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Analyse des déterminants de la sécurité alimentaire en république Centrafricaine.


par Chancel Japhet KPATAGUELE
Université de Yaoundé II-SOA - Master 2 en politique publique et développement durable 2018
  

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CONCLUSION GENERALE

L'intérêt pour la sécurité alimentaire date depuis les années 1970 et a connu des hauts et des bas au fil du temps, en partie en réponse à l'évolution de la réflexion sur le développement plus large, et en partie à cause des changements dans la nature même du problème de l'alimentation dans le monde (Maxwell, 2001). Il y a eu des évolutions dans la réflexion sur la sécurité alimentaire elle-même, principalement un abandon progressif de préoccupations d'offre alimentaire au niveau nationale et mondiale, vers des préoccupations d'accès familial et individuel à la nourriture. Plus récemment, le concept de sécurité alimentaire s'est enrichi avec l'introduction du concept de résilience : il s'agit de la capacité des ménages ou des individus à rebondir après un certain nombre de chocs tels que les inondations, la sécheresse, les conflits, l'instabilité des prix des denrées alimentaires, l'effondrement des institutions locales ou des pertes d'emplois. L'introduction de la résilience dans l'analyse de la sécurité alimentaire permet ainsi de comprendre certaines décisions souvent radicales des ménages ou individus suite à un choc. Par exemple, en cas d'une crise de grande ampleur, des agriculteurs sont souvent obligés de prendre des mesures drastiques : retirer leurs enfants de l'école, vendre tout actif en leur possession, ou abandonner l'agriculture et migrer vers les villes. Entre 2002 et 2008, l'indice des prix de denrées alimentaires de la FAO a doublé, après quatre décennies de tendance globale à la baisse (Azoulay, 2012). Cette inflation des prix alimentaires et les troubles sociaux qu'elle a occasionnés signent le retour de l'enjeu agricole et du problème alimentaire dans le débat économique. En effet, avec l'accélération de la globalisation financière, la finance a dominé les débats en économie tandis que la macroéconomie sociale en général, l'économie du développement en particulier, se sont plus concentrées sur la pauvreté et les inégalités. Ainsi, le thème de la sécurité alimentaire a été plus développé par l'économie agroalimentaire. Klatzmann (1988) souligne que le terme « agro-alimentaire » fait référence à toutes les étapes de la chaîne alimentaire, de la production agricole à la consommation. Les travaux de Malassis (1972, 1973, 1992), Malassis et Padilla (1986), Malassis et Ghersi (1992), Bricas et Raoult-Wack (1997), Rastoin (1996, 2005, 2006), Mc Michael (2002) et Combris (2006) ont montré l'importance grandissante des activités en amont et en aval de l'agriculture. En 2008, le rapport sur le développement dans le monde de la Banque mondiale (BM) est consacré à l'agriculture au service du développement. Tout en préconisant une libéralisation totale des échanges agricoles, il incite à accroître les investissements dans le secteur agricole. En effet, la part de l'agriculture dans l'aide publique au développement est passée de 19 à 3% entre 1980 et 2006. Quant aux prêts de la BM destinés au secteur agricole, ils ne représentaient plus que 1,75 milliards USD en 2006, soit 7% de la totalité des prêts octroyés contre 30% en 1982 (OXFAM, 2007).

L'analyse des déterminants de la sécurité alimentaire est abordée par beaucoup d'auteurs et les variables utilisées se diffèrent selon les pays, la diversité de ses variables s'explique par la diversité des indicateurs de sécurité alimentaire selon le pays analysé.

Premièrement, il était question de présenter le cadre d'analyse de la sécurité alimentaire, en passant par l'historique de la sécurité alimentaire et sa mesure, nous avons aussi la situation de la sécurité alimentaire en RCA, c'est-à-dire, le niveau de la sécurité alimentaire et les indicateurs de la sécurité alimentaire en RCA. C'est ce qui nous a permis d'ailleurs de bien aborder la partie empirique de notre travail.

Deuxièmement, il s'agissait d'identifier les déterminants de la sécurité alimentaire en RCA, suite à cette analyse nous avons pu identifier certains facteurs déterminants de la sécurité alimentaire, nous avons catégorisé ces facteurs en deux, à savoir : les déterminants économiques et les déterminants non économiques. Nous avons sectionné les facteurs suivants comme les déterminants économiques : L'investissement publique ; La production agricole ; importation des produits alimentaires ; PIB par tête et l'indice des prix à la consommation. Les déterminants non économiques retenus sont : La stabilité politique et la croissance démographique.

A l'issu de cette étude nous pouvons conclure que l'investissement public à un impact positif sur la sécurité alimentaire, la production agricole a aussi un impact positif sur la sécurité alimentaire ; par contre l'indice des prix à la consommation a un impact négatif sur la sécurité alimentaire. Nos déterminants non économiques (stabilité politique et la croissance démographique), n'ont pas tous les deux un impact positif sur la sécurité alimentaire, la stabilité politique a un impact positif sur la sécurité alimentaire tandis que la croissance démographique a un impact négatif sur la sécurité alimentaire, bien que les coefficients de nos déterminants non économiques ne sont pas statistiquement significatifs, on s'intéresse ici à leurs signes.

Parvenu au terme de notre étude, en termes d'implication de la politique économique, l'augmentation de l'investissement de 10%, augmentation de la production agricole de 5%, baisse de l'indice des prix à la consommation de 5% pourraient améliorer la sécurité alimentaire en RCA.

En outre, la stabilité politique et la croissance démographique apparaissent comme une condition nécessaire pour la sécurité alimentaire, car ces derniers peuvent changer la situation alimentaire des centrafricains à long terme.

Les chercheurs, le gouvernement, les organismes internationaux et les donateurs semblent maintenant convenir qu'il est urgent d'augmenter l'investissement public en RCA en augmentant la part de la formation brute de capitale fixe (FCBF) dans la richesse crée (PIB), augmenter la production agricole tout en cherchant la stabilité politique.

En terme de limite, notre étude souffre de manque de certaines variables défini par la FAO, ce manque est du à son tour au manque de données qui couvrent la période de notre étude. Notre étude est beaucoup plus basée sur la dimension disponibilité, accès et la stabilité de la sécurité alimentaire. La dimension utilisation n'est pas prise en compte dans cette analyse, nous n'avons pas des données sur le changement climatique et l'accès à l'eau potable. Cette étude pourrait encore bien approfondie à la présence de ses facteurs manquants.

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