. Le Maroc est
resté sur le choix d'un ancrage à un panier constitué
essentiellement de deux devises : euro et dollar. Un tel régime de
change a permis au pays de lutter contre l'inflation et d'éviter
l'inflation emportée.
En janvier 2018, le ministère de l'économie et
des finances après avis de Bank Al-Maghrib, a décidé
d'adopter, un nouveau régime de change où la parité du
dirham est déterminée à l'intérieur d'une bande de
fluctuations de #177;2,5% contre #177;0,3% précédemment, par
rapport à un court centrale fixé par Bank Al-Maghrib sur la base
d'un panier de devises composé de l'Euro et du Dollar Américain
à hauteur respectivement de 60% et 40%. Depuis le 9 mars 2020, le Maroc
est passé à la deuxième phase de sa réforme du
régime de change. Le ministère de l'Économie et des
Finances a ordonné, après avis de Bank Al-Maghrib, un
élargissement de la bande de fluctuation du dirham qui passe d'une marge
de manoeuvre de #177;2,5% à #177;5% par rapport à un cours
central.
Il est essentiel de noter que le passage à un
régime flottant requiert une bonne préparation de
l'économie ainsi que des intervenants. En effet, une transition brusque
ne permet pas aux acteurs sur le marché de s'adapter aux risques du
flottement et de développer les instruments nécessaires pour
faire face à ceux-ci. Cette transition peut s'étaler sur
plusieurs années et ce pour garantir un bon fonctionnement des
marchés internes et une préparation de la politique
monétaire. Et c'est bien la démarche suivie dans le cas du Maroc,
selon Mr Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib.
Évolution du régime de change au
Maroc
Le Dirham Marocain a passé par plusieurs étapes
depuis sa création en 1959 :
-- 1959 : C'est la date de création du Dirham, avec un
rattachement au Franc français, ce dernier a connu une forte
volatilité au début de 1970 provoquant des
déséquilibres dans la valeur du dirham.
75
-- 1973 : Les autorités marocaines ont
choisi de déterminer la valeur du Dirham à partir d'un panier de
devises des principaux partenaires du pays. Le panier du de devises
était constitué de la manière suivante 38% du Franc
Français, 15% du Dollar Américain, 15% de la Peseta Espagnole, 8%
de la Lire Italienne, 8% du Livre Sterling, 7% du Deutsch Mark, 4% du Franc
Suisse, 3% du Franc Belge et 2% du Florin Hollandais.
-- 1980 : Les autorités marocaines on
gardé le même panier de devises mais avec des pondérations
différentes 25% du Franc Français, 32% du Dollar
Américain, 15% de la Peseta Espagnole, 5% de la Lire Italienne, 8% du
Livre Sterling, 7% du Deutsch Mark, 2% du Franc Suisse, 4% du Franc Belge et 2%
du Florin Hollandais.
-- 1983 : L'adoption de la politique
d'ajustement structurelle (PAS), imposée par le fonds monétaire
international (FMI) en 1983, c'était le moment le plus difficile pour le
Maroc, cette réforme avait comme but d'augmenter le budget de
l'État, afin de régler ses dettes suite à une chute des
prix de phosphate, elle a ainsi impliqué une série de
réformes qui s'inscrit dans une optique d'ouverture de l'économie
marocaine, et ceci par le biais d'une politique de libéralisation
économique et financière progressive. Le Dirham Marocain a connu
dans cette période une dépréciation de 37%.
-- 1996 : La création d'un
marché monétaire qui était au départ seulement un
marché de change interbancaire au Maroc en 1996 a
représenté le couronnement de ces réformes. Les
années 90 seront inscrites dans un processus de
libéralisation.
-- 2001 : Réaménagement du
panier limitant sa composition à l'Euro et au Dollar avec
des pondérations respectives de 80% et 20% impliquant une
dévaluation de 5%.
-- 2015 : Révision de panier à 60%
de l'Euro et 40% du Dollar.
-- 2018 : Élargissement de la bande de
fluctuation de 0,3% à la hausse et à la baisse à 2.5% en
janvier. Cette flexibilité vise à soutenir la
compétitivité, améliorer la croissance et renforcer la
résilience de l'économie nationale aux chocs exogènes
(Selon MEF).
-- 2020 : Élargissement de la bande de
fluctuation du Dirham de 2,5% à 5% par rapport au cous central
fixé par Bank Al-Maghrib. Cet élargissement s'inscrit dans le
cadre de la poursuite du processus de réforme du régime de
change, qui a été initié en Janvier 2018, et intervient
après l'atteinte des objectifs assignés à la
première phase.
Implications du régime flottant sur
l'économie marocaine
Le régime de change flottant aura plusieurs
implications sur l'économie marocaine et sur le comportement des agents
économiques.
Détermination de la valeur du dirham
La volonté de passer vers un régime de change
flottant implique que la banque centrale ne déterminera plus la
parité EURMAD et USDMAD mais c'est plus les jeux de l'offre et de la
demande du marché de change qui vont déterminer la valeur du
Dirham par rapport aux autres devises. En d'autres termes si des investisseurs
étrangers viennent massivement au
76
Maroc, ils exprimeront une demande du Dirham ce qui le fera
apprécier puisqu'ils chercheront à convertir leurs capitaux en
devises en Dirham mais si au contraire on assiste à une
délocalisation en Europe ou une fuite de capitaux, on aura une offre
abondante du Dirham ce qui le fera déprécier.
Pouvoir d'achat des consommateurs
Quant au pouvoir d'achat des consommateurs marocains, si le
Dirham venait à se déprécier ce qui sera surement le cas
vu l'état déficitaire de la balance commerciale, les produits
importés couteront plus chers incluant les matières
premières qui viendront renchérir la production nationales de
produits puisqu'ils incorporent ces matières premières, par
conséquent le pouvoir d'achat des marocains qui n'est déjà
pas souverain sous le régime fixe le sera encore moins puisqu'une partie
de cette souveraineté sera déterminé par les mouvements de
marché.
Avènement des fonds spéculatifs
Un autre phénomène qu'on risque d'observer est
l'avènement de fonds spéculatifs. En effet , un Dirham flottant
est livré à des mouvements spéculatifs extrêmement
brutaux et rapides avec des mécanismes tel que la vente à
découvert qui pourront mettre à mal notre économie
puisqu'elle ne dispose ni de résilience ni de masse monétaire
nécessaire pour absorber ces chocs.
Assèchement des liquidités
Le seul levier qui restera pour la banque centrale pour
pouvoir continuer à soutenir sa monnaie en cas d'appréciation ou
dépréciation brutale du Dirham sont les réserves
stratégiques de change, elle devra donc puiser à chaque fois dans
ces réserves internationales pour acheter le Dirham en contrepartie de
devises, ce phénomène sera accentué par les mouvements
spéculatifs et conduira à long terme à un
assèchement des réserves de change.
6.2 Modélisation du taux de change marocain dans
le cadre d'un régime de change flottant administré
Un régime de flottement administré est un
système de taux de change convenu dans lequel certains pays, le Maroc
faisant partie, s'engagent à maintenir leur taux de change dans une
marge ou une bande de fluctuation spécifique. Cette marge peut
être fixée par rapport à une autre devise ou à un
panier de devises. L'amplitude de cette bande peut toutefois varier, donnant
lieu à deux versions différentes:
-- Version forte : Également connue sous le nom
Fixed Peg Arrangement. Le taux de change, qui fluctue dans des marges
de #177;1% ou moins, est révisé assez rarement. L'autorité
monétaire peut maintenir le taux de change dans les marges par une
intervention directe (par exemple, en achetant et en vendant des devises
domestiques et étrangères sur le marché) ou indirecte (par
exemple, en influant sur les taux d'intérêt).
77
-- Version faible : Également connue
sous le nom de Target Zone Exchange Rate. Dans ce cas, le taux de
change fluctue de plus de #177;1% autour d'un cours de référence
publié par la banque centrale. Une fois que le taux de change atteint
une des deux extrémités, les autorités interviennent sur
le marché de change en rachetant ou vendant un montant de devises
suffisant pour maintenir le taux de change à l'intérieur de la
bande.
La modélisation des taux de change sous un
régime de flottement administré, est une tentative pour expliquer
formellement comment le taux de change se comporte à l'intérieur
de la bande de fluctuation. Il existe une vaste littérature sur les
Target Zones, théorique et empirique. La littérature
théorique moderne a son point de départ dans le modèle de
la Target Zone de Krugman (1991) [20] qui sera décrit
ci-dessous. Le modèle a ensuite été modifié pour
les situations dans lesquelles son hypothèse de base, selon laquelle les
interventions de la banque centrale ne se produisent qu'aux frontières
de la bande de fluctuation, n'est pas satisfaite. Citons par exemple
Delgado et Dumas (1992) [10] et Torres (2000) [30]. Le
modèle Krugman a été testé de différentes
manières dans de nombreuses contributions empiriques, et une observation
générale est qu'il n'a pas réussi à
caractériser les mouvements des taux de change à
l'intérieur d'une bande de fluctuation, Target Zone.
Le modèle Krugman est un modèle
à temps continu, et il y a eu de nombreuses tentatives de l'ajuster
à diverses séries de taux de change quotidiens en utilisant la
méthode des moments : voir par exemple Smith et Spencer (1992)
[26], De Jong (1994) [18], Iannizzotto et Taylor (1999)
[16] et Taylor et Iannizzotto (2001) [17]. Une autre approche,
à temps discret, Bekaert et Gray (1998) [3], a
été de modéliser la distribution conditionnelle de la dans
une zone de fluctuation en supposant que la distribution est normale
tronquée, la troncature étant le résultat de l'existence
d'une zone crédible.
Dans ce chapitre, nous reprenons les travaux de Lundbergh
et Teräsvirta (2005), où ils proposent un modèle
à temps discret qu'il l'ont appelé Smooth Transition
Autoregressive Target Zone (STARTZ). Leur objectif a été de
développer un modèle qui permettra à la fois d'exa-miner
la validité des hypothèses du modèle de Krugman
et, en même temps, de caractériser adéquatement le
comportement dynamique d'un taux de change fluctuant à
l'intérieur d'une bande de fluctuation.
Le plan de ce chapitre est comme suit : Le modèle
classique de Krugman est discuté dans la Section 1, le
modèle STARTZ est défini dans la Section 2, la Section 3
est consacrée méthodologie d'estimation du modèle, la
Section 4 à l'application et l'évaluation du modèle sur le
taux de change marocain. Finalement, la Section 5 conclut.
6.2.1 Le modèle de Krugman
Krugman considère un modèle
monétaire log-linéaire minimaliste du taux de change. Exprimant
toutes les variables en logarithmes, le taux de change à tout chaque
instant t est supposé égal à :
s(t) = f(t) + áE(ds
dt |Ft) (6.1)
avec s(t) est le logarithme du taux de change spot
à l'instant t, mesuré en unités de devise
domestique par unité de devise étrangère ou un panier de
devises étrangères. f(t) est ce qu'on appelle le
fondamental et E(ds
dt |Ft) est l'espérance
conditionnelle de la variation du taux de change à l'instant t
sachant la filtration Ft, qui représente l'information
dispo-
78
nible à cet instant, celle-ci inclut la valeur actuelle du
fondamental f(t), ainsi que toutes les restrictions explicites ou
implicites que les autorités ont imposées à
l'évolution future du fondamental.
Le fondamental f(t) peut s'écrire comme suit:
f(t) = m(t) + v(t) (6.2)
avec m(t) représente la masse monétaire
à l'instant t, c'est un paramètre contrôlé
par la banque centrale. v(t) contient tous les autres facteurs qui
influent sur le taux de change. On suppose que cette composante suit un
mouvement Brownien.
dv = ódz
avec z est un processus de Wiener standard.
La composante m(t) n'est modifié que pour
maintenir le taux de change à l'intérieur de la bande. Plus
précisément, l'autorité monétaire est prête
à réduire m afin d'empêcher s de
dépasser une certaine valeur maximale sU, et
à augmenter m pour empêcher s de tomber en
dessous d'une certaine valeur minimale sL. Tant que
sL < s < sU, la composante m(t)
reste inchangée.
S'il n'y a pas de bande de fluctuation et que la monnaie
flotte librement, la banque centrale n'intervient pas (m =
0), et f, et donc s, suit un mouvement
Brownien. Dans ce cas E(ds dt |Ft) = 0.
Il n'y a aucune raison économique de supposer une
mouvement Brownien sur v. L'hypo-thèse est faite ici pour deux
raisons:
-- L'hypothèse d'une marche aléatoire permet de
ce concentrer entièrement sur la dynamique causée par la
présence d'une bande de fluctuation.
-- L'hypothèse de marche aléatoire donne lieu
à une solution analytique simple.
Avant de passer à la solution analytique, il est utile
de commencer par une approche intuitive des effets d'une bande de fluctuation
sur le comportement des taux de change. La figure 6.1 représente le taux
de change par rapport à v; la bande de fluctuation est
indiquée par les lignes en pointillés qui définissent une
bande qui limite le taux de change entre sL et
sU. Nous considérons le comportement du taux de
change lorsque l'on part d'une certaine masse monétaire initiale, disons
m = 0.
Une vision naïve se présenterait comme suit:
Puisque m est détenu localement constante et puisque v
suit un mouvement Brownien, alors E(ds dt |Ft) =
0. Ainsi, on pourrait simplement s'attendre à ce que le taux de
change soit égal à m + v, c'est-à-dire que le
taux de change flotte librement l'intérieur de la bande de fluctuation.
Si les chocs successifs à v poussent le taux de change aux
bords de la bande de fluctuation, alors la masse monétaire m
sera ajustée pour éviter que s ne dérive
davantage. Ainsi, cette vision naïve supposerait une relation entre v
et s qui ressemble à la ligne épaisse de la figure
6.1.
79
FIGURE 6.1 - Représentation de s en fonction
de v, [20].
Krugman suppose l'existence d'une bande de
fluctuation, sL = s = sU, et
que les autorités interviennent à travers le paramètre
m quand le taux de change atteint l'une des deux frontières
sL ou sU. Cela change les anticipations
des agents lorsque la zone est crédible. Lorsque le taux de change se
trouve près de l'une des deux frontières, la probabilité
que le taux de change se déplace vers le centre est perçue comme
étant plus élevée que la probabilité qu'il se
rapproche encore de la frontière. Les agents anticipent l'intervention,
E(ds
dt |Ft) =6 0, de sorte que la zone
crée une non-linéarité appelée Honeymoon Effect
dans le comportement du taux de change en fonction du fondamental. Au lieu
d'une ligne droite, la relation entre le taux de change et fondamentale est
caractérisée par une courbe en S lisse représentée
dans la figure 6.2.
FIGURE 6.2 - Représentation de s en fonction de
v, [20].
80
Nous voulons déterminer une relation,
s = g(m, v, sL,
sU) (6.3)
qui est cohérente avec l'équation du modèle
(6.1), et le comportement du taux de change supposé.
Supposons que nous maintenions m constant,
c'est-à-dire que nous considérons une situation où s
se situe à l'intérieur de la bande. Alors la seule source de
changements espérés dans s réside dans le
mouvement aléatoire de v. On a donc :
E(ds
dt|Ft) = ó22
gvv(m, v, sL,
sU) (6.4)
avec
g
gvv(m, v, sL, sU
a2 ) = av2
En substituant (6.4) dans (6.1), nous aurons :
g(m, v, sL,
sU) = m + v + acr22 gvv(m, v,
sL, sU) (6.5)
La solution générale de l'équation (6.5) est
de la forme :
g(m, v, sL,
sU) = m + v + AeP(m+v) + Be-P(m+v) (6.6)
avec
_ /2a2 P a
et A et B sont des constantes à
déterminer à l'aide des conditions aux limites satisfaites par le
taux de change s au moment de l'intervention.
Nous pouvons encore simplifier le problème en invoquant
la symétrie. Supposons que m = 0; alors nous nous attendons
sûrement à ce que la relation passe par le milieu de la figure
6.2, c'est-à-dire que s = 0 lorsque v = 0. Cela ne
peut être vrai que si B = -A. L'équation (6.6) peut donc
s'écrire :
g(m, v, sL,
sU) = m + v + A(eP(m+v) - e-P(m+v)) (6.7)
6.2.2 Le modèle STARTZ Smooth Transition
Autoregressive Target Zone
Nous cherchons à estimer par ce modèle,
l'écart yt du taux de change par rapport au taux
de référence, avec t = 1, 2 ,
T. Les limites inférieure et supérieure sont
notées sL et sU respectivement.
Nous suivons Lundbergh et Teräsvirta (2005)
[22], qui ont développé un modèle qui permet un
changement de dynamique de la moyenne conditionnelle et la variance
conditionnelle lorsque le processus s'approche de la limite de la zone
cible.
Le degré de changement de la moyenne et de la variance
conditionnelles dépend de façon
81
non linéaire de la distance entre la valeur du
processus et le centre de la bande de fluctuation. Une hypothèse
similaire sur la dynamique du processus des séries temporelles a
été formulée par Bekaert et Gray (1998) [4]
et Forbes et Kofman (2000) [11] qui introduisent une variable
caractérisant la position du processus dans la bande de fluctuation.
Le modèle de Lundbergh et Teräsvirta (2005)
est le suivant :
yt = mt + et (6.8)
avec
p
et = zt ht (6.9)
où zt ~ iid(0, 1) et ht la
variance conditionnelle de et.
La moyenne conditionnelle mt est définie par :
mt =
ö'xt
+ (usL -
ö'xt)GL(yt-1,
ãa, èa,
usL) + (usU -
ö'xt)GU(yt-1,
ãa, èa,
usU) (6.10)
avec xt = (1, yt-1, ,
yt-n)0 est un vecteur d'interception-retard de
dimension (n + 1) et
ö = (ö0,
ö1, , ön)0 est le vecteur de
paramètres correspondant. Le vecteur xt
contient
implicitement toute l'information à propos du fondamental
à l'instant t = 1.
Les fonctions GL et GU
représentent les fonctions de transition, elle ont la forme suivante
:
1
GL(yt-1, ã,
è, c) = ã > 0, è >
0 (1 +
e-ã(c-yt-1))è
1
GU(yt-1, ã,
è, c) = ã > 0, è >
0 (6.11) (1 +
e-ã(yt-1-c))è
avec yt-1 est la variable de transition,
et ã, c et è sont les
paramètres de pente, de localisation et d'asymétrie,
respectivement. De plus, sL et sU
définissent les frontières inférieure et supérieur
de la bande de fluctuation, donc c = usL et c
= usU sont les paramètres de localisation dans
(6.10).
GL et GU sont des
fonctions logistiques généralisées (Sollis, Leybourne
et Newbold (1999) [27]). Le paramètre è est
introduit pour l'asymétrie possible dans le processus de transition.
Lorsque è = 1, les fonctions dans les équations (6.11)
changent de façon monotone de 0 à 1, le changement étant
symétrique autour de c. Sollis et al. (1999)
soulignent que lorsque l'on s'approche de zéro, une
asymétrie extrême est générée. Pour
ã > 0 et è < 1, une transition commence
plus lentement qu'elle ne se termine, mais c'est le contraire pour ã
< 0. La vitesse de transition de yt-1 dépend
de la valeur de ã. Notons que :
?GL(yt-1, ã,
è, c) = è(c -
yt-1)(1 +
e-ã(c-yt-1))-(è+1)e-ã(c-yt-1)
?ã
et la valeur de la fonction logistique
généralisée augmente à fur et à mesure que
ã augmente si yt-1 < c. Par
conséquent, une grande valeur de ã est associée
à une transition rapide dans la dynamique du processus yt.
Le paramètre u, avec 0 < u < 1,
ajoute une flexibilité au modèle et permet d'estimer une bande de
fluctuation implicite à l'intérieur de la bande de fluctuation
officielle. Le paramètre de pente ãa > 0
et le paramètre d'asymétrie èa > 0
nous indiquent le niveau de la variation
82
du comportement dynamique local du taux de change lorsque l'on
passe du centre de la bande de fluctuation au voisinage de l'une ou l'autre des
frontières.
La moyenne conditionnelle (6.10) a l'interprétation
suivante. Près du centre de la bande de fluctuation, le comportement du
taux de change est caractérisé, au moins approximative-
ment, par une combinaison linéaire de ses retards,
cp'xt en tant que
GL 0 et GU 0. Proche de la limite
supérieure et inférieure de la bande de fluctuation, le taux de
change dépend non linéairement de xt.
Par exemple, dans le cas où le taux de change se rapproche de la
frontière supérieure, GU 1 et il y a une
transition de comportement autorégressif, représenté par
cp'xt, vers un comportement
de type "bruit blanc" autour de usU. Évidemment la
quantité 1 - u > 0 est petite. La vitesse de transition est
déterminée par ãa et
èa. Quand le taux de change s'approche de la
frontière inférieure, GL 1 et une conclusion
similaire s'ensuit.
Selon les modèles théoriques de bande de
fluctuation, la variance conditionnelle doit avoir une distribution en forme de
n, car la variance conditionnelle du processus doit être faible
à proximité des frontières si la bande est supposée
crédible. Lundbergh et Teräsvirta (2005) [22] ont
paramétré cette exigence d'une manière similaire à
celle appliquée à la moyenne conditionnelle. L'écart
conditionnel se présente sous la forme "GARCH local" suivante :
ht = rl'wt +
(ä -
rl'wt)GL(yt-1,
ãb, èb, usL) + (ä -
rl'wt)GU(yt-1,
ãb, èb, usU) (6.12)
où rl = (á0,
á1, ... , áq, â1, . .
. , âp)' et wt = (1,
e2t-1, . . . ,
e2t-q, ht-1, . . . ,
ht-p)'. En supposant que ä > 0 avec les
restrictions á0 > 0, áj > 0,
j = 1, 2, ... , q; âj > 0, j = 1,
2, ... , p; sont suffisantes pour la positivité de la variance
conditionnelle. De plus, et = yt - mt de sorte que cp
est supposé indépendant de
rl. L'équation (6.12) implique que la variance
conditionnelle est une fonction non linéaire des éléments
de wt. Par exemple, dans le cas où
l'écart par rapport au cours de référence augmente de
telle sorte que GU -* 1, il y a une transition d'un
comportement standard de type GARCH représenté par
rl'wt vers une constante
ä > 0 qui devrait être proche de zéro.
Bien que le modèle STARTZ vise à
modéliser des taux de change à l'intérieur d'une bande de
fluctuation, il ne s'ensuit pas que le taux de change reste à
l'intérieur de la bande avec une probabilité de 1. Près de
la frontière, la variance conditionnelle du modèle STARTZ est
faible mais toujours positive, comme ä > 0 : Ainsi, un choc
tel que le taux de change franchit la frontière de la bande a une
probabilité positive. Ce n'est pas irréaliste, même
lorsqu'il n'y a pas de réalignement, le taux de change peut
momentanément sortir de la bande de fluctuation avec une faible marge et
être rapidement ramené à nouveau.
6.2.3 Méthodologie d'estimation du modèle
STARTZ
Le modèle STARTZ défini dans les
équations (6.8)-(6.12) est notre paramétrisation la plus
générale du modèle du taux de change à
l'intérieur d'une bande de fluctuation. Afin de réaliser les
travaux empiriques de manière ordonnée, Lundbergh et
Teräsvirta (2005) [22] proposent une stratégie de
modélisation que l'on peut décrire comme suit :
1. Sélectionnez un modèle AR(n) pour la moyenne
conditionnelle selon un critère approprié tel que l'AIC
(Akaike, 1974) ou le BIC (Rissanen, 1978; Schwarz, 1978).
2. Sélectionnez un modèle ARCH ou GARCH d'ordre
inférieur pour la variance conditionnelle.
3. Estimer un modèle AR(n)-GARCH(p,q), réduire
la taille du modèle si nécessaire et ré-estimer pour la
série afin d'obtenir les valeurs initiales pour l'estimation du
modèle STARTZ.
4. Estimer les paramètres du modèle STARTZ et
tester l'adéquation de la moyenne conditionnelle et de la de la variance
conditionnelle à l'aide des test statistiques appropriés.
5. Si le modèle passe les tests avec succès,
acceptez-le. Dans le cas contraire, essayez d'autres paramètres ou
choisissez une autre famille de modèles.
Toutes les estimations des paramètres sont obtenues
à l'aide de la méthode des moindres carrées non
linéaires. Nous souhaitons donc estimer le vecteur des paramètres
Ð = ('P0, . . . , 'Pn,
Y, 'ra, 0a, '0, . . .
, 'q, 130, . . . , 13p, , 'rb,
0b) qui ajuste au mieux les données, au sens des moindres
carrés.
6.2.4 Modélisation du taux de change du Dirham par
le modèle STARTZ
Dans cette section nous allons essayer de modéliser le
taux de change USDMAD avec le modèle STARTZ, en suivant les
étapes décrites dans la section précédente. Les
données sont des observations quotidiennes du taux de change du 01 Juin
2015 au 01 Juin 2020, extraites de
https://fr.investing.com/currencies/usd-mad-historical-data.
Nous modélisons l'écart, en pourcentage, du taux de change par
rapport au cours de référence. Nous nous sommes cantonnés
au cas de l'USDMAD, puisque la même analyse pourra être faite pour
le cas de l'EURMAD.
L'élargissement de la bande de fluctuation pour le
Dirham de #177;2,5% à #177;5%, a été mis en place depuis
le 09 Mars 2020, donc nous n'auront pas suffisamment de données
historique pour estimer notre modèle. Pour remédier à ce
problème nous avons supposé que la bande de fluctuation de
#177;5% a été mise en place depuis le 01 Juin 2015, et nous avons
estimé le cour de référence comme une moyenne
géométrique des taux USDMAD sur toute la période
considérée. La figure 6.3 représente l'évolution de
l'écart de l'USDMAD par rapport au cours de référence
considéré pour la période allant du 01 Juin 2015 au 01
Juin 2020, les lignes rouges en pointillés représentent la bande
de fluctuation de #177;5% autour d'une cours de référence de
9,6597.
83
FIGURE 6.3 - La déviation en pourcentage de l'USDMAD du
cours de référence.
Nous remarquons que le taux de change dépasse la bande
pour quelques observation, mais cela ne contredit pas notre modèle, car
on a prouvé que la probabilité que le taux de change
dépasse la bande de fluctuation n'est pas nulle.
Estimation du modèle AR(n) pour la moyenne
conditionnelle
La première étape de la modélisation est
d'estimer un modèle AR(n) pour la moyenne conditionnelle mt,
pour cela nous allons suivre la méthodologie de Box-Jenkins, c'est un
outil systématique qui permet de déterminer le meilleur
modèle de type ARMA décrivant le processus stochastique d'une
série observée ou d'une transformation stationnaire de celle-ci,
d'estimer ce modèle et de l'utiliser pour extrapoler les valeurs de la
série. Les principales étapes de la méthodologie de
Box-Jenkins sont:
1. Tracer la série des données et
repérer ses principales caractéristique : Tendance,
saisonnalité et résidu.
2. Transformer la série afin de stabiliser la variance
(log, sqrt,...) et différenciation des données pour les rendre
stationnaires.
3. Déterminer l'ordre n du processus AR
à l'aide des critères AIC, BIC ou la fonctions ACF et PACF.
4. Estimer les paramètres du modèle.
5. Diagnostique et tests d'adéquation du
modèle.
6. Prévision des valeurs futures à travers le
modèle retenu.
Tout d'abord, il faut tracer la série temporelle et
repérer ses principales caractéristique. Pour cela nous allons
décomposer la série en 3 composantes : Tendance,
saisonnalité et résidu. La figures 6.4 représente les
différentes composantes de notre série.
84
FIGURE 6.4 - Représentation de la de la série de
l'USDMAD et de ses composantes.
85
Avant de travailler avec la série, il faut d'abord
vérifier si elle est stationnaire ou pas, pour cela nous allons
vérifier la stationnarité de la série à l'aide du
test de Dickey-Fuller (1979) augmenté (ADF). Les
hypothèses du test sont:
-- H0 : La série n'est pas
stationnaire. -- H1 : La série est
stationnaire.
TABLE 6.1 - Test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) sur la
série yt.
Série Dickey-Fuller Test Lag Order
p-value 5% Conclusion
yt -2,4992 10 0,367 Non Stationnaire
Nous remarquons que la p - value> 0,05
donc l'hypothèse H0 est retenue au seuil 5%
pour la série temporelle yt.
D'après la méthodologie de Box-Jenkins, il faut
stationnariser la série avant de l'utiliser pour estimer le
modèle AR(n). La méthode utilisée pour stationnariser une
série temporelle est la différenciation. Différencier une
série temporelle signifie soustraire chaque point de données de
la série de son successeur. Pour la plupart des modèles de
séries chronologiques, une ou deux différences sont
nécessaires pour en faire une série stationnaire. Notre nouvelle
série temporelle, y0t,
différenciée une seule fois, représentée dans la
figure 6.5, s'écrit:
y0 t = yt - yt-1
FIGURE 6.5 - Représentation de la de la série
y0t.
Nous allons vérifier de nouveau la stationnarité
avec le test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF).
TABLE 6.2 - Test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) sur la
série y0t.
Série Dickey-Fuller Test Lag Order
p-value 5% Conclusion
y0t -10,876 10 0,01
Stationnaire
86
Nous remarquons que la p - value < 0,05
donc l'hypothèse H0 est rejetée au
seuil 5% pour la série temporelle
y0t.
Dans cette étape, ont doit déterminer l'ordre
n du processus AR(n), pour cela nous allons utiliser les
critères Akaike information criterion (AIC) et Bayesian
Information Criterion (BIC). Nous allons estimer différents
modèles : AR(1), AR(2), AR(3), AR(4) et AR(5), puis nous allons choisir
le modèle de plus adéquat suivant ces deux critères. Les
résultats sont présentés dans la tableau 6.3
ci-dessous.
TABLE 6.3 - Comparaisons des modèles AR(n), n =
1, . . . , 5, par les critères AIC et BIC.
Modèle
|
Critère AIC
|
Critère BIC
|
AR(1)
|
-11230,35
|
-11214,83
|
AR(2)
|
-11228,42
|
-11207,73
|
AR(3)
|
-11228,59
|
-11202,71
|
AR(4)
|
-11227,12
|
-11196,07
|
AR(5)
|
-11225,16
|
-11188,93
|
|
Le modèle choisi est celui qui aura les plus faible
valeurs d'AIC et BIC. Ces critères reposent sur un compromis entre la
qualité de l'ajustement et la complexité du modèle, en
pénalisant les modèles ayant un grand nombre de
paramètres. Pour le critère AIC la pénalité
dépend seulement du nombre des paramètres, par contre pour le
critère BIC la pénalité dépend à la fois de
la taille de l'échantillon et du nombre de paramètres. Donc
d'après le tableau 6.3 le modèle choisi est
AR(1).
Avant de valider notre modèle il faut le diagnostiquer,
pour cela il faut analyser les résidus du modèle, ces
résidus doivent vérifier les trois hypothèses
suivantes:
-- Normalité.
-- Absence d'auto-corrélation. --
Homoscédasticité.
La normalité peut être soit testée
graphiquement, en représentant l'histogramme des résidus ou par
le graphe quantile-quantile (qq-plot), soit testée statistiquement avec
le test de Shapiro-Wilk, les hypothèses du test sont:
-- H0 : Les résidus sont
normalement distribués.
-- H1 : Les résidus ne sont pas
normalement distribués.
TABLE 6.4 - Test de Shapiro-Wilk pour les résidus du
modèle AR(1).
Modèle Shapiro-Wilk Test p-value 5%
Conclusion
AR(1) 0,96285 < 2,2 x 10-16
Non-normalité
Nous remarquons que la p - value < 0,05
donc l'hypothèse H0 est rejetée au
seuil 5% pour le modèle AR(1). Cela ne posera pas de problème,
car nous essayons seulement de trouver les valeur initiales pour notre
modèle final STARTZ.
L'auto-corrélation des résidus peut être
vérifiée avec le test de Ljung-Box (1978) ou celui de Box-Pierce
(1970). Les hypothèses du test sont:
87
-- H0 : Absence
d'auto-corrélation des résidus. -- H1 :
Présence d'auto-corrélation des résidus.
TABLE 6.5 - Test de Ljung-Box pour les résidus du
modèle AR(1).
Modèle ÷2 Lag Order
p-value 5% Conclusion
AR(1) 7,7444 x 10_5 1 0,993 Pas
d'auto-corrélation
Nous remarquons que la p _ value > 0.05 donc
l'hypothèse H0 est retenue au seuil 5% pour le
modèle AR(1).
L'homoscédasticité des résidus peut
être vérifiée avec le test de White (1980). Les
hypothèses du test sont:
-- H0 : Homoscédasticité
des résidus. -- H1 :
Hétéroscédasticité des résidus.
TABLE 6.6 - Test de White pour les résidus du
modèle AR(1).
Modèle ÷2 Lag Order
p-value 5% Conclusion
AR(1) 5,1267 2 0,07705
Homoscédasticité
Nous remarquons que la p _ value > 0.05
donc l'hypothèse H0 est retenue au seuil 5%
pour le modèle AR(1).
Estimation du modèle GARCH(p,q) pour la variance
conditionnelle
La deuxième étape de la modélisation est
d'estimer un modèle GARCH(p,q) pour la variance conditionnelle
ht. Dans la première étape, nous avons vu que le
modèle AR(1) était suffisant pour estimer la moyenne
conditionnelle mt, nous allons donc utiliser cette conclusion et
suivre les mêmes étapes afin de choisir le modèle
GARCH(p,q) le plus adéquat.
De manière générale, on peut dire que la
série yt suit le processus AR(1)-GARCH(p,q) suivant:
yt = ö0 +
ö1yt_1 + et (6.13)
avec
\/
et = zt ht (6.14)
où zt iid(0, 1) et ht la variance
conditionnelle de et qui suit le processus GARCH(p,q)
suivant:
ht = á0 + á1e2
t_1 + ... + ápe2 t_p
+ â1ht_1 + ... +
âqht_q (6.15)
De la même manière que l'étape
précédente, ont doit décider les ordres p et
q du modèle GARCH. pour cela nous allons estimer
différents modèles : GARCH(1,1), GARCH(2,1), GARCH(1,2) et
GARCH(2,2), puis nous allons choisir le modèle de plus adéquat
suivant les critères AIC et BIC. Les résultats sont
présentés dans la tableau 6.7 ci-dessous.
88
TABLE 6.7 - Comparaisons des modèles GARCH(p,q), p
= 1,2, q = 1,2, par les critères AIC et BIC.
Modèle Critère AIC Critère
BIC
GARCH(1,1) -8,7061 -8,6863 GARCH(2,1)
-8,7029 -8,6792 GARCH(1,2) -8,7019 -8,6781
GARCH(2,2) -8,7026 -8,6749
Le modèle choisi est celui qui aura les plus faible
valeurs d'AIC et BIC. Donc d'après le tableau 6.7 le modèle que
nous allons choisir est GARCH(1,1).
Donc finalement nous avons un modèle AR(1)-GARCH(1,1)
dont les paramètres sont représentés dans le tableau
ci-dessous. Ces paramètres vont nous servir pour initialiser
l'algo-rithme qui nous permettra d'estimer les paramètre de notre
modèle STARTZ.
TABLE 6.8 - Paramètres du modèle
AR(1)-GARCH(1,1).
Paramètres
|
Estimation
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Pr(>
|t|)
|
P0
|
-1,527186 x 10-5
|
0,000077
|
-0,198691
|
0,842504
|
P1
|
-0,022622
|
0,028974
|
-0,780754
|
0,434947
|
á0
|
7, 154863 x 10-8
|
0, 000001
|
0, 096016
|
0, 923507
|
á1
|
0,046181
|
0,019789
|
2,333640
|
0,019615
|
â1
|
0,947683
|
0,019191
|
49,380824
|
0
|
Avant de valider notre modèle, on doit le
diagnostiquer. Nous allons d'abord tester l'auto-corrélation des
résidus avec le test de ARCH LM. Comme le test Ljung-Box, le test ARCH
LM permet de tester la dépendance en série
(auto-corrélation) due à un processus de variance conditionnelle
en testant l'auto-corrélation dans le carré des résidus.
Les hypothèses du test sont:
-- H0 : Absence
d'auto-corrélation des résidus pour un ensemble de retards
k. -- H1 : Présence
d'auto-corrélation des résidus pour un ensemble de retards
k.
TABLE 6.9 - Test de ARCH LM pour les résidus carrés
du modèle AR(1)-GARCH(1,1).
Modèle Lag Order Statistic p-value 5%
Conclusion
3 0,4118 0,5210 Pas d'auto-corrélation
AR(1)-GARCH(1,1) 5 1,2392 0,6635 Pas
d'auto-corrélation
7 2,4429 0,6242 Pas d'auto-corrélation
Nous remarquons que pour tout les ordres de retard, la p
- value > 0.05 donc l'hypothèse H0
est retenue au seuil 5% pour le modèle GARCH(1,1).
Nous allons maintenant tester si le modèle
AR(1)-GARCH(1,1) ajuste bien les données en utilisant le test
Pearson Goodness-of-Fit, ce test compare la distribution empirique des
résidus standardisés avec la distribution théorique
choisie. Les hypothèses du test sont:
-- H0 : Le modèle ajuste bien
les données -- H1 : Le modèle n'ajuste
pas les données.
TABLE 6.10 - Test de Pearson Goodness-of-Fit du
modèle AR(1)-GARCH(1,1).
Modèle Échantillon Statistic
p-value 5% Conclusion
AR(1)-GARCH(1,1)
|
20 34,43 0,01635 Modèle non-ajusté
30 38,53 0,11094 Modèle ajusté
40 45,30 0,22574 Modèle ajusté
50 58,47 0,16661 Modèle ajusté
|
Nous remarquons que pour un échantillon de 20, la p
- value < 0.05 donc le modèle n'ajuste pas bien les
données. Par contre pour un échantillon = 30, la p -
value> 0.05 donc l'hypo-thèse H0
est retenue au seuil 5%, c'est-à-dire que le modèle
AR(1)-GARCH(1,1) ajuste bien les données de la série.
Estimation du modèle STARTZ pour le taux de
change
Dans les deux parties précédentes, nous avons
estimé un modèle AR(1) pour la moyenne conditionnelle et un
modèle GARCH(1,1) pour la variance conditionnelle. Donc nous avons un
modèle AR(1)-GARCH(1,1) pour le taux de change, l'équation de ce
modèle s'écrit:
yt = ö0 +
ö1yt-1 + et (6.16)
avec
\/
et = zt ht (6.17)
où zt ~ iid(0, 1) et ht la
variance conditionnelle de et qui suit le processus GARCH(1,1)
suivant:
ht = á0 + á1e2
t-1 + â1ht-1 (6.18)
avec les paramètres initiaux (ö0,
ö1, á0, á1, â1)
sont définis dans la tableau 6.8.
Nous rappelons que le but de l'estimation d'un modèle
AR(1)-GARCH(1,1) pour le taux change, est de trouver les paramètres
initiaux qui nous permettrons d'initialiser notre algorithme pour estimer les
paramètre finaux du modèle STARTZ. L'estimation des
paramètres du modèle STARTZ est faite avec la méthode des
moindres carrés non linéaires. Les résultats de
l'estimation sont présentés dans le tableur ci-dessous.
TABLE 6.11 - Résultats d'estimation des
paramètres du modèle STARTZ.
Modèle Paramètres
cP0 cP1
Initialisation
|
Résultat Final
|
-1,53
|
×
|
10-5
|
1,10 × 10-5
|
-2,26
|
×
|
10-2
|
-1,13 × 10-2
|
1
|
1
|
10
|
-2,93
|
0,5
|
0,5
|
y
Ya Va
STARTZ
á0 7, 15 × 10-8
-1, 19 × 10-3
á1 4,62 × 10-2
3,03 × 10-5
131 9,48 × 10-1 1,70
8 0,1 1,50 × 10-3
Yb 10 11,93
Vb 0,5 1,45
89
Les figures 6.6 et 6.7 ci-dessous représentent les
fonctions de transition G'- et G1-' du
modèle STARTZ, pour la moyenne et la variance conditionnelles.
FIGURE 6.6 - Les fonctions de transition
G'- et G1-' pour la moyenne
conditionnelle.
90
FIGURE 6.7 - Les fonctions de transition
G'- et G1-' pour la variance
conditionnelle.
Afin de tester l'adéquation de notre modèle
STARTZ, les données historiques du cours de l'USDMAD ont
été divisés en deux ensembles:
-- Ensemble d'apprentissage : Constitue 80%
des données initialement choisies, cet ensemble représente
l'écart yt du taux de change USDMAD par rapport au taux de
référence pour la période allant du 01 Juin 2015 au 03
Juin 2019. Ce sont les données
qui ont été utilisés pour estimer les
paramètres du modèle STARTZ représentés dans le
tableau 6.11.
-- Ensemble de validation : Constitue les 20%
restantes des données, cet ensemble représente l'écart
yt du taux de change USDMAD par rapport au taux de
référence pour la période allant du 04 Juin 2019 au 01
Juin 2020. Il sera utilisé pour évaluer la performance du
modèle STARTZ.
Afin de voir si le modèle ajuste bien l'ensemble des
donnée d'apprentissage, nous avons représenté dans la
figure 6.8 ci-dessous, la série yt des donnée
réellement observés contre les résultats de l'ajustement
du modèle.
91
FIGURE 6.8 - Représentation des données
observés et ajustés par le modèle pour la série
yt.
Afin d'évaluer l'ajustement du modèle, nous
allons calculer quelque indicateurs d'écart entre le valeur
observés et les valeur données par le modèle. Ces
indicateurs sont:
-- La somme des carrés des résidus (SSE)
:
SSE =
-- Le carré moyen des erreurs (MSE) :
|
n
?
i=1
|
(yi - àyi)2
|
1
MSE = n
|
n
?
i=1
|
(yi - àyi)2
|
-- L'erreur quadratique moyenne (RMSE) :
\/
n
1
RMSE = (yi -
àyi)2
n ?
i=1
-- L'erreur absolue moyenne (MAE) :
1
MAE =
n
|
n
?
i=1
|
|yi -
àyi|
|
-- L'erreur absolue moyenne en pourcentage (MAPE)
:
1
MAPE = n
|
n
?
i=1
|
|yi -
àyi|
|yi|
|
Les résultats sont présentés dans le tableau
ci-dessous:
TABLE 6.12 - Indicateurs d'écart du modèle
STARTZ.
SSE MSE RMSE MAE MAPE
2,094 x 10-2 2,003
x 10-5 4,475 x
10-3 3,501 x
10-3 4,59%
D'après la figure 6.8 et le tableau 6.12, on peut remarque
que l'écart entre le données observés et les
données ajustés est très minime. Nous pouvons donc dire
que le modèle ajuste bien les données.
Pour valider notre modèle STARTZ, et de la même
façon que les deux premières étapes, il faut tester la
normalité, l'auto-corrélation et l'homoscédasticité
des résidus.
La normalité peut être testée graphiquement
ou à l'aide du test de Shapiro-Wilk présenté plus haut,
les résultats sont présentés dans la figure 6.9 et le
tableau 6.13.
92
FIGURE 6.9 - L'histogramme et le graphe quantile-quantile des
résidus du modèle STARTZ.
93
TABLE 6.13 - Test de Shapiro-Wilk pour les résidus du
modèle STARTZ.
Modèle Shapiro-Wilk Test p-value 5%
Conclusion
STARTZ 0,99774 0,1644 Normalité des
résidus
Nous remarquons que la p - value> 0,05 donc
l'hypothèse H0 est retenue au seuil 5% pour le
modèle STARTZ, ce qui signifie que les résidus sont normalement
distribués.
Nous allons maintenant vérifier l'auto-corrélation
des résidus avec le test de Ljung-Box, présenté plus haut.
Les résultats sont représentés dans le tableau 6.14
ci-dessous.
TABLE 6.14 - Test de Ljung-Box pour les résidus du
modèle STARTZ.
Modèle ÷2 Lag Order
p-value 5% Conclusion
STARTZ 0,3607 1 0,5481 Pas
d'auto-corrélation
Nous remarquons que la p - value > 0.05
donc l'hypothèse H0 est retenue au seuil 5%
pour le modèle STARTZ, , ce qui signifie l'absence
d'auto-corrélation des résidus.
L'homoscédasticité des résidus peut
être vérifiée avec le test de White, présenté
plus haut. Les résultats sont représentés dans le tableau
6.15 ci-dessous.
TABLE 6.15 - Test de White pour les résidus du
modèle STARTZ.
Modèle ÷2 Lag Order
p-value 5% Conclusion
STARTZ 1,1744 2 0,5559
Homoscédasticité
Nous remarquons que la p - value > 0.05
donc l'hypothèse H0 est retenue au seuil 5%
pour le modèle STARTZ, ce qui signifie l'homoscédasticité
des résidus.
On peut conclure que les résidus vérifient les
trois hypothèses : Normalité, absence d'auto-corrélation
et homoscédasticité, ce qui valide le modèle STARTZ.
Afin de s'assurer de la performance du modèle, nous
allons l'appliquer sur l'ensemble de validation qui représente la
période allant du 04 Juin 2019 au 01 Juin 2020. Nous avons
représenté dans la figure 6.10 ci-dessous, la série yt
des donnée réellement observés contre les
résultats du modèle.
Cette représentation nous permet de visualiser la
qualité de l'estimation des paramètre, car l'ensemble de
validation n'a pas été utilisé pour ajuster le
modèle, et malgré cela on peut remarquer que le modèle
donne une très bonne approximation de yt en fonction de
(yt-1, ht-1, Ct-1).
94
FIGURE 6.10 - Représentation des données
observés et prévues par le modèle pour yt.
6.2.5 Conclusions
Dans la littérature sur les Target Zones,
l'accent a été mis sur les modèles théoriques.
Ce chapitre traite un modèle de série chronologique empirique
assez souple, proposé par Lundbergh et Teräsvirta (2005) [22],
capable de caractériser le comportement d'un taux de change
à l'in-térieur d'une bande de fluctuation. Afin de
modéliser les données empiriques de manière
systématique, il est Il est important de disposer d'une stratégie
de modélisation cohérente, et une telle stratégie a
été conçue et appliquée aux données ici.
Le modèle a été appliqué au taux
de change USDMAD, les résultats montrent que ce modèle ajuste
bien les données. Plusieurs test statistiques ont été
utiliser dans chacune des étapes de modélisation, le
modèle a passé tous ces tests avec succès. Le
modèle STARTZ peut également être utilisé pour
modéliser d'autres variables économiques limitées par des
frontières explicites ou implicites, telles que le taux chômage ou
les séries de taux d'intérêt. Le modèle STARTZ
à équation unique peut aussi facilement être rendu
multivarié.
95
Conclusion
Notre projet s'inscrit parfaitement dans notre cursus
académique. En effet, ce travail nous a permis de mettre en pratique
l'ensemble des connaissances acquises au cours des enseignements
théoriques de finance, de mathématiques, d'analyse des
données ainsi qu'en séries chronologiques. De plus, nous nous
sommes retrouvés dans un contexte différent et plus proche de la
réalité que le cadre du modèle de Black-Scholes où
la volatilité est constante.
Nous avons pu examiner dans une première partie le
modèle de Garman-Kohlhagen, ce modèle n'est qu'une extension du
modèle de Black-Scholes, adapté au marché de change de
manière à ce que ce modèle puisse faire face à la
présence de deux taux d'intérêt sans risque.Le
modèle de Black-Scholes et ses extensions restent l'outil fondamental
utilisé par les traders des options. Cependant, il existe des
inconsistances, à savoir la volatilité constante, qui rend
impossible son application directe sur le marché des options.
Pour pallier à cet inconvénient, nous nous
sommes intéressés à la modélisation de la
volatilité implicite. Cette courbe de volatilité utilisée
par les traders pour évaluer les options sur devises a
généralement la forme d'un sourire, d'où le nom Smile
de volatilité. Comme il n'y a pas de formule explicite pour
calculer la volatilité implicite, nous avons recours à des
méthodes numériques pour la calculer, parmi lesquelles on trouve
la méthode de Vanna-Volga; qui est largement utilisée dans le
contexte des marchés des changes en raison de sa capacité
à construire de manière cohérente tout le Smile
de volatilité en utilisant seulement trois cotations de
marché.
Le nouveau régime de change au Maroc a permis
d'introduire de nouveaux produits plus complexes, notamment les options
Américaines. L'évaluation de ce type d'options a sollicité
de nombreux travaux de recherche. Sachant qu'elle n'existe pas une formule
fermée qui donne le prix exact d'une option Américaine, nous
avons présenté quatre méthodes largement utilisées
en salles des marchés pour évaluer ce type d'options, à
savoir la méthode des différences finies, l'approximation de
Barone-Adesi et Whaley (1987), l'approximation de Bjerksund et Stensland (1993)
et enfin l'approximation de Bjerksund et Stensland (2002). Nous avons
constaté que les quatre méthodes donnent des résultats
assez proches, mais d'un point de vue technique, l'approximation de Bjerksund
et Stensland (2002) sera préférée.
Nous avons souligné tout au long de ce rapport
l'importance capitale de la couverture et la gestion des risques. Afin de
gérer les risques liés aux options, il est indispensable de
suivre des stratégies de couverture, qui peuvent
généralement être classées selon deux
catégories à savoir les stratégies statiques et les
stratégies dynamiques. Les premières sont basées sur la
prise de positions sur d'autres options afin de couvrir celles du portefeuille.
Ce type de stratégies est souvent utilisés par les investisseurs
particuliers, donc ils seront toujours obligés de payer une prime afin
d'acquérir l'une de ces stratégies. Pour cette raison nous avons
élaboré un outil permettant de trouver le prix d'exercice optimal
qui permet d'annuler la
96
prime totale de la stratégie. Le second type est une
gestion en temps continu du portefeuille, souvent utilisée par les
praticiens et les opérateurs du marché, basée sur
l'analyse des sensibilités des options qui composent le portefeuille. La
stratégie dynamique la plus populaire est le Delta Hedging,
basée sur le modèle de Black-Scholes. Par contre, plusieurs
chercheurs et praticiens ont remarqué que le delta du modèle de
Black-Scholes ne minimise pas la variance des changements de la valeur de la
position d'un trader. Cela est dû au fait qu'il existe une
corrélation non nulle entre les mouvements du prix de l'actif
sous-jacent et les mouvements de la volatilité de cet actif. Pour
remédier à ce problème, nous avons présenté
une nouvelle approche appelée Optimal Delta Hedging, introduite
par John Hull et Alan White 2017. Cette approche est basée sur le calcul
d'un Minimum Variance Delta qui tient compte à la fois des changements
de prix et de la variation attendue de la volatilité conditionnée
par un changement de prix.
La volonté de passer vers un régime de change
flottant administré implique que la banque centrale ne
déterminera plus la parité EURMAD et USDMAD, mais c'est plus les
jeux de l'offre et de la demande du marché de change qui vont
déterminer la valeur du Dirham par rapport aux autres devises. Dans ce
nouveau régime,le taux de change fluctue autour d'un cours de
référence publié par la banque centrale. Une fois que le
taux de change atteint une des deux extrémités de la bande de
fluctuation, les autorités interviennent pour réguler le
marché de change en rachetant ou vendant un montant de devises suffisant
pour maintenir le taux de change à l'intérieur de la bande. Le
défi était donc de modéliser le taux de change à
l'intérieur de cette bande de fluctuation. Un modèle de
séries chronologiques appelé STARTZ (Smooth Transition
Autoregressive Target Zone), basé sur les travaux de Lund-bergh et
Teräsvirta (2005), a été conçu pour répondre
à ce besoin. Ce modèle nous a permis de caractériser
adéquatement le comportement dynamique d'un taux de change fluctuant
à l'intérieur d'une bande de fluctuation.
Enfin, nous sommes satisfaits des résultats obtenus
à travers ce projet, dans la mesure où ils concordent avec la
réalité du marché de changes. De plus le fait de pouvoir
tester dans un même projet des compétences en
Mathématiques, en Finance et en Informatique ne pourra que nous servir
dans notre vie professionnelle.
Suite à la nouvelle réforme du taux de change,
le marché de change Marocain sera de plus en plus volatile. Afin de
contourner ce risque lié à l'augmentation de la
volatilité, de nouveaux produits plus complexes, notamment les options
Asiatiques et Quanto, ont été introduites sur ce marché.
Une suite logique de notre projet de fin d'études serait donc le pricing
de ce type d'options dans le cadre du nouveau régime de change.
97
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