SECTION 3 : INTERPRETATION DES RESULTATS
La présente étude est partie du constat selon
lequel les médias de Mbujimayi, dont la RTNC et la RTDK, ont
participé à la structuration des spectacles politiques par la
mise en scène des événements. Pendant la campagne
électorale, ces deux médias étaient tenus par l'enjeu de
captation. Dans cette perspective, ils ont été à la base
de l'événementialisation de certains événements en
insistant sur des éléments particuliers qui les constituent en
vue de les mettre en avant. Ils ont joué un rôle remarquable dans
le processus de publicisation de certains candidats à la
présidentielle du 30 décembre 2018. D'où les deux
questions de départ qui ont constitué le fil conducteur de notre
recherche : comment les médias de Mbujimayi ont-ils mis en forme
les événements politiques qui se sont déroulés
pendant la campagne électorale? Quels sont les mécanismes de
spectacularisation avaient-ils mis en oeuvre pour mettre en avant ces
événements ?
Comme hypothèse à la première question,
nous avons estimé que la RTNC et la RTDK ont rapporté ces
événements en satisfaisant au principe de distance et de
neutralité, obligeant les journalistes à s'effacer au profit des
faits. A la deuxième question, nous avons avancé que la RTNC et
la RTDK ont recouru à deux procédés discursifs pour mettre
en avant les événements politiques en insistant sur des
éléments particuliers qui les constituent et en cherchant
à avoir de l'impact sur le récepteur. Il s'agit des
procédés de focalisation et de répétition.
En effet, la présente étude est partie d'un
appareil conceptuel. Lequel a reposé sur un seul concept
opératoire qu'est « les informations
politiques ».Ce concept était compris sur deux
dimensions : la spectacularisation et la mise en forme. La première
dimension contient deux composantes : le procédé de
focalisation et le procédé de répétition. De ces
deux composantes, sont dégagés les indicateurs. La
deuxième dimension s'est appuyée aussi sur deux composantes
desquelles sont dégagés les indicateurs.
3.1 DIMENSION
« SPECTACULARISATION »
Cette dimension nous a permis d'identifier sur quoi les
médias ont insisté pour mettre en avant les
événements politiques. L'objectif a été de saisir
la manière dont la RTNC et la RTDK ont pu structurer l'espace public par
la mise en scène des événements. Partant des
éléments d'observation que nous a offerts cette dimension, il
nous revient que les similitudes et les différences se dégagent
du traitement des informations politiques dans les deux médias.
A la RTNC, nous avons constaté que le
procédé de focalisation a été utilisé pour
mettre un accent particulier sur certains thèmes pendant cette
période de campagne électorale. Des sujets tels que
« la tenue des élections par la CENI » et
« l'incendie de l'entrepôt de la CENI » ont
été traités de manière particulière. Ainsi
que l'explique Benjamin Berut (2011), lorsqu'un événement
intervient dans notre quotidien, c'est le rôle des médias de le
rendre, le plus rapidement possible, compréhensible. Il s'agit d'en
fixer le sens, les enjeux, la signification et les implications, qu'il doit
avoir sur nos vies et nos sociétés.
Cette focalisation sur ces deux thèmes justifie
l'intention de la RTNC d'attirer l'attention du public sur les
événements rapportés. Ce qui fait qu'elle tentait de
légitimer ces sujets en faisant oublier d'autres. Elle en produisait
l'effet de grossissement. La RTNC a fait de ces thèmes les plus dignes
d'intérêt. Dans cette perspective, Gregory Derville (2013) estime
que l'effet des médias sur le public passe par le fait que les contenus
qu'ils diffusent influencent, sur le long terme et sans volonté
persuasive apparente, notre façon de voir le monde : ces contenus
façonnent nos catégories de perception, et de ce fait ils
contribuent à construire la réalité dans laquelle nous
évoluons.
A la différence de la RTNC, la RTDK utilise le
procédé de focalisation en mettant l'accent sur des individus,
c'est-à-dire c'est leur notoriété qui est mise en exergue
pour pouvoir attirer l'attention du public sur les événements
rapportés. Nous avons remarqué que cette focalisation sur les
personnes était axée sur Félix Tshisekedi et Vital
Kamerhe. Par contre, la thematisation des événements n'a pas
trouvéde consistance dans le traitement des informations politiques
à la RTDK. Pendant cette période de campagne, ce qui a
importé, c'étaitde traiter les informations qui correspondaient
au mieux aux actions de ces personnalités politiques de l'opposition.
Cela implique que ce procédé a eu comme conséquence la
personnalisation des événements.
Dans cette perspective, il faut préciser que la mise en
avant a permis cette spectacularisation dans l'ordre des occurrences,
c'est-à-dire la manière dont les personnalités politiques
et indépendantes ou les organisations indépendantes ou politiques
telles reprises par les deux médias ont été
présentées. En suivant de près cette
répétition, nous nous rendons compte que les deux médias
créent leurs identités propres en donnant clairement leurs
positions. Nous avons constaté que, pour la RTNC, Emmanuel Ramazani
shadary, personnalité politique de la majorité, se retrouve
cité plusieurs fois dans les informations, contrairement à
d'autres candidats qui n'ont figuré légèrement que deux ou
une information. Par contre, la RTDK a repris plusieurs fois, dans ses
informations politiques, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe. Il faut
dire que, pendant cette campagne électorale, elle s'était fait
identifier comme un média de l'opposition. Et donc, pour
réaffirmer cette identité, il fallait à tout prix parler
de Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe pour croire attirer l'attention du
public sur ce qui est rapporté.
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