2 le fonctionnement des taxis
Dans le secteur des taxis, deux modes de fonctionnements
prévalent à Ouagadougou : l'artisanat et l'entreprise qui se
concurrencent et se complètent à la fois.
2.1 Les taxis artisanaux
Les taxis artisanaux fonctionnent en majorité en taxis
collectifs (taxis chargeant plusieurs passagers sur des destinations
différentes), sous la pression du marché. Comme stratégie,
les taxis artisanaux ont choisi de stationner en des points stratégiques
de la ville où sont censés se trouver les usagers de taxis.
Ainsi, on les trouve devant les gares routières, les centres sanitaires
(hôpital, dispensaire maternité), autour du grand marché,
à l'aéroport et à côté des marchés
secondaires disséminés dans la ville.
Deux modes de fonctionnement prévalent aux
différentes stations de taxis : la recherche libre de la
clientèle et le tour de rôle.
Le premier mode est généralement pratiqué
dans les grandes stations de taxis telles que celle de la gare routière
de Ouagarinter ou de la gare ferroviaire, car compte tenu de l'importance de la
demande et de l'offre, l'organisation d'un tour de rôle causerait des
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difficultés parce que nécessitant un minimum de
discipline aussi bien de la part des conducteurs que des passagers.
Dans les stations de moindre importance, la discipline est de
règle de telle sorte que les départs se font à tour de
rôle.
D'une manière générale, il existe dans le
secteur des taxis la maraude qui est un mode d'exploitation consistant à
circuler dans les principales artères de la ville pour rechercher
d'éventuels clients. La maraude est surtout pratiquée pendant les
heures de pointe où la clientèle est plus nombreuse.
Contrairement à ce qu'on croirait, il n'y pas de
concurrence sauvage dans le secteur des taxis artisanaux. Parfois il y a une
forme d'entraide et de solidarité entre les conducteurs. Par exemple, un
chauffeur dont le véhicule serait en panne a des chances en cours de
route d'être aidé par d'autres qui lui prêteraient soit une
roue de secours, soit de l'essence et qui prendraient ses « malheureux
passagers » jusqu'à destination, bien entendu contre partage du
prix de la course.
2.2 Les taxis compteurs
Les taxis compteurs ont fait leur apparition à
Ouagadougou en juillet 1990 sur l'initiative d'un hôtelier
français. La société dénommée City Cab avait
débuté avec un parc de onze véhicules35 de
marque Peugeot 305. Les véhicules munis de compteur étaient
loués à des particuliers, au montant mensuel de
35BAMAS S ; 1994 : Artisans et entrepreneurs dans
le secteur des taxis à Ouagadougou, in Développement urbain et
filières d'activité au Burkina, Programme Campus, IRSSH /GLYSI/
Université de Ouagadougou, 42 pages.
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120.000 F CFA. Ensuite le parc est passé à
quinze véhicules. Un an plus tard, août 1991, seulement six
véhicules étaient en activité, les neufs autres
étant immobilisés pour défaillances techniques.
Face au caractère saisonnier de ses activités
qui ne sont seulement rentables que lors des rencontres internationales comme
(le SIAO, le FESPACO etc.), ainsi que l'incapacité à couvrir les
différentes charges, l'entreprise a dû cesser ses activités
le 31 janvier 1992.
Quelques quatre mois plus tard, le 14 mai 1992, un
opérateur économique burkinabé reprend l'expérience
des taxis compteurs. La nouvelle société dénommée
les « rapides » avait un parc de 15 véhicules de marque
Volkswagen. Cette dernière a connu les mêmes difficultés
que la première et cessa ses activités courant 1998-1999.
En février 1998 juste avant la Coupe d'Afrique des
Nations, la Société de Transport Mixte Banghrin (STMB)
crée une nouvelle entreprise de Taxis munis de compteurs.
Cette entreprise a débuté ses activités
avec un parc de 22 véhicules de marque KIA reliés par radio
à un central. En avril 2001, la société a remplacé
ses anciennes voitures par 24 véhicules de marque Renault Clio
achetés à l'état neuf36.
En janvier 2007, juste avant la suspension de ses
activités, l'entreprise ne comptait que 10 véhicules en mauvais
état. Selon le premier responsable, l'entreprise a interrompu ses
activités parce que les véhicules sont presqu' amortis alors que
la commande pour le renouvellement du parc tarde à venir.
Jusqu'aujourd'hui l'entreprise attend l'arrivée de nouveaux
véhicules pour pouvoir démarrer à nouveau ses
activités. Avant l'interruption de ses
36 Entretien avec YAMEOGO Somnoma, premier responsable
de la section taxis compteur (STMB),le 24/09/07
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activités, l'entreprise employait dix (10) conducteurs
(soit un conducteur par véhicule), deux électriciens, et cinq
mécaniciens, un responsable administratif et un responsable financier,
soit au total dix neuf (19) agents. Le salaire minimal mensuel d'un conducteur
était de 54 000 F CFA. En plus de ce salaire pour chacun des
conducteurs, l'entreprise donne des récompenses, seulement aux cinq (5)
premiers conducteurs ayant réalisé plus de recettes. Ces
récompenses varient de quinze mille (15.000 F) pour le premier à
cinq mille F.CFA (5000) pour le cinquième. Les conducteurs prennent
service le matin à 6 heures et descendent à 22 heures. La nuit,
trois conducteurs sont retenus pour assurer le service de nuit. Le prix de la
course était de 120 FCFA par kilomètre avec une prise encharge de
100 FCFA au départ (c'est-à-dire que l'usager paye 100 F
dès qu'il monte à bord du taxi). En cas d'arrêt, chaque
minute coûte 30 F CFA, mais à partir de 22 heures, le tarif est
doublé.
Les chauffeurs ne sont pas tenus de rapporter une recette
journalière déterminée, mais doivent verser une recette en
fonction du kilométrage et du carburant consommé.
Comme les taxis artisanaux, les taxis compteurs avaient des
zones privilégiées de stationnement : devant les banques de la
place, les supers marchés, les hôtels, devant la SONABEL à
Paspanga, près du rond point de la patte d'oie etc. C'est dans ces
endroits qu'on rencontre le plus d'étrangers et probablement les usagers
de taxi compteur.
Sur le plan de la réglementation, chaque conducteur
doit détenir les documents suivants : la carte grise du véhicule,
l'attestation d'assurance, la taxe de stationnement, la patente, la carte de
visite
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technique délivrée par le CCVA, la carte
d'affiliation du conducteur à la CNSS.
A titre de comparaison, il reste entendu que les taxis
à compteur sont nettement plus confortables que les taxis artisanaux
qui, pour la plupart, sont vétustes. En dehors des périodes de
rencontres internationales, les taxis compteurs connaissent une
réduction considérable de la clientèle pour la simple
raison que cette clientèle est essentiellement étrangère
d'une part, et d'autre part les burkinabé se déplaçant en
taxi préfèrent les taxis artisanaux. Ce choix des
burkinabé s'explique par deux raisons : non seulement ils n'ont pas
l'habitude des taxis compteurs mais aussi ils ont la possibilité de
marchander le tarif avec les taxis artisanaux qui est légèrement
en dessous de celui des taxis à compteur.
Il n'existe pas de rude concurrence entre ces deux types
d'exploitation à cause de la différence de la qualité des
services et des prix. Ainsi ces deux formes d'exploitation se complètent
mais l'existence des taxis à compteurs exprime le besoin un tant soit
peu de moderniser le secteur des taxis. D'après le premier responsable
de la section des taxis à compteur (STMB), si on promouvait cette forme
de transport urbain, elle pourrait avoir de l'avenir dans notre capitale. En
effet les populations ont besoin d'être informées sur les
avantages des taxis compteurs : d'une part les tarifs ne sont pas loin de ceux
des taxis artisanaux (car plusieurs personnes peuvent se partager le prix de la
course), et d'autre part ils sont nettement plus efficaces en matières
de sécurité (en cas de perte de bagage), de confort et de
rapidité.
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