KEDGE BUSINESS SCHOOL
MÉMOIRE
présenté en vue d'obtenir
Programme
Grande École
SPÉCIALITÉ : spécialité Marketing
Digital et Communication
PARCOURS : Parcours Excellence Business
Connecté
L'intelligence artificielle
au sein des services marketing
Erwan ROUX DE BEZIEUX
Sous la direction de : M. Grégory
BRESSOLLES
Soutenu le mardi 17 juillet 2018
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Les opinions exprimées dans ce mémoire sont
propres à leur auteur et n'engagent en aucun cas KEDGE Business School
et le Parcours d'Excellence Business Connecté.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Remerciements
Je souhaiterais remercier dans un premier temps mon directeur
de mémoire, Monsieur Grégory Bressolles à la fois pour ses
judicieux conseils et également ses réponses à mes
nombreuses sollicitations techniques, et plus globalement pour toute son oeuvre
à mes côtés durant ces deux années de Master
spécialisé au sein de Kedge Business School où je me suis
pleinement épanoui.
Je désir aussi témoigner toute ma reconnaissance
à l'ensemble des intermédiaires sans qui je n'aurais certainement
pas eu la chance d'assister à de nombreux événements
privés et forums, que ce soit Sylvie Chenivesse, Romain Mouton, Paolo
Jesson, Bruno Bonnell ou encore l'agence Rivington. Ces expériences ont
pu nourrir mes connaissances et réflexions sur mon sujet de
recherche.
La finalisation de ce mémoire a été
possible grâce notamment à la disponibilité de Messieurs
Bruno Bonnell, Lo
·s Aoun, Philippe Bornuat et Patrick Johnson qui
m'ont offert la possibilité de les rencontrer et d'échanger
professionnellement avec eux concernant leurs activités et leur vision
du marché ; et ce même si certains n'ont pu malheureusement
être enregistrés.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
L'intelligence artificielle
au sein des services marketing
Erwan ROUX DE BEZIEUX
RÉSUMÉ
L'intelligence artificielle est au coeur des recherches, des
débats et bien souvent sujet à critique aujourd'hui : que ce soit
par l'intermédiaire des entreprises multinationales,
spécialisées ou locales mais également par
l'intermédiaire d'organisations, touchant ainsi de multiples secteurs
à des degrés divers.
Son utilisation est grandissante au sein des entreprises,
particulièrement dans les services marketing et plus
spécifiquement à des fins prédictives et
stratégiques, grâce à l'ensemble des données
offertes par le Big Data notamment. Des perspectives positives sont à
prévoir, autant sur les technologies que sur l'utilisation des outils
marketing.
Avec ces nouvelles techniques d'approches marketing, des
changements sur la captation et l'anticipation des marchés sont mis en
oeuvre, mais c'est aussi en interne, au sein des entreprises, que des processus
sont en cours à des degrés divers et des impacts à des
échelles différentes.
Mots clés : Intelligence Artificielle, Big
Data, Marketing, Révolution Digitale, Révolution IA, Impacts de
la Révolution IA, Bénéfices et dangers, Schumpeter,
Emplois, Éducation, Connaissances, Technique, Systèmes
Intelligents, Innovation, Algorithmes, Assistant de Prise de Décision,
Systèmes Hybrides Intelligents, Connexion Neuronales Artificielles,
Logique Flou, Apprentissage Machine, Technologies, Ad-Hoc, Marketing
Industriel, Marketing Décisionnel, Idées, Marketing
Stratégique, Systèmes d'Information, Intelligence Marketing,
Intelligence de masse, Méthodes Analytiques, Environnement Marketing,
Méthodologie.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Artificial intelligence
in Marketing Department
Erwan ROUX DE BEZIEUX
ABSTRACT
Artificial intelligence is at the core of contemporary
research, debates and frequently a critical issue today: whether through
multinational firms, specialized companies or local enterprises but also
through organizations, affecting several lines of business to varying
extends.
Its use is increasing at the heart of business and
particularly in Marketing departments as part of predictive and strategic uses,
thanks to Big Data and its data abundance. This leads to positive prospects,
both on the technology and the use and creation of marketing instruments.
With these new marketing approach technologies, deep changes
in picking up and predict market signals are in place, but changes are also
implement within and among firms on various scales.
Key words : Artificial Intelligence, Big Data,
Marketing, Digital revolution, AI revolution, Impact of AI revolution, Benefits
and dangers of AI technologies, Schumpeter, Employment, Education, Knowledges,
Training, Support, Benefits and dangers of AI technologies, Intelligent
systems, Marketing intelligent systems, Innovation, Algorithms, Decision
Support System, Programming Model based, Hybrid intelligent system, Artificial
neural networks, Fuzzy logic, Machine learning, AI technologies, Ad-hoc,
Industrial Marketing , Decisional Marketing, Insights, Marketing Strategy,
Information Systems, Marketing Intelligence, MkDSS, Autonomous-intelligent
system, Hybrid-augmented Intelligence, Crowd Intelligence, Management support,
Analytical method, Knowledge discovery, Genetic Fuzzy Systems, Marketing
Environment, Methodology
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Liste des abréviations
IA : Intelligence Artificielle
AI : Artificial Intelligence
GAFA : Google, Amazon, Facebook et Apple
BATX : Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi
GAFAM: Google, Amazon, Facebook, Apple et
Microsoft
A.P.I. : application programming interface -
interface de programmation
B2C : «Business to Consumer»,
marketing ou commerce s'adressant aux particuliers
B2B : « Business to Business »,
marketing ou commerce s'adressant aux professionnels
Fintech : Technologie Financière
M.I.T.: Massachusetts Institute of
Technology
P.I.B.: Produit Intérieur Brut
C.A.I.O.: Chief AI Officer
KPIs: Key Performance Indicators
Ads: Advertising
R.F.I.D.: Radio Frequency Identification
O.E.C.D. : O.C.D.E. - Organisation de
coopération et de développement économiques
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Table des matières
Remerciements 3
Liste des abréviations 6
Table des matières 7
Introduction 11
1 LE DEGRÉ D'IMPLICATION DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
18
1.1 Au sein de notre société 21
1.1.1 État des lieux 21
1.1.1.1 Vers une société de robots ? 21
1.1.1.2 Une guerre mondiale des acquisitions 21
1.1.1.3 L'emploi, un enjeu clé 23
1.1.1.4 « Disruption créatrice », vraiment ?
25
1.1.2 Révolution IA et révolution digitale : une
(r)évolution historique 27
1.1.2.1 Vers une révolution cyclique programmée ?
27
1.1.2.2 Une cohabitation tripartite inédite dans notre
société... 29
1.1.2.3 É Qui mènera à terme à celle
des robots - humains ? 29
1.2 Au sein des entreprises et de ses services marketing 31
1.2.1 Tour d'horizon 31
1.2.1.1 Une utilisation pas vraiment nouvelle 31
1.2.1.2 La place de ces outils marketing dotés d'une
intelligence artificielle 32
1.2.2 Le Big Data, élément central d'une nouvelle
ère 33
1.2.2.1 L'empreinte digitale de chacun d'entre nous 33
1.2.2.2 Une ressource et non un outil 33
1.2.2.3 Les 4 V : facteurs caractéristiques du Big Data
34
1.2.3 Les différentes formes de programmation et ses
enjeux marketing, 36
ou comment l'outil automatisé assouvit les besoins des
humains 36
1.2.3.1 Les méthodes et technologies
implémentées au sein de l'algorithme 36
1.2.3.2 Le Machine learning, première technique à
voir le jour 37
1.2.3.3 Deep learning, autre évolution d'une intelligence
38
1.2.3.4 La programmation robotique 40
1.2.3.5 Les outils marketing majeurs 42
2 L'UTILISATION DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE À DES
FINS
PREDICTIVES ET STRATEGIQUES 48
2.1 Le marketing prédictif est nécessaire et
essentiel 49
2.1.1 Qu'entend-on par marketing prédictif : quelques
éléments de compréhension 50
2.1.2 Systèmes experts et logique flou 52
2.1.2.1 Explications théoriques 52
2.1.2.2 Démonstrations pratiques 53
2.1.3 Illustration avec trois cas d'usage 54
2.1.3.1 Le tourisme 54
2.1.3.2 Le sarcasme sur le réseau social Twitter 55
2.1.3.3 Automatic Idea Detection System 56
2.2 É Et bien souvent couplé au stratégique
grâce à ses outils intelligents 57
2.2.1 Avertir : rôle clé de ces outils proactifs
57
2.2.2 L'outil Cyc, un modèle d'intégration au sein
des entreprises 58
2.2.3 Un degré de satisfaction encore trop faible 58
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
2.3 Approfondissement de l'implication et de l'utilisation des
outils marketing 60
2.3.1 Le choix des entretiens et la méthode qualitative
60
2.3.1.1 Les raisons de ce choix 60
2.3.1.2 L'objectif et les méthodes d'entretien 60
2.3.1.3 Quantitativement, une réussite en demi-teinte
61
2.3.1.4 Des rencontres riches en savoir et expériences
62
2.3.2 Des enrichissements concordants 63
2.3.2.1 É sur la présence des outils 63
2.3.2.2 É l'association avec les employés ou
parties prenantes 65
2.3.2.3 É Quant aux perspectives 66
Conclusion 68
Bibliographie 71
Table des annexes 76
Table des illustrations 111
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
The rise of powerful AI will be either the best or the worst
thing ever to happen to humanity. We do not yet know which.
Stephen Hawking
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
INTRODUCTION
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
Introduction
L'intelligence artificielle est au coeur des recherches, des
débats et bien souvent sujet à critique aujourd'hui : que ce soit
par l'intermédiaire des entreprises multinationales,
spécialisées ou locales mais également par
l'intermédiaire d'organisations, touchant ainsi de multiples secteurs
à des degrés divers.
Un certain scepticisme est mis en avant de la part de
professionnels, tandis que d'autres voient l'évolution technologique et
ses avancements quotidiens comme une destruction créatrice, concept
propre à l'économiste J. Schumpeter datant du milieu du
XXème siècle. En effet, deux écoles de pensées
s'opposent quant à la réorganisation des besoins du fait des
changements des ressources disponibles pour les assouvir.
Pour exemple, le groupe de réflexion France IA,
crée en 2017 et dont le rapporteur principal est le mathématicien
et député M. Villani, chargé également de la remise
d'un rapport parlementaire en 20181 va dans ce sens et confirme
ainsi que l'ensemble des entreprises et des organisations plus globalement
prennent en compte ces changements majeurs qui sont et vont être
opérés grâce à cette technologie, qui concernera
l'ensemble des secteurs d'activité, en passant par l'industrie.
Pour illustrer ces propos, une étude émanant du
cabinet de conseil McKinsey2 nous indique que « 60% des emplois
actuels comprennent 30% d'activités automatisantes à une
échéance de 20 à 40 ans » seulement.
1 Claude de Ganay & Dominique Gillot, Rapport
parlementaire pour une intelligence artificielle maîtrisée, utile
et démystifiée, Office parlementaire d'évaluation des
choix scientifiques et technologiques, Assemblée Nationale, Mars 2018,
Tome 1 & 2, consulté en mars 2018 et disponible à l'adresse :
<
www.assemblee-nationale.fr>.
2 James Manyika, Susan Lund, Michael Chui, Jacques
Bughin, Jonathan Woetzel, Parul Batra, Ryan Ko, and Saurabh Sanghvi, Jobs
lost, jobs gained: What the future of work will mean for jobs, skills, and
wages, Novembre 2017, McKinsey Global Institute, consulté en
novembre 2017 et disponible à l'adresse:
https://www.mckinsey.com/featured-insights/future-of-organizations-and-work/Jobs-lost-jobs-gained-what-the-future-of-work-will-mean-for-jobs-skills-and-wages
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
Notre cadre d'étude étant axé
principalement sur les domaines du marketing, de l'innovation, de la
communication et du digital grâce notamment au parcours
spécialisé Business Connecté, il nous a été
naturel de nous diriger vers cette science encore nouvelle par la
quantité de ses connaissances dont nous disposons même si des
prémisses avaient déjà été descellées
durant la dernière moitié du siècle dernier.
D'après Marvin Minsky, un des fondateurs de
l'intelligence artificielle, « L'IA consiste à faire faire à
une machine ce que l'homme fait moyennant une certaine intelligence ».
Mais cette définition, en sus de son caractère incomplet, pose
surtout le problème de son ouverture. En effet, « l'IA consiste
à parvenir à faire faire aux machines, ce que l'homme fait
aujourd'hui mieux qu'elles, notamment s'adapter, apprendre, communiquer et
interagir d'une manière riche et variée avec leur environnement
» (France IA, 2017).
On distingue aujourd'hui trois catégories
d'intelligence artificielle dont la plus commune à ce jour étant
la forme ANI, dont la mission est réduite à une tâche
unique, comprenant l'Alpha Go de Google par exemple. Les AGI et la
Superintelligence n'étant encore que deux formats peu
développés ou tenant uniquement de la fiction pour l'heure.
Au-delà des deux types d'IA (fortes ou faibles), l'IA se
matérialise par deux familles d'apprentissage : le machine learning et
deep learning.
Le premier se réfère à l'apprentissage
automatique des machines et les capacités d'apprentissage de ces
dernières, communément appelé apprentissage machine. C'est
un sous-domaine de l'intelligence artificielle et dont les premières
traces remontent aux années 80. Le second, dont le spécialiste
Yann LeCun est considéré comme l'un des pères
fondateurs3, a été découvert en 1980 avant son
utilisation généralisée plus récemment.
L'apprentissage profond « deep learning », est en
réalité la résultante de l'apprentissage dans les
réseaux de neurones
3 Yann LeCun (2015-2016). Recherches sur
l'intelligence artificielle - Les enjeux de la recherche sur l'intelligence
artificielle. Chaire informatique et sciences numériques
Consulté en octobre 2017 et disponible à l'adresse
:
https://inria.fr/medias/actualites/generales/documents-pdf/lecun-enjeux-ia.
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
profonds 4. L'objectif à terme pour ce
dernier est d'être entrainé afin de le rendre meilleur que
lui-même5, même si aujourd'hui il n'en est qu'à
ses débuts.
L'avantage de cette méthode est, d'après LeCun,
sa « capacité d'apprendre à représenter le monde de
manière hiérarchique ». C'est un sous domaine de
l'intelligence artificielle mais également du machine learning
grâce à son caractère neuronal puisqu'il utilise les
réseaux de neurones profonds. Il est néanmoins encore loin
d'être parfait et ne devrait être considéré comme
abouti que d'ici 10 ans au minimum tant par son caractère
inachevé qu'inexploitable et non fiable pour l'heure, comme nous avons
pu le constater lors de nos recherches et confirmé avec des
entretiens.
Ces intelligences, toutes formes considérées,
sont conçues afin d'être en capacité de comprendre un
besoin et d'y répondre de manière personnalisée et en
autonomie. Elles sont rendues possibles par la base de données
grandissante des API de la plupart des GAFA ou d'autres acteurs
économiques, mais aussi la construction de procédures « pas
à pas » et bien entendu l'auto-apprentissage, coeur du
système d'IA. Ces dernières sont vouées au remplacement de
certaines tâches réalisées par des effectifs humains
existants au sein des entreprises et dont de nouvelles tâches seront
alors réalisables pour eux6.
La présence de la technologie aura pour rôle de
soulager le travail des collaborateurs, l'accompagner dans la prise de
décision et dans des travaux faisant appel à la
créativité ; les fonctions et tâches affectées aux
humains seront durablement touchées7, impactant plus
globalement l'ensemble de la gestion des individus8 et
l'organisation dans l'entreprise9 pour per-
4 Steven Harris (2017). How to apply AI to Brand
Marketing.
machinelearning.co
5 Stéphane Mallard, Jean-Philippe
Desbiolles, Anne-Laure Barcori (Juin 2018), Forum IA Summit, INSEEC Lyon.
6 Peter K. Ross & Susan Ressia & Elizabeth
J. Sander (2017), Data Driven Management, Artificial Intelligence, and
Automation (ed.) Work in the 21st Century (The Changing Context of
Managing People, Volume) Emerald Publishing Limited, pp.113 - 137
Consulté en décembre 2017 et disponible à
l'adresse:
http://www.emeraldinsight.com.ezproxy.kedgebs.com/doi/pdfplus/10.1108/978-1-78714-577-120171008.
7 Vegard Kolbjørnsrud, Richard Amico, Robert J.
Thomas, (2017) "Partnering with AI: how organizations can win over
skeptical managers", Strategy & Leadership, Vol. 45 Issue: 1,
pp.37-43
Consulté en novembre 2017 et disponible à
l'adresse:
https://doi.org/10.1108/SL-12-2016-0085.
8 John Chelliah, (2017) "Will artificial
intelligence usurp white collar jobs?", Human Resource Management International
Digest, Vol. 25 Issue: 3, pp.1-3
Consulté en octobre 2017 et disponible à l'adresse:
https://doi.org/10.1108/HRMID-11-2016-0152.
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
mettre une efficience maximale dans la relation humain -
machine10, encore nouvelle au-jourd'hui.
Un nouveau marketing est en construction11 puisque
ces intelligences permettent de réduire un écart entre les offres
et la réception des réponses, supprimant ainsi des
intermédiaires, en parallèle du délai de réponse.
À terme, l'IA sera un apporteur et simplificateur d'affaires dès
lors qu'il permettra de relier des informations, cibler avec une
précision parfaite et mesurer des résultats de manière
inégalée. Elle permettra également comme dit plus haut de
suppléer et de réaliser des tâches dans un délai de
réponse parfois infime. Nous pouvons donc légitimement nous poser
la question de la place de l'Intelligence Artificielle au sein des services
marketing et son impact au sein des différentes organisations ainsi que
ses perspectives aujourd'hui.
Tous les secteurs sont concernés, qu'ils soient B2B ou
B2C, mais ceux de l'éducation ainsi que ceux du secteur retail,
bancaire, de la musique, de la santé, des voyages et bien entendu de
l'automobile, dont les premières innovations sont et seront celles qui
toucheront le plus significativement à court terme les consommateurs.
L'arrivée d'objets connectés dans le quotidien
des consommateurs et des entreprises, et plus particulièrement ceux
intégrant une forme d'IA, n'est pas nouveau : nous pourrions discuter
des chatbots aujourd'hui incontournables dans la stratégie digitale et
marketing d'une entreprise. Cet usage devient incontournable par sa
rapidité de réponse et sa qualité. En France par exemple,
les premiers à avoir mis au point ces derniers par
l'intermédiaire de la plateforme social Facebook étaient Pizza
Hut et Voyages-Sncf, ce dernier permettait notamment de consulter des horaires
ou réserver un billet de train simplifiant ainsi l'accès à
l'information plus globalement. Ces derniers, disponibles 24h/24h et 7j/7,
montrent par ail-
9 Prashant Shukla, H. James Wilson, Allan Alter,
David Lavieri, (2017) "Machine reengineering: robots and people working
smarter together", Strategy & Leadership, Vol. 45 Issue: 6,
pp.50-54
Consulté en mars 2018 et disponible à l'adresse:
https://doi.org/10.1108/SL-09-2017-0089.
10 Bruno Teboul (2017). Robotariat - Critique de
l'automatisation de la société. Paris, France : Kawa.
Consulté en octobre 2017
11 Augustin Huret, Jean-Michel Huet, «
L'intelligence artificielle au service du marketing »,
L'Expansion Management Review 2012/3 (N° 146), p. 18-26. DOI
10.3917/emr.146.0018.
Consulté en octobre 2017 et disponible à
l'adresse :
www.cairn.info/revue-l-expansion-management-review-2012-3-p-18.htm.
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
leurs une efficacité redoutable sans
précédent dans le service client. La reconnaissance d'images, par
l'apprentissage gagné grâce à des images réelles ou
générées par un ordina-teur12, ou faciale
grâce au jeu du machine learning (Apple encore et son dernier smartphone
iPhone X) sont également parties intégrantes de ces nouvelles
technologies développées ayant recours à une
intelligence.
Nous pouvons évoquer le développement d'une IA
dotée d'une intelligence permettant de détecter le sarcasme
à partir de tweets extraits de la plateforme Twitter13 : cet
usage nous montre ainsi les avancées considérables d'outils pour
les décideurs en matière de marketing émotionnel et ainsi
dans l'étude de la réaction des consommateurs ou
clients14.
Nous pourrions encore en citer beaucoup, mais plus globalement
ces technologies sont dotées d'un énorme potentiel et doivent
dès aujourd'hui faire partie intégrante de la stratégie
marketing de l'entreprise. Google entretient 5000 projets en interne uniquement
fondés sur l'intelligence artificielle et son
intégration15. Alibaba vient d'annoncer en 2018 un plan de 15
milliards de dollars en 3 ans pour la recherche en Intelligence Artificielle,
privilégiant ces derniers sur la technologie de rupture principalement
comme les marchés de la fintech, l'informatique quantique, le big data
et le design, mettant essentiellement l'accent sur le traitement automatique du
langage naturel et l'informatique visuelle. Ceci n'est qu'un exemple et tend
bien entendu à être généralisé.
Des changements importants en interne sont également
à prévoir au sein des entreprises et de leur organisation : en
effet, comment ces dernières vont implémenter ces
évolutions opérantes à la fois sur le décisionnel
et l'opérationnel et ainsi faire collaborer machines et humains ?
Quelles sont les nouvelles techniques marketing d'approches utilisées et
quelles
12 Ashish Shrivastava, Tomas Pfister, Oncel Tuzel,
Josh Susskind, Wenda Wang, Russ Webb - Apple Inc - (2016). Learning from
Simulated and Unsupervised Images through Adversarial Training
Consulté en novembre 2017 et disponible à
l'adresse:
https://arxiv.org/pdf/1612.07828.pdf.
13 Shubhadeep Mukherjee, Pradip Kumar Bala, (2017)
"Detecting sarcasm in customer tweets: an NLP based approach",
Industrial Management & Data Systems, Vol. 117 Issue: 6, pp.1109-1126
Consulté en mars 2018 et disponible à l'adresse:
https://doi.org/10.1108/IMDS-06-2016-0207
14 Laurent Charlin (2017). Intelligence
artificielle : une mine d'or pour les entreprises. Gestion, vol. 42, (1),
7679. doi:10.3917/riges.421.0076.
15 Stéphane Mallard, Jean-Philippe
Desbiolles, Anne-Laure Barcori (Juin 2018), Forum IA Summit, INSEEC Lyon.
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
sont les mesures interne prises par les entreprises face
à ces changements ? De quelle forme les produits ou services sont-ils
impactés ainsi que les techniques marketing employées par les
professionnels pour atteindre les clients et consommateurs, et l'impact de ces
dernières pour ses intermédiaires ?
La problématique identifiée est un sujet phare
de l'actualité et évolue chaque jour, en ce qu'elle est un
réel défi au sein même des entreprises en 2018. Nous
verrons ainsi comment cette science, nouvelle pour le grand public, impacte non
pas uniquement les consommateurs et clients mais aussi les organisations et
particulièrement les marketeurs.
La majorité des concepts abordés sont d'une part
de l'ordre théorique, mais aussi pratique avec l'intervention d'exemples
concrets issus de technologies déjà existantes ou en cours
d'élaboration, d'intervenants du domaine du marketing et de
l'intelligence artificielle mais aussi de personnages publics. Des travaux de
recherches ainsi que des oeuvres récentes pour la plupart soutiendront
ces propos.
L'objectif de la recherche est de rendre compte des
différentes méthodes employées ainsi que les changements
provoqués par ces nouvelles méthodes, leurs impacts sur
l'ensemble des parties prenantes ainsi que les évolutions induites par
ces changements.
Nous souhaitons aborder une stratégie ayant une
approche qualitative dans la collecte de données. En effet, le travail
de recherche sera construit autour de plusieurs recueils portant à la
fois sur les impacts internes aux entreprises et les changements
employés ainsi que la manière dont ces changements seront
opérés avec l'intervention de personnalités du monde de
l'entreprise (tous secteurs confondus) mais également des questions sur
les enjeux sociétaux, d'autres intervenants spécialisés
pourront prendre part à la recherche.
La connaissance des nouveaux outils marketing ainsi que
l'évolution probable de ces derniers seront également au
programme de ces échanges, et plus particulièrement ceux tenant
du marketing prédictif et décisionnel. L'ensemble des questions
seront pour une forte majorité
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
ouvertes afin d'obtenir des propos riches et
diversifiés. Les résultats pourront fluctuer en fonction de
l'actualité, riche et en plein changement pour ce sujet. L'analyse des
données permettra de mesurer l'impact de ces changements à la
fois au sein de l'entreprise, mais aussi sur les consommateurs ainsi que la
société plus globalement.
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
PARTIE 1
1 LE DEGRÉ D'IMPLICATION
DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
Un de ses fondateurs Marvin Minsky définissait
l'intelligence artificielle et son objectif comme étant une science qui
« consiste à faire faire à une machine ce que l'homme fait
moyennant une certaine intelligence », et ce bien après le
Congrès de Dartmouth en 1956 qui scella définitivement l'emploi
de ce terme par le scientifique John McCarthy. Ces deux experts ont d'ailleurs
été les créateurs du célèbre MIT Artificial
Intelligence Laboratory à l'Université de Stanford, aux
États-Unis.
Mais nous ne pouvons évoquer les fondements de l'IA
sans évoquer l'expérience réalisée par Alan Turing,
donnant naissance au célèbre test éponyme ayant pour but
de démontrer l'intelligence d'une machine et sa capacité
d'imitation de l'intelligence humaine. Elle ne date d'ailleurs pas d'hier
puisque historiquement Leibniz pensait déjà en 1694 à la
confection d'un prototype de machine à raisonnement autonome grâce
à des calculs (Ganay et Gillot, 2018)16.
Alors que l'économiste français Jean-Baptiste
Say avançait déjà en 1828 l'hypothèse où les
chevaux allaient être concurrencés puis remplacés par des
voitures17, il était encore loin d'imaginer que ces derniers
n'allaient pas seulement être conduits par des humains mais bien
guidés automatiquement par l'intelligence et en totale autonomie comme
les voitures Google ou bien celles d'Uber désormais aux
États-Unis 18.
Aujourd'hui, les causes de l'évolution des recherches
sont bien différentes, comme l'évoque le mathématicien et
député français Cédric Villani en 2018 : «
dans les années 1950 c'était l'idée que l'on pourrait
reproduire en algorithme la pensée humaine, maintenant c'est tout
simplement n'importe quelle technique informatique qui permet d'aboutir
à un résultat sophistiqué (traduire un texte par exemple)
; on est passé d'un concept d'imitation à un con-
16 Claude de Ganay & Dominique Gillot,
Rapport parlementaire pour une intelligence artificielle
maîtrisée, utile et démystifiée, Office
parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques,
Assemblée Nationale, Mars 2018, Tome 1 & 2
17 Makridakis, S. The forthcoming artificial
intelligence (ai) revolution: Its impact on society and firms. Futures
2017, 90, 46-60.
18 Makridakis, S. The forthcoming artificial
intelligence (ai) revolution: Its impact on society and firms. Futures
2017, 90, 46-60.
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
cept utilitaire puisque l'intelligence artificielle est
désormais conçue pour être utile » et non pour
remplacer les humains.
Le fondement même des ordinateurs repose sur
l'exécution de programmes pré-conçus en amont de la
technologie, à la différence de l'IA désormais capable
d'apprendre de ses erreurs ou succès19. Ce concept
d'imitation est d'ailleurs repris par Yan LeCun (2016)20, pionnier
du deep learning et Directeur de la Recherche sur l'IA chez Facebook, et ajoute
même la notion de hiérarchisation des informations et son
importance dans la connexion neuronale.
Mais alors, par quels moyens les marketeurs ont-ils nourrit
leurs fins et utilisé le développement de concepts des
scientifiques et chercheurs ? Comment les institutions font-elles face à
ces changements qui opèrent non pas seulement au sein des entreprises
mais aussi dans le quotidien de l'ensemble de leurs populations ?
19 Makridakis, S. The forthcoming artificial
intelligence (ai) revolution: Its impact on society and firms. Futures
2017, 90, 46-60.
20 Yann LeCun (2015-2016). Recherches sur
l'intelligence artificielle - Les enjeux de la recherche sur l'intelligence
artificielle. Chaire informatique et sciences numériques
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
1.1 Au sein de notre société
1.1.1 État des lieux
1.1.1.1 Vers une société de robots ?
La crainte d'aujourd'hui pour la plupart des personnes
nourrissant un intérêt dans l'IA consiste en l'inversion des
rapports de force et des puissances intellectuelles entre les robots et les
humains. D'après Pan (Yunhe Pan, 2016), l'intelligence artificielle ne
devrait pas dépasser l'intelligence humaine mais seulement la
compléter et l'enrichir mécaniquement21. Il pense que
la menace n'est pas réelle et demeure inconcevable pour l'heure.
À l'image de la transformation des modes de circulation
véhiculés par Ford et ses voitures modernes qui ont
supplantés les calèches à la fin du XIXème
siècle, il suffirait « d'un demi-siècle pour obtenir une
transformation aussi importante » (Bruno Bonnell, 2018)22 au
sein de notre société, tout comme ce changement qui n'a
été vraiment démocratisé qu'au début du
XXème siècle.
1.1.1.2 Une guerre mondiale des acquisitions
En ce qui concerne l'intelligence générale
(appelée aussi Superintelligence) celle-ci ne devrait pas être au
point avant les 60 prochaines années23. C'est
également l'avis de
21 Yunhe Pan, Heading toward Artificial
Intelligence 2.0, Engineering, Volume 2, Issue 4, 2016, Pages 409-413,
ISSN 2095-8099
22 Bruno Bonnell, Pierre Marquis, Jean Gabriel
Ganascia, Albane Gaillot (Mars 2018) ; Intelligence Artificielle : la data
levier de compétitivité, conférence, Maison de la
Chimie, Paris, Matinales du Numérique.
23 Yunhe Pan, Heading toward Artificial
Intelligence 2.0, Engineering, Volume 2, Issue 4, 2016, Pages 409-413,
ISSN 2095-8099
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
l'optimiste Yann LeCun (Facebook) et ce malgré
l'opposition d'opinion avec un de ses contemporain Elon Musk (Dirigeant de
Tesla et Space X), où ce dernier pense que l'IA va conduire à une
troisième guerre mondiale (dans sa récente intervention lors du
festival SXSW en 2017), et qualifie même l'IA comme étant «
plus dangereuse que les armes nucléaires ».
Cette déclaration fait écho à la course
aux avancées technologiques menées par la Russie, la Chine et la
plupart des puissances étatiques ayant fait de la recherche sur ce sujet
une de leur priorité tant au niveau intellectuel que budgétaire.
La France n'est d'ailleurs pas en reste mais concède un léger
retard.
Figure 1 : LES DOMAINES DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE,
GOUVERNEMENT FRANÇAIS, 2018
Ce retard est souvent dû à une législation
encore trop peu garante et une population parfois fébrile quant aux
expérimentations, indépendamment des budgets alloués et de
leurs caractères encore incomparables face aux pays émergents en
matière de recherche en IA.
23 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
Il est pour lui fondamental de stopper cette course et
prévient d'un risque à la fois humain mais surtout d'un
problème de gouvernance à l'échelle mondiale où
l'éclosion d'une dominance d'un pays en marge aurait le même effet
que l'obtention d'un avantage nucléaire et redistribuerait
nécessairement les cartes du modèle de la gouvernance mondial.
Il préconise par ailleurs un durcissement rapide des
législations mondiales en matière de technologies
numériques et intelligentes. Cette guerre mentionnée ne peut
être attribuée uniquement aux États puisque cette
dernière en est d'ailleurs déjà à ses
prémices d'un point de vue économique si l'on se fie à la
« guerre des acquisitions » menée par les GAFA au-jourd'hui et
la course à l'équipement en intelligence artificielle qu'ils
opèrent (Makridakis, 2017)24, à l'instar des
Microsoft, IBM ou encore les chinois BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiami) en
tête de liste.
1.1.1.3 L'emploi, un enjeu clé
Au-delà de l'impact sur les services au sein des
entreprises, l'intelligence artificielle va aussi entraîner une
inégalité sociale importante au sein et à
l'extérieur des entreprises. Les emplois tenant du « middle range
jobs » seront les plus impactés25, et si ces changements
prennent forme nous serons face à une montée exponentielle des
écarts dans la mobilité verticale économique.
Ils pourraient être compensés par des mesures
législatives avec par exemple l'introduction d'un revenu universel
(Dirican, 2015)26 , aussi évoqué par Stieglitz, qui
absorberait les effets néfastes de ces changements. Il dit aussi que
grâce aux nouvelles avancées technologiques, nous serons les
nouveaux aristocrates modernes, d'ici 75 ans, où il avance
24 Makridakis, S. The forthcoming artificial
intelligence (ai) revolution: Its impact on society and firms. Futures
2017, 90, 46-60.
25 Makridakis, S. The forthcoming artificial
intelligence (ai) revolution: Its impact on society and firms. Futures
2017, 90, 46-60.
26 Cüneyt Dirican, The Impacts of
Robotics, Artificial Intelligence on Business and Economics, Procedia -
Social and Behavioral Sciences, Volume 195, (2015), Pages 564-573, ISSN
1877-0428
24 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
également que nous serons maîtres de nos vies
désormais consacrées aux loisirs et au bien-être, car les
machines vont oeuvrer pour nous comme les esclaves d'autrefois ou bien serons
uniquement des concurrents directs pour le rapport bonheur - emploi.
Avant d'affirmer ou non ces allégations, il est
important que la société prenne pleinement conscience des risques
qu'elle encourt et des opportunités qui lui sont offertes : alors que
certains penseurs accusent les États et leur enseignement qui selon eux
n'est pas digne de la connaissance demandée aujourd'hui27
réprimant une éducation encore trop fixée sur son
modèle historique, ils demandent également plus à la fois
d'autonomie et d'accompagnement dans l'apprentissage.
Mais c'est également les emplois,
débouché logique après l'apprentissage scolaire, qui
seront impactés par l'introduction de la technologie avec
l'évolution des postes et des tâches qui en incombe. Prenons par
exemple la fonction support : cette dernière devrait
nécessairement se développer si les robots advenaient à
remplacer les humains dans leurs tâches, et quand bien même cette
hypothèse ne devait pas se concrétiser, la place de l'IA dans le
quotidien d'un bon nombre de travailleurs et en particulier des marketeurs
devrait devenir importante. Certaines tâches seront automatisées
et les humains devront remplacer ce temps de travail effectif par de la
fonction support, afin de vérifier que ces dernières soient
accomplies correctement.
Les emplois vont donc au mieux se transformer, sinon
être remplacés par des machines et d'autres seront
créés.
27 Yunhe Pan, Heading toward Artificial
Intelligence 2.0, Engineering, Volume 2, Issue 4, 2016, Pages 409-413,
ISSN 2095-8099
25 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
1.1.1.4 « Disruption créatrice », vraiment
?
Une notion revient fréquemment aujourd'hui et elle ne
date pourtant pas d'hier : rendue célèbre par son illustre
penseur économique autrichien J. Schumpeter, la destruction
créatrice est souvent associée au progrès technique
où l'ancien est transformé ou absorbé par le nouveau dans
le processus de création. Elle est invoquée lors de profonds
changements dans la structure économique plus
généralement, du fait bien souvent d'une innovation majeure
bouleversant irrémédiablement la société dans son
ensemble et nécessitant des changements imminents pour renouveler
efficacement la production sans l'impacter ou limiter ses impacts
économiques.
Bien que de profonds changements sont déjà
opérés dans les grands groupes, ces derniers sont encore trop peu
nombreux mais tendent à se généraliser sur l'ensemble des
domaines, postes et taille d'entreprise et alors que certains parlent
désormais de destruction créatrice ou bien de destruction pure,
qu'en est-il vraiment ?
Les chiffres montrent bien la prise de conscience
générale puisque d'après le cabinet d'audit Tractica, le
marché des produits en entreprise ayant recours à l'intelligence
artificielle passerait d'une cotation à 643 millions de dollars en 2016
à une évaluation dépassant les 36 milliards de dollars en
2025, soit approximativement le poids du PIB des États-Unis en 2016. Une
tribune du The New-Yorker28 affirmait d'ailleurs que
l'évaluation des impacts de cette révolution prendrait trois
à quatre fois moins de temps par rapport à ceux de la
révolution digitale, et même près de 20 fois moins que pour
celle de la révolution industrielle du siècle dernier.
Avec l'intervention de l'IA, les entreprises s'organisent afin
d'introniser une transition douce même si cette dernière est
souvent freinée par la dichotomie entre le process en cours
d'implantation et les nouvelles méthodes supplantant ce dernier (Aoun,
2018)29. C'est notam-
28 Makridakis, S. The forthcoming artificial
intelligence (ai) revolution: Its impact on society and firms. Futures
2017, 90, 46-60.
29 Lo
·s Aoun (Février 2018) ;
Rencontre ; FrenchTech Lyon.
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
ment par l'intermédiaire de nouvelles fonctions au sein
des entreprises avec par exemple la création du poste de CAIO (Chief AI
Officier), qui pourrait être également perçu comme une
simple évolution de la fonction support, comme l'évoque Frey et
Osborne en 2013 avec l'extension des compétences d'emploi dont les
estimations seraient à hauteur de 47% des emplois actuels qui pourraient
être concernés par ces changements30.
Stieglitz fait pourtant le pari d'une augmentation
conséquente des pertes d'emploi avec le remplacement du capital et de
l'humain par l'innovation robotique ou intelligente31. Pour lui, ces
changements entraineront inéluctablement une déflation, ou tout
au mieux une « stagflation »32 chère à Bruno
Teboul (2017), qui pour sa part va même jusqu'à évoquer
l'idée d'une « disruption créatrice », opposant les
concepts de Schumpeter et Sauvy.
Il est complété par Dirican qui entend qu'une
hausse de l'efficacité au sein des entreprises est nécessaire
pour absorber cette perte de Demande33. C'est également le
cas pour Yu (2018)34 et Kodama (1986)35 qui revendiquent
tous deux une hypothèse où la robotique et sa forme physique
prendront la place des humains au sein de la chaine de valeur travail ainsi que
dans de nombreux domaines et particulièrement au sein des travaux
manufacturés.
30 Frey, C. B., & Osborne, M. A. (2013). The
future of employment: How susceptible are jobs to computerisation?, Oxford
Martin School
31 C·neyt Dirican, The Impacts of
Robotics, Artificial Intelligence on Business and Economics, Procedia -
Social and Behavioral Sciences, Volume 195, (2015), Pages 564-573, ISSN
1877-0428
32 Bruno Teboul (2017). Robotariat - Critique de
l'automatisation de la société. Paris, France: Kawa.
33 C·neyt Dirican, The Impacts of
Robotics, Artificial Intelligence On Business and Economics, Procedia -
Social and Behavioral Sciences, Volume 195, (2015), Pages 564-573, ISSN
1877-0428
34 Lim, J.; Gil, J.-M.; Yu, H. A Distributed
Snapshot Protocol for Efficient Artificial Intelligence Computation in Cloud
Computing Environments. Symmetry 2018, 10, 30.
35 Fumio Kodama, Japanese innovation in
mechatronics technology, Science and Public Policy, Volume 13, Issue 1, 1
February 1986, Pages 44-51
27 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
1.1.2 Révolution IA et révolution digitale :
une (r)évolution historique
1.1.2.1 Vers une révolution cyclique
programmée ?
Trois facteurs sont à l'origine des changements entre
les prémisses de la technologie et « l'intelligence artificielle
2.0 » évoquée par Yunhe Pan36 comme étant
ce vers quoi nous nous tournons depuis des mois : premièrement par la
nature des données collectées et l'environnement dont elles
disposent, mais également par la puissance de la demande citoyenne
envers l'IA considérée désormais comme supérieure
à la création de la valeur de l'offre, et enfin la nature de
l'offre d'IA qui est désormais plus complexe et complète
aujourd'hui grâce aux succès des travaux de recherche
préalablement réalisés.
Nous pourrions ainsi parler d'une « Révolution IA
» 37 qui n'est qu'à l'aube de son achèvement tant elle
galvanise les peuples et suscite l'intérêt commun, qu'il soit
positif ou négatif comme évoqué plus tôt.
Ce sujet de recherche est donc nécessaire et la demande
grandissante le prouve. Nous pouvons donc naturellement nous demander dans
quelle mesure la révolution numérique et digitale,
appellée révolution de l'information, dans les années 1990
a-t-elle introduit la révolution IA dont nous faisons face aujourdhui
?
La Révolution IA qui est menée aujourd'hui va
conduire à des bouleversements à tous les degrés et l'IA
deviendra un assistant subordonné à l'humain avant de devenir son
plus sérieux concurrent : par cette pensée, Makridakis (2017)
affirme pleinement son positionnement et voit en l'IA les futurs ordinateurs et
micro-ordinateurs (smartphones) de la précédente
révolution digitale, autrement appelée révolution de
l'information. La période actuelle pour-
36 Yunhe Pan, Heading toward Artificial
Intelligence 2.0, Engineering, Volume 2, Issue 4, 2016, Pages 409-413,
ISSN 2095-8099
37 Makridakis, S. The forthcoming artificial
intelligence (ai) revolution: Its impact on society and firms. Futures
2017, 90, 46-60.
28 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
rait être aisément assimilée à
celle de 1995 où l'idée de l'acceptation et de la connaissance de
la puissance d'internet était encore trop vague pour la plupart des
personnes et était sujet à un scepticisme immense (Stoll,
1995)38.
Mais cette nouveauté modifiera radicalement
l'accès à l'information, et les technologies sont d'ailleurs une
source indéniable de changement : on l'a constaté avec les
ordinateurs, les smartphones et aujourd'hui l'IA, que ce soit dans le quotidien
ou bien dans la balance des pouvoirs (S. Holtel, 2016)39 et par
extension ses piliers fondateurs.
Figure 2 : LES PERIMETRES D'ACTION ET CONSEQUENCES DE CES
REVOLUTIONS, RAPPORT PARLEMENTAIRE FRANCE IA,
2018
38 Makridakis, S. The forthcoming artificial
intelligence (ai) revolution: Its impact on society and firms. Futures
2017, 90, 46-60.
39 Stefan Holtel, Artificial Intelligence
Creates a Wicked Problem for the Enterprise, Procedia Computer Science,
Volume 99, 2016, Pages 171-180, ISSN 1877-0509
29 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
1.1.2.2 Une cohabitation tripartite inédite dans
notre société...
Des changements imputant les fondements même de notre
société sont à l'oeuvre avec l'introduction d'une tierce
partie prenante, donnant une nouvelle séparation tripartite de notre
société : humaine (humain, société), cyber et
physique40.
Depuis les débuts de cette révolution, les
clivages ne cessent de progresser entre ces membres, même si pour
certains auteurs l'écart devrait se dissiper au profit d'une fusion si
le cyber venait à prendre la place de l'humain. Tant que des solutions
ne seront pas trouvées pour chaque entreprise, l'intelligence
artificielle ne sera pas comprise par la plupart de ces dernières :
chaque entreprise doit se questionner sur sa valeur ajoutée et tester
pour obtenir des résultats uniques et affirmer des solutions en
cohérence avec la politique, les missions et l'environnement de
l'entreprise en question (Holtel, 2016)41.
1.1.2.3 É Qui mènera à terme à
celle des robots - humains ?
D'après l'hypothèse de Mizroch (2015)
émanant de son rapport « Creativity versus Robots
»42, les emplois les plus menacés par ces
évolutions seraient essentiellement les emplois administratifs ne
demandant pas de créativité ou à une très faible
quantité horaire rapportée au temps effectif total de
travail43. Il est également constaté que les emplois
créatifs pouvant être concernés représenteraient 21%
des 721 profils d'emplois considérés dans le
40 Yunhe Pan, Heading toward Artificial
Intelligence 2.0, Engineering, Volume 2, Issue 4, 2016, Pages 409-413,
ISSN 2095-8099
41 Stefan Holtel, Artificial Intelligence
Creates a Wicked Problem for the Enterprise, Procedia Computer Science,
Volume 99, 2016, Pages 171-180, ISSN 1877-0509
42 Mizroch, A. (2015). Is your job creative enough
to resist robot automation? The Wall Street Journal Newspaper, Blog,
Management, At Works.
43 Cüneyt Dirican, The Impacts of
Robotics, Artificial Intelligence on Business and Economics, Procedia -
Social and Behavioral Sciences, Volume 195, (2015), Pages 564-573, ISSN
1877-0428
30 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
rapport. Ils seront majoritairement subordonnés par des
humains dont la fonction support sera essentielle au sein de
l'entièreté du processus créatif.
L'intelligence n'est ailleurs pas encore assez
développée pour permettre aux objets d'obtenir ces
facultés inventives même si de nombreux chercheurs ont
déjà effectué des avancées sur ce sujet.
Rapporté aux États-Unis d'Amérique, une enquête
menée par le centre de recherche de l'Université d'Oxford et le
cabinet de conseil Deloitte mentionnait en 2013 que 47% des emplois pourraient
être affectés par l'informatisation de l'ensemble des tâches
d'ici les 20 prochaines années et dont une grande partie était
déjà partiellement automatisée ou réalisée
par des robots, que ce soit dans les administrations ou dans les entreprises
(Chelliah, 2017)44. 702 postes seraient ainsi concernés, ce
chiffre fait écho à ceux exposés par la théorie de
Dirican, et rajoute même qu'un glissement des emplois de ceux des
manufactures au profit de ceux des services en serait une conséquence
inéluctable, observant ainsi une augmentation exponentielle des «
cols blancs ».
Sciamma (2012) avançait même déjà
des travaux de recherche pour organiser une société de
cohabitation entre robots et humains, à la fois au quotidien, en
entreprise mais aussi dans le dessin des villes et pays45.
Pourtant Stewart (Makridakis, 2017)46 fait la
conclusion que depuis la création des technologies, ces dernières
ont toujours créé plus d'emploi qu'elles n'en ont détruit
et décuplerait même les pouvoirs des humains, même si
l'inverse se produit quant à la rémunération qui leur est
offerte.
Julie Shah (2014) dans sa recherche commandée par le
MIT47 démontrait que les humains sont désormais
prêts sur tous les aspects à collaborer avec les machines (quelles
soient
44 John Chelliah, (2017) "Will artificial intelligence
usurp white collar jobs?", Human Resource Management International Digest, Vol.
25 Issue: 3, pp.1-3
45 Dominique Sciamma, « Vivre avec des robots
: designer la relation », Annales des Mines - Réalités
industrielles 2012/1 (Février 2012), p. 103-108.
46 Makridakis, S. The forthcoming artificial
intelligence (ai) revolution: Its impact on society and firms. Futures
2017, 90, 46-60.
47 Julie Shah (2014). Innovators under 35,
MIT
31 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
physiques ou virtuelles) lors de la réalisation de
tâches complexes, qui est l'essence même de la création de
ces outils d'assistance afin de faire naître une collaboration
symétrique et complémentaire des intelligences (Shukla et James
Wilson et Allab Alter et David Lavieri, 2017)48.
Anne-Laure Barcori pense pourtant que « c'est
l'intelligence artificielle qui va remettre l'humain à sa place et non
pas l'inverse È49, où l'IA jouera un rôle majeur
dans la redéfinition des pouvoirs puisque que les humains auraient un
rôle tourné de facto vers des pouvoirs de soft skills et donc
beaucoup moins dans la gestion au sein même des entreprises. De nouvelles
solutions seront offertes aux entreprises par ces biais, et
particulièrement au sein des services marketing qui en seront les
premiers impactés.
1.2 Au sein des entreprises et de ses services
marketing
1.2.1 Tour d'horizon
1.2.1.1 Une utilisation pas vraiment nouvelle
L'utilisation de ces outils n'est pas nouvelle puisque
déjà en 1986 Schwoerer et Frappa introduisaient l'usage de
systèmes d'expertise pour le développement de media planning
(Amaravadi, Samaddar, Dutta, 1995)50.
48 Prashant Shukla, H. James Wilson, Allan Alter,
David Lavieri, (2017) "Machine reengineering: robots and people working
smarter together", Strategy & Leadership, Vol. 45 Issue: 6,
pp.50-54
49 Stéphane Mallard, Jean-Philippe
Desbiolles, Anne-Laure Barcori (Juin 2018), Forum IA Summit, INSEEC Lyon.
50 Chandra S. Amaravadi, Subhashish Samaddar,
Siddhartha Dutta, (1995) "Intelligent marketing information systems:
computerized intelligence for marketing decision making", Marketing
Intelligence & Planning, Vol. 13 Issue: 2, pp.4-13
32 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
C'est également le cas pour Kastiel (1987)51
qui suggérait l'utilisation de plusieurs systèmes offrant un
appui technique lors de la réalisation et de l'évaluation de
démarches promotionnelles par mail ou télémarketing.
Historiquement, les principaux échecs de l'utilisation
d'une intelligence artificielle étaient dû à
l'incapacité de ces dernières à utiliser les variations de
données provenant de l'environnement des informations acquises (Yunhe
Pan, 2016)52. Sur quoi se fient ces outils ?
1.2.1.2 La place de ces outils marketing dotés d'une
intelligence artificielle
Les outils marketing ne dérogent pas
à la règle : dans l'enquête menée par Accenture
auprès de 1170 managers de 14 pays, 36% d'entre eux ont peur de la place
prépondérante que pourrait prendre ces outils dans leur quotidien
ainsi que celui de leurs collaborateurs, alors même qu'ils sont une
majorité importante (84%) à accorder que ces outils auront un
impact positif sur leur fonction, dans la gestion de tâches simples et
celles de leurs subordonnés (Kolbjørnsrud, Amico, Thomas,
2017)53.
Il est intéressant de noter que moins le pouvoir de
décision managérial est fort, plus la crainte augmente et
l'intérêt de l'utilisation est faible, ce qui confirme donc la
corrélation de ces chiffres. Pourtant, nous pouvons voir qu'il serait
utile voir fondamental d'implémenter cette aide technologique à
tous les niveaux de hiérarchie.
51 D.L. Kastiel, «Computerized
consultants», Business Marketing, March, 1987, pp. 52-74
52 Yunhe Pan, Heading toward Artificial
Intelligence 2.0, Engineering, Volume 2, Issue 4, 2016, Pages 409-413,
ISSN 2095-8099
53 Vegard Kolbjørnsrud, Richard Amico,
Robert J. Thomas, (2017) "Partnering with AI: how organizations can win
over skeptical managers", Strategy & Leadership, Vol. 45 Issue: 1,
pp.37-43
33 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
1.2.2 Le Big Data, élément central d'une
nouvelle ère
1.2.2.1 L'empreinte digitale de chacun d'entre nous
Le Big Data et les données qui en
référent sont l'empreinte digitale de chacun de nous dans une
réalité virtuelle, en ce que chaque action en ligne est
marquée puis collectée et examinée afin d'être
potentiellement exploitée (Christensen, Scholderer, Hersleth,
2018)54.
Ces données et son offre multiple (on
génère actuellement plus de 2,5 trillions d'octets de
données par jour d'après la société IBM) ont
donné lieu au désormais anglicisme Big Data, données
massives ou volumes massifs de donnés en français, du fait de sa
variété et sa quantité.
C'est essentiellement dû au fait d'une incapacité
forte à ne plus pouvoir structurellement et quantitativement traiter ces
dernières afin d'en extraire des scénarios ou approches. Ces
informations sont recueillies grâce à des sondages, plateformes et
expérimentations.
1.2.2.2 Une ressource et non un outil
Le Big Data doit être pensé comme étant
une ressource et non plus un outil : cette technologie apporte une plus-value
significative en terme qualitatif et quantitatif dans la création de
valeur au sein des entreprises et pour les entreprises, et cela
particulièrement dans un contexte de concurrence forte où chaque
valeur différenciante peut compter.
54 Christensen K, Scholderer J, Hersleth SA, et al.
How good are ideas identified by an automatic idea detection system?
Creat Innov Manag. 2018 ;27 :23-31
34 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
Les entreprises n'ont pour l'instant qu'une vision secondaire
sur ce sujet alors qu'il devrait désormais être parmi les champs
les plus discutés lors des réunions stratégiques et
directives. Mais c'est surtout en terme qualitatif que l'extraction des
données peut présenter des difficultés.
Christensen illustre le potentiel d'un système
d'automation spécifique où l'intelligence donne sa suggestion sur
la faisabilité, la nouveauté et la valeur d'une l'idée
publiée sur les réseaux sociaux ou bien dans des
communautés d'utilisateurs. Les suggestions ou idées concernent
une entreprise particulière, et ces données riches en contenu se
trouvent au sein même de recueils d'informations émanant de
réseaux sociaux ciblés avec notamment des citations de personnes.
La qualité de l'information offerte par les messages retirés
à partir des réseaux sociaux ou des communautés en ligne
(les forums par exemple) a pu être évaluée grâce
à quatre facteurs, à savoir : la nouveauté, la pertinence,
la spécificité et bien entendu le réalisme de chaque
propos (Ganay et Gillot, 2018)55.
1.2.2.3 Les 4 V : facteurs caractéristiques du Big
Data
Ces facteurs développés par Christensen
coïncident bien avec les fondements du Big Data et ses quatre V
caractérisant ses dimensions d'application et de
caractérisation : volume de données, vitesse de circulation,
véracité et variété des sources. Les données
sont à la fois collectées en plus grand nombre, mais surtout plus
rapidement et décryptées de moins bonne qualité à
cause notamment des conséquences de la Révolution
Numérique et de l'utilisation exponentielle de données
internet.
55 Claude de Ganay & Dominique Gillot,
Rapport parlementaire pour une intelligence artificielle
maîtrisée, utile et démystifiée, Office
parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques,
Assemblée Nationale, Mars 2018, Tome 1 & 2
35 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
Figure 3 : LES QUATRE V DU BIG DATA, 2018
Figure 4 : LES 4 V DU BIG DATA VU PAR IBM ET SES
IMPLICATIONS, 2014
36 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
Walmart par exemple utilise ses ressources à des fins
prédictives et dont la valeur est de 2,5 petabytes par heure et concerne
plus d'un million d'utilisateurs (Ross, Ressia, Sander, 2017)56. Ces
données qualitatives mais surtout quantitatives sont traitées par
des algorithmes afin d'en extraire des indicateurs de performance et des
analyses sous forme de tableau de bord, de synthèse ou de
recommandation.
1.2.3 Les différentes formes de programmation et ses
enjeux marketing, ou comment l'outil automatisé assouvit les besoins des
humains
1.2.3.1 Les méthodes et technologies
implémentées au sein de l'algorithme
Les algorithmes sont une suite finie et non ambiguë
d'opérations ou d'instructions (entrées) permettant de
résoudre un problème ou d'obtenir un résultat (sorties)
à partir d'un certain rendement (Donald Knuth, 1998)57.
Fonctionnant grâce aux données du Big Data, ils nécessitent
cinq prérequis : une définition précise du plan d'action,
une finitude exacte et bien pensée, des entrées et sorties, et
enfin un rendement suffisant.
Ce dernier principe mentionné
précédemment pourrait attirer notre attention en ce qu'il
définirait ce dernier comme une étape clé, où
« chacune des opérations que l'algorithme doit accomplir doivent
être suffisamment basiques pour pouvoir être en principe
réalisées dans une durée finie par un homme utilisant un
papier et un crayon ». Les mécanismes automatiques formatés
par les algorithmes donnent naissance à des outils programmatiques et
56 Peter K. Ross & Susan Ressia & Elizabeth J.
Sander (2017), Data Driven Management, Artificial Intelligence, and
Automation (ed.) Work in the 21st Century (The Changing Context of
Managing People, Volume) Emerald Publishing Limited, pp.113 - 137
57 Donald Ervin Knuth, The Art of Computer
Programming. 3rd Ed, Volumes 1-3 Boxed Set. Second Edition (Reading,
Massachusetts : Addison-Wesley, 1998)
37 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
d'autres programmés, mais la programmation de ces derniers
ne permet toutefois pas de traiter les cas « déviants » (Huet
et Huret, 2012)58, et sont majoritairement effacés dû
au fait que ces derniers ne correspondent pas au profilage
préenregistré des programmes.
Ces programmes ont historiquement été
conçues avec une intelligence artificielle capable d'apprendre de ses
succès ou échecs.
1.2.3.2 Le Machine learning, première technique
à voir le jour
« L'apprentissage automatique, également
appelé Machine learning, est un sous-ensemble de l'informatique de
pointe permettant aux ordinateurs d'utiliser un algorithme pour trier des
données, prendre des décisions, évaluer et
améliorer continuellement leurs fonctionnalités » (Shukla et
Wilson et Alter et Lavieri, 2017)59. Cette technique a
été largement développée
précédemment. Elle est désormais répandue
abondamment dans le quotidien des entreprises et permet aujourd'hui à
des voitures autonomes d'être commercialisées dans certains pays
par exemple.
Plus globalement, l'utilisation du machine learning aurait des
effets positifs directs sur le process et les résultats des entreprises.
D'après l'étude menée, 45% des industries
interrogées éprouveraient une hausse de 10 fois supérieure
à la normale quant à leurs KPIs, ce qui veut dire que leurs
actions son dix fois plus bénéfiques que sans l'utilisation d'un
outil doté d'une capacité d'apprentissage machine dans un de
leurs process60.
58 Augustin Huret, Jean-Michel Huet, «
L'intelligence artificielle au service du marketing »,
L'Expansion Management Review 2012/3 (N° 146), p. 18-26. DOI
10.3917/emr.146.0018.
59 Prashant Shukla, H. James Wilson, Allan Alter,
David Lavieri, (2017) "Machine reengineering: robots and people working
smarter together", Strategy & Leadership, Vol. 45 Issue: 6,
pp.50-54
60 Prashant Shukla, H. James Wilson, Allan Alter,
David Lavieri, (2017) "Machine reengineering: robots and people working
smarter together", Strategy & Leadership, Vol. 45 Issue: 6,
pp.50-54
38 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
Cette utilisation bénéfique pose aujourd'hui des
questions quant à son éthique et ses probables dérives
(Shrivastava et Pfister et Tuzel et Susskind et Wang et Webb,
2016)61 : par l'intermédiaire de la reconnaissance d'images,
par l'apprentissage gagné grâce à des images réelles
ou générées par un ordinateur (Apple en est l'exemple
même de la démocratisation de cette technologie avec son nouveau
smartphone) ce n'est aujourd'hui plus un secret pour personne et encore moins
pour certaines nations comme le Japon qui l'utilise dans son programme de
surveillance fournit par Panasonic dernièrement
révélé en 2017. Le profilage des individus porte un
débat concernant la vie privée des personnes et des informations
qui en découle.
On peut désormais différencier l'apprentissage
machine de l'apprentissage profond, par sa nature et son utilisation
considérée comme plus adaptable.
1.2.3.3 Deep learning, autre évolution d'une
intelligence
Le deep learning, également
nommé apprentissage profond quant à lui utilise une technologie
de synthèse neuronale proche de celle des humains et dont les
résultats sont mesurables, à la différence de
l'apprentissage machine (Harris, 2017)62.
Google Translate, célèbre traducteur en ligne
proposant de multiples traductions et des synthèses vocales, est un
réseau de neurones profonds n'ayant pas de système propre
d'apprentissage autonome : les utilisateurs peuvent proposer une correction et
cette dernière est mise en place après vérification.
L'outil n'est pas non plus en apprentissage autonome puisqu'il ne permet pas de
s'adapter aux cultures par exemple car trop pragmatique dans la transcription
(Pierre Marquis, 2018)63.
61 Ashish Shrivastava, Tomas Pfister, Oncel Tuzel,
Josh Susskind, Wenda Wang, Russ Webb - Apple Inc - (2016). Learning from
Simulated and Unsupervised Images through Adversarial Training
62 Steven Harris (2017). How to apply AI to Brand
Marketing. <
machinelearning.co>
63 Bruno Bonnell, Pierre Marquis, Jean Gabriel
Ganascia, Albane Gaillot (Mars 2018) ; Intelligence Artificielle : la data
levier de compétitivité, conférence, Maison de la
Chimie, Paris, Matinales du Numérique.
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
L'entreprise Mondelez utilise pour sa part cette technologie
à des fins de conception graphique, dans un cadre publicitaire : leur
outil interne, après avoir préalablement enregistré dans
sa base de données certaines oeuvres publicitaires ayant
été reconnues pour leur conception graphique au rendu
supérieure à la moyenne (vainqueurs de prix notamment), permet de
dégager en premier lieu un cahier des charges pour le client à
l'aide des requêtes émises par le client concerné, puis de
mettre en place à l'aide de ces données la réalisation
graphique finale destinée au client. Le projet de départ de son
créateur Shun Matsusaka était de donner naissance à un
assistant créatif, mais après étude, ce dernier a
finalement fait naître son remplaçant, n'ayant recours qu'à
une aide humaine partielle et mettant directement en concurrence les humains et
ses outils : « Nous pensons que comprendre l'apprentissage profond ne nous
servira pas uniquement à construire des machines plus intelligentes,
mais nous aidera également à mieux comprendre l'intelligence
humaine et ses mécanismes d'apprentissages » (Yann LeCun,
2016)64.
Yann LeCun sous-entend directement que l'analyse des machines
et de ses raisonnements ainsi que la modification pourrait donc permettre
à la fois d'en apprendre davantage sur les réflexions humaines
mais également de faire naître des cas comme celui
évoqué précédemment qui serait une illustration
parfaite de la non-maîtrise et connaissance des capacités de ces
nouvelles technologies.
Ce dernier extrait trois formes d'apprentissage
désormais à l'oeuvre : celles supervisées (dont
l'entrée et la sortie est connue), par renforcement (dit
d'expérience, à signal unique) et non-supervisée. Il
compare l'apprentissage non supervisé à celui des animaux et plus
généralement, donc à l'enseignement par le factuel et
l'observation.
39 / 112
64 Yann LeCun (2015-2016). Recherches sur
l'intelligence artificielle - Les enjeux de la recherche sur l'intelligence
artificielle. Chaire informatique et sciences numériques
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
1.2.3.4 La programmation robotique
Alors que la plupart de ses pairs font état de
l'importance du rôle joué par les marke-teurs et les
ingénieurs dans la conception physique et technique des robots, Sciamma
(2012) est lui plus sceptique et démontre que la place du designer est
tout aussi, voire plus fondamental encore, car il permet de
réfléchir au rôle social de ce dernier au sein de la
société et c'est cette mission même qui sera au coeur du
projet de l'insertion des robots dans le quotidien du monde entier et de la
coopération des systèmes humains et robotiques65.
Nous pourrions même étendre le
périmètre de ce dernier aux outils marketing au sein des
entreprises et même penser que le designer serait le Responsable des
Ressources Humaines des robots. Le Syrobo (Syndicat de la robotique)
prévoit une vente de 31 millions de robots industriels et personnels
dans le monde entre 2014 et 201766, ce qui ne serait pas
étonnant au vu de la croissance exponentielle prévue par le
Boston Consulting Group qui prédit 10% de croissance chaque année
dès 2017, contre 2% avant 2014.
La Bank of Tokyo (Mitsubishi UFJ) utilise désormais des
robots aux allures d'humains pour répondre aux demandes de leurs clients
sur les stands ou dans les bureaux de banque, et ces substituts
récoltent dans le même temps les informations données par
les clients afin d'affiner leur CRM et obtenir de précieux
renseignements non plus seulement tenant de leur profil mais également
des tendances de requêtes67 afin d'en dégager des
conclusions sur les récurrences.
Artificial neural networks (ANNs) (Liao, 2004) ou «
réseaux de neurones artificiels » sont des modèles de calcul
basés sur la structure et la fonction des réseaux de neurones
biolo-
65 Dominique Sciamma, « Vivre avec des robots
: designer la relation », Annales des Mines - Réalités
industrielles 2012/1 (Février 2012), p. 103-108.
66 Prashant Shukla, H. James Wilson, Allan Alter,
David Lavieri, (2017) "Machine reengineering: robots and people working
smarter together", Strategy & Leadership, Vol. 45 Issue: 6,
pp.50-54
67 Cüneyt Dirican, The Impacts of
Robotics, Artificial Intelligence on Business and Economics, Procedia -
Social and Behavioral Sciences, Volume 195, (2015), Pages 564-573, ISSN
1877-0428
41 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
giques (2014)68 dont les origines remontent
à 1957 avec les travaux de Frank Rosenblatt et son Perceptron
(1958)69, premier système modélisé de neurones
artificiels ; et dont Marvin Minsky, un des pères fondateurs de
l'intelligence artificielle, avait émis de sérieux doutes quant
à son modèle théorique présenté par ce
rendu.
Ses recherches étaient principalement fondées
sur celles de McCulloch et Pitts plus tôt, en 1943, qui avaient tous deux
étés à l'origine du terme neurone formel.
Figure 5 : SCHEMA D'UN RÉSEAU DE NEURONES ARTIFICIELS,
1997
68 E.W.T. Ngai, S. Peng, Paul Alexander, Karen K.L.
Moon, Decision support and intelligent systems in the textile and apparel
supply chain: An academic review of research articles, Expert Systems with
Applications, Volume 41, Issue 1, 2014, Pages 81-91, ISSN 0957-4174
69 Frank Rosenblatt, The Perceptron: A
Probabilistic Model for Information Storage and Organization in the Brain.
Psychological Review, Vol. 65, No 6, 1958
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
1.2.3.5 Les outils marketing majeurs
On évoque bien souvent les Marketing intelligent
systems dans l'utilisation d'outils au sein des services marketing et sont
utilisés à des fins d'accompagnement et non de remplacement dans
l'éxécution de tâches simples. Cette technique est une
avancée majeure dans sa découverte en ce qu'elle est
considérée comme similaire au cerveau humain dans ses techniques
de réflexion, constatée lors de l'observation des réponses
apportées par ces systèmes utilisant la technique heuristique,
celle à l'origine de la réflexion au sein du cerveau
humain70.
Ces systèmes autonomes sont automatisés et
développent une intelligence bientôt à même de
réaliser des tâches complexes sans intervention de l'humain au
sein du processus d'éxécution, ce dernier sera ainsi
considéré comme un simple agent de maintenance pour lui.
Connus par le grand public notamment pour son assistance
technique sous différentes formes aujourd'hui, les agents
conversationnels, également appelés chatbots ou
bots : ils ont pourtant été conçus pour la première
fois par Joseph Weizenbaum en 1966 avec Eliza comme un assistant psychologique
dont les capacités limitées ne prétendaient pas à
un tel avenir. En effet, ce dernier n'était pas encore capable de
répondre mais uniquement de lancer des alertes et le plus souvent sous
forme de questionnement, comme des relances ou notifications.
70 E.W.T. Ngai, S. Peng, Paul Alexander, Karen K.L.
Moon, Decision support and intelligent systems in the textile and apparel
supply chain: An academic review of research articles, Expert Systems with
Applications, Volume 41, Issue 1, 2014, Pages 81-91, ISSN 0957-4174
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
Figure 6 : EXEMPLE D'UNE CONVERSATION AVEC L'OUTIL
CONVERSATIONNEL ELIZA,1964 - 1966
Ces derniers, malgré leur aspect reconnu comme trop
mécanique et ayant encore une efficacité discutable pour certains
(on le voit par exemple avec quelques-uns des bots sur Fa-cebook),
possèdent des qualités indéniables en matière
d'information pour les consommateurs ou clients lors de la phase
précédant l'achat et particulièrement dans un contexte
multicanal (Poncin et Mimoun, 2011)71.
D'ailleurs, ces mêmes clients acceptent pour une
majorité l'idée d'utiliser cet outil marketing dans leur
quotidien, à des fins de rapidité de réponse et de
qualité de service (Jour-
71 Poncin, I. & Ben Mimoun, M. (2011).
Coexistence et complémentarité entre vendeur virtuel
ubiquitaire et vendeurs réels. Gestion 2000, volume 28, (5), 31-46.
doi:10.3917/g2000.285.0031.
44 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
dain, 2017)72. Pour preuve, « 63% des 18-65
ans envisagent d'utiliser un chatbot pour dialoguer avec une entreprise »
(Iadvize, 2016).
BNP Paribas avec son outil intelligent et en partenariat avec
Criteo fait état d'un avancement fort en matière d'agent
conversationnel et ces derniers investissent fortement dans le
développement de cette technologie pour dialoguer à la fois en
interne avec ses salariés mais aussi avec ses clients et la relation
avec ces derniers. Ils suivent également de près le
développement d'agents conversationnels à interface vocale comme
Smartly.ai.
Figure 7 : IADVIZE, ETUDE SUR LE COMPORTEMENT DES
UTILISATEURS DE CHATBOTS, 2016
72 Camille Jourdain (4 octobre 2017).
Réflexions autour de la combinaison Artificielle et Marketing.
France
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
Mais ces robots en ligne n'ont pas seulement des
qualités conversationnelles, ils permettent également de
simplifier le parcours d'achat des clients pour augmenter les conversions
à l'étape finale du parcours d'achat : que ce soit pour le cas
français avec ceux d'Auchan et Leclerc pour le vin, ou bien celui de
Engie.
Ils permettent également de simplifier les tâches
et d'augmenter la productivité des salariés au sein même
des entreprises : l'exemple du Crédit Mutuel démontre qu'avec sa
technologie de scannage des mails, une intelligence permet d'automatiser
certaines réponses et ainsi d'augmenter de 60% l'efficacité des
salariés73. Il faut ainsi « intégrer l'IA au
départ du parcours client et non pas pendant » comme le sait si
bien Jean-Philippe Desbiolles, en charge de la promotion de l'outil Watson
produit par IBM. Il démontre également que grâce à
l'outil d'IBM, « seulement 40% des questions sont répondues par des
humains » sur la plateforme conversationnelle de la banque innovante
Orange Bank, nouveau produit de l'entreprise française dont les
qualités disruptives sont mises en avant cette année.
Ces derniers sont accessibles depuis Facebook Messenger et
délivrent également de précieuses données pour les
marketeurs online : en effet, les données récoltées sur
Messenger sont accessibles pour renforcer le ciblage publicitaire sur Facebook
Advertising (Facebook Ads) et offrent aux entreprises des opportunités
plus que conséquentes en matière de précision du ciblage
et du profilage des utilisateurs.
Il existe bien évidemment d'autres formes d'agents, que
ce soit en interne au sein des entreprises ou bien sur les sites internet : on
pourrait citer la plateforme Intercom qui permet à la fois de
gérer des conversations avec les visiteurs, mais aussi de définir
des réponses automatiques et de procéder à du mailing
groupé (que ce soit des newsletters ou de simples courriers
d'information).
A la différence des proches Marketing Intelligent
Systems, les Marketing Decision Support Systems (MkDSs) : « sont des
systèmes informatiques destinés à aider les
décideurs à
73 Stéphane Mallard, Jean-Philippe Desbiolles,
Anne-Laure Barcori (Juin 2018), Forum IA Summit, INSEEC Lyon.
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
utiliser des données et des modèles pour
identifier et résoudre des problèmes » (Rauscher, 1999) 74 ;
rapporté au marketing, l'utilisation de ces derniers pourront produire
des informations concernant le cycle de vie d'un produit et son état
actuel75, à partir de données émanant de
l'historique des ventes et des fiches produit.
Des opportunités sont offertes par les nouvelles
technologies mobiles, comme la technologie RFID, utilisées dans certains
festivals par le support bracelet ou encore le cloud
com-puting76.
Le knowledge based systems77 est fondé sur
des règles préconçues en amont au sein de la technologie
(Mahapatra et Lai, 1997)78 ce système (Laudon & Laudon,
200279 ; Wiig, 199480) permet une prise de
décision rapide et efficace grâce à son expertise en
matière de data et sa connaissance en matière de couplage de
données. Il est guidé par un assistant qui retranscrit les
informations et questions en réponses concises. Mais cet usage n'est que
très spécifique en ce qu'il ne concerne que des problèmes
de l'ordre du Management et particulièrement des tâches souvent
automatisées ou bien nécessitant peu d'intermédiaires
comme les contrats par exemple (Narayanan, Olson, & Jayaraman, 1994)
81.
74 E.W.T. Ngai, S. Peng, Paul Alexander, Karen K.L.
Moon, Decision support and intelligent systems in the textile and apparel
supply chain: An academic review of research articles, Expert Systems with
Applications, Volume 41, Issue 1, 2014, Pages 81-91, ISSN 0957-4174
75 Chandra S. Amaravadi, Subhashish Samaddar,
Siddhartha Dutta, (1995) "Intelligent marketing information systems:
computerized intelligence for marketing decision making", Marketing
Intelligence & Planning, Vol. 13 Issue: 2, pp.4-13
76 E.W.T. Ngai, S. Peng, Paul Alexander, Karen K.L.
Moon, Decision support and intelligent systems in the textile and apparel
supply chain: An academic review of research articles, Expert Systems with
Applications, Volume 41, Issue 1, 2014, Pages 81-91, ISSN 0957-4174
77 E.W.T. Ngai, S. Peng, Paul Alexander, Karen K.L.
Moon, Decision support and intelligent systems in the textile and apparel
supply chain: An academic review of research articles, Expert Systems with
Applications, Volume 41, Issue 1, 2014, Pages 81-91, ISSN 0957-4174
78 Vincent S. Lai, Radha K. Mahapatra, Exploring
the research in information technology implementation, Information &
Management, Volume 32, Issue 4,1997, Pages 187-201, ISSN 0378-7206
79 K. C. & J. P. Laudon (2002). Essential of
management information systems (5th ed.). Englewood cliffs, NJ: Prentice
Hall
80 K. M. Wiig (1994). Knowledge management,
the central management focus for intelligent-acting organization. Arlington:
Schema Press.
81 E.W.T. Ngai, S. Peng, Paul Alexander, Karen K.L.
Moon, Decision support and intelligent systems in the textile and apparel
supply chain: An academic review of research articles, Expert Systems with
Applications, Volume 41, Issue 1, 2014, Pages 81-91, ISSN 0957-4174
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L'intelligence artificielle au sein des services
Marketing
L'approche « hypercube »82 est le pilier
des systèmes experts (Expert Systems) apprenants qui permet «
d'expliquer et de décrire à partir des observations, ou des
données telles qu'elles sont collectées, les règles
décrivant ces phénomènes ». D'abord appliqué
à l'industrie, cette dernière est désormais
utilisée dans les services marketing, elle permet d'appréhender
l'entièreté des données et sous plusieurs dimensions :
nature de l'information, sa provenance technologique et l'historique de
l'information. Elle est d'ailleurs illustrée avec l'exemple d'une
entreprise de télécommunication où la rétention est
particulièrement contrôlée et ajustée grâce
à ce système.
Résoudre des problèmes nécessitant le
traitement d'informations approximatives, incertaines et insuffisantes (Kablan,
2009) 83 est désormais possible grâce à la
logique flou (fuzzy logic). Cette logique sera développée et
argumentée dans un prochain point rapporté au marketing.
Il existe d'autres outils de surveillance et d'alerte dans les
industries comme notamment ceux utilisant la mécatronique (Dirican,
2015)84. C'est un terme utilisé historiquement depuis les
années 60 au Japon et concerne une technique intelligente dans le
process marketing de manufacture de produits et leur design. Il confond
l'automation et la mécanique électronique.
Ces outils et approches ont démontré des
bienfaits majeurs dans la productivité au sein des entreprises et
notamment quant à l'approche que ces derniers avaient sur des
consommateurs ou clients et particulièrement dans le domaine
prédictif grâce notamment à l'industrie mais aussi dans
l'élaboration stratégique au sein même des entreprises.
82 Augustin Huret, Jean-Michel Huet, «
L'intelligence artificielle au service du marketing »,
L'Expansion Management Review 2012/3 (N° 146), p. 18-26. DOI
10.3917/emr.146.0018.
83 E.W.T. Ngai, S. Peng, Paul Alexander, Karen K.L.
Moon, Decision support and intelligent systems in the textile and apparel
supply chain: An academic review of research articles, Expert Systems with
Applications, Volume 41, Issue 1, 2014, Pages 81-91, ISSN 0957-4174
84 Cüneyt Dirican, The Impacts of Robotics,
Artificial Intelligence on Business and Economics, Procedia - Social and
Behavioral Sciences, Volume 195, (2015), Pages 564-573, ISSN 1877-0428
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
PARTIE 2 :
2 L'UTILISATION
DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
À DES FINS PREDICTIVES ET STRATEGIQUES
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
2.1 Le marketing prédictif est nécessaire et
essentiel...
« Le marketing est l'effort d'adaptation
des organisations à des marchés concurrentiels, pour influencer
en leur faveur le comportement des publics dont elles dépendent, par une
offre dont la valeur perçue est durablement supérieure à
celle des concurrents. Dans le secteur marchand, le rôle du marketing est
de créer de la valeur économique pour l'entreprise en
créant de la valeur perçue par les clients » (Mercator,
2014)85.
Dans sa définition principale d'assouvissement de
besoins et désirs, le marketing ne fait pas écho des technologies
utilisées, mais fait état d'une volonté de se
différencier des concurrents au moyen d'une adaptation des
organisations. L'implémentation de l'intelligence artificielle et de ses
outils serait un des moyens de mettre en oeuvre ces actions et d'en simplifier
les processus tout en réduisant dans certains cas les
intermédiaires.
Les intelligences artificielles pourront désormais
construire rapidement des plans d'action à partir de retours
d'expériences et de concepts qui donneront nécessairement un gain
de temps conséquent quant à la réalisation de ce dernier
et une efficacité incontestable (Ama-ravadi, 2015)86. Il est
d'ailleurs question ici du cas PepsiCo, illustration pratique de l'utilisation
de frameworks déjà préenregistrés et de
données récoltées afin de réaliser à l'aide
d'une intelligence un marketing mix qui donnera naissance par la suite à
des recommandations décisionnelles et stratégiques : c'est le cas
également de l'ensemble des compagnies de
télécommunication ou bien encore d'assurances avec une analyse
approfondie des comportements de ses clients87.
85 Lendrevie, J., & Lévy, J. (2014).
Mercator. Tout le marketing à l'ère numérique
(11ème édition). Paris: Dunod.
86 Chandra S. Amaravadi, Subhashish Samaddar,
Siddhartha Dutta, (1995) "Intelligent marketing information systems:
computerized intelligence for marketing decision making", Marketing
Intelligence & Planning, Vol. 13 Issue: 2, pp.4-13
87 Augustin Huret, Jean-Michel Huet, «
L'intelligence artificielle au service du marketing »,
L'Expansion Management Review 2012/3 (N° 146), p. 18-26. DOI
10.3917/emr.146.0018.
50 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
La nécessité et les bienfaits de ces outils ne sont
plus à démontrer et particulièrement dans le domaine du
marketing prédictif et décisionnel.
2.1.1 Qu'entend-on par marketing prédictif :
quelques éléments de compréhension
Par le moyen d'algorithmes et de framework, le marketing
prédictif a pour but d'anticiper les besoins et comportements des
consommateurs ou clients. Et l'utilisation de base de données est
essentiel pour obtenir un historique et se fier aux précédentes
expériences permettant la prise de décision. Ce dernier
s'avère très utile en matière de personnalisation et dont
la plupart des outils occupent une intelligence artificielle (Charlin,
2017)88.
Pour rendre opérationnelles ces recommandations, le
marketing prédictif est souvent couplé au marketing
décisionnel. Wallmart utilise également ses données
récoltées massivement à des fins
prédictives89 pour l'anticipation du stockage de produits par
exemple (DeZyre, 2015)90.
C'est aussi le cas d'Uber et de son ajustement de prix en
temps réel et en fonction des retours de clients, tout comme Facebook et
son fil d'actualité qui teste en temps réel des combinaisons et
évolue sans interruptions afin d'offrir un système en constante
évolution en identifiant des corrélations entre les attentes et
les besoins.
Un exemple dans le domaine de l'agriculture est disponible
ci-dessous, tout comme en matière d'aéronautique avec Safran ou
bien de publicité avec Publicis et son système Cyc.
88 Laurent Charlin (2017). Intelligence
artificielle : une mine d'or pour les entreprises. Gestion, vol. 42, (1),
7679. doi:10.3917/riges.421.0076.
89 Peter K. Ross & Susan Ressia & Elizabeth J.
Sander (2017), Data Driven Management, Artificial Intelligence, and
Automation (ed.) Work in the 21st Century (The Changing Context of
Managing People, Volume) Emerald Publishing Limited, pp.113 - 137
90 Dezyre (2015), How Big Data Analysis helped
increase Walmarts Sales turnover?,
dezyre.com.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Figure 8 : LES APPLICATIONS FRANÇAISES, RAPPORT
PARLEMENTAIRE FRANCE IA, 2018
Figure 9 : TRAITEMENT DES DONNÉES AVEC L'EXEMPLE DE
L'AGRICULTURE, INRA, 2018
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Utilisés dans les technologies citées plus haut
et pourraient bien prendre la place humaine au sein des entreprises, les Expert
System (systèmes experts) « sont des systèmes informatiques
qui fournissent superficiellement des informations similaires à celles
attendues d'un expert humain » (Turban & Aronson, 2001)91,
aussi dénommés systèmes à base de connaissances.
Plusieurs logiques ont été
développées afin de faire fonctionner ces systèmes, dont
la logique flou évoquée plus tôt qui pourrait être
aussi bien associée au marketing prédictif qu'à celui
tenant du décisionnel par l'informatique décisionnelle.
2.1.2 Systèmes experts et logique flou 2.1.2.1
Explications théoriques
Avec la logique flou (« fuzzy systems ») et ses
règles en « IF...THEN... » (Si...Alors...), propres aux
systèmes experts, les algorithmes génétiques peuvent
désormais collaborer pour résoudre ensemble des problèmes
donnés relevant bien souvent du domaine du marketing
(Martínez-López, 2009, 2013)92 93.
91 E. Turban, J.E. Aronson, (2001). Decision
support systems and intelligent systems, sixth Edition (6th ed). Hong
Kong: Prentice International Hall.
92 Francisco J. Martínez-López, Jorge
Casillas, Marketing Intelligent Systems for consumer behaviour modelling by
a descriptive induction approach based on Genetic Fuzzy Systems,
Industrial Marketing Management, Volume 38, Issue 7, 2009, Pages 714-731, ISSN
0019-8501.
93 Francisco J. Martínez-López, Jorge
Casillas, Artificial intelligence-based systems applied in industrial
marketing: An historical overview, current and future insights, Industrial
Marketing Management, Volume 42, Issue 4, 2013, Pages 489-495, ISSN
0019-8501
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Cette méthode nécessite de sérieuses
données récoltées en amont pour générer une
base fiable pouvant déduire automatiquement une réponse en
fonction d'une question précise avec des termes sémantiques
déjà enregistrés.
D'après son auteur, la pratique de cette méthode
permet d'obtenir une vision côté « Demande » du
marché, grâce notamment à une expérimentation avec
des consommateurs et ayant pour but d'assister les décisionnaires dans
l'exercice quotidien de leur fonction, et particulièrement pour un usage
destiné au consommateur classique.
Elle se présente sous deux formes de systèmes
experts94 : le système d'interprétation des
données et le système de prédiction.
2.1.2.2 Démonstrations pratiques
Le système d'interprétation des données
établit un constat à partir de données présentes et
anciennes tenant d'un historique, et pourrait aussi bien être utile pour
des questions liées aux patients médicaux, sociaux,
psychologiques et bien d'autres encore.
Le système de prédiction est quant à lui
porté sur des données futures à partir de données
plus ou moins récentes. Il pourrait par exemple prévoir des
phénomènes sismiques ou météorologiques importants
ou bien même des variations économiques.
Ces systèmes sont donc prêts à
répondre à la fois par des réponses fermées mais
aussi ouvertes comme nous avons pu le voir, et également d'argumenter
comme c'est le cas avec cet exemple illustré.
94 Haton, J.-P. (1989). Modèles
connexionnistes pour l'intelligence artificielle. Rapport INIST-CNRS,
CRIN-89R-149.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Figure 10 : EXEMPLE D'UN SYSTÈME EXPERT,
2018
2.1.3 Illustration avec trois cas d'usage 2.1.3.1 Le
tourisme
Stalidis, Karapistolis et Vafeiadis (2015)95
développent une étude portant sur le tourisme où les
données résultant de personnes interrogées ont
été traitées puis classifiées pour
95 George Stalidis, Dimitrios Karapistolis, Athanasios
Vafeiadis, Marketing Decision Support Using Artificial Intelligence and
Knowledge Modeling: Application to Tourist Destination Management,
Procedia - Social and Behavioral Sciences, Volume 175, 2015, Pages 106-113,
ISSN 1877-0428
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
les insérer dans un réseau de neurones
artificiels donnant des recommandations automatiquement en fonction de
requêtes de clients potentiels ou effectifs.
Ces dernières portaient essentiellement sur des
destinations et les retours d'expériences de chaque voyageur
questionné, ayant pour ultime but de recevoir des informations sur
l'image de la ville perçue par ses touristes, et les raisons de leur
voyage ainsi que leurs retours sur ce dernier.
2.1.3.2 Le sarcasme sur le réseau social Twitter
Nous pouvons également évoquer le
développement d'une IA dotée d'une intelligence permettant de
détecter le sarcasme dans la sémiotique à partir de 5000
tweets extraits de la plateforme Twitter à travers d'autres
requêtes (Mukherjee et Kumar Bala, 2017)96, et classées
entre trois formes de réponses selon leur sémantique : positives,
neutres ou négatives. La sémiotique est une combinaison de la
syntaxe, sémantique et le pragmatique correspondant à la
recherche en ligne sur internet97. Cette méthode est une
intelligence artificielle (Lolli, 2013) puisqu'elle prend en compte les besoins
et les sens des requêtes émanant de l'utilisateur.
Cette expérience est applicable à l'ensemble des
textes et pas seulement réduit à un réseau social : on
pourrait l'imaginer sur un forum interne d'une entreprise ou encore lors
d'événements comme une sortie de produit, par exemple.
Cet usage nous montre ainsi les avancées
considérables d'outils pour les marketeurs en matière
d'étude de la réaction des consommateurs ou clients, ainsi que
dans le marketing comportemental plus globalement.
96 Shubhadeep Mukherjee, Pradip Kumar Bala, (2017)
"Detecting sarcasm in customer tweets: an NLP based approach",
Industrial Management & Data Systems, Vol. 117 Issue: 6, pp.1109-1126
97 C·neyt Dirican, The Impacts of
Robotics, Artificial Intelligence on Business and Economics, Procedia -
Social and Behavioral Sciences, Volume 195, (2015), Pages 564-573, ISSN
1877-0428
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
2.1.3.3 Automatic Idea Detection System
Proche de celle évoquée par Mukherjee et Kumar
Bala98, « l' automatic idea détection system »
(système de détection automatique d'idées)
développé par Christensen99 génère
automatiquement un catalogue d'idées dans un premier temps survenus de
suggestions ordonnées par des humains. Il ferait partie
intégrante d'un système d'assistance intelligent pour les
marketeurs. Mais au-delà de l'assistance, ce dernier peut
s'avérer tout aussi utile dans une fonction d'analyse.
Christensen en fait la preuve avec une démonstration du
potentiel d'un système d'automation spécifique où
l'intelligence donne sa suggestion sur la faisabilité, la
nouveauté et la valeur d'une idée. L'idée a
été publiée en amont sur les réseaux sociaux ou
bien dans des communautés d'utilisateurs. Elle concerne une entreprise
donnée au préalable et les données scrutées
proviennent de réseaux sociaux ciblés et des citations de
personnes.
Au-delà de la complexité du système mis
en place du fait de sa nature semi-structurée voire nulle, ces derniers
ont classé les données et détecté que 67% des cas
examinés automatiquement par la machine étaient en
adéquation avec les résultats obtenus par l'analyse des
professionnels. Ce résultat peut être paru comme mitigé
tant il est encore loin de la perfection, mais ce dernier montre bien la
puissance de ce système pouvant être suffisamment fiable dans
l'utilisation que des marketeurs pourraient en avoir dans un but de recherche,
de prise d'information et non de prise de décision.
98 Shubhadeep Mukherjee, Pradip Kumar Bala, (2017)
"Detecting sarcasm in customer tweets: an NLP based approach",
Industrial Management & Data Systems, Vol. 117 Issue: 6, pp.1109-1126
99 Christensen K, Scholderer J, Hersleth SA, et al.
How good are ideas identified by an automatic idea detection system?
Creat Innov Manag. 2018 ;27 :23-31
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
2.2 É Et bien souvent couplé au
stratégique grâce à ses outils intelligents 2.2.1 Avertir
: rôle clé de ces outils proactifs
L'Intelligence artificielle et l'utilisation de données
permet également d'avertir d'un danger (sous forme de notifications par
exemple) compte tenu de l'environnement donné et des informations
préalablement enregistrées émanant de scénarios
antérieurs100.
C'est le cas du Gouvernement Fédéral australien
qui utilise un système intelligent capable de communiquer une
information anormale ou une anomalie détectée dans un but
préventif et tenant du domaine stratégique.
Ce cas pourrait naturellement s'appliquer aux entreprises dans
les secteurs commerciaux, industriels ou bien plus spécifiquement
à la communication et au marketing, comme c'est déjà le
cas avec certains systèmes d'information.
L'étude portée par l'OECD en 2015 nous invite
à croire que l'implantation dans plus de 300 entreprises
d'Amérique du Nord a été bénéfique pour une
grande majorité et dont les retombées à la fois
productives et économiques face à leurs concurrents ont
été nettement marquées. Cet outil avait pour vocation
d'accompagner les décideurs dans leurs choix.
Le concept de « l'evidence » 101 est
évoqué afin de conduire le lien entre les résultats
obtenus sur le tableau de bord à la suite de l'analyse des
données et la liste des recommanda-
100 Peter K. Ross & Susan Ressia & Elizabeth J. Sander
(2017), Data Driven Management, Artificial Intelligence, and Automation
(ed.) Work in the 21st Century (The Changing Context of Managing People,
Volume) Emerald Publishing Limited, pp.113 - 137
101 Peter K. Ross & Susan Ressia & Elizabeth J. Sander
(2017), Data Driven Management, Artificial Intelligence, and Automation
(ed.) Work in the 21st Century (The Changing Context of Managing People,
Volume ) Emerald Publishing Limited, pp.113 - 137
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
tions fournies au client. Son auteur par ce concept souhaite
mettre l'accent sur la puissance réelle de l'automatisation et la
plus-value que chaque entreprise pourrait en tirer : son illustration avec la
demande client de PayPal est équivoque.
Mais cette technologie cache aussi une fonction sous-jacente
qui pourrait être bien utile pour les entreprises et chacun des services
concernés : en effet, nous pourrions imaginer comme le dit Ross que
l'outil puisse en parallèle de ses recommandations offrir des recueils
de bonnes pratiques à ses employés afin d'améliorer
l'exécution de leurs tâches mais surtout leurs
décisions.
2.2.2 L'outil Cyc, un modèle d'intégration au
sein des entreprises
L'Oréal et Publicis utilisent tous deux des
technologies avancées en matière de marketing prédictif et
d'aide à la décision : pour ce dernier, c'est le système
Cyc qui est à l'oeuvre afin d'assister les décideurs dans leurs
prises de décisions marketing et stratégiques.
2.2.3 Un degré de satisfaction encore trop
faible
L'exemple analysé d'un prototype de système
d'intelligence hybride décrit par Li (1999 - 2000) et ayant pour
objectif d'accompagner les décisionnaires au sein des services marketing
montre bien qu'à travers ses cinq fondements il était plus
judicieux d'intégrer ces décisions au sein même d'un
cortège de groupe de décisionnaires et non plus personnel. Ces
derniers ont montré l'utilité de l'outil même s'ils n'en
ont été que partiellement satisfaits, dû principalement
à l'apport trop peu riche dans son soutien sur les missions faisant
appel au domaine du marketing stratégique pour être pleinement
fonctionnel et d'une manière encore autonome. Le rendu de cette
dernière est également bridé par des lois peu
homogènes entre les États et les régions, des pays tente
de renforcer leurs lois ou au contraire de les rendre plus
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
permissives ce qui peut exclure certains domaines de ces
avancées. C'est le cas par exemple du domaine de la santé avec
des lois qui ne régissent que sur l'aide à la décision
mais ne permet pas (encore ?) à une intelligence de prendre une
décision seule malgré l'apprentissage autonome (Albane Gaillot,
2018)102 : c'est le cas par exemple en France.
Ces technologies sont donc pratiquées au sein des
entreprises et ont un but de réalisation précis, mais quelle est
l'implication de ces derniers ? Quelle est la fréquence d'utilisation
ainsi que le degré d'utilité reçu par ses utilisateurs
?
Toutes ces questions devront être approfondies dans un
second temps, et nécessairement par l'intermédiaire des
principaux concernés qui seront les plus aptes à répondre
à ces problématiques encore non étudiées
précédemment puisque la plupart des recherches menées
précédemment impliquaient plutôt des questions
d'évolution historiques, d'innovation, de disruption de marché
mais trop peu d'utilité et d'impact sur le quotidien de ses utilisateurs
même si une logique évidente pourrait nous pousser à penser
qu'elle améliore ce dernier.
102 Bruno Bonnell, Pierre Marquis, Jean Gabriel Ganascia,
Albane Gaillot (Mars 2018) ; Intelligence Artificielle : la data levier de
compétitivité, conférence, Maison de la Chimie,
Paris, Matinales du Numérique.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
2.3 Approfondissement de l'implication et de l'utilisation
des outils marketing
2.3.1 Le choix des entretiens et la méthode
qualitative 2.3.1.1 Les raisons de ce choix
Mon choix était naturellement guidé vers ce
format d'enrichissement de contenu puisque ce dernier permet à la fois
de rencontrer des professionnels du monde de l'entreprise mais surtout des
experts dans leur domaine respectifs, dans la perspective d'une intervention
qualitative.
Grâce à la disponibilité offerte par les
intervenants, j'ai pu me rendre à la fois dans leurs locaux, pour
certains, et rencontrer d'autres lors de forums organisés afin
d'échanger plus en détail sur leurs expériences et leurs
métiers. J'ai eu l'occasion de me déplacer à Lyon et Paris
afin d'obtenir ces réponses.
Avec l'aide des entretiens physiques, des expressions faciales
et des réactions sont attendues et ont pu naturellement ouvrir le
dialogue plus aisément, nourrissant ainsi bien plus d'échanges et
approfondissant les connaissances partagées.
2.3.1.2 L'objectif et les méthodes
d'entretien
L'objectif était d'obtenir des informations sur
l'impact des changements induits par l'automation et des autres services
intelligents développés avec une intelligence artificielle dans
les départements Marketing des entreprises, et plus
précisément au sein de leur stratégie
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
décisionnelle et prédictive ; et notamment sur
les problématiques de positionnement et de ci-blage.
Nous avons donc souhaité interroger à la fois
les porteurs de solutions, intégrateurs de ces outils au sein des
entreprises et développeurs de ces services ; les utilisateurs de ces
outils donc plus globalement les marketeurs des grands groupes qui sont les
acteurs principaux de cette recherche ; les personnes d'influence qui ont une
connaissance parfaite de ce marché et de l'environnement de ce dernier
comme les conférenciers et conseillers ; les pionniers également
qui ont développés en interne ces outils et qui ont connu un
succès marqué grâce à la création et
l'implémentation de l'automation.
Après avoir établi une liste des
différents interlocuteurs potentiellement abordables et la prise de
contact avec ces derniers, approcher ces derniers a été plus
difficile que nous aurions pu l'imaginer même si certains ont
accepté de prendre le temps de nous recevoir.
Les rencontres, colloques ou forums organisés ont
été un vivier fort et une opportunité certaine d'obtenir
une prise de parole d'intervenants qualifiés et un support
indéniable d'introduction pour organiser une rencontre. Nous avons donc
profité de ces nombreuses occasions qui nous ont été
offertes pour approcher ces experts au plus près de leur
activité.
2.3.1.3 Quantitativement, une réussite en
demi-teinte...
Notre volonté première était d'interroger
des acteurs majeurs de ces sujets afin de retenir des expériences
qualitatives et non des acteurs mineurs dans un soucis de pertinence. La
réalisation des entretiens n'a pu aboutir à l'intervention d'une
quantité importante d'acteurs. Plusieurs facteurs pourraient avoir fait
naître cette situation.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
D'une part, cela est dû au fait que le nombre d'experts
en intelligence artificielle en France n'est pas élevé et ce,
même si ces derniers tendent à être de plus en plus
nombreux.
D'autre part, la concordance des agendas et le temps
nécessaire à ces entretiens, que ce soit pour certains
Députés ou même chefs d'entreprise ou bien Directeur
Marketing, était trop importante pour réaliser des entretiens de
qualité. J'ai pu par exemple en faire l'expérience avec Monsieur
le Député Cédric Villani avec qui j'ai pu m'entretenir
sans toutefois avoir le temps nécessaire pour relever des
réponses à l'ensemble de mes interrogations. Ce dernier
possède comme beaucoup d'experts, un emploi du temps cadré et
laissant peu de place à des interventions de la sorte.
Il nous a donc été difficile de réaliser
pleinement cette tâche, et ce sans citer également des prises de
rendez-vous confirmées mais non réalisées à cause
de facteurs indépendants des parties comme la grève SNCF par
exemple qui a contraint trois personnes susceptibles d'être
intéressées de devoir partir plus tôt que prévu lors
des événements auxquels nous avons pu assister à Paris ou
Lyon. Laurent Alexandre par exemple en faisait partie, lui qui est un acteur
providentiel et incontournable de ces sujets.
Mais ces barrières ne nous ont pas
découragé et nous avons pu tout de même réaliser
certains entretiens avec ces mêmes acteurs.
2.3.1.4 Des rencontres riches en savoir et
expériences
L'expertise des intervenants était nécessaire et
essentielle pour obtenir des réponses de qualité. Que ce soit au
sein même de leur entreprise leader sur un marché et dont
l'utilisation d'outils d'automation marketing et prédictifs est
nécessaire et généralisée, à commencer par
le service Marketing et plus spécifiquement le service des
données et les technologies pour lequel Frédéric Bornuat
en est en charge chez Cegid.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Ou bien en tant que directeur de l'Innovation et de la
Recherche et Développement chez Dassault Systèmes pour Patrick
Johnson, qui a la particularité d'être à la fois porteur de
solutions et créateur de ces dernières au sein du groupe
Dassault. Grâce à ses activités antérieures de
chercheur dans ce domaine, ce dernier maîtrise ainsi parfaitement les
clefs du secteur, que ce soit dans l'utilisation que dans la technique et
même les services offerts.
2.3.2 Des enrichissements concordants 2.3.2.1 É sur
la présence des outils
Avant l'implémentation interne ou externe d'outils
marketing, il est nécessaire de construire à la fois son approche
théorique mais aussi pratique. Pour Patrick Johnson, la présence
des outils nécessite « un travail chirurgical avec des
scénarios, des cas d'usage, des données qui en incombe et
même après de l'évolution du logiciel (de nouvelles
données qui arrivent) ». Ces cas d'usage, principalement
nécessaires pour des fins prédictives, vont servir de fondements
au développement des outils et ses réglages lors de son approche
pratique. L'apprentissage machine n'étant pas encore assez fiable, il
est nécessaire de tirer des conclusions à partir de cas externes,
et par des humains afin de faire de l'outil un puissant vivier comme il ne peut
pas le réaliser (encore) seul. Ils sont d'ailleurs qualifiés bien
souvent d'outils de production et même « critiques » comme nous
le mentionnait Frédéric Bornuat : « nous ne pouvons pas
travailler sans ».
Patrick Johnson nous donnait comme exemple la conception d'un
outil marketing et de conception pour l'entreprise automobile Toyota : ce
dernier permettait aux pièces détachées de s'adapter d'une
manière autonome lors de pannes ou dysfonctionnement au sein même
du véhicule. Cette technologie, dont il est l'un des fondateurs, a
permis « (d') internalisé le savoir-faire dans les pièces ce
qui faisait que quand quelque chose devait être modifié les
pièces savaient presque d'elles même comment faire ».
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Cet outil aurait très bien pu d'ailleurs faire l'objet
non pas seulement d'assistant virtuel technique prédictif, mais aussi
(et surtout) de dérivé marketing à des fins visuelles par
exemple (la couleur de la carrosserie en fonction de la
météorologie par exemple, ou bien encore la forme de la
carrosserie) comme nous le partageait Monsieur Johnson.
Ce n'est en revanche pas le cas de celui acquis et
utilisé par Cegid qui pour sa part utilise des outils prédictifs
« dans un cadre défensif pour scorer des comptes qui ont
été attaqués par un concurrent bien identifié
», et donc bien moins dans un cadre d'acquisition de leads et de clients.
Plus simplement, la solution permet de faire valoir un statut d'un client et la
faisabilité (ou risque) que ce dernier soit recruté par un
concurrent.
En revanche, elle ne permet pas (encore) d'acquérir de
nouveaux clients ; et ce, même si cette dernière solution serait
en projet. Mais Cegid achète principalement ses solutions pour les faire
évoluer en interne par la suite, et l'outil « IBM SPSS Modeler
» est le principal.
Cegid utilise bien un outil technique de Cloud permettant de
détecter des incidents autour de ses machines en interne grâce
à un paramétrage ordonné et fiable acquis grâce
à l'apprentissage.
Patrick Johnson a relevé un point important quant
à la faisabilité d'une IA de réaliser plusieurs
tâches en même temps, et que seul DeepMind est pour le moment en
mesure d'aborder la phase de test.
Au-delà de la mission principale de ces solutions qui
tiennent à la fois du stratégique et du prédictif, c'est
également une « sécurité » acquise puisque ces
dernières sont constituées par de grands groupes « ayant 20
à 30 ans d'expérience ». C'est une garantie potentielle qui
avait était mentionnée par les deux personnes.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
On comprend donc bien l'enjeu de la présence de ces
deux outils au sein des organisations aujourd'hui grâce à ce
retour terrain et plus spécifiquement au sein des services marketing,
que ce soit à la fois sur les domaines de la prédiction ou bien
plus globalement sur la stratégie et la prise de décision.
2.3.2.2 É l'association avec les employés ou
parties prenantes
Durant l'ensemble des rencontres, un constat majeur a
été fait avec une idée globale que chaque outil doit
être inventé et implanté au sein des entreprises et
où l'humain sera toujours impliqué « dans la
définition des tests » et assets. En effet, l'avancement
technologique ne pourrait permettre pour l'instant l'implémentation
unique des outils, que ce soit en matière de suivi ou bien
d'apprentissage.
Et au-delà de cet aspect, c'est même une fonction
transverse que l'outil développe avec chaque département, comme
nous avons d'ailleurs pu le constater chez Cegid avec l'étroite
collaboration des équipes de Business Analyst et de Marketing
Automation. « Ils ont pour fonction de mettre en oeuvre les programmes
marketing dans la solution marketing « Marketo » », permettant
de lier les campagnes entre celles destinées aux clients et celles des
prospects.
Une autre mission sous-jacente de certains outils a
été détectée concernant la communication : lors de
l'exposition de projets ou bien même du caractère exploitable
d'une action, comme le démontre Frédéric Bornuat «
son utilisation permet d'un point de vue de la communication et de
l'explicabilité d'être limpide et d'être très clair
dans la communication », principalement aux parties prenantes et en
interne également. Elle peut aussi nécessiter de la formation et
toute autre forme « d'évangélisation » ou
démocratisation.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
La relation humaine, acheteur - vendeur et professionnelle est
en passe d'évoluer et n'en est qu'à ses prémisses et la
plupart des auteurs et acteurs ont une vision assez différente de ce que
l'avenir préserve, mais nos entretiens ont pu démontrer qu'une
vision assez claire et similaire de ces experts en est ressorti.
2.3.2.3 É Quant aux perspectives
L'ensemble des intervenants étaient unis pour affirmer
que « dans 50 ou 70 ans » l'utilisateur sera confronté au
quotidien à des IA grâce à «
l'accélération de la performance » devant laquelle nous
allons faire face ces prochaines années. Il est donc essentiel
aujourd'hui d'en comprendre les enjeux et aussi de préparer nos
employés et futures générations à ces nouveaux
systèmes.
Un constat fort a été également
relevé par les deux parties : le côté « artisanal
» de la technologie et plus particulièrement de la connaissance en
cette dernière. L'exemple de la voiture autonome produite par Google est
un « cas emblématique » : « c'est l'accident de la
voiture autonome survenue il y a peu avec un vélo. Parce que le training
set entrainait l'IA à reconnaitre les vélos et les cyclistes mais
pas les cyclistes qui marchaient à côté des vélos
». L'outil était donc mal préparé à affronter
des inconnus malgré le fait que ce dernier ait été mis au
point par des humains.
Ces actions entrainent bien souvent une image négative
de l'outil pour les plus mal informés, et particulièrement
aujourd'hui où l'on est face à « l'ère de la
mobilité et de l'usage instantané donc la tolérance
à l'erreur est nulle ».
Ces nouvelles technologies fonctionnent « de
manière exponentielle » et la révélation de ces
dernières au grand public avec un usage de masse ne devrait ainsi
intervenir que dans une moitié de siècle, avec certainement dans
un premier temps la technologie du Deep Learning qui est en pleine
émergence comme nous avons pu le relever lors de nos entretiens.
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
CONCLUSION
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Conclusion
Alors que certaines intelligences sont désormais
clairement implantées et installées au coeur de la
stratégie digitale des entreprises et de leurs services marketing, nous
avons donc constaté que pour l'heure, une marge de progression
significative et inconnue est encore à développer et bien loin
d'être commercialisable au grand public.
Le marché français en est à ses
balbutiements face au marché américain et asiatique qui ne cesse
de croître et de développer de nouvelles technologies, à
l'image de ses BATX. Nous avons tout de même relevé qu'il est
encore possible pour les entreprises françaises de progresser sur ces
parts de marché en ce que ce dernier présente un caractère
nouveau et en plein essor.
Avec ces changements impératifs et imminents, les
entreprises doivent prendre dès maintenant le virage de l'Intelligence
Artificielle après avoir adopté celui du numérique un peu
plus tôt, et ce malgré le fait que ces intelligences ne sont
encore qu'à leurs prémisses et qu'elles tendent à
évoluer sur bien des aspects. L'illustration du deep learning et sa
marge de progression incroyable confirme d'ailleurs ces tendances.
Partant d'un constat simple lors de la réflexion du
sujet de ce travail de recherche, nous avons décidé d'approfondir
des connaissances sur un sujet en plein débat et riche en
actualité. En effet, nos connaissances théoriques sur le
marketing et plus spécifiquement sur le digital nous ont poussé
à enrichir ces dernières en allant à la conquête
d'un sujet dont l'ensemble des utilisateurs de réseaux ont
évidemment fait face directement ou même sans le savoir.
Des entreprises désireuses de ces résultats
à des fins informationnelles sur ce marché nous ont
contacté afin de partager leurs résultats. La réalisation
de ces travaux a d'ailleurs nourri l'intérêt de certaines
entreprises lors de prises d'informations et ont même suscité
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
l'intérêt plus personnel de son rapporteur
à des entreprises non connues auparavant. Une vision 360° du
marketing et son futur est donc désormais clairement acquise grâce
à ces recherches et sera un élément différenciant
dans nos prises de fonctions futures, et même dès aujourd'hui
puisque certains entretiens ont par ailleurs été acquis
grâce à ce sujet.
Lors de la réalisation de la recherche tout au long de
cette année, la collecte de données qualitatives a
été un élément fastidieux mais déterminant
dans la construction de ce travail : que ce soit par l'intermédiaire de
forums avec l'intervention publique ou privée de différentes
parties prenantes qualifiées émanant de secteurs
spécialisés et divers, ou bien encore dans le processus de
réalisation des rencontres pour nous entretenir avec ces derniers. En
effet, notre objectif était principalement d'obtenir l'intervention de
professionnels qualifiés gravitant dans des domaines experts, allant de
la politique aux industries en passant bien entendu par les fonctions
marketing.
Malgré une volonté forte construite depuis le
mois de janvier 2018, la plupart des personnes contactées n'ont pas ou
n'ont pu donner suite à ma demande pour des raisons souvent
accordées aux emplois du temps. Peut-être avons-nous eu
l'intention d'interroger des personnalités très demandées
et donc ayant un faible temps à consacrer pour ce type d'exercice mais
cette volonté n'a jamais été découragée et
l'ensemble des moyens mis à disposition grâce au numérique
ont pu tout de même favoriser certains échanges, et ce même
si certains n'ont pu aboutir à des entretiens officiels. Nous pensons
notamment à Monsieur le Député Cédric Vil-lani qui
a eu l'amabilité de nous accorder quelques précieuses minutes de
son temps libre pour échanger.
Nous avons malgré tout réalisé des
entretiens avec des personnes qualifiées et spécialisées
dans leurs domaines qui ont une connaissance globale du marché et ce
même au-delà de leurs fonctions. Ces entretiens se sont par
ailleurs fait écho, et même au sujet développé
précédemment : ils confirmaient donc bien les théories
mises en avant et enrichissaient même les propos tenus.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Il est donc essentiel pour l'ensemble des organisations
d'opérer au changement mais surtout d'adapter leurs usages et
d'intégrer les outils afin d'en exploiter le meilleur de ces derniers,
que ce soit pour les humains ou les machines. Nous pourrions donc nous demander
légitimement par quels moyens un plan d'action, à la fois
unilatéral et universel, pourrait-être mené ? Que va-t-il
advenir des entreprises lorsqu'elles seront passées pour l'ensemble
à l'implémentation de l'Intelligence Artificielle ? Va-t-on
trouver d'autres processus plus efficace que l'intelligence où
l'idée même d'intelligence demeurera indépassable ?
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
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76 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Table des annexes
Annexe 1 : Pistes de réflexion avant la phase
d'entretiens et guide d'entretien 77
Annexe 2 : Entretien Patrick Johnson 84
Annexe 3 : Entretien Frédéric Bornuat
96
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Annexe 1 : Pistes de réflexion avant la phase
d'entretiens et guide d'entretien
Process Marketing et digitalisation
- Les pionniers : Seb est un cas d'école en
termes d'intégration (peu de solutions innovantes extérieures et
transformation rapide sur un business large et traditionnel), en avance sur de
nombreuses entreprises. Il existe peu d'entreprises sous ce modèle,
intégrant des solutions impliquant une intelligence artificielle
innovantes au sein de leurs services et crées en interne. Ce cas
d'entreprise doit être une des priorités d'entretien du fait de sa
valeur ajoutée sur ce marché et son périmètre
d'action innovant. En effet l'entreprise possède beaucoup
d'internalisation, l'entretien aurait pour but de faire un état de leurs
procédés et méthodes afin d'en comprendre les enjeux et en
quoi ce modèle d'intégration rapide pourrait être
considéré comme un exemple au sujet de l'avenir de la plupart des
entreprises :
Quelle est la proportion quotidienne de l'utilisation de
l'outil, quel a été le but de l'installation de l'outil, qui ont
été les premiers concernés, quel impact, quels moyens
à mettre en oeuvre pour son fonctionnement, quel est le ressenti face
à cet outil lors de son arrivée / ressenti lors de la phase de
préparation / ressenti lors de l'exécution / ressenti face au
résultat donné par l'outil ?
- Les porteurs de solutions : Des start-ups innovantes
comme Tilkee (outil de management des pratiques marketing) ou Geolead
(référencement local et personnalisé), dont les outils
favorisent le développement de ces pratiques intelligentes au sein des
entreprises et ont un puissant levier à actionner ces prochains mois ou
années du fait de la nature prometteuse et porteuse de ce marché
encore en plein expansion :
Certaines sont inscrites dans des partenariats avec des grands
comptes comme La Poste par exemple : quelle est la principale demande des
clients, quel est le rôle majoritaire de l'outil chez eux, est-il
changeant en fonction des domaines, quelles perspectives dans ce marché
en plein expansion, existe-t'il déjà des signes avant-gardistes
prouvant ces changements imminents, de quelle nature sont-ils, quelle
évolution pour les outils d'aide à la décision ?
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
- Les acquéreurs de ces solutions : Comme
évoqué précédemment, La Poste en fait partie
intégrante mais nous pourrions en citer bien d'autres. L'objectif serait
d'obtenir des réponses quant à la non conception en interne de
ces process, mais aussi les motivations de ces derniers, et les process mis en
place pour effectuer leurs choix (ou les modifier), conception unique ou
calquée sur un modèle ? ressenti lors de l'exécution /
ressenti face au résultat donné par l'outil ?
- Les conférenciers et conseils aux entreprises
: Ils ont une forte connaissance du terrain et de la diversité des
solutions proposées, sont souvent porteurs de nouvelles idées
pour les entreprises et sont directement impliquées parfois dans ces
changements (notamment les personnes que nous interrogerons) de par leur
activité de conseil aux entreprises. Il sera question d'obtenir leur
point de vue sur l'avancée des outils, quel est la principale innovation
à pousser s'il fallait en implémenter une seule au sein des
services marketing, quelle est l'innovation la plus prometteuse, celle qui est
désormais la plus utilisée, celle qui est la plus
génératrice de ROI, comment les entreprises font face à
ces changements, quel est leur rôle dans ces changements
78 / 112
Modèle, pistes de propositions,
méthodologie de recherche et guide de l'entretien
L'impact des changements induits par l'automation et des
autres services intelligents développés avec une intelligence
artificielle dans les départements Marketing, et plus
précisément au sein de leur stratégie décisionnelle
et prédictive (notamment sur les problématiques de positionnement
et de ciblage).
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Pistes de propositions
LES PIONNIERS
- Quelles étaient les options lors de la conception de
l'outil
- Quel est le but de son installation
- A t'il été inspiré par un autre
outil
- En a t'il inspiré
- Perception de l'outil (ressenti) lors de son
arrivée
- Changements induits par sa prise en fonction
- De quelle nature étaient ces changements
- Quelle(s) personnes / postes étaient
concernées
- Les moyens physiques et techniques mis en place lors de son
installation
- Les process mis en place pour collaborer avec l'outil
- process à faire réaliser par l'outil et son
degré d'implication
- Dépendance et Importance du rôle joué
par l'outil
- Proportion quotidienne de l'utilisation de l'outil
- Qui est en charge de la maintenance et de l'entretien, ainsi
que de l'évolution de l'outil
- Perception de l'outil (ressenti) aujourd'hui
- Perception de l'outil (ressenti) dans 1 / 3 / 5 ans ?
- Perspectives d'évolution
80 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
LES PORTEURS DE SOLUTIONS
- Quelles étaient les options lors de la
création de l'outil
- Quel est le but de son installation pour une entreprise
- Quelle est la principale demande des clients
- Quel est le rôle majeur de l'outil pour eux
- Variation en fonction des domaines d'activités des
entreprises ?
- Les moyens physiques et techniques mis en place lors de son
installation
- Les process mis en place pour collaborer avec les
entreprises
- Qui est en charge de la maintenance et de l'entretien, ainsi
que de l'évolution de l'outil
- Perception de l'outil (ressenti) aujourd'hui
- Perception de l'outil (ressenti) dans 1 / 3 / 5 ans ?
- Perspectives d'évolution du marché ?
aujourd'hui / dans 3 ans / dans 5 ans / dans 10 ans
- Existe-t'il déjà des signes avant-gardistes
prouvant ces changements imminents ? De
quelle nature ?
- Perspective d'évolution des outils d'aide à la
décision ?
LES ACQUÉREURS
- Quelles étaient les options lors du choix de
l'outil
- Quel est le but de son installation
- Perception de l'outil (ressenti) lors de son
arrivée
- Changements induits par sa prise en fonction
- De quelle nature étaient ces changements
- Quelle(s) personnes / postes étaient
concernées
- Les moyens physiques et techniques mis en place lors de son
installation
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
4 Les process mis en place pour collaborer
avec l'outil
4 process à faire réaliser par
l'outil et son degré d'implication
4 Dépendance et Importance du
rôle joué par l'outil
4 Proportion quotidienne de l'utilisation de
l'outil
4 Qui est en charge de la maintenance et de
l'entretien, ainsi que de l'évolution de l'outil
4 Pourquoi ne pas développer cet outil
en interne
4 Si c'était possible, sous quelle
forme ? Quel but ?
4 Perception de l'outil (ressenti)
aujourd'hui
4 Perception de l'outil (ressenti) dans 1 / 3
/ 5 ans ?
4 Perspectives d'évolution
LES HOMMES D'INFLUENCE
4 Avancée technique des outils
4 Quel est la principale innovation à
pousser s'il fallait en implémenter une seule au sein des
services marketing
4 Quelle est l'innovation la plus
prometteuse
4 Celle qui est désormais la plus
utilisée
4 Celle qui est la plus demandée ou
convoitée / copiée
4 Celle qui est la plus
génératrice de ROI
4 Comment les entreprises font face à
ces changements en interne
4 Quel est leur rôle dans ces
changements
4 Pourquoi les entreprises ne
développent pas cet outil en interne
4 Si c'était possible, sous quelle
forme ? Quel but ?
4 Perception de l'outil (ressenti)
aujourd'hui ? dans 1 / 3 / 5 ans ?
4 Perspectives d'évolution
82 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Méthodologie de recherche
Les profils des structures interrogées :
- Des entreprises de plus de 10 salariés ayant un
profil commercial B2B ou B2C et résidant en France
- Entreprises innovantes et start-ups développant des
outils marketing ayant recours à l'intelligence artificielle pour
améliorer la qualité des services internes et externes -
Entreprises innovantes ayant recours à toute forme intelligence
artificielle dans l'aide à la décision, le marketing
prédictif (ciblage, positionnement de préférence)
- Entreprises ayant recours à une intelligence
artificielle dans un but d'amélioration de la productivité de ses
salariés au sein du service Marketing
Les profils potentiels des personnes expertes
interrogées :
- Responsable Marketing (ou assistant)
- Responsable du développement (ou assistant)
- Responsable de l'innovation (ou assistant)
- Responsable du digital (ou assistant)
- Responsable de la transformation digitale (ou assistant)
- Conseil aux entreprises
Le format des rencontres :
- La rencontre se déroulera dans les locaux de
l'entreprise avec un entretien audio enregistré. Dans le cas d'une
indisponibilité des personnes interrogées pour un entretien
physique, les réponses seront rédigées à
l'écrit avec des échanges de courriers électroniques.
- La rencontre pourra également avoir lieu lors de
conférences si nécessaire.
83 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Guide de l'entretien
à Structure basique de l'entretien
structurée en 3 étapes :
1/ Introduction (Remerciements, Présentation de
l'intervieweur, Présentation de la démarche, présentation
des thèmes objectifs, demandes concernant la confidentialité /
anonymat, conditions matérielles pour l'entretien)
2/ Présentation de l'interviewé (Emploi,
Ancienneté & Mobilité professionnelle, Statut familial,
détails personnels)
3/ Entrée dans la thématique (par
catégorie d'objectifs) par l'intermédiaire des questions
principales et de ses questions complémentaires
Objectif 1 : X
à Questions principales :
- Questions complémentaires :
Questions de clarification :
Objectif 2 : X
à É
Ils ont accepté la demande d'entretien
:
Patrick Johnson (Vice-président Corporate
Research & Science chez Dassault Systèmes),
Frédéric Bornuat (Chief Data Officer à
CEGID)
84 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Annexe 2 : Entretien Patrick Johnson
|
|
|
PATRICK JOHNSON
Patrick Johnson est VP Corporate Research & Science chez
Dassault Systèmes. Dans ce cadre, il définit les bases
scientifiques des solutions de Dassault Systèmes, invente de nouvelles
technologies disruptives pour l'industrie du futur et anime
l'écosystème mondial de recherche pour le groupe.
|
Après quelques années durant lesquelles il
invente plus d'une vingtaine de produits innovants qui transforment les
pratiques de conception grâce à la gestion de la connaissance et
l'intelligence artificielle (marque phare CATIA), il prend la direction de la
Recherche en 2004, contribuant au développement de nouvelles
technologies originales pour l'ensemble des marques du groupe, et
développe significativement l'écosystème mondial
d'innovation en favorisant la création de partenariats
pu-blic/privé avec de prestigieux instituts et organismes de
recherche.
Par ailleurs, il lance un domaine de diversification
entièrement nouveau, avec la création d'une suite d'applications
collaboratives destinées au secteur des sciences de la vie (marque
BIOVIA) dans le cadre du programme BioIntelligence (+120 millions d'euros, une
douzaine de partenaires publics et privés) et la constitution d'un
laboratoire mondial R&D en modélisation, simulation, big data et
développement de bioprocédés pour les sciences de la
vie.
Diplômé de l'ENSAE et d'un Master d'informatique,
Il a également été membre des Conseils Scientifiques
d'INRIA, de l'ARISS, de la société internationale en biologie
computationnelle (ISCB), de l'Institut Mines Telecom, d'IRCAM, du Comité
de Culture Mathématique de l'IHP (Institut Henri Poincaré).
Biographie tirée du sommet AI Summit à Lyon
(2018)
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
- Merci d'être avec moi ce jour Patrick Johnson. Je vais
d'abord me présenter briève-
ment et vous présenter la démarche de notre
rencontre dans ce cadre. Puis je vais vous laisser vous présenter
brièvement également avec notamment votre emploi, vos anciens
emplois, votre ancienneté et mobilité professionnelle. J'entrerai
ensuite dans la thématique avec quelques questions où nous
échangerons sur le sujet. L'entretien sera plus sous forme
d'échange que de questions en réalité.
Déjà je vous remercie d'être là
aujourd'hui. Je me présente je suis Erwan Roux de Bezieux, je suis
étudiant à Kedge Business School Bordeaux dans la Chaire Business
in a Connected World, spécialisée Marketing Digital et
Communication. Je suis là ce jour car je rédige actuellement un
mémoire actuellement concernant l'intelligence artificielle au sein des
services marketing. Plus globalement ce sont plus les tendances
d'évolution et comment les outils marketing aident les services
marketing et comment les emplois peuvent être im-pactés par cela
et comment c'est impliqué.
Je vais procéder si vous le voulez bien à un
enregistrement audio de notre conversation : il est déjà
lancé est-ce que vous êtes d'accord pour que nous continuons
l'enregistrement de nos échanges ?
- Je suis d'accord.
- Est ce qu'il y a des choses qui doivent rester confidentielles
?
- Non et je vous le dirai si besoin.
85 / 112
- Merci encore d'être là aujourd'hui Je vais vous
laisser vous présenter.
86 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
- Patrick Johnson, Responsable des activités de recherche
pour le groupe Dassault Sys-
temes qui est une société d'environ 16.000
personnes et qui est dans les trois géographies mondiales, qui est
éditeur de logiciels centré sur ce que nous appelons les
expériences, c'est à dire comment l'économie a
shifté du produit à l'usage, comment est-ce qu'on aide les grands
industriels à inventer de nouveaux produits ou services pour un usage
supérieur ou innovant. Cela fait une vingtaine d'années que je
suis dans le groupe j'ai fait un certain nombre de trucs dedans et ça
fait maintenant plus d'une dizaine d'années que je suis à la
recherche.
- D'accord, quelle a été votre entrée chez
Dassault ?
- Je suis rentré comme un ingénieur. De formation
ingénieur de développement, plutôt
infrastructure et puis j'ai vite pris des
responsabilités : j'ai été chef de produit donc j'ai vite
été confronté à des problématiques un peu
marketing (suivi produit, création d'une ligne de produit) d'abord en
mécanique puis en intelligence artificielle. J'ai vraiment fait mes
premières armes en intelligence artificielle. J'ai d'ailleurs
développé pas mal de suites qui ont fait que des industriels
comme Toyota ont par exemple vraiment changé la façon qu'ils
avaient de travailler en digitalisant les savoir et savoir-faire de conception
de voiture à l'intérieur même des modèles de
voiture. C'est à dire qu'on avait internalisé le savoir-faire
dans les pièces ce qui faisait que quand quelque chose devait être
modifié les pièces savaient presque d'elles même comment
faire.
Après j'ai eu un parcours un peu particulier puisque
j'ai été « sherpa » du PDG, d'un parcours toujours en
« learning » on va dire (rires) : ce n'est pas artificiel et c'est
très intelligent (rires) et puis après j'ai fait la recherche,
mon poste actuel.
- Justement vous parliez de Toyota, quelle est la principale
innovation ou « prototype »
comme vous me l'aviez évoqué plus tôt en
off pour laquelle vous avez été impliqué
dernièrement et dont vous avez été le plus fier ?
87 / 112
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
- Je vais vous en donner deux : celle-là dont je vais vous
parler qui est une suite de
produits appelée « Knowledge wear » : cela a
vraiment changé les pratiques de conception et pas que dans l'automobile
mais dans plein de secteurs.
Et puis j'ai fait quelques années après dans le
cadre de mes activités de recherche où en fait toujours en
exploitant le Big Data, la médiation, la simulation et l'IA on s'est dit
que c'était « bête » de se concentrer que sur les
sciences de l'ingénieur et que en fait il y avait plein de défis
dans les sciences du vivant et donc j'ai été à la base de
toute une création d'une division chez Dassault Systèmes, qui
s'appelle Biovia. C'est à dire consacrées aux sciences de la vie
et qui a démarré avec un très grand projet de recherche en
Europe, qui a généré une douzaine d'applications en
Discovery, Pré Clinique et Cancérologique. Puis après on a
structuré par une acquisition externe et maintenant on a un très
gros pôle donc je vais mettre ca sur mes actifs.
- C'est ce que j'avais lu dans une de vos interviews. Et
c'était qu'elle technologie qui
était principalement impliquée ? Était-elle
développée en interne ?
- Pour la bio ?
- Oui pour la Bio par exemple.
- Sur le projet initial oui. Je voulais tout refaire en interne.
Non pas par arrogance mais
disons que ce qui était à l'extérieur
n'était pas bien et on voulait y mettre notre propre savoir-faire et
ADN. Beaucoup de choses sont faites en science du vivant qui sont du Big Data
(de l'analytics) mais moi je suis un fervent convaincu que l'IA touche tous les
secteurs et ce n'est pas une formalité mais c'est juste un moyen et si
on rentre un peu dans la technique, entre les différentes formes
d'apprentissage (supervisée, non supervisée, guidée ou
pas) on pense que quand vous avez une bonne compréhension du
métier (des
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modèles industriels) d'une certaine façon vous
supervisez l'apprentissage, vous comprenez mieux les données. Je suis un
fervent défenseur de l'adjonction des modèles et de la simulation
à l'IA (ce n'est pas l'un ou l'autre) et beaucoup de projets qu'on voit
en ce moment c'est souvent de l'IA pour de l'IA. Et nous on pense que c'est une
dialectique très vertueuse (confrontation de données et
simulation). C'est presque épistémologique en fait (rires).
Le démarrage du projet a été avec nos
propres technologies et notre propre ADN : on a par exemple
modélisé une cellule cancéreuse intégrale, ce qui
était une première mondiale et on l'a calibrée (alors la
calibration était très compliquée à faire) avec des
données cellulaires qui venaient d'hôpitaux etc.
Puis quand on a fait une croissance externe, la
société qui nous a rejoint est venue avec plein de technologies :
elle avait déjà développé des technologies par
elle-même mais également en collaboration avec des centres
universitaires. Je vais en citer un par ce qu'il est assez emblématique
: on travaillait en modélisation moléculaire pour que les
molécules se recroquevillent sur elles-mêmes. Pour qu'un
médicament marche bien faut qu'il se recroqueville bien. On a
travaillé avec un Prix Nobel de Harvard qui s'appelle Martin Karplus. Il
a développé une technologie qui est assez connue et on est le
seul acteur industriel qui incorpore cette technologie.
- Si je comprends bien vous avez, plutôt que d'avoir des
partenaires en extérieurs, pri-
vilégié des partenaires en interne en les absorbant
?
- On a démarré en externe avec un vrai
écosystème identifié.
- Pour parler plus globalement sur vos expériences, que ce
soit des prototypes ou des
technologies / innovations, quels sont les facteurs
déterminants pour que le prototype soit pertinent et mis sur le
marché ? Je fais référence à ceux qui sont à
l'IA.
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- Je vais essayer de répondre en deux crans : il y a ceux
qui ne sont pas inhérentes à
l'IA mais vous les connaissez comme les MVP, il faut avoir une
bonne délimitation, il faut savoir ce qu'on veut faire. Il y a beaucoup
de sociétés en start-up ou autre qui ont des idées mais au
fond qui ont des idées assez floues et qui essayent plein de trucs.
C'est un vrai travail, c'est dur, c'est un travail ingrat d'avoir une target
précise : et sans ça ne vous serez pas exactement ce que vous
voulez et vous allez vous diluer avant de l'obtenir. Il y a un travail
où il ne faut presque pas coder, de « Defline » où tout
se joue car 80% des décisions sont prises tôt et après
libre à vous de redorer, étendre, revoir ou encore reconfigu-rer
mais il faut définir des objectifs car sans, on ne peut pas l'attendre.
Donc avoir une bonne définissions du MVP ça c'est clair.
Après si on parle de l'IA : alors ça va
n'engager que moi mais, bon il y a plein de technologies dans l'IA, c'est un
buzz word, mathématiques et celles en émergence aujourd'hui,
comme le deep learning. Certaines de ces technologies c'est encore de
l'artisanat. Il faut quand même le dire : il y a plein de cas qui
marchent bien et ça marche bien justement par ce qu'on a affaire
à la première définition hyper précise avec par
exemple des trading set très délimités avec une vraie
réflexion sur les cas d'usage.
Le cas emblématique qui enfonce tout c'est l'accident
de la voiture autonome survenue il y a peu avec un vélo. Parce que le
training set entrainait l'IA à reconnaitre les vélos et les
cyclistes mais pas les cyclistes qui marchaient à côté des
vélos. Malheureusement le cycliste est mort parce que la voiture n'avait
pas vu que c'était un cycliste qui roulait. Cela veut bien dire que si
l'on n'a pas bien défini ce que l'on veut pour cet IA cela ne pourra pas
marcher. Il y aura toujours des cas qu'on n'appelle pas industriel, qui ne
marche pas en d'autres termes. Il y a une délimitation extrêmement
précise mais c'est un travail chirurgical, des scénarios, des cas
d'usage, des données qui en incombe et même après de
l'évolution du logiciel (de nouvelles données qui arrivent).
Ça c'est un vrai travail pour réussir une application de base
IA.
Prenons un exemple en marketing d'analyse de sentiments avec
une marque qui s'appelle Exalead. Il faut avoir analysé pendant un
certain temps des données pour se voir dégager des choses ou
alors disposer d'une technologie qui ne dépend pas des données
(réel ou
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d'autres fondamentaux de principe). Il faut donc savoir si
quoi on base les forces de l'appli car si on l'appuie sur des forces qui ne
marchent pas au prototype et qui ne se calera pas du prototype à
l'appli, on va perdre un prototype. C'est souvent le projet de
réalité dans un projet d'IA. C'est compliqué de faire
ça. En plus on est à l'ère de la mobilité et de
l'usage instantané donc la tolérance à l'erreur est nulle.
Ce n'est d'ailleurs pas à vous jeune gens que je vais dire ça
(rires communs) : si un truc ne marche pas au bout de 10 secondes on se «
barre » et on va ailleurs, hors de question de comprendre pourquoi
ça
ne marche pas.
Comme une IA dépend des
données et que ce n'est pas algorithmique au sens formel n'existe pas
encore, c'est artisanal comme technologie et ça demande à
être encadré comme un artisanat.
- Votre vision est très intéressante et cela va me
permettre de rebondir sur un autre
point que Monsieur le Député Cédric
Villani a dit tout à l'heure (à la conférence IA Summit
ndlr) qui lui a fait la vision totalement opposée de la chose avec
justement cette phase de test avant d'implémenter sur un
marché.
- En fait il disait la même chose : il disait qu'il fallait
démarrer d'abord par de
l'expérimentation avant l'implémentation et
l'exploitation. Il y a deux raisons : c'est pour alimenter les réseaux
de recherche et les environnements d'expérimentation mais aussi par ce
que c'est inhérent à la matière (cette
matière-là est une matière expérimentale).
Cédric c'est un positiviste, il va dire qu'il faut expérimenter
beaucoup avant d'être prêt à lancer.
Et puis il a dit un autre truc qui va aussi dans ce sens :
dans la plupart des applications qui marchent il a très peu de
théories qui l'explique.
Je vais vous le dire un peu en creux, il a beaucoup
d'algorithmes on ne sait pas comment ils marchent. C'est violent de dire
ça comme ça mais le même Cédric Villani il dit
souvent dans les conférences et moi je lui ai dit quand j'ai
été audité pour le Rapport Parlementaire que c'est de la
chimie et qu'il faut savoir les encadrer. Mais ça ne veut pas dire
qu'on
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ne peut pas en faire des applications industrielles simplement
il faut avoir un processus industriel pour un recadrage dans l'exploitation.
- Comment faites-vous vos tests pour les prototypes ?
- Tout auditeur de logiciels procède à des
prototypes. Je ne peux pas dire l'intégralité
des choses mais tout éditeur test de manière
automatique ou manuelle (beaucoup de manière automatique) et de
manière sémantique surtout ses logiciels pour voir s'ils tiennent
le choc et s'il n'y a pas des erreurs. Une activité humaine est propre
à l'erreur.
- Mais alors où est impliqué l'humain dans tout
ça ?
- D'abord dans la définissions des tests : on pourrait
dire que quand vous développez
un prototype vous en développez deux, « le proto
puis le proto qui va tester le proto » et c'est vertueux. Nous on en a
beaucoup. Tous les grands éditeurs et de tous les domaines fonctionnent
comme ça. En fait d'un point de vue coût si vous voulez, si vous
regardez le crédit impôt recherche (on va prendre un
élément externe comme ça je vous donnerai le message sans
me trahir).
En fait, quand le crédit impôt recherche finance
des travaux de recherche innovants, c'est encadré par le manuel
européen qui s'appelle le Frascati. C'est celui qui étalonne les
phases de développement depuis la recherche jusqu'au
développement et la phase d'industrialisation en dernier lieu. Ils
savent très bien que la phase d'industrialisation est immense dans le
logiciel, donc ils ne la couvrent pas (près de 50%). Alors il y a de
nouvelles technologies et l'IA peut aider d'ailleurs. Ce qui est
intéressant c'est qu'on voit que le développement du code est en
train de changer via et à cause de l'IA. Mais grosso modo on a des
organisations entières pour faire ça et chaque développeur
est responsable
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de la qualité de ce qu'il fait. Alors d'ailleurs si
vous voulez un petit conseil là-dessus, de la même manière
que le Chef de Produit est responsable de son produit, et de la qualité
de son produit et donc de la manière qu'il doit faire son « Defline
», il est garant de la réception par son public de son produit.
C'est d'ailleurs dans les fiches de rôle des dévelop-peurs. Ce
n'est pas vraiment délégué, sinon vous
déresponsabilisé le développeur.
- Quand ces moyens physiques sont implémentés,
quels sont les moyens physiques et
techniques mis en place lors de l'installation ? Est-ce que vous
pilotez cela ?
- Alors nous lors du déploiement en prémisse chez
le client (aller installer physique-
ment chez le client), mais avec le Cloud ça change tout
car il est directement chez vous, soit lui et nous, nous sommes directement
reliés en direct principalement par le Cloud maintenant. Toutes nos
solutions passent par ce canal pour l'accompagnement, le suivi, le monitoring
et tout ce qu'on veut. C'est comme si vous me disiez que chez Google il est
avec vous mais pas dans votre pièce, c'est un service en ligne et nous
toutes nos solutions sont en train d'être sur le Cloud. Ça a
évidemment des avantages multiples.
- Plus globalement, ça va être un des derniers
sujets qu'on va évoquer : quelle est
votre perception aujourd'hui, je vous demanderai plus tard et
avant dans un second temps, des outils dans l'IA et où est ce qu'on
pourrait se placer dans une perspective, que ce soit côté
professionnel et utilisateur ? Quelle est l'offre qu'on a aujourd'hui et par
rapport à aujourd'hui qu'est ce qui nous attends demain par rapport au
début de cette révolution IA ?
- Encore une fois ce n'est pas une fin en soi, ce n'est qu'une
matière informatique et ça
n'a que 60 ans et des centaines d'années de progrès
à faire.
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- Après il y a eu une accélération ces 20
dernières années tout de même.
- Alors c'est exponentiel car nos technologies fonctionnent de
manière exponentielle
mais il y a tellement de trucs qui ne se sont pas faites
encore une fois qu'aujourd'hui c'est trop expérimental, il y a des pans
entiers qu'on ne comprend pas et la plupart des papiers vous disent « j'ai
changé le potard de 3% à gauche et bah ça va mieux »,
c'est un peu le SVP2222 en aléatoire, sans compréhension
théorique forte. D'ailleurs ça c'est un truc que je
considère que la France aurait dû souligner dans le Rapport
Parlementaire sur l'intelligence artificielle de Cédric Villani : il y a
des grands enjeux et on est une école en France de mathématiques
connue et unique dans le monde et ses grands défis de
compréhension plus fine et théorique de l'IA on aurait dû
au moins prétendre qu'on s'y attaquait vraiment. Ce n'est pas le seul
truc à faire mais pourquoi pas. Et puis on est également
très loin de la compréhension ne serait-ce que d'une IA qui fait
plusieurs tâches (DeepMind essaye d'ailleurs de faire ça). On est
très loin de la conscience également et on arrive maintenant
à tout ce qui est frontalier entre les neurosciences et l'IA. Mais
au-delà du schéma biomimétique des réseaux de
neurones il est vraiment temps de s'inspirer des neurosciences.
Il y a plein de choses qui sont intéressantes :
d'ailleurs on a trouvé il n'y a pas longtemps une certaine boucle de
rétroaction sur certaines colmocorticales qui font penser à la
palpe propagation de Yann LeCun. Alors après, hasard ou coïncidence
? C'est intéressant, faut creuser et mélanger les disciplines. La
conscience est encore à un horizon encore plus loin et je ne parle
même pas de la GI (General Intelligence). Ça c'est d'un point de
vue simplement du domaine.
Pour l'utilisateur, déjà il y a 25 ans il n'y
avait pas internet (rires), 10 ans pas d'Iphone donc le truc évolue
juste à vitesse grand V et ça va peut-être continuer encore
de manière exponentielle et peut être que finalement les jalons
que j'ai donnés vont être atteints (50 à 70 ans). Je ne
fais pas de transhumanisme à deux balles en disant ça mais...
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- Pensez-vous qu'on est dans un tournant aujourd'hui ? 20 / 30
ans ?
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- Pas un tournant je dirais. Il y a eu un point d'inflexion en
2012 quand Bengio et Hin-
ton et LeCun ont fait marcher le truc sur la reconnaissance
d'image (surtout dû à Hinton de mon point de vue) après on
est certainement dans une accélération de performance. Mais c'est
dans une activité seulement. C'est comme si je disais qu'on était
dans l'ultra performance de la traduction du son avec un vinyle,
forcément en 1890 on avait des lecteurs c'était des radiophones
ça faisait un truc immonde. Maintenant ça sonne très bien.
On est plus dans une mutation dans l'usage du digital dans le sens
général du terme. D'ailleurs on se rapproche beaucoup plus des
expertises métier comme on le disait ce matin (des savoirs et des
savoirs faire) et l'IA est un catalyseur de cela. Donc je ne dirais pas que
c'est un tournant, je n'ai pas encore vu une véritable découverte
nouvelle mais j'attends de voir ça.
J'ai vu des choses hallucinantes dans des SF, il y a
l'histoire du GO etc. Donc j'attends encore et je veux être plus
impressionné que ça.
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Fin de l'enregistrement (22minutes 52
secondes).
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Annexe 3 : Entretien Frédéric Bornuat
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Titulaire d'un DESS en Marketing, il débute sa
carrière dans le secteur de la grande distribution au sein du groupe
Carrefour puis intègre une société de marketing
relationnel spécialisée dans l'exploitation comportementale des
bases de données clients du retail.
Après plusieurs années, il intègre le
groupe Cegid en charge du CRM puis encadre les équipes d'analytique et
de Data Science au sein du marketing corporate. Depuis 3 ans, il est le Chief
Data Officer du groupe Cegid dans la Direction des Technologies et pilote avec
les équipes R&D et IT l'ensemble des initiatives dans le domaine de
la Data et de l'intelligence artificielle.
Biographie tirée du sommet AI Summit à Lyon
(2018)
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L'intelligence artificielle au sein des services
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Précision : Dû à
un problème d'enregistrement, une partie de l'entretien a
été tronquée. L'entretien retranscrit sera donc
réaménagé de sorte que l'introduction prévue soit
lisible au début de la retranscription et non pas en fin comme
enregistrée.
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- Merci d'avoir proposé cette rencontre aujourd'hui dans
vos locaux, et ce afin de dis-
cuter un peu plus longuement que si nous l'avions fait hier
lors du IA Summit de Lyon à l'INSEEC.
- C'est plus simple de se poser une heure ici dans mes bureaux et
tout le monde y
gagne (rires).
- Je vais vous poser quelques questions réglementaires
désormais. Êtes-vous toujours
d'accord pour que je conserve l'enregistrement de notre
discussion ?
- Oui sans problème.
- Est-ce que vous avez évoqué des choses
confidentielles qu'il faut que je supprime de
cet échange ?
- Non je ne vous ai pas cité d'informations personnelles,
de clients ou de partenaires
qui pourraient fuiter. Ce sont des éléments
descriptifs de notre pratique et cette pratique-là elle n'est pas
confidentielle. Loin de là.
- Plus vous personnellement, j'aimerais avoir un très bref
résumé de votre emploi au-
jourd'hui, vous l'aviez déjà un peu
évoqué tout à l'heure, mais cette fois-ci de
manière un peu plus institutionnelle désormais ainsi que votre
mobilité professionnelle que vous avez pu avoir
précédemment et enfin que certains détails personnels que
vous voudriez peut-être évoquer.
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- Je vais le faire de manière rétroactive. En tant
que CDO j'appartiens à la direction des
technologies. Il y a deux axes sur lesquels je travaille
principalement : l'ensemble des initiatives qui sont destinées à
l'innovation autour de la Data et l'IA, cela m'occupe avec les équipes
R&D et Product Management du groupe (les deux sont extrêmement
liées), c'est la vocation fondamentale et première de mon
rôle ; et puis j'ai une casquette plus « classique » si je puis
dire car le poste de CDO est assez récent, et là je m'occupe de
tout ce qui est interne concernant la Data Science et Data Gouvernance dans le
groupe en travaillant cela avec la DSI.
Avant cela, mon expérience au sein du groupe Cegid a
été de m'occuper du CRM et de l'Analytics dans la Direction
Marketing en sachant que j'avais dans ce giron là tout ce qui est l'user
and research marketing (étude marketing sur la marque, les
marchés, nos clients, leur satisfaction etc.) avec la partie business
analytics que j'ai indiqué. C'est avec l'équipe qui a
été constitué et initialement j'avais été
embauché au sein de Cegid pour m'occuper du CRM dans le groupe. C'est un
peu mon histoire et mon historique au sein du Groupe Cegid.
J'ai aussi passé 8 ans au sein de Catalyna Marketing
qui est une société de marketing relationnel travaillant dans le
domaine du retail et de la grande consommation. J'ai principalement
été Chef de Projet dans cette organisation pour le marché
du retail et dans le domaine de ce qui ne s'appelait pas encore du Big Data
mais qu'on appelait « méga base de données » mais mon
histoire a toujours été, et cela fait 20 ans que je travail,
autour de la data et je dirais que mon expérience s'est
façonnée dans le monde B2C puisque la manipulation des
données étaient des données consommateurs principalement
issus des tickets de caisse des retailers. Mon héritage il est là
et il a été aussi très profitable dans mon parcours parce
que je le mets à profit dans un monde plus B2B et qui est moins en
ancrage par rapport au monde B2C.
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L'intelligence artificielle au sein des services
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J'ai démarré ma carrière chez Carrefour
et j'y ai passé quelques mois avec un bref passage par ce que le retail
m'a toujours plu donc j'ai commencé par là.
- Pour quel emploi ?
- Dans le merchandising à l'époque où les
supermarchés Carrefour théâtralisaient leurs
espaces de vente et ils avaient besoin de collaborateurs pour
travail sur des plans merchandising et ce qui m'intéressait
déjà le plus à l'époque c'était l'analytics
autour des plans merchandising, sur la performance du positionnement des
produits dans les points de vente et donc j'étais très
attaché à cela. Après moi j'ai une formation de Marketing,
ce qui s'appelait un DSS en Marketing à l'époque et j'ai
été assez tôt attiré par le retail et la Data et
donc ça fait 20 ans que j'ai progressivement un peu dérivé
mais pas trop. Ça a du sens mais ça n'empêche pas qu'un
jour je pivoterai mais j'ai conservé cette forme de ligne directrice. Et
puis le marché et les évolutions ont fait que l'on ne s'ennuie
pas. On est sur un métier, on le sait, très vivace et qui
évolue très vite, ce n'est pas un métier je dirais
très réglementaire ou legacy ou régalien dans les
entreprises donc il y a encore je dirais un boulevard à faire pour
exercer des activités dans le domaine de la data puisque le
numérique ça a perduré et il y aura forcément le
besoin d'exploitation de solutions de la donnée. C'est une certitude.
- {Concernant l'implémentation dans les services} (...) La
situation aujourd'hui a un
petit peu évolué, à savoir qu'il n'y a
plus vraiment de Marketing dans les Business Unit, donc d'un point de vue
organisationnel tout a été organisé et
transféré de manière globale au niveau marketing.
L'entité Business Analyst est d'un point de vue
organisationnel lié à une entité qui s'appelle LeadGen (le
Lead Generation c'est l'acquisition de comptes de développement de la
base installée). Les équipes de Business Analyst travaillent
à côté des équipes de
L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
marketing automation : ils ont pour fonction de mettre en
oeuvre les programmes marketing dans la solution marketing « Marketo
» qui est couplée dans notre CRM et qui nous permet d'orchestrer
les campagnes multicanales qu'on conduit avec nos clients et nos prospects.
Et puis il y a à côté de cela une
troisième équipe qui est une cellule de
Télémarketing, qui est la cellule historique en fait et qui
travail en combinaison avec le marketing automation : ça peut être
du mail, réseaux sociaux, l'historique, le téléphone et on
continue bien évidemment à qualifier et pré qualifier des
leads à travers la cellule de télémarketing et cela nous
permet de scorer des comptes que l'on donne à la cellule
télémarketing.
Donc nous aujourd'hui la cellule data science a
été détachée depuis ma nomination il y a 3 ans en
tant que CDO, pour qu'elle soit transverse à la totalité du
groupe et pas exclusivement réservée à la partie Marketing
du groupe. Les deux Data Scientist qui travaillent avec moi travaillent
beaucoup pour la team Marketing (70% de leur job) mais ils travaillent aussi
avec la fonction Ressources Humaines par ce qu'on mène aussi des travaux
avec eux ; avec ceux du Cloud également autour de la
problématique du prédictif avec le Cloud autour des machines et
des incidents. Ils travaillent aussi en combinaison avec le Marketing et la
vente sur des plans d'action qui sont on va dire de type circuit court avec que
du marketing et de la vente. On va dire que s'il y a une base à scorer
de 10 000 clients et que y'a pas un dispositif marketing d'accompagnement et
bah nous on fournit la cible qui est automatiquement appelée (souvent
dans cet apanage) en fonction des scores qu'on établit. Là encore
récemment on a moins travaillé dans un cadre d'acquisition
business mais plutôt dans un cadre défensif pour scorer des
comptes qui ont été attaqués par un concurrent bien
identifié et de faire un score de « churn » pour identifier
les clients qui sont les plus à risque « versus » ceux qui le
sont le moins. Là on est dans une situation plutôt
défensive pour dire « quelles sont les actions qu'il faut que l'on
prenne » ...
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- Auriez-vous un exemple concret ?
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- C'est plus ou moins confidentiel mais je peux vous dire qu'on
est attaqué sur le ser-
vice comptable (secteur de la paie) avec un acteur qui
pénètre à vitesse grand V le marché et qui nous a
pris une centaine de comptes donc c'est significatif par ce qu'on est sur des
marchés (sans dire qu'ils sont captifs) où érosion d'une
base client est faible et donc ça se joue sur un marché
fermé. La bataille est assez aiguisée sur quelques comptes et
là on a une fuite assez significative et donc face à ce
concurrent qui est hyper spécialisé, par ce que nous on est assez
généraliste malgré tout, notre réaction c'est de
dire qu'on a plus de 3000 comptes, lesquels sont fondamentalement en danger car
attaqués et perdus dans les 2/3 dernières années ? On est
en train de mettre en place une organisation qui permet d'identifier ces
comptes avec 4 segments : des clients dangers, à surveiller, passifs, en
sécurité. On a quatre segments et on va ordonner un plan d'action
pour s'assurer qu'on va réduire au maximum le taux de perte et avoir des
actions coup de poing pour réagir et contrer la conquête de ce
concurrent sur ce marché là. Alors évidemment ça se
joue sur différentes échelles : offre, plan d'action, plan
marketing etc., mais ce qui est sûr c'est que notre rôle est de
cibler et identifier les comptes qui sont susceptibles d'être les plus
attaqués parce qu'ils correspondent à ceux qui sont tombés
dans le passé.
- Et qui ont sûrement les mêmes intérêts
donc.
- Il y a un profil qui se dégage tant au point de vue
géographique que de la taille, et
que de l'équipement. Il y a un modèle de scoring
assez clairement identifié et des éléments propices
à la perte désormais identifiés. Pour faire simple, un
petit cabinet de service comptable de 3 collaborateurs basé à
Paris et qui a un faible niveau d'équipement chez nous : il n'est pas en
danger et on peut dormir tranquille. En revanche à l'inverse, s'il est
en Auvergne Rhône-Alpes et qu'il a une taille assez importante et qu'il
est équipé de la plupart des solutions collaboratives chez nous :
méfiance, on est en danger.
Ceci donne des clés explicatives (pas encore en deep
learning) et permet d'un point de vue de la communication et de
l'explicabilité d'être limpide et d'être très clair
dans la
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communication. Même si c'est multidimensionnel,
l'être humain a du mal à résonner au-delà de 3
dimensions. On peut donc être plus pédagogique dans la
communication, plus didactique pour définir finalement les cibles et ce
même si on a un score et les segments l'idée n'est pas de dire une
probabilité de perte mais de packager le tout. C'est aussi le principe
de l'exerce de ce métier en Data Science, d'être
pédagogique et de le mettre à la portée des équipes
qui ne sont pas familier à ce genre de domaine.
D'un point de vue technologique, on travaille... on n'est pas
dogmatique. Notre propos c'est d'être pragmatique (comme
évoqué hier). Il faut faire des choix technologique : notre
orientation est de continuer à rentabiliser des investissements autour
de la plate-formes IBM SPSS Modeler mais aussi dès lors que c'est
nécessaire, par ce qu'on a pas les librairies et packages disponibles
sous Modeler, de pouvoir travailler sous Python dès que c'est utile et
nécessaire parfois (on doit scraper des documents, des librairies sont
plus efficaces et pas disponibles dans nos outils) donc on se laisse le libre
cours et libre possible de travailler avec des langages open source.
On fait aussi de la veille technologique donc en suivant
typiquement ce que fait Microsoft autour du machine learning studio, on a fait
quelques tests avec DataQu. Donc on est en veille sur des solutions type Cloud
ou d'autres très propriétaires. On se laisse la
possibilité de pivoter dès que nécessaire car on ne veut
pas s'enfermer dans tel ou tel domaine ou univers technologique : en l'espace
de 6/7 ans, les choses ont extrêmement évolué et il faut
être en capacité de suivre ces évolutions technologiques et
algorithmiques pour ne pas être dépassé par les enjeux et
challenges lancés par Cegid.
- Comment procédez-vous à ces choix d'outils
après ces veilles ?
- Il y a plusieurs évaluations. Une grille d'analyse qui
regroupe des éléments technolo-
giques, techniques, d'usage et économiques. Aujourd'hui
l'UX dans les produits de Data Science c'est un élément
clé. On peut être sur du « coding from scratch » mais
bien souvent quand même on a soit une couche d'attraction soit une
application qui est beaucoup plus enrichie. Les équipes sont
challengées par le temps avec le principe du « time to ana-
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L'intelligence artificielle au sein des services
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lyse is time to discovery » et cela se réduit. Il
faut tout le temps aller vite et il y a aussi la nécessité de
collaborer ou échanger. On a des équipes qui évoluent, qui
grossissent, des gens qui sortent et il faut pouvoir assurer également
la capacité de transmettre le savoir de ce qu'on a fait dans le
passé pour assurer une continuité d'activité et c'est un
élément
très important.
C'est aussi un choix
économique car la Data coûte très cher et possède
plusieurs modèles économiques. Ce point est décisif
très clairement.
Un élément technologique, qui n'est pas tant sur
les algorithmes qui sont globalement dans le domaine publique (à part
ceux spécialisés dans la santé ou choses très
singulières qui nécessitent une verticalisation de l'algorithmie)
en revanche tout ce qui est web service et API, des solutions sont à
faire évoluer et peu ouvertes. C'est un point clé : sur le
déploiement des algorithmes, il faut se brancher au système
opérationnel et dans une entreprise comme chez nous il y a du legacy qui
datent d'il y a 15 ans alors que chez certains c'est nouveau avec des solutions
de maintenant ou 5 ans max. Donc la notion d'interopérabilité
entre les solutions de Data Science et opérationnelles (CRM, ERP,
help-desk) c'est un élément clé et on y est de plus en
plus attaché car notre nécessité est de fournir des scores
et des segments mais c'est aussi d'être en capacité d'être
de plus en plus dans une forme de temps réel. Et ça, si on n'a
pas d'API ou web service disponible ce n'est pas possible d'y songer.
- Dans l'implémentation, vous m'avez plus ou moins
répondu en off, j'aurais aimé avoir
des précisions concernant les moyens physiques mis en
oeuvre pour Cegid, à savoir comment au niveau de la communication avec
et au sein de vos équipes Marketing, comment est mise en place
l'installation et comment elle évolue ?
- Comme on est sur un domaine qui est assez méconnu en
réalité, même si aujourd'hui
quand on parle parfois de Big Data ou d'IA les gens sont
familiers avec ces concepts mais cela reste beaucoup des « buzz words
» et les gens n'ont pas creusé et ne savent pas vraiment.
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
Notre créneau c'est à la fois d'avoir un
mécanisme de sensibilisation au sens large du terme. On utilise beaucoup
le réseau social d'entreprise pour démocratiser finalement les
concepts et ensuite pour faire connaître et maitriser un peu ce que l'on
fait on utilise une plateforme collaborative pour travailler avec les
équipes Marketing. Mon souhait c'est d'être très
transparent avec ce que l'on fait. Mon planning est ouvert, on sait sur quoi on
travaille, rien n'est caché et nous sommes une sorte de centre de
service disponible pour les équipes. La notion de transparence est
clé.
La notion de démocratisation et
d'évangélisation est forte : elle se matérialise pour
certains avec de la montée en compétences de la formation pour
ceux qui sont concernés avec un cursus de minimum 3 jours de formation
prévu au plan de formation du groupe Cegid qui traite du sujet du
prédictif. Cela permet d'ouvrir les « shakra » des
équipes. Et puis dans la communication c'est un moment qui est
clé et c'est souvent un travail pour les Data Scientist qui sont souvent
peu à l'aise et assez peu familier. Moi, ayant un « background
» un peu plus Marketing, je suis beaucoup plus sensible à cette
phase là puisque c'est un peu le dernier moment sur lequel quand on va
présenter et situer (avec des points intermédiaires parfois)
quand on parle de restitution finale des travaux, c'est vraiment pas un moment
qu'il faut rater, parce que l'on peut passer à côté du
sujet par ce qu'on aura mal expliqué ou présenté, qu'ils
auront pas vraiment compris véritablement ce que l'on veut leur faire
passer comme message, tant dans la phase explicative de « Build »
(construit les choses, pourquoi on a fait ces choix et prérequis) que
dans la restitution finale sur la forme que cela prend. C'est d'ailleurs
pourquoi dans le début de l'histoire de la Data Science chez Cegid, les
équipes ont été formées au storytelling.
Il y a une pratique aujourd'hui qui s'appelle d'ailleurs le
Data Story Telling. L'idée c'était de dire finalement « ok
vous avez beaucoup de chiffres, beaucoup de choses à raconter. Mais il y
a une forme et des choix à faire pour les raconter et les
présenter ». J'ai beaucoup vu l'évolution des collaborateurs
prient à l'état zéro et ensuite post-formation
storytelling : c'est radicalement différent car plus
léché, beau et sexy. Pour le coup, sur des
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marketing
publics plus de marketeurs, ça leur parle beaucoup plus
quand c'est bien présenté par ce que c'est plus significatif,
plus clair et qu'on n'en met pas des tonnes.
La vérité c'est de dire qu'il y a des messages
à faire passer, et qu'il faut savoir lesquels. Il faut savoir les
maitriser et les présenter sous une forme qui soit explicite pour des
initiés. C'est un exercice qui est un temps fort sur lequel on passe
beaucoup de temps. Moi ce que je vois par rapport aux profils qui sont
passés chez nous, les collaborateurs Data Scientists ne sont pas
forcément prêts à ça et ne sont pas familiers du
sujet parfois ça les désarçonne un peu par ce qu'ils ne
s'attendaient pas à être attendus sur ce terrain là. Et
comme ce sont souvent des matheux ou très techniques, la vulgarisation
de ce qu'ils font parfois ça leur laisse quelques cicatrices car c'est
un exercice sur lequel ils ont été préparés. Notre
rôle en tant qu'entreprise est aussi de les accompagner par rapport
à ça et de proposer des programmes d'accompagnement qui leur
permettent d'être plus à l'aise dans l'exercice futur de ce
moment.
- Concernant l'évolution, donc après la mise en
place, lorsqu'ils utilisent les outils, est
ce qu'ils ont une parole libre dans le sens où ils
pourraient donner des recommandations sur ce dernier ?
- Bien sûr. Pour moi, j'attends de mes collaborateurs
qu'ils soient très responsabilisés.
Quand je parle de veille, moi je fais un peu de veille mais
eux ils doivent en faire à leur échelle. Dans leur fiche de
mission il y a de la veille. Il faut qu'on soit « up to date » et de
leur faire gagner en responsabilisation en réalité, en autonomie
et en sens critique sur là où ils en sont et là où
il faut qu'on évolue. Donc, dans la plateforme technologique on a fait
des évolutions qui étaient utiles et nécessaires. Ils ont
été moteurs dans ces évolutions et ma
responsabilité est de décider s'il faut qu'on y aille ou pas et
à quel rythme.
Mais j'attends beaucoup, quand je recrute aussi, que mes data
scientist soient en capacité à prendre du recul par rapport
à ce qu'ils font et qu'ils soient en capacité de faire des
pré-
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marketing
conisations, d'amener à nous interroger sur ce que l'on
fait. Sinon on devient des Sphinx ou dinosaures et les dinosaures ils ont mal
finis (rire). Fondamentalement, la remise en question finalement ça doit
être perpétuel. Soit on l'a un petit peu cette ADN là, soit
quand on ne l'a pas, il faut mettre quelques piqures de rappel pour ne pas
oublier cela.
- A quelle proportion verriez-vous l'utilisation de ces outils au
quotidien ou autre
échelle ?
- Nous ce sont des outils de production donc c'est critique.
C'est à dire que nous ne
pouvons pas travailler sans. C'est à dire que si nous
enlevons ça nous enlevons le métier qui va avec donc c'est
très lier. On ne fait de Data Science sur bureautique ça n'existe
pas donc c'est imbriqué.
- Qu'elle est la perception de l'outil selon vous à 1,
puis 3 puis 5 ans ? Que ce soit en
interne et surtout ses perspectives d'évolution, et
y'a-t'il des choses en place qui sont déjà présentent et
qui pourrait prédire une évolution forte et auquel cas
peut-être à cause d'un certain environnement qui est
extrêmement changeant comme vous l'avez dit hier lors de l'AI Summit,
est-ce que ces derniers vont impliquer des changements à tous les
niveaux et les postes qui en sont impliqués ?
- Pour nous, notre environnement est stable et robuste et cela
n'a pas de prix. C'est
important car quand on utilise un outil de production au
quotidien, si c'est instable, bourré de bug, c'est invivable. Moi, dans
les évolutions je suis très attentif à ça. Quand
nous avons fait nos choix stratégiques, on a acheté 20 à
30 ans d'expérience (avec IBM par exemple). Finalement, on a donc acquis
ce patrimoine là et on s'est acheté une forme de
sécurité. Challenger cela, bien évidemment c'est possible
puisque on est en veille, cependant il faut évoluer pour mieux. Ce mieux
là, sur quelle dimension va t'on le trouver ?
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L'intelligence artificielle au sein des services
marketing
A mon sens sur la partie amont connecteur intégration
à un environnement beaucoup plus large. C'est à dire
qu'aujourd'hui il y a plein de formes nouvelles de base de données dans
le monde du Big Data en particulier avec des données qui viennent du
cloud etc... On est face à une
hétérogénéité beaucoup plus forte des
sources des données. Un des enjeux pour moi est de m'assurer que les
solutions que l'on a évoluent au rythme de l'environnement data qui
existe dans le monde. Pour moi, il y a un vrai enjeu sur la captation de
l'hétérogénéité des data.
Deuxième point sur l'évolution est plus sur la
Data Prep (Data Preparation) avec l'identification d'anomalies, d'outlayers et
la maitrise des données. Bien souvent dans l'expérience que l'on
a on se crée une expérience de connaissance des données
mais c'est toujours bien d'avoir une solution simple d'emploi dans la
correction de données ou sur la découverte des données.
Là, il y a une forme d'enjeu. La question de la performance aussi elle
peut être assez clé.
Aujourd'hui on n'est pas soumis à des déficits
de performance, ce n'est pas du tout le cas : on n'a pas des algorithmes qui
tournent 4h, ça n'existe pas. Aujourd'hui on a des plate-formes
suffisamment efficaces avec l'architecture technique qui va avec qui nous
permettent de travailler dans un temps respectable et raisonnable. Donc la
question de la performance il faut la regarder mais ce n'est pas
décisif.
Une des clés c'est le déploiement, soit la
capacité de mettre sous hubservice ou API l'output des travaux que l'on
mène pour que ce soit consommable par nos applications. C'est un
élément clé dans le monde des API qui est le
nôtre.
Après, au-delà de l'aspect quantitatif qui nous
rassemble par ce que c'est les données qu'on utilise, il y a sans doute
des opportunités de développement sur le domaine de la
sémantique. Moi, je ne suis pas satisfait de la solution que l'on a qui
est trop experte, très pointu et issue des labs mais elle n'est pas
user-friendly et complexe d'approche, d'appropriation. Il y a donc une vraie
question sur l'analyse textuelle. C'est un vrai pan que je dissocie. Alors bien
sur souvent les choses sont liées entre le qualitatif et le quantitatif
mais notre choix initial était de prendre la même plateforme pour
faire les deux.
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En réalité, sur le plan quantitatif il n'y a pas
vraiment de sujet mais la maitrise du qualitatif c'est un vrai métier.
Cette solution j'en suis un peu déçu, et cela nous contraint pour
le moment d'utiliser d'autres plateformes technologiques pour pouvoir le faire.
Pour moi c'est moins gênant car ce n'est pas du quotidien mais quand on
doit le faire la marche à franchir est beaucoup plus importante que sur
le quantitatif.
Sur l'international nous n'avons pas de sujet de
déploiement car tout est centralisé.
Pour l'aspect collaboratif on arrive à se passer les
flux donc ce n'est pas un sujet. On n'a pas besoin aujourd'hui par ce qu'il y a
peu de use case où une équipe développe un algorithme.
C'est plus souvent une seule et unique personne qui va la développer
puis la challenger en équipe. Il y a des applications qui le font, dans
notre organisation à nous ça va à deux à
l'heure.
L'intelligence artificielle au sein des services
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Fin de l'enregistrement (40 minutes 02
secondes).
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Table des illustrations
Figure 1 : LES DOMAINES DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE,
GOUVERNEMENT FRANÇAIS, 2018 22
Figure 2 : LES PERIMETRES D'ACTION ET CONSEQUENCES DE CES
REVOLUTIONS, RAPPORT PARLEMENTAIRE
FRANCE IA, 2018 28
Figure 3 : LES QUATRE V DU BIG DATA, 2018 35
Figure 4 : LES 4 V DU BIG DATA VU PAR IBM ET SES
IMPLICATIONS, 2014 35
Figure 5 : SCHEMA D'UN RÉSEAU DE NEURONES
ARTIFICIELS, 1997 41
Figure 6 : EXEMPLE D'UNE CONVERSATION AVEC L'OUTIL
CONVERSATIONNEL ELIZA,1964 - 1966 43
Figure 7 : IADVIZE, ETUDE SUR LE COMPORTEMENT DES
UTILISATEURS DE CHATBOTS, 2016 44
Figure 8 : LES APPLICATIONS FRANÇAISES, RAPPORT
PARLEMENTAIRE FRANCE IA, 2018 51
Figure 9 : TRAITEMENT DES DONNÉES AVEC L'EXEMPLE DE
L'AGRICULTURE, INRA, 2018 51
Figure 10 : EXEMPLE D'UN SYSTÈME EXPERT, 2018
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