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Médias de Mbujimayi et le traitement des informations politiques pendant la campagne électorale de 2018.


par Ronsard Luabeya
Université de Mbujimayi - Licence en journalisme 2018
  

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1. 3 INFORMATION COMME DISCOURS MEDIATIQUE

1.3.1 Perception de l'information

Dans les années 70 et 80, nombreux ont été les travaux novateurs consacrés aux médias qui, participant d'un mouvement plus large affectant l'ensemble des sciences sociales, ont porté l'attention sur la production de sens, sur l'élaboration du réel, sur la construction de l'actualité, et qui ont montré que ces opérations étaient repérables grâce à l'examen des discours verbaux et non verbaux véhiculés par les médias étudiés (Roger Bauthier, 2004).

François Giroud (1979) qui étudiait déjà l'écriture du journalisme estimait qu'il était nécessaire de séparer nettement l'information et le commentaire, cette séparation devant donner au lecteur la possibilité de former son propre jugement. Pour Roger Bauthier, cette logique de séparation est aussi remise en cause dans certains travaux, lesquels soutiennent l'aspect « construit » des discours médiatiques. Les tenants de cette tendance prennent leurs distances avec la doctrine libérale de l'information et, notamment, entre le fait et le commentaire, qu'ils sont souvent amenés à critiquer directement. (Roger Bauthier, 2004).

L'idée de construction en communication, indique Gilles Gauthier (2003), est rarement avancée en état théorique plus large. Le plus souvent, son expression draine de considérations analogiques et épistémologiques. Elle se transforme en position philosophique : le constructivisme. Il s'agit donc, d'une part, de la radicalisation de l'approche consistant à reconnaitre une dimension de construction dans l'information diffusée qui devient l'affirmation que, dans sa nature même, l'information est construite, d'autre part, d'une conception de la communication qui « nie tout à la fois que le journalisme produise une description de la réalité, que la transmission de cette description induise une connaissance de la réalité et que cette description et cette connaissance puissent être fidèles à la réalité.

Ces deux dimensions en discussion nous paraissent totalement liées à la notion du traitement de l'information. Car, c'est à ce niveau que le journaliste essaie soit de prendre distance avec les faits soit de développer un point de vue personnel. De ce point de vue, l'information n'est autre que la description de la réalité (évènement). Une description qui passe par une mise en formeafin d'être saisie et interprétée par le public.

1.3.2. Claude Jamet et Anne-Marie Jannet: Mise en scène de l'information

La recherche menée par Claude Jamet et Anne-marie Jannet (2008) dans Mise en scène de l'information a permis de comprendre la construction du discours médiatique et le travail qui se profile en amont et en aval de toute production de l'information et de son impact sur le récepteur. Leur ouvrage s'attache à étudier la question des dispositifs entendus comme mis en temps et en espace, en image et en son attribution. Il passe en revue les situations d'énonciations des médias et les discours, qui permettent de distinguer les identités et les formes de régularité dans la prise de parole et, plus largement dans l'organisation du discours. Cet ouvrage pousse les auteurs à questionner le rapport du discours médiatique avec la réalité extralinguistique en vue d'envisager les différents mécanismes de co-construction.

Les auteurs introduisent leur ouvrage sur les composantes du discours médiatique, approche de Jean-Francois Tétu. Par leur volonté de mettre en place les matériaux nécessaires à l'analyse et à l'appréhension de l'information de presse, ils conçoivent ce que Tétu considère comme instrument d'apprentissage et un manuel du discours de l'actualité « les formes basiques du discours ».

Ainsi, ils mettent en exergue l'approche des éléments constitutifs du discours médiatique nonobstant les variations, l'évolution et le devenir de ce discours. Sur base de l'approche linguistique, les auteurs allient les théories de l'analyse du discours. Ils s'appuient sur les résultats des travaux de Ducrot pour l'approche polyphonique du discours et des concepts-clés qu'elle subsume, à savoir l'intertextualité, la présupposition, l'ironie et les différentes manifestations du discours rapporté.

Pour le discours du journal télévisé, les auteurs transposent l'essentiel des matériaux empruntés à l'analyse du discours en y ajoutant les ingrédients spécifiques à l'écran à savoir, la voix, le son, l'image présentés dans le schéma sur l'énonciation à l'écran qui reprend l'essentiel de la configuration des intervenants dans cet outil audiovisuel.

Jamet et Jannet interrogent les indicateurs représentatifs du dispositif dans une optique informative, assortie d'un commentaire portant sur le sens et le contenu des discours appréhendés pour comprendre la préoccupation des médias en tant que représentation originale d'un microcosme sensé être reconnaissable par le lecteur et de l'importance de la compétitivité, la crédibilité et la fidélisation des lecteurs-récepteurs. Sur ce, les auteurs ont mis en place une grille d'analyse. Ils conçoivent quatre niveaux d'analyses.

Au premier niveau, ils parlent de la dichotomie spatio-temporelle, l'identité visuelle du journal et le contrat d'interaction, l'organisation discursive du journal. Les auteurs expliquent que le journal télévisé mobilise, quant à lui, une terminologie sui generis au traitement de l'image et du son en tant que supports incontournables de passation des messages de l'écran et la mise en scène imposée par la matière informative. Cette partie, indiquent-ils, est conçue comme une plateforme de corrélation entre le produit et sa transmission par les canaux et les techniques appropriées que le langage regorge.

Le second niveau d'analyse que proposent les auteurs consacre la problématique de l'énonciation et l'alternance de points de vue et le degré de distance entre les instances discursives ainsi que l'impact recherché à travers la scénographie des jeux de rôles. L'analyse énonciative préconisée considère le discours médiatique comme un discours polyphonique où s'imbriquent plusieurs points de vue avec plus ou moins de distance.

Concernant la presse écrite, les auteurs s'arrêtent sur les indices d'énonciation immanents au discours, à savoir la titraille, la signature et les indices externes du discours en considérant la mise en scène de l'énonciation ainsi que la hiérarchie des voix intervenant au sein d'un discours.

Le troisième niveau d'analyse se rapporte aux indicateurs de l'énonciation face à un évènement cité. Ce niveau s'arrête sur le rôle des déictiques, du nom propre et de ses fonctions et de l'usage des verbes et de leur pertinence et de l'impact de ces instruments dans la construction du sens. Le choix des formes verbales attire l'attention sur toute la dimension du dire et du faire, combien pertinente pour l'illustration des intentions de l'écriture.

En se penchant sur la nomination, les auteurs rétractent le sens et amoindrissent l'impact: "Le faire est essentiellement exprimé pour la forme active, l'être pour la phrase nominale. La forme passive et la nominalisation sont au croisement des deux effets dans la mesure où elles résultent de l'un pour construire l'autre.

Le quatrième niveau d'analyse se rapporte à un aspect sémantique, à savoir l'étude de l'implicite, concept de la polyphonie qui renvoie à la présupposition et au sous-entendu. Les variations discursives que regorgent les énoncés renseignent sur les choix établis pour chaque situation et les alternatives potentielles de l'énonciateur. Ce procédé est omniprésent dans toute expression écrite ou visuelle en tant que composante dans la compréhension globale d'un énoncé. Il joue les rôles variés pour conforter les dires d'un locuteur, conserver la bienséance, insérer des touches ironiques et prendre position.

Pour ce mémoire, cette recherche est intéressante parce qu'elle nous propose une grille d'analyse très importante. Notre conception de l'information va dans le sens qu'abordent les auteurs, c'est-à-dire, considérer l'information comme discours. Parmi les différents niveaux d'analyse que nous présentent les auteurs dans leur ouvrage, nous pensons que le troisième niveau d'analyse serait plus proche de l'idée que nous nous faisons du présent objet d'étude. Car, il met l'accent sur un certain nombre d'éléments qui permettent de mieux approcher l'information pour comprendre le sens que recèle sa construction. On peut reprocher à Jamet et Jannet de réduire toutes les analyses qu'ils font sur l'information de presse à la structure linguistique.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery