2. Incidence moyenne
Secteur de l'aérospatiale
Comme l'Industrie 4.0 réussit à fournir des
solutions personnaliséesaux besoins des consommateurs, même des
secteurs commecelui de l'aérospatiale seront très touchés
par l'application de lanumérisation avancée. Bien que
l'automatisation soit déjà trèsprésente dans le
secteur de l'aérospatiale, elle sera amenée àde plus hauts
niveaux grâce à l'utilisation de robots intelligentsdurant le
montage. Ces changements seront motivés en partie parl'adoption de
seuils de plus en plus stricts en matière de contrôlede la
qualité, en vue notamment de faire en sorte que les piècesaient
le poids minimal capable d'assurer force et sécurité.
Airbusprévoit construire d'ici 2025 une usine intelligente qui
produiraune nouvelle ligne d'aéronefs à l'aide de plusieurs
technologiesmodernes : des technologies de véhicules autonomes
servirontdans la manutention logistique et la manutention des
matériaux;des outils intelligents aideront les travailleuses et
travailleurs dela chaîne de montage; la technologie laser fera en sorte
que lespièces assemblées soient parfaitement ajustées avec
le minimumde temps et d'effort. L'impression tridimensionnelle est
déjà utiliséepour certaines composantes des avions.
À titre d'exemple, Arconic,un fournisseur d'Airbus,
produit un support en titane imprimé entrois dimensions qui entrera dans
la production régulière des
sériesd'Airbus.L'aérospatiale est un secteur industriel
très sensible aux décisionspolitiques.
Contrats militaires, appui à l'exportation,
accordscommerciaux, retombées et transferts de technologies ont
toustendance à avoir une plus grande incidence sur ce secteur -
àl'heure actuelle - que les changements technologiques. C'estpourquoi il
est plus difficile d'analyser l'incidence de l'Industrie4.0 sur cette industrie
déjà très avancée sur le plan technologiquequ'est
l'aérospatiale.
Secteur de l'automobile
Le secteur de l'automobile partage quelques-unes
descaractéristiques de l'aérospatiale que nous venons
d'analyser.Ce secteur est déjà très automatisé et
on peut donc s'attendre àun niveau encore plus grand de
numérisation dans l'assemblagedes pièces. Comme c'est le cas pour
le secteur de l'aérospatiale,on prévoit une augmentation de la
fabrication intelligente pourle secteur de l'automobile, mais comme le
pourcentage demarge bénéficiaire est beaucoup plus
élevé pour les avions quepour les automobiles, les compagnies
auront tendance à investirprogressivement dans la numérisation de
leurs usines plutôt qued'installer les technologies des usines
intelligentes dans leursusines. Les systèmes d'aide seront de plus en
plus utilisés dansla chaîne d'approvisionnement, et les
technologies de véhiculesautonomes auront une grande incidence sur la
logistique.
Ce qui est moins évident, c'est l'impact de ces
nouveaux véhiculessur le système de fabrication. Certains
constructeurs d'automobilesen profiteront indéniablement pour apporter
des changementsfondamentaux à l'organisation du travail et au
degré d'utilisation desrobots, tout en s'adaptant aux demandes du
marché, notammentdans le but d'offrir plus de véhicules
électriques et moins devéhicules à combustible fossile. Il
est clair qu'un changementradical est imminent dans le marché des
transports, car plusieursgouvernements ont indiqué clairement par leurs
politiques que lesmoteurs à combustion interne ne sont plus
désirés. Daimler faitobserver que la marge
bénéficiaire sur les véhicules électriquesest
(jusqu'ici) moins élevée que sur les véhicules à
carburant.Par ailleurs, Daimler estime que le nombre de travailleuses
ettravailleurs nécessaires pour construire un groupe
motopropulseurélectrique pourrait être aussi peu que le
sixième du nombre requispour construire un groupe motopropulseur
à combustion.
Cetteestimation incitera les constructeurs d'automobiles
à éliminer leurseffectifs dans la mesure du possible.Des experts
croient que tout le modèle d'entreprise de l'industrieautomobile est
à l'aube d'un changement révolutionnaire quine concernera pas
seulement la transition allant des moteursà combustion interne aux
moteurs électriques, non plus quesimplement la transition vers les
véhicules autonomes, maiségalement une transition allant de la
possession de véhiculesparticuliers à l'achat ou à la
location de véhicules partagés ou deservices de mobilité.
Au cours de cette transition, les constructeursd'automobiles s'appuieront de
plus en plus sur des mégadonnées.
Secteurs des produits chimiques, des
produitspharmaceutiques, du caoutchouc et du papier
Les secteurs des produits chimiques, des produits
pharmaceutiques,du caoutchouc et du papier sont déjà relativement
avancés du côtéde l'automatisation. Les calculateurs
industriels sont la normeplutôt que l'exception. Quand les processus
fonctionnent sansheurts, les usines ont besoin d'un nombre relativement petit
detravailleuses et travailleurs. On peut s'attendre néanmoins à
uneplus grande utilisation de la fabrication assistée par ordinateur
età des technologies de numérisation avancée encore plus
pousséespour ces produits à forte valeur ajoutée, partout
où la période derécupération de ces investissements
sera brève.
Ces secteurs sontdominés par de grandes multinationales
qui pourraient trouver pluséconomique d'investir dans des technologies
de numérisation trèssophistiquées.En revanche, dans les
pays en développement, le secteur continued'employer des effectifs
très nombreux, surtout dans les domainescomme l'emballage et
l'expédition, lesquels pourraient être à
risque.Récemment, Duc Giang Chemical and Detergent Powder JSC
aremplacé par des robots presque 90 % de l'effectif d'une usinede
détergents au Vietnam. Si cette option est rentable au Vietnam- pays qui
était jusqu'ici une destination pour les compagnies à larecherche
d'une main-d'oeuvre bon marché - alors nous pourrionsêtre
témoins du début de la fin de l'avantage compétitif des
petitssalaires.
Le nombre insuffisant d'opérateurs humains sur place
est unepréoccupation propre au secteur des produits chimiques - et
ausecteur de l'énergie.
Dans un grand nombre d'usines de produitschimiques, les
opérateurs humains ne sont plus assez nombreuxpour intervenir
efficacement lors d'une situation d'urgence, si jamaisles mesures de protection
et les systèmes d'arrêt automatiquesne parviennent pas à
maîtriser la situation. Comme ces usinescontiennent des matières
très dangereuses, il s'ensuit un niveaude risque accru pour les
travailleurs en place et les agglomérationsavoisinantes.Secteur des
matériauxLe secteur des matériaux est en train de changer
radicalement.
Encore récemment, la même analyse faite
précédemment pour lesmétaux de base aurait
été valide, mais de nouvelles études montrentque les
compagnies de ce secteur sont beaucoup plus touchées parla
numérisation que ce que l'on croyait. Par exemple,
l'entrepriseSaint-Gobain figure maintenant parmi les dix multinationales
chezlesquelles les effets de la numérisation se font le plus sentir.Les
consommateurs peuvent créer en ligne leurs propres« recettes »
de matériaux spécialisés selon leurs
propresspécifications.Les sociétés de matériaux
offrent sur le Web des progicielsde soin à la clientèle, des
systèmes de gestion des relationsclientset des plateformes conjointes
d'applications.Processus d'extraction automatisés (comme dans les
industriesd'exploitation minière)Processus de production
entièrement automatisés de bout enbout (extraction >
transformation > (emballage) > transport)Technologies d'autoanalyse pour
l'entretien des fours et deschaudières (ou des applications de
réalité augmentée pour lestechniciens en entretien et en
réparation).Ce processus transforme également toute
l'organisation dans lesindustries de matériaux, ainsi que les lieux de
travail qui appartiennentà ces industries.
Ce développement est particulièrement
difficile,car il est question ici de relations d'entreprise à
entreprise. En effet,peu de consommateurs s'approvisionnent directement
auprès desproducteurs de ciment, de verre ou de céramique de
pointe.L'industrie subit de fortes pressions qui l'incitent à adopter
destechnologies de pointe, puisqu'elle est une grande
consommatriced'énergie et une importante productrice de dioxyde de
carbone.La réduction de l'impact sur l'environnement et
l'accroissementde l'efficacité énergétique doive
naturellement être considéréscomme des progrès
bénéfiques, mais ces améliorations ont eu deseffets sur
les travailleuses et travailleurs de ce secteur.
Secteurs de la construction navale
La construction navale est un processus de fabrication quel'on
pourrait comparer à plusieurs égards à
l'aérospatiale etaux automobiles, mais qui a tendance à faire
intervenir plus detravail humain en raison de la taille et du poids des
élémentsconstitutifs. Chaque navire est plus ou moins bâti
sur mesure, cequi rend l'automatisation difficile, mais pas impossible.
À courtterme, les systèmes d'information qui surveillent les
progrès dechaque composante d'un navire, de ses origines dans la
chaîned'approvisionnement à son installation sur le navire,
deviendrontprogressivement plus sophistiqués et importants. Certains
voletsde la construction et certaines composantes seront adaptés
à lanumérisation et de plus en plus automatisés. À
plus long terme, onpeut s'attendre à ce que d'énormes robots
sophistiqués remplacentdes humains pour une grande partie des
procédés de construction.En revanche, le
démantèlement de navires dépend davantage d'ungrand nombre
de travailleurs manuels qui démantèlent les naviresmis hors
service, dans le but de les recycler à l'aide de
technologiesrudimentaires.
C'est pourquoi cette industrie se retrouveprincipalement
aujourd'hui dans les pays où la main-d'oeuvre estbon marché, par
exemple : en Inde, au Pakistan et au Bangladesh.En outre, comme chaque navire
est différent et que l'environnementde travail est difficile, on peut
s'attendre à ce que la numérisationet l'utilisation de robots
s'implantent lentement dans ce secteur,tant que les salaires demeureront bas.
À long terme, cependant,les navires pourraient être
recyclés efficacement par des machinesgéantes. Des informations
stockées sous forme numérique ausujet du montage exact de chaque
navire pourraient permettre dereconnaître avec précision les
pièces qui peuvent être recyclées etle meilleur moyen de
les démonter. Le démantèlement physiqued'un navire en vue
du recyclage peut également être fait par desmachines
dotées d'une puissance suffisante. Cette technologieexiste; la question
est de savoir quand les coûts d'investissementpour ces systèmes
d'information et ces énormes machines serontjustifiables en comparaison
du coût de la main-d'oeuvre.
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