6.2. Risques sociaux liés à
l'exploitation de la mine d'or de Sissingué 6.2.1 Risques liés
à l'éducation
En générale la découverte et la mise en
exploitation d'un gisement minier dans une zone donne suite à un
développement de l'activité d'orpaillage. Cette activité
attire bon nombre de personnes et cela à cause de sa rentabilité
jugée rapide et élevée. Selon les dires de certains
habitants de Kanakono, les personnes qui s'adonnent à cette
activité peuvent aisément gagner 5000 FCFA journellement.
De toute évidence les jeunes et surtout les
élèves ne sont pas insensibles face à une telle
prolificité de l'orpaillage. Si aujourd'hui l'on reconnait que certains
élèves exercent dans ce domaine, mais seulement pendant les
congés et vacances, il n'est pas à écarter que ceux-ci
abandonnent définitivement les cours pour un exercice à plein
temps de l'orpaillage. Dans ce contexte, certains jeunes nous ont laissé
entendre que « ....on va à l'école pour avoir l'argent
demain. A quoi ça sert d'aller donc à l'école si on peut
en avoir dès maintenant l'argent.... ». Cette situation a
prévalu et continu peut-être de prévaloir dans certaines
mines du pays entrée en exploitation avant celle de Sissingué.
A Hiré, les jeunes écoliers désertent les
écoles pour exercer dans l'orpaillage. Certains sont obligés
d'aller aider leurs parents sur les différents sites d'exploitation sous
peine de se voir livrés aux eux-mêmes. Quant à d'autres ils
abandonnent les cours volontairement pour la recherche de l'or qui peut leurs
permettre d'acheter des vélos, des radios ou des téléphone
portables comme leurs amis (ALLOU, 2015).
A Angovia dans le département de Bouaflé
également, certains plusieurs élèves sont attirés
par le caractère économique à court terme de l'orpaillage.
Ce qui les amène à abandonner définitivement les bancs
d'école (KOUADIO, 2015).
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Si rien n'est fait, l'on devrait s'attendre à une
baisse du taux d'alphabétisation déjà assez bas dans la
sous-préfecture de Kanakono. La mise en place et l'application de
mesures interdisant le travail des enfants et des élèves dans
l'orpaillage, associé à la ratification de cette activité
pourrait constituer une mesure préventive efficace face à cette
situation.
6.2.2. Abandon de l'activité agricole et
insécurité alimentaire
Plusieurs personnes qui ont longtemps pratiqué
l'agriculture comme activité économique se sont vues
dépossédées de leurs terres au profit de l'exploitation de
la mine de Sissingué. Pour une bonne partie de ceux-ci (environ 300
personnes) il faudrait faire une reconversion professionnelle car n'ayant plus
de terres.
Par ailleurs avec le développement de l'orpaillage dans
la zone, aujourd'hui plusieurs agriculteurs surtout dans la localité de
Zanikan et ses environs, préfèrent faire louer leurs terres pour
la recherche de l'or car ils y trouvent un moyen sûr pour engranger de
l'argent contrairement à l'agriculture « où les prix d'achat
des produits sont de plus en plus bas et où rien ne garantit une bonne
production ».
De plus, tout comme les jeunes, les femmes qui sont en
général à la base de la production vivrière sont de
plus en plus attirées par l'orpaillage. L'on risque ainsi de faire face
à une pénurie de produits vivriers dans la sous-préfecture
de Kanakono et donc à une insécurité alimentaire. Par
ailleurs, les opportunités d'emplois stables à la mine pourraient
atténuer l'intérêt des jeunes de la sous-préfecture
aux activités agricoles.
Aussi il faut savoir que pour l'année 2018, les
maladies liées à l'inhalation de fortes quantités de
poussière ont fait de nombreuses victimes dans la sous-préfecture
de Kanakono. Cela trouverait sa source dans la pollution atmosphérique
liée aux activités d'extraction minière et à
l'intensification du trafic sur des routes non bitumées. Toutefois, tout
comme sur le plan environnemental, l'exploitant minier a mis en place un cadre
pour pallier sinon prévenir ses incidences sanitaires.
A côté de cela, le développement de
l'orpaillage qui fait suite à la découverte et à la mise
en exploitation de la mine d'or de Sissingué laisse craindre deux
incidences sociales. Ce sont la baisse du taux de scolarisation dans la zone et
l'abandon de l'activité agricole qui est depuis longtemps
l'activité phare et celle qui permet aux populations locales de se
nourrir. Des mesures préventives doivent être donc prises à
ce niveau.
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