Université Cadi Ayyad
Faculté des Sciences Juridiques,
Économiques et Sociales Marrakech
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
En vue de l'obtention du Diplôme de :
Master Recherche
En Droit des Affaires et de
L'Entreprise
Sujet :
Les moyens de lutte
contre l'évasion fiscale en
droit Marocain
Réalisé par :
Souad AZIZI
Sous la direction de :
M. le Professeur Mohamed
NAKHLI
Devant le jury :
- Pr. Mohamed NAKHLI Président
- Pr. Yassine DOURHANI Suffragant
- Pr. Youssef MESKINI Suffragant
- Pr. Anas TALBI Suffragant
Année Universitaire :
2020-2021
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ÞÏÕ
Remerciement
Tout d'abord, je tiens à remercier DIEU
pour m'avoir guidée pour atteindre ce stade.
Je voudrais adresser tout ma gratitude à mon encadreur
de ce mémoire le professeur Mohamed NAKHLI pour sa
patience, sa disponibilité et surtout ses judicieux conseils, qui ont
contribué à alimenter ma réflexion.
Un grand merci aux membres du jury : Au professeur
Yassine DOURHANI, au professeur Youssef MESKINI
et au professeur Anas TALBI pour l'honneur qu'ils
m'ont fait en acceptant de juger ce travail, merci à vous tous.
J'adresse toute ma gratitude aux personnes travaillant dans
l'administration fiscale ou du Trésor public qui m'ont reçue pour
échanger sur mon sujet.
Je tiens également à remercier, Maître
Salah FIKRI pour le temps qu'il a accordé à
relire ce mémoire, pour son sens de la transmission du savoir-faire, sa
bienveillance pour m'avoir fait l'honneur de m'accueillir dans le bureau FIKRI
AVOCATS.
J'exprime aussi ma gratitude et mon respect à ma
famille dont le soutien moral m'a été précieux, surtout
à mon oncle Abd sadq et ma tante Naima.
Je voudrais exprimer ma reconnaissance envers les amis et
collègues qui m'ont apportée leur support moral et intellectuel
tout au long de ma démarche.
Mes remerciements vont aussi, à toute personne qui de
près ou de loin, a contribué à la réalisation de ce
mémoire.
3
Dédicace
A mon dieu qui m'a donnée la connaissance, feu mon
père, ma chère mère Naima et mes deux soeurs Nadia et
Salwa, je dédie ce mémoire.
Souad
4
Liste des abréviations
ACL : Audit Command Language
ACP : l'Autorité de Contrôle Prudentiel
Art : Article
ATAF : African Tax Administration Forum
BEPS : L'érosion de la base d'imposition et le
transfert de bénéfices
BIT : Le Bureau International du Travail
CA : Chiffre d'Affaires
CESE : Conseil Economique Social et Environnemental
CIST : Conférence Internationale des Statisticiens du
Travail
CLT : La Commission Locale de Taxation
CM : La cotisation minimale
CNRF : Commission nationale du recours fiscal
CPAF : Centre de politique et d'administration fiscale
CPC : Le compte des produits et charges
CREDOC : Le crédit documentaire
CUA : la Commission de l'Union africaine
CV : Convention
DGI : la direction générale des impôts
EESFC : Examen de l'ensemble de la situation fiscale du
contribuable
EPSU: European public service union
FATCA: Foreign Account Tax Compliance Act
FHTP: Forum on Harmful Tax Practices
FIDEF : Fédération internationale des
experts-comptables francophones
G20 : Le Groupe des vingt
HCP : Le Haut-Commissariat au Plan
IR : l'impôt sur les revenus
IS : l'Impôt sur les sociétés
LF : La loi de finances
LPF : Livre des procédures fiscales
MAEC : Ministère des Affaires
étrangères
NTIC : Les Nouvelles Technologies de l'information et de la
communication
5
OCDE : Organisation de coopération et de
développement économiques
OLAF : l'Office européen de Lutte Antifraude
ONG : Organisation non gouvernementale
ONHI : Ordre National des Huissiers de Justice
PAF : centre de politique et d'administration fiscales
PIB : Le produit intérieur brut
PME : Petite ou moyenne entreprise
PNUD : Programme des Nations unies pour le
développement
PV : Procès-verbal
SCN : Système de Comptabilité Nationale
SCPC : Service central de prévention de la
corruption.
TIC : Technologies d'information et de communication
TPE : Très petite entreprise
TVA : La Taxe sur la Valeur Ajoutée
UE : Union européenne.
6
Préface
« Je me rappelle toujours que la première
leçon de philosophie au lycée commençait par cette phrase
: En philosophie, les questions sont plus importantes que les réponses
». Il m'a fallu toute une vie pour comprendre et vérifier combien
cette affirmation est juste dans toute discipline. A notre manière de
poser ou de ne pas poser toutes les bonnes questions, dépendra fortement
la qualité de nos réponses1 ». Omar
FARAJ
1 Extrait de « Discours de M.
Omar FARAJ, ancien directeur général des impôts, en
ouverture des travaux de la Journée sur le contrôle fiscal, le 11
mai 2015 à Skhirat ».
7
Sommaire
Introduction generale
PARTIE I LES PRATIQUES DE L'EVASION FISCALE
Introduction de la première partie
CHAPITRE 1 TYPOLOGIES ET MECANISMES DE L'EVASION
FISCALE
Section 1 - Les notions de l'évasion fiscale
Section 2 - les mécanismes de l'évasion
fiscale
CHAPITRE 2 CAUSES ET EFFETS D'EVASION FISCALE
Section 1 - Les causes de l'évasion fiscale
Section 2 - Les effets de l'évasion fiscale
conclusion de la premiere partie
Partie II la lutte contre l'évasion fiscale
Introduction de la deuxième partie
CHAPITRE 1 LA LUTTE CONTRE L'EVASION FISCALE SUR LE
PLAN NATIONAL
Section 1 - les moyens législatifs et
institutionnels de lutte contre l'évasion fiscale
Section 2 - Les moyens juridictionnels ou autres
CHAPITRE 2 LA LUTTE CONTRE L'EVASION FISCALE SUR LE
PLAN INTERNATIONAL :
Section 1 - le rôle du droit international dans
la lutte contre l'évasion fiscale
Section 2 - la collaboration internationale dans la
lutte contre l'évasion fiscale
Conclusion de la deuxieme partie
Conclusion generale
table des matiéres
Bibliographie
Index alphabetique
8
INTRODUCTION GENERALE
1. La mondialisation rapide du système commercial et
du système financier, la libre circulation des marchandises, des
capitaux et de la main d'oeuvre, ainsi que le déplacement des bases de
la production industrielle et les progrès des technologies d'information
et de communication (TIC) ont considérablement transformé les
modèles de fonctionnement économique1.
En conséquence, l'évitement d'impôt est
« devenu plus facile dans le contexte actuel marqué par une grande
liberté et rapidité de circulation des capitaux et par le
développement du commerce électronique. Ces comportements ont
pour conséquence d'impacter négativement des ressources
disponibles pour le financement des services publics indispensables à la
collectivité nationale, de créer des distorsions de concurrence
et des inégalités au détriment des contribuables
honnêtes et de générer de leur part des frustrations et un
mécontentement justifié2».
2. Parler de fuite devant l'impôts, c'est parler
naturellement de fraude fiscale, mais également de fraude légale
ou légitime, de droit de résistance à l'oppression
fiscale, de fraude illégale, d'optimisation fiscale, de gestion fiscale
ou d'habilité fiscale, d'évasion légale, d'évasion
illégale, d'évasion internationale, de paradis fiscaux ou de
refuges bancaires, d'abus de droit ou d'acte anormal de gestion, de
sous-estimation fiscale, de dissimulation fiscale, d'économie
souterraine ou informelle, etc. Autrement dit, autour de la notion de fuite
devant l'impôt gravite tout un kaléidoscope d'images et toute une
mosaïque de situations, qui rendent très difficiles la
compréhension et la délimitation de ce phénomène
(Feld et Tyran, 2008)3.
Les stratégies d'évasions et de fraudes se
diversifient, se complexifient et s'internationalisent.
1 Organisation Mondiale des Douanes,
Directives visant à renforcer la coopération et
l'échange
d'informations entre les autorités douanières et
les autorités fiscales au niveau national, Octobre 2016, p.3
2 Monsieur Abdelhamid HASSOUNE, Séminaire
sur la réforme des politiques fiscales axées sur l'innovation et
la modernisation des institutions en charge de la collecte et de la gestion du
patrimoine public, Centre Africaine de Formation et de Recherche
Administratives pour le Développement, Hôtel Intercontinental
Tanger (Maroc), 29 Novembre-1er Décembre 2010, p.2
3 RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi : Civisme fiscal
au Maroc ; à la recherche du compromis, Vol 3 N°3, op.cit.,
p.343
9
3.
La fraude est considérée par la sociologie
fiscale comme une catégorie de déviance1. C'est «
la transgression des règles sociales et juridiques ou l'utilisation
pernicieuse ou pervertie » qui constitue un sujet inquiétant pour
l'Etat2.La fraude fiscale est un délit contre toute la
société3.
En revanche, l'évasion fiscale vise à
réduire l'imposition en utilisant des failles du système fiscal
pour le contourner. Elle concerne autant les particuliers que les entreprises.
L'évasion fiscale est un évitement de l'impôt qui se trouve
à la frontière de la fraude fiscale4.
Selon l'OCDE, l'évasion fiscale est
caractérisée par la réunion des trois
éléments : le détournement de l'intention du
législateur, l'existence d'un élément d'artifice et un
élément de confidentialité. On distingue l'évasion
interne et internationale, l'évasion légale et
illégale.
4. La majorité des gens ont tendances à
confondre entre fraude et évasion. Les deux notions ne sont pas
identiques, si la fraude fiscale signifie l'usage de manoeuvre frauduleuse pour
fuir l'impôt : c'est une infraction. L'évasion signifie alors
l'exploitation des défaillances au niveau des textes fiscaux pour payer
moins d'impôt : Elle est licite.
C'est sans doute au regard des deux notions juridiques
préexistantes de « fraude fiscale » et d'« évasion
fiscale » que le concept légal d' « abus fiscal » a
été ainsi dénommé5.
5. Quant à l'optimisation fiscale, il s'agit d'une
« pratique légale répandue, qui se distingue de
l'évasion et de la fraude. Entre l'optimisation et l'évasion ou
la fraude, il y a une différence de nature, et non une différence
de degré, comme le laissent entendre certaines ONG et même
certains gouvernements. En outre, l'optimisation fiscale n'est possible que
parce que la législation fiscale varie d'un pays à l'autre dans
des proportions importantes6 ».
6. L'Etat pour lutter contre ces inégalités
fiscales doit prendre des mesures appropriées, notamment la
fiscalité qui comporte deux éléments fondamentaux : le
niveau des recettes fiscales collectées et la manière dont ces
recettes fiscales sont prélevées, en d'autres termes
1Mohamed HARAKAT, Gouvernance et contentieux fiscal
(le cas du Maroc), Professeur à l'Université Mohammed V, Rabat,
op.cit., p.426
2Mohamed HARAKAT, ibid., op.cit., p.426
3RGUIG Mohammed & GUEMMI Faouzi, ibid, p.355
4Marc Uzan avocat fiscaliste, «
L'évasion fiscale, c'est quoi ? Suis-je concerné ? Quels sont les
risques ? 20 mai 2019
https://uzan-avocat.fr/l-evasion-fiscale-c-est-quoi-suis-je-concerne-quels-sont-les-risques
5Aymeric NOLLET, De l'« abus fiscal » ou
quand des actes juridiques des contribuables sont inopposables au fisc pour
l'établissement de l'impôt-Essai d'une théorie
générale et critique en droit fiscal belge, Thèse de
doctorat en sciences juridiques à l'Université de Liège et
à l'Université d'Anvers ,p.53
6SENAT, Proposition de directive du Conseil
modifiant la directive 2011/16/UE en ce qui concerne l'échange
automatique et obligatoire d'informations dans le domaine fiscal,18/03/2015,
http://www.senat.fr/ue/pac/EUR000001232.html
10
la structure fiscale. Elle doit aussi procéder à
la collecte de l'impôt qui est l'objectif principal pour financer
l'économie.
7. La fiscalité est un outil fort à la
disposition des puissances publiques, surtout dans les pays en voie de
développement, pour orienter la politique économique vers la
réalisation de la croissance et le progrès économique et
social1.
Fiscalité équitable et lutte contre
l'évasion fiscale, sont les deux faces d'une même
pièce2. Edwy Plenel3 illustre que
: « la fiscalité n'est pas l'ennemie de la liberté, qui
comprend celles de s'enrichir. Mais elle civilise cette liberté
individuelle en l'insérant dans une relation collective ou chacun,
à la mesure de ses moyens, contribue à la richesse nationale,
afin qu'il y ait des écoles, des hôpitaux, des routes...Dans
l'espoir qu'ainsi personne ne sera laissé en dehors de la cité
commune ».
8. A travers le monde, la fiscalité est
considérée à la fois comme une importante source de
financement pour les Etats et un tremplin pour encourager les investissements
intérieurs et étrangers4.Au Maroc, elle permet de
couvrir une part importante du besoin de financement de
l'économie5.
La fiscalité a pour objectif principal d'assurer le
financement des services publics dont un pays veut se doter. Ce sont donc les
choix de société faits par les citoyens qui doivent
déterminer le niveau du prélèvement fiscal6.
9. La fiscalité permet aux États d'investir
dans le développement, d'atténuer la pauvreté et de
fournir des services publics, de sorte à pouvoir soutenir la croissance
sur le long terme7.Elle est nécessaire pour le
développement des nations.
La fiscalité est en effet, un moyen efficace pour
orienter les décisions des agents économiques (producteurs,
consommateurs, épargnants...)8. Ainsi qu'elle « doit
être comprise d'abord comme un fait politique et social ». La
contribution au bien général, est un élément de
dignité du citoyen. L'impôt trouve ici tout son sens, c'est le
critère
1 Meryem CHIADMI, Mohamed KARIM et Meriem OBADA,
Structure de la fiscalité marocaine entre les considérations
d'équité sociale et d'efficacité économique : Une
analyse en équilibre général appliquée, Professeurs
à l'Université Mohammed V - Souissi, FSJES-Salé, AMSE
(Association Marocaine de Sciences Economiques), WP N° 2013- 14,
p.2
2 RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi, ibid., p.354
3 Edwy Plenel, né le 31 août 1952
à Nantes, est un journaliste politique français
4 ELHARRANE Lalla Mérieme, la réforme
fiscale au Maroc, Casablanca, Revue Espace Géographique et
Société Marocaine N°14/2016, p.87
5 ELHARRANE Lalla Mérieme, ibid., p.87
6 Les impôts au Maroc : Techniques et
procédures, Mohammed NMILI, Rabat,2017, p.11
7 Rapport, les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement, 2018-2019, p.9
8 Précis de fiscalité Marocaine
de l'entreprise-Tome1, Mohamed RIGAR, 4éme édition,
Marrakech, Septembre 2015, p.8
11
d'appartenance à la société. Nous avons
besoin d'une contribution commune, pour construire une société
civilisée, organisée et protectrice. Cette contribution commune
s'appelle la démocratie. Henry Morgenthau,
secrétaire du Trésor du président américain
Franklin Roosevelt, disait : « L'impôt est le prix à payer
pour une société civilisée, trop de citoyens veulent la
civilisation au rabais ».
On remarque, que les impôts existent de tous le temps et
de tous les lieux1.
10. Beaucoup d'économiste ont traité la
relation entre impôt et croissance économique, une relation
implicitement basée sur le civisme fiscal2.
Il s'agit essentiellement de montrer que le civisme fiscal
existe dans l'écart entre un comportement idéalement citoyen et
la réalité des pratiques, entre le citoyen responsable, conscient
du geste qu'il accomplit en signant sa déclaration, et l'artisan
réglant sa conduite sur les normes informelles qui régissent,
dans sa profession, l'équilibre entre travail au noir et activité
déclarée3.
11. À tous les niveaux, que ce soit celui de l'Europe,
du pays, de la région, du département, de la commune, le pacte
social ne peut prospérer que si chacun acquitte une contribution juste,
à la mesure de ses moyens. Sans cette équité, sans cet
engagement partagé, sans consentement à l'impôt, il n'y a
pas de « vivre ensemble » possible4.Alors qu'un bon
impôt est celui qui est juste, équitable, non confiscatoire, non
pénalisant et qui doit servir l'intérêt de la
communauté. Il est lié à l'évolution des
sociétés, comme l'a écrit E.Seligmann ,
« le citoyen de l'Etat moderne considère l'impôt comme une
institution naturelle, si désagréable qu'il5».
Pour les contribuables « l'impôt est vécu
comme une contrainte6», en fait l'impôt est une condition
première de la justice fiscale.
12. Le Maroc et d'autres pays ont des difficultés
à mesurer l'évasion fiscale, car il est caractérisé
par un caractère secret et difficile à prouver. Le plus grand
problème est la question de preuve. Autrement dit, que le juge ici a un
rôle d'appréciation prépondérant. Si le contribuable
a recours à des moyens illégaux, l'évasion s'apparente
à de la fraude.
1 Précis de fiscalité Marocaine de
l'entreprise-Tome1, Mohamed RIGAR, 4éme édition, Marrakech,
Septembre 2015, p.21
2 RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi, ibid., p.343
3 RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi, ibid, p.340
4 Sans Domicile fisc, les frères
Bocquet Alain et Éric avec la collaboration de Pierre Gaumeton,
Paris,2016, p.70
5 E. SELIGMANN,op.cit.
6 Les frères Bocquet Alain et Eric, ibid.,
p.67
12
Cependant, s'il s'appuie sur des techniques licites comme le
montage juridique artificiel, l'évasion devient de l'optimisation.
13. Par ailleurs, l'Etat ne doit pas
négliger la justice voire l'équité fiscale au niveau de
son système fiscal.
La justice fiscale a fait l'objet de la troisième
assise à Skhirat, au cours de laquelle le Ministre a annoncé :
« Le système fiscal national va à l'encontre du principe
d'équité fiscale et devrait être changé. En fait,
à revenus égaux, il faut des impositions
égales1 ».
Un constat que fait Nicolas Hulot2
:« L'équité n'est plus une option, c'est une condition de la
paix ».
Pour avancer vers cette solidarité, il faut une
répartition équitable, un système porter une
efficacité économique, justice et démocratie. Parce qu'un
régime fiscal solide permet d'améliorer la transparence et
l'équité et de combattre la corruption, les systèmes
nationaux de collecte des impôts favorisent également
l'établissement d'un cadre plus propice à l'investissement
privé3.
1 C'est ce qui ressort du discours prononcé par
Mohamed BENCHAABOUN, ministre de l'Economie et des Finances, à
l'ouverture à Skhirat des 3ème Assises de la fiscalité.
2 Nicolas HULOT : Né le 30 avril 1955 à
Lille, Ancien Ministre de l'Écologie du développement durable et
de l'Energie, Journaliste, Homme d'affaires et politique.
3 Rapport, les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement,2018-2019, p.9
13
OBJET DE L'ETUDE
Intérêt du sujet :
14. Tous les pays du monde, quel que soit leur niveau de
développement, souffrent de l'existence de fraude fiscale et
d'évasion fiscale.
L'importance de la recherche est attestée par
l'importance des impôts en tant que l'un des outils efficaces pour doter
le trésor des ressources financières pour couvrir ses diverses
dépenses.
Cependant, au moment où l'Etat a besoin de recettes pour
assurer ce développement, des personnes aussi bien morales que physiques
font tout pour échapper au paiement de l'impôt.
15. C'est ainsi que ;
- L'importance de cette étude tient
à ces mauvais effets du phénomène de l'évasion
fiscale, qui a fait circuler d'énormes sommes d'argent sans
contrôle ni déduction, en privant ainsi le trésor
public.
- L'émergence du contrôle comme
outil important dans la lutte contre l'évasion fiscale. -
Mettre en évidence le rôle de la justice fiscale dans la
réalisation du principe de justice sociale.
Objectifs de recherche :
16. La recherche de notre mémoire a pour but :
- Insuffler une culture fiscale parmi les
contribuables afin de réduire les opérations d'évasion
fiscale qui nuisent à l'économie nationale.
- Mettez en évidence les dispositifs
fondés sur la lutte contre l'évasion fiscale et les moyens et
mesures les plus importants qui y sont pris.
14
La problématique :
17. La problématique que nous soulevons est la
suivante : Les moyens utilisés par l'Etat sont-ils suffisants
pour lutter contre l'évasion fiscale au Maroc ?
Il existe d'autres questions que nous soulevons et
auxquelles, nous essaierons aux répondre, sont les suivantes :
- Quelles sont les formes que l'évasion fiscale
peut revêtir ?
- Quels sont les causes et les techniques que
soulève l'évasion fiscale ?
- Quels sont les moyens et techniques de lutte contre
l'évasion fiscale au niveau national et au niveau international
?
- Quelles sont les règles procédurales qui
gouvernent le contrôle fiscal ?
- Selon les mesures envisagées au Maroc pour
éviter l'évasion fiscale, peuvent-elles accéder à
la justice fiscale ?
Méthodologie de travail :
18. Le développement stratégique de la
présente mémoire s'articule autour des axes ci-après :
- Définition du concept d'évasion
interne et internationale ;
- Distinction entre l'évasion fiscale et
la fraude fiscale ;
- Détermination des causes et pratiques
de l'évasion fiscale ;
- Détermination des effets de
l'évasion fiscale ;
- Définir les moyens de lutte contre
l'évasion fiscale au niveau national et
international.
19. Par conséquent, cette mémoire sera
divisée en deux axes de recherche :
La première partie présentera une approche
d'ensemble sur l'évasion fiscale, en
faisant la distinction entre deux phénomènes qui
prêtent souvent à confusion la fraude et l'évasion fiscales
et en déterminant les diverses causes de cette dernière.
On évoquera aussi avec un grand intérêt
les développements concernant les pratiques voire les techniques de
l'évasion utilisées.
De même que les effets de l'évasion fiscale aussi
bien sur le plan économique et financière que sur le plan social
et politique.
15
La deuxième partie viendra logiquement étudier
les moyens dont dispose l'Etat pour tenter d'endiguer l'évasion
fiscale.
16
PARTIE I
LES PRATIQUES DE L'EVASION FISCALE
17
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
20. En matière d'impôts, le paradoxe est de
mise. L'évasion fiscale fait référence à une
pratique parfois interdite par la loi et parfois autorisée, ainsi que
les médias alimentent cette confusion (évasion et fraude).
En outre, le contribuable peut adopter un comportement
différent à l'égard des autorités fiscales pour
réduire le fardeau fiscal.
21. Dans une première partie, nous verrons les notions
d'évasion fiscale en double sens interne qu'internationale, la
différence entre l'évasion et la fraude fiscale, les techniques
qu'adoptent les contribuables, ainsi que les raisons représentées
dans la fuite des contribuables devant l'impôt et les effets
négatifs de cette évasion à plusieurs niveaux.
18
CHAPITRE 1
TYPOLOGIES ET MECANISMES DE L'EVASION
FISCALE
SECTION 1 - LES NOTIONS DE L'EVASION
FISCALE
22. Le législateur marocain n'a pas défini
l'évasion fiscale, laissant la place à la jurisprudence et au
pouvoir judiciaire de définir ce concept.
Paragraphe 1- Eléments de définition
23. Dans ce paragraphe, nous verrons le concept de
l'évasion fiscale, le cadre juridique et ses types.
A.- Définition et types de l'évasion
fiscale
1. L'évasion au sens national et au sens
international
a.- Evasion fiscale interne
24. En se référant aux différentes
définitions, on constate que l'évasion fiscale interne est ;
celui qui se déroule à l'intérieur des frontières
du territoire national et prend deux formes :
- Exploiter les lacunes du système fiscal ;
il considéré parmi les méthodes qui ne sont pas
punissables par la loi, car le contribuable évite de payer l'impôt
sans commettre une erreur punissable, c'est aussi le législateur qui met
ces lacunes en cohérence avec la politique fiscale, c'est ce que les
spécialistes de la finance ont appelé l'évasion fiscale
légitime.
- Le refus de paiement des impôts directs ;
lorsque le contribuable refuse de payer l'impôt en ne soumettant
pas de déclarations à l'administration fiscale, ou s'exercer
à une activité sans registre du commerce pour éviter de
payer l'impôt.
25. De nombreux juristes se sont opposés, à
l'idée de donner une définition précise et encadrée
du concept d'évasion fiscale, ainsi que le législateur marocain
ne définit pas ce
19
qu'est l'évasion fiscale, sauf que dans l'article 187
du Code général des impôts nommée « sanction
pour fraude ou complicité de fraude », mais aucune
définition n'est précisée ni pour la fraude ni pour
l'évasion fiscale, même s'il est admis qu'elle correspond à
une soustraction illégale à l'impôt.
Nous pensons également qu'il est extrêmement
difficile de donner une définition précise et complète de
l'évasion fiscale en raison de l'incapacité de ces
définitions à suivre le rythme des divers changements qui se
produisent habituellement dans la pratique de ce comportement en raison des
méthodes modernes que les fraudeurs inventent
délibérément.
26. Comment peut-on mesurer l'évasion fiscale
?
L'évaluation chiffrée de la fraude et de
l'évasion fiscale est, par nature, extrêmement
difficile1.
Il est difficile scientifiquement de mesurer avec
précision l'évasion fiscale en chiffres en raison de sa nature
secrète. En fait, cela reste difficile et pas impossible.
Nous pouvons le mesurer, grâce au contrôle
fiscal, il consiste à trouver la différence entre le revenu
réel et le revenu déclaré, même si cette mesure
reste relative et imprécise.
(Nous avons traité le contrôle fiscal en
détail dans la deuxième partie).
27. Une autre façon de mesurer, est les
exonérations fiscales, par lesquelles les autorités
concernées accordent des exonérations afin d'inciter les
contribuables à déclarer leurs revenus réels
(c'est-à-dire que les contribuables déclarent leurs revenus et
bénéfices réels en contrepartie d'une exonération
d'amendes et de pénalités fiscales et de l'application de taux
d'imposition faibles) , mais cette méthode ne donne pas des chiffres
précis, car certains contribuables préfèrent ne pas
déclarer, malgré les exonérations.
28. On voit ici que, la relation entre le contribuable et
l'administration fiscale reste influencée et non basée sur la
confiance mutuelle (Nous avons traité la relation entre le contribuable
et l'administration fiscale dans la deuxième partie).
1 Projet de loi autorisant la ratification de la
convention multilatérale pour la mise en oeuvre des mesures relatives
aux conventions fiscales pour prévenir l'érosion de la base
d'imposition et le transfert de bénéfices, république
française, ministère de l'Europe et des affaires
étrangères, p.3,
www.senat.fr
20
b.- Evasion fiscale internationale
29. L'évasion fiscale internationale est un
phénomène très ancien dont l'émergence est
coïncidée avec le développement du commerce et la
création des paradis fiscaux. La concurrence entre les entreprises posse
les gens à optimiser à tout prix, de manière agressive et
abusive, leur traitement fiscal, basculant de l'optimisation légale
à l'évasion illégale. L'évasion fiscale
internationale va se développer avec la jurisprudence des tribunaux
britanniques, fixant les critères de détermination du lieu
d'imposition des entreprises, à l'occasion des affaires Calcutta
Jute Mills et Cesena Sulphur Mines, jurisprudences
confirmées par la décision De Beers (1906). Il
résulte de ces décisions que les entreprises sont imposées
au lieu du contrôle effectif de leurs actifs, bien que les
activités de productions soient localisées à
l'étranger1.
L'évasion fiscale internationale moderne a pris forme
à la fin du XIXème siècle, à travers l'instauration
de la libre concurrence fiscale interétatique aux Etats-Unis.
30. De nombreux auteurs se sont penchés sur les
contours de la notion d'évasion fiscale, sans pour autant qu'une
définition claire puisse être dégagée, de l'aveu
même des auteurs pour qui « le concept demeure difficile à
définir2 ».
Selon un rapport de l'Assemblée nationale
consacré à l'évasion fiscale internationale des
entreprises, "l'évasion, non définie en droit français, a
en commun avec la fraude la volonté de ses auteurs de contourner la
norme fiscale en vigueur dans le but d'éluder l'impôt, mais repose
sur des mécanismes réguliers ou en apparence réguliers"
31. L'évasion fiscale est techniquement définie
comme l'ensemble des comportements du contribuable qui visent à
réduire le montant des prélèvements dont il doit
normalement s'acquitte. Fondée sur le transfert du patrimoine vers un
autre pays au régime fiscal plus avantageux.
32. Selon le Conseil des prélèvements
obligatoires, il s'agit de « l'ensemble des comportements du
contribuable qui visent à réduire le montant des
prélèvements dont il doit normalement s'acquitter. S'il a recours
à des moyens légaux, l'évasion entre alors dans la
catégorie de l'optimisation. À l'inverse, si elle s'appuie sur
des techniques illégales ou dissimule la portée véritable
de ses acteurs, l'évasion s'apparente à la fraude ».
On distinguer alors, que l'évasion fiscale
relève à la fois de l'optimisation et de la
fraude.
1Damien JOUSSET, L'emploi des présomptions dans
la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales internationales,
Thèse en Droit, publié le 16 Décembre 2016, p.6.
2Damien JOUSSET, ibid., p.14
21
33.
J.-C Martinez1 distingue
l'évasion et la fraude selon le critère de la
légalité. Il répartit les comportements fiscaux des
contribuables en trois zones. La zone légale regroupe les comportements
qu'il qualifie de respect de la loi, d'erreur involontaire, d'application des
régimes fiscaux de faveur, d'abstention et d'habileté fiscale, la
zone grise correspond à l'abus de droit et la zone illégale
renvoie à la fraude.
Il constate par la suite que : « l'évasion
fiscale regroupe l'utilisation de régimes fiscaux de faveur,
l'abstention, l'habileté fiscale et partiellement l'abus de
droit2».
34. D'après cette définition, on peut soulever
la question de la nature juridique de l'abus de droit, en considérant
qu'il se située entre la zone légale et la zone illégale,
il se relève selon la gravité des opérations en cause de
fraude ou de l'évasion fiscale.
Martinez, reconnait que la frontière
entre la fraude et l'évasion n'est pas nette, évoquant la
psychologie du contribuable qui, « par touches impressionnistes...
glisse de l'erreur à l'utilisation des options fiscales, de la simple
abstention à la manipulation habile des textes et, pour finir, de l'abus
de droit à la fraude ouverte3 ».
1 Jean-Claude Martinez (né en 1945) est un
homme politique et juriste français.
2 Damien JOUSSET, ibid., p.18
3 Damien JOUSSET, ibid., p.18-19
22
35. Pour Gilbert Tixier et Jean-Marie
Robert, l'évasion fiscale est définie comme « un
concept comportant trois catégories de situations. La première
catégorie est l'évasion tolérée par la loi, qui
concerne les méthodes d'évaluation approximatives de la
matière imposable générant des sous-évaluations
légales. En second lieu, vient l'utilisation habile de la loi fiscale,
qui vise les arbitrages qu'effectuent les contribuables entre plusieurs
techniques juridiques, afin de choisir la plus avantageuse fiscalement. La
dernière catégorie d'évasion fiscale est l'exploitation
des lacunes de la loi ».
2. Types de l'évasion fiscale
On distingue deux types :
a.- L'évasion partielle
36. C'est l'évasion partielle du
fardeau fiscal par le contribuable. Et qu'en utilisant les moyens de fraude
disponibles, et cette évasion est réalisée par de
multiples moyens et formes, y compris la dissimulation partielle
d'activité, afin que la partie restante n'exprime pas la
réalité de son activité réelle, ce qui conduit
à l'imposition de l'impôt moins qu'elle aurait dû être
estimée, et une évasion partielle se produit dans la fourchette
frontière internes et externes de l'Etat.
b.- L'évasion totale
37. L'évasion fiscale totale, ou la
dissimulation totale d'activité, cela signifie que le contribuable peut
se débarrasser complètement de l'impôt dû qu'il doit,
en utilisant divers moyens de fraude. Il existe plusieurs moyens que le
contribuable utilise pour se débarrasser complètement du fardeau
fiscal, notamment en cachant à l'administration fiscale, tous les
revenus gagnés dans une période donnée.
23
B.- Définition juridique des comportements
illégaux et légaux :
1. Des comportements illégaux
38. Les comportements considérés par la loi
fiscale comme « illégaux », entraînent l'application de
sanctions fiscales et, le cas échéant, de sanctions
pénales, en fonction du comportement en cause. Ces comportements peuvent
être d'une fraude fiscale ou d'un abus de droit et/ou d'un acte anormal
de gestion. (Ils s'agissent d'un comportement délibéré de
la part des contribuables, en violent délibérément les
dispositions de la loi fiscale, avec l'intention de ne pas payer les
impôts qu'ils doivent, soit en s'abstenant de soumettre une
déclaration de leurs bénéfices ou en soumettant une
déclaration incomplète ou fausse).
39. Commet une fraude fiscale le contribuable qui s'est
soustraite ou qui tente de se soustraire à l'établissement ou au
paiement des impôts. Sont constitutifs de fraude fiscale, l'omission
volontaire de déclaration dans les délais, la dissimulation
volontaire de revenus ou de patrimoine, ou encore l'organisation volontaire de
son insolvabilité1.
40. La loi distingue deux types d'abus de droit :
- L'abus de droit par simulation : ce sont
des actes déguisés ou fictifs tels qu'un acte de vente à
moindre coût afin de dissimuler une donation passible de droits
d'enregistrement élevés ;
- L'abus de droit par fraude à la loi
concerne le fait de recourir à un montage juridique
afin de contourner l'objectif poursuivi par le texte dans un
but exclusivement fiscal. L'acte juridique signé par le contribuable est
réel, formellement conforme à la loi, mais motivé par un
objectif contraire à celui du législateur, dans le seul but
d'éluder ou d'atténuer les charges fiscales qui seraient
normalement supportées eu égard à la situation de la
contribuable ou à ses activités réelles.
2. Des comportements légaux
41. Un comportement légal ou
considéré légitime est un acte conformément
à la loi, tel que l'évasion fiscale qui se base sur
l'élimination par le contribuable du paiement de l'impôt, du fait
qu'il profite de certains des lacunes de la législation fiscale, sans
qu'il y ait violation des
1 Antoine DULIN, rapport les
mécanismes de l'évitement fiscal, leurs impacts sur le
consentement à l'impôt et la cohésion sociale, 13
décembre 2016, p.17
24
textes légaux (dont le législateur est
responsable pour atteindre certains objectifs économiques et
sociaux).
42. Au sens intermédiaire le plus fréquemment
retenu la fraude légale permet d'éviter l'impôt selon trois
modalités :
- Soit la loi fiscale aménage
elle-même la fraude légale par un régime fiscal de faveur,
le contribuable prend connaissance de ce régime et en
bénéfice compte tenu de son activité.
- Soit plus simplement, le contribuable
s'abstient d'accomplir l'activité, l'opération ou l'acte
taxable.
- Soit enfin, la fraude légale se
produit par la manipulation des failles du système fiscal ce qui permet
au contribuable de se soustraire à certaines obligations en
matière d'impôt sans contrevenir à la loi. Elle se
ramène à l'habilité fiscale ou au choix de la voie la
moins imposée1.
Il y a aussi une évasion fiscale résultant du
manque de clarté du texte fiscal.
43. La fraude et l'évasion sont un
phénomène très complexe posant de sérieuses
problématiques non seulement sur le plan national mais également
sur le plan international.
3. Cadre juridique de l'évasion fiscale a.-
L'élément légal
44. L'élément matériel de l'évasion
fiscale est représenté dans les actes suivants :
- Délivrance ou production de factures
fictives ;
- Production d'écritures comptables
fausses ou fictives ;
- Vente sans factures de manière
répétitive ;
- Soustraction ou destruction de pièces
comptables légalement exigibles ;
- Dissimulation de tout ou partie de l'actif de
la société ou augmentation frauduleuse
de son passif en vue d'organiser son insolvabilité.
45. Le législateur marocain n'a pas
précisé les méthodes de fraude dans le domaine fiscal,
mais certaines jurisprudences considèrent qu'il s'agit d'un manquement
au devoir de
1 Aicha BELMANÇOUR, la fraude fiscale au Maroc,
Master spécialisé en Droit de l'entreprise, Novembre 2008,
p.17-18
25
confiance que la loi impose aux autorités fiscales dans
les déclarations et documents qui leur sont soumis par l'administration
fiscale1.
b.- L'élément moral
46. L'infraction d'évasion fiscale exige la
présence d'un élément moral représenté dans
l'intention d'induire en erreur pour atteindre un objectif illégal.
Cet objectif est représenté dans le sens de
l'intention du fraudeur de se débarrasser complètement ou
partiellement de la taxe qui lui est imposée légalement.
La définition exclusive d'évasion fiscale par
le critère de légalité, a été
proposée par les fiscalistes et les pénalistes. Pour P.-M
GAUDEMET2, l'évasion consiste à «
éluder l'impôt en tournant intentionnellement la loi fiscale mais
sans la violer 3».
Paragraphe 2- « évader » et «
Frauder » : une confusion courante
47. La notion d'évasion fiscale ont pris parti pour la
confusion terminologique avec le concept de fraude, beaucoup confondent entre
les deux termes, notamment dans les médias, chacun de ces termes
revêt différents aspects qu'il est nécessaire
d'éclaircir.
A.- La distinction entre l'évasion fiscale et la
fraude fiscale
48. En réalité, la distinction entre fraude
fiscale et évasion fiscale n'est pas une tâche aisée aussi
bien sur le plan pratique que théorique, à tel point que
l'association fiscale internationale réunie à Venise en
1983 a renoncé à en proposer une définition.
Après deux jours de travaux menés par nombre d'auteurs cette
quête a été abandonnée4.
49. Si la fraude cherche à abaisser le montant de
l'impôt, elle repose cependant sur des moyens illégaux.
L'évasion fiscale se rapproche davantage de l'optimisation fiscale, qui
vise à réduire la charge fiscale par une utilisation pertinente
de la réglementation.
La fraude fiscale c'est le fait ou la tentative de se
soustraire, c'est une pratique illicite. Elle est considérée par
la sociologie fiscale comme une catégorie de
déviance5.
1 264Õ 2014
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2 Paul Marie GAUDEMET, (né le 15 mai 1914
à Dijon et mort le 23 mars 1998 à Paris), est un juriste et
universitaire français, professeur à l'université
Panthéon-Assas
3 Damien JOUSSET, ibid., p.17
4 Aicha BELMANÇOUR, op.cit., p.17
5 Mohamed HARAKAT, ibid., p.426
26
1. La confusion dans les termes :
50. L'évasion se définit comme étant
« tout acte établi par le contribuable qui tend à
réduire ou à supprimer volontairement la charge fiscale en
utilisant son habilité pour abuser des droits et possibilités
offertes par la loi1 ». Le contribuable n'utilise pas des
manoeuvres frauduleuses pour échapper à l'impôt mais il use
de l'abus de droit. Reste que l'Etat n'apprécie pas l'excès
d'habiliter dans la manipulation des dispositions légales.
Pour faire face, l'administration fiscale dispose d'un double
recours : celui de l'abus de droit et celui de l'acte anormal de gestion.
51. Toutefois, le plus souvent l'évasion fiscale
« est entendue comme l'art d'éviter de tomber dans le champ
d'attraction de la loi fiscale ».
Enfin dans un troisième sens, que lui donne notamment
M. DUVERGER2, en effet si l'évasion fiscale
devient un terme générique désignant l'ensemble des
manifestations de fuite devant l'impôt. La fraude légale va alors
jusqu'à englober la fraude illégale.
2. Évasion fiscale ou fraude fiscale, comment faire
la différence ?
52. La fraude et l'évasion fiscale présentent
un certain nombre de caractéristiques communes. C'est ce qu'on va voir
tout de suite :
a.- Les éléments communs
53. L'évasion comme la fraude fiscale découlent
toutes les deux de l'existence de l'intention préméditée
d'éluder l'impôt, la recherche du gain et la motivation
financière, est donc présente dans les deux cas.
Si la pratique de l'évasion fiscale est entendue comme
l'art d'éviter de tomber dans le champ d'attraction de la loi fiscale,
la fraude fiscale suppose un sens du risque.
Un autre élément en commun entre
l'évasion et la fraude, est la réaction négative du
contribuable face à l'impôt, qui lui posse à utilisera
l'une des méthodes pour échapper à l'impôt.
1 Hassan FIRDAOUSSI, le contentieux fiscal, Master
spécialisé en droit de l'entreprise ISCAE, p.26
2 Maurice DUVERGER, (né le 5 juin 1917 à
Angoulême et mort le 17 décembre 2014 à Paris), est un
professeur de droit et politiste français,
spécialiste du droit constitutionnel et de sociologie du droit
27
b.- Les éléments de divergence
54. Les points de divergences entre l'évasion fiscale
et la fraude fiscale seront analysés à partir des trois
éléments notamment :
- Elément premier ; il s'agit de «
l'acte » : C'est une évasion fiscale lorsque le
contribuable abusif volontairement et intentionnellement, des
failles du système fiscal national, (c'est-à-dire la mauvaise
foi). Quant à la fraude fiscale, elle suppose un comportement
intentionnel consistant à majorer les charges ou à
éliminer une partie des recettes.
- Deuxièmes ; « la
légalité » de l'acte juridique constitue un critère
de séparation les deux notions. L'évasion fiscale est en vue de
la législation n'est pas contraire à la loi, elle est donc
légale autant d'habile, tandis que la fraude est illégale car
elle constitue une violation des législatives fiscales.
- Troisièmes ; « La sanction
» : l'évasion fiscale ne fait pas l'objet d'une
sanction, cependant la fraude fiscale qui est susceptible de sanctions soit
fiscales, soit pénales.
55. On distingue alors que, la séparation des deux
concepts en droit, ce fait par la notion d'infraction.
Au vu de ce qui précède, la fraude
légale est synonyme d'évasion fiscale, se situant aux confins de
la légalité, fondée sur l'habilité fiscale. La
définition, fournie par BRILARI et DRAPE
éclaire ce point : « Action visant à soustraire
à l'impôt tout ou partie de la matière imposable sans
contrevenir formellement à la loi. En ce sens, l'évasion fiscale
se distingue de la fraude fiscale, qui implique un comportement, actif ou
passif, en infraction avec les règles fiscales ».
56. Gros au modo, la fraude et
l'évasion fiscales font partie des comportements qui ont pour but «
d'échapper ou le refus de l'impôt ». C'est certainement la
notion de fraude fiscale qu'on peut d'abord se mettre à « traquer
» dans les textes de loi, puisque c'est bien à elle et non à
celle d'évasion fiscale que la loi vient attacher des sanctions
pénales (et administratives) ainsi que des conséquences
procédurales1.
En conclusion, les deux notions, même si elles
apparaissent différentes, aboutissent aux mêmes
résultats.
1Aymeric NOLLET, ibid., p.56
28
B.- Notions voisinages de l'évasion fiscale
1. Optimisation fiscale
57. L'optimisation fiscale est l'usage habile
des lois et des conventions pour réduire la charge fiscale. C'est le
symptôme d'un véritable dysfonctionnement1 d'un
système fiscal.
2. Evitement fiscale
Lorsqu'une entreprise évite légalement
l'impôt, que peut-on lui reprocher ?
58. Le CESE se définit
L'évitement fiscal comme suit : « comprend l'utilisation de
mécanismes illégaux, explicitement interdits par la loi ou la
jurisprudence (notamment abus de droit, actes anormaux de gestion et autres
techniques qui peuvent être qualifiées de fraude fiscale
pénalement sanctionnée), ainsi que l'utilisation excessive de
mécanismes légaux potentiellement dommageable et contraire
à l'intérêt général ». Ces
mécanismes, sont utilisés par les entreprises, s'appuient sur les
lacunes législatives des États par le biais de montages complexes
permettant d'échapper à l'impôt.
59. L'évitement fiscal : « Il peut prendre
plusieurs formes, qu'elles soient légales comme l'optimisation fiscale,
ou illégales comme la fraude ».
L'évitement fiscal pour le CESE, est une
problématique purement politique renvoyant à des critères
aussi principaux que la souveraineté de l'État et la
pérennité de l'État de droit. L'impôt est aussi
nécessaire à la construction et à l'équilibre
général de la société.
Pour ces motifs, il apparaît primordial pour le CESE de
réaffirmer la légitimité de l'impôt2. On
constate que l'évitement fiscal renforce le sentiment d'injustice et
d'iniquité du système fiscal.
3. Abus de droit
60. L'abus de droit, une notion juridique
complexe et évolutive, permet à l'administration fiscale
d'écarter les actes juridiques : soit, qui ont un caractère
fictif ; soit, qui ont pour but
1SENAT, Proposition de directive du Conseil
modifiant la directive 2011/16/UE en ce qui concerne l'échange
automatique et obligatoire d'informations dans le domaine fiscal,18/03/2015,
http://www.senat.fr/ue/pac/EUR000001232.html
2 Antoine DULIN, ibid., p.11.
29
exclusif d'éluder ou d'atténuer les charges
fiscales en s'appuyant sur une application littérale des textes, mais
contraire à l'intention de leurs auteurs1.
L'abus de droit c'est l'augmentation volontairement du montant
des impôts concerne l'assiette de l'impôt, et le recouvrement.
61. D'après l'article L. 64 du Livre
des procédures fiscales (LPF), l'abus de droit « résulte
d'un montage juridique ou d'une application littérale de la loi
lorsqu'ils sont réalisés dans le but exclusif de se soustraire
à 1' impôt2 ».
4. Expatriation fiscale
62. L'expatriation fiscale d'après
CESE, considéré dans certains cas comme «
un mécanisme d'évitement potentiellement dommageable ». Il
permet aux personnes physiques de transférer leur domicile fiscal
à l'étranger tout en continuant de bénéficier des
services publics, et aux personnes morales de transférer leur
siège.
5. Les paradis fiscaux et les zones franches
63. Marc ROCHE : « Les paradis fiscaux
sont un cancer au coeur de la planète finance ». Les quatre
facteurs essentiels qui définissent un « paradis fiscal »
sont3:
- Des impôts inexistants ou insignifiants
sur le revenu concerné ; - L'absence d'un
véritable échange de renseignements ;
- L'absence de transparence ;
- L'absence d'activités
substantielles. Le premier facteur ne suffit pas à lui seul à
classer un pays ou un territoire comme paradis fiscal.
1 Rapport n° 673 : SENAT, au nom de la
commission d'enquête sur l'évasion des capitaux et des actifs hors
de France et ses incidences fiscales, Rapporteur M. Éric BOCQUET,
Dépôt publié au Journal Officiel - Édition des Lois
et Décrets du 18 juillet 2012, p.162
2« Afin d'en restituer le véritable
caractère, l'administration est en droit d'écarter, comme ne lui
étant pas opposables, les actes constitutifs d'un abus de droit ,soit
que ces actes ont un caractère fictif, soit que, recherchant le
bénéfice d'une application littérale des textes ou de
décisions à 1 'encontre des objectifs poursuivis
Par leurs auteurs, ils n'ont pu être inspirés par
aucun autre motif que celui d'éluder ou d'atténuer les charges
fiscales que l'intéressé, si ces actes n'avaient pas
été passés ou réalisés, aurait normalement
supportées eu égard à sa situation ou à ses
activités réelles. » (Art. L. 64 LPF).]
3Rapport d'étape 2014 : Projet OCDE/G20 sur
l'érosion de la base d'imposition et le transfert de
bénéfices, p.19
30
64.
D'après Éric
Vernier1, estime que les paradis fiscaux sont « une
réalité à trois faces : un paradis fiscal est en
général aussi un paradis bancaire et un paradis judiciaire. Quand
vous entrez dans une banque sur ce type de territoire, on prend votre argent ;
on ne vous demande pas qui vous êtes, quelle est l'origine des fonds que
vous apportez... et la justice ne demande jamais de comptes. C'est le coeur de
la machine à blanchir ».
Les caractéristiques qui définissent un
territoire comme paradis fiscal sont multiples. Leurs combinaisons permettent
de satisfaire tous les besoins d'une clientèle regroupant
multinationale, banques et particuliers.
65. Nicolas Hulot a aussi traité la
problématique des paradis fiscaux : « Sans la fin des paradis
fiscaux, de l'optimisation fiscale, de l'évasion fiscale légale
ou frauduleuse, sans la fin d'une finance occulte qui ne participe pas à
la solidarité des États, toutes nos intentions, sincères
ou pas, buteront sur l'impossibilité de tenir nos promesses et
alimenteront le cycle infernal de l'humiliation, de la frustration et de la
répression. Osons reprendre la main sur une industrie de la finance qui
ignore l'intérêt général. Osons dénoncer ces
marchés qui se régalent de la rareté qu'ils créent.
Bref, écrit-il, brisons cet ordre cannibale2 ».
66. On peut classifier les paradis fiscaux dans
différents grands ordres : Pays avec secret bancaire, Taux d'imposition
réduit et peut-être même non existant, Associé au
blanchiment d'argent/au crime organisé3.
67. Parallèlement à la décision prise par
les États membres de l'Union européenne de retirer
définitivement le Maroc de la liste grise des « paradis fiscaux
» et de l'inscrire dans la liste verte, une nouvelle loi a
été publiée au Journal officiel concernant la suppression
dès la désignation de « zones franches d'exportation »
du système juridique marocain et son remplacement par l'appellation
« Zones d'accélération industrielle4 », en
application des engagements internationaux.
1Éric VERNIER : Universitaire et chercheur
associé à l'IRIS (Institut de relations internationales et
stratégiques), auteur de plusieurs ouvrages sur les paradis fiscaux.
2Les frères BOCQUET, ibid., p. 21-22
3Pierre LAVALLEE, « Analyse de l'impact sur la
croissance économique des paradis fiscaux des mesures de transparence et
de collaboration internationale adoptées suite aux pressions
exercées par l'OCDE. », Mémoire, Université d'Ottawa,
Faculté des sciences sociales, le 9 Janvier 2013, p.3
4La Zone Franche de Tanger, entrée en
exploitation en 1999, s'est développée de manière
importante sur une assiette foncière de 350 ha. Outre les mesures
incitatives importantes mises en place à l'échelle nationale, la
Zone Franche de Tanger combine des atouts notables : localisation
géographique, modèle de commercialisation adapté (vente de
terrains et location d'entrepôts prêts à l'emploi), offre de
services. En termes de secteurs d'activité, la filière
automobile, avec près de 30 équipementiers actifs sur plusieurs
métiers de la chaine de valeur, a fortement contribué à un
essor renforcé par l'effet d'entraînement lié au projet
Renault Tanger Med.
31
68.
Soumis à de fortes pressions internationales, le
gouvernement a rapidement supprimé tous les avantages fiscaux dont
bénéficiaient les entreprises implantées dans les zones
franches industrielles. La loi de finances prévoyait l'imposition de
taxes à ces entreprises, ainsi que l'annulation des travaux du
système des « zones franches » et la modification son nom
à « zones d'accélération industrielle ».
69. Mohamed BENCHAABOUN, ministre de l'Économie et des
Finances, a expliqué, lors d'un débat sur la loi de finances au
parlement, que le changement de nom est venu lever l'ambiguïté de
ces domaines, afin qu'ils ne se transforment pas en « paradis fiscaux
» pour les entreprises internationales, après le gouvernement a
reçu des avertissements internationaux. Le même ministre a
révélé que la loi réglementant les zones franches
sera amendée et soumise au conseil du gouvernement pour approbation, et
le nom de toutes les autres lois sera modifiés.
Paragraphe 3 -L'observation du phénomène
de résistance à l'impôt et ses causes
70. « L'une des préoccupations dominantes des
contribuables est à l'heure actuelle de "s'évader" de
l'impôt au maximum 1».
A.- Les formes de la résistance fiscale
La résistance fiscale peut prendre deux formes en
particulier :
1. La résistance à l'impôt
71. Les contribuables résistent naturellement à
l'impôt. Cette résistance se manifeste dans les diverses formes
d'évasion fiscale : dissimulation de revenus, travail au noir,
déclarations insuffisantes2.
Qu'est-ce que la résistance à
l'impôt ? Elle s'illustre par des comportements, individuels et
collectifs, qui tendent à minimiser, voire à annihiler la charge
fiscale qui pèse sur l'individu ou sur le groupe. Cette
résistance peut se manifester dans la légalité. C'est
ce
1Aymeric NOLLET, ibid., p.162
2Fatma HARIZ, le respect volontaire de la loi fiscale,
Mémoire, Ecole Supérieur de Commerce de SFAX, Août 2002,
p.5
32
qu'on appelle tout d'abord l'évasion fiscale, qui
consiste à utiliser au mieux les règles de l'impôt pour en
payer le moins possible1.
72. On appelle alors résistance à l'impôt
« l'attitude délibérée du contribuable de
réduire, voire de refuser, l'obligation fiscale. Cette attitude
apparaît généralisée dès lors qu'il y a une
forte imposition combinée avec une inadaptation du système au
milieu politique et économique 2».
2. Les révoltes fiscales : la résistance par
l'impôt
73. Si la résistance par l'impôt tend à se
confondre, dans les événements, avec la résistance
à l'impôt, c'est pourtant elle qui présente le plus grand
péril. Dès lors qu'elle peut apporter une
légitimité à la révolte, elle est de nature
à menacer les fondements mêmes de l'Etat3. Enfin,
d'autres formes de révoltes existent, plus individuelles, comme
l'évasion fiscale, la fraude fiscale ou encore le refus du paiement de
l'impôt4.
B.- Pourquoi la résistance fiscale ?
74. Nous présenterons quelques théories, qui
expliquent pourquoi le contribuable refuse de payer l'impôt.
1Christophe de la MARDIERE, « Résistance
à l'impôt et résistance par l'impôt », 2005/1
N° 44, p.91,
www.CAIRN.INFO,
https://www.cairn.info/revue-le-genre-humain-2005-1-page-89.htm
2Fatma HARIZ, op.cit., p.5
3Christophe de la MARDIERE, ibid., p.93-94
4RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi, ibid., p.348-349.
33
1. Schéma de Charles Robbez MASSON
Schéma de Ch. ROBBEZ-MASSON - « Les
procédés de résistance à l'impôt
»
Actes illégaux
Procédés
· D'inadaptation
Actes légaux
· De sur-adaptation
· D'adaptation
L'insurrection fiscale
La grève de l'impôt (collective mais
réprimée comme fait individuel)
Les actions ouvertes de protestation L'opposition collective
à contrôle fiscal L'opposition individuelle à
contrôle fiscal
Les
résistances collectives
Les
oppositions à l'impôt
Les
résistances individuelles
Les fuites devant l'impôt
La fraude fiscale
L'évasion fiscale (ou substitution
juridique) Le choix fiscal La substitution matérielle
L'abstention
75. Charles Robbez-Masson, résume
l'évasion fiscale en « une action individuelle, volontaire, non
violente et extra-légale d'un contribuable qui, par la mise en oeuvre
d'une technique juridique de sur-adaptation alternative fondée sur
l'existence du principe de liberté de gestion, choisit de se placer
indirectement dans une situation fiscale déterminée, afin
d'obtenir un résultat économique équivalent à celui
recherché, tout en étant fiscalement plus favorable
1».
D'après cette définition on remarque que le
procédé d'évasion fiscale au phénomène de
résistance à l'impôt, qui regroupe « l'ensemble des
comportements tendant à réduire ou à supprimer la charge
fiscale assignée à une personne ». La résistance
à l'impôt il apparait ici comme un comportement et
caractère individuel réfléchi et positif.
1 Damien JOUSSET, op.cit., p.21
34
2. Courbe de LAFFER
76. Arthur Betz LAFFER,
célèbre économiste américain et chef de file de
l'école de l'offre, tente de montrer, par le biais de la courbe portant
son nom, que : « trop d'impôt tue l'impôt ». En effet,
selon la courbe de Laffer le rendement d'un impôt est relativement bas
au-dessous d'un certain seuil mais baisse au-delà d'un
autre1. Le taux d'imposition optimum n'est donc pas
nécessairement le taux le plus élevé possible, mais celui
qui ne provoque pas le refus du contribuable, son évasion, sa fraude et
son découragement.
77. L'idée que « trop d'impôt tue
l'impôt» est ancienne : des économistes libéraux
anciens avaient en leur temps déjà mené une
réflexion sur ce phénomène, comme Adam Smith qui
suggérait le phénomène en écrivant : «
L'impôt peut entraver l'industrie du peuple et le détourner de
s'adonner à certaines branches de commerce ou de travail » ; et
surtout Jean-Baptiste Say qui concluait « qu'un impôt
exagéré détruit la base sur laquelle il porte »
(principe à la base de politiques antialcooliques ou anti-tabagiques :
on impose de fortes taxes dans le but revendiqué de réduire la
consommation)2.
78. D'après cette théorie, le contribuable ne
refuse pas l'impôt en tant que tel, mais s'oppose à un taux
d'imposition qu'il estime trop élever, alors sa marge de manoeuvre se
traduit par deux cas de figure en vue d'alléger la matière
imposable, il s'agit de procéder soit par minoration des recettes, soit
par majoration des charges.
1
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Laffer
2 Ouo-Ouo Waita MONEMOU, Contribution à
l'amélioration de la performance en matière d'imposition sur le
revenu en République de Guinée, Thèse en Droit, Paris, 21
mai 2015, p.84
35
a.- Le refus par minoration des recettes
79. Deux cas à envisager dans cette
hypothèse : Soit le contribuable diminue le montant de la matière
imposable à fin que la somme de l'imposition réduite, soit le
contribuable reporte les sommes qui lui sont dues à une date
postérieure.
b.- Le refus par majoration des charges
80. Le contribuable gonfle d'une
manière abusive le montant de ses charges afin de réduire la
matière imposable, mais avec l'obligation que ces charges soient
déductibles de ladite matière.
Dans la pratique, ce refus conduit le contribuable à
acheter de factures fictives contenant des frais qu'il n'a pas encourus. Cette
technique est très demandée au Maroc et est souvent
associée à de fausses écritures comptables par les
entreprises.
36
SECTION 2 - LES MECANISMES DE L'EVASION FISCALE
Quelles sont les formes que l'évasion fiscale peut
revêtir ?
Paragraphe 1 - Techniques et formes de l'évasion
fiscale
81. L'évasion fiscale peut prendre plusieurs formes,
notamment ;
A.- Les pratiques de l'évasion fiscale au niveau de
l'entreprise Marocaine
82. L'entreprise marocaine souffre de nombreuses contraintes
ainsi que du système fiscal complexe : Taxe professionnelle, Taxe
urbaine, IS, TVA, Droit d'enregistrement, Droit de douane.
Pour se retrouver face à une administration fiscale
caractérisée par l'ambiguïté de certaines lois,
l'entreprise recourt alors à la libération de la charge fiscale,
que nous exprimons à travers l'évasion fiscale.
83. Cette dernière se reflète dans ce qui suit
:
- Évasion par les fausses factures :
Ces factures sont obtenues par le biais de faux achats ou de services
inexistants, et ces factures sont juridiquement valables, ce qui rend difficile
leur identification.
- Évasion par des employés et des
emplois fictifs : en soumettant une liste des employés absents
et en enregistrant des salaires énormes pour les dirigeants de
l'entreprise, ce qui constitue un excédent fiscal
récupérable.
- Évasion par le redressement : Cela
se fait en augmentant la valeur d'amortissement déductible du
bénéfice imposable, ce qui coûte au Trésor des
sommes importantes.
84. Dans ce contexte, nous incluons la technique «
Leasing », en tant que sociétés de « Leasing ou
crédit-bail », qui possèdent et achètent des biens de
fournitures, des outils et des biens mobiliers à usage professionnel,
afin de les louer à d'autres entreprises ou à d'autres personnes,
car elles accordent des privilèges fiscaux pour cette technique, ce qui
en fait un moyen d'échapper à l'impôt sur les
sociétés.
37
B.- L'évasion fiscale immobilière
85. L'évasion fiscale apparaît dans la taxe
foncière, car il s'agit d'un impôt direct dont le fardeau fiscal
est ressenti par le contribuable, par opposition aux impôts indirects,
qui ont principalement le caractère de dissimulation.
86. L'évasion fiscale dans le domaine immobilier est
dans deux cas :
- Évasion fiscale résultant de
l'évitement de fait générateur d'impôt : Et
c'est par le fait que le contribuable s'abstient de faire ce qui conduit
à l'imposition de l'impôt, à titre d'exemple le
propriétaire s'abstient de louer le bien par crainte d'être soumis
à la taxation résultant des revenus locatifs.
- Évasion fiscale résultant de
l'exploitation des failles juridiques : La pénurie des textes
juridiques dans le domaine de la taxe foncière est une réelle
opportunité pour chaque contribuable d'éviter de la verser au
Trésor public.
87. Les dispositions de l'article 65 du Code
général des impôts indiquent clairement que son champ
d'application est consacré à toute vente immobilière, car
il stipule que le prix de cession est le prix de vente ou la valeur
estimée déclarée ou reconnue par les deux parties ou l'une
d'elles dans le contrat ou la valeur indiqué conformément
à l'article 224 ci-dessous. Par conséquent, il s'adresse à
la fois au vendeur et à l'acheteur, étant donné que
l'article 224 visé comprend la correction de l'imposition liée
à l'impôt sur le revenu, classe de bénéfice et frais
d'enregistrement1.
88. On note ainsi, qu'au niveau de la vente de certains biens
immobiliers, l'évasion fiscale se fait en choisissant une alternative
à faible imposition, cela se traduit par la cession d'un bien immobilier
avec un acte de donation au lieu du contrat de vente pour profiter du tarif
établi pour les donations.
Par exemple, un bien immobilier peut être loué
avec des sommes importantes soumises à l'impôt sur le revenu, mais
les propriétaires répartissent le bien acquis à leurs
enfants par donation afin de se débarrasser de la taxe
foncière.
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38
C.- L'évasion fiscale via l'économie
informelle
89. On ne peut analyser le phénomène de
l'évasion et fraude fiscales sans mentionner l'économie
informelle, dont l'apparition et la multiplication ont été les
faits manquants des vingt dernières années.
En fonction des changements apportés à la
fiscalité et au système fiscal en général, il est
difficile de donner une définition précise de l'économie
informelle ou l'économie non officielle.
90. L'économie informelle touche donc tout le monde,
il existe dans tous les systèmes économiques
développés ou non développés et englobe toutes les
activités économiques légales non déclarées
au fisc, et à la sécurité sociale, ainsi que les
activités illégales, tel que la drogue et la contrebande.
91. Au Maroc, l'informel touche plus d'un secteur et
activité, les individuels et les entreprises. Il s'agit
particulièrement des artisans traditionnels, commerçants
ambulants, travailleurs non déclarés tel que celui du foyer ou
à domicile, petits entrepreneurs, prestataires de services et agents
d'entretien et de réparation, transporteurs, ...1
L'augmentation de la pression fiscale et parafiscale serait
la cause principale de l'extension de l'économie non officielle.
D'après tout ce qu'on a dit, qu'est-ce que
l'économie informelle ?
1. Concept du secteur informel
92. Appelée également économie
souterraine, informelle ou parallèle, l'économie de l'ombre ne se
limite pas aux activités illégales, mais recouvre
également le revenu non déclaré tirer de la production de
biens et services légaux, dans le cadre de transactions
monétaires ou d'opérations de troc2.
1 Nabil BOUAYAD et Khalid FALHAOUI, le secteur
informel au Maroc : Etat des lieux des incitations fiscales, Revue Economie et
Kapital, N°6 Autonome 2014, p.3
2 Sous la protection de l'ombre, Friedrich
SCHNEIDER avec la collaboration de Dominik ENSTE, (la croissance de
l'économie souterraine), Mars 2002, p.2
39
93.
Au niveau international, l'adoption d'une définition
internationale du « secteur informel » a eu lieu en 1993 avec la
15ème Conférence Internationale des Statisticiens du Travail
(CIST).
La conférence propose la définition suivante de
ce secteur : « le secteur informel est considéré comme un
ensemble d'unités de production qui constituent un
élément, au sein du Système de Comptabilité
Nationale (SCN), du secteur institutionnel des ménages en tant
qu'entreprises individuelles1 ».
Il faut noter que la 15éme Conférence a fait
une distinction claire entre ce qui est illégal et souterrain et
informel.
94. Le Bureau International du Travail (BIT)
définit le secteur informel comme « un ensemble d'unités
produisant des biens et des services en vue principalement de créer des
emplois et des revenus pour les personnes concernées. Ces unités,
ayant un faible niveau d'organisation, opèrent à petite
échelle et de manière spécifique, avec peu ou pas de
division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les
relations de travail, lorsqu'elles existent, sont surtout fondées sur
l'emploi occasionnel, les relations de parenté ou les relations
personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels
comportant des garanties en bonne et due forme » (BIT,
1993)2.
95. Le tableau suivant montre la distinction entre
les activités légales et illégales, entre la fraude et
l'évasion fiscale dans le secteur informel.
1Nabil BOUAYAD et Khalid FALHAOUI, op.cit., p.6
2Etude sur les facteurs explicatifs de l'incivisme
fiscal au Burkina Faso et les modalités d'incitations aux paiements des
impôts, juin 2019, op.cit., p.22
40
Type d'activité
|
Transactions monétaire
|
Transactions non monétaire
|
Activités illégales
|
Commerce de biens volés ; trafic et fabrication de
drogues ; prostitution ; jeu ; contrebande ; fraude.
|
Troc de drogues, de biens volés ou passés en
contrebande. Production ou
culture de drogues pour usage personnel. Vol de biens pour
usage personnel.
|
Activités légales
|
Fraude Fiscale
|
Evasion fiscale
|
Fraude fiscale
|
Évasion fiscale
|
Revenu non déclaré du travail
indépendant. Traitements, salaires et actifs provenant
d'un travail non déclaré en rapport avec des services et
biens légaux.
|
Réductions pour employés,
avantages complémentaires.
|
Troc de services et biens légaux
|
Tous les travaux
de bricolage et
services entre
voisins
|
Tableau structuré d'après l'étude de
Lippert et Walker, The Underground Economy: Global Evidence of its Size and
Impact, Vancouver, B.C., The Frazer Institute, 1997.Op.cit.
96. D'après plusieurs études, il y a tout lieu
de penser que le régime fiscal a une incidence sur l'économie
souterraine1.Ainsi, plusieurs juristes ont montré que la
cause principale de l'économie informelle est l'augmentation de la
pression fiscale.
97. L'économie souterraine est en
général petite dans les pays où les institutions publiques
sont solides et efficaces2.
En effet, l'application inefficace et discrétionnaire
du régime fiscal et de la réglementation par les gouvernements
qui accroit la taille de l'économie non officielle. Ainsi, cette
discrétionnaire de la loi, offre un terrain riche aux activités
non officielle et les conditions appropriées à l'augmentation de
la corruption.
2. Les effets de l'économie souterraine sur la
croissance économique
98. Les études théoriques et empiriques
n'expliquent pas de façon concluante comment la croissance du secteur
informel influe sur le développement économique. Une étude
au
1 Friedrich SCHNEIDER, ibid., p.7
2 Friedrich SCHNEIDER, ibid., p.8
41
Canada, relève que « lorsque les salaires nets
progressent dans l'économie officielle, les gens travaillent moins dans
l'économie souterraine 1».
Dans l'économie informelle a un effet négatif
sur la croissance du PIB, et se traduira par une augmentation des
dépenses publiques et une baisse des recettes fiscales.
Conséquences pratiques du secteur informel
:
99. Comme nous l'avons mentionné
précédemment, l'augmentation de la taille de l'économie
informelle entraînera une réduction des recettes publiques.
Le législateur peut prendre des mesures pour freiner
l'expansion du secteur informel. Les études montrent que celle-ci est
possible :
- Dans les économies où il y a
une grande discipline fiscale, une grande conscience fiscale et un civisme
fiscal présent,
- Où les lois et réglementations
sont moins nombreuses et appliquées,
- Là où les entreprises sont
moins corrompues.
100. Les conclusions qui se dégagent font ressortir
quelques points utiles à la prise de décision dans la lutte
contre la corruption et les activités non officielles : (Des audits
fiscaux plus fréquents et une pénalisation plus lourde de la
fraude fiscale pourraient réduire la taille de l'économie
souterraine ; Les gouvernements doivent s'attacher davantage à
légaliser certaines activités économiques
parallèles, par exemple en libéralisant le marché du
travail ;Des réformes ayant pour effet de libéraliser
l'économie et de la rendre plus concurrentielle réduisent les
incitations à la corruption et encouragent les entreprises à
passer de l'économie souterraine à l'économie
officielle..)2.
D.- L'évasion fiscale via l'économie
numérique (TIC)
101. La dématérialisation et la
numérisation de l'économie posent de nouveaux défis au
national qu'international.
1 Friedrich SCHNEIDER, ibid., p.7
2 Friedrich SCHNEIDER, ibid., p.15
42
1. L'évasion fiscale par les NTIC
102. Sous forme d'un paiement électronique, l'argent
peut faire le tour de la terre en quelques secondes. Les banques
n'échangent plus des devises et des valeurs mobilières physiques.
Ces actifs circulent désormais uniquement sous forme
électronique1.
Les technologies de l'information et de la communication
peuvent faciliter la fraude fiscale et l'évasion fiscale, car elles ont
contribué au développement des transactions financières et
techniques.
103. En fait, le travail des fraudeurs est devenu plus facile
en raison de la prolifération des technologies de l'information et de la
communication (TIC) dans notre économie et notre
société.
Le blanchiment d'argent sur les marchés financiers
implique les procédures les plus compliquées et représente
des sommes énormes. Pour que des milliards de dollars puissent
être échangés chaque seconde dans le monde sans aucun
transfert matériel.
En un seul clic grâce à Internet, le commerce
électronique, la comptabilité informatisée et la
dématérialisation de l'économie en général
sont de réelles opportunités de fraude et d'évasion
fiscale dans le monde.
104. Au Maroc, comme le cas de la plupart des pays qui ont
choisi la voix de l'ouverture économique et de la transformation vers
une société de l'information et de la communication.
Menacé par le phénomène de la cybercriminalité, le
Maroc est aussi conscient de cette dualité entre la
nécessité de la transformation numérique et le risque
cybernétique2.
La cybercriminalité et la criminalité
financière :
105. La cybercriminalité est devenue la
première fraude des entreprises et continue de repousser les limites de
l'innovation technologique.
La criminalité financière, notamment fiscale,
est de plus en plus complexe et sévit souvent au-delà des
frontières, au niveau international. L'évasion fiscale, le
blanchiment d'argent,
1 Techniques de blanchiment et moyens de
lutte, Éric VERNIER, Paris,2017, p.69
2 Youssef BENTALEB, La lutte contre la
Cybercriminalité au Maroc, les réalisations et quelques
défis, Centre Marocain de Recherches Polytechniques et
d'Innovation,09/01/2017, pour plus d'informations voir
http://www.cmrpi.ma/cnlcc-2016/CNLC016.html
,
www.cmrpi.ma
43
les flux financiers illicites, le financement du terrorisme et
autres délits de nature financière vont de plus en plus à
l'encontre des intérêts politiques, économiques et sociaux
des pays1.
2. Blanchir les fonds de la fraude et d'évasion
fiscales : La technique la plus utilisée
106. Noël Pons : essayiste et
consultant, ancien inspecteur des impôts, ancien conseiller au SCPC
(Service central de prévention de la corruption). Pons
nous a montré quelques observations et idées sur ce
phénomène comme suit :
La technique la plus professionnelle utilisée à
ce jour, dans les pays soit peu celle du mélange des flux
d'espèces. Les criminels ont clairement identifié les sources
notables et les destinations des espèces illégitimes : les fonds
de la drogue, les fonds de la fraude ou d'évasion fiscale, les fonds en
provenance de toutes les escroqueries et vols...
107. Dans le but de blanchir les fonds de la fraude fiscale,
trois méthodes sont alors rendues : - La
première méthode, elle consiste à récupérer
les fonds de la drogue, les fonds illégitimes de toute provenance dans
le but de les transférer physiquement dans un paradis fiscal proche.
- La deuxième méthode,
consiste à pourvoir en espèces les personnes physiques et des
entreprises disposant de comptes non déclarés dans un paradis
fiscal.
- La troisième méthode, vers
un paradis fiscal à proximité. C'est une méthode de fausse
facturation qui permet de détourner des fonds vers des destinations
improbables.
La notion d'établissement stable
:
108. La notion d'établissement stable, joue un rôle
clé dans l'imposition selon la source. Un établissement stable :
est un `lieu fixe d'affaires' où les activités d'une entreprise
sont exercées en totalité ou en partie.
109. Le développement des activités des
entreprises à l'échelle internationale a conduit à
réaliser des recherches sur un modèle de convention fiscale
visant à lutter contre la double imposition. Il a été
choisi ainsi de recourir au concept d'établissement stable, pour imposer
dans un État autre que celui du siège, les profits
réalisés grâce à des activités
déployées dans cet État où une entreprise n'aurait
pas d'entité juridique déclarée ni
autonome2.
1 Organisation Mondiale des Douanes, ibid., p.3
2 Antoine DULIN, p.16.
44
110.
L'expression d'« établissement stable »
désigne une installation fixe d'affaires par l'intermédiaire de
laquelle une entreprise exerce tout ou partie de son activité.
L'expression « établissement stable »
comprend notamment : un siège de direction, une succursale, un bureau,
une usine, un atelier et une mine, un puits de pétrole ou de gaz, une
carrière ou tout autre lieu d'extraction de ressources
naturelles1.
L'établissement stable peut en toute
légalité constituer aussi un outil d'optimisation fiscale lorsque
le régime d'imposition prévu dans l'État de source est
plus clément que le régime d'imposition en vigueur dans
l'État de résidence ou lorsque, pour des raisons de
récupération de la TVA payée en amont, une installation
dans le pays de source est fiscalement intéressante.
111. L'établissement stable est
caractérisé à partir d'une certaine permanence dans
l'État de source, généralement de 3 à 12 mois
d'activité sur place, selon le droit domestique ou selon la convention
fiscale signée entre l'État de source et l'État de
résidence.
L'établissement stable implique aussi des moyens
matériels ou une présence physique sur place, ne serait-ce
qu'à travers l'activité déployée par une
agente2.
E.- Le blanchiment
Le blanchiment peut être l'une des riches créneaux
pour l'évasion fiscale.
1. Le blanchiment de fraude fiscale
112. Le blanchiment de fraude fiscale est une infraction
commise lorsque le fraudeur réinjecte dans l'économie de l'argent
qui a été préalablement caché au
fisc3.
Actuellement, le blanchiment est lié aux techniques de
fraude, d'évasion, par contre auparavant, le blanchiment n'était
lié qu'au trafic de drogue et à la criminalité
organisée.
113. Le délit de blanchiment de fraude fiscale
implique donc que l'argent de la fraude, non imposable par définition
puisqu'il échappe au fisc, soit blanchi en étant remis dans le
circuit légal par l'achat de biens immobiliers de luxe ou d'autres
valeurs confiées à des sociétés
1Article 5 (al 1 et 2), établissement stable,
Modèle OCDE de convention fiscale concernant le revenu et la fortune.
2 Antoine DULIN, ibid., p.16.
3 Tentative d'évasion (fiscale),
Michel PINÇON et Monique PINÇON CHARLOT,2015, p.36
45
fantoches, ce blanchiment ayant pour effet de désigner
des possesseurs inatteignables et souvent chimériques'.
114. Le blanchiment de fraude fiscale se pratique en deux
temps, d'abord une non-déclaration de revenus au fisc du pays dont
dépend le contribuable, puis un placement de ces revenus non
déclarés dans un paradis fiscal en acquérant un
bien2.
115. La fuite de l'argent résultant du blanchiment des
impôts, du fait d'activités économiques occultes, conduit
à une pénurie de ressources de l'État, et appelle donc
à une augmentation des dettes publiques en empruntant pour combler le
déficit. L'État peut recourir à l'imposition de nouvelles
taxes que les propriétaires de projets légitimes supporteront, ce
qui représente un fardeau pour eux3.
La procédure de blanchiment se décompose
en trois phases
distinctes4:
Le placement : les sommes sont investies de
façon que leur « propriétaire » n'en soit plus
possesseur.
Le layering ou empilage : dans cette phase,
les placements sont diversifiés et modifiés
régulièrement et successivement afin de dissocier le «
propriétaire » de ces fonds et d'occulter leur origine par des
investissements successifs qui compliquent énormément
l'établissement de la source originelle de ces actifs. C'est dans cette
seconde phase que bien souvent les paradis fiscaux ou bancaires sont
utilisés, tant parce qu'ils constituent très souvent une place
financière qu'en raison d'une législation sur le blanchiment
lacunaire ou appliquée de façon très laxiste pour certains
d'entre eux en tout cas.
L'intégration : les sommes dont
l'origine est dissimulée sont réinvesties dans divers placements
comme n'importe quel autre capital. « Pour y parvenir, l'auteur entreprend
toute opération sur les capitaux, lesquels apparaissent comme des
profits licites issus d'une affaire commerciale ordinaire ».
'Michel PINÇON et Monique PINÇON CHARLOT, ibid.,
p.36
2La fraude et l'évasion fiscales :
Manifestations et moyens de lutte, Droit Tout Droit,
www.droit-td.blogspot.com
3 93.Õ
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4Nicolas REICHEN, « Evasion, soustraction et
fraude fiscales et blanchiment de capitaux, Des distinctions subtiles
s'imposent », L'Expert-comptable suisse 8/02, p.706
46
1. Blanchiment et corruption : Moyens de l'évasion
fiscale
116. Le marché de l'art est en effet un des moyens
importants de l'évasion fiscale et du blanchiment de l'argent. Son
expansion est liée aux menaces sur le secret bancaire avec la mise en
place de l'échange automatique d'informations entre les
pays1.
117. La corruption est essentiellement l'usage abusif du
pouvoir public au profit d'intérêts privés2.La
corruption met l'État de droit en péril et installe le mal
démocratique au sein de la société.
Le problème de l'évasion fiscale et de la
corruption a été traité séparément, rarement
ceux qui sont traité le lien entre les deux notions.
Cependant, la corruption est liée à la notion de
l'évasion fiscale. L'économiste Agnar
SANDMO3 a défini le concept d'évasion fiscale
de la manière suivante : « L'évasion fiscale est une
violation de la loi : lorsque le contribuable s'abstient de déclarer les
revenus du travail ou du capital imposables en principe, il se livre à
une activité illégale qui le rend passible de poursuites
administratives ou judiciaires ».
118. Hadi c'est parmi les auteurs qui dans
une étude, combinaient la corruption et l'évasion fiscale, dans
cette étude en 2006, il analyse l'impact de la corruption sur
l'évasion fiscale.
Il explique également comment les contribuables
auraient tendance à verser des pots-de-vin pour maximiser leurs revenus.
L'étude a utilisé trois groupes de personnes différents,
les contribuables individuels, les percepteurs d'impôts et les
inspecteurs. Les résultats montrent que la taille du pot-de-vin affecte
positivement l'évasion fiscale4 ».
119. Il peut émaner également des agents de
l'administration fiscale qui recourent à l'abus de pouvoirs, à la
menace et au chantage exercés sur les contribuables les moins avertis et
ce, dans le seul but de chercher un complément de salaire via la
corruption5.
1 Michel PINÇON et Monique PINÇON
CHARLOT, ibid., 17
2 Friedrich SCHNEIDER, ibid., p.9
3 Agnar SANDMO : (Norvège ; 9 janvier1938-30
août 2019), était économiste norvégien à la
Norwegian School of Economics. Il a fait une série de contributions
importantes dans l'étude des disparités, de la redistribution,
des régimes d'assurance et des régimes fiscaux. Il a écrit
et publié de nombreux articles économiques tout au long de sa
carrière.
4 Salah Eddine SALHI et Abdellah ECHAOUI, les effets
de la corruption et la composition sectorielle sur la structure des recettes
fiscales au Maroc : Essai de Modélisation Macro
économétrique, Revue Repères et Perspectives
Economique, Vol.4, N°2, 2éme Semestre, 2020, Université
Mohammed V, Maroc, op.cit., p28-29.
5Brahim JBARA, Ordres des experts comptables,
certificat professionnel comptable et financier, Groupe ISCAE, contrôle
fiscal au Maroc : Constats, critiques et suggestions, année
universitaire 2012-2013, p.71.
47
La complexité du système fiscal permet
également aux fonctionnaires d'utiliser leurs pouvoirs flexibles et de
renforcer la corruption dans le système1.
F.- Le prix de transfert
120. La mondialisation et l'ouverture des frontières,
d'un côté présent des avantages indéniables pour les
économies réglementées et organisées, capables de
faire face à une concurrence intense.
En revanche, la faiblesse de certaines entreprises moins
compétitives à un impact négatif sur les recettes fiscales
marocaines.
121. Les multinationales disposent de nombreux moyens pour
pratiquer l'évasion fiscale, la problématique des prix de
transfert est l'un des principaux vecteurs de l'évasion fiscale.
1. Concept du prix de transfert a.-
Définition
122. Plus que 60% des échanges mondiaux sont le fait
d'entreprises multinationales. Ces entreprises opèrent dans plusieurs
Etats. Elles y exercent leurs activités par l'intermédiaire,
essentiellement, de succursales et de filiales. Ces dernières se
livrent, entre elles, à des opérations d'achats et de ventes de
biens et de services. Les prix auxquels ces opérations sont
échangées sont appelés prix de transfert2.
123. Selon la définition de l'OCDE, les prix de
transfert sont « les prix auxquels une entreprise transfère des
biens corporels, des actifs incorporels, ou rend des services à des
entreprises associées ». Alors, le prix de transfert porte sur
l'échange de biens, de prestations de services, d'usages de brevets, de
marques, de réseaux de distribution.
124. Plus simplement, le prix de transfert ou prix de cession
interne est le prix des transactions entre sociétés d'un
même groupe et résidentes d'Etats différents,
c'est-à-dire des transactions intragroupes avec passage d'une
frontière. Ces transactions portent sur des actifs matériels
(achats et ventes de marchandises) ou immatériels (concession de brevets
ou
1Salah Eddine SALHI et Abdellah ECHAOUI, op.cit.,
p27
2Abdellatif ZAGHNOUN, Directeur Général
des Impôts, Prix de transfert et fiscalité internationale,
Allocution, Casablanca le 28 juin 2011, p.2
48
de marque), des transferts financiers (prêts, octrois de
garantie) ou des prestations de services (recherche et développement,
comptabilité, gestion des ressources humaines)1.
125. L'une des principales contraintes sur le plan fiscal, du
fait de la mondialisation, est liée aux prix de
transfert2.La plupart des pays qui ont
réalisé leurs effets cherchent à déterminer qui
paie l'impôt dans les transactions internationales entre succursales
d'une même entreprise.
L'augmentation du nombre de multinationales qui recherchent
constamment de nouvelles opportunités d'investissement avec des gains
avérés est à l'origine de cet intérêt accru
pour les prix de transfert.
b.- Cadre juridique des prix de transfert
126. Le prix de transfert est encadré par le droit
fiscal interne marocain et la convention de non double imposition de l'OCDE.
§ Droit fiscal interne :
Pouvoir d'appréciation de l'administration :
Article 213 para. 2 du CGI3 :
127. Cet article retient le terme «
dépendance » et ne fait pas référence à la
notion de « prise de possession ».
Les effets de cet article concernant, en plus des
opérations transfrontalières, les relations maroco-marocaines.
Les informations dont dispose l'administration constituent une
méthode de référence en cas d'absence de comparables.
Le texte dispose : sont rapportés au «
résultat fiscal » et / ou « chiffre d'affaires
déclarés ». Droit de communication :
Article 214 para. 3 du CGI
1Guillaume MARQUIS, Evasion fiscale : la
problématique des prix de transfert dans l'union Européenne,
Mémoire, op.cit., p.7
2Abdellatif ZAGHNOUN, ibid., p.1
3«II. Lorsqu'une entreprise a directement ou
indirectement des liens de dépendance avec des entreprises
situées au Maroc ou hors du Maroc, les bénéfices
indirectement transférés, soit par voie de majoration ou de
diminution des prix d'achat ou de vente, soit par tout autre moyen, sont
rapportés au résultat fiscal et/ou au chiffre d'affaires
déclarés.
Les bénéfices indirectement
transférés sont déterminés :
ü Par comparaison avec ceux des entreprises similaires
ü Ou par voie d'appréciation directe, sur la base
d'informations dont dispose l'administration.
49
128. L'administration des impôts peut
demander à l'entreprise imposable au Maroc
communication des informations et documents relatifs :
- À la nature des relations liant
l'entreprise imposable au Maroc à celle située hors du
Maroc ;
- À la nature des services rendus ou
des produits commercialisés ;
- À la méthode de
détermination des prix des opérations réalisées
entre les entreprises
dépendantes et les éléments qui la
justifient ;
- Aux régimes et aux taux d'imposition
des entreprises situées hors du Maroc.
A défaut de réponse, le lien de
dépendance est supposé établi.
§ Les conventions de non double imposition
:
129. Le principe de pleine concurrence est décrit
à l'Article 9 du Modèle de convention fiscale de
l'OCDE1 et constitue la base des traités bilatéraux
conclus entre les pays de l'OCDE eux-mêmes mais aussi avec de nombreux
pays non-membres2.
1. Explication et exemple
Où vient le prix de transfert ?
130. Dans la réalité, ces prix sont artificiels.
Leur manipulation est la première forme d'utilisation des paradis
fiscaux, pour mieux comprendre, ces prix appliqués à ces
échanges
1 1. Lorsque
a) une entreprise d'un État contractant participe
directement ou indirectement à la direction, au contrôle ou au
capital d'une entreprise de l'autre État contractant, ou que
b)les mêmes personnes participent directement ou
indirectement à la direction, au contrôle ou au capital d'une
entreprise d'un État contractant et d'une entreprise de l'autre
État contractant, et que, dans l'un et l'autre cas, les deux entreprises
sont, dans leurs relations commerciales ou financières, liées par
des conditions convenues ou imposées, qui diffèrent de celles qui
seraient convenues entre des entreprises indépendantes, les
bénéfices qui, sans ces conditions, auraient été
réalisés par l'une des entreprises mais n'ont pu l'être en
fait à cause de ces conditions, peuvent être inclus dans les
bénéfices de cette entreprise et imposés en
conséquence.
2.Lorsqu'un État contractant inclut dans les
bénéfices d'une entreprise de cet État-- et impose en
conséquence -- des bénéfices sur lesquels une entreprise
de l'autre État contractant a été imposée dans cet
autre État, et que les bénéfices ainsi inclus sont des
bénéfices qui auraient été réalisés
par l'entreprise du premier État si les conditions convenues entre les
deux entreprises avaient été celles qui auraient
été convenues entre des entreprises indépendantes, l'autre
État procède à un ajustement approprié du montant
de l'impôt qui y a été perçu sur ces
bénéfices. Pour déterminer cet ajustement, il est tenu
compte des autres dispositions de la présente Convention et, si c'est
nécessaire, les autorités compétentes des États
contractants se consultent.
2 Abdellatif ZAGHNOUN, ibid., p.3
50
transfrontaliers entre des filiales dépendant d'un
même groupe devraient être équivalents à ceux que
pratiqueraient des entreprises indépendantes. La logique qui s'applique
est simple : localiser les charges dans les pays à forte
fiscalité et les profits dans les pays à maigre taxation. Les
relations commerciales et donc les prix de transfert entre filiales d'un
même groupe aboutissent à maximiser le bénéfice.
131. S'agissant de l'évasion fiscale,
qu'elles pratiquent via notamment la manipulation de leurs prix de transfert,
aucune exhortation éthique interne ou externe ne les freinera s'il n'y a
pas de règles contraignantes assorties de lourdes sanctions en cas de
non-respect1.
Paragraphe 2 - Autres formes de l'évasion
fiscale
A.- Le carrousel de TVA
132. La fraude carrousel « est une fraude à la
taxe sur la valeur ajoutée qui s'est multipliée, depuis la
création du Marché unique européen, notamment dans les
secteurs du commerce des composants électroniques, de la
téléphonie mobile et du textile. Cette fraude est
organisée entre plusieurs entreprises pour obtenir le remboursement, par
un État de l'Union, d'une taxe qui n'a jamais été
acquittée en amont, ou réduire le montant de la TVA à
payer 2». La fraude à la TVA caractérisée
impliquait le jeu de « sociétés écrans et de faux
documents3.
133. Le carrousel consiste :
- En la mise en place d'une chaîne de
sociétés dans plusieurs Etats réalisant entre elles des
acquisitions intracommunautaires et des livraisons intracommunautaires et/ou
des importations et des exportations ;
- A constituer artificiellement des droits
à déduction par l'intermédiaire de sociétés
éphémères ou «taxi» qui ont pour rôle de
«créer» de la TVA grâce à un circuit de
facturation4.
La réalisation de ce type d'opérations, suppose
la présence d'au moins trois sociétés distinctes : La
société fournisseur, la société fictive et
l'entreprise déductrice.
1Les frères BOCQUET, ibid., p.117
2 Direction générale
des finances publiques, Fraude TVA de type carrousel, République
Française, juin 2014
3Arrêt dans l'affaire C-105/14 Ivo Taricco
e.a, En empêchant, en matière de fraude grave à la TVA,
l'infliction effective et dissuasive de sanctions, en raison d'un délai
global de prescription trop bref, la réglementation italienne est
susceptible de porter atteinte aux intérêts financiers de l'Union,
CJUE, grande chambre, communique de presse n° 95/15, Luxembourg, 8
septembre 2015.
4Direction générale des finances
publiques, Fraude TVA de type carrousel, République Française,
juin 2014
51
Exemple :
134. Les montages de type carrousel reposent sur
l'interposition entre le vendeur (entreprise A) et l'acquéreur
(entreprise C) d'une société taxi (entreprise B), dont le
rôle est d'émettre de fausses factures. Dans sa forme la plus
simple, le mécanisme est le suivant : l'entreprise A, établi dans
un Etat X de la Communauté européenne, cède des
marchandises taxables à la société B, située dans
un autre Etat Y de la Communauté. L'entreprise A invoque la règle
d'exonération des livraisons intracommunautaires, et ne facture pas la
TVA à la société B. Le procédé n'a
jusque-là rien d'illégal1.
Etat membre A Etat membre B
Ø
Société A
Livraison
intracommunautaire
Société B
Livraison interne soumise à la
Société C
Disparition de la société B avant Droit
à déduction
reversement de la TVA pour la société
C
135. Comme le rappelle la Direction
générale des finances publiques, «le circuit
caractérisant la fraude carrousel consiste d'une part, en la mise en
place d'une chaine de sociétés dans plusieurs Etats
réalisant entre elles des acquisitions et des livraisons
intra-communautaires et/ ou des importations et des exportations; et d'autre
part, à constituer artificiellement des droits à
déductions, par l'intermédiaire de société
éphémères ou dite «taxi» qui ont pour rôle
de générer de la TVA grâce à un circuit de
facturation2».
1Le rapporteur général, M. Maxime
BAFFERT, la fraude aux prélèvements obligatoires et son
contrôle,
Mars 2007, p.98
https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/EzPublish/RapportCPOSurLaFraude150207Pdf_0.pdf
2Arrêt dans l'affaire C-105/14 Ivo Taricco e.a, ibid.
52
B.- Sociétés dans des paradis fiscaux
136. « Ouvrir une société
aux îles Caïmans pour investir en Chine » n'est par exemple pas
frauduleux tant qu'on le déclare au fisc, affirme cette source en
référence au cas de Jean-Jacques
Augier1.
Ce type de montage est "souvent et probablement illégal
mais pas en soi", insiste cette source. "C'est comme ça que les
îles Vierges britanniques, 27.000 habitants, sont le deuxième
investisseur en Chine", observe Xavier Harel2.
Encore plus simple, selon un spécialiste international, "vous constituez
une société plus ou moins fictive au Luxembourg qui va vous
facturer une prestation de services imaginaire, donc vous lui versez de
l'argent et ça vous permet de le faire sortir".
C.- Mécanisme de Trust
137. Le Trust est un mécanisme
juridique issu du droit anglo-saxon dont il n'existe pas d'équivalent en
France. Le trust est une institution rassemblant le constituant qui se
dessaisit de la propriété de certains biens, l'administrateur et
le bénéficiaire. Le trust inclut une séparation entre la
propriété économique et juridique des biens. Ainsi, une
personne physique peut ne pas apparaître comme propriétaire de ses
biens aux yeux du fisc. Les trusts sont assez souvent
utilisés dans les montages d'évasion
fiscale3.
Source :www.soulier-avocats.com
1Jean-Jacques AUGIER est un inspecteur des
finances, militant politique et homme d'affaires français né le
23octobre1953 à Lyon
2Xavier HAREL est journaliste à la Tribune
où il publie des enquêtes sur les facettes les moins reluisantes
de l'économie mondiale : corruption, blanchiment, évasion
fiscale. Il est l'auteur d'Afrique, pillage à huis-clos (12 000
exemplaires vendus) chez Fayard
3Marc Uzan avocat fiscaliste, «
L'évasion fiscale, c'est quoi ? Suis-je concerné ? Quels sont les
risques ? 20 mai 2019
https://uzan-avocat.fr/l-evasion-fiscale-c-est-quoi-suis-je-concerne-quels-sont-les-risques
53
138. La dissimulation de biens dans des
trusts trouve à s'appliquer dans le domaine des oeuvres d'art, ainsi que
l'a souligné Me Dumont-Beghi : « L'exemple des
Wildenstein nous le montre. Vous avez compris que les milliers d'oeuvres, de
tableaux des Wildenstein sont intégrés dans des trusts -
situés aux îles Caïman, aux Bahamas, à Guernesey que
j'ai fait émerger. C'est une technique que les Wildenstein ont
utilisée de génération en génération 1
».
1Rapport n° 673 : SENAT, au nom de la
commission d'enquête sur l'évasion des capitaux et des actifs
hors de France et ses incidences fiscales, Rapporteur M.
Éric BOCQUET, Dépôt publié au Journal Officiel -
Édition des Lois et Décrets du 18 juillet 2012, p149.
54
CHAPITRE 2
CAUSES ET EFFETS D'EVASION FISCALE
SECTION 1 - LES CAUSES DE L'EVASION FISCALE
139. Alain Bauer, criminologue, analyste des
réseaux criminels ou terroristes, désigne l'émergence de
ces pratiques frauduleuses ou à visée optimisatrice : « Le
sujet de l'évasion fiscale est, à l'origine, un sujet non
criminel. Il naît de l'idée qu'un État dispendieux et non
organisé ferait peser une pression fiscale insupportable sur de pauvres
contribuables qui cherchent à échapper à la pression...
Ceci fournit au fraudeur des excuses, et en général une certaine
compassion sociale1».
Paragraphe 1- Les causes liées au
contribuable
A.- L'injustice fiscale
140. La justice fiscale a un rôle majeur dans la
réduction du phénomène de l'évasion fiscale, si le
contribuable est convaincu de l'équité du régime fiscal,
il s'acquittera de ses obligations volontaires. Nous entendons par justice la
répartition équitable des charges fiscales entre les membres de
la société2.
141. L'évasion fiscale et le sentiment d'injustice
face au système fiscal s'alimentent mutuellement : c'est, entre autres,
parce que le contribuable perçoit le système comme injuste et
cela peut être amené à échapper.
Ce sentiment d'injustice avait déjà
été souligné par une étude du CREDOC de 2012 qui
montrait que les classes moyennes contribuent proportionnellement davantage que
les 10 % des ménages les plus aisés. Le CREDOC précise que
« cette réalité peut nourrir le malaise des classes moyennes
inférieures, lesquelles se sentent exposées à de fortes
contraintes budgétaires sans pouvoir compter sur les politiques sociales
».
142. A ce titre, Nicolas Delalande fait
observer que : « Dans le contexte actuel, l'accumulation des affaires et
le constat d'inégalités nourrissent l'idée qu'il y aurait,
d'un côté, les victimes d'un système et, de l'autre, ceux
qui en profitent ».
1Les frères BOCQUET, op.cit., p.35
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55
L'injustice fiscale peut donner au contribuable le sentiment
d'être le seul à payer, a cette raison elle considère comme
une cause majeure d'évasion fiscale.
B.- La pression fiscale
143. La pression fiscale est définie comme « la
relation qui existe entre le prélèvement fiscal supportée
par une personne ou un groupe social, et le revenu obtenu par cette personne ou
ce groupe, est considéré comme un indicateur pour
l'évaluation globale des impôts au niveau de l'économie
fiscale et est l'un des indicateurs les plus importants utilisés pour
évaluer les systèmes fiscaux 1».
144. Dans le rapport de l'OCDE, il est souligné que le
niveau d'imposition est très élevé au Maroc.
La pression fiscale est toujours élevée au
Maroc. En effet, selon le nouveau rapport 2018 conjoint de l'OCDE, du Forum sur
l'administration fiscale africaine (ATAF) et de la Commission de l'Union
africaine (CUA), « Statistiques des recettes publiques en Afrique »,
le ratio impôts/PIB atteignait 26,4% au Maroc en 2016, soit le
troisième ratio le plus élevé en Afrique après la
Tunisie (29,4%) et l'Afrique du Sud (28,6 %)2.
La conséquence normale de cette transformation fiscale
était l'accroissement du phénomène de l'évasion
fiscale.
145. Actuellement, si l'on compare le Maroc à des pays
voisins et à niveau de développement économique
quasi-similaire la Tunisie ou encore l'Egypte, on peut affirmer que la pression
fiscale au Maroc est une contrainte très pesante pour les acteurs
économiques, en l'occurrence : Les entreprises, selon leur nature
juridique et leur importance économique (grande entreprise, PMI, PME) ;
Les salariés ; Les ménages en tant que cellule de
dépense3.
146. Selon un nouveau rapport d'Oxfam, qui a fait plusieurs
propositions pour augmenter les recettes fiscales qui ont diminué en
raison des répercussions de la pandémie Covid-19. Il a
été conclu que la classe moyenne est plus vulnérable
à la pression fiscale.
Pour l'organisation, seul un système fiscal efficace et
équitable permettra au Maroc de mettre en oeuvre une politique de
développement qui remédie aux disparités.
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https://platform.almanhal.com/Files/2/99694
2 Adama SYLLA, le Maroc parmi les trois champions de la
pression fiscale en Afrique, 21 Décembre 2018,
www.challenge.ma
3 Aicha BELMANÇOUR, ibid., p.40
56
147.
Selon le même rapport intitulé « Index de la
justice fiscale : Analyse du système fiscal marocaine », il
indiquait que si les recettes fiscales représentaient 85% du budget de
l'Etat entre 2000 et 2008, la charge fiscale était « injuste »
pour les salariés.
Oxfam a montré que les salariés ont
contribué à hauteur de 75%, et les contribuables des revenus
professionnels, immobiliers, agricoles et du capital de 25%.
148. Nous concluons que la pression fiscale est l'une des
principales causes d'évasion fiscale dans le monde et la plus dangereuse
au Maroc.
C.- L'absence de conscience fiscale
149. La conscience fiscale est considérée comme
l'une des moyens les plus importants d'assistance à tout système
fiscal afin d'atteindre ses objectifs d'accroitre l'efficacité fiscale
et d'atteindre ses objectifs économiques et sociaux. Malheureusement, la
conscience fiscale soit faible parmi le grand public, et ce
phénomène est considéré comme normal dans les pays
du tiers monde1.
150. Concernant les raisons de l'absence de la conscience
fiscale : elles sont nombreuses, et principalement représentée
dans le fait que le contribuable est absent du théâtre fiscal, et
donc il se sent isolé et aliéné de l'administration
fiscale alors même qu'il est celui concerné par l'impôt,
c'est pourquoi l'absence de plan de sensibilisation fiscale, en plus des textes
juridiques, des règles et des horaires d'imposition2.
151. Il est à noter que tout ce qui concerne le
système fiscal actuel n'est que des textes juridiques rigides.
Par conséquent, l'absence de la conscience fiscale
conduit essentiellement à contourner les lacunes de la loi et le refus
de paiement de l'impôt, sont presque résumés dans les deux
méthodes, de corruption et d'évasion fiscale par le
contribuable.
152. On conclure, que l'absence et le manque de la conscience
fiscale est l'une des principales causes de l'évasion fiscale.
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57
D.- L'incivisme fiscal
153. Le concept d'incivisme fiscal peut être
appréhendé comme l'ensemble des manoeuvres et ou des
comportements utilisés par les contribuables pour éviter de payer
leurs impôts et taxes1.
154. En revanche, le civisme fiscal, défini comme
« la motivation intrinsèque du paiement de l'impôt, est un
aspect primordial des systèmes fiscaux puisque la plupart d'entre eux
doivent l'essentiel de leurs recettes au respect spontané de leurs
obligations par les contribuables2 ».
Le civisme fiscal est une question d'état d'esprit, de
mentalité et de comportement. En fait, c'est une question de respect
spontané des obligations déclaratives et de paiement de
l'impôt. Entre la simple optimisation et la fraude
caractérisée, il y a toute une gamme de comportements jouant avec
la règle, calculant les risques et les coûts, quelquefois avec
l'aide de conseils spécialisés. Mais le calcul
égoïste n'est pas tout et il serait vain de réduire
l'incivisme fiscal à un simple écart personnel par rapport
à la loi (Bordes-Pages et al, 2008)3.
155. Le commerce électronique offre des
possibilités d'incivisme fiscal à travers l'extrême
mobilité des biens et des capitaux, ainsi que celles des
personnes4.
De même, l'évolution des niches fiscales au
cours des dernières années accru le sentiment d'injustice fiscale
et d'incivisme chez les contribuables.
156. En effet, malgré la volonté
d'élargissement de l'assiette fiscale, le système fiscal marocain
continue à souffrir d'un nombre élevé de
dérogations sous diverses formes : exonération, taux
réduits, abattements ou taux préférentiels, etc...
Le montant des dépenses fiscales pour l'année
2014 s'élève à 43,645 milliards de dirhams contre 33,28
milliards de dirhams pour l'année 2013 et 36,24 milliards de dirhams en
20125.
1Etude sur les facteurs explicatifs de l'incivisme
fiscal au Burkina Faso et les modalités d'incitations aux paiements des
impôts, ibid., p.12
2OCDE, Document de consultation publique, quels sont
les déterminants du civisme fiscal ? 2019, p.6 3RGUIG
Mohammed & GUEMMI Faouzi, op.cit., p.342.
4Etude sur les facteurs explicatifs de l'incivisme
fiscal au Burkina Faso et les modalités d'incitations aux paiements des
impôts, ibid., p.24
5RGUIG Mohammed & GUEMMI Faouzi, ibid., p.345.
58
Paragraphe 2-Les causes liées à
l'administration et aux dispositions législatives
157. Il est, généralement,
admis que la fuite devant impôt constitue pour le contribuable une
soupape de sûreté et le moyen le plus efficace de défense
contre une pression fiscale.
A.- Les causes législatives
158. Les causes législatives sont
parmi les causes les plus importantes de l'évasion fiscale, et cela est
dû au manque de dispositions législatives contenant des lacunes
par lesquelles les contribuables peuvent se débarrasser du paiement de
l'impôt, et cela peut être dû à l'imprécision
de la législation fiscale, qui est souvent publiée rapidement
dans les pays en développement formulé par des personnes
incompétentes.
B.- La complexité du système fiscal
159. Il y a un dicton commun selon lequel le
texte fiscal vague présente un risque pour l'impôt, et bien que le
contenu de cet adage nécessite de simplifier les procédures et la
flexibilité de la relation entre l'administration fiscale et le
contribuable, il est trop compliqué en termes de langue mais aussi en
termes de contenu1.
160. Pour le CESE, les
caractéristiques du système fiscal ont des impacts sur
l'évasion fiscale et le consentement à l'impôt. Notamment,
la complexité de la loi fiscale peut favoriser l'évasion
lorsqu'elle instaure un flou et des failles que le contribuable désireux
de se soustraire à l'impôt peut exploiter.
161. En effet, certains contribuables peuvent
commettre de bonne foi des erreurs d'interprétation des textes
législatifs et réglementaires ou de la doctrine administrative,
faute de disposer d'une réglementation simple et de pouvoir payer ou de
bénéficier de conseils adaptés.
162. Pour certains experts, la faible
compréhension du système fiscal et de son fonctionnement de la
part des contribuables pourrait entrainer son rejet. M. Orsini
rappelle que « dans la PME-TPE, le fiscaliste c'est
l'expert-comptable, ce n'est plus le chef d'entreprise.
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Le chef d'entreprise est perdu dans le maquis de la
fiscalité. Il sait qu'il paie de l'Impôt sur les
sociétés (IS) et de la TVA, mais il ne sait pas comment
fonctionne la TVA, ni comment il va régler son IS, ni quelles sont les
règles à respecter. Il se décharge sur un expert. Si on en
revient à l'adhésion à l'impôt, au ressenti de
l'impôt, le fait que le chef d'entreprise soit trop
déconnecté de la matière fiscale n'est pas une bonne
chose' ».
C.- Absence de coordination entre les services du
Ministère des finances
163. La collaboration entre les services du Ministère
des Finances et le service des impôts laisse beaucoup à
désirer. Ces différents services (Enregistrement, Douanes,
Trésorerie Générale) disposent conjointement de
renseignements dont l'exploitation et la circulation peuvent conduire les
services des impôts à une appréhension plus exacte de la
matière imposable.
164. Elles constituent de surcroit, un élément
de recoupement susceptible d'éclairer les services d'assiette au moment
de la vérification des déclarations faites par les contribuables,
on peut citer à titre d'exemples dans le domaine de l'immobilier, les
informations que peut communiquer le service d'enregistrement et du timbre au
service des impôts quand il s'agit d'apprécier les prix de cession
des biens immobiliers2.
'Antoine DULIN, ibid., p.38
2 Aicha BELMANÇOUR, ibid., p.53
60
SECTION 2 - LES EFFETS DE L'EVASION FISCALE
165. Le Maroc perd plus de 2.45 Milliards de
dollars par an en raison de l'évasion fiscale, selon un rapport d'Oxfam.
Ce qui oblige l'Etat à recourir à une pression fiscale accrue,
c'est-à-dire à augmenter la valeur de l'impôt pour le
contribuable, ce qui augmente de plus en plus la tendance à
l'évasion fiscale.
Paragraphe 1- L'impact de l'évasion fiscale sur
le plan financier et économique
166. L'évasion fiscale affecte
négativement l'économie des pays qui dépendent des
impôts pour leurs revenus, et ce phénomène a
d'énormes implications, dont la plus importante est :
A.- L'impact de l'évasion fiscale sur le plan
financier
167. Il est clair que la principale
conséquence de l'évasion fiscale est le manque à gagner
pour le trésor public, l'importance de ce manque varie
proportionnellement à celle de l'évasion fiscale dans un pays
donné.
Il inflige de lourdes pertes représentées les
énormes sommes qu'il perdues et accumulées par les contribuables
qui échappent au paiement des impôts, elle conduit
également à une diminution du revenu national et cela entrainera
inévitablement une baisse du niveau de revenu par habitant.
168. En outre, l'évasion fiscale
entraine une dépréciation de la monnaie nationale, en raison de
la thésaurisation non autorisée de fonds qui à son tour
provoque une inflation monétaire au niveau du marché
monétaire.
Par conséquent, quand on sait à quelle
échelle stupéfiante se situe la dimension de l'évasion
fiscale dans les pays en développement, il n'est pas difficile
d'imaginer l'ampleur de l'hémorragie budgétaire dans ces pays.
B.- L'impact de l'évasion fiscale sur le plan
économique
169. La fraude fiscale et l'évasion
fiscale affectent considérablement les processus de production et de
commerce internes et externes, qui retardent la réalisation du
développement ou du progrès économique d'une part. D'autre
part, l'évasion fiscale donne
61
une direction illusoire à l'activité
économique, de sorte que le principal objectif des contribuables est de
savoir comment se soustraire à l'impôt.
170. En plus de la dissimulation par le
contribuable de ses bénéfices sur l'administration fiscale, ce
qui conduit à une raréfaction des fonds ou en ouvrant des comptes
bancaires à l'étranger ou en investissant ces fonds dans des pays
où les déductions fiscales sont faibles ou inexistantes.
Paragraphe 2- L'impact de l'évasion fiscale sur
le plan social et politique
A.- L'impact de l'évasion fiscale sur le plan
social
171. Le principe de justice fiscale fait
partie des principes fiscaux les plus importants, ce principe est basé
sur la nécessité de l'égalité de tous les citoyens
face à la charge fiscale, et l'impôt est utilisée pour
redistribuer le revenu national au profit des groupes pauvres et à
revenus limités, par exemple si le législateur fiscal
décide de réduire la charge fiscale de certaines institutions et
associations qui fournissent des services sociaux1.
172. Le phénomène de
l'évasion fiscale a pour effet de faire abstraction du principe de
justice fiscale et d'égalité sociale entre les membres de la
société et augmente les différences de classe entre eux,
en plus d'autres effets, notamment :
- La propagation du phénomène
de corruption, où les contribuables corrompent les agents fiscaux pour
réduire le montant de l'impôt,
- La détérioration du sens
fiscal des contribuables en raison de la propagation de la fraude et de la
tromperie et la détérioration du facteur
d'intégrité dans les transactions économiques,
- L'inégalité entre les
contribuables et l'augmentation des disparités sociales.
B.- L'impact de l'évasion fiscale sur le plan
politique
173. L'évasion fiscale conduit
à une mauvaise répartition des charges fiscales, ce qui fait que
les citoyens se sentent inégaux dans l'application du principe fiscal,
ce qui affaiblit leur confiance dans le système politique de
l'autorité au pouvoir, ce qui met en évidence le
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mécontentement et la haine contre cette autorité
et peut conduire à l'émergence les troubles dans le pays et donc
les impôts jouent un rôle déterminant dans la consolidation
des objectifs et des orientations politiques1.
174.La recherche de systèmes fiscaux
adéquats aux structures économiques et sociales des pays est une
préoccupation pour répondre aux objectifs de
compétitivité (attractivité du pays par sa
fiscalité), d'équité (acceptation sociale) et
d'efficacité (générer des ressources pour
fonctionner)2.
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2Meryem CHIADMI, Mohamed KARIM et Meriem OBADA, ibid.,
p.3
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
175. La notion d'évasion fiscale est
généralement utilisée pour stigmatiser des comportements
qui consistent à « déplacer » certains revenus ou
bénéfices vers des pays où les impôts sont moins
élevés, voire des expatriés avec armes et bagages vers des
destinations fiscales plus clémentes. Quant à la fraude fiscale,
il s'agit d'une violation pure et simple des obligations que la loi impose au
contribuable, ou plus précisément, en violant l'esprit des
textes.
176. Au vu de l'ensemble des causes de l'évasion
fiscale au tour du monde, le contribuable a développé des
procédés pour éviter l'impôt, il peut s'agir de :
- Des pratiques au niveau de l'entreprise ;
- Evasion de la taxe foncière ;
- Prix de transfert ;
- Blanchiment et corruption ;
- Economie informelle ;
- Via les NTIC ;
- Le carrousel de TVA...
177. Au Maroc, les effets de l'évasion se situent
à plusieurs niveaux ; économique, financier, social et politique.
De ce point de vue, les motivations de l'acte d'évasion sont
liées : à la pression fiscale, à l'injustice fiscale,
à la complexité du système du part de l'administration.
64
PARTIE II
LA LUTTE CONTRE L'EVASION FISCALE
65
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
178. Début avril 2016, le célèbre
scandale des Panama Papers a éclaté, alors que des
milliers de documents publiés par les principaux journaux internationaux
révélaient l'utilisation de l'évasion fiscale par des
centaines de personnalités publiques et politiques au cours des quarante
dernières années. C'est l'occasion pour nous de revenir sur la
question de l'évasion fiscale au Maroc.
179. L'un des enjeux stratégiques de la
réforme, tel qu'il se dégage des travaux préparatoires des
assises et des nombreuses contributions institutionnelles et citoyennes, est
bien celui de la simplification, la clarification, l'harmonisation et la
lisibilité du texte fiscal, tout le texte fiscal. Et c'est pour cela,
que le système fiscal doit être revisité et
interrogé, dans son intégralité et sa diversité,
fiscalité de l'Etat, fiscalité locale et parafiscalité.
L'objectif est d'aboutir à la réduction et à
l'harmonisation des bases d'imposition et des procédures fiscales dans
le cadre d'un seul et unique Code Général des
Impôts1.
180. Le ministre a bien résumé la discussion
sur les solutions voire les moyens de lutter contre le phénomène
de l'évasion fiscale dans la simplification des législations
fiscales. Mais dans la question de l'évasion internationale, qui sont
les moyens d'affronter ce phénomène qui draine les recettes du
monde ?
Dans cette deuxième partie, nous verrons les moyens de
lutte sur le plan national, ainsi que sur le plan international.
1 Mohamed BENCHAABOUN, discours d'ouverture, ibid.
66
CHAPITRE 1
LA LUTTE CONTRE L'EVASION FISCALE SUR LE
PLAN NATIONAL
181. L'article 17 de la Constitution énonce « tous
supportent en fonction de leurs facultés contributives, les charges
publiques, que seule la loi peut, dans les formes prévues par la
présente constitution, créer et répartir ».
Le législateur marocain considère la question de
la lutte contre fraude et l'évasion fiscale, un enjeu majeur et
nécessaire pour respecter le principe de la justice fiscale.
182. La vérité est que l'évasion fiscale
viole deux principes de base, le premier principe énoncé à
l'article 39 de la Constitution (de principe de la contribution aux frais
publics), tandis que le second est le principe d'une concurrence loyale entre
les sociétés.
On constate alors que l'évasion fiscale est le reflet du
déséquilibre subi par le système fiscal marocain.
SECTION 1 - LES MOYENS LEGISLATIFS ET INSTITUTIONNELS
DE LUTTE CONTRE
L'EVASION FISCALE
183. La légitimation des mesures préventives
dans la lutte contre la fraude fiscale, repose sur un principe essentiel :
« Inciter plutôt qu'obliger, dissuader plutôt qu'interdire
» (Collet, 2009)1.
Paragraphe 1-Les dispositifs législatifs
184. C'est dans un contexte de crise des finances publiques
que le Maroc a connu sa principale réforme fiscale. C'est une loi cadre,
promulguée en 1984, qui a fixé le cadre général de
cette réforme. Celle-ci s'est déployée progressivement sur
plusieurs années et s'est traduite par l'introduction des principaux
impôts actuels2.
1RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi, op.cit., p.354
2Meryem CHIADMI, Mohamed KARIM et Meriem OBADA, ibid.,
p.3
67
A.- Garantie de la justice et de l'équité
fiscale
185. Au Maroc, le système fiscal a connu plusieurs
refontes à partir de 1985 dans le cadre du plan d'ajustement structurel.
Cependant, malgré ces « réformes », le système
fiscal a montré des limites notamment en matière de transparence,
de cohérence, d'équité et de gouvernance1.
186. Le sentiment d'injustice fiscale existe encore au Maroc,
surtout quand on voit l'état des réalisations des projets
financés par la participation des contribuables2.
1. Notion de la justice fiscale
187. Il n'est pas de société moderne qui puisse
être et se penser solidaire sans que ceux qui la composent ne soient
convaincus que la justice et 1'égalité constituent des
réalités effectives, et au premier chef la justice et
1'égalité fiscales. En même temps, la justice fiscale
représente un enjeu essentiel particulièrement difficile à
résoudre si on ne la rapporte pas à une philosophie et à
une éthique générale3.
La justice ne s'identifie plus dans ce cas à une
égalité directe entre individus mais à une
égalité de rapports entre ce qui est apporté et
retiré par chacun du produit de 1'effort de tous4.
188. Michel Bouvier relève que la justice fiscale est
: « une notion volatile et quelque peu insaisissable, car variant dans le
temps et dans l'espace. Elle dépend en effet des formes, des fonctions
et des sens qui sont attribués à l'impôt à un moment
donné et dans un lieu donné. La notion de justice fiscale et
c'est la difficulté ne peut être rapportée à un
référent objectif. Le problème de fond est qu'il n'existe
pas de «commune mesure» permettant d'être assuré sur la
pertinence de sa définition. D'un autre côté, c'est bien
souvent contre l'injustice fiscale que se dressent ou se sont dressés,
à tort ou à raison, des individus ou des groupes. Et c'est
d'autre part au nom de la justice fiscale qu'a été
proclamé le principe de l'égalité devant l'impôt et
celui de l'universalité du prélèvement fiscal
[...]5 ».
1Mémorandum : Justice fiscale au Maroc, Espace
associatif, p.1
2RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi, ibid., p.354
3Michel BOUVIER, ibid., p.299
4 ibid., p.299
5Article, Réflexions sur la notion de justice
fiscale ,François Bonneville Dans Gestion et Finances
Publiques GFP N° 3- Mai-Juin 2017, pages 62,
https://www.cairn.info/revue-gestion-et-finances-
publiques-2017-3-page-61.htm?contenu=article
68
189.
L'évasion fiscale entraîne une violation du
principe de justice sociale représenté par le fait de supporter
le fardeau de l'impôt sans les autres, ce qui crée une
inégalité entre les groupes imposables et ceux qui disposent de
ressources diverses et importantes pour des revenus différents, et
l'administration fiscale ne dispose pas d'informations correctes à ce
sujet et autorise cette dernière bien sûr Évasion fiscale,
et cela conduit à dire que les textes d'injonction sont correctement
activés et obligent à reconsidérer les sanctions fiscales
qui reposent sur l'aspect financier de la dissuasion, et c'est une question qui
n'inquiète pas certains hommes d'affaires qui chevauchent toujours des
méthodes de manoeuvre, et pour que le législateur marocain ne
soit pas décrit comme tolérant les fraudeurs on voit une
coïncidence de la tendance à imposer un impôt sur la fortune
pour que la richesse ne soit pas concentrée entre les mains de
quelques-uns1.
2. Notion de l'équité fiscale
190. L'équité, c'est plutôt une "juste
mesure", un équilibre, qui permet de rendre acceptable une forme
d'inégalité lorsque l'égalité ne serait pas
acceptable. On ne peut faire cette affirmation que si l'on accepte comme un des
objectifs de la fiscalité la redistribution de la richesse. Comme
l'écrit Eisenstein : « La taxation doit affecter la distribution
des revenus, que l'on veuille ou non ; et il est tout simplement logique de
regarder la question comme étant celle de savoir quels en sont les
effets qui sont souhaitables. » (Eisenstein, 1961, p. 26) (Notre
traduction)2.
191. L'équité en matière de
fiscalité exprime l'idée que les taxes doivent être
équitables. C'est un concept utilisé dans toutes
les analyses de politiques fiscales3. Un système fiscal
équitable et efficace doit tenir compte de :
La pondération et équilibre des taux :
« il est bien évident que pour le Trésor un
impôt à taux modéré mais effectivement
recouvré est préférable à un impôt de taux
élevé mais qui demeure théorique ». Il faut que le
taux d'imposition soit flexible compétitif et incitatif.
La personnalisation de l'impôt : «
qui est conforme à la conception moderne de la justice fiscale qui veut
que l'on tienne compte, pour le calcul de l'impôt, de la situation
économique et sociale du contribuable ».
1132.Õ
ÞÈÇÓáÇ
ÚÌÑãáÇ Óä
íáÒÇæäáÇ
ÓíÑÏÅ
2Chantal SANTERRE, la problématique de la
justice fiscale : le cas du Québec, université du Québec
à Montréal, mémoire dans la maîtrise en sciences
comptables, Avril 2010, p.20
3Analyse genre de la politique fiscale au
Maroc, Cas de l'impôt sur le Revenu, Hind JALAL,
Préface de Nouzha SKALLI, Avant-propos de Pierre BELTRAME, p.97
69
Impôt progressif : « le principe
de la progressivité est consacré par la plupart des
systèmes fiscaux contemporains ». Cette progressivité de
l'impôt conduit, dans un souci de justice et d'équité,
à imposer plus lourdement les tranches relativement
élevées du revenu ou du capital1.
192. Mohamed Benchaâboun, à l'issue des travaux
réalisés et des débats des assises, le Ministre a
annoncé 10 principes qui devraient être inclus dans les
réformes à venir. Parmi ces principes, nous trouvons : Garantir
la neutralité totale de la TVA, Augmenter le taux marginal des
activités économiques protégées
,Réaménager progressivement la cotisation minimale d'impôt
sur les société (IS) pour aboutir à son abandon à
l'horizon 2024,Réaménager de manière optimale les taux et
les tranches du barème de l'impôt sur les revenus (IR) pour
soutenir le pouvoir d'achat des faibles revenus et des classes moyennes,
Renforcer les droits des contribuables dans un souci d'équilibre entre
les droits et les obligations, Consolider les efforts de modernisation de
l'administration fiscale par le parachèvement de la
dématérialisation et la promotion des valeurs d'éthique et
de transparence..
193. Il convient de noter que la notion d'équité
ou de justice est normative, fondée sur des valeurs, et son
interprétation diffère selon les individus, les pays, des
cultures et le temps2. On espère que les nouvelles
procédures fiscales, fondées sur ces principes, permettront de
mieux répartir l'effort fiscal entre les contribuables et de
remédier à ces inégalités fiscales.
B.- La détermination des prix de transfert
194. Pour éviter le transfert artificiel de
bénéfices vers des juridictions à plus faible taux de
taxation, et par conséquent assurer une répartition juste des
recettes fiscales, un système de prix de transfert basé sur le
principe de pleine concurrence a été
établi3.
Les multinationales doivent appliquer les prix du
marché à leurs transactions intragroupes. C'est-à-dire un
prix qui serait celui qu'elles acquitteraient, si leurs biens et services
étaient échangés avec des tiers4.
195. Dans le cas du Maroc, la question des prix de transfert
soulève des difficultés législatives et pratiques, aussi
bien interne que conventionnelle.
1 Fatma HARIZ, ibid., p.20
2Chantal SANTERRE, ibid., p.20
3 Guillaume MARQUIS, ibid., p.7
4 Le principe de pleine concurrence, une fiche
d'information d'Alliance Sud et de la Déclaration de Berne, Juillet
2012, p.2
70
Il est à noter, que la fixation des prix de transfert
détermine la répartition des bénéfices à des
fins fiscales et autres, entre les différentes composantes d'un groupe
de sociétés multinationales.
1. Les principes de l'OCDE
196. Au Maroc, ce concept est régi par les dispositions
de l'article 9 du modèle de convention fiscale de l'OCDE visant à
éviter la double imposition et la législation fiscale nationale.
Quel que soit le dispositif, deux principes de base doivent être
respectés : l'existence de lien de dépendance entre entreprises,
et l'application du principe de pleine concurrence.
197. Les prix de transfert peuvent être utilisés
pour déplacer des bénéfices vers des pays à faible
fiscalité1, l'abus de ces pratiques peut conduire à un
problème particulier dans les pays en développement.
EXEMPLE :
Si une société X achète ses
produits à une société Y indépendante, elle
paierait le prix du marché, et le fournisseur acquitter ait normalement
des impôts sur les bénéfices qu'il réaliserait selon
la procédure normale.
198. C'est la raison pour laquelle l'OCDE fournit une
assistance technique à ces pays pour les aider à mettre en
oeuvre, ces principes aident à la fois les entreprises à
éviter la double imposition et les administrations fiscales à
recevoir leur part de l'assiette fiscale.
Même avec ces principes, il reste difficile à
appliquer les règles de prix de transfert sur la base du principe de
pleine concurrence.
199. Comme solution et en vue d'améliorer la
transparence dans les échanges et de lutter contre l'évasion
fiscale, le contrôle fiscal dans les limites de ces pratiques
dommageables jouant un rôle très important.
Les mesures fiscales de la loi de finances pour 2011 vont
également dans ce sens. Il s'agit entre autres : de la
catégorisation des entreprises ; de la vérification ponctuelle ;
et de la charte du contribuable2.
1 Abdellatif ZAGHNOUN, ibid., p.3
2 Abdellatif ZAGHNOUN, ibid., p.4
71
2. Le principe de pleine concurrence
200. Selon l'OCDE « Le principe de pleine concurrence
établit simplement que les conditions des transactions entre entreprises
associées ne doivent pas être faussées par la relation
particulière qui unit les parties. Ce faisant, le principe de pleine
concurrence est neutre. Un principe analogue est appliqué en
matière d'évaluation douanière ».
201. Le respect du principe de pleine concurrence est
précisé de manière contradictoire. Les transactions
réalisées par des entreprises indépendantes sont
régies par des mécanismes générés par le
marché. Celles qui sont membres d'un même groupe sont dites
dépendantes et par conséquent, doivent agir comme si elles ne
l'étaient pas. Dans le cas contraire, les fixations des prix de
transferts des biens qui font l'objet de transactions pourraient être
considérés comme non conformes au principe de pleine
concurrence1.
202. En fin, le principe de pleine de concurrence est une
arme contondante contre l'évasion fiscale, l'OCDE jouant le rôle
le plus important dans la fixation des prix de transfert sur la base de ce
principe.
Pour l'administration fiscale, il est important de trouver un
équilibre équitable entre la volonté d'encourager les
investissements étrangers et la protection de la matière
imposable2, tout en évitant les problèmes de double
imposition.
3. Méthodes de détermination des prix de
transfert proposées par l'OCDE3
203. Les méthodes de prix de transfert
sont les suivantes :
Méthode du prix comparable sur le marché
libre : Cette méthode consiste à comparer le prix d'un
bien ou d'un service transféré dans le cadre d'une transaction
contrôlée à celui d'un bien ou d'un service
transféré dans le cadre d'une transaction comparable sur le
marché libre.
Méthode du prix de revente : Cette
méthode consiste à comparer la marge sur prix de revente
réalisée lorsqu'un acheteur d'un bien dans le cadre d'une
transaction contrôlée
1Mourad HARICI , « la détermination des
prix de transfert à la frontière entre bonne gouvernance et
évasion fiscale », Enseignant chercheur à l'ESCA EM -
Casablanca, finance & finance internationale, ISSN : 2489-1290 n°18
janvier 2020, p.24,
http://revues.imist.ma/?journal=ffi
2 Abdellatif ZAGHNOUN, ibid., p.5
3Rapport OCDE, législation sur les prix de
transfert -proposition d'approche, centre de politique et d'administration
fiscales (PAF), juin 2011, p.7-8
72
revend ce bien dans le cadre d'une transaction sur le
marché libre avec la marge réalisée lors de transactions
d'achat et de revente comparables sur le marché libre.
Méthode du coût majoré :
Cette méthode consiste à comparer la marge sur les coûts
directs et indirects encourus lors de la vente de biens ou de services dans le
cadre d'une transaction contrôlée avec la marge sur les
coûts directs et indirects encourus lors de la vente de biens ou de
services dans le cadre d'une transaction comparable sur le marché
libre.
Méthode transactionnelle de la marge nette :
Cette méthode consiste à comparer la marge nette sur une
base appropriée (par exemple marge sur coûts, sur chiffre
d'affaires ou sur actifs) qu'une entreprise réalise lors d'une
transaction contrôlée avec la marge nette sur la même base
réalisée dans le cadre de transactions comparables sur le
marché libre.
Méthode transactionnelle du partage des
bénéfices : Cette méthode consiste à
attribuer à chacune des entreprises associées qui participent
à une transaction contrôlée la fraction du
bénéfice combiné généré par cette
transaction (ou de la perte combinée générée par
cette transaction) qu'une entreprise indépendante s'attendrait à
réaliser dans le cadre d'une transaction comparable sur le marché
libre.
C.- La lutte contre l'informel
204. L'émergence d'une véritable
économie moderne au Maroc se trouve hypothéquée par une
économie parallèle qualifiée d'économie noire ou
informelle. L'un des faits majeurs du monde du travail est indubitablement le
poids du secteur informel dans les économies en développement
où le secteur informel représente la forme originelle, normale et
majoritaire1.
205. Le secteur informel contribue à la
création de la valeur ajoutée nationale à hauteur de
12.6%, il brasse un chiffre d'affaires de près de 410 milliards de DH et
contribue à la production nationale à hauteur de 12.2%. Le volume
de l'emploi dans le secteur informel est de 2376 millions et les salaires
versés s'élèvent à 11.390 milliards de dirhams
(HCP, 2018)2.
206. Le Maroc a pris des décisions stratégiques
pour la lutte contre les inégalités tel que, l'intégration
du secteur informel dans l'économie officielle nationale.
Les lois de finances pour 2015 et 2016 ont été
discutées respectivement en relation avec le secteur informel.
1RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi, ibid., p.343
2Lotfi BENAZZOU et Rachid ZOUBAIR, ibid., p.13
73
1. Les apports de la loi de finances 2015
207. La LF de 2015 a insisté sur le renforcement de la
confiance dans l'économie nationale, l'amélioration de sa
compétitivité et soutien à l'investissement et aux
entreprises.
Les efforts du Gouvernement porteront sur l'encouragement de
l'intégration du secteur informel, tout en renforçant le
contrôle fiscal et en luttant contre la fraude et l'évasion
fiscales de telle sorte à protéger le consommateur, assurer la
compétitivité entre les opérateurs économiques et
soutenir le tissu productif1.
208. La réforme fiscale pour la mise en oeuvre des
recommandations des Assises Nationales sur la Fiscalité, tenues en 2013.
Il s'agit notamment, de mesures d'élargissement de l'assiette,
d'appréhension de l'informel, de lutte contre l'évasion et la
fraude fiscales et de rationalisation des dépenses fiscales, avec le
maintien de certaines exonérations en matière de TVA
revêtant un caractère économique et social2.
2. Les apports de la loi de finances 2016
209. Conformément aux nouvelles orientations
stratégiques du Plan d'Accélération Industrielle
basées notamment sur le développement d'écosystèmes
performants, un nouveau dispositif d'accompagnement de l'entrepreneuriat et de
l'intégration de l'informel 2015-2020 a été mis en place.
Ledit dispositif est articulé autour de deux axes : la modernisation et
le soutien à la compétitivité de 20.000 TPME dont 500TPME
à fort impact pour l'émergence d'une nouvelle
génération de locomotive ; la reconversion vers le formel et
l'accompagnement de 100.000 auto-entrepreneurs qui devra contribuer à la
création de près de 135.000 emplois3.
210. Aussi, est-il prévu d'inciter le secteur informel
à s'intégrer progressivement dans l'économie et renforcer
le contrôle fiscal et douanier, en veillant à l'application des
normes de qualité et de sécurité des marchandises
importées, et ce, en vue d'assurer la protection du consommateur
marocain, d'asseoir les règles de la transparence, de la concurrence
loyale entre les opérateurs économiques et de protéger le
tissu économique national4.
1 Loi de finances 2015, p.5
2 Loi de finances 2015, p.6
3 Loi de finances 2016, p.78
4 Loi de finances 2016, p.8
74
211.
Toutefois, les efforts déployés par
l'administration fiscale restent relatifs, quel que soit le niveau de
compétence de ses cadres et l'efficacité de ses structures,
l'administration fiscale ne peut venir à bout du phénomène
de la fraude fiscale, lorsque cette fraude se nourrit et se
régénère dans un environnement caractérisé
par la résistance et la persistance du secteur informel1.
3. La politique fiscale de l'après crise
COVID-19
212. Les grandes lignes de la politique fiscale qui sera mise
en place pour réaliser la reprise économique après la
crise du COVID-19. Il s'agit sur le plan fiscal :
D'exploiter les activités et les circuits qui
constituent de vrais dangers pour l'économie nationale (la contrebande,
importateurs qui sous déclarent les marchandises importées pour
échapper à la TVA, circuits de distribution occultes qui
échappent à tout impôt, et producteurs qui lèsent
leurs employés en ne le déclarant pas et par conséquent en
leur enlevant toute possibilité de couverture sociale) (CESE,2019).
213. Il est également recommandé de repenser le
recensement d'assiette à travers l'utilisation des nouvelles
technologies, à l'instar des systèmes d'informations
géographiques, pour détecter les activités non
identifiées (46% des unités de production informelles disposent
de local d'activité fixe (HCP, 2018)2.
Paragraphe 2-Les règles administratives
L'administration pivot de la lutte contre l'évasion
fiscale.
A.- Le rôle de l'administration fiscale dans la
lutte contre l'évasion fiscale au Maroc
214. La Direction Générale des Impôts
fait partie du Ministère de l'Economie et des Finances. Sa principale
mission consiste à assurer les recettes fiscales.
L'administration fiscale est la base des méthodes de
gestion des finances publiques au Maroc, car elle organise et supervise les
ressources budgétaires publiques les plus importantes, qui
1 Brahim JBARA, ibid., p.70
2 Lotfi BENAZZOU et Rachid ZOUBAIR, ibid., p.14
75
sont les impôts, mais elle n'a attiré l'attention de
l'opinion publique que ces dernières années, bien qu'elle soit
l'une des principales équations dans la prise de décision
fiscale1.
1. Missions et attributions de la DGI
La Direction Générale des impôts, elle est
responsable de :
a.- Créer et collecter les impôts d'État :
215. Elle détermine les bases sur
lesquelles sont prélevés :
- Les impôts d'Etat (impôt sur les
sociétés, impôt sur le revenu, taxe sur la valeur
ajoutée, droits d'enregistrement et de timbre) ;
- Certains impôts locaux gérés pour
le compte des collectivités locales (taxe d'habitation, taxe
des services communaux et taxe professionnelle).
Les recettes de l'administration fiscales se chargent de
l'encaissement des recettes des impôts, droits et taxes.
b.- S'assurer du respect de la loi fiscale et lutter contre la
fraude fiscale :
216. Le système fiscal marocain est
globalement déclaratif. La mission de contrôle occupe donc une
dimension très importante.
Le contrôle fiscal s'opère dans le cadre d'une
procédure stricte observant les garanties offertes aux assujettis. Il a
un rôle dissuasif et pédagogique.
c.- Fournir au gouvernement une expertise fiscale :
217. Fournir au gouvernement une expertise fiscale notamment
dans le cadre de l'élaboration des lois de finances et de la
négociation des conventions de non double imposition avec les
états étrangers.
218. La Direction Générale des Impôts est
ainsi chargée d'étudier et d'élaborer les projets de
textes législatifs et réglementaires à caractère
fiscal. Elle élabore également, en concertation
1 39.Õ
ÞÈÇÓáÇ
ÚÌÑãáÇ Lä
ÒÇÏæÈ
ãíÑßáÇ ÏÈÚ
76
avec les différents opérateurs
économiques, les circulaires d'application relatives aux textes
fiscaux.
L'administration fiscale étudie en outre les questions
d'interprétation des dispositions fiscales et informe sur les
réponses apportées.
2. Organisation de la DGI
La DGI est divisé en deux organisations, centrales et
régionales :
a.- L'organisation centrale
219. L'administration centrale comprend cinq
Directions :
- Direction de la législation, des
études et de la coopération internationale ;
- Direction de l'animation du réseau ;
- Direction du contrôle ;
- Direction de la facilitation, du
système d'information et de la stratégie ;
- Direction des ressources et de l'audit.
b.- L'organisation régionale
220. Au niveau territorial, la DGI est organisée par type
et par taille de contribuable.
Ses services sont spécialisés pour gérer
distinctement les dossiers des particuliers, des professionnels, des personnes
morales et des grandes entreprises, dans le but de fournir un service de
proximité adapté à chaque profil. Chaque contribuable
s'adresse ainsi à un interlocuteur unique polyvalent qui traite son
dossier au titre de ses différents impôts.
221. Globalement, les Directions Régionales, Inter
Préfectorales et Préfectorales sont organisées autour de
trois fonctions principales :
- L'assiette de l'impôt qui est
gérée au niveau des subdivisions d'assiette
spécialisées par type de contribuables ;
- Le recouvrement des impôts
effectué au niveau des recettes de l'administration fiscale ;
- Le contrôle fiscal accompli par les
brigades de vérification.
77
222. La Direction Générale des
Impôts s'appuie sur une organisation territoriale
déconcentrée regroupant 8 directions régionales des
impôts, (Agadir, Béni Mellal, Casablanca, Errachidia, Fés,
Marrakech, Oujda, Rabat et Tanger).
Un exemple de la structure organisationnelle de Marrakech
:
B.- La relation entre le contribuable et l'administration
fiscale
223. Le système fiscal marocain est fondé sur
plusieurs lois qui en définissent les principes, ainsi qu'une charte
publiée en 2011 visant à améliorer le comportement de
l'administration fiscale envers les contribuables.
1. L'Amélioration de la relation entre
l'administration fiscale et le contribuable
224. L'Administration fiscale devrait contribuer d'une
manière plus efficace à l'amélioration de sa relation avec
le contribuable, Il s'agit essentiellement de le sensibiliser à ne plus
percevoir l'impôt comme une charge qu'il faut contourner, mais
plutôt comme un devoir citoyen dont il devrait être fier de
s'acquitter en toute loyauté'.
'RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi, ibid., p.354
78
L'un des objectifs stratégiques de la DGI, est
l'établissement d'une confiance mutuelle entre le contribuable et
l'administration, elle a adopté une nouvelle orientation qui
considère le contribuable comme un vrai partenaire de l'administration
fiscale.
Cette orientation se base sur : La faciliter des
différentes démarches et procédures liées au
contribuable, la garantir au contribuable ses droits, le droit de communication
et favoriser l'adhésion à l'Impôt, le civisme fiscal et de
renforcer l'éthique.
225. La charte du contribuable n'est pas une oeuvre marocaine,
elle trouve son origine dans le système fiscal français. En
effet, le 2 avril 1986, sous le gouvernement Edouard Balladur, une commission
avait été créée pour « étudier les
moyens de simplifier et améliorer les rapports qui, aujourd'hui encore,
restent trop conflictuels, entre le fisc et les contribuables1
».
Depuis plusieurs années, l'administration fiscale
française cherche à améliorer sa relation avec les
contribuables. Il publie des plans d'action pour lutter contre la fraude et
l'évasion fiscale, ainsi que des synthèses et des informations
pédagogiques sur le contrôle fiscal, les procédures en
vigueur et les droits et obligations des contribuables.
Elle met également sur son site internet une liste
retraçant et expliquant les schémas considérés
comme constitutifs de fraude ou d'évasion fiscale. Cette initiative peut
contribuer à améliorer la sécurité juridique du
contribuable qui peut, légitimement, se fier aux informations fournies
au préalable par l'administration fiscale pour organiser sa
situation2.
a.- Le comportement de l'administration fiscale
226. La relation de l'administration fiscale avec les
contribuables est très tendue, caractérisée par des
tensions permanentes et des sources de conflits sociaux.
Marc Leroy en 2009 explique la sociologie
fiscale, il résume : « la sociologie fiscale se centre sur le
processus d'intervention des institutions publiques autour de l'impôt.
Elle questionne la légitimité de l'Etat fiscal pour le citoyen et
propose une réflexion sur la justice sociale3 ».
227. On peut alors distinguer, qu'un bon système
fiscal, se valorise par son niveau de simplicité dans les transactions
et de clarté et transparence dans les décisions. L'action de
1 Abdelkader KHANFOR et Youssef ELWAZANI, ibid.,
p.216
2 Antoine DULIN, ibid., p.57.
3 Abdelkader KHANFOR et Youssef ELWAZANI, op.cit.,
p.216
79
l'administration fiscale doit, selon Lambert
(1985), porter à ce niveau sur l'information et la
socialisation du contribuable-citoyen1, et surtout au niveau du
contrôle fiscal.
b.- Le comportement du contribuable face à
l'impôt
228. Le contribuable, comme la plupart des agents
économiques, a une attitude qui n'est pas entièrement rationnelle
ou irrationnelle2.
Le refus de l'impôt par le contribuable est
justifié par une injustice et une pression fiscale de la part de
l'administration fiscale. Ainsi, que la lourdeur et la complexité de la
procédure de déclaration fiscale constitue un motif suffisant
pour rejeter un impôt3.
229. On constate que, le conflit entre le contribuable et
l'administration fiscale est principalement causé par un malentendu et
un manque de transparence dans la législation fiscale, ce qui conduit
à l'injustice fiscale et conduit ainsi le contribuable à
l'évasion fiscale, à la fraude fiscale et au secteur informel
comme solution.
230. Nous supposons que la résolution de ce conflit
peut être :
- Par une politique de transparence
et de clarté des informations (par la sensibilisation des
contribuables aux nouvelles lois et aux nouvelles décisions fiscales),
« L'accès à l'information de qualité et en
quantité au moment voulu, revêt assurément une valeur
stratégique et un enjeu vital pour tout système évoluant
dans un environnement soumis à de continuelles mutations et
perturbations 4».
- Par une politique de communication
(Organiser des forums fiscaux pour communiquer et rapprocher l'administration
du citoyen).
2. Le rôle de l'administration dans la lutte contre
l'évasion fiscale
231. Echapper à l'impôt c'est échapper
avant tout à la contrainte de l'Etat ; Pour certains, la relation avec
l'administration fiscale est vécue comme un jeu dont les règles
sont connues et il n'est pas désagréable de se jouer d'une
administration dont la réputation répressive n'est plus à
démontrer5.
1 Abdelkader KHANFOR, Youssef ELWAZANI, ibid.,
p.219
2 Thierry LAMBERT, le contribuable face à
l'administration fiscale, Paris, p.105 3Abdelkader KHANFOR et
Youssef ELWAZANI, ibid., p.220
4Analyse de la décision fiscale au Maroc,
Noureddine BENSOUDA, Casablanca, 2009, p.353 5 Thierry
LAMBERT, ibid., p.103
80
232.
Ces dernières années, dans le cadre de la lutte
contre la fraude et l'évasion fiscales, l'administration fiscale a
poursuivi un objectif budgétaire, dissuasif et répressif visant
à récupérer rapidement et efficacement les impôts
éludés. Pour ce faire, elle dispose d'outils juridiques
classiques et modernes pour lutter contre l'évasion, répondant
ainsi aux normes nationales et internationales dans ce domaine.
233. Le rôle de l'administration fiscale se traduit par
:
- Simplifier les procédures fiscales
: la simplicité, celle -ci facilite la compréhension et
partant l'acceptation de l'impôt par une grande masse des
contribuables1.
- Assurer la compatibilité entre les tâches
et les compétences,
- Développer une stratégie globale
pour augmenter les capacités (administration) de l'institution
et ses ressources humaines.
a.- La transparence au sein de l'administration
234. La transparence des finances publiques est
définie par « l'information claire du public sur la structure et
les fonctions des administrations publiques, les visées de la politique
de finances publiques, les comptes du secteur public et les projections
budgétaires2 ».
La transparence signifie avant tout que l'administration
procède sur la voie du véritable échange avec le citoyen,
et respecte la logique de la communication. Pour être compris,
l'administration fiscale doit l'ajuster et l'adapter son langage.
Autre nécessité à intégrer notre
droit : l'information de l'administration fiscale sur les dispositions fiscales
et montages applicables aux grandes entreprises. Ces derniers devraient
être vérifiables pour éviter d'être de simples
tactiques d'évasion fiscale.
235. Le modèle de communication utilisé par la
DGI ressemble le modèle de Lasswell3, ce
modèle conçoit la communication comme un processus d'influence et
de persuasion (la communication de masse).
1 Aicha BELMANÇOUR, ibid., p.95
2 Abdelkader KHANFOR et Youssef ELWAZANI, ibid.,
p.228
3 Harold Dwight Lasswell (né le
13février1902 et décédé le 18décembre1978)
est un chercheur américain, pionnier de l'étude de la
communication de masse et de la science politique. Ses recherches appartiennent
à des champs disciplinaires divers entre lesquels il ne voit pas de
frontières (sociologie, psychologie, etc.).
81
236.
L'intérêt essentiel de ce modèle est de
dépasser la simple problématique de la transmission d'un message
et d'envisager la communication comme un processus dynamique avec une suite
d'étapes ayant chacune leur importance, leur spécificité
et leur problématique Il met aussi l'accent sur la finalité et
les effets de la communication.
b.- Facilité d'administration
237. En effet, le financement de l'administration d'un
régime fiscal se fait à travers les recettes publiques,
réduisant ainsi le montant des recettes disponibles pour d'autres
services publics. Dans les pays développés, le coût de la
collecte des impôts a été estimé à 1% des
recettes fiscales. Dans les pays en développement ce coût
représente le double.
L'examen de la facilité d'administration est un
facteur particulièrement important dans la conception de la politique
fiscale.
238. A côté de la facilité
d'administration un régime fiscal devrait être simple. Il est
important que les contribuables comprennent les répercussions des
règles fiscales sur eux-mêmes et sur leurs activités.
La simplicité est un autre critère à la
lumière duquel est jugée l'efficacité du régime
fiscal1. Nous concluons que, le succès des nouveaux
instruments de lutte contre l'évasion fiscale dépend aussi de
leur appropriation par les administrateurs fiscaux.
1 Hind JALAL, ibid., p.103
82
C.- Le contrôle fiscal
239. Pour améliorer notre efficacité et notre
efficience en matière de contrôle, il n'y a pas de secret, il nous
faut :
- Développer nos capacités
à disposer d'informations complètes, fiables et exploitables par
tous ;
- Mettre en place des outils d'analyse de
risque et de ciblage de la fraude ; - Intensifier et optimiser
les contrôles à tous les niveaux1.
240. Le contrôle fiscal constitue la contrepartie normale
de l'obligation faire aux contribuables de produire des déclarations
sincères et exactes de la matière imposable. Il permet à
l'administration de s'assurer du respect de cette obligation et de pouvoir
procéder le cas échéant aux rectifications des bases
d'impositions nécessaires2.
241. La constitution du Maroc révisée en 1996,
stipule dans son article 17 : « Tous (citoyens) supportent en proportions
de leurs facultés contributives, les charges publiques que seule la loi
peut, dans les formes prévues par la présente constitution
créer et répartir ». De la lecture de cet article, il
découle que la constitution énonce implicitement le principe du
contrôle fiscal3.
242. Le système fiscal Marocain a connu une
évolution importante s'appuyant sur une
démarche d'amélioration progressive ayant abouti
:
- En 2005 : l'élaboration du livre des
procédures fiscales (LPF)
- En 2007 : L'édition du code
Général des Impôts CGI, (art 5- LF-N°43-06)
Et depuis ce jour, on a qu'un seul et unique code qui regroupe
toute la fiscalité marocaine.
243. Le contrôle fiscal est la contrepartie du
système déclaratif. L'administration fiscale dispose du pouvoir
de contrôler et de s'assurer de l'exactitude des déclarations
fiscales souscrites par les contribuables ainsi que les autres documents,
pièces ou éléments nécessaires à l'assiette
et à l'établissement des impôts, droits et taxes.
1 Extrait « Discours de M. Omar FARAJ, Ancien
directeur général des impôts, en ouverture des travaux de
la Journée sur le contrôle fiscal, le 11 mai 2015 à
Skhirat. »
2 Michel BOUVIER, Introduction au droit fiscal
général et à la théorie de l'impôt,
10e édition, Paris, p.123.
3 Omar TAOUAB, contrôle fiscal au Maroc,
connaissances et savoirs, Saint- Denis, 2016, p.11
83
1. Le droit de contrôle (art 210 CGI)
244. Le droit de contrôle prévu par l'article 1er
du L.P.F. s'exerce en matière d'impôt sur les
sociétés, d'impôt sur le revenu, de taxe sur la valeur
ajoutée et des droits d'enregistrement1.
a.- Les différentes modalités d'exercice du
contrôle fiscal
245. Le contrôle fiscal peut prendre deux formes, à
savoir le contrôle sur pièces et le contrôle sur place, il
est utile d'apporter un éclaircissement à ces deux notions.
Le contrôle sur pièces : le contrôle au
bureau (Travaux du cabinet) et le contrôle sur place dit
vérification de comptabilité. En outre, le législateur a
institué (en 2007) par le code général des impôts,
un nouveau type de contrôle dit « droit de
constatation2 ».
Le contrôle sur pièces :
246. Le contrôle sur pièces, c'est-à-dire le
contrôle se fait au sein de l'administration, par le système
informatique, il comporte :
- La relance des contribuables les
défaillants ; en matière de déclaration, de paiement, en
matière d'erreur matériel ou d'incohérence.
- Examen des déclarations fiscales et
actes à partir du bureau de l'administration fiscale. -
Régularisation des erreurs matérielles commises dans le
calcul de l'impôt.
Le contrôle sur place :
247. Se fait soit par le biais de ;
Vérification générale (de
comptabilité) : de tous les impôts et taxes se rapportent à
la période non prescrite.
Soit de Vérification ponctuelle : la loi de
finances de 2011 à institué la notion de vérification
ponctuelle qui porte sur, un ou plusieurs impôts ou taxes ou quelques
postes ou opérations se rapportant à une partie ou à toute
la période non prescrite, un exercice, deux exercices...
1 Note circulaire N°716, relative au livre des
procédures fiscales, p.5
2 Omar TAOUAB, ibid., p.13
84
Examen de l'ensemble de la situation fiscale du
contribuable (E.E.S.F.C) :
248. Examen de l'ensemble de la situation fiscale du
contribuable, personne physique, morale ou particulier, cet examen permet de :
contrôle de la cohérence entre le revenu déclaré et
les dépenses du contribuable visée à l'article (216 du
CGI) telles que définies à l'article 29 du même code
lorsque le montant annuel de ces dépenses est supérieur à
240 000 DH (LF 2020).
b.- Objectifs et finalités du contrôle
fiscal
249. Le contrôle fiscal a pour principales
finalités1 :
- Garantir le respect et la bonne application de
la loi fiscale au moyen de l'examen approfondi des déclarations
souscrites par les contribuables. Il revêt alors le caractère
d'une mission pédagogique à l'égard des contribuables
citoyens pour réduire et éviter les erreurs et omissions.
- Garantir une justice sociale dans le sens
où il permet d'assurer une égalité des citoyens devant
l'impôt et devant le financement des charges publiques, en fonction de la
capacité contributive de chacun.
- Garantir une justice économique en
assurant le respect des conditions de la concurrence loyale entre les
opérateurs économiques en assurant leur égalité
devant la charge fiscale, - Eviter la minoration des
rentrées fiscales.
1 Omar TAOUAB, op.cit., p.11-12
85
2. Le dispositif législatif régissant le
contrôle fiscal
a.- Les pouvoirs dévolus à l'administration
fiscale
Droit de contrôle
Présomption de sincérité et
d'exactitude des déclarations
Appréhension des éventuels manquements aux
dispositions de la loi fiscale
Système déclaratif
Préservation des droits du Trésor et de
l'égalité des citoyens devant l'impôt
Finalité
Le droit de contrôle : Contrôle
des déclarations et des actes utilisés pour
l'établissement des impôts, droits et taxes.
Le droit de constatation : Contrôle de
la facturation et la constatation matérielle des éléments
physiques de l'exploitation.
Le droit de communication : Pouvoirs
étendus d'investigation et de communication afin de recueillir toute
information utile à la détermination de l'assiette de
l'impôt.
c.- Les garanties accordées aux contribuables
Avant le contrôle :
250. Le contribuable a le Droit
à la prescription : (art 232 du CGI qui définit le
délai de la prescription) :
- Avis de vérification
accompagné de la charte du contribuable sous peine de nullité de
la procédure : c'est-à-dire le jour où le contribuable
à recevoir l'avis de vérification, obligatoirement il doit
être accompagnée de la charte du contribuable, à
défaut c'est une
86
nullité de procédure (vice de forme), donc
l'administration, elle refus la procédure pour les exercices non
prescrits.
- L'obligation de la formalisation du
début des travaux de contrôle par le biais d'un PV
contresigné par les deux parties (PV de commencement de la
vérification).
Pendant le contrôle :
251. Le contribuable a le droit :
- À l'assistance et au conseil : droit
de faire appel à un (ou plusieurs) conseiller selon le choix des
contribuables,
- Limitation de la durée de
contrôle (3 ou 6 mois) ;
- Obligation d'informer le contribuable de la
clôture des travaux de contrôle (PV de clôture).
Après le contrôle fiscal
:
252. L'obligation d'inviter le contribuable au débat oral
et contradictoire dans un délai de 30
jours suivant la date de clôture de la vérification
(LF 2020) ;
- L'obligation de notification des
résultats de contrôle dans un délai légal (3mois)
suivant la date de clôture ;
- L'obligation de motiver la nature et montant
détaillé des redressements envisagés ;
- Encadrement strict du pouvoir
d'appréciation de l'administration ;
- Définition par le CGI des
irrégularités graves (art 213) ;
- En l'absence de ces
irrégularités, la charge de la preuve incombe à
l'administration.
87
3. Recommandations et suggestions pour l'amélioration
du contrôle fiscal
a.- Les recommandations
253. La direction générale des
impôts proposés des mesures administratives et législatives
pour l'amélioration le processus du contrôle
fiscal1.
§ Mesures administratives :
254. Parmi les mesures administratives on cite
les mesures suivantes :
- Refonte du système d'information des
recoupements ;
- Renforcement de l'exercice du droit de
constatation ;
- Encouragement de la coopération avec
les intermédiaires fiscaux ;
- Industrialisation des taches de saisie des
déclarations fiscales (TVA) ;
- Accélération du
déploiement des applications informatiques dédiées au
contrôle fiscal (S.A.R, P.V.C, A.C.L) ;
- Finalisation et diffusion du guide du
vérificateur et du manuel des procédures ;
- Sensibilisation sur l'engagement du
débat oral contradictoire ;
- Instauration d'une approche qualité
durant toutes les phases du contrôle ;
- Sensibilisation des vérificateurs sur
l'aspect recouvrement ;
§ Mesures législatives :
255. Parmi les mesures législatives on
cite les mesures suivantes :
- Révision du dispositif du droit de
communication et du droit de constatation ;
- Relecture du C.G.I. dans l'objectif d'une
meilleure harmonisation et simplification
des dispositions fiscales ;
- Insertion d'une disposition prévoyant
l'assistance du vérificateur par un expert ;
- Réforme des commissions de recours
(CLT et CNRF).
1 Direction Générale des Impôts,
Synthèse des recommandations pour l'amélioration du
contrôle fiscal, Journée du contrôle fiscal, 11 Mai 2015.
88
256. Le contrôle, tel qu'il est
pratiqué, ne parvient pas à concilier la lutte contre la fraude
fiscale et la garantie des droits des contribuables1.
Une attention particulière est portée à
l'administration fiscale dont les moyens humains et techniques doivent
être renforcés pour lutter efficacement contre la fraude et
l'évasion fiscales. Le sentiment qui se dégage, comme
indiqué précédemment, est que le politique s'est rendu
compte que désormais, l'action doit être concentrée sur
l'administration fiscale et notamment le contrôle fiscal plus que sur la
législation fiscale2.
b.- Suggestions pour améliorer du contrôle
fiscal
§ La négociation entre l'administration
et le contribuable pour trouver un accord à l'amiable :
257. Les affaires réglées à l'amiable
n'ont cessé d'évoluer en nombre et en valeur ces dernières
années, par ce que la politique de l'administration fiscale tend de plus
en plus à rechercher un rendement statistique du contrôle
fiscal.
258. Les implications de ce choix organisationnel, sont
appréhendées à deux niveaux3 :
- L'organisation du contrôle fiscal
répond plus à un choix rationnel, mais non pas d'une
manière optimale à la fonction objective du contrôle
fiscal, celle de lutter contre toutes les formes d'évitement (Action de
se défendre) de l'impôt et crédibiliser le système
déclaratif, mais de faire alimenter les caisses du trésor par des
recettes supplémentaires ;
- Le pouvoir décisionnel du
vérificateur se voit renforcé, vu l'importance de son rôle
dans le processus de négociation des accords à l'amiable. Par ses
pouvoirs, il s'arrange, pour afficher de bonnes performances (bons chiffres)
à concilier entre trois objectifs : Trouver des redressements et pas
tous les redressements, réaliser une moyenne annuelle satisfaisante et
non la meilleure et enfin et aboutir au maximum d'accords et de
recouvrements.
1 Noureddine BENSOUDA, ibid., p.401
2 ibid., p.404
3 Brahim JBARA, ibid., p.69
89
§
Efficacité du Contrôle biaisée par
le recours à la fraude et l'évasion fiscale favorisée par
l'économie informelle :
259. L'administration fiscale, consciente des effets
négatifs de la turbulence de l'environnement, marqué par
l'économie informelle, sur l'efficacité du contrôle fiscal,
a proposé, dans le cadre des différentes lois de finances,
plusieurs mesures de nature à neutraliser progressivement et à
atténuer l'impact de cette turbulence. Certaines de ces mesures
dépassent le cadre purement fiscal et s'identifient davantage à
la réglementation économique (réglementation des ventes en
tournées, obligation d'affichage du N° d'article de l'impôt
des patentes, obligation du paiement par chèque pour les transactions
entre commerçants ou assujettis, obligation de paiement par
chèque entre société « barrée non endossable
»)1.
260. La réussite du contrôle fiscal
nécessite une amélioration des moyens techniques prévus
à son égard. Ces moyens doivent être clairement
définis pour faciliter la tâche de l'inspecteur
vérificateur qui a besoin de toutes les armes pour affronter les
manoeuvres des contribuables frauduleux2.
4. Les sanctions prévues contre l'évasion
fiscale
261. Le principe du droit fiscal réside dans le fait
que le non-respect d'une obligation fiscale doit être
sanctionné3.
Comme le souligne le Conseil d'État dans son
rapport de 1995 consacré aux pouvoirs de l'administration dans
le domaine des sanctions, « les sanctions sont d'une nature
essentiellement répressive. Elles procèdent d'une intention de
punir un manquement à une obligation. Elles se fondent sur un
comportement personnel considéré comme fautif
4».
262. Les mesures préventives prises par le
législateur marocain ont prouvé leur incapacité à
combler la brèche des fraudeurs fiscaux.
Ainsi, le législateur s'est efforcé de mettre en
place d'autres barrières représentées dans la prise de
mesures juridiques à travers plusieurs lois.
1 Brahim JBARA, ibid., p.70
2 Aicha BELMANÇOUR, ibid., p.104
3 Aicha BELMANÇOUR, ibid., p.115
4 Conseil d'Etat, le juge administratif et les
sanctions administratives, Rapport, 09 janvier 2017,
www.conseil-etat.fr
90
En revanche, la réforme fiscale adoptée par le
Maroc ne peut être achevée que si elle s'accompagne d'une
réforme administrative.
263. Dans ce cadre, les sanctions applicables, en
matière fiscale, se subdivisent en deux catégories :
- Les sanctions fiscales
dénommées aussi sanctions administratives,
- Les sanctions pénales.
264. Des sanctions fiscales et pénales sont
applicables en cas de fraude fiscale. Ces mesures principalement
pécuniaires sont prononcées par l'administration fiscale à
l'encontre du contribuable qui tente d'échapper à l'impôt
par tout moyen.
a.- Sanctions fiscales :
265. Les sanctions fiscales se traduisent par des
pénalités en sus de l'impôt déjà payé,
dont les montants varient en fonction de la nature de l'acte frauduleux commis.
Elles ont à la fois un caractère répressif et un
caractère réparateur pour le Trésor public1.
§ Lecture dans l'art Article 187 du CGI
:
266. Les sanctions administratives sont soumises au
contrôle du juge administratif, qui vérifie notamment que les
exigences constitutionnelles et conventionnelles qui s'imposent à cette
forme de répression ont été
respectées2.
Les sanctions administratives sont considérées
comme l'une des tentatives de législateur marocain pour réprimer
la fraude ou évasion fiscale et toutes les pratiques fiscales
dommageable à l'économie national et au développement du
pays.
267. Aux termes de l'article 187 de CGI, concernant la
sanction pour fraude ou complicité de fraude, une amende égale
à 100% du montant de l'impôt éludé est applicable
à toute personne ayant participé aux manoeuvres destinées
à éluder le paiement de l'impôt, assisté ou
conseillé le contribuable dans l'exécution desdites manoeuvres,
indépendamment de l'action disciplinaire si elle exerce une fonction
publique.
- Sanctions pour infraction aux dispositions
relatives à la télé-déclaration ; Une majoration de
1% est applicable sur les droits dus ou qui auraient été dus
en
1 Aicha BELMANÇOUR, ibid., p.115
2 Conseil d'Etat, ibid.,
www.conseil-etat.fr
91
l'absence d'exonération, en cas de non-respect des
obligations de télé-déclaration prévues à
l'article 155 ci-dessus.
- Le montant de la majoration
précitée ne peut être inférieur à mille (1
000) dirhams. - La majoration visée ci-dessus est
recouvrée par voie de rôle sans procédure.
b.- Les sanctions pénales
268. Le principe de l'évasion
n'était donc pas sanctionné par le droit pénal, qui n'y
voyait là que l'appel à la liberté, volonté
inaliénable de chaque être humain. Seules les évasions
liées à d'autres infractions étaient sanctionnées,
en tant que « délits contre l'administration de la
justice1 ».
§ Lecture dans l'article 192 de code
général des impôts :
269. La sanction pénale est considérée
comme le dernier instrument de législateur marocain pour réprimer
la fraude fiscale et toutes les pratiques fiscales dommageable à
l'économie national et au développement du pays.
270. Aux termes de l'article 192 de CGI, est puni d'une amende
de cinq mille (5.000) dirhams à cinquante mille (50.000) dirhams, toute
personne qui, en vue de se soustraire à sa qualité de
contribuable ou au paiement de l'impôt ou en vue d'obtenir des
déductions ou remboursements indus, utilise l'un des moyens suivants
:
- Délivrance ou production de factures
fictives ;
- Production d'écritures comptables
fausses ou fictives ;
- Vente sans factures de manière
répétitive ;
- Soustraction ou destruction de pièces
comptables légalement exigibles ;
- Dissimulation de tout ou partie de l'actif
de la société ou augmentation frauduleuse de son passif en vue
d'organiser son insolvabilité.
271. En cas de récidive, avant l'expiration d'un
délai de cinq (5) ans qui suit un jugement de condamnation à
l'amende précitée, ayant acquis l'autorité de la chose
jugée, le contrevenant est puni, outre de l'amende prévue
ci-dessus, d'une peine d'emprisonnement d'un (1) à trois (3) mois.
1 Damien JOUSSET, ibid., p.14
92
272.
A la lecture de cet article et en la comparant avec d'autres
législations, la première question qui nous heurte c'est celle
relatif à l'étendu de l'efficacité de cet article de
freiner la fraude fiscale et toutes les pratiques fiscales
dommageable1.
c.- Institution des mesures dissuasives
273. Le recouvrement des impôts, droits, taxes et
autres créances dont le receveur de l'administration fiscale est
chargé en vertu des lois et règlements en vigueur, est
effectué dans les conditions et suivant les modalités
prévues par la loi n° 15-97 promulguée par le dahir n°
1-00-175 du 28 moharrem 1421 (3 mai 2000) formant code de recouvrement des
créances publiques.
274. Le recouvrement des créances publiques dans la
législation et la justice marocaines a un lien étroit avec les
différents équipements et secteurs économiques et sociaux
de l'Etat car il se distingue par son caractère technique,
procédural et sa spécificité compulsive.
Le premier article de la loi 15-97 a été
établi en tant que code de recouvrement public sur le concept de
recouvrement par son inclusion dans la définition suivante : « le
recouvrement s'entend de l'ensemble des actions et opérations
entreprises pour obtenir des redevables envers l'Etat, les collectivités
locales et leurs groupements et les établissements publics, le
règlement des créances mises à leur change par les lois et
règlements en vigueur ou résultant de jugements et arrêts
ou de conventions ».
275. Ceci est en rapport avec la définition du terme
« recouvrement ». Quant au concept de dette publique, il est entendu
selon l'article 2 du Code : « Sont considérées comme
créances publiques aux termes de la présente loi :
- Les impôts directs et taxes
assimilées de l'Etat ainsi que la taxe sur la valeur
ajoutée, désignés dans la suite de la
présente loi « impôts et taxes » ;
- Les droits et taxes de douane ;
- Les droits d'enregistrement et de timbre et
taxes assimilées ;
- Les produits et revenus domaniaux ;
- Le produit des exploitations et des
participations financières de l'Etat ;
- Les amendes et condamnations
pécuniaires ;
- Les impôts et taxes des
collectivités locales et de leurs groupements ;
1Youssef ALLAOUI, la fraude fiscale entre le droit et
l'application, Revue internationale du droit des affaires, 06 Décembre
2017.
93
- Et toutes autres créances de l'Etat,
des collectivités locales et de leurs groupements et des
établissements publics dont la perception est confiée aux
comptables chargés du recouvrement, à l'exclusion toutefois des
créances de nature commerciale ».
D.- Le concept de gouvernance fiscale au Maroc
276. Le PNUD définit la gouvernance
comme « l'exercice de l'autorité politique économique et
administrative pour gérer à tous les niveaux les affaires d'un
pays. Elle comprend les processus, les mécanismes et les institutions au
moyen desquels les citoyens et les divers groupes articulant leurs
intérêts, exercent leur doit, assument leurs obligations et
négocient leurs différents1 ».
1. Les principaux critiques d'un système
fiscal
277. Les critiques les plus importantes du
système fiscal peuvent être résumées dans les
points suivants :
- Pression financière
élevée ;
- Changements fréquents et
instabilité de la législation fiscale ;
- La complexité des textes fiscaux ;
- Exonérations fréquentes ;
- Faibles impôts directs ;
- Manque de communication avec les
contribuables2 ...
2. Les indicateurs de la bonne gouvernance fiscale
278. Les indicateurs de la bonne gouvernance
fiscale demeurent toujours un « état idéal de la gouvernance
» à cogiter constamment et à développer davantage.
Cet état nécessite : - Processus politique
transparent, prévisible et ouvert,
- Administration imprégnée d'une
éthique professionnelle,
1 Mohamed HARAKAT, ibid., p.434
2 11-10.Õ
ÞÈÇÓáÇ
ÚÌÑãáÇ Óä
ÒÇÏæÈ
ãíÑßáÇ ÏÈÚ
94
- Politiciens responsables de leurs actions
(imputabilité ou reddition des comptes),
- Participation de la société
civile dans les affaires publiques,
- Procédures et institutions
régies par la règle de droit (non par
l'arbitraire)1.
1 Mohamed HARAKAT, ibid., p.436
95
SECTION 2 - LES MOYENS JURIDICTIONNELS OU AUTRES
Paragraphe 1 - Les moyens juridictionnels
A.- Le rôle de la juridiction fiscale et le juge
fiscal
279. Le principe de l'imposition découle de l'article 8
de la déclaration des Droits de l'homme et du citoyen1.
La loi fiscale vise à établir un équilibre
entre l'administration fiscale et les droits des obligés et à
garantir les droits du trésor en plus de parvenir à un
équilibre lors de la diffusion dans le litige fiscal.
280. La juridiction fiscale devrait être plus
qualifiée afin de parvenir à un équilibre lors de la
diffusion du litige fiscal. Cependant, cela exige un grand défi pour
surmonter les contraintes liées au règlement des litiges fiscaux,
ce qui exige :
- Faciliter les litiges fiscaux,
- Règlement du litige de compétence devant le
tribunal fiscal,
- Ainsi que, créer une juridiction fiscale
spécialisée2.
281. Théoriquement, le juge fiscal joue
un rôle important dans la résolution des litiges3, qui
peuvent naître entre l'administration fiscale et le contribuable (ou
entreprise). Cet acteur contribue à la gestion des risques fiscaux du
contribuable même s'il s'agit d'une gestion curative et non
préventive4.
Le juge fiscal (ou administratif), joue un rôle positif et
tangible en orientant l'affaire de manière correcte, en s'appuyant sur
des recours judiciaires et certaines méthodes d'interprétation,
et en parallèle, le législateur fiscal s'emploie à
accorder plusieurs garanties afin de parvenir à une justice fiscale
fondée sur préserver l'équilibre entre
l'intérêt de
1Art. 8 de la déclaration des Droits de
l'Homme et du Citoyen de 1789 ; « La Loi ne doit établir que des
peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut
être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée
antérieurement au délit, et légalement appliquée
».
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3 Mouna GUEDRIB BEN ABDERRAHMEN, Impact des
mécanismes internes de gouvernance sur le risque fiscal : Une
étude menée dans le contentieux Tunisien, Thèse, 12 juin
2013, p.218
4Mouna GUEDRIB BEN ABDERRAHMEN, ibid., p.218
96
l'administration et l'intérêt des particuliers parmi
son droit de poursuivre l'administration, que ce soit sur la base de
l'impôt ou de sa perception1.
282. La problématique c'est la
tolérance du juge à l'évasion et fraude fiscale, ce qu'on
appelle l'amnistie fiscale qui : « consiste une incitation pour les
contribuables à se mettre volontairement en règle avec la loi
fiscale sans que leur attitude passée puisse leur être
opposés2 ».
B.- Le rôle de la Cour des comptes
283. La Cour des comptes en vertu de la
constitution3, est la mission de contrôle supérieur des
finances publiques.
a.- Missions et attributions de la Cours des comptes du
Royaume
284. Selon l'Art 2 et 3 de la loi 62-99 formant
code des juridictions financières, les missions de Cour des comptes sont
les suivants :
- Vérification et jugement des comptes ;
- Gestion de fait ;
- Discipline budgétaire et financière ;
- Contrôle des actes budgétaires ;
- Contrôle de la gestion ;
- Déclaration obligatoire du patrimoine ;
- Audit des comptes des partis politiques ;
- Assistance au parlement, au gouvernement et aux instances
judicaires.
b.- Rapport annuel au titre de l'année 2018
285. Au titre de l'année 2018, la Cour
des comptes a réalisé 50 missions de contrôle de la gestion
des organismes publics et d'évaluation des programmes publics. Les
chambres de la Cour des comptes ont rendu 185 arrêts en matière de
vérification et jugement des comptes
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www.almanhal.com
2 Noureddine BENSOUDA, op.cit., p.401
3 Pour plus de précisions, voir l'article 96 et
97 de la Constitution.
97
et 15 arrêts en matière de discipline
budgétaire et financière. En même temps, le procureur
général du Roi près la Cour des comptes a saisi le
ministre de la justice pour 8 affaires de nature à justifier une
sanction pénale.
286. Quant aux principales réalisations des Cours
régionales des comptes, elles consistent en l'exécution de 224
missions de contrôle de la gestion portant sur des collectivités
territoriales, des établissements publics locaux et des
sociétés de gestion déléguée. Par ailleurs,
1.963 arrêts définitifs ont été rendus en
matière de vérification et de jugement des comptes et 53
jugements en matière de discipline budgétaire et
financière.
287. De même, les juridictions financières ont
poursuivi l'opération de réception des déclarations
obligatoires de patrimoine, en recevant en 2018 un total de 9.387
déclarations, dont 8.461 déposées auprès des Cours
régionales des comptes, portant ainsi le nombre total des
déclarations reçues par les juridictions financières
depuis 2010 à 231.4131.
C.- Réforme des lois fiscales : Simplifier et
stabiliser la norme fiscale
288. Le système fiscal trouve ses origines dans les lois
qui sont établies par les gouvernements et votées par les
parlements. La nécessité du système fiscal pour l'Etat est
déjà reconnue dans la déclaration des droits de l'homme et
du citoyen de 17892.
1. L'évolution du système fiscal
marocain
289. La réforme fiscale marocaine s'inscrit dans le
cadre global de la réforme des finances publiques marocaines comprenant
la réforme de la loi organique relative à la loi de finances la
réforme du système de compensation, la réforme des
finances locale en perspective de la régionalisation avancée et
celle de la fiscalité3.
290. D'une manière générale, la loi
fiscale et ses textes d'application conservent, involontairement ou sciemment,
une large fenêtre d'appréciation sur certains aspects de
l'impôt, ce qui offre au contribuable une multitude de
possibilités pour échapper au
1Le rapport annuel du Cour des comptes pour
l'année 2018,
www.courdescomptes.ma
2 Mohamed RIGAR, ibid., p.21
3 ELHARRANE Lalla Mérieme, la réforme
fiscale au Maroc, Casablanca, Revue Espace Géographique et
Société Marocaine N°14/2016, p.93
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99
prélèvement, comme à l'administration des
pouvoirs étendus pour l'en empêcher ou, à défaut, le
sanctionner1.
291.La réduction de l'évasion
fiscale doit commencer par réformer le système fiscal en
corrigeant les lacunes juridiques et en qualifiant les textes juridiques pour
les rendre faciles à comprendre, simples en termes d'application et de
travail.
2. Simplifier et stabiliser la norme fiscale
292.La première source d'incertitude
pour le contribuable se situe en effet dans l'instabilité, la
complexité et l'effet rétroactif des textes et la
tardiveté de leur interprétation par voie
d'instructions2.
293.Les changements fréquents de la
loi et les difficultés qui apparaissent lorsqu'il s'agit de
l'interpréter constituent une source de risque pour l'ensemble des
contribuables dans leur relation avec l'administration fiscale comme dans
l'appréhension de la dimension fiscale d'un projet
économique3.
294. L'interprétation des textes
juridiques et la définition de l'intention du législateur
à partir de ceux-ci n'a de place que si ces textes sont vagues ou
enveloppés d'ambiguïté pouvant conduire à une
différence dans la compréhension de leur contenu, ce qui oblige
alors le pouvoir judiciaire à intervenir pour résoudre cette
ambigüité en application de ces textes aux faits qui lui sont
présentés sous le contrôle de la Cour de
cassation4.
295.Par conséquent, les propositions
visent à clarifier et à établir la norme en fournissant un
cadre pour la production de textes à travers la Constitution et la loi
organique, et à rendre leur interprétation future par
l'administration plus prévisible par les contribuables, notamment en
continuant à développer la pratique du rescrit.
1 RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi, ibid., p.343
2Olivier FOUQUET, président de Section au
Conseil d'Etat, améliorer la sécurité juridique des
relations entre l'administration fiscale et les contribuables : une nouvelle
approche, Rapport, Paris, juin 2008, p.5
3 Olivier FOUQUET, ibid., p.7
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D.- Intégration entre les réformes fiscales
et pénales
1. Les Recommandations de la première
conférence internationale sur les sciences criminelles
296. La première conférence
scientifique internationale accueillie par la ville d'Agadir, le 26 janvier
2017, et qui a été organisé par l'Université d'Ibn
Zouhr en partenariat avec l'Association jordanienne d'études et de
recherches criminelles et le Bureau régional des juges Hassania à
Agadir, cette conférence a été l'occasion de susciter une
discussion pratique calme et sobre sur les enjeux actuels de la politique
pénale au Maroc, qui s'est conclue par un ensemble de recommandations
:
- Reformuler les articles 192 à 231 du
code général des impôts,
- Créer un comité consultatif pour
examiner les infractions pénales,
- Lever les pénalités dans la
mesure du raisonnable,
- Mettre en place un arsenal pénal avec
des peines plus sévères pour la criminalité
financière1.
2. Les recommandations de l'assise nationale sur la
fiscalité 2019
297. Les assises, dont l'objectif déclaré est
de définir un cadre d'orientation de la politique
fiscale2.
Les différentes assises nationales sur la
fiscalité (2009, 2013 et 2019) ont toutes recommandées la
nécessité de se doter d'une vision claire au sujet de la
réforme fiscale qui doit être inscrite dans le cadre d'une
politique socio-économique globale3.
298. Dans ce qui suit, nous présenterons un
résumé des recommandations de la Troisième édition
des assises nationales sur la fiscalité tenue à SKHIRAT (le 03 et
04 Mai 2019), où le débat a mis l'accent sur le principe de
l'équité fiscal et la réforme du système fiscal
national.
299. Voici un résumé des propositions et des
discussions qui ont incarné la vision politique du gouvernement :
1Rapport sur la première conférence
scientifique internationale accueillie par la ville d'Agadir 26 janvier
2017.
2Mémorandum : Justice fiscale au Maroc, ibid.,
p.1 3Lotfi BENAZZOU et Rachid ZOUBAIR, ibid., p.11
100
En ce qui concerne les droits fondamentaux du
contribuable :
Consacrer dans le texte fiscal l'équilibre des droits
et des obligations entre l'administration fiscale et le contribuable ;
Intégrer la fiscalité de l'Etat, la fiscalité locale et la
parafiscalité dans un seul Code Général des
Impôts.
En matière de rationalité économique
du système fiscal :
Garantir la neutralité de la TVA par la suppression de
l'effet du butoir sous conditions de la conformité et de
l'élargissement de l'assiette ; Baisser le taux marginal de l'IS
à 20% pour le secteur de l'industrie et des hautes technologies
innovantes.
Baisser le taux marginal de l'IS à 20% pour le secteur
de l'industrie et des hautes technologies innovantes ; Simplifier la
fiscalité locale et harmoniser ses bases d'imposition et ses
procédures avec la fiscalité de l'Etat ; Regrouper l'impôt
sur le revenu et la taxe professionnelle dans une contribution professionnelle
unique.
Concernant la cohésion et l'inclusion sociales
:
Réaménager le barème de l'IR au fur et
à mesure de l'élargissement de l'assiette de cet impôt et
l'amélioration de la part de l'IR professionnel.
Sur le plan de la gouvernance :
Accélérer la modernisation de l'administration
fiscale par le parachèvement de la dématérialisation, la
professionnalisation des métiers et la promotion des valeurs
d'éthique et de transparence1.
Paragraphe 2 -Autres mesures
A.- Renforcement du civisme fiscal
300. Le civisme fiscal renvoie à
l'idée d'un contribuable qui accomplit volontairement ses obligations
fiscales. Qui se conforme à la loi dans l'accomplissement de se devoir
fiscal2. Pour sensibiliser le contribuable à l'importance de
l'accomplissement de son « devoir fiscal » dans le cadre d'une
discussion plus « déontologique » relative à la fraude
et l'évasion fiscales, il faut sans doute faire preuve de «
pédagogie » pour aller à rebours de la «
démagogie » de ceux qui ne voient l'impôt que comme la
négation de la propriété
1Synthèse sur Les
recommandations de la Troisième édition des assises nationales
sur la fiscalité tenue à SKHIRAT (le 03 et 04 Mai 2019)
2Etude sur les facteurs explicatifs de l'incivisme
fiscal au Burkina Faso et les modalités d'incitations aux paiements des
impôts, ibid., p.12
101
individuelle sans lui prêter la moindre justification
(même dans son principe) et qui trouvent par conséquent en
revanche à la fraude fiscale, et donc a fortiori à
l'évasion, les excuses les plus absolues ou
catégoriques1.
301. Cette théorie repose sur le postulat que la
confiance est déterminée par la mesure dans laquelle le
système fiscal, notamment l'approche adoptée en matière de
facilitation et d'application de la législation fiscale, présente
des caractéristiques de justice, d'équité, de
réciprocité et de responsabilité2.
Un système fiscal équitable est un
système qui renforce les liens de solidarité au sein de la
société et améliore ainsi la cohésion nationale.
Ainsi, le civisme fiscal déjà fragile est mis
à rude épreuve par de telles structures économiques
propices à l'évasion et la fraude fiscales
1. Légitimité de l'impôt
302. Le contribuable est très soucieux de
l'utilisation qui est faite de l'argent public, il se considère beaucoup
plus comme un client que comme l'usager d'un bien collectif. La
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 stipule dans
l'article 14 que « Tous les Citoyens ont le droit de constater, par
eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité
de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi,
et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la
durée ». C'est à ce titre que l'administration fiscale doit
lui démontrer que c'est pour le bien commun, que l'impôt doit
être collecté, en fait, pour bénéficier de
différents services offerts par l'État, il faut payer son
impôt.
303. De l'autre côté, l'Administration fiscale a
opté pour des mesures radicales, voire expéditives. Expressions
de la réciprocité négative (Chanial, 2008), et plus
particulièrement de la réciprocité de vengeance, il s'agit
des résistances fiscales et des pénalités fiscales, au
sens large du terme. Parmi les résistances du contribuable, on compte la
fraude fiscale, l'évasion fiscale internationale (Bouvier, 2010), les
révoltes fiscales etc.. 3.
1Aymeric NOLLET, ibid., p.174
2OCDE, Document de consultation publique, quels sont
les déterminants du civisme fiscal ? ibid., p.12 3RGUIG
Mohammed et GUEMMI Faouzi, ibid., p.349
102
2. Développement du civisme fiscal au Maroc
304. Toujours vers un civisme efficace, fin juin 2015
à Rabat, le Maroc a été signé la Convention
d'externalisation des actes de notification et de recouvrement entre la DGI et
l'ONHI : cette convention vise l'amélioration du recouvrement des
impôts dans le respect des droits et garanties du contribuable.
L'efficacité d'un système ne s'apprécie
pas seulement par rapport à ses « niveaux » de performance
mais aussi à ses structure1.
La lutte contre le sentiment d'infériorité du
contribuable face à l'administration : clés de
l'amélioration de leurs relations.
305. L'administration fiscale doit inclure la transparence
fiscale et l'équité pour parvenir à la justice sociale.
C'est une condition préalable pour développer un civisme fiscal
efficace chez les contribuables. Ainsi, doivent avoir l'information qu'il faut
sur les impôts, après l'information, il faut passer à
l'étape supérieure, qui consiste à éduquer les
contribuables, il faut faciliter l'impôt et renforcer le contrôle
fiscal.
L'administration doit tout faire pour éduquer les
contribuables, notamment :
Eduquer au niveau de contrôle fiscal, au niveau de
légitimité et sur le bien-fondé l'impôt.
L'intérêt ici est de faire comprendre aux contribuables ce qu'est
l'impôt, son rôle et sa finalité2.
306. En fin, le civisme fiscal est un état d'esprit
dont le contribuable devrait le considérer comme une obligation
formelle. Ainsi, le civisme fiscal peut jouer un rôle efficace dans la
lutte contre l'évasion fiscale.
B.- Le rôle de la conscience fiscale :
307. Les informations fiscales spécialisées
reposent sur deux piliers principaux :
- Article spécialisé : Il s'agit des lois
fiscales et des instructions émises par l'administration fiscale
générale sur la manière de mettre en oeuvre ces lois.
- Public de niche : Il comprend tous les contribuables
corporatifs et particuliers3.
308. Il peut être indiqué quelques
remarques sur les médias fiscaux spécialisés :
1RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi, ibid., p.352
2RGUIG Mohammed et GUEMMI Faouzi, ibid., p.353
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103
- Il est urgent d'informer le public des lois
fiscales applicables et des instructions pour leur mise en oeuvre,
- Il se caractérise par
l'honnêteté, l'exactitude et la présentation de faits
cohérents et d'informations correctes sur diverses questions fiscales,
d'une manière visant à l'explication, la simplification et la
clarification.
- Il vise à éduquer les gens et
à accroître leur sensibilisation à la
fiscalité1.
309. Pour que le programme de réforme fiscale
réussisse, les citoyens doivent être conscients que les
impôts prélevés sur eux seront dépensés pour
leurs intérêts dans les services publics et les
investissements.
Les contribuables ne peuvent changer leur comportement
qu'après l'initiative d'élever leur niveau de réflexion.
C'est la raison principale du principe de la conscience fiscale.
Plus la conscience fiscale des contribuables est
élevée, plus la motivation à se soustraire est faible, et
vice versa.
La conscience fiscale vise également, à motiver
les membres de la société à s'acquitter de leurs
obligations fiscales conformément aux dispositions de la loi, afin
d'éviter de tomber sous le coup de sanctions et de procédures
judiciaires.
310. Depuis 2005, la DGI a commencé à publier
des rapports estimant les manques à gagner par type d'impôt, par
secteur d'activité et par bénéficiaire. L'objectif est de
sensibiliser l'opinion publique (notamment les élus) sur un potentiel de
ressources qui échappe au budget de l'Etat afin de réagir en
faveur de la réduction de ces dépenses2.
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2Meryem CHIADMI, Mohamed KARIM et Meriem OBADA, ibid.,
p.16
104
CHAPITRE 2
LA LUTTE CONTRE L'EVASION FISCALE SUR LE
PLAN INTERNATIONAL
311. Dans ce chapitre, nous verrons les
outils juridiques et administratifs de coopération entre Etats dans le
cadre du droit fiscal international et européen, mais aussi les limites
du positionnement de la nouvelle régulation internationale de
l'évasion, tant au niveau de l'OCDE que de l'UE.
Qui sont les moyens pour lutter contre
l'évasion fiscale aux niveaux européen et international
?
SECTION 1 - LE ROLE DU DROIT INTERNATIONAL DANS LA
LUTTE CONTRE L'EVASION
FISCALE
312. Les actions visant à lutter contre
l'évasion et la fraude fiscales ont également été
qualifiées de prioritaires par l'Union européenne. Lors d'un
discours prononcé devant le Parlement européen en avril 2014,
Algirdas EMETA1, le commissaire européen
chargé de la fiscalité, a expliqué que cet enjeu
redevenait une priorité politique2.
313. En Europe, la question de la lutte contre l'évasion
fiscale s'est également accrue. Par ce que la législation fiscale
européenne concerne spécifiquement les entreprises
multinationales.
L'Union Européenne a déjà adopté
l'obligation de transparence comptable pour le secteur bancaire et a
adopté une directive en 2016 l'étendant à toutes les
grandes entreprises constituées en Europe.
314. L'OCDE mène le projet BEPS (Erosion de la base
d'imposition et transfert de bénéfices). Il consiste en la mise
en oeuvre d'une quinzaine de recommandations validées par le G20 en 2015
qui reposent sur 3 piliers : Cohérence des activités
transnationales avec
1 Algirdas Gediminas emeta, né le 23 avril
1962 à Vilnius, est un homme politique lituanien, Ancien Commissaire
européen à la fiscalité, à l'union
douanière, à l'audit et à la lutte anti-fraude.Il est
actuellement commissaire européen à l'Union douanière,
après avoir été brièvement chargé du Budget
pendant la seconde moitié de l'année 2009.
2L'impact de l'austérité sur la
collecte de l'impôt : un an plus tard, la situation continue d'empirer,
un rapport rédigé pour la fédération syndicale
européenne des services publics par le labour research department, EPSU,
Novembre 2014, p.7
105
les lois domestiques, renforcement des règles
comptables et fiscales internationales et amélioration de la
transparence.
Paragraphe 1-Mesures internationales pour éviter
l'évasion fiscale
315. OCDE, un acteur majeur de la lutte contre les pratiques
fiscales dommageables.
A.- Le rôle de l'OCDE dans la lutte contre
l'évasion fiscale internationale
316. L'objectif des travaux de l'OCDE dans le domaine des
pratiques fiscales dommageables est d'assurer l'intégrité des
systèmes fiscaux entrainant les problèmes posés par les
régimes appliqués aux activités mobiles qui
réduisent de façon inéquitable les bases d'imposition
d'autres pays, et qui peuvent fausser la localisation du capital et des
services1.
317. L'OCDE a créé en 2000 le groupe de travail
du Forum mondial pour un échange effectif de renseignements et a
recommandé dès 2002 un modèle de convention sur
l'échange efficace de renseignements2.
1. L'origine des travaux de l'OCDE dans la lutte contre
les inégalités fiscales
318. En 1998, l'OCDE crée le « Forum sur les
pratiques fiscales dommageables » qui produira des rapports
préconisant des mesures concrètes3.
Les travaux relatifs aux pratiques fiscales dommageables
étaient divisés en trois volets : Les régimes
préférentiels dans les pays membres de l'OCDE, les paradis
fiscaux et, les économies non-membres de l'OCDE4.
319. Ce rapport a été suivi de quatre rapports
d'étape :
- Le premier rapport, publié en juin 2000
(OCDE, 2000), décrivait les progrès réalisés,
- Un deuxième rapport d'étape a
été diffusé en 2001 (OCDE, 2001). Il apportait plusieurs
modifications notables aux aspects des travaux concernant les paradis
fiscaux,
1 Rapport d'étape 2014, ibid., p.14
2 Antoine DULIN, ibid., p.43
3 Antoine DULIN, ibid., p.43
4 Rapport d'étape 2014, ibid., p.17
106
- De 2000 à 2004, on a formulé
des indications génériques, sous forme de notes «
d'application », pour aider les pays membres à effectuer l'examen
des régimes préférentiels existants ou futurs.
320. Au début de 2004, l'OCDE a publié un autre
rapport (OCDE, 2004b), consacré surtout aux progrès
effectués vers la suppression des aspects dommageables des
régimes préférentiels des pays membres de l'OCDE ainsi
qu'à apprécier la présence éventuelle de l'un des
facteurs cités dans le Rapport de 1998.
321. Enfin, un rapport sur les régimes
préférentiels des pays membres a été diffusé
en septembre 2006 (OCDE, 2006). Des 47 régimes considérés
au départ comme potentiellement dommageables par le rapport de 2000, 46
avaient été abolis, modifiés ou n'étaient plus
jugés dommageables à la suite d'une analyse plus
approfondi1.
Le Conseil de l'OCDE a chargé le Comité des
affaires fiscales de lui rendre compte périodiquement des
résultats de ses travaux.
a.- Centre de politique et d'administration fiscales
(CPAF)
322. L'OCDE a renforcé ses travaux dans le domaine de
la fiscalité et du développement : le CPAF est le pivot de
l'ensemble des travaux de l'OCDE en matière de
fiscalité2.
323. Le CPAF soutient activement les pouvoirs publics dans la
mise en oeuvre des normes fiscales3.
Le CPAF met de plus en plus l'accent sur le renforcement des
capacités des administrations fiscales des pays en développement,
tout en renforçant dans le même temps la coopération avec
les organisations internationales et régionales4.Il continue
d'étoffer ses travaux sur les statistiques des recettes publiques et
contribue à trouver des solutions face aux défis fiscaux
posés par la transformation numérique de
l'économie5.
1 Rapport d'étape 2014, ibid., p.17
2 Les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement, 2019, p.11
3 Les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement, 2019, ibid., p.12
4 Les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement, 2019, ibid., p.12
5 Les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement, 2019, ibid., p.12
107
b.- Les travaux du FHTP
324. Les travaux du FHTP (Forum on Harmful Tax Practices)
sont donc centrés sur les régimes fiscaux
préférentiels et les mesures défensives1.
Les régimes préférentiels conçus
pour attirer les investissements dans des usines, bâtiments et biens
d'équipement ne rentrent pas dans le cadre du Rapport de 1998.
325. Le régime doit d'abord s'appliquer à un
revenu émanant d'activités géographiquement mobiles,
telles que les activités financières et les autres prestations de
service, y compris la fourniture de biens incorporels2.
Deuxièmement, le régime doit concerner
l'imposition dudit revenu tiré d'activités
géographiquement mobiles. Les travaux portent donc essentiellement sur
la fiscalité des entreprises. Les impôts sur la consommation sont
explicitement exclus3.
326. Le FHTP examine spécifiquement comment un
régime donné se situe par rapport à ces facteurs. Il ne
tente pas de refaire le travail du Forum mondial, qui a une vision plus large
et plus générale de la transparence et de l'échange
effectif de renseignements. Toutefois, dans la mesure où le Forum
mondial met en lumière certaines questions concernant un régime
en particulier, le FHTP en tient compte dans ses
évaluations4.
2. Le rôle de l'OCDE
327. L'OCDE a un rôle déterminant à jouer
en aidant les pays en développement à collecter les recettes
intérieures nécessaires au financement de leur
développement durable5. La fiscalité figurait alors en
tête des préoccupations6.
Les travaux de l'OCDE en matière de fiscalité
ont toujours visé à éliminer la double
imposition7.
328. L'objectif des travaux de l'OCDE dans le domaine des
pratiques fiscales dommageables est d'assurer l'intégrité des
systèmes fiscaux entrainant les problèmes posés par les
régimes
1 Rapport d'étape 2014, ibid., p.19
2 Action 5 : Rapport final 2015 : Projet OCDE/G20
sur l'érosion de la base d'imposition et le transfert de
bénéfices « Lutter plus efficacement contre les pratiques
fiscales dommageables, en prenant en compte la transparence et la substance
», p.21
3 Action 5 : ibid., p.
4 Rapport d'étape 2014, ibid., p.25
5 Les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement, ibid., p.5
6 Les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement, ibid., p.6
7 OCDE, l'imposition des entreprises multinationales,
Note de synthèse, octobre 2015, N°3
108
appliqués aux activités mobiles qui
réduisent de façon inéquitable les bases d'imposition
d'autres pays, et qui peuvent fausser la localisation du capital et des
services1.
329. Dans le même temps, les médias ont
commencé à faire largement écho aux questions de
fiscalité, en révélant notamment que des multinationales
exploitaient les faiblesses du système fiscal international pour payer
le moins d'impôts possible dans les pays où elles
exerçaient leurs activités, et que les particuliers pouvaient
recourir à certaines stratégies pour dissimuler leurs actifs
à l'étranger2.
330. L'Organisation a fondé son approche sur :
- L'élaboration de normes solides de
transparence fiscale ;
- La promotion de l'adhésion à
ces normes de manière à garantir des règles du jeu
équitable pour tous ;
- L'accompagnement des pays dans la mise en
oeuvre des programmes fiscaux ; - Et le suivi des
progrès réalisés au regard des engagements
pris3.
331. En améliorant la transparence, en luttant contre
la fraude et l'évasion fiscales, en renforçant la politique
fiscale, et, de plus en plus, en exploitant les possibilités offertes de
mettre la fiscalité au service du développement4.
Le phénomène de BEPS porte atteinte à
l'équité et l'intégrité des systèmes
fiscaux5. Selon les estimations prudentes de l'OCDE, les pratiques
de BEPS représentent chaque année 100 à 240 milliards USD
de manque à gagner fiscal au titre de l'impôt sur les
bénéfices des sociétés6.
a.- Projet OCDE/G20
332. Le projet G20 intitulé : « lutter plus
efficacement contre les pratiques fiscales dommageables, en prenant en compte
la transparence et la substance ».
En 2013, les pays de l'OCDE et du G20, oeuvrant sur un pied
d'égalité, ont adopté un Plan d'action en 15 points visant
à lutter contre l'érosion de la base d'imposition et le transfert
de bénéfices7.
1 Rapport d'étape 2014, ibid.14
2Les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement, ibid., p.7 3Les travaux
de l'OCDE dans le domaine de la fiscalité et du développement,
ibid., p.7 4Les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement, ibid., p.7 5Les travaux
de l'OCDE dans le domaine de la fiscalité et du développement,
ibid., p.13 6Les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement, ibid., p.13 7Rapport
d'étape 2014, ibid., p.3
109
333.
Par ailleurs, les pays de l'OCDE et duG20 ont adopté un
rapport qui conclut à la faisabilité de la mise en oeuvre des
mesures arrêtées dans le cadre du Projet BEPS par le biais d'un
instrument multilatéral1.
334. Le premier volet du travail proposé au G20
était de mettre fin au secret bancaire a rappelé M.
Pascal Saint Amans, directeur du centre politique et
d'administration fiscale de l'OCDE lors de son audition devant la
section2.
Pour lui, le but est atteint puisque « tous les paradis
fiscaux prennent l'engagement de faire de l'échange automatique de
renseignements bancaires à compter de 2017 dans quelques mois ou 2018.
Tous les pays ont pris cet engagement y compris le Panama dans la semaine qui a
suivi les Panama papers. La Suisse, Singapour, Hong-Kong et d'autres
l'ont fait3 ».
335. L'OCDE a été mandatée par le G20
pour préconiser des révisions drastiques des
réglementations régissant les relations entre les
États4.
b.- La loi FATCA
336. La loi « FATCA » (Foreign Account Tax
Compliance Act) a été adoptée par les États Unis en
20105.Est une réglementation américaine visant
à lutter contre l'évasion fiscale des citoyens et
résidents américains détenant des actifs financiers en
dehors des Etats-Unis6, oblige tous les établissements
financiers de la planète à déclarer les revenus et
à remonter toutes les informations relatives aux contribuables
américains résidents à l'étranger7.
337. FATCA combat l'évasion fiscale en s'appuyant sur
des tiers pour la déclaration des revenus. Si ce mécanisme est
classique en droit interne, il est bien plus rare dans un contexte
international8.
Cette loi établit un échange automatique de
données entre le fisc américain et les banques
étrangères du monde entier9.
1Rapport d'étape 2014, ibid., p.4
2Antoine DULIN, ibid., p.43
3 Antoine DULIN, ibid., p.43
4 Les frères BOCQUET, ibid., p.139
5 Antoine DULIN, ibid., p.44
6 Loi FATCA : BANK OFAFRICA,
www.bankofafrica.ma
7Synthèse sur la loi FATCA
8Candice ROUSSIEAU, l'échange automatique
d'informations en matière fiscale dans le contexte
international, Revue internationale de droit économique,
2016, p.366
9 Antoine DULIN, ibid., p.44
110
338.
Le décret-loi sur l'échange automatique
d'informations à des fins fiscales est officiellement entré en
vigueur au Maroc. Après sa ratification par le Parlement, il vient
d'être publié au Bulletin officiel n°6702 du 23 août
20181.
Les implications de la loi américaine FATCA au Maroc
touchent à deux niveaux :
- Les banques et les établissements
financiers doivent adapter leurs systèmes d'information pour garantir
l'intégrité et la cohérence des données
échangées par voie électronique.
- Devant les contraintes de la loi, le Maroc
a mis en place une mesure d'accompagnement qui est l'amnistie fiscale
pour les personnes physiques résidentes2.
339. La loi dite « FATCA » vise à assurer
une transparence totale de la part de banques étrangères dans
lesquelles des contribuables ayant des liens avec les États-Unis
détiendraient des comptes. Elle se traduit à l'échelle
internationale par la signature d'accords internationaux qui garantissent un
échange d'informations sous peine de se voir appliquer un taux
d'imposition plus élevé aux États-Unis3.
B.- Les mesures du plan BEPS
340. Un autre aspect de la lutte contre
l'ambiguïté fiscale : un ensemble de recommandations pour
arrêter l'érosion de l'assiette fiscale et le transfert de
bénéfices (BEPS).
Le projet BEPS, lancé effectivement en 2013, a pour
finalité de « combler les décalages entre les règles
fiscales des différents pays qui sont utilisés par les
entreprises multinationales pour transférer légalement, mais
artificiellement, des bénéfices vers des pays à
fiscalité faible ou nulle4 ».
341. La finalité du projet BEPS est donc de
rétablir cette confiance et de garantir une concurrence loyale entre
l'ensemble des acteurs, tout en préservant la nécessité
d'éliminer les situations de double imposition5.
342. Le projet a acquis une forte légitimité,
ses recommandations sont adoptées dans nombre de pays et permettent de
couvrir le champ de l'optimisation fiscale agressive :
1 Synthèse sur la loi FATCA
2 Synthèse sur la loi FATCA
3 Antoine DULIN, ibid. p.44
4 Antoine DULIN, ibid., p.44
5 OCDE, Note de synthèse, ibid.
111
- Relever les défis fiscaux posés
par l'économie numérique ; - Neutraliser les
effets des montages hybrides ;
- Renforcer les règles relatives aux
sociétés étrangères contrôlées ;
- Lutter plus efficacement contre les pratiques
fiscales dommageables, en prenant en
compte la transparence et la substance ;
- Empêcher l'utilisation abusive des
conventions fiscales ;
- Empêcher les mesures visant à
éviter artificiellement le statut d'établissement stable
;
- Faire en sorte que les prix de transfert
calculés soient conformes à la création de
valeur ;
- Elaborer un instrument multilatéral
pour modifier les conventions fiscales1.
343. L'ensemble des mesures BEPS vise à
améliorer la cohérence du droit fiscal international, à
faire en sorte qu'il corresponde davantage à la réalité
économique et à instaurer un environnement plus
transparent2.
344. Lorsqu'elles seront appliquées, les mesures ;
- Amélioreront la cohérence
des règles fiscales entre les pays, renforceront les exigences relatives
à la substance des activités et : les règles applicables
en matière de prix de transfert ont été
améliorées afin de s'assurer que les résultats soient en
phase avec la réalité des activités économiques.
- Garantiront plus de transparence et de
sécurité juridique : Programme PEPS, des mesures prises, des
recommandations ont été formulées concernant les
règles relatives à la communication obligatoire
d'informations3.
345. Le plan BEPS de l'OCDE a mis en place les instruments
d'une nouvelle régulation de l'optimisation fiscale
internationale4.
1 Antoine DULIN, ibid., p.44
2 OCDE, Note de synthèse, ibid.
3 OCDE, Note de synthèse, ibid.
4 Marc LEROY, Réflexions sur la lutte contre
l'évasion fiscale internationale, GFP N°5-2019/Septembre-Octobre
2019, p.44
112
Paragraphe 2 -La régularisation internationale
de l'évasion fiscale
A.- La remise en cause du secret bancaire : les banques
comme moyen de lutter
346. En 2012, l'OCDE a présenté au G20 le rapport
« échange automatique de renseignements, qui résume les
principales caractéristiques d'un modèle efficace
d'échange automatique »1.
Il y a des pays qui refusent la déclaration de leurs
renseignements, notamment la Suisse. Par la suite, la loi FATCA, oblige les
banques à déclarer les Américains titulaires de comptes
financiers à l'administration fiscale américaine.
347. Depuis 2018, tous les États européens ont
accepté l'échange automatique d'informations, à intervalle
régulier, entre administrations fiscales sur leurs clients
européens2.
348. Les principaux facteurs qui conditionnel la
réussite de l'échange automatique de renseignements financiers
sont les suivants : Une norme commune pour la déclaration de
renseignements, une diligence raisonnable et un échange de
renseignements, une base juridique et opérationnelle pour
l'échange de renseignements, et des solutions techniques communes ou
compatibles3.
349. Même au Maroc, « le législateur a eu
recours à la mise en oeuvre des dispositions de l'article 488 du code de
commerce4 relatives à l'ouverture d'un compte bancaire en se
fondant sur la nécessité de vérifier l'identité des
clients, de mener les enquêtes nécessaires, de surveiller les
opérations bancaires et de les suivre, à travers des programmes
médiatiques destinés à activer le devoir de vigilance sous
peine de responsabilité légale, judiciaire et disciplinaire afin
qu'aucun suspect n'échappe à la
responsabilité5».
1Rapport OCDE, Norme d'échange automatique
de renseignements relatifs aux comptes financiers en matière fiscale,
2014, p.11-12
2Lutte contre l'évasion fiscale : une
nécessaire coopération internationale, vie publique,07 janvier
2020,
www.vie-publique.fr
3Rapport OCDE, Norme d'échange automatique
de renseignements relatifs aux comptes financiers en matière fiscale,
ibid.
4« L'établissement bancaire doit,
préalablement à l'ouverture d'un compte, vérifier.-en ce
qui concerne les personnes physiques, le domicile et l'identité du
postulant au vu des énonciations de sa carte d'identité
nationale, de la carte d'immatriculation pour les étrangers
résidents ou du passeport ou toute autre pièce d'identité
en tenant lieu pour les étrangers non-résidents -en ce qui
concerne les personnes morales, la forme et la dénomination, l'adresse
du siège, l'identité et les pouvoirs de la ou des personnes
physiques habilitées à effectuer des opérations sur le
compte ainsi que le numéro d'inscription à l'impôt sur les
sociétés, au registre du commerce ou à l'impôt des
patentes. Les caractéristiques et les références des
documents présentés sont enregistrées par
l'établissement ».
5 92.Õ
ÞÈÇÓáÇ
ÚÌÑãáÇ Óä
íáÒÇæäáÇ
ÓíÑÏÅ
113
350.
L'un des moyens de freiner l'évasion fiscale serait de
séparer les banques de dépôt des banques
d'affaires1.
« Investir dans la transparence fiscale est rentable ;
c'est un investissement pour l'avenir » S.E. Mohamed Ridha
Chalghoum, ancien ministre des finances, Tunisie.
B.- Lutter contre les carrousels de TVA
351. La fraude carrousel est une fraude à la TVA
organisée qui consiste selon des modalités diverses à ne
pas reverser au Trésor la TVA facturée et encaissée
auprès d'une autre entreprise2.
Pour améliorer les outils de prévention de
l'évasion et fraude fiscales en luttant, notamment, contre les
carrousels de TVA.
352. Pour plus de transparence, le CESE recommande que des
informations complètes sur les contrôles fiscaux et
l'évaluation des mesures législatives prises pour lutter contre
la fraude soient publiées dans les annexes des projets de loi de
financement. Il encourage par ailleurs une réflexion sur la notion
d'abus de droit pour examiner la possibilité d'une évolution du
droit français3.
353. D'après l'article 272-3 du code
général des impôts dispose que la TVA grevant l'achat d'un
bien n'est pas déductible lorsqu'il est démontré que
l'acquéreur savait ou ne pouvait ignorer que, par son acquisition, il
participait à une fraude consistant à ne pas reverser la TVA due
à raison de son achat. Dans ce cas, l'administration est en droit de
rappeler la TVA qui a été déduite et d'appliquer les
pénalités de 40 % pour manquements
délibérés, voire de 80 % pour manoeuvres
frauduleuses4.
En droit français, la fraude carrousel à la TVA
est une fraude fiscale grave (art. 1741 CGI depuis la loi du 6 décembre
2013)5.
1Michel PINÇON et Monique PINÇON
CHARLOT, ibid., p.67
2 Direction Générale des Finances
Publiques, ibid., p.1
3 Antoine DULIN, ibid., p.9.
4 Direction Générale des Finances
Publiques, ibid., p.1 5Arrêt dans l'affaire C-105/14, ibid.
114
1. L'application de la Convention PIF1 la fraude
à la TVA.
354. Cette convention marque, en effet, les premiers
éléments concernant la protection pénale des
intérêts financiers de l'UE.
En vertu de son article 1er, il s'entend largement et sans
aucune restriction aux « recettes » de l'Union concernant les «
ressources » tirées de son « budget général
». Ainsi, les ressources propres de l'Union provenant de la TVA en font
notamment partie2.
355. La directive PIF concerne : la fraude et d'autres
infractions pénales, telles que la corruption, le détournement ou
le blanchiment de capitaux, portant atteinte aux intérêts
financiers de l'UE, par exemple le budget de l'UE, les budgets des
institutions, organes et organismes de l'UE institués en vertu des
traités, ou les budgets gérés et contrôlés
directement ou indirectement par ceux-ci et concerne ainsi, les
«infractions graves» contre le système commun de taxe sur la
valeur ajoutée (TVA), comme la fraude carrousel. Elle définit en
outre les règles minimales relatives notamment aux délais de
prescription et aux sanctions.
356. Les dispositions de la « Convention PIF
» concernant la coopération entre les États membres
et la Commission européenne, au sein de l'Office européen de
Lutte Antifraude (OLAF) fournit toute l'assistance technique nécessaire
pour faciliter les enquêtes au niveau national, notamment par
l'échange des informations.
357. La politique de l'Union en matière de protection
des intérêts financiers de l'Union a déjà fait
l'objet de mesures d'harmonisation telles que le règlement (CE, Euratom)
no 2988/953. Afin d'assurer la mise en oeuvre de la politique de
l'Union en la matière, il est essentiel de poursuivre le rapprochement
des législations pénales des États membres en
complétant la protection des intérêts financiers de l'Union
offerte par le droit administratif et civil contre les types les plus graves
d'agissements liés à la fraude dans ce domaine, tout en
évitant les incohérences dans et entre ces secteurs du
droit4.
1Convention relative à la protection des
intérêts financiers des communautés européennes, 26
juillet 1995, dite « convention PIF »
2Arrêt dans l'affaire C-105/14, ibid.
3Directive (UE) 2017/1371 du Parlement
Européen et du Conseil, du 5 juillet 2017, relative à la lutte
contre la fraude portant atteinte aux intérêts financiers de
l'Union au moyen du droit pénal.
4Directive (UE) 2017/1371, ibid.
115
2. Améliorer la pédagogie de
l'impôt
358. Conformément aux articles 13 et 14 de la
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. La pédagogie de
l'impôt est une nécessité civique.
La lutte contre l'évasion fiscale renvoie au concept
de justice fiscale qui devrait s'appuyer sur un impôt « plus
démocratique », qui nécessite sans aucun doute la
simplification de ses règles et la conviction commune que tout le monde
y participe équitablement.
359. La pédagogie de l'impôt C'est aux
Etats-Unis que l'action pédagogique est la plus développée
: elle se traduit par des conventions avec le système éducatif,
et par une présence des représentants de la division «
customer service » de l'IRS dans les salons et congrès de
professeurs1.
La pédagogie pratiquée a pour but à la
fois de présenter de façon simple les obligations fiscales, et de
renforcer la légitimité de l'impôt en montrant aux
élèves le lien entre les prélèvements et le
fonctionnement des services publics2.
360. Ce type d'action, également pratiqué au
Canada, existe aussi en Espagne, où l'agence fiscale a des accords avec
l'Education nationale pour dispenser un enseignement comprenant une
série de cours sur les bases du système fiscal aux
élèves de 13/14 ans3.
361. Le CESE recommande « qu'une campagne
pédagogique sur l'utilité de l'impôt et sur les risques
encourus en cas d'évitement, soit conduite à différents
niveaux ».
Par ailleurs, à l'ère de la
dématérialisation des démarches administratives, le site
Internet «
impots.gouv.fr » constitue
désormais un outil central dans la relation reliant l'administration
fiscale aux contribuables4.
362. Cette plateforme est un outil d'information efficace
pour les contribuables. Elle constitue : des explications, des démarches
à suivre, données statistiques, rapport sur les services fiscaux
et le recouvrement de l'impôt.
363. Le CESE propose, de démontrer le rôle
essentiel des impôts dans la réduction des
inégalités, dans la cohésion sociale, dans la croissance
économique des pays, notamment à travers de courtes
vidéos.
Enfin, cet effort pédagogique pourrait également
concerner :
1Fatma HARIZ, ibid., p.16
2 Fatma HARIZ, ibid., p.16
3 Fatma HARIZ, ibid., p.16
4 Antoine DULIN, ibid., p.76
116
L'enseignement du droit fiscal : Le
ministère chargé du Budget devrait davantage être
associé à l'élaboration des programmes universitaires
d'enseignement du droit fiscal. Une formation pratique :
l'administration fiscale renforce son implication dans la formation
des futures fiscalistes qui exerceront en entreprise ou en qualité de
conseils.
117
SECTION 2 - LA COLLABORATION INTERNATIONALE DANS LA
LUTTE CONTRE
L'EVASION FISCALE
364. La coopération internationale dans le domaine de
la fiscalité est essentielle dans le contexte de la mondialisation
actuelle1.
Paragraphe 1 -les conventions fiscales
internationales
365. Les conventions fiscales représentent un aspect
important des règles fiscales internationales de nombreux pays. On
compte déjà plus de 3 000 conventions fiscales
bilatérales, et leur nombre ne cesse d'augmenter.
366. Les conventions fiscales jouent un rôle clé
dans le contexte de la coopération internationale en matière
fiscale. D'une part, elles encouragent l'investissement international et donc
la croissance économique mondiale, en réduisant ou en
éliminant la double imposition internationale sur les revenus
transfrontaliers2.
D'autre part, elles reflètent un point de
coopération entre les États, en particulier dans la lutte contre
la fraude et l'évasion fiscale internationale.
367. Une convention fiscale a donc comme objectif premier
d'éviter la double imposition entre deux pays en vue d'encourager le
commerce et les investissements. De même, la plupart, sinon la
totalité, des conventions fiscales internationales contiennent des
dispositions visant à combattre l'évasion et la fraude
fiscales3.
368. Les principaux aspects des conventions fiscales
concernent principalement des questions telles que : le type de conventions
conclues en matière fiscale et la nature juridique, l'objet et
l'interprétation des conventions, plutôt que sur leurs
dispositions de fond.
1 Les travaux de l'OCDE dans le domaine de la
fiscalité et du développement, ibid., p.9
2Alexander Trepelkov, Harry Tonino et Dominika
Halka, Manuel de l'ONU relatif à certains aspects de l'administration
des conventions concernant la double imposition établie à
l'intention des pays en développement, Paris ,25 Septembre 2018, p.
préface 3
3 Alain LEMIEUX, Le recours aux conventions
fiscales internationales comme remède à la double imposition :
bref survol de la pratique Canadienne, Revue général de droit,
Volume 18, numéro 4, 1987, p.743
118
A.- La nature juridique des conventions internationales
1. La nature juridique
369. Les traités sont des accords conclus entre
nations souveraines. (L'article 2 de la Convention de Vienne sur le droit des
traités, 23 mai 1969), dispose : l'expression «traité»
s'entend d'un accord international conclu par écrit entre États
et régi par le droit international1.
370. En matière fiscale, les traités sont
souvent appelés « accords » ou « conventions », mais
la dénomination utilisée importe peu (art. 2 de la
Convention)2.
L'article 26 de la Convention de Vienne dispose que «
les traités lient les parties et doivent être
exécutés par elles de bonne foi. Si un pays ne respecte pas ses
conventions fiscales, les autres pays risquent de n'avoir aucun
intérêt à en conclure avec lui ».
371. La plupart des conventions fiscales sont
bilatérales. La réciprocité est un principe fondamental
des conventions fiscales, sans toutefois que le sens de cette notion soit
clairement défini3.
Cette obligation mutuelle s'applique aux deux États,
quel que soit l'importance des flux de dividendes entre ces États.
1 Brian J. ARNOLD, Introduction aux conventions
fiscales, rapport, p.1
2Article 2 de la convention de Vienne sur le droit
des traités, Vienne, 23 mai 1969
Expressions employées 1. Aux fins de la présente
Convention :a) L'expression « traité » s'entend d'un accord
international conclu par écrit entre Etats et régi par le droit
international, qu'il soit consigné dans un instrument unique ou dans
deux ou plusieurs instruments connexes, et quelle que soit sa
dénomination particulière ;b) Les expressions « ratification
», « acceptation », « approbation » et «
adhésion » s'entendent, selon le cas, de l'acte international ainsi
dénommé par lequel un Etat établit sur le plan
international son consentement à être lié par un
traité; c) L'expression « pleins pouvoirs » s'entend d'un
document émanant de l'autorité compétente d'un Etat et
désignant une ou plusieurs personnes pour représenter l'Etat pour
la négociation, l'adoption ou l'authentification du texte d'un
traité, pour exprimer le consentement de l'Etat à être
lié par un traité ou pour accomplir tout autre acte à
l'égard du traité ;d) L'expression « réserve »
s'entend d'une déclaration unilatérale, quel que soit son
libellé ou sa désignation, faite par un Etat quand il signe,
ratifie, accepte ou approuve un traité ou y adhère, par laquelle
il vise à exclure ou à modifier l'effet juridique de certaines
dispositions du traité dans leur application à cet Etat ;e)
L'expression « Etat ayant participé à la négociation
» s'entend d'un Etat ayant participé à l'élaboration
et à l'adoption du texte du traité ;f) L'expression « Etat
contractant » s'entend d'un Etat qui a consenti à être
lié par le traité, que le traité soit entré en
vigueur ou non ;g) L'expression « partie » s'entend d'un Etat qui a
consenti à être lié par le traité et à
l'égard duquel le traité est en vigueur; h) L'expression «
Etat tiers » s'entend d'un Etat qui n'est pas partie au traité ;i)
L'expression « organisation internationale » s'entend d'une
organisation intergouvernementale.2. Les dispositions du paragraphe 1
concernant les expressions employées dans la présente Convention
ne préjudicient pas à l'emploi de ces expressions ni au sens qui
peut leur être donné dans le droit interne d'un Etat.
3Brian J. ARNOLD, ibid., p.2
119
Et lorsque les dispositions administratives des conventions
fiscales (celles qui concernent, par exemple, l'échange de
renseignements et l'assistance en matière de recouvrement des
impôts), sont-elles aussi censées être d'application
réciproque1.
2. Objectifs des conventions fiscales
Les conventions fiscales ont pour triples objectifs2 ,
notamment :
372. La prévention des doubles impositions :
Pour éliminer la double imposition la convention peut :
accorder à l'un de ces deux Etats (source ou résidence) un droit
exclusif
d'imposer, ou reconnaître un droit d'imposer aux deux
Etats, mais en prévoyant que l'impôt
payé dans l'un (source) constitue un crédit
imputable sur l'impôt dû dans l'autre (résidence).
373. L'octroi de garanties aux contribuables :
cet objectif permet de fixer le régime
applicable à une opération, à une
transaction ou à un investissement déterminé, garantir la
non-discrimination fiscale entre étrangers et nationaux, permettre
d'engager une procédure amiable en cas de double imposition ou d'une
application non conforme des dispositions de la convention, respecter le
principe de non-aggravation fiscale du contribuable par rapport au droit
interne.
374. La prévention de la fraude et
l'évasion fiscales internationales : il permet d'échange
de renseignements, assistance en matière de recouvrement des
impôts, assistance entre les Etats signataires afin de lutter contre des
abus, fixer le cadre de coopération pour assurer une correcte
application et interprétation de la convention.
375. D'une manière générale, une
convention fiscale a pour objectif de faciliter les échanges et les
investissements transfrontières en éliminant les entraves
fiscales à ces activités. Cet objectif général est
complété par plusieurs objectifs opérationnels plus
spécifiques. L'objectif opérationnel le plus important des
conventions fiscales bilatérales est sans doute l'élimination de
la double imposition3.
1Brian J. ARNOLD, ibid., p.2
2Abdelwaret KABBAJ Expert-comptable DPLE, Les
fondements de la fiscalité internationale : les conventions fiscales
internationales, rapport, DGI, 7 Février 2017
3Brian J. ARNOLD, ibid., p.10
120
B.- Les conventions fiscales internationales avec le
Maroc
376. Rappelons que le Maroc a signé plus d'une
quarantaine de conventions fiscales avec des pays liés au Maroc par des
relations économiques commerciales politiques et sociales. Ces
conventions ont généralement pour le but d'éviter la
double imposition des revenus, de consentir des avantages mutuels au personnel
diplomatique des deux pays, et de permettre le développement des
relations économiques, sous les deux volets commercial et
financier1.
1. Procédure marocaine de ratification des
Conventions fiscales internationales
377. La DGI assure la préparation et la
négociation des conventions fiscales préventives de la double
imposition avec les partenaires étrangers. Elle effectue
également le suivi de l'application des conventions fiscales
entrées en vigueur et l'assistance administrative en matière
d'échange de renseignements et de recouvrement d'impôts et
taxes2.
378. Procédure de ratification des conventions
fiscales internationales conclues par le Maroc, en 4 phases :
Phase première : La négociation
En matière de négociation, la règle
constitutionnelle admise dans tous les systèmes nationaux, y compris au
Maroc, attribue la compétence à l'exécutif, seul à
même de disposer de tous les instruments pour mener à bien
l'élaboration d'un traité. Reste à déterminer,
à qui dans l'exécutif est dévolue une telle
compétence. La Constitution précise que le « [le roi] signe
et ratifie les traités »3 (art. 55 al. 2 Constitution
20114).
Deuxième phase : La signature La
signature clôt l'étape de l'élaboration et ouvre la phase
de l'expression du consentement du Maroc à être lié.
Toutefois, la signature constitue en elle-même l'expression par le
consentement du Maroc à être lié, lorsque le traité
prévoit (ou
1Mohamed RIGAR, Précis de fiscalité
Marocaine de l'entreprise, Tome1, Marrakech, 4éme édition
Septembre 2015, p.20
2 DGI, Rapport d'activité 2011, p.32
www.finances.gov.ma
3Abdelkhaleq BERRAMDANE, La ratification des
traités internationaux, une perspective de droit comparé : Maroc,
l'Université de Tours, à la demande de l'Unité
Bibliothèque de droit comparé, Direction générale
des services de recherche parlementaire (DG EPRS), Secrétariat
général du Parlement européen, Bruxelles, Etude,
décembre 2018, p.34
4Art 55.al 2 : « Il signe et ratifie les
traités. Toutefois, les traités de paix ou d'union, ou ceux
relatifs à la délimitation des frontières, les
traités de commerce ou ceux engageant les finances de l'État ou
dont l'application nécessite des mesures législatives, ainsi que
les traités relatifs aux droits et libertés individuelles ou
collectives des citoyennes et des citoyens, ne peuvent être
ratifiés qu'après avoir été préalablement
approuvés par la loi ».
121
l'intention des parties) que la signature aura cet effet (art.
12 par. 1 CV sur le droit des traités de 1969). C'est une pratique du
droit conventionnel marocain1.
Troisième phase : La ratification La
ratification ou l'adhésion signifie que l'État accepte
d'être légalement (juridiquement) lié par les dispositions
de la convention.
Phase dernière : Echange des
éléments de ratification Echange des
éléments de ratification entre les Etats contractants est
opéré par le MAEC.
2. Le Maroc et son réseau conventionnel
379. Le Maroc continue « à oeuvrer pour
préserver la paix et la sécurité dans le monde ».
Partant de cette prémisse, la Constitution de 2011, contrairement aux
précédentes, organise de façon remarquable, la promotion
et l'intégration des engagements internationaux dans l'ordre juridique
du royaume2.
Le Maroc et son réseau conventionnel : 50 conventions
en vigueur, 14 signées en cours de ratification, 14 paraphées en
instance de signature3.
380. Le Maroc vient de faire un pas important en
matière de conformité fiscale. Il s'agit de projet de loi
N°75.19 portant approbation de la convention multilatérale
pour la mise en oeuvre des mesures relatives aux conventions fiscales
pour prévenir l'érosion de la base d'imposition et le transfert
de bénéfices (BEPS), et l'Accord multilatéral
entre autorités compétentes portant sur l'échange
des déclarations pays par pays, ainsi que les projets de loi pour leur
ratification, signé par le Royaume du Maroc le 25 juin 2019, qui
répondent à un double objectif :
- Lutter contre l'évasion fiscale
à travers le renforcement des conventions fiscales
bilatérales et du contrôle des pratiques d'évasion à
travers l'échange de données.
- Sortir de la liste grise de l'UE sur les
paradis fiscaux, l'adhésion aux deux conventions étant une des
conditions posées au Maroc qui a pris l'engagement de s'y conformer
avant fin 20194.
1Abdelkhaleq BERRAMDANE, ibid., p.35
2Abdelkhaleq BERRAMDANE, ibid., p.9
3Abdelwaret KABBAJ, ibid.
4Evasion fiscale : voici la portée des deux
conventions approuvées par le Roi, Médias24, Modifié le 12
décembre 2019 à 16 :07,
https://www.medias24.com/evasion-fiscale-voici-la-portee-des-deux-conventions-approuvees-par-le-roi-6187.html
122
Paragraphe 2 -le rôle de la transparence fiscale
dans la lutte contre l'évasion fiscale
381. Les initiatives lancées par les dirigeants du G20
et par l'Organisation pour la coopération et le développement
économiques (OCDE) sur la transparence fiscale et l'échange
d'informations, notamment l'initiative récente intitulée «
Norme d'échange automatique de renseignements relatifs aux comptes
financiers en matière fiscale », portent plus
précisément sur la transparence financière et
fiscale1.
382. Le critère de transparence vise à garantir
que : la législation fiscale soit appliquée de façon
visible et cohérente aux contribuables qui se trouvent dans une
situation similaire et, que les informations nécessaires aux
autorités fiscales pour déterminer la situation d'un contribuable
soient en place2.
383. L'OCDE et l'UE privilégient le renforcement de
l'information pour lutter contre l'optimisation agressive constitutive de
l'évasion. Trois dispositifs sont ici essentiels : la
levée du secret bancaire, l'échange automatique
d'informations, la déclaration des montages par les
intermédiaires3.
A.- Le forum mondial sur la transparence et
l'échange des renseignements
384. Depuis 2009, le Forum mondial a réalisé et
publié des examens détaillés par les pairs portant sur
l'efficacité de la mise en oeuvre de la norme d'échange de
renseignements sur demande4.
385. Le Forum mondial sur la transparence et l'échange
de renseignements à des fins fiscales qui regroupe environ 150
juridictions est chargé de la surveillance de la mise en oeuvre des
normes (standards) en matière de transparence et d'échange de
renseignement.
M. Alain Lamassoure5 a
déclaré : « La transparence entre les États membres
est une première étape. La suivante doit être la
transparence maximale possible entre les acteurs économiques
eux-mêmes et les consommateurs6 ».
1Organisation Mondiale des Douanes, ibid., p.3
2Rapport d'étape 2001, Projet de l'OCDE sur les
pratiques fiscales dommageables, p.5
3 Marc LEROY, ibid., p, 51
4 Projet de loi de finances pour 2020, Lutte contre
l'évasion et la fraude fiscales, document de politique transversale,
Ministre de l'action et des comptes publics, p.49
5Ancien président de la
délégation française du groupe PPE (Groupe du Parti
populaire européen) 6SENAT, ibid.,
http://www.senat.fr/ue/pac/EUR000001232.html
123
386.
Pour l'Europe, la directive 2011/16/UE du 15
février 2011 refonde les règles de l'assistance
administrative pour mieux lutter contre la fraude et l'évasion. Ce texte
a été modifiée à plusieurs reprises, notamment par
:
- La directive 2014/107/UE du 9 décembre
2014, qui a étendu le dispositif d'échange
d'informations ;
- La directive (UE) 2015/2376 du 8/12/2015
sur l'échange automatique d'informations entre les États
membres sur les décisions fiscales anticipées en matière
transfrontalière et sur les accords préalables en matière
de prix de transferts (appliquée depuis le 1 janvier 2017) ;
- La directive (UE) 2016/881 du 25 mai 2016
sur la déclaration pays par pays des multinationales,
applicable à compter du 5 juin 2017 ;
- La directive (UE) 2016/2258 du 6 décembre
2016 sur l'accès des autorités fiscales aux informations
sur le blanchiment de l'argent ;
- La directive (UE) 2018/822 du 25 mai 2018
sur l'information relative aux dispositifs transfrontaliers de
planification fiscale à caractère potentiellement agressif devant
faire l'objet d'une déclaration par les intermédiaires
fiscaux.
387. Ainsi de nombreuses informations sont collectées.
Par exemple, une base de données sur les rescrits est accessible aux
administrations fiscales des États de l'UE1.
1. La technique du rescrit fiscal
388. Selon le rapport de l'Assemblée nationale
sur l'UE et la lutte contre l'optimisation fiscale : « les
rescrits fiscaux sont des décisions fiscales anticipées
transmises par une autorité fiscale à un contribuable qui
définissent la manière dont son imposition sera calculée
pour une période donnée. Les rescrits facilitent ainsi la
planification fiscale agressive lorsque des entreprises en profitent pour
transférer artificiellement leurs bénéfices dans un
État membre qui offre un faible niveau d'imposition.
389. Tous les États membres accordent des rescrits
fiscaux, sous différentes formes. Un rescrit n'est pas illégal en
soi. Au contraire, il apporte une certaine sécurité juridique
à l'entreprise ».
1 Marc LEROY, ibid., p, 52.
124
La pratique des rescrits fiscaux s'est
développée dans la mesure où il existe des
ambiguïtés dans les dispositions fiscales, ainsi qu'une marge
d'interprétation1 : (art L.80 C et l'art L.66 CPF).
390. Le rescrit permet, pour sécuriser le contribuable
(entreprise ou particulière), de faire valider, en amont, en consultant
l'administration fiscale, que telle ou telle pratique envisagée est
admise ou qu'elle n'est pas abusive. Le rescrit est ce qui consigne l'avis de
l'administration voire son accord sur la pratique
concernée2.
La pratique des rescrits s'apparente, notamment au niveau
international, à la négociation d'exemptions ou de
facilités fiscales discrétionnaires, par les entreprises avec les
États concernés3.
391. Mohamed HDID, président
exécutif de la Fédération internationale des experts
comptables et commissaires aux comptes francophones (FIDEF), explique : «
Le rescrit fiscal est une procédure légale, qui permet à
un contribuable de pouvoir soumettre son projet à l'avis
préalable de l'administration fiscale et donc d'obtenir la
réponse formelle sur le traitement fiscal applicable à ce projet
».
392. Le rescrit fiscal instauré par la LDF 2019, cette
mesure offre aux opérateurs la possibilité d'interroger
l'administration fiscale préalablement à des opérations
d'investissement, d'acquisition ou de vente de biens4.
2. Échange obligatoire de décisions
fiscales
393. L'échange spontané et obligatoire de
décisions fiscales répond à la préoccupation
liée à un manque de transparence de nature à
entraîner une érosion des bases d'imposition et un transfert de
bénéfice, lorsque les juridictions n'ont aucune connaissance ou
information sur le traitement fiscal d'un contribuable concerné dans un
pays donné.
394. Le rapport 2015 sur l'Action 5, Lutter plus efficacement
contre les pratiques fiscales dommageables, en prenant en compte la
transparence et la substance (OCDE, 2015), est l'un des quatre standards
minimaux du projet BEPS. Le standard minimal de l'Action 5 comporte deux
aspects : Un processus de révision des régimes fiscaux
préférentiels pour s'assurer
1 Antoine DULIN, ibid., p.20
2 Antoine DULIN, ibid., p.20-21.
3Antoine DULIN, ibid., p.21.
4 Lotfi BENAZZOU et Rachid ZOUBAIR, Revue de
l'Entreprenariat et de l'Innovation, Quelle politique fiscale face à la
crise du Coronavirus au Maroc ?31/05/2020, Volume III N°9, p.16
125
qu'ils ne sont pas préjudiciables et un cadre de
transparence qui s'applique aux décisions fiscales (également
connues en anglais sous le nom de « tax rulings »).
395. Le rapport sur l'Action 5 définit l'architecture
du cadre de transparence. Il inclut six catégories de décisions
spécifiques aux contribuables qui, lorsqu'elles ne font pas l'objet d'un
échange spontané obligatoire de renseignements, pourraient donner
lieu à des préoccupations en matière de BEPS. Ces six
catégories sont :
- Les décisions relatives aux
régimes préférentiels ;
- Les accords préalables en
matière de prix de transfert unilatéraux ou toute autre
décision unilatérale transnationale en matière de prix de
transfert ;
- Les décisions transnationales
prévoyant un ajustement à la baisse des bénéfices
imposables ;
- Les décisions relatives aux
établissements stables ;
- Les décisions relatives aux
intermédiaires entre sociétés liées ; et tout autre
type de décision, au sujet duquel le forum sur les pratiques fiscales
dommageables convient qu'il est susceptible de donner lieu à des
préoccupations en matière de beps, en l'absence d'échange
spontané de renseignements.
- La disponibilité de renseignements
opportuns et ciblés est essentielle pour permettre aux administrations
fiscales d'identifier rapidement les zones à risque. Le standard indique
les juridictions avec lesquelles les renseignements doivent être
échangés et le délai dans lequel les échanges de
renseignements doivent avoir lieu1.
B.- D'autres mesures participent au renforcement des
échanges internationaux d'information
396. D'autres mesures participent au renforcement des
échanges internationaux
d'information. Ainsi, la directive (UE) n°
2017/2455 du 5 décembre 2017 relative à la TVA sur le
commerce électronique transfrontalier, qui simplifie les obligations en
matière de TVA sur les prestations de services et les ventes à
distance de biens, cerne la lutte contre la fraude dans le cadre du
règlement complémentaire de novembre 2017qui renforce la
coopération administrative (application au 1er janvier 2021).
397. La directive 2010/24/UE du 16/03/2010
renforce l'échange d'information entre les Etats membres en
matière de recouvrement.
1 Transparence fiscale en Afrique 2020, (rapport
progrès de l'initiative Afrique pour 2019), p.15-16.
126
Le choix de renforcer l'information est salutaire pour lutter
contre la fraude et l'évasion1.
1. Transparence fiscale en Afrique 2020 : L'Initiative
Afrique
398. Les membres africains du Forum mondial ayant
assisté à la réunion plénière du Forum
mondial le 28 octobre 2014 à Berlin ont décidé de
créer un programme centré sur l'Afrique : l'Initiative
Afrique.
L'objectif était de libérer le potentiel de la
transparence fiscale et de l'échange de renseignements pour l'Afrique en
veillant à ce que les pays africains soient équipés pour
exploiter les améliorations de la transparence mondiale afin de mieux
lutter contre l'évasion fiscale.
399. Le fait de se concentrer sur l'Afrique permet
d'identifier des approches spécifiques et de fournir un soutien
personnalisé de façon à répondre aux besoins et
priorités spécifiques des pays africains et ainsi
d'accroître leur capacité en matière d'échange de
renseignements. Le travail de l'Initiative Afrique s'inscrit dans des
programmes plus larges, car la transparence fiscale est une opportunité
d'endiguer les flux financiers illicites et d'accroître la mobilisation
des ressources nationales, qui sont au coeur de l'agenda 2063 de l'Union
africaine et des objectifs de développement durable.
400. L'Initiative Afrique a été lancée
en tant que partenariat entre le Forum mondial, elle est ouverte à tous
les pays africains et compte actuellement 32 pays membres africains.
Les membres de l'Initiative Afrique se réunissent
chaque année pour faire le point sur les progrès accomplis et
réfléchir aux défis qui restent à relever.
401. Un programme de travail ambitieux a été
convenu pour développer et consolider une culture de la transparence et
de l'échange de renseignements sur demande dans les pays africains et
pour progresser vers la mise en oeuvre de l'échange automatique de
renseignements.
402. Une partie de l'appui technique du Forum mondial et de
ses partenaires vise à aider les pays africains à surmonter les
nouveaux défis en s'attaquant aux lacunes et aux insuffisances
identifiées2.
La sensibilisation et l'engagement politiques en faveur de
l'Afrique sont au centre de l'attention et continuent d'être une
priorité absolue.
1 Marc LEROY, ibid., p,52.
2 Transparence fiscale en Afrique 2020, ibid., p.9
127
Les activités développées en 2019 ont
contribué à faire progresser le programme de transparence fiscale
en Afrique grâce à une série d'engagements de haut
niveau.
403. Devenir membre du Forum mondial représente un
engagement à créer les conditions d'une coopération
efficace avec d'autres juridictions en matière fiscale1.
Rejoindre le Forum mondial est également une étape majeure pour
bénéficier d'un soutien, désormais disponible à
l'échelle internationale, dans le domaine de la transparence et de
l'échange de renseignements2.
404. « Le partenariat stratégique de l'Ouganda
avec le Forum mondial de l'OCDE a inspiré des réformes politiques
et administratives, qui ont éclairé la conception de la
Stratégie nationale de mobilisation des recettes nationales, en
particulier dans les domaines des transactions transfrontalières et de
la transparence fiscale. » Dr. Ajedra Gabriel Aridru Ministre
d'État des finances, Ouganda.
2. D'autres mesures européennes
405. En 2015, l'Union européenne adopte un « plan
d'action pour une fiscalité des entreprises plus juste et plus efficace
au sein de l'Union européenne ».
Le plan d'action comprend une série de mesures visant
à garantir une fiscalité « Équitable » dans les
États de l'UE afin d'imposer les bénéfices des entreprises
là où ils sont réalisés.
406. En janvier 2016 est adopté par la Commission
« le paquet sur la lutte contre l'évasion fiscale pour une
fiscalité des entreprises plus juste, plus simple et plus efficace
» au sein de l'Union.
Il comprend la directive sur la lutte contre l'évasion
fiscale avec 6 mesures anti-abus contraignantes que les États membres
devront mettre en oeuvre pour combattre l'optimisation fiscale agressive. Le
paquet comprend également plusieurs autres actions.
407. La plupart des mesures prévues sont
déjà en vigueur en droit français, grâce notamment
aux lois de 2013. À présent il s'agit de compter sur
l'harmonisation grâce au délai de transposition dans l'ensemble
des pays membres, fixé au 1er janvier 20193.
1 Transparence fiscale en Afrique 2020, ibid., p.21
2 Transparence fiscale en Afrique 2020, ibid., p.28
3 Antoine DULIN, ibid., p.47
128
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
408. Au niveau national, les efforts continus de lutte contre
la fraude et l'évasion fiscales ont abouti à des mesures
concrètes visant à réduire le secteur informel, à
améliorer l'efficacité du système fiscal, à
simplifier les procédures et la législation et à
moderniser l'administration fiscale pour améliorer l'efficacité
du contrôle.
409. Si les législations nationales ont pu dans une
large mesure mettre en place des lois et des procédures pour surveiller
le phénomène de l'évasion fiscale interne et restreindre
les contribuables en raison du risque qu'il représente pour les
impôts et les ressources de l'État, la question devient
différente lorsqu'il s'agit d'évasion fiscale internationale.
129
CONCLUSION GENERALE
410. Grâce à nos études théoriques et
pratiques, nous avons pu connaître et comprendre divers aspects
essentiels du sujet.
Comme beaucoup de pays en développement, l'évasion
fiscale au Maroc est un phénomène très présent. De
plus, la combattre est loin d'être une simple affaire.
411. En effet, les pouvoirs publics, soucieux de lutter contre
ce fléau, doivent entreprendre toute action « renforçant
» l'administration fiscale :
Surmonter ses lacunes manifestées dans ;
le manque de communication entre l'entreprise (contribuable) et
l'administration, la lourdeur de la charge fiscale, l'ambigüité et
la complexité de certaines dispositions fiscales, les changements
fréquents de la réglementation fiscale, et autres
problèmes.
Améliorer sa relation avec les contribuables
; Malgré les efforts considérables
déployés, la relation entre l'administration fiscale et les
contribuables reste souvent tendue.
412. En observant que, l'état actuel de l'administration
fiscale contribue directement à l'aggravation de cette évasion
fiscale.
Cette dernière, se caractérise par la
complexité de ses causes ainsi que par ses effets négatifs.
D'autant que les réformes fiscales que le Maroc a adoptées depuis
les années 80 n'ont rien apporté de nouveau dans le domaine de la
lutte contre l'évasion fiscale.
413. Il ne peut s'agir d'une réforme administrative sans
réformer la politique des ressources humaines, c'est-à-dire
qualifier la composante humaine au sein de l'administration fiscale.
414. Parmi les suggestions, le législateur
marocain devrait travailler à :
- Publier une nouvelle loi de réforme qui
concerne tous les types d'évasion fiscale, ainsi que les sanctions
appropriées,
- Diffuser la sensibilisation au sein de la
société à l'importance du devoir fiscal et en mettre en
évidence le rôle de l'impôt en tant que mécanismes de
développement,
- Créer de nouveaux ponts de
communication entre les contribuables et l'administration,
- Développement de système
d'information,
- Mettre en place un système de
délivrance de certificats à distance,
- Simplifier les démarches
administratives,
- La formation des personnels.
130
La citoyenneté, c'est à chacun de contribuer, et de
payer les impôts en fonction de sa capacité fiscale, quel que soit
son statut juridique au sein de la société et de l'Etat.
415. Parmi les suggestions au niveau de l'administration
fiscale, on propose du technique ACL au service du contrôle
fiscal1.
416. ACL (Audit Command Language) : Est un logiciel conçu
au Canada pour les auditeurs. Il permet de récupérer des
données, de les analyser et de présenter les résultats
sous forme de rapport.
Le logiciel ACL est un outil puissant d'aide à la
vérification qui permet un ciblage de la fraude. Cet outil
nécessite une mise en place d'une stratégie globale pour une
meilleure utilisation de ses fonctionnalités puissantes.
ACL a été élaboré à
l'Université de Colombie Britannique au Canada comme outil
d'enseignement au début des années 1970 et a été
commercialisé en 1987.
417. Qui utilise ACL ?
Les Administrations Fiscales des pays développés
: France depuis 1990, Canada, Etats Unis, Australie, Pays-Bas,
Belgique, Autriche ...
Administrations françaises : La Cour des Comptes, les
Douanes, l'Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP), La Banque de
France, Entreprises, les assurances,
Au total : 14 700 organisations dans le monde dans 110 pays
utilisent la technique ACL.
418. Apports et fonctionnalités d'ACL au
contrôle fiscal
Le logiciel ACL permet aux vérificateurs de créer
et d'exécuter un ensemble complet de tests conçus pour
détecter toutes les anomalies ainsi que les indices
caractéristiques des fraudes ou des erreurs. Il permet ainsi,
d'automatiser l'analyse de données et de la reproduire de manière
identique sur l'ensemble des dossiers en utilisant son langage de programmation
(scripts).
419. ACL possède les fonctionnalités suivantes par
rapport aux tableurs (EXCEL, CALC...) : Intégrité
préservée des données analysées,
traçabilité des contrôles effectués, absence de
limites en termes de volumétrie, analyses sur l'exhaustivité
d'une population, rapprochement facile entre les données,
pré-paramétrage des requêtes les plus fréquemment
utilisées par les analystes des données et la création de
« scripts » : Automatisation des contrôles effectués sur
les données.
1Salima GUEDDOURI, ACL au service du contrôle
fiscal-Journée de la vérification, (DRI - Rabat), 11 Mai 2015.
131
420.
Enfin, et à partir de ce qui précède, nous
concluons que l'évasion fiscale affecte gravement le
développement du pays et a des conséquences désastreuses
à long terme. Tenter de ne pas payer l'impôt entraîne de
nombreux problèmes graves en termes de justice sociale, et peut
également être la cause de crises économiques et
d'inégalités entre les individus, où ceux qui y sont
obligés supportent plus de fardeaux que les fraudeurs.
421. On se souvient de l'incident de Tanger du lundi 8
février 2021, au cours duquel 28 travailleurs ont été
tués (au moment de la rédaction de cette recherche) dans une
unité industrielle illégale après avoir été
inondée et un court-circuit électrique s'est produit. Cela est
dû au manque ou à l'insuffisance des inspecteurs des impôts,
en plus du fait que l'administration fiscale ne remplit pas son rôle
comme elle le devrait et à l'absence du principe de justice fiscale
voire sociale.
422. La question qui nous a traversé l'esprit depuis le
début de la recherche, est de savoir Pourquoi le
législateur ne fournit pas assez d'effort pour lutter contre
l'évasion fiscale au Maroc ?
132
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internationales [Rapport] : Thése en Droit / Université
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Université d'Ottawa,Faculté des sciences sociale. - 9 Janvier
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catholique de louvain. - 2015-2016.
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sur le revenu en République de Guinée [Rapport] : Thèse en
Droit / Université Paris Dauphine. - Paris : [s.n.], 2015. -
2015PA090002.
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Quand des actes juridiques des contribuables sont inopposables au fisc pour
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Université de Liège et et à l'Université d'Anvers.
- p. 707.
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justice fiscale : la cas du Québec [Rapport] : Mémoire en
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montréal. - Avril 2010. - p. 122. JBARA Mr Brahim
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[Rapport] : Certificat Professionnel Comptable et financier / Groupe ISCAE et
Ordre des experts comptables . - 2012-2013. - p. 92.
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l'entreprise : entre optimisation et fraude [Rapport] : Thèse /
Université Toulouse capitole, École doctorale : Sciences
Juridiques et Politiques. - 27 janvier 2017.
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- 2009-2010.
§ LES DISCOURS ET LA JURISPRUDENCE :
Discours d'ouverture de Monsieur le Ministre de
l'Economie et des Finances, Mohammed BENCHAABOUN, Troisièmes Assises
Nationales sur la Fiscalité, Skhirat, les 3 & 4 mai 2019.
Discours de M. Omar FARAJ, Directeur Général des
Impôts, en ouverture des travaux de la Journée sur le
contrôle fiscal, le 11 mai 2015 à Skhirat.
DGI Abdellatif ZAGHNOUN Prix de transfert et
fiscalité internationale [Rapport] : Allocution /
www.finances.gov.ma. -
Casablanca : [s.n.], 28 juin 2011.
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§ LES CONVENTIONS ET LES DIRECTIVES :
Convention PIF, Convention relative à
la protection des intérêts financiers des communautés
européennes, 26 juillet 1995.
Convention de Vienne sur le droit des
traités, 23 mai 1969.
La directive 2011/16/UE du 15 février 2011
refonde les règles de l'assistance administrative pour mieux
lutter contre la fraude et l'évasion.
La directive (UE) n° 2017/2455 du 5
décembre 2017 relative à la TVA sur le commerce
électronique transfrontalier, qui simplifie les obligations en
matière de TVA sur les prestations de services et les ventes à
distance de biens, cerne la lutte contre la fraude dans le cadre du
règlement complémentaire de novembre 2017qui renforce la
coopération administrative (application au 1er janvier 2021).
La directive 2010/24/UE du 16/03/2010
renforce l'échange d'information entre les Etats membres en
matière de recouvrement.
135
§
LES RAPPORTS :
Projet de loi de finances pour lutte contre
l'évasion et la fraude fiscales 2020 [rapport] : d o c u m e n
t d e p o l i t i q u e t r a n s v e r s a l e / ministre de l'action et des
comptes publics. L'Initiative Afrique Transparence fiscale en
Afrique 2020 [Rapport] : Forum Mondial sur la Transparence et l'échange
de Renseignements à des fins fiscales / l'Union Afraicaine et l'OCDE
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la fraude aux prélèvements obligatoires et son
contrôle [Rapport] / cour des comptes . - mars 2007.
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internationale, et si on arrêtait ? [rapport]. - paris : senat, 25
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d'évitement fiscal, leurs impacts sur le consentement à
l'impôt et la cohésion sociale [Rapport]. - Paris : Journal
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juridique des relations entre l'administration fiscale et les contribuables
:une nouvelle approche [rapport]. - paris : [s.n.], juin 2008.
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DRI_Rabat : [s.n.], 11 Mai 2015..
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fiscal ( Le cas du Maroc) [Rapport]. - Rabat : [s.n.]. - p. 423_445.
Impôts Direction Générale des
Synthèse des recommandations pour l'amélioration du
contrôle fiscal, Journée du contrôle fiscal [Rapport]. - 11
Mai 2015.
Mark Herkenrath Olivier Longchamp et Andreas Missbach
Le principe de pleine concurrence- une arme émoussée
contre l'évasion fiscale [Rapport] : Une fiche d'information d'Alliance
Sud et de la Déclaration de Berne. - Zurich : Alliance Sud et
Déclaration de Berne, Juillet 2012.
Meryem CHIADMI Mohamed KARIM,Meriem OBADA
Structure de la fiscalité marocaine entre les
considérations d'équité sociale et d'efficacité
économique : Une analyse en équilibre général
appliquée [Rapport]. - salé :
www.amse.ma, 2013_14.
OCDE L'imposition des entreprises
multinationales [Rapport] : Note de synthèse- Octobre 2015.-
N°3.
OCDE Législation sur les prix de
transfert [Rapport] : Proposition d'approche / Centre de politique et
d'administration fiscales . - Juin 2011. - p. 23.
OCDE les travaux de l'ocde dans le domaine de
la fiscalité et du développement [rapport]. - 2019.
136
OCDE Lutter plus efficacement contre les
pratiques fiscales dommageables, en prenant en compte la transparence et la
substance, Action 5 - Rapport final 2015, Projet OCDE/G20 sur l'érosion
de la base d'imposition et le transfert de bénéfices [Rapport]. -
Paris : Éditions OCDE, 2016.
OCDE Norme d'échange automatique de
renseignements relatifs aux comptes financiers en matière fiscale.
[Rapport]. - 2014.
§ LES REVUES :
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sur la notion de justice fiscale [Article] // cairn.info. - ISSN 1969-1009 :
[s.n.], 2017. - Lavoisier « Gestion & Finances Publiques ». -
N° 3. - p. 61_69. - ISSN 1969-1009.
Echaoui Salah Eddine SALHI et Abdellah Les
effets de la corruption et la composition sectorielle sur la structure des
recettes fiscales au Maroc : Essai de Modélisation
Macroéconométrique (En ligne) [Article] // Revue "Repères
et Perspectives Economiques". - 01 juillet 2ème semestre 2020. - N°
2 : Vol. Vol. 4. - p. 23_48. - ISSN : 2509-0399.
ELWAZANI Khanfor Abdelkader et Youssef La
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contribuable [Article] // Revue Marocaine de recherche en management et
marketing. - Avril-Juin 2016. - N°14 : Vol. Vol 2. - p. 215_234. - ISSN:
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FALHAOUI Nabil BOUAYAD et AMINE Khalid Le
secteur informel au Maroc : Etat des lieux des incitations fiscales [Article]
// Revue Economie et kapital. - Automne 2014. - N°6. GUEMMI Faouzi
RGUIG Mohammed et civisme fiscal au maroc : à la recherche du
compromis [Article] // revue de gestion et d'économie. - 2015. - N°
3 : Vol. Vol 3. - p. 340_357. HARICI Mourad la determination
des prix de transfert a la frontiere entre bonne gouvernance et evasion fiscale
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LEMIEUX Alain Le recours aux conventions
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www.epsu.org. - Novembre 2014.
138
ANNEXES
139
ANNEXE N°1
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141
ANNEXE N°2
142
143
ANNEXE 3
Recommandation du Conseil sur la Norme d'échange
automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers en
matière fiscale
(Adopté le 15 juillet 2014)
LE CONSEIL
VU l'article 5b) de la Convention relative à
l'Organisation de coopération et de développement
économiques, en date du 14décembre 1960 ;
VU la Recommandation du Conseil sur l'évasion et la fraude
fiscales [C(77)149/FINAL], la Recommandation du Conseil sur l'utilisation des
numéros d'identification fiscale dans un contexte international
[C(97)29/FINAL] et la Recommandation du Conseil relative au Modèle de
convention fiscale concernant le revenu et la fortune [C(97)195/FINAL] ; VU
l'article26 du Modèle de convention fiscale concernant le revenu et la
fortune ;
VU la Convention concernant l'assistance administrative mutuelle
en matière fiscale du 25janvier1988, telle qu'amendée par le
Protocole de 2010 [C(2010)10/FINAL], qui compte un nombre croissant de Parties
et de signataires, totalisant plus de 65pays à l'heure actuelle
;
VU les progrès significatifs accomplis par le Forum
mondial sur la transparence et l'échange de renseignements à des
fins fiscales pour faire en sorte que les normes internationales de
transparence et d'échange de renseignements sur demande soient
pleinement mises en oeuvre dans le monde ;
VU la Déclaration sur l'échange automatique de
renseignements en matière fiscale en date du 6mai2014 [C/MIN
(2014)5/FINAL] qui a été adoptée par tous les Membres de
l'OCDE auxquels s'ajoutent l'Afrique du Sud, l'Andorre, l'Arabie Saoudite,
l'Argentine, le Brésil, la Colombie, le Costa-Rica, l'Inde,
l'Indonésie, la Lettonie, la Lituanie, la Malaisie, la République
populaire de Chine et Singapour ainsi que l'Union européenne ;
CONSIDÉRANT que la coopération
internationale joue un rôle essentiel dans la lutte contre la fraude et
l'évasion fiscales et pour le respect des obligations fiscales, et que
l'échange effectif de renseignements sur une base automatique,
encadré par des garanties appropriées, est un aspect
déterminant de cette coopération ;
CONSIDÉRANT que l'adoption d'une norme
unique d'échange automatique de renseignements relatifs aux comptes
financiers en matière fiscale évitera la multiplication
144
de normes différentes qui accroîtrait la
complexité et les coûts, à la fois pour les pouvoirs
publics et pour les institutions financières ;
CONSIDÉRANT que la mise en oeuvre
d'une norme unique par tous les centres financiers permettra de créer
des règles du jeu équitables pour tous ;
CONSIDÉRANT la nécessité
d'encourager une mise en oeuvre et une interprétation cohérente
de la norme unique par tous les pays ;
CONSIDÉRANT le mandat du Forum mondial
sur la transparence et l'échange de renseignements à des fins
fiscales et l'évolution rapide des normes de transparence et
d'échange de renseignements en matière fiscale ;
SALUANT la Norme d'échange automatique
de renseignements relatifs aux comptes financiers en matière fiscale,
composée de la Norme commune de déclaration et du Modèle
d'accord entre autorités compétentes, (ci-après la «
Norme »), approuvée par le Comité des affaires fiscales ;
PRENANT NOTE des Commentaires sur la Norme
commune de déclaration et sur le Modèle d'accord entre
autorités compétentes (ci-après les « Commentaires
»), approuvés par le Comité des affaires fiscales
[C(2014)81/ADD1] ; Sur proposition du Comité des affaires fiscales :
I.RECOMMANDE que les Membres et les
non-Membres qui adhèrent à cette Recommandation (ci-après
les « Adhérents ») mettent en oeuvre rapidement sur une base
réciproque la Norme telle qu'elle figure en Annexe à la
présente Recommandation dont elle fait partie intégrante.
À cet effet, les Adhérents devraient :
a) transposer la Norme dans leur droit interne, notamment
pour faire en sorte que les renseignements sur la propriété
effective des personnes morales et des constructions juridiques soient
effectivement recueillis et échangés conformément à
la Norme ;
b) prendre les mesures nécessaires, dans le respect de
leur droit interne, pour mettre en oeuvre toute modification à la Norme
; et
c) veiller à ce que des garanties adéquates
soient mises en place pour protéger la confidentialité des
renseignements échangés et pour se conformer à
l'obligation que ces renseignements soient utilisés uniquement aux fins
prévues par l'instrument juridique en vertu duquel l'échange a
lieu ;
II.RECOMMANDE que les Adhérents
suivent les Commentaires lorsqu'ils mettent en oeuvre et interprètent
les dispositions pertinentes de leur droit interne ;
145
III. INVITE les Adhérents et le
Secrétaire général à diffuser largement cette
Recommandation ;
IV. INVITE les non-Membres à mettre
en oeuvre la Norme et à adhérer à la présente
Recommandation ;
V. INVITE les Adhérents à
appuyer les efforts de renforcement des capacités et d'assistance aux
pays en développement afin qu'ils puissent prendre part à cette
forme de coopération et en tirer profit ;
VI. INVITE tous les pays qui ne l'ont pas
encore fait à signer et à ratifier la Convention concernant
l'assistance administrative mutuelle en matière fiscale telle
qu'amendée par le Protocole de 2010 ;
VII. INVITE le Forum mondial sur la
transparence et l'échange de renseignements à des fins fiscales
à assurer le suivi de la mise en oeuvre de la Norme ;
VIII. DEMANDE au Comité des affaires
fiscales :
(i) de suivre la mise en oeuvre de la Recommandation et de
faire rapport au Conseil au plus tard trois ans après son adoption, et
régulièrement par la suite ;
(ii) de se tenir prêt à réexaminer la
Norme et les Commentaires à la lumière de l'expérience
acquise par les Adhérents et en concertation avec les parties prenantes
;
(iii) d'adopter les modifications qu'il y aurait lieu
d'apporter aux Commentaires et de formuler des propositions appropriées
au Conseil en vue de modifier la Norme.
146
INDEX ALPHABETIQUE
A
46,
|
54,
|
55,
|
57,
|
60,
|
78,
|
79,
|
80,
|
83,
|
85,
|
99,
|
100, 102, 103,
|
|
Administration fiscale, 3, 5, 18, 19, 22, 24,
26, 28, 67, 68, 71, 73, 74, 75, 76, 77, 87, 88, 89, 90, 91, 93, 94, 97, 104,
110, 113, 117, 125, 129,
131, 132, 133
C
Civisme fiscal, 11, 40, 56, 78, 101, 102, 103
Conscience fiscale, 30, 31, 40, 55, 103, 104, 150
Contribuable, 5, 12, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23,
24, 26, 27, 30, 32, 33, 34, 35, 44, 45, 53, 54, 55, 57, 59, 60, 62, 68, 70, 75,
76, 77, 78, 79, 80, 84, 86, 88, 89, 91, 92, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 103,
120, 123, 124, 125, 131, 149
Controle fiscal, 150
E
Evasion fiscale, 9, 10, 12, 13, 14, 16, 17, 18,
19,
20,
|
21,
|
22,
|
23,
|
24,
|
25,
|
26,
|
27,
|
28,
|
30,
|
31,
|
32,
|
33,
|
36,
|
39,
|
41,
|
42,
|
44,
|
45,
|
46,
|
49,
|
51,
|
52,
|
53,
|
54,
|
55,
|
57,
|
59,
|
60,
|
61,
|
62,
|
64,
|
65,
|
66,
|
67,
|
70,
|
71,
|
74,
|
78,
|
79,
|
80,
|
82,
|
90,
|
91,
|
95,
|
97,
|
103, 105, 106,
|
111,
|
|
113, 114, 116, 118, 122, 123, 127, 128, 129, 131, 133, 147, 149,
150, 151
Evitement d'impôt, 8
F
Fraude fiscale, 8, 9, 13, 14, 17, 22, 23, 24,
25, 26,
27, 28, 32, 40, 41, 42, 44, 60, 62, 66, 73, 74, 79, 91,
92, 93, 100, 102, 103, 115, 150
I
Impôt, 5, 58, 68, 78
J
Justice fiscale, 12, 13, 14, 53, 55, 60, 65, 66,
67,
68, 100, 116, 133, 147, 149
L
Les recettes fiscales, 46, 54, 55, 74
O
OCDE, 5, 9, 11, 12, 29, 30, 43, 47, 49, 54, 56,
69, 70, 71, 102, 105, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 112, 113, 114, 118, 123,
126, 128, 143, 147, 148, 149
Optimisation fiscale, 8, 9, 25, 28, 30, 43,
112, 113, 124, 129
P
Prix de transfert, 134
R
Résistance fiscale, 31, 32
Fiscalité, 3, 10, 11, 12, 37, 47, 49, 58,
61, 64, 68,
69, 82, 96, 98, 99, 104, 106, 108, 109, 110, 112, 118, 120, 128,
148, 149
T
Transparence fiscale, 103, 110, 114, 123, 127,
128
147
TABLE DES MATIERES
Introduction generale 9
PARTIE I LES PRATIQUES DE L'EVASION FISCALE
17
Introduction de la première partie
18
CHAPITRE 1 TYPOLOGIES ET MECANISMES DE L'EVASION
FISCALE 19
Section 1 - Les notions de l'évasion fiscale
19
Paragraphe 1- Eléments de définition 19
A.- Définition et types de l'évasion fiscale 19
1. L'évasion au sens national et au sens international
19
a.- Evasion fiscale interne 19
b.- Evasion fiscale internationale 21
2. Types de l'évasion fiscale 23
a.- L'évasion partielle 23
b.- L'évasion totale 23
B.- Définition juridique des comportements illégaux
et légaux : 24
1. Des comportements illégaux 24
2. Des comportements légaux 24
3. Cadre juridique de l'évasion fiscale 25
a.- L'élément légal 25
b.- L'élément moral 26
Paragraphe 2- « évader » et « Frauder
» : une confusion courante 26
A.- La distinction entre l'évasion fiscale et la fraude
fiscale 26
1. La confusion dans les termes : 27
2. Évasion fiscale ou fraude fiscale, comment faire la
différence ? 27
a.- Les éléments communs 27
b.- Les éléments de divergence 28
B.- Notions voisinages de l'évasion fiscale 29
1. Optimisation fiscale 29
2. Evitement fiscale 29
3. Abus de droit 29
4. Expatriation fiscale 30
5. Les paradis fiscaux et les zones franches 30
Paragraphe 3 -L'observation du phénomène de
résistance à l'impôt et ses causes 32
A.- Les formes de la résistance fiscale 32
1. La résistance à l'impôt 32
2. Les révoltes fiscales : la résistance par
l'impôt 33
B.- Pourquoi la résistance fiscale ? 33
1. Schéma de Charles Robbez MASSON 34
2. Courbe de LAFFER 35
a.- Le refus par minoration des recettes 36
b.- Le refus par majoration des charges 36
Section 2 - les mécanismes de l'évasion
fiscale 37
Paragraphe 1 - Techniques et formes de l'évasion fiscale
37
A.- Les pratiques de l'évasion fiscale au niveau de
l'entreprise Marocaine 37
B.- L'évasion fiscale immobilière 38
C.- L'évasion fiscale via l'économie informelle
39
1. Concept du secteur informel 39
148
2. Les effets de l'économie souterraine sur la croissance
économique 41
D.- L'évasion fiscale via l'économie
numérique (TIC) 42
1. L'évasion fiscale par les NTIC 43
2. Blanchir les fonds de la fraude et d'évasion fiscales
: La technique la plus utilisée 44
E.- Le blanchiment 45
1. Le blanchiment de fraude fiscale 45
1. Blanchiment et corruption : Moyens de l'évasion fiscale
47
F.- Le prix de transfert 48
1. Concept du prix de transfert 48
a.- Définition 48
b.- Cadre juridique des prix de transfert 49
1. Explication et exemple 50
Paragraphe 2 - Autres formes de l'évasion fiscale 51
A.- Le carrousel de TVA 51
B.- Sociétés dans des paradis fiscaux 53
C.- Mécanisme de Trust 53
CHAPITRE 2 CAUSES ET EFFETS D'EVASION FISCALE
55
Section 1 - Les causes de l'évasion fiscale
55
Paragraphe 1- Les causes liées au contribuable 55
A.- L'injustice fiscale 55
B.- La pression fiscale 56
C.- L'absence de conscience fiscale 57
D.- L'incivisme fiscal 58
Paragraphe 2-Les causes liées à l'administration et
aux dispositions législatives 59
A.- Les causes législatives 59
B.- La complexité du système fiscal 59
C.- Absence de coordination entre les services du
Ministère des finances 60
Section 2 - Les effets de l'évasion fiscale
61
Paragraphe 1- L'impact de l'évasion fiscale sur le plan
financier et économique 61
A.- L'impact de l'évasion fiscale sur le plan financier
61
B.- L'impact de l'évasion fiscale sur le plan
économique 61
Paragraphe 2- L'impact de l'évasion fiscale sur le plan
social et politique 62
A.- L'impact de l'évasion fiscale sur le plan social
62
B.- L'impact de l'évasion fiscale sur le plan politique
62
conclusion de la premiere partie 64
Partie II la lutte contre l'évasion fiscale
65
Introduction de la deuxième partie
66
CHAPITRE 1 LA LUTTE CONTRE L'EVASION FISCALE SUR LE
PLAN NATIONAL 67
Section 1 - les moyens législatifs et
institutionnels de lutte contre l'évasion fiscale 67
Paragraphe 1-Les dispositifs législatifs 67
A.- Garantie de la justice et de l'équité fiscale
68
1. Notion de la justice fiscale 68
2. Notion de l'équité fiscale 69
B.- La détermination des prix de transfert 70
1. Les principes de l'OCDE 71
2. Le principe de pleine concurrence 72
3. Méthodes de détermination des prix de transfert
proposées par l'OCDE 72
C.- La lutte contre l'informel 73
1. Les apports de la loi de finances 2015 74
2. Les apports de la loi de finances 2016 74
3. La politique fiscale de l'après crise COVID-19 75
Paragraphe 2-Les règles administratives 75
149
A.- Le rôle de l'administration fiscale dans la lutte
contre l'évasion fiscale au Maroc 75
1. Missions et attributions de la DGI 76
a.- Créer et collecter les impôts d'État :
76
b.- S'assurer du respect de la loi fiscale et lutter contre la
fraude fiscale : 76
e.- Fournir au gouvernement une expertise fiscale : 76
2. Organisation de la DGI 77
a.- L'organisation centrale 77
b.- L'organisation régionale 77
B.- La relation entre le contribuable et l'administration fiscale
78
1. L'Amélioration de la relation entre l'administration
fiscale et le contribuable 78
a.- Le comportement de l'administration fiscale 79
b.- Le comportement du contribuable face à l'impôt
80
2. Le rôle de l'administration dans la lutte contre
l'évasion fiscale 80
a.- La transparence au sein de l'administration 81
b.- Facilité d'administration 82
C.- Le contrôle fiscal 83
1. Le droit de contrôle (art 210 CGI) 84
a.- Les différentes modalités d'exercice du
contrôle fiscal 84
b.- Objectifs et finalités du contrôle fiscal 85
2. Le dispositif législatif régissant le
contrôle fiscal 86
a.- Les pouvoirs dévolus à l'administration
fiscale 86
b.- Les garanties accordées aux contribuables 86
3. Recommandations et suggestions pour l'amélioration du
contrôle fiscal 88
a.- Les recommandations 88
b.- Suggestions pour améliorer du contrôle fiscal
89
4. Les sanctions prévues contre l'évasion fiscale
90
a.- Sanctions fiscales : 91
b.- Les sanctions pénales 92
e.- Institution des mesures dissuasives 93
D.- Le concept de gouvernance fiscale au Maroc 94
1. Les principaux critiques d'un système fiscal 94
2. Les indicateurs de la bonne gouvernance fiscale 94
Section 2 - Les moyens juridictionnels ou autres
96
Paragraphe 1 - Les moyens juridictionnels 96
A.- Le rôle de la juridiction fiscale et le juge fiscal
96
B.- Le rôle de la Cour des comptes 97
a.- Missions et attributions de la Cours des comptes du Royaume
97
b.- Rapport annuel au titre de l'année 2018 97
C.- Réforme des lois fiscales : Simplifier et stabiliser
la norme fiscale 98
1. L'évolution du système fiscal marocain 98
2. Simplifier et stabiliser la norme fiscale 99
D.- Intégration entre les réformes fiscales et
pénales 100
1. Les Recommandations de la première conférence
internationale sur les sciences criminelles 100
2. Les recommandations de l'assise nationale sur la
fiscalité 2019 100
Paragraphe 2 -Autres mesures 101
A.- Renforcement du civisme fiscal 101
1. Légitimité de l'impôt 102
2. Développement du civisme fiscal au Maroc 103
B.- Le rôle de la conscience fiscale : 103
CHAPITRE 2 LA LUTTE CONTRE L'EVASION FISCALE SUR LE
PLAN INTERNATIONAL : 105
Section 1 - le rôle du droit international dans la
lutte contre l'évasion fiscale 105
Paragraphe 1-Mesures internationales pour éviter
l'évasion fiscale 106
A.- Le rôle de l'OCDE dans la lutte contre l'évasion
fiscale internationale 106
1. L'origine des travaux de l'OCDE dans la lutte contre les
inégalités fiscales 106
a.- Centre de politique et d'administration fiscales (CPAF)
107
150
b.- Les travaux du FHTP 108
2. Le rôle de l'OCDE 108
a.- Projet OCDE/G20 109
b.- La loi FATCA 110
B.- Les mesures du plan BEPS 111
Paragraphe 2 -La régularisation internationale de
l'évasion fiscale 113
A.- La remise en cause du secret bancaire : les banques comme
moyen de lutter 113
B.- Lutter contre les carrousels de TVA 114
1. L'application de la Convention PIF la fraude à la TVA.
115
2. Améliorer la pédagogie de l'impôt 116
Section 2 - la collaboration internationale dans la lutte
contre l'évasion fiscale 118
Paragraphe 1 -les conventions fiscales internationales 118
A.- La nature juridique des conventions internationales 119
1. La nature juridique 119
2. Objectifs des conventions fiscales 120
B.- Les conventions fiscales internationales avec le Maroc
121
1. Procédure marocaine de ratification des Conventions
fiscales internationales 121
2. Le Maroc et son réseau conventionnel 122
Paragraphe 2 -le rôle de la transparence fiscale dans la
lutte contre l'évasion fiscale 123
A.- Le forum mondial sur la transparence et l'échange des
renseignements 123
1. La technique du rescrit fiscal 124
2. Échange obligatoire de décisions fiscales
125
B.- D'autres mesures participent au renforcement des
échanges internationaux d'information 126
1. Transparence fiscale en Afrique 2020 : L'Initiative Afrique
127
2. D'autres mesures européennes 128
Conclusion de la deuxieme partie 129
Conclusion generale 130
Annexes 139
Index alphabetique 147
table des matiéres 148
151
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