Problématique du leadership responsable de la classe politique congolaise. Regard sur l'administration publique de la troisième république.par CARLYTHO NZAZI LENGI Université Pédagogique Nationale (UPN) - Licence en sciences politiques et administratives 2012 |
§.2. La voie d'entrée naturelleLa voie d'entrée naturelle, c'est la voie d'entrée en politique en laquelle la personne concernée est tout aussi passive que pour la voie précédente, mais son entrée en politique relève d'une succession au trône du pouvoir, du fait de la généalogie ou de la parenté. On devine bien qu'une telle entrée s'opère dans le cadre d'un système monarchique. Il s'agit d'un espace mécanique et hermétiquement clos, exclusif, au sein duquel l'entrée en politique est naturelle et où, par conséquent, il n'existe guère de compétition. Bien au contraire, la politique y est une nature, une vie naturelle, y compris pour les bébés et même pour les êtres humains à venir, non encore nés, princes ou princesses de sang et de droit devin depuis le sein maternel. L'accession au pouvoir effectif s'y opère de manière pacifique, mais rigoureusement contrôlée, ritualisée aux moyens d'un nombre infini de prescriptions et d'interdits, des définitions et des rythmes précis. Le pouvoir est incorporés dans une personne naturellement prédestinée, il est personnalisé, confisqué par une famille qui règnera pour l'éternité49(*). Les systèmes monarchiques sont encore nombreux à travers le monde. En Afrique, cette forme de pouvoir non concurrentiel se retrouve dans les milieux traditionnels où les chefs coutumiers se fabriquent des interdits spirituels terribles pour empêcher aux « non ayant droit » d'y accéder. Une telle voie d'entrée en politique est sans intérêt pour la grande majorité de la population des pays du monde. Elle n'est intéressante que pour lesquels individus privilégiés auxquels le hasard aura donné de nature dans une famille régnante ; royale, moderne ou coutumière. Et même pour ces derniers, le niveau de compétition est si bas à l'intérieur de la famille royale que l'ambition créative, l'émulation et la concurrence, mères de l'excellence sont pratiquement inexistantes. §.3. La voie d'entrée intentionnelleLa troisième voie d'entrée en politique est celle que le professeur NGOMA BINDA qualifie d'intentionnelle. La personne formule l'intention explicite et prend la décision ferme de devenir politicien. Et étant donné la multiplicité inévitable des désirs d'entrée en politique, la compétition devient non seulement nécessaire mais, bien plus encore, particulièrement vive voire impitoyable. La compétition pour le pouvoir ne peut se réaliser dans un système politique de démocratie. L'espace démocratique est dynamique, ouvert, sans frontières concurrentielles à l'infini du fait de la liberté de parole immense, supposée sensée et rationnelle, qui est accordée aux citoyens50(*). En dépit de la grande intensité des turbulences de l'espace politique démocratique, la lutte pour le pouvoir s'y réalise de manière pacifique, ordonnée, policée, civilisée. Un espace politique ou ces caractéristiques font défaut change de nature, et doit conformer sa démission, c'est un espace sauvage. Si la violence n'est pas absente, du moins elle est règlementée et, souvent transmuée en parole et idées qui préservent l'intégrité physique et humaine des concurrents. a. Une éducation intellectuelle solide Elle constitue la première pièce pour l'entrer en politique, principalement dans les sciences sociales et humaines (droit, économie, sciences politiques, relations internationales, sociologie, administration, psychologie...). Le gouvernement des sciences modernes, précisément au niveau national exige des connaissances à la fois larges, complexes et sophistiquées. Un individu qui entend entrer avec force en politique est obligé d'être compétitif, en maximisant sans cesse la somme de ces connaissances, en particulier en ce qui concerne les mécanismes fondamentaux de gestion politique et administrative du pays51(*). b. La formation informelle permanente Il faut s'intéresser constamment à toutes les affaires publiques, de s'informer assidûment, de prendre part de manière régulière aux débats, discussions, conférences culturelles économiques et politiques52(*). L'accroissement informel de ces connaissances est une nécessité. Car l'école ou l'université n'apprennent pas tout à l'apprenant. Lire les journaux, écouter les émissions radiophoniques intellectuellement défiantes, regarder et suivre les débats télévisés sur des thèmes d'actualité au niveau national, africain et international. Ce sont là les pièces d'une stratégie efficace de constitution graduelle d'une étoffe politique53(*). c. L'art de la rhétorique politique Il n'est pas facile de prendre la parole en public, de haranguer une foule, de convaincre des esprits sceptiques voire antipathiques54(*). Il faut s'exercer à prendre parole, à s'exprimer en public, à conquérir et vaincre des esprits sceptiques, des visions farouchement opposées, des orages oratoires fulgurants, et des contradictions assommantes. d. L'engagement social précoce L'entrée en politique comme généralement par un militantisme initié aux premières heures d'entrée dans la vie estudiantine, dans la vie active, et prolongé, dans diverses associations de la société civile55(*). Il est nécessaire de comprendre que même si elle est apolitique, la vie associative des organisations non gouvernementales (syndicats, mouvements d'étudiants, etc.), constitue bel et bien une école d'apprentissage à la vie politique. e. Le Leadership politique Elle constitue le paquet de capacités et aptitudes à prendre la direction d'un groupe de personnes, à prendre des initiatives efficaces, à imaginer des réponses appropriées au moment requis. Le leadership s'apprend en forgeant peu à peu les qualités requises. Parmi toutes les qualités nécessaire du leadership et donc à une entrée réussie et une présence conséquence en politique, il y a d'abord la nécessité de comprendre clairement que l'entrée en politique, tout comme la vie politique, suppose une vie de passion56(*). Ici la passion politique signifie quatre choses57(*): Ø Elle est un attachement à lutter dans le but d'arriver à la victoire, de faire triompher les idées auxquelles on croit ; Ø Elle signifie souffrance, le travail acharné, assidu et méthodique ; Ø Elle implique la compassion, vis-à-vis des concitoyens pour lesquels on désir améliorer les conditions de vie par l'acte d'engagement politique ; Ø La passion veut dire patience, car la vie politique est une activité des grandes espérances et de longue haleine. On devient politicien qu'avec une besace remplie d'acharnement, de capacité de souffrance, de compassion et de patience. La vie politique est une vie de belle ténacité, de sacrifice, de prison sinon de tortures et de mort, une vie à tout le moins de lutte permanente. * 49 NGOMA BINDA, « La conscience politique : fondement du civisme de la paix et du développement du Zaïre » In Zaïre-Afrique, n°1987, pp. 133-135. * 50 Idem. * 51 NGOMA BINDA., la formation civique et politique comme préalable de la démocratie : la démocratie en Afrique, Kinshasa, éd. Presses africaines pour la paix, 1992, pp. 107-109. * 52 BAMBI MONGA., Le développement par l'éducation à la société, Kinshasa, éd. PUK, 2006, p. 29 * 53 NGOMA BINDA., Op. cit, p. 314. * 54 Idem * 55 BONGONGO Michel, Education à la citoyenneté, cours inédit, G1 SPA, UPN, 2008-2009. * 56 MUKABA MBUTU., Cours de civisme et développement, Kinshasa, Université de Kinshasa, 4ème édition, 1988 * 57 Idem |
|