CONCLUSION GENERALE
L'intérêt pour la sécurité
alimentaire date depuis les années 1970 et a connu des hauts et des bas
au fil du temps, en partie en réponse à l'évolution de la
réflexion sur le développement plus large, et en partie à
cause des changements dans la nature même du problème de
l'alimentation dans le monde (Maxwell, 2001). Il y a eu des évolutions
dans la réflexion sur la sécurité alimentaire
elle-même, principalement un abandon progressif de préoccupations
d'offre alimentaire au niveau nationale et mondiale, vers des
préoccupations d'accès familial et individuel à la
nourriture. Plus récemment, le concept de sécurité
alimentaire s'est enrichi avec l'introduction du concept de résilience :
il s'agit de la capacité des ménages ou des individus à
rebondir après un certain nombre de chocs tels que les inondations, la
sécheresse, les conflits, l'instabilité des prix des
denrées alimentaires, l'effondrement des institutions locales ou des
pertes d'emplois. L'introduction de la résilience dans l'analyse de la
sécurité alimentaire permet ainsi de comprendre certaines
décisions souvent radicales des ménages ou individus suite
à un choc. Par exemple, en cas d'une crise de grande ampleur, des
agriculteurs sont souvent obligés de prendre des mesures drastiques :
retirer leurs enfants de l'école, vendre tout actif en leur possession,
ou abandonner l'agriculture et migrer vers les villes. Entre 2002 et 2008,
l'indice des prix de denrées alimentaires de la FAO a doublé,
après quatre décennies de tendance globale à la baisse
(Azoulay, 2012). Cette inflation des prix alimentaires et les troubles sociaux
qu'elle a occasionnés signent le retour de l'enjeu agricole et du
problème alimentaire dans le débat économique. En effet,
avec l'accélération de la globalisation financière, la
finance a dominé les débats en économie tandis que la
macroéconomie sociale en général, l'économie du
développement en particulier, se sont plus concentrées sur la
pauvreté et les inégalités. Ainsi, le thème de la
sécurité alimentaire a été plus
développé par l'économie agroalimentaire. Klatzmann (1988)
souligne que le terme « agro-alimentaire » fait
référence à toutes les étapes de la chaîne
alimentaire, de la production agricole à la consommation. Les travaux de
Malassis (1972, 1973, 1992), Malassis et Padilla (1986), Malassis et Ghersi
(1992), Bricas et Raoult-Wack (1997), Rastoin (1996, 2005, 2006), Mc Michael
(2002) et Combris (2006) ont montré l'importance grandissante des
activités en amont et en aval de l'agriculture. En 2008, le rapport sur
le développement dans le monde de la Banque mondiale (BM) est
consacré à l'agriculture au service du développement. Tout
en préconisant une libéralisation totale des échanges
agricoles, il incite à accroître les investissements dans le
secteur agricole. En effet, la part de l'agriculture dans l'aide publique au
développement est passée de 19 à 3% entre 1980 et 2006.
Quant aux prêts de la BM destinés au secteur agricole, ils ne
représentaient plus que 1,75 milliards USD en 2006, soit 7% de la
totalité des prêts octroyés contre 30% en 1982 (OXFAM,
2007).
L'analyse des déterminants de la sécurité
alimentaire est abordée par beaucoup d'auteurs et les variables
utilisées se diffèrent selon les pays, la diversité de ses
variables s'explique par la diversité des indicateurs de
sécurité alimentaire selon le pays analysé.
Premièrement, il était question de
présenter le cadre d'analyse de la sécurité alimentaire,
en passant par l'historique de la sécurité alimentaire et sa
mesure, nous avons aussi la situation de la sécurité alimentaire
en RCA, c'est-à-dire, le niveau de la sécurité alimentaire
et les indicateurs de la sécurité alimentaire en RCA. C'est ce
qui nous a permis d'ailleurs de bien aborder la partie empirique de notre
travail.
Deuxièmement, il s'agissait d'identifier les
déterminants de la sécurité alimentaire en RCA, suite
à cette analyse nous avons pu identifier certains facteurs
déterminants de la sécurité alimentaire, nous avons
catégorisé ces facteurs en deux, à savoir : les
déterminants économiques et les déterminants non
économiques. Nous avons sectionné les facteurs suivants comme les
déterminants économiques : L'investissement publique ;
La production agricole ; importation des produits alimentaires ; PIB
par tête et l'indice des prix à la consommation. Les
déterminants non économiques retenus sont : La
stabilité politique et la croissance démographique.
A l'issu de cette étude nous pouvons conclure que
l'investissement public à un impact positif sur la
sécurité alimentaire, la production agricole a aussi un impact
positif sur la sécurité alimentaire ; par contre l'indice
des prix à la consommation a un impact négatif sur la
sécurité alimentaire. Nos déterminants non
économiques (stabilité politique et la croissance
démographique), n'ont pas tous les deux un impact positif sur la
sécurité alimentaire, la stabilité politique a un impact
positif sur la sécurité alimentaire tandis que la croissance
démographique a un impact négatif sur la sécurité
alimentaire, bien que les coefficients de nos déterminants non
économiques ne sont pas statistiquement significatifs, on
s'intéresse ici à leurs signes.
Parvenu au terme de notre étude, en termes
d'implication de la politique économique, l'augmentation de
l'investissement de 10%, augmentation de la production agricole de 5%, baisse
de l'indice des prix à la consommation de 5% pourraient améliorer
la sécurité alimentaire en RCA.
En outre, la stabilité politique et la croissance
démographique apparaissent comme une condition nécessaire pour la
sécurité alimentaire, car ces derniers peuvent changer la
situation alimentaire des centrafricains à long terme.
Les chercheurs, le gouvernement, les organismes internationaux
et les donateurs semblent maintenant convenir qu'il est urgent d'augmenter
l'investissement public en RCA en augmentant la part de la formation brute de
capitale fixe (FCBF) dans la richesse crée (PIB), augmenter la
production agricole tout en cherchant la stabilité politique.
En terme de limite, notre étude souffre de manque de
certaines variables défini par la FAO, ce manque est du à son
tour au manque de données qui couvrent la période de notre
étude. Notre étude est beaucoup plus basée sur la
dimension disponibilité, accès et la stabilité de la
sécurité alimentaire. La dimension utilisation n'est pas prise en
compte dans cette analyse, nous n'avons pas des données sur le
changement climatique et l'accès à l'eau potable. Cette
étude pourrait encore bien approfondie à la présence de
ses facteurs manquants.
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