Problématique du leadership responsable de la classe politique congolaise. Regard sur l'administration publique de la troisième république.par CARLYTHO NZAZI LENGI Université Pédagogique Nationale (UPN) - Licence en sciences politiques et administratives 2012 |
II.2.3. LA GOUVERNANCE PAR DEFISFweley DIANGITUKWA affirme, que personne n'hérite de la compétence comme on hérite d'un fusil, d'une maison ou d'une fortune, on n'a jamais vu un fils ou une fille d'un médecin devenir médecin par le fait que son père l'était, c'est-à-dire par héritage. La compétence est le fruit d'une longue formation, de la même façon, les postes politiques doivent aussi être le fruit d'un mérite, n'est-ce pas que le fils ou la fille doit prouver son intelligence ? Une fonction politique hors la loyauté et la compétence ne s'hérite pas117(*). Ce système est plus fréquent, actuellement, en Afrique et en RD Congo en particulier, où les gens arrivent aux postes de commandement sans niveau scientifique ou de maitrise nécessaire, capable de donner même une initiative ou un meilleur programme, mais ils se mettent à gérer les Etats, les institutions politiques ou toutes autre structure sans vision ni un idéal à poursuivre118(*). Lorsque l'amateurisme et le clientélisme occupent l'espace politique, l'avenir devient incertain, car la pratique du clientélisme exclut les personnes compétences qui n'appartiennent pas au cercle du pouvoir. L'amateurisme et le clientélisme n'ont jamais consolidé la construction d'un Etat. L'observation de la société montre que lorsqu'il y a de mauvais dirigeants, les décisions sont soit mauvaises, soit entachées d'irrégularité. La meilleure façon de parer à cela est de recouvrir aux professionnelles qui ont la formation, la compétence et l'expérience requises. Le changement et le développement d'une nation ne sont possibles que lorsqu'ils sont pensés et mis en oeuvre par un groupe d'hommes et de femmes bien formés, bien éduqués et expérimentés qui évoluent dans le secteur de leur formation initiale, car le développement est le résultat de la compétence organisée, l'union de l'intelligence et de la volonté de réussir119(*). II.2.4. LA TRIBALISATION DE L'ETATSous la deuxième république, le Zaïre était dirigé, exclusivement, par le clan Ngbandi, aidé par les ressortissants de l'Equateur et par les amis personnels du président. L'autorité civile parlant Ngbandi, quels que soient son niveau d'instruction et son poste de responsabilité, était crainte par la population, par ce que chaque chef Ngbandi détenait toujours un peu plus de pouvoir que les autres. Tous les officiers Ngbandi étaient craints par les officiers des autres provinces. Que n'avons-nous pas vu au lendemain de la chute du Maréchal Mobutu après la de l'AFDL. Le Tutsi occupe les postes clés du pouvoir, on trouve Bizima Karaha comme ministre des affaires étrangères et le chef de l'Etat (Laurent Désiré KABILA) lui confie les dossiers les plus sensibles du pays, notamment celui des massacres des populations dans l'Est du pays Déogratias BUGERA est nommé à la tête de l'AFDL. James KABAREBE, citoyen Rwandais est nommé à la tête des forces armées congolaises (FAC), donc chef d'Etat-major de l'armée. Alfred KALISA dirige la nouvelle banque de commerce et de développement (BCD). Le président KABILA est visiblement pris en otage par le réseau TUTSI des Banyamulenge. Le clan Balubakat accepte difficilement que leur président soit « confisqué » par des « étrangers », lorsque le président Kabila s'éloigne officiellement de ses alliés de la première heure, ces jeunes caciques Balubakat et Tetela jubilent. Ils prennent rapidement la relève en remplaçant les Tutsi qu'ils jugent encombrants et orgueilleux120(*). Cette pratique continue encore, même à l'heure actuelle sous la troisième république, où nous remarquons que dans l'entourage du président Kabila joseph, les personnalités influentes sont de l'est du pays. Pour confirmer cette hypothèse de la tribalisassions de l'Etat, au premier gouvernement Matata Ponyo, on retrouve plus de huit ministres originaires d'une même province. Le premier ministre Adolphe Muzito s'est entouré des plus de cents conseillers, originaires de la province du Bandundu. Dans tous les services de sécurité du pays, la tête est occupée par les originaires de l'Est (le swahili), soit ils sont des adjoints mais très puissants que les titulaires121(*). Il est vraiment déplorable que cette conception persiste encore dans le cerveau des congolais en particulier la classe politique, qui croient, qu'une fois l'un de leurs contrée, clan tribu ou région, passe à la tête de l'Etat ou d'une institution et tous les services étatiques leur appartiennent. Ils doivent s'aligner dans les postes importants en faisant n'importe quoi même par des gens sans qualité ni droit122(*). Tout en utilisant la même phrase selon laquelle « bango baliaka basepelaki, ekomi tango na bis ope ya kolia », « les autres ont mangé se sont réjoui, maintenant c'est notre tour » », ainsi ils finissent dans les abus déplorables, innombrables et catastrophiques du pouvoir tout en ignorant que l'Etat n'est pas un cadre privé, mais plutôt public qui est la propriété de toute la communauté et non d'un seul clan, ethnie ou parti politique123(*). * 117 Lire à ce sujet, DIANGITUKUWA FWELEY., Qui gouverne le Zaïre ou la république des copains ?, Paris, éd. Harmattan, 1997, pp. 46-54. * 118 NGAL Géorges., Reconstruire la RDC : Un projet de société, Kinshasa, éd. Etudes africaines, 2006, p. 41. * 119 DIANGITUKWA FWELEY., Op cit, p. 61. * 120 DIANGITUKWA FWELEY., Op cit, p * 121 http// : www.congomagazine.com // les gouvernements de la troisième république. Consulté le 5 août 2013 * 122 KIZUSI NDANGOY, l'élite politique en RDC : cas des membres du gouvernement GIZENGA, mémoire de licence en SPA, Unikin, 2008-2009. * 123 http// www.7sur7.cd. Les actions du gouvernement. Consulté le 23 juillet 2013. |
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