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Le storytelling dans le tourisme institutionnel

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par Myriam Rougier
Sup de Pub Paris - Master Direction Artistique 2018
  

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CONCLUSION

Actuellement le storytelling occupe une place de choix pour les destinations touristiques.

Avec les nouvelles technologies, les plateformes sociales qui en découlent sont devenues centrales dans nos vies, mais plus particulièrement dans celles des 18-34 qui ont grandi avec. Aujourd'hui ils ne consomment plus comme avant, ils comparent les prix, regardent les avis d'autres personnes, achètent et réservent en ligne, et une fois consommé ils partagent à leur tour leur avis sur cette l'expérience.

Les acteurs du tourisme institutionnel ont dû s'adapter à ces nouveaux comportements afin d'être en phase avec cette cible. Ils disposent, pour la majeure partie d'entre eux, d'un site internet, de comptes de réseaux sociaux et proposent pour certains la réservation en ligne.

Ces changements dû à l'expansion du digital ont également entraîné des bouleversements dans le rapport à la publicité chez les millennials. Aujourd'hui cette génération est surinformée, elle cherche à aborder les choses de manière sensible en choisissant de vivre l'instant et en remettant du sens dans ce qu'elle fait. Dans la consommation, les millennials retrouvent ce sens au travers des valeurs que leur procurent leurs achats. Et les différentes marques l'ont compris en mettant de plus en plus le storytelling au coeur de leur communication. Une manière de communiquer qui trouve un nouveau souffle grâce aux outils digitaux qui permettent de nouvelles façons de l'exposer, au travers de publications, live, story, blog...

Les destinations ont compris elles aussi l'intérêt de l'utiliser et opèrent des changements dans leur communication. Elles ne souhaitent plus simplement montrer l'existence de leur offre, mais procurer de l'émotion comme un échantillon de ce qu'on pourrait y vivre. Le tourisme est propice à ce type de communication, car il est pratiqué dans un but de découverte où l'histoire, l'esprit et l'image du lieu ont un rôle très important. Il est d'ailleurs un critère de choix très fort pour les 18-34 ans, devançant ainsi des arguments tel que le prix.

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Afin de partager leur storytelling, les acteurs du tourisme institutionnel utilisent pour la très grande majorité des contenus générés par leur communauté, qui partage ses clichés de voyage via un hashtag mis en place par la destination. Cela permet dans un premier temps des économies, mais également de créer du lien avec la communauté. Les internautes apprécient également le fait de pouvoir voir les expériences des voyageurs qui y ont été. Cependant, nous constatons les limites de cette pratique via une dilution visuelle du storytelling, car chaque photographie y est de qualité différente, avec cependant une forte tendance à réaliser des clichés rentrant dans une certaine norme visuelle. Même si par la suite les destinations y ajoutent une narration écrite, nous ne devons pas oublier que les 18-34 ans privilégient l'aspect visuel, et sont à l'affût d'expériences singulières.

Pour diffuser leur storytelling, les destinations font régulièrement appel à des influenceurs. Il y en a 2 types, ceux avec des communautés plus restreintes qui sont en réalité des amateurs et ceux aux plus grandes communautés, se déclarant officiellement comme tel. Si les premiers sont utilisés dans une démarche permettant la création de contenus via les Instameet, pour les seconds, les destinations font appel à eux afin de toucher leur communauté via le partage de leur expérience. Cela permet aussi aux acteurs du tourisme institutionnel de récupérer un peu de leur notoriété, mais également de partager les contenus créés par ceux-ci. Cependant, ici aussi il y a une certaine limite. Dans l'ensemble les 18 - 34 ans sont mitigés quant au partenariat des destinations faits avec les influenceurs. Si pour les personnes suivant les influenceurs, il n'y a pas d'inconvénient à ce type de pratique car ils ont confiance, ceux n'en suivant pas voient cela d'un très mauvais oeil, leur reprochant tout d'abord une démarche publicitaire.

Aussi, on remarque que de manière générale, les 18-34 ans apprécient plus visuellement les contenus réalisés par les influenceurs que ceux relayés par les destinations qui sont issus d'UGC, car les influenceurs retouchent leurs photographies afin que celles-ci correspondent mieux à leur vision du lieu et leur expérience.

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RECOMMANDATIONS

La partie étude de terrain permet de faire certaines recommandations à destination des professionnels du tourisme institutionnel et par là aux politiques, qui sont les instances décisionnaires pour le tourisme.

Pour les professionnels du tourisme institutionnel

Le storytelling est extrêmement important dans la communication pour la cible des 18 - 34 ans, cependant il est nécessaire de le faire avec précaution. Tout d'abord il est préférable de mettre en avant l'aspect humain et expérientiel plutôt que des éléments factuels comme des dates historiques, car la cible est en quête de ressenti.

Ensuite, le relais d'UGC sur les comptes des destinations est important afin de créer du lien avec la communauté et de permettre une certaine image d'accessibilité et d'authenticité, car ces publications sont vues comme gage de transparence par les personnes en quête d'informations. Cette pratique a toutefois des limites puisqu'elle dilue le storytelling visuellement pour une cible où l'image est un critère de choix. Il est donc nécessaire pour les destinations de l'utiliser avec parcimonie et de l'intégrer de manière intelligente dans la stratégie de communication. Les stories, par leur aspect instantané paraissent comme l'un des meilleurs relais de ce type de publication.

Concernant les influenceurs, il est clair que leur rôle est important dans la notoriété des destinations auprès de leur communauté. Cependant ici encore, il y a des limites dans leur utilisation. Le relais de leur production par les destinations peut s'avérer dangereux puisque ceux ne suivant pas d'influenceurs perçoivent de manière négative l'implication d'influenceurs. Les destinations doivent donc être attentives à quels influenceurs elles font appel et privilégier les relais de contenus type photographie ou vidéo et non article de blog ou vlog.

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Enfin, il est nécessaire pour les destinations d'avoir une véritable identité visuelle, pour que l'on comprenne directement l'univers de celles-ci et qu'elles se distinguent des autres. Il est donc impératif pour les destinations de devenir elles aussi productrices de contenu afin de pouvoir maîtriser le storytelling.

La production de contenu en interne doit être majoritaire afin de garantir une certaine homogénéité de la communication. Cependant il est nécessaire de trouver un équilibre en intégrant l'UGC et l'implication d'influenceurs dans la stratégie de communication, car tous ont leur utilité.

Pour les politiques

Le tourisme étant un véritable enjeu économique, il est nécessaire de prendre conscience de l'importance d'une bonne communication. Il faut que les destinations puissent communiquer à la manière de grandes marques afin d'avoir une identité distinguable. Il est inimaginable de penser que des marques comme Nike ou Adidas se contentent d'avoir un logo et de publier ce que produisent leurs consommateurs. Il y a de véritables mises en place de storytelling afin que les marques se distinguent les unes des autres. Pour cela, il faut des moyens, qu'ils soient humains pour la conception ou matériels pour la qualité et donc, par là, financiers.

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LIMITES ET NOUVELLES PISTES

Ces résultats doivent être cependant nuancés du fait que ces questionnaires n'ont pas eu assez de réponses pour représenter de façon précise la population française de 18 - 34 ans. Il m'aurait fallu avoir les moyens d'institut de sondage tel que TNS Sofres qui ont les capacités d'atteindre de larges panels permettant ainsi d'avoir des résultats correspondants au mieux à la réalité.

Il aurait été également intéressant d'avoir l'avis de politiques en charge des décisions concernant le tourisme. Leur vision des choses aurait été un plus pour savoir quelles sont leurs priorités, voire même leur vision du futur concernant la communication touristique.

Des interviews d'un plus grand nombre de destinations auraient permis de connaître leurs différentes stratégies et manières d'aborder les 18-34 ans ainsi que le storytelling. L'analyse aurait donc été plus fine sur les pratiques des acteurs institutionnels du tourisme.

Enfin, de nouvelles pistes font leur apparition. L'importance de l'image pourrait nous faire demander si l'image seule pourrait suffir à la communication touristique.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984