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Les transports collectifs à  Ouagadougou. Le cas des taxis.


par Ousseny SIGUE
Université de Ouagadougou - Maitrise en géographie urbaine 2008
  

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2 le fonctionnement des taxis

Dans le secteur des taxis, deux modes de fonctionnements prévalent à Ouagadougou : l'artisanat et l'entreprise qui se concurrencent et se complètent à la fois.

2.1 Les taxis artisanaux

Les taxis artisanaux fonctionnent en majorité en taxis collectifs (taxis chargeant plusieurs passagers sur des destinations différentes), sous la pression du marché. Comme stratégie, les taxis artisanaux ont choisi de stationner en des points stratégiques de la ville où sont censés se trouver les usagers de taxis. Ainsi, on les trouve devant les gares routières, les centres sanitaires (hôpital, dispensaire maternité), autour du grand marché, à l'aéroport et à côté des marchés secondaires disséminés dans la ville.

Deux modes de fonctionnement prévalent aux différentes stations de taxis : la recherche libre de la clientèle et le tour de rôle.

Le premier mode est généralement pratiqué dans les grandes stations de taxis telles que celle de la gare routière de Ouagarinter ou de la gare ferroviaire, car compte tenu de l'importance de la demande et de l'offre, l'organisation d'un tour de rôle causerait des

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difficultés parce que nécessitant un minimum de discipline aussi bien de la part des conducteurs que des passagers.

Dans les stations de moindre importance, la discipline est de règle de telle sorte que les départs se font à tour de rôle.

D'une manière générale, il existe dans le secteur des taxis la maraude qui est un mode d'exploitation consistant à circuler dans les principales artères de la ville pour rechercher d'éventuels clients. La maraude est surtout pratiquée pendant les heures de pointe où la clientèle est plus nombreuse.

Contrairement à ce qu'on croirait, il n'y pas de concurrence sauvage dans le secteur des taxis artisanaux. Parfois il y a une forme d'entraide et de solidarité entre les conducteurs. Par exemple, un chauffeur dont le véhicule serait en panne a des chances en cours de route d'être aidé par d'autres qui lui prêteraient soit une roue de secours, soit de l'essence et qui prendraient ses « malheureux passagers » jusqu'à destination, bien entendu contre partage du prix de la course.

2.2 Les taxis compteurs

Les taxis compteurs ont fait leur apparition à Ouagadougou en juillet 1990 sur l'initiative d'un hôtelier français. La société dénommée City Cab avait débuté avec un parc de onze véhicules35 de marque Peugeot 305. Les véhicules munis de compteur étaient loués à des particuliers, au montant mensuel de

35BAMAS S ; 1994 : Artisans et entrepreneurs dans le secteur des taxis à Ouagadougou, in Développement urbain et filières d'activité au Burkina, Programme Campus, IRSSH /GLYSI/ Université de Ouagadougou, 42 pages.

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120.000 F CFA. Ensuite le parc est passé à quinze véhicules. Un an plus tard, août 1991, seulement six véhicules étaient en activité, les neufs autres étant immobilisés pour défaillances techniques.

Face au caractère saisonnier de ses activités qui ne sont seulement rentables que lors des rencontres internationales comme (le SIAO, le FESPACO etc.), ainsi que l'incapacité à couvrir les différentes charges, l'entreprise a dû cesser ses activités le 31 janvier 1992.

Quelques quatre mois plus tard, le 14 mai 1992, un opérateur économique burkinabé reprend l'expérience des taxis compteurs. La nouvelle société dénommée les « rapides » avait un parc de 15 véhicules de marque Volkswagen. Cette dernière a connu les mêmes difficultés que la première et cessa ses activités courant 1998-1999.

En février 1998 juste avant la Coupe d'Afrique des Nations, la Société de Transport Mixte Banghrin (STMB) crée une nouvelle entreprise de Taxis munis de compteurs.

Cette entreprise a débuté ses activités avec un parc de 22 véhicules de marque KIA reliés par radio à un central. En avril 2001, la société a remplacé ses anciennes voitures par 24 véhicules de marque Renault Clio achetés à l'état neuf36.

En janvier 2007, juste avant la suspension de ses activités, l'entreprise ne comptait que 10 véhicules en mauvais état. Selon le premier responsable, l'entreprise a interrompu ses activités parce que les véhicules sont presqu' amortis alors que la commande pour le renouvellement du parc tarde à venir. Jusqu'aujourd'hui l'entreprise attend l'arrivée de nouveaux véhicules pour pouvoir démarrer à nouveau ses activités. Avant l'interruption de ses

36 Entretien avec YAMEOGO Somnoma, premier responsable de la section taxis compteur (STMB),le 24/09/07

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activités, l'entreprise employait dix (10) conducteurs (soit un conducteur par véhicule), deux électriciens, et cinq mécaniciens, un responsable administratif et un responsable financier, soit au total dix neuf (19) agents. Le salaire minimal mensuel d'un conducteur était de 54 000 F CFA. En plus de ce salaire pour chacun des conducteurs, l'entreprise donne des récompenses, seulement aux cinq (5) premiers conducteurs ayant réalisé plus de recettes. Ces récompenses varient de quinze mille (15.000 F) pour le premier à cinq mille F.CFA (5000) pour le cinquième. Les conducteurs prennent service le matin à 6 heures et descendent à 22 heures. La nuit, trois conducteurs sont retenus pour assurer le service de nuit. Le prix de la course était de 120 FCFA par kilomètre avec une prise encharge de 100 FCFA au départ (c'est-à-dire que l'usager paye 100 F dès qu'il monte à bord du taxi). En cas d'arrêt, chaque minute coûte 30 F CFA, mais à partir de 22 heures, le tarif est doublé.

Les chauffeurs ne sont pas tenus de rapporter une recette journalière déterminée, mais doivent verser une recette en fonction du kilométrage et du carburant consommé.

Comme les taxis artisanaux, les taxis compteurs avaient des zones privilégiées de stationnement : devant les banques de la place, les supers marchés, les hôtels, devant la SONABEL à Paspanga, près du rond point de la patte d'oie etc. C'est dans ces endroits qu'on rencontre le plus d'étrangers et probablement les usagers de taxi compteur.

Sur le plan de la réglementation, chaque conducteur doit détenir les documents suivants : la carte grise du véhicule, l'attestation d'assurance, la taxe de stationnement, la patente, la carte de visite

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technique délivrée par le CCVA, la carte d'affiliation du conducteur à la CNSS.

A titre de comparaison, il reste entendu que les taxis à compteur sont nettement plus confortables que les taxis artisanaux qui, pour la plupart, sont vétustes. En dehors des périodes de rencontres internationales, les taxis compteurs connaissent une réduction considérable de la clientèle pour la simple raison que cette clientèle est essentiellement étrangère d'une part, et d'autre part les burkinabé se déplaçant en taxi préfèrent les taxis artisanaux. Ce choix des burkinabé s'explique par deux raisons : non seulement ils n'ont pas l'habitude des taxis compteurs mais aussi ils ont la possibilité de marchander le tarif avec les taxis artisanaux qui est légèrement en dessous de celui des taxis à compteur.

Il n'existe pas de rude concurrence entre ces deux types d'exploitation à cause de la différence de la qualité des services et des prix. Ainsi ces deux formes d'exploitation se complètent mais l'existence des taxis à compteurs exprime le besoin un tant soit peu de moderniser le secteur des taxis. D'après le premier responsable de la section des taxis à compteur (STMB), si on promouvait cette forme de transport urbain, elle pourrait avoir de l'avenir dans notre capitale. En effet les populations ont besoin d'être informées sur les avantages des taxis compteurs : d'une part les tarifs ne sont pas loin de ceux des taxis artisanaux (car plusieurs personnes peuvent se partager le prix de la course), et d'autre part ils sont nettement plus efficaces en matières de sécurité (en cas de perte de bagage), de confort et de rapidité.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore