Section 3 : La sélection
génétique
Cet aspect est très important car il aura une incidence
irréversible sur la production à venir en termes de
quantité, de qualité et de rentabilité.
Dans notre cas d'étude, les conditions
environnementales influencent largement notre choix. Il nous faut alors
sélectionner des races rustiques et facilement dessaisonnable
sexuellement.
En dehors du climat, d'autres critères essentiels sont
à prendre en compte :
- Le poids adulte et la vitesse de croissance
- Les qualités bouchères et la conformation
- La prolificité* et la
précocité
*Prolificité : aptitude d'un animal à se
reproduire rapidement et en grand nombre. Elle correspond au rapport entre le
nombre de mise bas et le nombre d'agneaux nés.
Ayant pu obtenir trop peu d'informations sur les races ovines
d'Afrique, et ayant eu écho de l'appréhension populaire
vis-à-vis de leurs qualités bouchères, j'ai entrepris
d'opérer par croisement entre une race de béliers
européenne et une race de brebis africaine.
L'objectif du croisement de race est d'obtenir une
amélioration des performances génétiques du cheptel en
termes de qualité et de quantité.
Le choix des mâles reproducteurs est primordial dans la
mesure où ils sont à la source du progrès
génétique du cheptel.
9
Après investigations, mon choix se porte sur la race
« charollaise » pour les béliers et la race nigérienne
dite des « Bali-Bali » pour les brebis.
Caractéristiques des races sélectionnées
: (Tableau 1)
Caractéristiques
|
Valeurs moyennes race charolaise
|
Valeurs moyennes race bali-bali
|
Valeurs moyennes retenues
|
Poids adulte
|
Mâle : 130 kg Femelle : 90 kg
|
Mâle : 100 kg Femelle : 70 kg
|
M : 115 kg F : 80 kg
|
Prolificité
|
190 %
|
120 %
|
155 %
|
Age au sevrage
|
120 j
|
120 j
|
120 j = 4 mois
|
Poids au sevrage
|
|
|
M : 38 kg F : 26 kg
|
Précocité sexuelle
|
210 j
|
270 j
|
240 j = 8 mois
|
Poids à la puberté
|
|
|
M : 76 kg F : 53 kg
|
Age au premier agnelage
|
365 j
|
390 j
|
377 j
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Intervalle entre agnelages
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1 an
|
1 an
|
1 an
|
Poids au premier agnelage
|
|
|
59 kg
|
Rendement de la carcasse
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55 %
|
55 %
|
55 %
|
Prix*
|
445 euros
|
115 euros
|
-
|
Ces valeurs nous seront très utiles pour
l'établissement du cycle de production et pour l'étude
financière de la partie 2.
Précisons tout de même que cette
évaluation des caractères génétiques issus du
croisement est un peu simpliste. Mais il serait bien trop complexe
d'établir une étude scientifique approfondie, laquelle serait, de
plus, déplacée dans le cadre de notre étude qui se veut
financière.
Aptitudes du mouton Charollais :
· Très prolifique
· Excellente conformation (qualités bouchères
indéniables)
· Vitesse de croissance élevée
· Dessaisonnable sexuellement
· Race rustique
· Bonne utilisation en croisement
Parmi les races africaines les plus appréciées,
on retrouve : Les « bali-bali », les « toulaberts », et les
« ladounes ».
Ce sont des races de moyen format, de bonne conformité
et dont la rusticité n'est plus à prouver.
10
Evolution du capital génétique dans le temps
Le capital génétique doit être
surveillé de prés au fil du temps. La sélection des
reproducteurs mâles et femelles doit se poursuivre au fil des
générations. Il faut pour cela tenir des journaux
détaillés sur chaque individu du cheptel à chaque
étape de sa vie.
Si ce suivi n'est pas effectué, le risque «
d'absorption » des races sélectionnées aurait pour
conséquence la perte probable d'aptitudes intéressantes au profit
d'autres qui le sont moins. Il faudra alors que la gestion de la reproduction
soit en étroite collaboration avec la gestion scientifique afin de
conserver ce capital génétique et d'exploiter au mieux les
performances du cheptel.
II. Les caractéristiques biologiques de la
production de viande ovine
Section 1 : Croissance, développement et
abattage 1) La croissance
On étudiera ici l'aspect quantitatif de la production.
La vitesse de croissance d'un animal est définie par sa
capacité à atteindre ses caractères adultes en
unité de temps.
C'est un facteur primordial de la rentabilité et de la
productivité de l'exploitation. En effet, plus l'animal se
développe rapidement, plus tôt il est vendu ou mis à la
reproduction.
Le rythme de croissance dépend de la race mais aussi,
et surtout, de la maîtrise du rationnement alimentaire.
Ce dernier varie en fonction du stade de croissance de
l'animal de la conception à la puberté. Attention, une mauvaise
gestion de l'alimentation des ovins durant cette période aura des
conséquences irréversibles sur leur vitesse de croissance. La
section 4 nous renseignera sur cet aspect.
La croissance est étudiée par le suivi du poids vif
(PV) de l'agneau en fonction du temps.
Il en ressort un indice essentiel pour évaluer la
vitesse de croissance : le gain en poids journalier (GMQ).
11
Evolution du PV d'un agneau en fonction de son âge :
(Schéma 1)
Mâle Femelle
80 70 60 50 40 30 20 10
0
|
|
|
0 8
|
12
On distingue deux phases de croissance :
. La phase de croissance accélérée,
phase 1 :
De la naissance à la puberté, le gain en poids
journalier GMQ est très élevé sans pour autant
nécessité un rationnement important. Il atteint sa valeur
maximale aux alentours de la puberté.
Ainsi, la vente des agneaux durant cette période est
très rentable pour l'éleveur, les coûts du rationnement
étant largement rentabilisés par une forte croissance que l'on ne
retrouvera plus par la suite.
? La phase de croissance ralentie, phase 2 :
Lorsque l'animal devient adulte, sa croissance se ralentie et
stagne, la qualité de sa viande est altérée par
l'augmentation de la masse graisseuse tandis que les besoins alimentaires ne
changent pas sinon augmentent. La rentabilité de la production diminue
donc avec l'âge.
2) Le développement
On étudie ici l'aspect qualitatif de la production.
Le développement est la réalisation de
l'état adulte de l'animal. Il implique des modifications de forme, de
composition chimique et organique.
On distingue quatre phases successives de développement
: nerveux, osseux, musculaire et adipeux.
Les caractéristiques du développement
dépendent à la fois du génotype des individus et du
rationnement alimentaire.
Il est très important de stipuler qu'une mauvaise
adaptation du rationnement, à une phase de développement
donnée, implique des carences dont les conséquences sont
irréversibles.
D'autre part, ce suivi doit permettre :
- De déterminer l'âge optimum
d'abattage à respecter en fonction de la conformation de l'animal et de
son coût de production ;
- La sélection des meilleurs individus
pour la mise à la reproduction.
Ainsi, de la bonne gestion du développement
dépendent les performances qualitatives du cheptel.
3) 13
L'abattage et l'appréciation de la
carcasse
En général, l'agneau est mis à l'abattage
entre 3 et 9 mois.
Ce choix découle, en fait, d'un consensus entre le niveau
de croissance et le stade de développement atteint.
Dans notre cas nous décidons de fixer l'âge
d'abattage entre 3 et 7 mois. Cette période sera donc destinée
à leur commercialisation.
La procédure :
- L'étourdissement et la
saigné.
Il est important ici de préciser que la culture islamique
implique une saigné dite « Hallal » qu'il faudra respecter.
- Le contrôle sanitaire
- La pesée : elle doit être
réalisée dans l'heure suivant la saigné car la carcasse
perd par la suite une partie de son poids pendant la
réfrigération.
- La découpe : Les parties de la
carcasse sont regroupées par catégorie selon le degré de
préférence des consommateurs.
La rentabilité des carcasses s'évalue par
le rapport (poids froid/poids vif) * 100.
Elle correspond, dans notre cas, à un taux de 55
% du PV, soit à une vente de 16.5 kg pour un agneau de 30
kg.
4) Les produits de l'élevage
Rappelons qu'il existe deux types de production :
Les brebis et béliers de réforme :
Jugés à leur état d'engraissement,
l'importance de leur tissu adipeux et la forte odeur de leur viande
altèrent la qualité de cette production.
Les gains de cette production seront donc exceptionnels dans
notre cas.
Les carcasses d'agneaux :
Très appréciée, c'est en principe le seul
produit commercialisé.
Une carcasse de qualité doit peser entre 15 et 18 kg
froide, être légèrement couverte, la viande de couleur
rosée et le gras ferme et blanc.
La lactation de la naissance au sevrage est primordiale pour la
croissance future de l'agneau. Ainsi faut-il compléter la ration de la
mère avec un concentré spéciale brebis.
Le suivi du développement et de l'état
d'engraissement de l'agneau est très important. Après sevrage,
les agneaux sont vendus ou mis à la reproduction.
14
> Alimentation de la naissance au sevrage : lait.
> Alimentation du sevrage à la vente : foin et
céréales.
5) Le conditionnement de la viande
Après la saignée et la découpe, la viande
sera conservée en chambre froide jusqu'à sa commercialisation.
Il faudra, d'autre part, posséder un fourgon frigorifique
pour l'acheminement de cette production chez les clients. La chaîne de
froid sera ainsi respectée.
Enfin, à toutes les étapes de la commercialisation,
il est nécessaire de disposer de suffisamment d'emballage pour le
conditionnement de la viande produite.
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